Messages : 37582 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
Sujet: Re: Uropi 11 Lun 1 Juil 2024 - 18:51
Doj-pater a écrit:
Man-ad* vient de l'allemand Man-schaft = équipe (exactement la même construction) ce qui n'empêche pas d'avoir des équipes féminines (ʒinu manade); il ne faut pas oublier qu'au départ *man-us désigne l'être humain, comme en sanskrit manuśa > hindi manuš, d'ou le romani manuš = être humain (fr. manouche).
Eh bien tu vois, avec Menschaft, y avait pas c'problème : et en plus, l'allemand disposait d'un mot-valise, pris de Mensch + Schaft, la charnière étant sch.
Toutefois, ça peut pas vraiment marcher en uropi, parce que humanad est d'jà pris, c'est l'humanité, à savoir l'équipe (unique) comprenant tous les êtres humains. Mais si on va par là, on peut donc dire que manad, c'est l'humanité masculine (hommes adultes & garçons). Là, y faut creuser à domphes !
_________________
Pœr æse qua stane:
Pour ceux qui restent.
Anoev Modérateur
Messages : 37582 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
Sujet: Re: Uropi 11 Jeu 4 Juil 2024 - 8:59
Doj-pater a écrit:
Mi dota Leona* genì be dudes-pini Ʒun 2024. Ce vezì 3kg500 (tri kilòs pinsunte).
Les mois portent toujours une majuscule ?
_________________
Pœr æse qua stane:
Pour ceux qui restent.
Troubadour mécréant
Messages : 2107 Date d'inscription : 20/01/2013 Localisation : Aquitaine, France
Sujet: Re: Uropi 11 Ven 5 Juil 2024 - 7:13
M'ennuyant quelque peu, je suis retombé sur la grammaire* de l'uropi. Avec les années passant, une lumière intérieure s'est allumée en orange... « Ah ! peut-être la patine du temps aura réalisé des miracles de clarification...? », et donc, oubliant toutes mes préventions, j'ai ouvert allègrement le PDF de 71 pages (et non de 130 comme annoncé, encore un exemple de shrinkflation !) et commencé à examiner.
Bon, je passe mon dépit renouvelé sur l'accentuation, les insertions d'images sans objet (même si on y voit un train rouge, peut-être suggéré par Anoev ?), l'impératif aberrant au regard de tout le reste, déjà je commence à fatiguer et j'arrive à la page 13 consacrée au verbe semi-auxiliaire doʒo :
Citation :
DOƷO (devoir, falloir) : Exprime une obligation, la nécessité de faire quelque chose [...] DOƷO ne s’emploie jamais avec une tournure impersonnelle comme “falloir” [...] A la forme négative, il exprime l’interdiction [...] DOƷO exprime également la quasi-certitude He doʒ veno be pin il doit venir à cinq heures Nekun ruvòk be telefòn: lu doʒ so us Personne ne répond au téléphone: ils doivent être sortis Equivalent : l’adverbe siurim = sûrement He doʒ veno domòr Il doit venir demain He ve siurim veno domòr il viendra sûrement demain
Alors, quelle logique, si ce n'est un calque quasi-pur du français, là-dedans ? En quoi le "devoir" imposé ou auto-imposé a-t-il à voir avec la "probabilité" de survenue d'un fait ?
Je n'ose plus aller plus avant, craignant tomber dans quelque autre chausse-trappe sémantique ou piège sournois à apprenant...
Ma question toute simple : pourquoi cette incongruité (terme poli) grosse comme une carpenchon baisant (au sens labial) un macrolapin ?
* trouvée à l'adresse : https://drive.google.com/file/d/1MvlSAFtjxTlaNiB4e2VR2IojHaGJolYf
Anoev Modérateur
Messages : 37582 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
Sujet: Re: Uropi 11 Ven 5 Juil 2024 - 8:39
Troubadour mécréant a écrit:
M'ennuyant quelque peu, je suis retombé sur la grammaire* de l'uropi. Avec les années passant, une lumière intérieure s'est allumée en orange... « Ah ! peut-être la patine du temps aura réalisé des miracles de clarification...? », et donc, oubliant toutes mes préventions, j'ai ouvert allègrement le PDF de 71 pages (et non de 130 comme annoncé, encore un exemple de shrinkflation !) et commencé à examiner.
