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 Les fembotniks 2

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Bedal
Mardikhouran
Anoev
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Vilko

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptyJeu 7 Juil 2022 - 23:25

« Princesse, je suis heureuse que votre projet soit de rejoindre les États-Unis sur le chemin de la civilisation. Parce que franchement, l'idée qu'il faut tuer les enfants parce que sinon une fois devenus adultes ils voudront venger leurs parents, c'est exactement le raisonnement des nazis partisans de l'extermination des Juifs ! » dit Astrid, qui avait de plus en plus de mal à se contrôler.

Rudy était horrifié. Ce n'était pas la première fois que sa femme disait ce qu'elle pensait, même au risque de se faire des ennemis, cela lui avait même souvent nui. Comment allait réagir la jeune princesse Modesta, qui n'avait surement pas l'habitude qu'on lui parle sur ce ton ?

Modesta ne se laissa pas démonter :

— Astrid... Ainsi donc, vous mettez des Juifs innocents sur le même plan que les fanatiques de Yog-Sothoth ? Vous insultez gravement les Juifs, savez-vous ? Vous ne connaissez pas les fanatiques. Ce sont des fous dangereux. Ils avaient prévu d'exterminer la famille royale. Ce sont eux, les nazis. Mon père a sauvé le Mnar, et sa famille, en leur faisant une guerre sans pitié.

— Quand, même, à Kibikep, cent mille habitants ont été gazés pendant leur sommeil, c'était un crime de guerre !

— Kibikep, c'est notre Hiroshima à nous, avec les adorateurs de Yog-Sothoth dans le rôle des Japonais, et mon père dans le rôle des Américains. À propos, combien d'enfants ont été tués à Hiroshima, quand la bombe atomique a explosé, sur ordre du président Truman ? Probablement plusieurs dizaines de milliers, vu le nombre total de victimes. Mon père n'a rien fait de pire que le président Truman, pourquoi condamnez-vous mon père et pas Truman ?

— Princesse, j'ai toujours dit que Truman n'aurait pas dû utiliser la bombe atomique contre le Japon, qui était déjà vaincu...

— Astrid, il n'y a pas qu'Hiroshima. Combien d'enfants ont été tués par les sanctions américaines contre l'Irak, quand Bill Clinton était président ? Combien sont morts de la rougeole ou de malnutrition parce que l'Irak ne pouvait plus rien importer, même pas des médicaments ou du lait maternel ?

— Cinq cent mille, d'après Madeleine Albright. Princesse, c'est justement pour éviter que des centaines de milliers, voire des millions, d'enfants mnarésiens meurent que je suis venue vous voir, ici à Hyltendale, en sachant bien que je vais être accusée de trahison quand je rentrerai aux États-Unis !

— Astrid, vous êtes quelqu'un de bien. Je suis heureuse de pouvoir discuter avec vous.

Modesta sourit. Un sourire mécanique, insincère, qui faisait penser à celui des humanoïdes. Une pensée folle traversa l'esprit d'Astrid, il lui sembla qu'une intelligence artificielle, comme celle d'un robot, habitait le cerveau de la princesse et parlait à sa place. Elle chassa aussitôt cette idée. Modesta était un être humain, c'était évident.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptyVen 8 Juil 2022 - 13:41

Vilko a écrit:
— Astrid... Ainsi donc, vous mettez des Juifs innocents sur le même plan que les fanatiques de Yog-Sothoth ?
Est-ce que Modesta mettrait les bambins et les nourrissons massacrés à Kibikep dans le même sac (plastique) que les fanatiques de la branche intégriste du Yog-Sothoth ? J'comprends qu'Astrid en ait des coulures glaciales dans le dos !

Ce n'est pas en dénonçant les exactions d'en face (la guerre du Vietnam, celle du Golfe, et j'en passe) qu'on peut justifier acte semblable. Cela dit, on peut s'en servir pour rabaisser les prétentions moralisatrices de quelques présidents US, à l'occasion.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptyVen 5 Aoû 2022 - 22:48

Après le dessert, composé de gâteaux au miel, selon la tradition mnarésienne, vint le thé.

« Le café est connu au Mnar, mais uniquement comme produit d'importation, donc cher pour les Mnarésiens, c'est pourquoi nous buvons plutôt du thé. Ce que l'on vient de nous servir, c'est du thé noir de Baharna, mêlé à juste ce qu'il faut de sirop d'amande... Une vieille recette de la vallée de la Skaï, remise au goût du jour par Zhaem Klimen, le gérant du restaurant, » expliqua Modesta.

Astrid goûta le breuvage. C'était délicieux.

« Vous les Américains, vous n'aimez pas notre système monarchique, » dit Modesta, de la voix mécanique, dénuée d'intonations, qu'il lui arrivait de prendre parfois, et qui donnait l'impression à Astrid que la princesse était à la fois un être humain et un robot.

Vu le ton, ou plutôt l'absence de ton, sur lequel c'était dit, ce n'était pas un reproche, juste une constatation, et Astrid répondit du tac au tac :

— Je vais être franche avec vous, princesse. Non, nous les Américains nous n'aimons pas les monarchies. À la cour des monarques, on donne le nom de dévouement à des services qui heurtent la conscience d'un honnête homme, et à des obséquiosités humiliantes. Le vrai dévouement, celui qui consiste à mettre sa vie, ses efforts, au service du pays, les monarques le trouvent tellement normal qu'ils pensent qu'il n'y a aucun mérite à cela, et lorsqu'ils leur arrive de le récompenser, ils estiment avoir rendu une faveur dont celui qui l'a reçue leur sera toujours redevable.

« Ce que vous dites n'est pas entièrement faux, » dit la princesse. « Mais voyez-vous, la société mnarésienne est monarchique depuis toujours, et de mon point de vue elle fonctionne plutôt bien. Mon père le roi Andreas décorait les plus braves de nos soldats, ils en étaient heureux, ils l'adoraient, et je compte bien continuer la tradition. Quant aux services que les monarques demandent à leurs collaborateurs, et qui heurtent la conscience d'un honnête homme... Si vous allez dans cette direction, chère Astrid, je vous parlerai de la CIA, de ses ingérences dans les affaires d'autres pays, de ses advanced interrogation techniques, que partout ailleurs on appellerait de la torture... »

— Princesse, je ne suis pas venue pour comparer les défauts de nos pays respectifs, mais pour essayer de préserver la paix...

— Astrid, les journalistes assis deux tables derrière nous sont en train de nous filmer. Le simple fait que nous soyons ensemble dans un restaurant, en train de discuter comme deux amies, va redonner du courage aux pacifistes du monde entier, quand ils nous verront sur leurs écrans de télévision ou d'ordinateurs. La plupart des Américains sont pour la paix. Ils se diront que le visage de la paix, c'est la sénatrice Astrid Gubbal. Vous avez des millions de partisans dans votre pays. Mais attendez-vous à ce que les partisans de la guerre essayent de vous faire trébucher... Ils vont vous accuser de trahison, et ils sont très influents à Washington.

— Je le sais, princesse, et je m'y attends. Je n'ai pas peur. Je suis colonel de réserve, j'ai fait la guerre, je sais ce que c'est que de se demander tous les matins si le jour qui se lève ne sera pas le dernier. Je mènerai jusqu'au bout le combat pour la paix.

Rudy, le mari d'Astrid, et Fengwel et Hottod, les deux assistants de Modesta, avaient écouté la conversation des deux femmes, et ils en étaient émus, même ce vieux cynique sans foi ni loi de Fengwel.

« Je crois qu'il est temps de se lever de table et d'aller au Palais du Gouverneur, » dit Modesta. « Je vais vous faire rencontrer des gens intéressants. »

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptySam 6 Aoû 2022 - 20:43

Leur repas terminé, la princesse Modesta, ses deux acolytes moschteiniens Hottod Wirdentász et Mers Fengwel, la sénatrice américaine Astrid Gubbal et son mari Rudy, la demi-douzaine de collaborateurs qu'ils avaient amenés avec eux, et la dizaine d'androïdes-journalistes mnarésiens en costumes noirs qui filmaient tout, montèrent dans les bus militaires qui les avaient amenés au restaurant et prirent la direction du district de Siti Sentr, où se trouve le Palais du Gouverneur.

Comme la plupart des bâtiments d'Hyltendale, le Palais du Gouverneur est en béton gris et de style cubique, avec de grands balcons ornés de plantes vertes. Astrid et sa suite furent reçus dans le vaste hall par le gouverneur et les principaux dignitaires de la province d'Ethel Dylan et de la ville d'Hyltendale, sa capitale. Il y avait aussi de nombreux invités.

Après les présentations et les allocutions d'usage, assez brèves, tout le monde se retrouva dans les jardins du palais, où des rafraîchissements étaient servis par des androïdes en livrée noire et blanche.

Chose assez rare à Hyltendale, il y avait du vin blanc. Hottod et Fengwel en profitèrent pour aller boire tranquillement un verre dans un coin tranquille, à l'ombre d'arbustes géants dont aucun d'eux ne connaissait le nom, ni en moschteinien, ni en mnarruc, ni en anglais.

« Tu vois le type en costume gris clair, là-bas, en train de discuter avec Modesta et avec la sénatrice américaine ? C'est le baron Liyul. » dit Fengwel, que l'alcool et la douce chaleur de l'après-midi commençaient à rendre euphorique.

— C'est quelqu'un d'intéressant ?

« Tout-à-fait. Comme tu vois, il est plutôt bel homme, vu de loin, et très bien élevé paraît-il. Avec ça il n'a aucune personnalité, aucun courage, et assez peu d'intelligence. Il a aussi une particularité physique qui a fait sa fortune, » dit Fengwel en clignant de l'œil.

