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Sujet: Re: Deux environnements... Jeu 19 Mar 2020 - 23:29
Les autorités sanitaires aneuviennes ont pris quelques précautions, en conséquence de quoi, il n'y a pas trop lieu de s'alarmer sur la grande île, à Lakùr et à Lozhnika. Cependant, les compagnies aériennes (Anoflog entre autres, surtout pour les longs courriers) font un peu grise mine. Les aéroports internationaux sont en quarantaine (ben tiens !). Le Port de Nakol-Rubek a eu son trafic divisé par trois ; celui de Sfaaraies par deux. Un avantage de l'Aneuf par rapport à la France, le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux n'ont pas fait de coupes claires dans le budget de la santé, ce qui fait que les personnes travaillant dans ce domaine œuvrent dans de meilleurs conditions que chez nous. Ça aide !!! Dans certaines régions rurales, les restaurants restent ouverts, ainsi que des petits commerces non alimentaires. On n'en est pas à surveiller les déplacements. Seuls les regroupements de personnes sont prohibés, ce qui pose des problèmes dans les transports en commun, pourtant très prisés des aneuviens. Les entreprises fabriquant des solutions hydroalcooliques ont quintuplé leur production. Les stocks doivent être pourvus continuellement.
Pour donner une idée de l'âpreté du combat, les affiches ont représenté le Virus avec une couronne au dessus de lui : c'est celle de la couronne que portait le tyran Deskerrem avant la Révolution. Avec un slogan : As alsy er mir vikte! (lui aussi nous le vaincrons !) et toute une série de recommandations.
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Bedal Modérateur
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Sujet: Re: Deux environnements... Ven 20 Mar 2020 - 10:11
Anoev a écrit:
Pour donner une idée de l'âpreté du combat, les affiches ont représenté le Virus avec une couronne au dessus de lui : c'est celle de la couronne que portait le tyran Deskerrem avant la Révolution. Avec un slogan : As alsy er mir vikte! (lui aussi nous le vaincrons !) et toute une série de recommandations.
J'adore l'humour aneuvien
ça me donne envie de faire un topo sur la situation en Iles-Romanes... (qui n'est pas si catastrophique, cf Toscane irl par rapport à la Lombardie)
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Non au terrorisme et à la barbarie. Oui à la paix, la fraternité et la solidarité. Quelles que soient notre religion, notre langue ou notre couleur de peau.
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Sujet: Re: Deux environnements... Dim 26 Avr 2020 - 14:27
Vilko a écrit:
L'intercompréhenson est assez facile entre dialectes voisins, par exemple le dialecte d'Ulthar et celui de Pnakot, mais plus les dialectes sont géographiquement éloignés, plus l'intercompréhension devient difficile, voire impossible. Les habitants de Sarnath et ceux de Céléphaïs, par exemple, à 1200km de distance, ne se comprennent pas si chacun parle son propre dialecte, pas plus que des Parisiens ne comprennent des Madrilènes si chacun parle sa propre langue, alors qu'avant la généralisation de l'instruction publique, on passait insensiblement d'une langue à l'autre, chaque village ayant son patois, légèrement différent de celui du village voisin. À un bout du continuum on avait du wallon, à l'autre bout on avait du portugais.
En aneuvien, il y a quelques différences entre les différents parlers, mais ils ne sont pas une barrière infranchissable. Bien sûr, il y a des fois des termes complètement différents, comme on, retrouve là, mais plus de... on va dire 70% des variantes sont phonologiques ou orthographiques, ce qui ne nuit que partiellement à la compréhension. Pour un Æstmorien, /'kaɾd/, c'est une carte, mais c'est aussi un cœur*. Tout ça, parce que le A sans accent droit, c'est un /a/ antérieur. Mais un Aneuvien d'Akæl qui entend /'kaʁd/ à la télé, saura qu'on parle de cœur (dans une émission médicale, par exemple : kàrd) et non de carte (postale, à jouer, à puce etc : kard).
Dak, dans quasiment tout l'Aneuf, représente tout être humain de sexe masculin, du bébé au vieillard ; en patois du Pelliant, c'est un homme (mâle) adulte ; même différence pour kad (♀).
Un autre exemple : le 17 octobre (fête de la liberté retrouvée) :
Nakol (acad.)
dek-hep oktàmbren
Nord-ouest des Santes
dek-hep oktáṁbrev
Nord-est des Santes & sud du Malyr
dek-hep októbrev
Æstmor & Alfazie
dek-hep oktàmberen
Sud des Santes
dek-hep oktoobrev
Certes, y a des différences, mais ça ne donne pas lieu à des confusions. Pas derreur à commettre, surtout : dans aucune contrée, on ne lira ou entendra dek-hep oktàmberev ni oktooberev.
