Rebonjour au forum,
Voilà, je me décide enfin à mettre au jour mon petit monstre dont la gestation aura duré près de trois ans : l'olyen (endonyme : cánhol, étymologiquement "langue-peuple"), dont le statut correspond plus ou moins à une persolangue (du moins pour ce siècle-ci, qui sait) en ce qu'il est
assez abscons prétexte à une analyse réinterprétative et linguistique du langage spontané humain (dit "naturel"), en le recoupant avec les autres classes de langages (tout aussi humains, et dites formelles : logique, non-articulées (signé) et de programmation).
D'autre part, à l'instar d'une portion non-négligeable de persolangues, l'olyen s'inscrit dans une diégèse forgée durant une petite décennie, à laquelle il me faudrait consacrer un topique dédié, tout comme pour l'écriture, celui-ci étant dédié à la dimension morphosyntaxique (et ultérieurement scripturale) de l'olyen.
Ce préambule égrené, passons à la description de la bête :
DescriptionVocabulaire-Issu des racines proto-indo-européennes;
-Reposant sur un nombre assez réduit de racines (quelques milliers), invariables et presque toutes monosyllabiques;
-Usage aisé et quasi-génératif de plusieurs centaines d'affixes de façon à compenser cette pauvreté lexicale;
Phonologie -Inventaire somme toute assez classique, excepté -pour des locuteurs de la plupart des langues i-e- par la présence d'un accent de hauteur (dans la plupart des dialectes, le septentrional ayant un accent tonique à l'instar de l'espagnol), de voyelles craquées et de consonnes post-alvéolaires labiopalatalisées ou labiales-vélaires;
Morphophonologie -Accent de hauteur, dont la fonction est aussi grammaticale en ce qu'il sert de démarcation entre lexème (accentué) et grammème (inaccentué (par défaut du moins)), ces derniers étant tous préfixaux (cf point dédié à la morphosyntaxe);
-Seules les configurations syllabiques CV (fréquente surtout pour les grammèmes), CVC (de loin la plus fréquente parmi les lexèmes), CCV et CCVC sont admises, et parmi les groupes consonantiques, seules les montants sont possibles, tandis que seuls treize phonèmes peuvent figurer en coda (où en outre il n'y a pas de distinction phonémique de voisement). La syllabe de structure CCVC peut donc se schématiser :
C-occlusive/f/v(C-ɥ/w/l/r)V(C-occlusive.sourde/nasale/tʃ/s/ɥ/w/j/l/r);
-Les voyelles connaissent trois distinctions phonémiques, de quantité, de ton et de modulation, mais uniquement dans les lexèmes pour les deux premières;
-Le rythme peut être décrit comme syllabique (le timbre vocalique n'est pas altéré par l'accentuation) ou comme morique, voire tonal dans le sociolecte familier ou chanté (et par la présence d'un sandhi tonal non phonémique, distinguant l'olyen des langues purement syllabiques), il n'y a en fait guère de consensus;
Morphosyntaxe et typologie
-Ordre SVO, mais marquage casuel morphologique permettant une certaine souplesse syntaxique (ordres VSO et OVS possibles), quoique la présence morphologique de la thématisation rende moyennement adapté ce type de classification;
-Nettement agglutinante, tendances polysynthétiques en apparition (incorporation), mais sa grande régularité et la souplesse d'ordre des grammèmes a incité certains linguistes à classer l'olyen dans un type intermédiaire entre langue analytique et agglutinante;
-Fortement centrifuge, grammèmes exclusivement préfixaux et ordre habituellement déterminé-déterminant, ce y compris pour les déterminants grammaticaux;
-Thématisation morphologiquement marquée (sur la fonction/verbe);
-Marquage casuel;
-Structure d'actance active-stative,
relativement fluide, assez analogue à l'alignement dit "austronésien";
-Faible distinction intrinsèque entre verbe et nom parmi les lexèmes-racines (plutôt entre concrets-statifs et abstraits-dynamiques), celle-ci étant davantage assurée par les grammèmes casuels, thématisants (focalisants) et actanciels. De fait, dans un énoncé, n'importe quel lexème peut revêtir n'importe quelle fonction syntaxique. Il convient de noter que les termes d'"argument" et de "fonction", respectivement pour nom et verbe, sont plus fréquemment usités en grammaire olyenne;
-De même, pas de distinction morphologique entre complément du nom, épithètes, applicatifs et relatives parmi les déterminations, tous encodés par des grammèmes applicativo-déterminatifs;
-Forte distinction intrinsèque entre lexèmes statifs (dénotant des entités concrètes ou des états) et dynamiques (dénotant des processus ou des concepts);
-Marquage du nombre et des types de relation entre la fonction/verbe et les arguments/noms sur ce premier particulièrement riche et complexe, quoique régulière et autorisant un éventail de nuances difficilement traduisibles;
-Aux adjectifs grammaticaux français (démonstratifs, numéraux, interrogatifs, quantitatifs, etc) correspondent en olyen des nom/arguments dont les entités afférentes sont les déterminants, comme cela existe résiduellement en français ou en anglais (un million de, beaucoup de, peu de, a lot of, a bit of, etc);
-Aux tournures complétives en français correspondent en olyen des voix/arités causatives
-Polypersonnalité;
-Cadrage satellitaire;
-Marquage spécifique aux fonctions/verbes dénotant des affects et/ou des perceptions;
-Absence de marquage morphologique de nombre et de temps, en revanche, riche inventaire de grammèmes d'aktionsarten et pluratifs "holistiques";
-Absence d'articles, la définitude étant marquée par la thématisation et/ou par l'ordre des arguments (les deux processus se superposent en fait quasiment en olyen);
-Joncteurs traités comme des "métafonctions" (verbes liant plusieurs propositions au lieu de noms, mais pas de frontière nette), presque toutes issues de lexèmes par changement de ton et, uniquement si reliant des propositions, allongement vocalique;
-La plupart des lois statistiques recensées par Greenberg sont respectées;
La langue typée, on peut à présent aborder les principales arcanes de la grammaire : la phonologie, les grammèmes et leurs types, un peu de pragmatique (structure d'actance et thématisation) et un peu de syntaxe.