Bon, je passe mon dépit renouvelé sur l'accentuation, les insertions d'images sans objet (même si on y voit un train rouge, peut-être suggéré par Anoev ?), l'impératif aberrant au regard de tout le reste, déjà je commence à fatiguer et j'arrive à la page 13 consacrée au verbe semi-auxiliaire doʒo :
Dopa a écrit:
DOƷO (devoir, falloir) : Exprime une obligation, la nécessité de faire quelque chose [...] DOƷO ne s’emploie jamais avec une tournure impersonnelle comme “falloir” [...] A la forme négative, il exprime l’interdiction [...] DOƷO exprime également la quasi-certitude He doʒ veno be pin il doit venir à cinq heures Nekun ruvòk be telefòn: lu doʒ so us Personne ne répond au téléphone: ils doivent être sortis Equivalent : l’adverbe siurim = sûrement He doʒ veno domòr Il doit venir demain He ve siurim veno domòr il viendra sûrement demain
Troubadour mécréant a écrit:
Alors, quelle logique, si ce n'est un calque quasi-pur du français, là-dedans ? En quoi le "devoir" imposé ou auto-imposé a-t-il à voir avec la "probabilité" de survenue d'un fait ?
Ben tu vois, ç'a été un peu mon sentiment à moi aussi. Dopa devrait pouvoir nous répondre là d'ssus. Je crois qu'il doive s'agir d'une relex du français, voire de langues romanes (mais là, je ne saurais trop m'avancer : mes connaissances en castillan-catalan-portugais-italien-occitan étant par trop imparfaites)*. Je ne pense pas qu'en anglais on utilise must pour cette utilisation du verbe "devoir".
Au risque d'un hors-sujet (j'ai la flemme de déménager mon inter et d'obliger Troubadour et Dopa à me suivre vers "L'uropi et l'aneuvien"), je ne peux que signaler ici-même que je m'y suis pris autrement : pour l'obligation, une des traduction de doʒo, j'ai bien dev (j'me suis pas cassé l'chou !), pour "falloir", j'ai (là non plus, j'me suis pas trop forcé) fàl. Par contre, pour la probabilité très proche de la certitude, j'ai ep kàn, à savoir kàn (pouvoir, avoir la probabilité de, entre autres), avec ep antéposé, qui renforce le procès : a dev lyzhen = il doit pleuvoir (c'est nécessaire, pour les récoltes, la nappe phréatique) a ep kàn lyzhen = il doit pleuvoir (une baisse de pression de plus de trois cent hectopascals est annoncée, avec, par s'ssus l'marché, des cumu...).
J'en rajouterai p... Ah si, quand même un peu : si doʒo ne indique l'interdiction, dev nep n'indique que la non obligation : or dev nep inzh = vous n'êtes pas obligé de manger. Pour une interdiction, nep est postposé au verbe dont on veut interdire le procès : or dev rœken nep = vous ne devez pas fumer (vous devez ne pas fumer) ; équivalent à or nep rœkent = ne fumez pas.
Dernier détail : je n'y suis pour rien quant au train rouge.
*Mais si plusieurs langues-sources sont impliquées, on ne pourrait plus trop parler de relex, mais plutôt d'adaptation d'une règle commune à plusieurs langues : le propre de l'à-postériori.
_________________
Pœr æse qua stane:
Pour ceux qui restent.
Doj-pater
Messages : 4519 Date d'inscription : 04/01/2014 Localisation : France Centre
Sujet: Re: Uropi 11 Ven 5 Juil 2024 - 18:50
Un relex du fr. sûrement pas; d'ailleurs il y a 2 verbes en fr. qui se recoupent: devoir et falloir; pas en Uropi
Cette probabilité se retrouve en anglais: He must be ill = il doit être malade it must be about 8 o'clock = il doit être environ 8 h
en italien: deve essere malato devono essere circa le 8
en espagnol: debe estar enfermo en néerlandais: hij moet ziek zijn en russe: он должен быть болен. suédois: Han måste vara sjuk.
mais aussi en allemand voir
3. müssen (Ausdruck der Wahrscheinlichkeit):
er muss krank sein. il doit être malade es müsste gleich acht Uhr sein il ne doit pas être loin de huit heures
C'est donc plutôt répandu en Europe
Mais pour ceux qui n'aiment pas, il y a toujours la possibilité d'utiliser un adverbe: He se siurim pati = il est sûrement malade.