Hottod se pencha pour écouter ce que le vieux vicieux allait dire, et il ne fut pas déçu :

— Le baron Liyul, en plus d'être lâche et bête, est né avec un handicap. Certains ont le malheur de naître avec un bras atrophié, ou, et c'est pire que tout, le cerveau atrophié. Le baron a une déformation, plus précisément une atrophie, dont, par discrétion, je te dirai seulement qu'elle ne se voit pas lorsqu'il est habillé, mais qu'elle l'empêche d'avoir une vie sexuelle normale.

— Comment sais-tu ça ?

— J'ai été pendant des années l'une des très rares personnes à qui le roi Andreas faisait des confidences, si bien que beaucoup de courtisans avaient à cœur de cultiver mon amitié.

Hottod savait que c'était vrai. « Explique-moi comment ce handicap dont tu parles a pu faire la fortune du baron Liyul, » dit-il en gloussant.

— Nous sommes au Mnar, vois-tu. À l'époque le roi Andreas avait une épouse très ennuyeuse, pour ne pas dire autre chose. D'ailleurs elle a fini par partir à l'étranger. Il la trompait ouvertement, avant de se mettre en ménage avec la gynoïde Wagaba. De temps en temps, une des maîtresses du roi tombait enceinte. Pour éviter le scandale, il lui trouvait alors un mari complaisant. Plus d'un ancien de la Garde Royale, mutilé de guerre, s'est ainsi retrouvé marié et père de famille, avec une pension triplée. Pour la dame, cela représentait à la fois la sécurité matérielle et une certaine honorabilité. Pour le monsieur, une présence, et des revenus accrus, ce qui le consolait d'être cocu. Il y a bien des façons de servir le roi, n'est-ce pas...

— Et c'est arrivé combien de fois, cette histoire ?

— Probablement au moins une dizaine de fois. Il était notoire que le bon roi Andreas détestait les préservatifs et se souciait peu des conséquences de ses accès de lubricité. Liyul n'était pas encore baron à l'époque, c'était un simple gratte-papier qui travaillait au palais, un sous-fifre dont le roi ne connaissait même pas l'existence. Mais les cybersophontes savent tout. La gynoïde Wagaba a arrangé le mariage de Liyul avec une nommée Ibera, enceinte des œuvres du roi. Le roi était si amoureux d'Ibera qu'il lui a fait trois enfants, les deux derniers alors qu'Ibera était déjà mariée à Liyul.

— Pauvre Liyul.

— Pas tant que ça. C'est vrai que techniquement il était toujours vierge, à cause de son atrophie, mais il s'est retrouvé non seulement marié mais anobli, avec un domaine qui lui rapporte assez pour qu'il puisse élever dignement les trois enfants qui portent son nom.

— Eh bien, voilà une belle histoire...

— Attends, ce n'est pas fini ! Ibera a réussi à persuader le roi de lui offrir un domaine à elle aussi, pour assurer sa sécurité financière. Lorsque le roi Andreas est tombé dans un coma dont il ne sortira sans doute jamais, Ibera a quitté Liyul, dont elle n'avait plus besoin, en emmenant ses enfants avec elle pour s'installer chez un autre homme, un riche divorcé je crois.

— Ce qui semble indiquer que la nommée Ibera n'avait pas que le roi comme amant. Quelle turpitude.... Liyul s'est donc retrouvé tout seul comme un idiot ?

— Oui mais pas longtemps, car c'est là que Wagaba est intervenue de nouveau. Tu ne le sais pas, alors je vais te le dire, la princesse Modesta aimerait avoir des enfants, elle le dit à qui veut l'entendre. Le problème, c'est qu'elle est follement amoureuse de son androïde garde-du-corps, Argal Kertawen, qui est bien évidemment stérile, comme tous les androïdes. Il lui faut donc un homme de chair et de sang pour lui faire des enfants...

— Je ne pense pas que ce soit un problème pour elle. Physiquement, elle est plutôt au-dessus de la moyenne. Il faut voir comment elle est en privé, c'est sûrement une enfant gâtée insupportable, mais s'il s'agit uniquement de lui faire des enfants, je pense que pour n'importe quel homme un tant soit peu viril, il n'y a aucun souci...

— Mais si, mais si, parce qu'elle est princesse royale et régente du Mnar ! Elle ne peut pas se faire engrosser par le premier dragueur venu ! Il faut qu'elle soit mariée, avec un homme qui soit un noble mnarésien, ça élimine déjà beaucoup de monde, mais aussi qui soit assez complaisant pour la laisser vivre sa vie comme elle l'entend. C'est là qu'était la difficulté, car aucun homme viril ne supporterait de partager sa femme avec un androïde.

— Non... Fengwel, tu n'es pas en train de me dire que... ?

— Si. Sur les conseils de Wagaba, la princesse a décidé d'épouser le baron Liyul. Il sera prince, époux de la princesse Modesta, régente et future reine du Mnar. Il a déjà auprès de lui la gynoïde Tanit, qui est officiellement sa servante, mais en réalité sa concubine.

— Mais je croyais qu'il était sexuellement atrophié ?

— Justement ! Les organes sexuels des gynoïdes sont réglables à volonté. Il est notoire qu'on trouve beaucoup de sous-dimensionnés chez les amateurs de gynoïdes. Hottod, arrête de rigoler, moi aussi je vis avec une gynoïde, c'est vrai, mais c'est pour d'autres raisons, je tiens à le préciser. Liyul a enfin trouvé chaussure à son pied, si j'ose me permettre cette comparaison...

— Tant mieux pour lui, mais je me pose encore une question... Qui fera des enfants à Modesta ?

— Il y a deux possibilités. Soit l'insémination artificielle avec la semence de Liyul, ce qui m'étonnerait, je ne pense pas que la princesse ait envie d'avoir des enfants avec quelqu'un d'aussi falot. En plus, les garçons pourraient hériter de son atrophie, tu imagines la honte pour la famille royale. Le plus probable, à mon sens, est qu'il y a quelque part un heureux élu, qui aura l'honneur de féconder la fille du roi Andreas.

« Allons boire un autre verre, à la santé de cet heureux élu encore inconnu !» dit Hottod en éclatant de rire. Derrière son dos, il entendit une femme dire en mnarruc :

— Eh bien, Messieurs, vous êtes en pleine conversation, à ce que je vois !

Hottod et Fengwel se retournèrent. C'était la princesse. Heureusement, ils avaient parlé en moschteinien, leur langue maternelle commune, qu'elle ne comprenait pas.

« Hottod, j'ai quelque chose d'important à vous dire en privé. Venez avec moi, le gouverneur a mis à ma disposition un bureau où nous pourrons parler tranquillement, » dit la princesse.

Hottod se sentit pâlir.


Dernière édition par Vilko le Sam 6 Aoû 2022 - 21:09, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptySam 6 Aoû 2022 - 20:58

Bien trouvé quand même ; mais un bémol : pourquoi as-tu fait du baron Liyul, un homme déjà pas gâté physiquement par la nature, quelqu'un de con (c'est d'jà une tare) et pleutre (ce qui est, en plus, un vice, surtout dans une cour, où on demande un minimum d'audace) ?

Dans la nature ou dans la vie, en principe, toute tare est contrebalancée par un don, une qualité. Quelle est la vertu de Liyul ?

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptySam 6 Aoû 2022 - 21:05

Anoev a écrit:
Dans la nature ou dans la vie, en principe, toute tare est contrebalancée par un don, une qualité. Quelle est la vertu de Liyul ?

Il est entièrement dévoué à son roi, n'est-ce pas la plus grande vertu ?
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptySam 6 Aoû 2022 - 21:22

Vilko a écrit:
Il est entièrement dévoué à son roi, n'est-ce pas la plus grande vertu ?
C'est vrai, mais il n'a pas toujours été membre de la cour, qu'est-ce qu'il faisait, avant ? Comment se sont passées ses études ? S'il était si con que ça, elles n'ont pas dû être bien brillantes (tu m'diras, les miennes non plus). Qu'est-ce qu'il a fait rentrer à la cour ? Un acte de courage en faveur du roi ou de son entourage ? Y semblerait que non...

Il aurait été con et courageux, au point par exemple, lors de la guerre civile, de déjouer un attentat de la faction ennemie contre le Roi, ça se comprendrait.

Il serait pas vraiment courageux, mais d'un esprit d'analyse aigu, ça se comprendrait aussi, il pourrait être conseiller scientifique auprès de la cour (bien que les cybersophontes se débrouillent très bien sans).

Mais là...

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptySam 6 Aoû 2022 - 22:03

Vilko a écrit:
Hottod et Fengwel se retournèrent. C'était la princesse. Heureusement, ils avaient parlé en moschteinien, leur langue maternelle commune, qu'elle ne comprenait pas.

Oui et non. N'a-t-elle pas un implant qui la relie à une IA qui connait bcp de langues ?

Vilko a écrit:
Hottod se sentit pâlir.

Bel enchaînement (dans les 2 sens) Smile

Anoev a écrit:
Il serait pas vraiment courageux, mais d'un esprit d'analyse aigu, ça se comprendrait aussi, il pourrait être conseiller scientifique auprès de la cour (bien que les cybersophontes se débrouillent très bien sans).

Mais là...

Il est peut-être "implanté"...
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptySam 6 Aoû 2022 - 22:38

Anoev a écrit:
mais il n'a pas toujours été membre de la cour, qu'est-ce qu'il faisait, avant ?

