Bonjour à tous, que je salue bien bas !
Je parlerai aujourd'hui, pour introduire mon plus gros travail idéolinguistique, du runique ancien (que j'appellerai ici caert (ce qui signifie bêtement runes)).
Il s'agit d'une langue reconstruite, au même titre l'indo-européen, le proto-celtique et autre. Cette langue me sert donc de base à un arbre linguistique cohérent comprenant l'essentielle de mes langues, telles que l'arakéen, le korakien, l'athèl, le runique moderne, le silfid, et j'en passe.
À ce titre, le caert ne contient pas de flexion détaillé, ni de vocabulaire précis. Il se compose essentiellement de racines "reconstruites", sur lesquels je construit les mots des langues qui suivent, selon un jeu de règles assez précis et propre à chaque langue.
Dans cet article, j'exposerai donc la phonétique, la graphie, quelques racines pour montrer le résultat sur le vocabulaire des langues finales, et je m'attarderai enfin à décrire les évolutions qui caractérisent cet arbre linguistique que je nomme "langues runiques".
De même que pour l'indo-européen, la graphie s'adapte à la phonologie, et il n'y a pas d'alphabet propre au caert, mais seulement une écriture "scientifique', avec des indices et des diacritiques en tout sens, d'ailleurs très semblable à celle de l'indo-européen.
Chaque mot s'écrit en italique et est précédé d'une astérisque (comme l'indo-européen, encore et toujours).
Les phonèmes sont donc (et je tâcherai de les trier par catégories pour que ce soit plus clair) :
Occlusives : (bilabiales) *
p,
*b ; (dentales) *
t́, *
d́ (avec des accents aigus, mais là on les voit à peine) ; (alvéolaires) *
t́, *
d́ (sans accent donc) ; (palatales) *
ḱ, *
ǵ (avec accents) ; (vélaires) *
k, *
g (sans accent) ; (glottale)
h1 (c'est le coup de glotte).
(Note : je noterai les lettres diacritées d'un accent t', d', g', etc. et les lettres sans accent d, t, g, etc pour que ce soit plus lisible)
Affriquée rhotique : (bilabiales) *
pr, *
br ; (alvéolaires) *
tr, *
dr ; (vélaires) *
kr, *
gr.
Fricatives : (bilabiales) *
f', *
v' ; (labio-dentales) *
f, *
v ; (dentales) *
s', *
z' ; (alvéolaires) *
s, *
z.
Nasales : (bilabiale) *
m ; (alvéolaire) *
n ; (vélaire) *
n'.
Spirantes : (palatale) *
j ; (labio-vélaire) *
w ; (glottales) *
h2, *
h3.
Spirante latérale alvéolaire : *
l.
Roulée alvéolaire : *
r.
(alors normalement, les 1,2 et 3 sont en indice, et le r des affriquées rhotique est en exposant, mais là ça marche pas)
Quand il y deux phonèmes, le premier est sourd et le second est voisé. Quand il n'y en a qu'un seul, il est voisé.
Concernant les voyelles, on a : *
e, *
ē, *
o, *
ō, ainsi que les vocalisations brèves et longues de *
j et *
w, notées *
i, *
ī, *
u, *
ū.
Surtout, on a les sonantes vocalisées. C'est-à-dire que toutes les sonantes (coup de glotte, nasales, spirantes, latérale et roulée, soit *
m, *
n, *
n', *
l, *
r, *
h1, *
h2 et *
h3) peuvent devenir voyelle lorsqu'elles sont affublées d'un point souscrit (ex. :
ṃ (mais encore une fois, le point est à peine visible... je noterai les vocalisées *
m")). Ces voyelles peuvent elles aussi être longues ou brèves (*
m̄").
Quelques exemples de racines : *
wn"- instant ; *
gū- cacher ; *
trī vieillesse...
Et le résultat dans les diverses langues qui en sont issues :
*
fīr mort, inconnu, au-delà > (athèl) ʆɩɾɩ– /firi/ mourir ; ʆɔι /fôi/ mystère || (korakien) ε̄ríd- /èrid/ tuer || (runique moderne) ᚠᚼᚱᛁ /fīri/ mort.
*
s'r̄" grandir, croître, embellir, d'où plante fleur, voire émotion sentiment > (athèl) ωɒɳ– /thèn/ pétale || (korakien) sār- grand, beau || (runique moderne) ᚦᚵᛌᚾ /sērn/ fleur.
*
mr̄" feu flamme > (arakéen) vara /nara/ feu || (athèl) ɳƪɾιƪɭζ– /naryald/ incendie || (korakien) mâr /maèr/ feu || (runique moderne) ᛗᚵᚱ /mēr/ feu || (silfid) mæ̀ra feu.
En gros voilà. Je n'ai pas énormément d'exemple à vous mettre sous la dent, tout simplement parce que bien que cette technique soit plutôt efficace pour créer des langues cohérentes entre elles, ça rend aussi la démarche pour créer un seul mot particulièrement fastidieuse (il me faut parfois plus de quinze minute pour une seule racine), simplement parce que chaque fois il faut :
1 trouver le mot correspondant en quenya (c'est la langue qui me sert d'inspiration (donc le runique ancien est plutôt a posteriori) ou dans d'autres langues fenniques le cas échéant.
2 créer la racine
3 appliquer les règles d'évolution phonétique propre à chaque langue pour recréer le mot dans les sept ou huit langues que je manipule
Bref, c'est pas une méthode adaptée aux feignants tels que moi...
Je passe rapidement sur la description des évolutions majeures entre le runique ancien et ses langues filles.
Le plus important à noter est que le runique ancien est une langue ergative à deux cas (ergatif et absolutif, donc). Il oppose ces deux cas par une simple alternance de quantité (par exemple, pour *
fīr, l'absolutif est simplement *
fir).
À partir de là, on peut distinguer les langues septentrionales (runique moderne), chez qui cette distinction de quantité a persisté, des langues australes (athèl, arakéen, korakien, etc.), chez qui les longues ce sont ouvertes. Il y a aussi les langues centrales (ferys, fae), qui ne sont qu'en projet pour le moment, et qui se caractérisent par une simplification drastique au niveau de la phonétique et de la flexion, amenant une disparition de la déclinaison.
L'évolution des affriquées rhotique permet aussi de marquer cette distinction, puisqu'elles ont persisté chez les langues septentrionales, tandis que le
r s'est confondu au
z dans les langues australes, amenant l'apparition d'affriquées sigmatiques
ps,
bs, etc.
Pour synthétiser le tout, voici l'arbre des langues runiques, dont je détaillerai les branches au cours de mes prochain post :