Doj-pater
Messages : 4519 Date d'inscription : 04/01/2014 Localisation : France Centre
Sujet: Re: Uropi 11 Sam 6 Juil 2024 - 11:33
Je reviens à peine de la Conférence internationale sur les langues construites d'Orléans où j'ai eu le plaisir de revoir notre ami Mardikhouran. Il m'a avoué ne plus intervenir très souvent sur l'Atelier et avoir créé le draconique - langue totalement étrangère aux langues humaines…
La conférence était intéressante: - historique des langues construites (Lessons learnt from Classic interlinguistics) - Evolution des affixes en espéranto - Language Revival or language construction: le conférencier nous a fait part d'une expérience intéressante: faire revivre la langue des Normands de Normandie: en se basant sur le vieux norrois, le vieil islandais et les langues scandinaves actuelles, recréer la langue que pourraient parler aujourd'hui les Normands s'ils avaient pu garder une langue scandinave. Cette recréation tient compte de l'évolution des langues scandinaves actuelles et également de l'évolution du français avec lequel le "normanic" entretenait des rapports permanents… - études statistiques sur les "conlangers", étude sociolinguistique sur la façon dont les langues construites sont perçues sur le plan sonore…
Et bien d'autres choses: je ne peux pas tout citer… langues construites et l'IA… etc. J'ai zappé les langues elfiques et le klingon…
+ de la moitié des interventions étaient en anglais, ce qui ne m'a pas posé de problèmes… mais ce n'était pas le cas de tous les participants
Anoev Modérateur
Messages : 37582 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
Sujet: Re: Uropi 11 Sam 6 Juil 2024 - 12:30
À ce sujet, pourquoi n'es-tu pas intervenu là-bas ?
Moi, j'aurais bien voulu y être, mais il faut que je prépare mes vacances dans le Cotentin : je m'en vais mardi (et non lundi, comme prévu).
_________________
Pœr æse qua stane:
Pour ceux qui restent.
Doj-pater
Messages : 4519 Date d'inscription : 04/01/2014 Localisation : France Centre
Sujet: Re: Uropi 11 Sam 6 Juil 2024 - 13:11
Figure-toi que je n'avais pas vu cette page !
C'est un intervenant tchèque qui m'a invité (j'avais répondu à son questionnaire).
Anoev Modérateur
Messages : 37582 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
Sujet: Re: Uropi 11 Sam 6 Juil 2024 - 21:48
Doj-pater a écrit:
C'est un intervenant tchèque qui m'a invité (j'avais répondu à son questionnaire).
J'aurais eu du mal à répondre ! la seule chose dont je m'souvienne à peu près, en tchèque, c'est prosim posor (votre attention s'il vous plaît)* à l'arrivée d'un train (nous y l'là !) dans une gare (dans ce cas, c'était à Brno).
*Or kjas rœdhite en aneuvien ; en uropi, je suppose vi atensad prijim. En espéranto, c'est facile, certes, mais guère original : via atento perfavore. En uropi, on comprend aussi bien, mais il y a plus de recherche. J'ai pas pu traduire l'expression complète en volapük ; le Kerckhoffs préconise la conjugaison du verbe avec -ös. L'ennui, c'est qu'il n'y a pas de verbe. Ou bien alors, y aurait bien (avec senitön = être attentif) senitor-ös, qui rejoindrait bien - ô ironie ! - l'aneuvien (pas par l'apparence, certes, mais...).
_________________
Pœr æse qua stane:
Pour ceux qui restent.
Doj-pater
Messages : 4519 Date d'inscription : 04/01/2014 Localisation : France Centre
Sujet: Re: Uropi 11 Dim 7 Juil 2024 - 10:40
Citation :
en uropi, je suppose vi atensad prijim.
Oui, ou + simple encore "Atense prijim !" avec le verbe atenso = êtte attentif à l'impératif.