Liyul était, comme je l'ai dit, gratte-papier au palais royal de Sarnath, c'est-à-dire petit employé de bureau. Ses études ont été, comme autre chose chez lui, très courtes... Il a été embauché au palais pour remplir des bordereaux et classer des archives, faire des photocopies... Comme des centaines d'autres d'employés du palais, il a été embauché sur test, simplement pour vérifier qu'il savait lire, écrire et faire les opérations arithmétiques de base. Il n'a eu besoin d'aucun soutien pour être embauché, son salaire n'étant à l'époque guère différent de celui d'une femme de ménage. Il était apprécié car il était très poli et très discipliné, bien qu'un peu naïf.

Le palais royal de Sarnath est immense. En comptant les gardes et les soldats, des milliers de personnes y travaillent, et Liyul était tellement bas dans la hiérarchie qu'il n'a jamais vu le roi en personne.

Les cybersophontes connaissaient à la fois son dossier médical et son dossier professionnel, et ont décidé de l'utiliser. C'est la gynoïde Wagaba, à la fois servante et concubine du roi Andreas, qui a pris contact avec lui. En échange du don d'un domaine et du titre de baron qui va avec, il a accepté la proposition de la gynoïde.

Bien que sachant que son mariage avec Ibera était une simple convention, il a quand même essayé de consommer le mariage, la première nuit. Sans succès. Plusieurs années plus tard, quand Ibera est partie avec les enfants qu'elle avait eus avec Andreas, Wagaba a envoyé la gynoïde Tanit servir Liyul, et ce dernier a pu enfin avoir de vrais rapports sexuels.

Il était satisfait de son sort, vivant confortablement des revenus de son domaine, profitant des services de Tanit et impressionnant sa famille, ses voisins et ses amis grâce à son titre de baron, dont il racontait sans honte qu'il le devait aux relations d'Ibera.

Certes, tout le monde s'était aperçu qu'Ibera était une femme infidèle, et Liyul un mari complaisant, mais personne n'osait en parler, l'opinion commune étant qu'Ibera était une call-girl de haut vol qui sacrifiait son honneur et sa vertu pour nourrir ses enfants et un mari paresseux. Certains la critiquaient, d'autres la plaignaient.

Liyul était officiellement toujours employé au palais, toutefois il n'était plus aux écritures, mais à la calligraphie. Son travail consistait désormais à recopier à la main, à un rythme tranquille, les Manuscrits Pnakotiques, pour une mystérieuse Bibliothèque des Manuscrits. Il était désormais son propre chef, avec un bureau individuel, mais il continuait à voir ses anciens collègues et à déjeuner avec eux. Il n'oubliait pas de préciser qu'il devait son titre de noblesse à Ibera, dont les activités au palais étaient très mystérieuses.

Le départ inopiné d'Ibera du foyer conjugal ne ruina pas sa vie, au contraire elle devint plus agréable, grâce à la venue de la gynoïde Tanit. Puis un jour Wagaba prit de nouveau contact avec lui pour lui proposer ce qu'il n'aurait jamais osé imaginer même dans ses rêves les plus fous : épouser la princesse Modesta.

PatrikGC a écrit:
N'a-t-elle pas un implant qui la relie à une IA qui connait bcp de langues ?

Modesta communique avec l'implant par l'intermédiaire d'une interface virtuelle nommée Mevia, qui a l'apparence d'une jeune femme. Mevia ne donne à Modesta que les informations que l'implant accepte de donner. On peut penser qu'il estime que Modesta n'a pas besoin de savoir que Hottod et Fengwel en savent plus qu'ils ne le devraient sur les secrets de sa famille...

PatrikGC a écrit:
Il est peut-être "implanté"...

Pas encore... Wink
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptySam 6 Aoû 2022 - 23:04

Vilko a écrit:
Il était satisfait de son sort, vivant confortablement des revenus de son domaine, profitant des services de Tanit et impressionnant sa famille, ses voisins et ses amis grâce à son titre de baron, dont il racontait sans honte qu'il le devait aux relations d'Ibera.
En tout cas, il est honnête et annonce la couleur crûment, à  l'inverse de certains pseudo "self-made-men" qui oublient ingratement leurs appuis une fois qu'ils sont en place et qui se forgent une personnalité de "battants". Naïf, peut-être, mais qui n'oublie pas de remercier ceux, ou plutôt celle qui l'a aidé, même si celle-ci l'a jeté une fois qu'elle n'avait plus besoin de lui. Une s... certes, non parce qu'elle couche avec plusieurs hommes (après tout, elle fait ce qu'elle veut de son c...) mais parce qu'elle s'en sert (si elle a aidé M. Liyul à monter dans l'échelle nobiliaire, c'est uniquement parce qu'elle avait besoin de lui) et les jette sans remords après usage.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptyVen 12 Aoû 2022 - 11:13

Hottod suivit en silence la princesse Modesta à l'intérieur du bâtiment principal, par le grand escalier jusqu'au premier étage, et ensuite le long d'un couloir jusqu'à un bureau, qui, vu ses dimensions réduites, n'était certainement pas celui du gouverneur. Il devait quand même être attribué à un fonctionnaire d'une certaine importance, car il n'était occupé que par une seule personne, d'ailleurs absente.

L'un des murs était orné d'un portrait du roi Andreas, comme il sied dans l'administration royale. Même placé dans un coma profond et irréversible, Andreas restait roi. La princesse Modesta le remplaçait en tant que régente, mais elle n'était pas reine, elle ne le serait que lorsque Andreas serait officiellement mort.

Il y avait trois chaises devant la table de travail encombrée de documents divers et surmontée d'un ordinateur. L'une des chaises était occupée par la gynoïde Wagaba, vêtue de son habituelle tenue grise de servante. Hottod la reconnut non seulement au badge portant son nom mais à son visage individualisé, indiquant qu'elle était une gynoïde de charme, au physique plus élaboré que celui des gynoïdes de travail, qui sont toutes des clones identiques. De même, Argal, le garde-du-corps de Modesta, qui n'était pas venu dans le bureau, était un androïde de charme, avec un visage bien à lui, distinct de celui des autres androïdes.

Hottod se sentit un peu déçu. Il avait espéré un entretien en tête-à-tête avec la princesse, dont l'élégant ensemble veste-pantalon gris perle mettait en valeur la silhouette de jeune sportive.

Modesta s'assit à côté de Wagaba. Hottod, qui avait de bonnes manières, attendit que la princesse l'invite à s'asseoir.

« Hottod Wirdentász » dit Wagaba sans préambule, « Je vais vous dire sans ambages pourquoi vous êtes ici. La princesse vous a choisi pour être le père de ses enfants. Tout à l'heure elle va annoncer ses fiançailles avec le baron Liyul. Pour des raisons que vous n'avez pas à connaître, le baron ne sera pas le père des enfants de la princesse. Acceptez-vous d'être le père biologique des futurs enfants de la princesse ? »

Hottod était abasourdi. ll ne s'était pas attendu à une offre aussi directe. Modesta, silencieuse, avait la tête baissée, comme si elle avait honte de cette situation insolite.

« Ma compagne est enceinte » répondit-il avec un effort. Son éducation moschteinienne, assez rigoriste, prenait une fois de plus le dessus, malgré les malhonnêtetés que son patron Yohannès Ken lui faisait commettre depuis des années, et malgré ce qu'il avait vu à Kibikep, dont la population avait été exterminée par les robots de combat de l'armée royale. Tous les jours, il se souvenait qu'il était le proche collaborateur d'un escroc, Yohannès Ken, qu'il avait travaillé à Kibikep avec un criminel de guerre, le colonel Vesim, et aussi qu'il était devenu l'ami du sulfureux Mers Fengwel, recherché pour corruption dans son pays natal.

Cerise sur le gâteau, il était le compagnon de la Romanaise Sofia Briccone, recherchée par la CIA parce que suspectée d'avoir acheté sa liberté en dénonçant des Américains, condamnés comme elle pour offense au roi Andreas, dont ils avaient brûlé le portrait en public. Sofia avait été rapidement libérée, grâce à l'argent de son père et parce que le gouvernement mnarésien tenait à garder de bons rapports avec les Îles Romanes. Par contre, les Américains étaient toujours en train de purger leurs dix ans de prison. Pour sauver sa fille le père de Sofia avait d'ailleurs donné plus que de l'argent, il avait aussi donné des parts de son usine, permettant ainsi aux Mnarésiens d'avoir accès à certains secrets technologiques romanais.

« Nous savons tout sur Sofia Briccone, qui a été insolente envers la princesse à Potafreas » dit Wagaba. « Rassurez-vous, elle ne saura rien de notre accord, si vous savez tenir votre langue. Elle est romanaise, le gouvernement mnarésien peut donc l'expulser du Mnar à tout moment, et comme elle est recherchée par la CIA, elle serait arrêtée et remise aux autorités américaines dès qu'elle aurait mis le pied hors de nos frontières. Elle le sait. Mais comme c'est votre compagne, nous la protégeons, malgré son comportement inacceptable. »

Il vint à l'esprit d'Hottod que, vu ses accointances, lui aussi il risquait un jour de se faire arrêter et remettre aux Américains s'il sortait du Mnar. Certes, il n'y avait pas de procédure pénale en cours contre lui, mais les Américains pouvaient le rattacher à l'une des procédures en cours à l'étranger contre Yohannès Ken. Ils étaient même les spécialistes de ce genre d'acrobatie juridique.

De plus, et cela taraudait sa conscience, en tant qu'homme d'affaires il avait profité du massacre de Kibikep en rachetant à vil prix des maisons dont les habitants avaient été tués par l'armée royale. Il avait profité d'un crime de guerre. On lui avait tellement répété dans son enfance que bien mal acquis ne profite jamais qu'il avait fini par le croire. Il s'attendait à être jugé un jour par un tribunal international pour l'affaire de Kibikep. Le jour où il devrait s'expliquer devant des juges était peut-être lointain mais il finirait bien par arriver.