Grammaire digestePhonologie-Consonnes
Labiales Coronales Palat.Vélaires Labiales Glottales
-vélaires
Nasales m n ɲ
Occlus. p b t d k g kp gb
Affriquées tʃ dʒ
Fricativ. f s ʃ
Spirantes l j, ɥ w h
Vibrantes r
Les coronales /l tʃ dʒ ʃ/ et la palatale /ɲ/ ont des versions labio-palatalisées, et les vélaires /k g/ des versions labio-vélarisées, dans les deux cas contrastivement.
-Voyelles
Antér. Centr. Postér.
Hautes i i: y y: u u:
Moyen.e e:ø ø: o o:
Basses a a:
Chaque timbre a une version craquée, ici aussi contrastive, tandis que la longueur n'est pas contrastive dans une syllabe ouverte.
GrammèmesL'olyen dispose, en tant que langue agglutinante, d'un riche inventaire de grammèmes, aux rôles divers et tous préfixés au lexèmes dont ils affinent la signification et/ou précisent la fonction grammaticale. De fait, on les subdivise usuellement selon les catégories suivantes :
-De rôle;
-Actanciels;
-D'arité (voix);
-Processuels (aktionsart);
-Modaux;
-Déictiques.
Ces catégories se subdivisent elles-mêmes en un certain nombre de subcatégories :
-De rôle;
-Actanciels;
-D'arité (voix)
--Quantitatives (arités au sens logique du terme donc, déterminent le nombre d'arguments saturant la fonction/verbe) :
- Spoiler:
---Positives (augmentation du nombre d'arguments en ajoutant un nouvel agent, donc causatifs);
---Négatives (réduction du nombre d'arguments);
---Périphériques (augmentation du nombre d'arguments, mais circonstanciels, donc applicatifs, même si nombre de grammèmes sont en fait tour à tour causatifs et applicatifs selon le degré de volition du nouvel actant ajouté)
--Qualitatives (déterminent la nature de la relation entre l'argument et la fonction/verbe) :
- Spoiler:
---Pures (inclassables en fait);
---Volitionnelles;
---Focalisantes;
---Holistiques;
---Attitudinales
-Processuels (aktionsarten)
--Contextuel (hic et nunc, grosso-modo équivalent au "be -ing" anglais ou à l'"estar" castillan, quelquefois classé parmi les déictiques);
--Analytiques (correspondant aux aspects au sens conventionnel du terme (inchoatif, télique, égressif, etc));
--Concrets (façons d'agir)-Modaux
--Épistémiques (degré de réalité/éventualité du procès);
--Contingent (potentif);
--Nécessaires (nécessiatif, déontique et impotentif, en fait des grammèmes d'arité volitionnelle en ce qu'ils impliquent une contrainte interférant avec la volonté de l'agent)-Déictiques.
PragmatiqueComme évoqué plus haut, l'olyen suit un alignement actif-statif relativement fluide, donc dont le marquage actanciel (agent-patient) morphologique est plus déterminé pragmatiquement (par le degré de contrôle et de volition de l'actant dont il dispose dans le procès) que grammaticalement.
Morphologiquement, cette distinction dans les grammèmes de rôles est tripartite :
-Agentif (volition et contrôle élevés, affixe
i-) ;
-Désagentif (intermédiaire ou ambigu, ou détrôné par un nouvel agent dans le cas de l'ajout d'une arité causative
, affixe -ie) ;
-Patientif (faibles voire absentes, affixe zéro).
SyntaxeAssez souple de par le marquage morphologique des rôles/fonctions grammaticales (sur l'argument au moyen des grammèmes de rôle) et de la thématisation (sur la fonction au moyen des grammèmes d'arités et par l'ordre des composants de l'énoncé), mais ordre SVO et déterminé-déterminant presque hégémoniques.
Et voilà, c'est sûrement déjà bien assez
migrainisant fourni ainsi, même si pour les aventuriers et autres casse-synapses, il y a possibilité de consulter la grammaire détaillée dans le
pdf dédié (
corrigée).