Citation :
en tchèque, c'est prosim posor (votre attention s'il vous plaît)
en tchèque, c'est pozor c'est marrant, parce que j'avais vu un dessin animé tchèque intitulé "Pozor" et c'est ce mot qui m'a inspiré pour l'Uropi "Pocèr" = Attention ! Il y a 2 mots en Uropi: Atenso, atensad = être attentif (= allemand Aufmerksamkeit) et Pocèr, pocero = faire attention (danger!) (= allemand Achtung !)
En dehors de l'influence du tchèque, slovaque, slovène… pocèr vient de cer (le soin), cf ang. care (soin) > be careful (faire attention), qui donne aussi proceri = prudent (= grec προσεκτικός) et προσοχή "prosokhi" = attention Pocere a trene ! Attention aux trains ! gr Προσοχή στα τρένα !
Anoev Modérateur
Messages : 37582 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
Sujet: Re: Uropi 11 Dim 7 Juil 2024 - 13:09
Doj-pater a écrit:
en tchèque, c'est prosim posor (votre attention s'il vous plaît)
J'ai fait une faute de frappe, le Z étant juste au dessus du S dans le clavier azerty. Merci d'avoir corrigé.
Messages : 4519 Date d'inscription : 04/01/2014 Localisation : France Centre
Sujet: Re: Uropi 11 Lun 8 Juil 2024 - 12:30
Quelques remarques et étymologie
Anoev a écrit:
Doʒo, et une phrase comme "il faut travailler", impersonnelle à domphes, est traduite en uropi par un doʒ varko (on doit travailler). Utilisable aussi dans : tu doʒ mo tri sunte euròs = tu me dois 300 €.
Attention, si doʒoa 2 sens: le devoir (doʒad) et la probabilité, comme dans un grand nombre de langues, il n’a pas celui de la dette (deb) Devoir qqch à qqun (généralement de l’argent, mais pas que…), c’est debo de deb = la dette:
i-e *ghab = saisir, prendre > lat habeo = avoir > debeo (< de-habeo) = devoir, debitum = dette > it dovere = devoir, esp deber, por dever = fr devoir
> it debito, esp deuda, débito, cat deute = dette, fr devoir, dette, débit = ang debt, debit, al Debet, neer, sué, da debet, let debets, lit debetas, rus, ukr дебет debet “diébet”, bul дебит “débit” = débit…
tu deb mo trisunte euròs = tu me dois 300 €.
doʒo
i-e *dh1lgh- = dette, obligation > gael dligh = avoir droit à, dualgas = dû, devoir, gal dled, dyled = dette, devoir, bret dle = dette, dleout = devoir, got dulgs = dette, rus долг “dolg” = dette, devoir, sr, cr dužnost = devoir, dug, pol dług, tch dluh, slk dlh, slo dolg = dette, rus я должен “ia dòljenn” = je dois, tch dlužno = il faut
nudo
(i-e *neh₃dʰ- = être en détresse, *nǝuti = contrainte, nécessité > al Not, neer nood da nød, sué nöd, ang need = besoin, al nötig, notwendig, nl nodig, da nødvendig, sué nödvändig = nécessaire, rus нужно, “noujno”= avoir besoin, нужда “noujda” = nécessité, besoin, нужный “noujnyï” = nécessaire, tch nutný = nécessaire, nutnost = nécessité, sr, cr nužda = besoin, nuždan = nécessaire)
volo
(i-e *welh1 = vouloir, désirer, choisir, *wolo- = choix > gr βούλομαι "boulomai" = vouloir, βούλησις "boulêsis = volonté, lat volo = vouloir > it volere, cat voler, fr vouloir; roum voință, esp voluntad, por vontade = volonté; al wollen, neer willen, da, nor ville, isl, sué vilja = vouloir; al Wille, neer wil, ang will, da, nor vilje, sué vilja = volonté; lit valia = volonté, let vēlēt, vēlēties = désirer, souhaiter, vouloir; rus, Brus, bul, ukr воля “volia”, pol wola = volonté, woleć = préférer, sr, cr, slo volja, tch vůle, slk vôle = volonté, voliti = choisir, alb vullnet = volonté)
Dernière édition par Doj-pater le Lun 8 Juil 2024 - 17:01, édité 1 fois
Anoev Modérateur
Messages : 37582 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
Messages : 4519 Date d'inscription : 04/01/2014 Localisation : France Centre
Sujet: Re: Uropi 11 Mar 9 Juil 2024 - 12:21
Uropi id Cini - L'Uropi et le chinois * * * *
A première vue, l’Uropi n'a rien à voir avec le chinois (mandarin) L’Uropi est indo-européen alors que le chinois est une langue sino-tibétaine; ils n’ont donc pas de mots en commun.