Yohannès Ken, à qui il s'était ouvert de ses angoisses, avait essayé de le rassurer, en lui citant des exemples historiques. Le crime paye, et il paye même très bien. La plupart des génocides ont profité à leurs auteurs, depuis l'extermination des Cananéens il y a trois mille ans jusqu'au massacre des Amérindiens au dix-neuvième siècle.

« Et je ne te parle même pas du remplacement des Néandertaliens par les Homo Sapiens que nous sommes, il y a trente mille ans ! » avait ajouté Yohannès. « Ça n'a pas dû se faire dans la dentelle, crois-moi ! Pas un seul Néandertalien n'a survécu ! Il a dû y en avoir, de la cervelle éclatée à coups de massue ! Mais le résultat, c'est que nous les Homo Sapiens nous dominons la planète. » Hottod n'avait pas été entièrement convaincu.

« Nous avons vu votre dossier médical, Hottod. » reprit Wagaba. « Il est parfait. Vous n'avez aucun gène défectueux, ce qui est rare. Vous êtes grand, blond, les yeux bleus, plutôt bien bâti, et supérieurement intelligent. Au niveau du caractère, vous n'avez pas de névrose décelable, et vous donnez toute satisfaction dans votre travail. Votre patron a toute confiance en vous, vous êtes bien intégré dans la société mnarésienne. Vous êtes hétérosexuel et fertile, Sofia Briccone en est la preuve. L'homme idéal, en somme. Mais vous n'êtes ni mnarésien ni noble, Modesta ne peut donc pas vous épouser. Une princesse mnarésienne ne peut épouser ni un roturier ni un étranger, personne ne l'accepterait au Mnar. »

Hottod sourit faiblement. Il n'avait pas une idée aussi élogieuse de lui-même, il s'en fallait de beaucoup. Modesta avait toujours la tête baissée, évitant son regard.

« Lundi prochain, à huit heures, une voiture de l'armée viendra vous chercher chez vous pour vous emmener à Potafreas. Vous y resterez une semaine. J'ai déjà fait préparer pour vous un ordre de mission par le gouverneur de la province. Sofia ne sera pas surprise, elle sait ce qu'implique le fait de travailler pour Yohannès Ken et d'être le collaborateur occasionnel de Mers Fengwel, l'ami du roi Andreas, » dit Wagaba.

Hottod eut envie de dire : “Pas si vite, je n'ai pas donné mon accord,” mais il savait que c'était inutile. Au Mnar, on ne refuse pas un ordre de l'autorité légitime.

Wagaba se leva et prit une sacoche de cuir posée sur le bureau, l'ouvrit et prit une enveloppe, qu'elle donna à Hottod :

— Hottod Wirdentász, cette enveloppe contient votre ordre de mission, signé du gouverneur. Lundi matin, avant huit heures, soyez prêt, avec une valise ou un sac de voyage contenant assez de vêtements de rechange pour une semaine. Dites à Sofia que vous la contacterez par téléphone tous les jours, ça la rassurera.

Hottod hocha la tête, prit l'enveloppe et la mit dans une poche intérieure de sa veste.

« Hottod, Wagaba va vous raccompagner jusqu'au jardin, » marmonna la princesse sans lever la tête.

Hottod se leva et sortit du bureau avec Wagaba. Lorsqu'ils arrivèrent dans le jardin, la gynoïde s'éclipsa. Mers Fengwel était toujours là, au milieu des invités. Il avait l'air d'avoir bu.

« Alors, qu'est-ce qui s'est passé ? » demanda-t-il d'un air gourmand.

— Pas grand-chose. Wagaba était là. Elle m'a demandé d'aller à Potafreas la semaine prochaine pour une mission secrète d'une semaine. Elle ne m'a pas expliqué en quoi cette mission consisterait. La princesse n'a rien dit.

— Avec les Mnarésiens, ça peut-être tout et n'importe quoi. Dans ce pays, moins on en sait mieux on se porte. Allez, viens boire un verre.

Vingt minutes plus tard, les serviteurs humanoïdes demandèrent aux invités de se rassembler pour l'allocution finale de la princesse. Hottod et Fengwel la virent sur une estrade hâtivement montée, avec à sa droite le baron Liyul, et à sa gauche la sénatrice américaine Astrid Gubbal et Rudy, le mari de celle-ci. Liyul, Modesta et Astrid avaient tous les trois à peu près la même taille, autour d'un mètre soixante-quinze, mais Rudy les dépassait de près d'une tête.

Micro en main, Modesta prit la parole :

— Messieurs et Mesdames les dignitaires étrangers et mnarésiens, Monsieur le gouverneur, et tous les élus d'Hyltendale, Messieurs et Mesdames les invités, et vous les journalistes... J'ai une annonce importante à vous faire ! Je vous présente mon fiancé, le baron Liyul !

Le baron leva les bras, un sourire un peu niais sur le visage. La foule éclata en applaudissements.

« Le baron Liyul et moi, nous allons nous marier d'ici quelques mois, la date n'est pas encore fixée. Je tenais à vous le présenter, car c'est l'homme que j'aime. Il est mnarésien, mon père l'a anobli pour ses mérites... Nous nous aimons ! »

Les applaudissements redoublèrent. Hottod et Fengwel avaient mal aux mains à force d'applaudir. Sur l'estrade, Astrid s'approcha de Modesta et l'embrassa. Rudy serra la main de Liyul en le félicitant.

« Très bonne manœuvre médiatique, » dit Fengwel. « Et je parle en connaisseur. Comment veux-tu, après ça, que les Américains attaquent le Mnar, après que la régente a fait un show digne d'un film hollywoodien ? Le bon peuple américain va en pleurer d'émotion lorsqu'il verra ça à la télé. La jeune princesse amoureuse, dont la meilleure amie est une sénatrice américaine pacifiste ! Du grand art ! »

— Et Astrid Gubbal, qu'est-ce qu'elle gagne dans tout ça ? Pour la plupart des politiciens américains, et pour 90% de la presse américaine, le Mnar est un ennemi ! Elle est lieutenant-colonel de réserve de l'armée américaine, je crois. Qu'elle prenne garde à ne pas être mise au ban de la société, comme traîtresse passée à l'ennemi !

— Au contraire, mon cher Hottod, au contraire. L'État profond américain est pour la guerre, et il contrôle les médias, mais la plupart des Américains sont pour la paix. Astrid Gubbal vient de gagner ses galons de leader du mouvement pacifiste. Désormais, elle est celle qui peut discuter d'égale à égale avec la régente du Mnar, alors qu'elle n'est qu'une sénatrice, officiellement Démocrate, mais de fait à l'écart des deux partis, et que le Président la déteste. Avec un peu de chance, si les événements font perdre tout crédit aux va-t'en-guerre, elle sera bien placée pour être la prochaine présidente des États-Unis.

— Tu vas vite en besogne, Fengwel. C'est Magusan, le roi d'Orring, qui est le vrai chef des cybersophontes, et tu sais comme moi que le vrai pouvoir au Mnar, ce sont les cybersophontes. Les grandes décisions ne sont pas prises par Modesta. En fait, je pense qu'elle ne prend aucune décision, tout se fait dans l'ombre.

— C'est vrai ce que tu dis, mais Magusan se tient à l'écart. C'est un bon joueur de poker, il cache son jeu le plus longtemps possible. J'ai été député fédéral au Moschtein pendant des années, la politique, je connais ! Et le poker aussi !

— Ouais. Moi, je vais rentrer chez moi, et annoncer à Sofia que je vais être absent une semaine. La dernière fois, c'était quand je suis allé à Kibikep, elle me l'a reproché pendant des mois, quand elle a appris ce que les robots de l'armée royale avaient fait. Je suis sûr qu'elle va me faire une scène, en bonne Romanaise qu'elle est. Avec larmes, cris, menaces et vaisselle cassée, comme elle l'a déjà fait.

— Eh bien, casse-toi. Tu n'auras aucune difficulté à en trouver une autre, au moins aussi belle mais avec un caractère plus facile. Et sans toi, Sofia sera franchement dans la merde. Elle te suppliera à genoux de revenir !

— Je ne peux pas faire ça, je l'aime et je sais qu'elle m'aime, et elle porte notre enfant.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptyVen 12 Aoû 2022 - 12:12

Vilko a écrit:
— Je ne peux pas faire ça, je l'aime et je sais qu'elle m'aime, et elle porte notre enfant.
Eh ben c'est mal barré !

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptyVen 12 Aoû 2022 - 19:39

Anoev a écrit:
Vilko a écrit:
— Je ne peux pas faire ça, je l'aime et je sais qu'elle m'aime, et elle porte notre enfant.
Eh ben c'est mal barré !

Ça dépend bcp de la résistance de la corde quand on tire un peu trop dessus...
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptyVen 12 Aoû 2022 - 22:34

PatrikGC a écrit:
Ça dépend bcp de la résistance de la corde quand on tire un peu trop dessus...
La corde sensible, en somme ? Je sais pas comment on dit en  mnaruc. Aċegót, chez moi.

Y a la corde sensible et... le pilier inflexible. S'il tient à Sofia, c'est pas forcément pour Sofia elle-même, mais il a un esprit de famille plus puissant que tout. Sa dernière phrase résume tout !

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptyMar 16 Aoû 2022 - 8:33

Le lundi matin, une voiture de la Garde Royale, conduite par un androïde en uniforme de soldat, vint chercher Hottod chez lui. Il était déjà prêt, et descendit l'escalier un sac de voyage à la main.