Cependant, l’Uropi a certains traits commun essentiels avec le chinois (désolé, le chinois est écrit ici en Pīnyīn et non en Sinogrammes)
- Tout d’abord, les mots de base sont des monosyllabes dans les deux langues
- La syntaxe est la même: SVO: sujet-verbe-objet* Wǒ ài nǐ =i liam ta (je t’aime), Nǐ chī mǐfàn =tu jed riz (tu manges du riz), Tā hē chá =ce piv tej (elle boit du thé), Tā zuò ròu = ce kok mias (elle cuit de la viande)
- L’Uropi ainsi que le chinois utilisent de nombreux mots composés, qu’ils forment de la même manière.**
(Pour en savoir plus, voir le fichier Uropi id Cini)
* Dans les 2 langues on utilise la racine verbale pour le verbe au présent quelle que soit la personne ** En Uropi le -i- sépare les 2 éléments du mot composé; en mandarin, c'est inutile (chaque idéogramme est séparé)
Anoev et Mfumu aiment ce message
Doj-pater
Messages : 4519 Date d'inscription : 04/01/2014 Localisation : France Centre
Sujet: Re: Uropi 11 Mer 10 Juil 2024 - 11:30
Anoev a écrit:
Mes connaissances en mandarin (et même dans d'autres langues de l'Empire du Milieu¤) étant proches du zéro absolu, je ne peux pas trop me prononcer quand aux analogies avec l'aneuvien.
Quant aux agglutinations (je réserve le terme de "mot composé" à ceux constitués de plusieurs éléments reliés par quelque chose "en plus"*), elles sont de plusieurs sortes chez moi, notamment l'agglutination pour qobtœr° (porte à tambour) ; quant à l'articulation (méthode très majoritaire en uropi), elle existe aussi en aneuvien, comme dans ovendu (berger) ; par contre, ce qui n'existe (quasiment) ni en uropi, ni en mandarin, c'est l'imbrication, méthode d'agglutination permettant de raccourcir les mots d'au moins une syllabe, sinon deux.
Les miennes ne sont guère meilleures… Mais ça n'empêche pas d'analyser certains traits de la langue d'un point de vue linguistique. Claude Hagège disait qu'il "manipulait" 500 langues; bien entendu il n'en parlait pas autant, ce qui ne l'a pas empêché de les comparer…
Par exemple, on peut dire que le mandarin est une langue S-V-O comme le français ou l'anglais. On peut dire que ce n'est pas une langue flexionnelle: le verbe est un mot-racine: il reste identique quelle que soit la personne: 我读 Wǒ dú = je lis, 你读 Nǐ dú = tu lis, 他读 Tā dú, il/elle lit 我们读 Wǒmen dú = nous lisons, 你们读 Nǐmen dú = vous lisez, 他们读 Tāmen dú = ils lisent On voit que 读 dú reste toujours le même; c'est exactement la même chose en Uropi: I, tu, he/ce/je, nu, vu, lu lis
Maintenant le mandarin n'est pas une langue agglutinante; on sait qu'elle est isolante (à l'opposé du hongrois ou du finnois). Alors comment nommer des termes comme 中国 Zhōngguó = Chine (pays du milieu) ou 我们 Wǒmen = nous (je + men), si ce n'est des mots composés ? D'ailleurs, chaque idéogramme est séparé par un espace, ce qui entre bien dans ta définition.
Par ailleurs, je me demandais, si on ne pouvait pas parler d'imbrication pour les mots métissés Uropi: Fr monde + ang world > Ur. mold Bret gwad + sué blod > Ur glod (sang) ou de fusion ?