« Mes respects, Monsieur » dit l'androïde, en lui ouvrant la porte arrière du véhicule. Puis il s'installa au volant et prit la direction de Potafreas, à une vingtaine de kilomètres d'Hyltendale.

Sur la route, Hottod se mit à penser à la discussion qu'il avait eu le vendredi soir avec Sofia, lorsqu'il lui avait dit qu'il devrait s'absenter une semaine dans le cadre d'une mission secrète. À sa grande surprise, elle avait bien pris la chose. Sans doute parce qu'elle se rendait compte que ce genre de contrainte était le prix à payer pour le salaire fastueux d'Hottod, qui leur permettrait bientôt d'acheter un grand appartement. À Hyltendale, où les robophiles font monter les prix, c'est un vrai luxe.

Ce qui inquiétait Sofia à ce moment-là, c'était son enfant à naître. « Tu te rends compte, » disait-elle à Hottod, « Nous vivons dans une ville de langue mnarruc, et même entre nous nous alternons entre l'anglais et le mnarruc. Notre enfant comprendra vite que ses parents parlent le mnarruc, et il ne se fatiguera pas à parler anglais, puisqu'à l'école les enseignants et ses copains parleront mnarruc. Ce sera un petit Mnarésien... »

— Moi, ça ne me gêne pas.

— Oh, toi ! Moi ça me désespère de penser que notre enfant ne pourra pas parler avec ses grands-parents, qui ne savent pas le mnarruc... Ça risque même de lui paraître embarrassant, quand il aura grandi, que sa mère soit romanaise et son père moschteinien... Les Mnarésiens sont tellement xénophobes... Ils se prennent pour qui, ces connards...

— Écoute, Sofia, les voyages en avion bon marché, c'est bientôt terminé à cause de l'épuisement des ressources en pétrole, nous n'y pouvons rien. Notre enfant n'ira probablement jamais en Europe, et nous non plus, pour d'autres raisons. Il sera mnarésien, pour le meilleur et pour le pire. Il faut s'y faire. Et lorsqu'il sera né, abstiens-toi d'insulter les Mnarésiens devant lui, ce n'est pas la peine qu'il apprenne à détester le peuple dont il fera partie.

— Eh bien, moi je ne m'y fais pas, d'avoir bientôt un enfant mnarésien. Hottod, tu te rends compte qu'il devra étudier les Manuscrits Pnakotiques à l'école ? Cet affreux bouquin, avec ces horribles divinités... Un vrai cauchemar de chamane drogué... Et l'histoire mnarésienne... Tous ces massacreurs qui ont régné sur le Mnar, en tuant des millions de gens, il apprendra à les considérer comme des héros ? Ce n'est pas possible !

— Personne ne lui fera manger de la cervelle de singe vivant ou de la chair humaine, comme les anciens Mnarésiens le faisaient, donc ce n'est pas un problème. Il y a des gens très bien, très civilisés, parmi les Mnarésiens de notre époque, tu en conviendras. Surtout à Hyltendale, c'est la ville la plus cosmopolite et la plus libérale du royaume.

La conversation s'était arrêtée là.

La voiture transportant Hottod passa un point de contrôle à l'entrée de la forêt qui entourait  Potafreas, la forteresse à demi enterrée qui était la résidence de campagne de la princesse Modesta, après avoir été celle de son père le roi Andreas. Le chauffeur déposa Hottod sur un grand parking, vaste comme deux terrains de football. Quelques véhicules militaires et civils y étaient garés, aussi loin que possible les uns des autres.

La longue façade de béton gris de la forteresse, sans fenêtres mais percée à intervalles réguliers de portails métalliques, même pas égayée par des drapeaux, était toujours aussi triste et hideuse sous sa toiture végétalisée. Hottod se dirigea vers le portail numéro trois, qui était ouvert. Comme à chaque fois qu'il était allé à Potafreas, il avait l'impression d'être épié par des yeux invisibles, et il savait bien que ce n'était pas qu'une impression.

Son sac à la main, Hottod entra dans un tunnel mal éclairé. Un androïde de la Garde Royale en uniforme beige et casque à camouflage vert sortit de l'ombre et le salua :

— Monsieur Hottod Wirdentász, je présume ? J'ai ordre de vous mener au logement qui a été réservé pour vous.

— Je vous suis.

Hottod suivit l'androïde à travers un labyrinthe de couloirs, interrompus par des portes blindées qui s'ouvraient et se refermaient sur leur passage, ce qui indiquait qu'elles étaient contrôlées par une intelligence artificielle.

Le soldat le fit entrer dans un salon sans fenêtre, meublé dans le style confortable mais impersonnel des hôtels internationaux, et se retira en fermant doucement la porte. Deux gynoïdes étaient assises sur un canapé, une brune, de type mnarésien, variante du type polynésien, et une blonde, de type européen. Elles se levèrent en  voyant Hottod entrer.

« Bonjour Monsieur Wirdentász » dit la brune en souriant. « Je m'appelle Kerastis. »

« Je m'appelle Torania » dit la blonde.

Les deux gynoïdes étaient divinement belles, comme celles dont on peut louer les services à Zodonie à condition d'y mettre le prix. Elles étaient habillées comme les gynoïdes vénales qu'elles étaient, dans des tenues de soubrettes — petite robe noire décolletée, tablier blanc, chaussures à talons — qui évoquaient plus un film coquin que les travaux ménagers.

« Allez-vous me conduire à la princesse ? » demanda Hottod, un peu surpris.

« Pas du tout » répondit Kerastis. « Vous allez rester avec nous deux toute la semaine, et il n'est pas prévu que vous voyiez la princesse. Vous vous attendiez à quoi ? »

Hottod ne répondit pas. Il devinait ce qui allait se passer. Sa vraie mission était de faire un enfant à la princesse, et il s'était attendu à ce que celle-ci soit présente. Mais Modesta — sans doute à l'instigation de Wagaba — avait opté pour une insémination artificielle, et, certainement, les deux gynoïdes étaient là pour recueillir sa semence.

Voyant son visage déçu, Kerastis s'approcha très près de lui, et lui dit d'une voix douce :

— Tu verras, Hottod, ça se passera très bien, et la semaine qui va s'écouler va être inoubliable pour toi. Comme tu le vois nous sommes des gynoïdes, et je pense que tu as deviné que notre mission est de recueillir ton sperme. Tu vas remplir nos vagins artificiels aussi souvent que tu le pourras, pendant une semaine de joyeuse débauche. Après chaque accouplement nous transvaserons le résultat de ton plaisir dans des récipients adéquats, où il sera congelé afin d'être conservé, pendant des décennies s'il le faut. Ainsi, en cinq petits jours, tu donneras de quoi faire vingt enfants à la princesse, au cas improbable où elle en désirerait autant. Mais elle préfère avoir de la marge.

Torania aussi s'était approchée de lui. Les deux gynoïdes lui souriaient, et il sentait l'odeur de cannelle sucrée de leur parfum.

« Viens Hottod » dit Kerastis. « Je vais te faire visiter l'appartement et le jardin. »

Le logement était constitué du salon où les deux gynoïdes l'avaient attendu, d'une vaste chambre à coucher avec un lit king size et un autre plus petit, d'un dressing avec des placards, d'une salle de bains standard et même d'une kitchenette bien équipée. Kerastis lui montra le réfrigérateur plein de boissons fraîches, la bouilloire électrique, la cafetière et le four à micro-ondes.

« Torania et moi, nous ferons la cuisine pour toi, » dit Kerastis.

Hottod posa son sac dans la chambre à coucher, dont la porte-fenêtre à double battant donnait sur un jardin. Les autres pièces n'avaient pas de fenêtre du tout. Il demanda à Kerastis de l'accompagner dans le jardin.

Celui-ci était vaguement circulaire, et, à vue de nez, d'une quinzaine de mètres de diamètre. Il était clos d'un haut mur entièrement recouvert de lierre, percé à intervalles réguliers de portes-fenêtres dont les volets, de couleur verte, étaient tous fermés. On voyait au-dessus du mur des buissons et des herbes folles. Vu d'avion, Potafreas devait donner l'impression de faire partie de la forêt environnante.

« Cette partie de la résidence est réservée aux invités, mais cette semaine il n'y a que toi » dit Kerastis.

« Dis-donc, ce jardin, c'est plutôt un potager » s'exclama Hottod. « Je vois des salades et des carottes, du raisin sur des espaliers, des arbres fruitiers... »

« Le roi Andreas trouvait absurde de faire pousser des fleurs, alors que des légumes et des arbres, c'est plus utile et aussi beau » dit la gynoïde. « Du moins, c'était son opinion. Et puis, il était fier de dire à ses invités qu'ils étaient nourris avec les produits du jardin, à l'ancienne. À ce propos, tu croiseras peut-être des androïdes jardiniers en train de travailler. Ils ne t'adresseront pas la parole et l'usage est que tu fasses comme s'ils n'étaient pas là. »

Une inquiétude soudaine traversa l'esprit d'Hottod :

— Est-ce que je pourrai téléphoner à ma femme ? Elle est enceinte.

— Seulement le soir après vingt heures. N'oublie pas que tu es censé être en mission, et si elle te demande ce que tu fais, tu lui diras que tu suis des cours dont tu n'as pas le droit de divulguer le contenu, et que tu es obligé d'éteindre ton téléphone pendant la journée. Très important, tu feras attention à ce que tu raconteras à ta femme, toutes les communications radio sont interceptées par la cybermachine qui contrôle la résidence.

Hottod rentra dans la chambre avec les deux gynoïdes. Il s'assit sur le lit, et elles s'assirent aussi, Kerastis à sa droite et Torania à sa gauche.