Dernière édition par Doj-pater le Mer 10 Juil 2024 - 11:41, édité 1 fois
Anoev aime ce message
PatrikGC
Messages : 6728 Date d'inscription : 28/02/2010 Localisation : France - Nord
Sujet: Re: Uropi 11 Mer 10 Juil 2024 - 11:36
La langue chinoise associe très facilement des mots pour en forger d'autres, c'est en effet de la composition.
Le fait le plus marquant de la grammaire est qu'un mot est à la fois nom, adjectif, verbe, adverbe, préposition etc. en fonction de sa place (la plupart du temps, mais pas toujours, certains mots ne peuvent être que des prédicats, et d'autres que des non-prédicats). Donc pas besoin d'utiliser des préfixes ou des suffixes pour changer la nature du mot, de la racine.
Doj-pater
Messages : 4519 Date d'inscription : 04/01/2014 Localisation : France Centre
Sujet: Re: Uropi 11 Mer 10 Juil 2024 - 12:21
Patrik GC a écrit:
Le fait le plus marquant de la grammaire est qu'un mot est à la fois nom, adjectif, verbe, adverbe, préposition etc. en fonction de sa place (la plupart du temps, mais pas toujours, certains mots ne peuvent être que des prédicats, et d'autres que des non-prédicats). Donc pas besoin d'utiliser des préfixes ou des suffixes pour changer la nature du mot, de la racine.
Oui, c'est très intéressant. L'Uropi avance un peu sur cette voie, mais ne va pas aussi loin… Par ex. vark est à la fois le travail et le présent du verbe travailler (i vark)*
Certains mots peuvent être adj. adv. et nom par ex: bun = bon, bien, le bien (Bun id mal = le bien et le mal)… mais c'est plutôt rare.
*Un grand nombre de racines sont verbo-nominales: sop, sed, piv, vok, stop, halt, staj, res… (dormir/sommeil, siège/être assis, arrêt/er, halte/faire H, rester/séjour, repos/er…)
Anoev Modérateur
Messages : 37582 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
Sujet: Re: Uropi 11 Jeu 11 Juil 2024 - 9:50
Doj-pater a écrit:
Par ailleurs, je me demandais, si on ne pouvait pas parler d'imbrication pour les mots métissés Uropi: Fr monde + ang world > Ur. mold Bret gwad + sué blod > Ur glod (sang) ou de fusion ?
C'est bien une imbrication, puisqu'à au moins un des élément (voire davantage) on en tronque un morceau, quel qu'il soit, exemple liam, qu'on peut voir comme une agglutination imbriquée de Liebe et AMOR. L'agglutination est faite par deux apocopes ; mais avec mand, on peut même avoir un mot-valise, fait de MANVS et Hand, -an- étant la charnière de l'ensemble. Alors oui, j'avais fait une erreur : y a bel et bien des imbrications en uropi (MC¤) ! Le tout étant de savoir si celles-ci sont réservées aux mots métissés ou si on en trouve ailleurs.
Quant à la fusion, je m'tâte ; ne serait-ce pas la création d'un mot-valise sans aucune troncature ? un peu comme AAXXBB fait de mots AAXX et XXBB, avec XX comme charnière, et aucune lettre éclipsée.
¤ MEA CVLPA.
_________________
Pœr æse qua stane:
Pour ceux qui restent.
Doj-pater
Messages : 4519 Date d'inscription : 04/01/2014 Localisation : France Centre
Sujet: Re: Uropi 11 Sam 13 Juil 2024 - 11:23
Citation :
Alors oui, j'avais fait une erreur : y a bel et bien des imbrications en uropi (MC¤) ! Le tout étant de savoir si celles-ci sont réservées aux mots métissés ou si on en trouve ailleurs.
Quant à la fusion, je m'tâte ; ne serait-ce pas la création d'un mot-valise sans aucune troncature ?
Moi, je dirais que par définition, les mots métissés sont des imbrications ou des fusions… mais qu'est-ce que c'est qu'une troncature ?
Un autre exemple de mot métissé:
Sian- le cygne
* * * *
In Uropi SIAN se u micen vord intra Romaniki id Germàni vorde we prostàl du bazi trate siani.
1) De klor: brij = PIE *ḱeuk- we davì in Greci kyknos = sian, ba os kyanos = blu (cf kian), Lat cygnus > It cigno, Esp, Por cisne, Fr cygne…
2) De zon: PIE *swen- = zono > Iri sian = sfisad, jamad, D. Schwan, Swe svan, Eng swan… = sian.
Sim nu av de brij, bij belad siani id hi voc we s’ne sa bel, in mi menad.
Ov siane:
De Lag Sianis se u famos balet pa de Rusi kompozor P. I. Tcaikovskij. Leda id de Sian se u legènd od Greci mitologij in wen Zeus, in de form u siani, sedutì Leda de bel maʒa de raji od Sparta.
De Siani Sant: « Siane, wan lu fel te lu se po moro, sant jok bunes da dia te nevos dafòr, in li glajad ito kogono de Doj wen lu se servan. » Di se de vorde Sokratis for hi mor, ruperen pa Platòn.
* * * *
Spoiler:
En Uropi SIAN, le cygne,est un mot métissé entre les termes romans et germaniques qui représentent deux caractéristiques principales du cygne.
1) La couleur: brillant = PIE *ḱeuk- qui a donné en grec kyknos = cygne, mais aussi kyanos = bleu (cf cyan), lat cygnus > it cigno, esp, por cisne, fr cygne…
2) Le son: PIE *swen- = retentir > Irl sian = sifflement, gémissement, al. Schwan, sué svan, ang swan… = cygne.
Nous avons donc la beauté du cygne d’un blanc éclatant et sa voix, qui, à mon avis, n’est pas si belle.
Sur les cygnes :
Le Lac des Cygnes est un célèbre ballet du compositeur russe P. I. Tchaïkovski. Léda et le Cygne est une légende de la mythologie grecque dans laquelle Zeus, sous la forme d’un cygne, séduit la belle Léda, épouse du roi de Sparte.
Le Chant du Cygne: « Les cygnes, quand ils sentent qu'ils vont mourir, chantent encore mieux ce jour-là qu'ils n'ont jamais fait, dans la joie qu'ils ont d'aller trouver le Dieu qu'ils servent. » Propos de Socrate avant sa mort, rapportés par Platon.
Anoev Modérateur
Messages : 37582 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
Sujet: Re: Uropi 11 Dim 14 Juil 2024 - 9:01
Doj-pater a écrit:
mais qu'est-ce que c'est qu'une troncature ?
Une troncature, c'est quand tu éclipses une partie d'un mot, c'est soit
tu mets la fin à la trappe (tu ne gardes que le début) : une apocope. "Télé" pour "télévision, téléobjectif", "hétéro" pour "hétérosexuel", "auto" pour "automatique", gran pour grande et j'en passe ;
tu mets le début à la trappe (tu ne gardes que la fin) : une aphérèse. La plus connue étant "bus" pour "autobus, trolleybus", "car" pour "autocar", nom suranné, ô, combien !
tu mets le milieu à la trappe, là c'est une syncope, et c'est tellement peu courant que j'en connais pas d'exemple concret. Quelques compressions familières, peut-être, comme "v'là" pour "voilà"... bon...
Messages : 4519 Date d'inscription : 04/01/2014 Localisation : France Centre
Sujet: Re: Uropi 11 Dim 14 Juil 2024 - 19:09
Pour en savoir + sur la syncope
Anoev aime ce message
Anoev Modérateur
Messages : 37582 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
Sujet: Re: Uropi 11 Dim 14 Juil 2024 - 22:28
Bien vu, en effet, toutefois, sans vouloir être plus royaliste que le roi, je ferais bien une différence entre
l'amuïssement : la lettre n'est pas prononcée, mais reste toutefois dans l'orthographe du mot : la fenêtre, une fenêtre ; cet amuïssement peut être glissant, comme on voit ici.
l'élision, qui peut être lexicale ou grammaticale, on a ça notamment en uropi avec nivel, nivli (gram.)
la véritable syncope, qui est (sauf erreur de ma part, à mon sens), essentiellement lexicale, voire étymologique.
Dans ces deux derniers cas, la lettre, voire les lettres, disparaissent y compris de l'orthographe du mot.
_________________
Pœr æse qua stane:
Pour ceux qui restent.