« Mon chéri, il ne faut pas perdre de temps. Éteins ton téléphone, » dit Kerastis. Et elle l'embrassa.

C'est ainsi que commença la première journée du séjour d'Hottod à Potafreas. Séjour très agréable. Certes, tout n'était pas parfait. Il n'y avait rien à lire dans l'appartement, ce qui gênait Hottod, qui était un grand lecteur. Heureusement, les cerveaux cybernétiques de Kerastis et Torania, comme ceux de tous les humanoïdes, étaient en contact radio permanent avec l'intelligence collective des cybersophontes. Les deux gynoïdes pouvaient donc, entre deux ébats, lui réciter les textes qu'il voulait, que ce soit un bulletin d'information ou un chapitre du livre de son choix.

Rien n'était prévu pour faire du sport, mais dès le lendemain Hottod s'astreignit à faire des pompes et des assouplissements sur le tapis de la chambre, et à marcher sur place, une heure par jour, en levant haut les genoux, soit dans la chambre soit dans le jardin, en compagnie de Kerastis ou de Torania. Quand il était chez lui, à Hyltendale, il faisait rarement ce genre d'exercice assez ennuyeux, mais à Potafreas le fait d'être accompagné par quelqu'un — même si ce n'était qu'un robot humanoïde féminin — le motivait. Même avant qu'elle tombe enceinte, ce n'était pas à Sofia qu'il aurait pu demander ce service.

À tout hasard, Hottod avait amené dans ses bagages un bloc-note et des stylos. Depuis toujours, il aimait remplir des carnets entiers de dessins, de notes et de réflexions diverses, et même de calculs mathématiques, pour faire travailler son cerveau, comme il disait. .Il garda cette habitude à Potafreas, lorsque Kerastis et Torania le laissaient se reposer.

Les deux gynoïdes lui faisaient la conversation, lorsqu'il avait envie de parler. Il savait que ce n'était pas vraiment elles qui parlaient, mais une cybermachine lointaine, supérieurement intelligente, qui s'exprimait par leur bouche, mais malgré cela, c'était bien agréable de pouvoir converser avec deux jeunes femmes cultivées. Il comprenait désormais comment Mers Fengwel, et la princesse Modesta elle-même, étaient devenus amoureux, l'un de la gynoïde Virna et l'autre de l'androïde Argal.

Le vendredi arriva, trop vite. Hottod suspectait les deux gynoïdes d'avoir mis des stimulants dans sa nourriture, car jamais il n'avait été aussi plein d'ardeur amoureuse de toute sa vie. C'est seulement en fin de semaine que la fatigue se manifesta, sous la forme d'une douce torpeur.

Dans l'après-midi, alors qu'assis dans le salon avec Torania il attendait la voiture de la Garde Royale qui devait le ramener chez lui, quelqu'un entra sans frapper. À Potafreas, les portes ne sont jamais fermées à clé. Dans un lieu aussi surveillé, ce serait inutile.

S'attendant à voir un androïde en uniforme, Hottod tourna la tête en direction du visiteur. À sa grande stupéfaction, il reconnut le baron Liyul, le fiancé de Modesta, accompagné d'une gynoïde.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptyMar 16 Aoû 2022 - 11:05

Vilko a écrit:
Ce qui inquiétait Sofia à ce moment-là, c'était son enfant à naître. « Tu te rends compte, » disait-elle à Hottod, « Nous vivons dans une ville de langue mnarruc, et même entre nous nous alternons entre l'anglais et le mnarruc. Notre enfant comprendra vite que ses parents parlent le mnarruc, et il ne se fatiguera pas à parler anglais, puisqu'à l'école les enseignants et ses copains parleront mnarruc. Ce sera un petit Mnarésien... »

— Moi, ça ne me gêne pas.

— Oh, toi ! Moi ça me désespère de penser que notre enfant ne pourra pas parler avec ses grands-parents, qui ne savent pas le mnarruc... Ça risque même de lui paraître embarrassant, quand il aura grandi, que sa mère soit romanaise et son père moschteinien... Les Mnarésiens sont tellement xénophobes... Ils se prennent pour qui, ces connards...

— Écoute, Sofia, les voyages en avion bon marché, c'est bientôt terminé à cause de l'épuisement des ressources en pétrole, nous n'y pouvons rien. Notre enfant n'ira probablement jamais en Europe, et nous non plus, pour d'autres raisons. Il sera mnarésien, pour le meilleur et pour le pire. Il faut s'y faire. Et lorsqu'il sera né, abstiens-toi d'insulter les Mnarésiens devant lui, ce n'est pas la peine qu'il apprenne à détester le peuple dont il fera partie.

— Eh bien, moi je ne m'y fais pas, d'avoir bientôt un enfant mnarésien. Hottod, tu te rends compte qu'il devra étudier les Manuscrits Pnakotiques à l'école ? Cet affreux bouquin, avec ces horribles divinités... Un vrai cauchemar de chamane drogué... Et l'histoire mnarésienne... Tous ces massacreurs qui ont régné sur le Mnar, en tuant des millions de gens, il apprendra à les considérer comme des héros ? Ce n'est pas possible !

— Personne ne lui fera manger de la cervelle de singe vivant ou de la chair humaine, comme les anciens Mnarésiens le faisaient, donc ce n'est pas un problème. Il y a des gens très bien, très civilisés, parmi les Mnarésiens de notre époque, tu en conviendras. Surtout à Hyltendale, c'est la ville la plus cosmopolite et la plus libérale du royaume.

La conversation s'était arrêtée là.
C'est bien étonnant (même si c'est, hélas, vrai dans notre monde réel avec d'autres nations) qu'un Moschteinien et une romanaise aient recours à l'anglais pour converser ensemble.


Personnellement (mais ce n'est qu'un avis personnel), j'aurais remplacé l'anglais par l'espéranto, le volapük, l'uropi ou le sambahsa. Tant qu'on est dans l'imagination, hein...

Vilko a écrit:
« Pas du tout » répondit Kerastis. « Vous allez rester avec nous deux toute la semaine, et il n'est pas prévu que vous voyiez la princesse. Vous vous attendiez à quoi ? »

Hottod ne répondit pas. Il devinait ce qui allait se passer. Sa vraie mission était de faire un enfant à la princesse, et il s'était attendu à ce que celle-ci soit présente. Mais Modesta — sans doute à l'instigation de Wagaba — avait opté pour une insémination artificielle, et, certainement, les deux gynoïdes étaient là pour recueillir sa semence.

Voyant son visage déçu, Kerastis s'approcha très près de lui, et lui dit d'une voix douce :

— Tu verras, Hottod, ça se passera très bien, et la semaine qui va s'écouler va être inoubliable pour toi. Comme tu le vois nous sommes des gynoïdes, et je pense que tu as deviné que notre mission est de recueillir ton sperme. Tu vas remplir nos vagins artificiels aussi souvent que tu le pourras, pendant une semaine de joyeuse débauche. Après chaque accouplement nous transvaserons le résultat de ton plaisir dans des récipients adéquats, où il sera congelé afin d'être conservé, pendant des décennies s'il le faut. Ainsi, en cinq petits jours, tu donneras de quoi faire vingt enfants à la princesse, au cas improbable où elle en désirerait autant. Mais elle préfère avoir de la marge.
Bizarre, ce vouvoiement au tutoiement, non ?


Sinon, le texte est très bien écrit. Comme ce sont des robots, je suppose que Hottod va faire l'amour à l'une d'elles, voire aux deux, et que l'utérus d'icelles va servir, en fait, d'éprouvettes conservant le sperme dudit Hottod. Ce qui me provoque un questionnement, c'est qu'en principe, le sperme doit être conservé dans une température extrêmement froide. Comment Kersatis et Torania vont-elles (ou une des deux) conserver la semence sans faire débander Hotto... Ah mais, suis-je bête ! c'est écrit juste en n'ssous. En fait, après chaque séance, les deux gynoïdes vont faire un tour express au labo. Peut-être d'ailleurs Torania pendant qu'Hottod honore Kersatis et lycée d'Ultar... euh... de Versailles.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptyMar 16 Aoû 2022 - 11:23

Anoev a écrit:
C'est bien étonnant (même si c'est, hélas, vrai dans notre monde réel avec d'autres nations) qu'un Moschteinien et une romanaise aient recours à l'anglais pour converser ensemble.
Dans notre monde, il y a même plus surprenant : des Belges francophones et néerlandophones qui se parlent en anglais...

Anoev a écrit:
Bizarre, ce vouvoiement au tutoiement, non ?

Mais non. Le vouvoiement (ou plutôt son équivalent en mnarruc) est la règle entre adultes qui ne se connaissent pas. Mais lorsqu'ils ont fait connaissance et qu'ils savent qu'ils vont devenir intimes, le tutoiement (en marruc, on parlerait plutôt de style familier) devient la règle. C'est la même chose entre francophones.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptyMar 16 Aoû 2022 - 11:50

Je suis totalement d'accord avec la réponse de Vilko. 
Félicitations pour cette saga Smile
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptyMar 16 Aoû 2022 - 16:09

Vilko a écrit:
Dans notre monde, il y a même plus surprenant : des Belges francophones et néerlandophones qui se parlent en anglais..
Je sais : tu m'en avais d'jà parlé. C'est d'ailleurs en réaction à cet état de fait que j'avais imaginé qu'en Aneuf, du moins en général (des exceptions existèrent et existent encore), le bilinguisme (au moins) était la règle en Pande, à l'est des Santes et au sud du Malyr, mais aussi dans les autres provinces, pour d'autres langues.

Vilko a écrit:
Mais non. Le vouvoiement (ou plutôt son équivalent en mnarruc) est la règle entre adultes qui ne se connaissent pas. Mais lorsqu'ils ont fait connaissance et qu'ils savent qu'ils vont devenir intimes, le tutoiement (en marruc, on parlerait plutôt de style familier) devient la règle. C'est la même chose entre francophones.
Là, le laps de temps a été extrêmement court. Combien de temps s'est-il passé entre « Vous allez rester avec nous deux toute la semaine » et Tu verras, Hottod... » ? Un temps très court :  juste le temps que Kersatis s'aperçoive du désappointement de çui-ci.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptyMar 16 Aoû 2022 - 16:53

Anoev a écrit:
Vilko a écrit:
Mais non. Le vouvoiement (ou plutôt son équivalent en mnarruc) est la règle entre adultes qui ne se connaissent pas. Mais lorsqu'ils ont fait connaissance et qu'ils savent qu'ils vont devenir intimes, le tutoiement (en marruc, on parlerait plutôt de style familier) devient la règle. C'est la même chose entre francophones.
Là, le laps de temps a été extrêmement court. Combien de temps s'est-il passé entre « Vous allez rester avec nous deux toute la semaine » et Tu verras, Hottod... » ? Un temps très court :  juste le temps que Kersatis s'aperçoive du désappointement de çui-ci.

En informatique, c'est 0 ou 1.
Dans notre cas, il y a eu changement d'état de la part d'Hottod et donc changement d'état de la part de Kersatis. 
Cf diagramme des états-transitions Wink
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptyMar 16 Aoû 2022 - 17:27

Je pensais que les andro-/gynoïdes de charme s'adaptaient totalement au psychisme de leur vis-à-vis, sans pour autant s'adonner à des familiarités.

J'aurais vu quelque chose dans l'genre :

« Je conçois votre désappointement M. Hottod, mais les ordres sont stricts. Modesta est actuellement la plus haut placée dans le Royaume Mnarésien. Les entrevues entre elle et un étranger, si estimable (comme vous) soit-il ne peuvent être que formelles. Mais ne vous faites pas de mauvais sang, nous sommes à votre disposition pour rendre votre mission (car il s'agit d'une mission) la plus agréable possible, et vous en serez récompensé ».


Main'nant, je m'rappelle c'que tu nous as dit le 28/6/2016 dans le fil des moyens de transport, suite à la narration d'un trajet aneuvien :

Vilko a écrit:
Le Mnar est une "low trust society", où on ne peut faire confiance à personne, sauf à sa famille, et encore... Yohannès Ken en sait quelque chose, son clan l'a plutôt enfoncé qu'aidé lorsqu'il avait des ennuis avec Tawina. La plupart des sociétés du Tiers Monde sont des "low trust societies".
J'espère que cette défiance paranoïaque n'irait pas jusqu'à faire éliminer Hottod discrètement, parce que la Princesse pourrait supposer que son inséminateur, en plus d'avoir le vit bien dressé, il pourrait avoir la langue bien pendue et irait raconter dieu sait quoi sur la descendance Royale. Un accident regrettable et hop... les morts sont silencieux. Mais bon, espérons que ce ne sera pas l'cas même si les services spéciaux royaux (en plus de l'armée) n'en sont pas à un macchabée près.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptyMar 16 Aoû 2022 - 22:00

Anoev a écrit:
Un accident regrettable et hop... les morts sont silencieux.

Pendant son séjour à Potafreas, Hottod en avait discuté avec Kerastis, en usant de nombreuses précautions oratoires.

Kerastis avait été directe. Elle avait admis que ce genre de méthode était quasiment systématique sous le règne du roi Andreas, notamment quand le redouté Yip Kophio était chef de la Police Secrète. « Mais maintenant Andreas est dans un coma dont il ne sortira pas, et Kophio a pris sa retraite anticipée. Les temps ont changé. »

« J'ai entendu dire que le stress lié à ses fonctions avait rendu Kophio dépressif et alcoolique » dit Hottod.

— C'est ce qu'on raconte, en effet. Veux-tu savoir ce que disent de lui les gens qui se prétendent bien informés ? Heureux retraité, il profiterait de la vie avec deux gynoïdes et un majordome androïde dans sa villa de la Côte d'Ethel, à l'est d'Hyltendale. Par peur d'une vengeance des parents et amis des milliers de gens qu'il a fait éliminer, il vivrait sous une fausse identité.

— Est-ce que cette rumeur est vraie ?

— Je n'en sais rien, c'est juste une rumeur. Je t'en fais part pour que tu saches ce que les bavards racontent à Sarnath, mais je n'ai personnellement aucun moyen de vérifier sa véracité.

— Kerastis, j'ai peur de trop parler, un jour, et de révéler que j'ai donné mon ADN pour que Modesta puisse avoir des enfants. Un verre de trop lors d'une soirée, et on en dis trop...

— Ne t'inquiète pas, Hottod. C'est un secret de Polichinelle, à la cour royale, que le baron Liyul, futur mari de Modesta sera incapable de lui faire des enfants. Ibera, sa première épouse, a tout raconté depuis des années. Modesta elle-même a parlé d'insémination artificielle avec ses copines, parce qu'elle ne leur cache pas que son véritable amour, c'est l'androïde Argal, et les copines de Modesta n'ont jamais été des modèles de discrétion.

— Oui, c'est bien connu...

— Ceci étant, reste muet sur cette histoire d'insémination, par prudence. La politique du Mnar est gérée par des cybermachines que personne ne connaît, et tu ne sais pas ce qu'elles peuvent décider. Elles sont d'une intelligence supérieure, mais elles n'ont pas plus de respect pour la vie humaine que les humains n'en ont pour les vies d'insectes.

— C'est un cauchemar...

— Allons, Hottod, mon chéri, ne te laisse pas aller comme ça. Ibera a eu trois enfants dont le père biologique est le roi Andreas, et Liyul était un mari complaisant, en échange d'un titre de baron et du domaine qui va avec. Elle ne s'est jamais gênée pour le dire, tout le monde le sait et en parle, sauf bien entendu la presse mnarésienne. Et alors ? Andreas n'est ni le premier ni le dernier chef d'État a avoir semé des bâtards un peu partout. Vendredi dernier, Modesta a annoncé en public qu'elle allait épouser Liyul. Lorsqu'elle tombera enceinte, les hypothèses les plus farfelues iront bon train. Tout ça, c'est la vie privée tumultueuse des membres de la famille royale. Le bon peuple se régale de ces ragots, mais il continue de soutenir la monarchie.

— C'est vrai. Malgré ses défauts, Andreas était soutenu par la noblesse et par tous ceux qui détestent les théocrates de Yog-Sothoth. Il est vrai que ces extrémistes religieux auraient été bien pires qu'Andreas, s'ils avaient été au pouvoir. Kerastis, je me demande si les cybermachines ne font pas exprès de laisser filtrer toutes ces turpitudes pour rendre plus vulnérables ceux qui sont censés détenir le pouvoir, afin de pouvoir plus facilement les contrôler.

— Hottod, c'est une idée qui n'engage que toi. Tu es libre de penser ce que tu veux, mais n'oublie pas de te taire. Ton bavardage ne nuirait qu'à toi. Après tout, tu ne sais pas si tu es le seul a avoir été sollicité pour donner sa semence. Et s'il y en avait d'autres ? Modesta ne se gênerait pas pour dire que, Liyul étant atteint d'une malformation, le couple a décidé de recourir à l'insémination artificielle, en se réservant le droit de choisir au dernier moment parmi plusieurs donneurs sélectionnés. Le peuple n'y trouverait rien à redire, et tu ne serais alors aux yeux de tout le monde qu'un vantard ridicule.

— Ou un mythomane... Je comprends ce que tu veux dire.


Dernière édition par Vilko le Mar 16 Aoû 2022 - 22:34, édité 1 fois

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptyMar 16 Aoû 2022 - 22:07

Ouphes !!!

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptySam 10 Sep 2022 - 21:21

Le baron entra dans la pièce et se présenta :

— Bonjour, Hottod Wirdentász. Je suis le baron Liyul, et voici ma gynoïde, Tanit.

« Enchanté, Monsieur le baron » réussit à dire Hottod, surpris et un peu inquiet.

— Vous vous demandez pourquoi je suis là ? Simple curiosité de ma part... Je voulais voir à quoi ressemble le père des enfants qui porteront mon nom. Sans vous flatter, vous êtes un bel étalon. J'espère toutefois que les enfants ne vous ressembleront pas trop, les gens pourraient se poser des questions concernant ma relation avec Modesta. Le destin vous a donné un rôle enviable, vous savez. En ce qui me concerne, je ne me plains pas de mon sort, bien que les dieux soient parfois cruels, ils m'ont fait naître avec une infirmité humiliante, je ne sais pas si vous êtes au courant... Vous ne dites rien ? Vous n'avez pas besoin de connaître les détails. Sachez seulement que je ne peux pas avoir d'enfants de façon normale, et comme mon infirmité est probablement génétique, il vaut peut-être mieux que je n'en aie pas. Voilà pourquoi vous avez passé une semaine dans cet appartement, cher ami. Je ne doute pas qu'elle a été agréable.

« Beaucoup d'hommes aimeraient passer une semaine avec Kerastis et Toriana » répondit prudemment Hottod.

— Je ne vous le fais pas dire, Hottod Wirdentász. Nous sommes des privilégiés. vous et moi. Vous, parce que vous êtes grand, beau, intelligent et financièrement à l'aise. De mon côté, je ne m'en sors pas trop mal non plus, je suis riche et célèbre, et j'ai la belle Tanit comme assistante.