Doj-pater
Messages : 4519 Date d'inscription : 04/01/2014 Localisation : France Centre
Sujet: Re: Uropi 11 Jeu 18 Juil 2024 - 10:54
Anoev a écrit:
Doj-pater a écrit: Un grand nombre de racines sont verbo-nominales: sop, sed, piv, vok, stop, halt, staj, res… (dormir/sommeil, siège/être assis, arrêt/er, halte/faire H, rester/séjour, repos/er…) On en rencontre aussi pas mal en aneuvien, et dans bien des cas, ce sont soit les flexions soit les mots autour qui font pencher la balance côté nom ou côté verbe, et des fois la différence n'est révélée que par l'épaisseur d'un diacritique.
Lar (< al, nl lachen) = le rire, vb rire au présent Àr riyde àr nexàvdune = les rires des enfants = de lare de kidis àr nexàvdur riyde = les enfants rient = de kide lar
Liam (amour + présent du vb aimer) Med klim pœr das = mon amour pour lui = mi liam po ha e klim das = je l’aime. I liam ha
Stopo & halto = (s’)arrêter Stopo = arrêt définitif, cesser Buse stop be des hore noci = les bus s’arrêtent à 10h du soir Di fabrik av stopen varko = cette usine a fermé (cessé de fonctionner)
Halto = arrêt temporaire (faire halte) De bus halt in di strad = le bus s’arrête dans cette rue Busihaltia = arrêt de bus (l’endroit où le bus fait halte) (cf al Bushaltestelle, nl bushalte)
Anoev aime ce message
Doj-pater
Messages : 4519 Date d'inscription : 04/01/2014 Localisation : France Centre
Sujet: Re: Uropi 11 Ven 19 Juil 2024 - 13:17
Anoev a écrit:
halt klajo = arrête de crier.
On dirait plutôt stop klajo ! (arrêt définitif: on n’a pas envie que ça recommence dans 10 minutes)
fraj
Citation :
En uropi : fraj. Je ne connais pas l'origine IE, car il doit y en avoir une, mais on peut penser au verbe "effrayer", de fright, etc. Y a, bien sûr, frajo, non seulement pour "avoir peur", mais aussi pour "craindre" et "redouter". "Faire peur, effrayer" donne afrajo.
Origine
(i-e *perk- = avoir peur > al Furcht, da frygt, nor frykt, sué fruktan, ang fright = peur
+i-e bhreǵ-* = briser, V/ breko > lat frango = briser, fragor = bruit éclatant, vacarme > fr frayeur, + effrayer du vFr exfréer (V/ effroi)< pref ex. + frcq *fridu = paix (faire sortir de la paix)
La différence entre la crainte et la peur ? Si on craint l'orage, on s'équipe d'un paratonnerre, si on a peur de l'orage, on prie.
Je dirais qu’il n’y en a pas: peur = ang: fear, scare, fright Craindre = to fear, to be afraid Ce sont des synonymes
peur = al. Furcht, Angst craindre = fürchten, Angst haben
peur = it. paura, timore craindre = avere paura, temere
peur = esp. miedo, temor craindre = tener miedo, temer
peur = rus. страх, боязнь craindre = бояться
peur = gr. φόβος craindre = φοβάμαι Bon, je m’arrête là…
Celà dit, il y a en Uropi une différence d’intensité: fraj = peur, strag (du russe страх, al Schreck(en), ang scare, sué skräck) = + que la peur: horreur, effroi… - que la terreur: teròr > usfrajo = épouvanter…,afrajo = effrayer, frajic = craintif, apfrajo = effaroucher, forfrajo = appréhender (avoir peur par anticipation: dentiste, etc.)…
Citation :
Parlez sans haine et sans crainte, ne dites que toute la vérité.
Voke ane hais, nè fraj, deze de verid, solem de verid, ba tal de verid
Anoev aime ce message
Anoev Modérateur
Messages : 37582 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
Sujet: Re: Uropi 11 Ven 19 Juil 2024 - 13:35
J'ai bien aimé ta réponse, même si je ne la partage pas tout-à-fait (aaaah ! ces nuances !).
Tiens, un aut'truc : un film d'épouvante n'est pas nécessairement un film pour craindre une fin tragique.
D'après ce que tu nous as dit sur le verbe stopo, stop klajo a un aspect définitif qui fait un peu froid dans l'dos ; lire cet exemple que j'avais mis y a un certain temps déjà.