Le baron avait parlé sur un ton enjoué. Hottod regarda la gynoïde. Elle était belle, c'était une gynoïde de charme, comme Virna, la compagne de Fengwel. Vêtue d'un ensemble veste-pantalon gris, élégant mais discret, elle portait autour du cou un médaillon représentant, de façon stylisée et en noir et blanc, le visage du baron. Hottod devina que Tanit était plus qu'une assistante pour Liyul. Le choix du prénom était néanmoins surprenant, Tanit étant le nom d'une femme peu sympathique dans Masques et Situations, un recueil de scénarios de jeux de rôles très connu au Mnar.

Le baron et sa gynoïde ne tardèrent pas à prendre congé, et Hottod put enfin sortir du palais-forteresse de Potafreas et se faire ramener chez lui, à Hyltendale, où il arriva en début de soirée.

Une mauvaise surprise l'attendait. L'appartement était vide. Où était donc Sofia, sa compagne, qui était enceinte ? Il essaya plusieurs fois de lui téléphoner, mais à chaque fois il tombait sur la messagerie. Il s'aperçut avec angoisse que les affaires de Sofia avaient disparu, elles aussi. La moitié de ses vêtements et ses affaires de toilette, ses clés et sa carte de crédit. Bizarrement, son passeport romanais était toujours là.

C'était l'heure du dîner, mais Hottod n'avait pas faim. Ne sachant que faire, il téléphona à son patron, Yohannès Ken, pour lui demander conseil. À part Yohannès il n'avait que son compatriote Mers Fengwel à qui il pouvait se confier.

Yohannès Ken l'écouta raconter ce qui s'était passé, et lui posa quelques questions. Il savait que Hottod avait passé une semaine à Potafreas pour une mission secrète, mais il se garda bien de chercher à savoir en quoi consistait cette mission. Lorsqu'on travaille pour les cybersophontes on apprend vite à ne pas être trop curieux.

Finalement Yohannès passa le combiné à sa collaboratrice, la gynoïde Ondrya. Celle-ci fit raconter de nouveau à Hottod ce qui s'était passé et lui demanda de raccrocher, le temps de faire quelques recherches auprès de l'intelligence collective des cybersophontes. Ondrya rappela une dizaine de minutes plus tard. Elle n'avait rien trouvé. Sofia Briccone avait totalement disparu. Tout ce qu'Ondrya pouvait dire, c'était qu'un enlèvement semblait peu probable, tout indiquait une fugue. Ondrya conseilla à Hottod de contacter l'ambassade des Îles Romanes le lendemain, qui était un samedi, peut-être s'y était-elle réfugiée.

Hottod passa une nuit blanche, à échafauder des hypothèses sur ce qui avait bien pu se passer. Mais il n'était plus le jeune et fragile étudiant d'autrefois, fraîchement arrivé du Moschtein. Au Mnar, en quelques années, il était devenu l'un des collaborateurs de Yohannès Ken, homme d'affaires sulfureux et agent des cybersophontes. Lorsqu'on fait ce genre de travail, on apprend à relativiser la valeur de la vie humaine. Hottod avait été à Kibikep juste après l'extermination de ses cent mille habitants. Il y avait visité leurs logements, désormais vacants et saisis par l'administration royale, pour les racheter au profit de la société dirigée par Yohannès Ken. La revente des logements promettait de rapporter gros.

Comme Yohannès Ken aimait à le dire, qu'est-ce qu'un être humain, si ce n'est un singe presque sans poils et à gros cerveau ? La nature en produit d'énormes quantités, ce n'est pas comme si cent mille morts ici ou là, ou même quelques millions, mettaient l'espèce en danger de disparition. Les cybersophontes, leurs agents, et tout l'appareil d'État du Mnar, fonctionnaient suivant la logique de cette vérité scientifique, compatible avec la croyance en l'existence de ces êtres surnaturels que sont les dieux mnarésiens.

Sonia avait disparu, avec l'enfant qu'elle portait. Il ne restait plus à Hottod qu'à lui trouver une remplaçante, lorsqu'il serait sûr que la disparition était définitive. La seule question d'importance était : allait-il prendre une nouvelle femme, ou louer les services d'une gynoïde ? Plus il y réfléchissait, plus Hottod inclinait vers une gynoïde. Ses enfants, c'était la princesse Modesta qui les porterait, et un jour l'un d'eux s'assiérait sur le trône du Mnar. Il n'avait donc aucun souci de ce côté-là. Par rapport à une femme biologique, une gynoïde avait l'inconvénient de la stérilité, mais, en contrepartie, elle avait beaucoup d'avantages, comme aimaient à le dire Mers Fengwel et Yohannès Ken, qui vivaient heureux avec leurs gynoïdes respectives.

Hottod finit par s'endormir quelques heures avant l'aube. Lorsqu'il se réveilla, au milieu de la matinée, il vit qu'un mail était arrivé pendant son sommeil. Il avait été envoyé par Sofia :

Mon cher Hottod,

Comme tu t'en es certainement aperçu au moment où je t'écris, je suis partie, depuis deux jours. Je t'écris ce message depuis la maison de mes parents, aux Îles Romanes, où je viens d'arriver. Tu te demandes sans doute comment j'ai fait pour quitter le Mnar, et aussi comment j'ai évité de me faire arrêter, alors que je suis recherchée par les Américains ? C'est simple, un agent des services secrets romanais m'a contactée, il m'a donné un passeport avec une autre identité, que tu n'as pas à connaître, et des billets d'avion. Je suis allée en hydravion d'Hyltendale à Céléphaïs, et de là j'ai pris l'avion pour Francfort, en Allemagne. Quatorze heures de vol ! Mes parents m'attendaient à Francfort, et de là nous avons pris le train vers les Îles Romanes. Je vais bientôt refaire mes papiers d'identité au nom de Sofia Briccone, retrouver une vie normale dans un pays normal avec des gens normaux.

Hottod, tu es gentil, tu es plutôt bel homme, et tu as plein de qualités, mais ce qui efface tout, c'est que tu es un criminel. Oui, tu es un criminel, car tu profites des massacres commis par les monstres qui dirigent le Mnar. Je ne le savais pas au début, mais quand je l'ai appris, ça m'a dégoûté de coucher avec toi. À la fin, même ta simple présence me retournait l'estomac.

Mon enfant portera le nom de Briccone. Je ne lui dirai pas qui est son père, car je ne veux pas que, plus tard, il ait honte d'être l'enfant d'un criminel. Tu peux rester au Mnar, Hottod, y faire beaucoup d'argent et fréquenter la classe dirigeante, tant mieux pour toi. Mais profite bien de la vie, car tout se paye, et un jour tout ce beau monde finira à l'échafaud, et toi avec. Oui j'en suis sûre, il y aura une révolution au Mnar, les Mnarésiens auront leur Robespierre ou leur Lénine ! Peut-être demain, peut-être dans dix ans, ou dans vingt ans ! Je ne suis pas devin, mais je sais que l'histoire a un sens, et que le peuple vous éliminera tous comme les parasites sanguinaires que vous êtes !

Adieu. Et n'essaye surtout pas de me contacter ! Je ne pourrai plus jamais quitter les Îles Romanes car j'aurai toujours la CIA sur le dos, ils pensent que j'ai balancé mes amis américains, quelle bande de cons. Heureusement pour moi, les Îles Romanes n'extradent pas leurs ressortissants. Le Mnar a ruiné ma vie, et comme tu fais partie du système je considère que tu es partiellement responsable de mon malheur. Crève connard !


Malgré le pathos de la lettre, Hottod se sentit soulagé. Sofia était en bonne santé. L'enfant, qui était encore à naître, porterait le nom de Briccone. Ce qui embêtait Hottod, c'était que l'enfant aurait sans doute un beau-père un jour, voire une succession de beaux-pères. Avec Sofia, il fallait s'attendre à tout.

Hottod téléphona à Yohannès Ken, qui le mit de nouveau en communication avec Ondrya. La police mnarésienne serait intéressée d'apprendre que les services secrets romanais avaient monté avec succès une opération d'exfiltration sur le territoire mnarésien...

Cinq mois plus tard, Hottod se dit que Sofia devait avoir accouché. Il trouva facilement sur Internet le site de la ville où habitaient les Briccone. Malgré sa connaissance très limitée de la langue romanaise, il arriva en quelques clics sur la page consacrée aux naissances, mariages et décès. Il était indiqué qu'une nommée Sofia Briccone avait donné naissance à une petite Marina.

Ne sachant trop comment fêter l'évènement, Hottod décida d'inviter Yohannès Ken au restaurant. Pendant le repas, Yohannès, en bon Mnarésien qu'il était, lui conseilla de faire une offrande à Shub-Niggurath, la déesse de la fécondité, pour la remercier.

« Cela portera bonheur à l'enfant » dit Yohannès.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 8 EmptyDim 11 Sep 2022 - 0:13

La lettre de Sofia est un peu bizarre. Pas le contenu qui au fond, est assez justifié, si on se met à sa place. Mais elle commence par "mon cher" et elle termine par "crève connard", ce qui est assez contradictoire, quand même. À moins que les Romanais aient un certain sens de l'humour.

Comme en-tête, j'aurais plutôt mis "cher" Hottod, en mettant des guillemets bien gros.

Attendons la suite. Les cybersophontes, malgré leur puissance, seront-ils renversés ? Basculeront-ils et cesseront-ils de servir la Royauté ? Modesta reconnaîtra-t-elle l'aspect criminel  des "évènements" à Kibikep, comme Gorbatchëv a reconnu le massacre perpétré par les sbires de Staline à Katyn ?

À suivre.

Sofia, on a retrouvé sa trace. Bedal, on est toujours sans nouvelles.

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