On retrouve, en Aneuf, du moins à la télé, l'utilisation de la langue standard, donc de la langue de Nakol. Pour les bulletins d'information, toutes les chaînes provinciales, ainsi que des chaînes privées transprovinciales, ont leurs émissions de culture ou d'info (jité comme magazines°) en aneuvien académique, seules les chaînes pandaises ont l'essentiel de leurs bulletins en thub, sous-titré en aneuvien académique.
Pour les téléfilms et les séries, ça se complique un peu, sauf évidemment les séries étrangères ou bien les (télé)films étrangers, doublées en aneuvien de Nakol, ou en thub, éventuellement. Par contre, une série censée se passer dans le Pelliant profond ou à Lakrem, on ne va pas faire parler les protagonistes comme à Nakol. Selon les accents ou les parlers, on sous-titrera ou on laissera en l'état. Par exemple, certains épisodes de Tljuljaṅt (folie au Pelliant) seront doublés, y compris par la télé santoise, parce que c'est pas évident qu'un télespectateur de Trolans comprenne le charabia des locuteurs des banlieues profondes d'Hocklènge, même s'y a des points de concordance. Ùt jœngdu, dans quasiment tout l'Aneuf, c'est une personne de zéro à 26 ans environ, au Pelljaṅt, ça commence environ à 13 ans.
Pour ce qui est de la presse écrite, tous les journaux à tirage national, quel que soit leur lieu d'émission, sont rédigés en aneuvien académique de Nakol, y compris les éditions provinciales. Hocklèngen Merkur, qui est l'édition du journal nakolais Merkur pour le Pelliant, édite en aneuvien académique. Par contre, un journal typiquement régional comme Pelljaṅten piynpinpyn (l'écho du Pelliant) rédige ses articles en aneuvien du Pelliant. Les habitants du Pelliant connaissent, bien sûr, les deux versions de l'aneuvien, mais parlent entre eux dans leur dialecte. Les habitants de Kesna (l'actuelle capitale fédérale), même s'ils connaissent la version du Pelliant, mettent un point d'honneur à utiliser les règles de Nakol. Mais leur accent est resté celui du Pelliant : curieux mélange !
*Anatomie seulement, le cœur des jeux de cartes, c'est kàrda. #Mais ar komăr oktàmberev (ils sont venus en octobre) est tout-à-fait juste ; à condition que le A du pronom ar soit prononcé antérieur ([a]). °Pour les intervioues des gens du coin, c'est un poil plus compliqué, mais comme en principe, y a intercompréhension, ça ne pose pas de problème insurmontable, même si un Alfazien dit nooz au lieu de rhiyn pour "nez" ou un Malyrois dit lhemtel au lieu de raṅkbów ou alors un Santois dit ningæl au lieu de flegenkad pour "infirmière".
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Si les Lucifériens ne sont pas nombreux (0,2% de la population, 0,4% des croyants majeurs, et encore !), ils ont des formules bien à eux pour fustiger les religions monothéistes qui, selon eux (et d'autres) envahissent indûment l'environnement spirituel du pays.
Div • omklœt, er vel ep kred as! A • ærev: æt • ùt næch; a • en krændev: æt • ù blàt; krændev sub: æt • ùt lœmb! Ed ersúpor eraċ ene, la vedj nep ᴀs, nor quas ᴀ fær: lugs, qua alúge tenevs mœṅden. A hab Lugifers kes naams.
Pour ceux qui ne craignent pas l'outrance antidéiste, la traduc:
Dieu est partout, on veut bien le croire : Il est en l'air : c'est une mouche ; il est sur le sol : c'est un cancrelat ; il est sous le sol : c'est un ver ! Notre entité suprême, on ne la voit pas, on ne voit que ce qu'elle porte : la lumière, qui éclaire les ténèbres du monde. Elle a Lucifer comme nom.
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Sujet: Re: Deux environnements... Lun 27 Juil 2020 - 12:52
Prochainement, j'vais vous parler un peu de l'autre environnement, et plus particulièrement des elviskaliens eux-mêmes, et de leur génétique. Je rappelle qu'ils sont hermaphrodites, ovipares et qu'il ms se reproduisent sans contact direct. On en trouve des six couleurs : rouges, verts, bleus, magenta, cyan et jaunes. Ils sont soit lisses, soit cannelés, soit rugueux, à dessus aplati, en dôme ou en parabole. Ils ont, en plus d'un pied unique à la base, faisant ressort ou ventouse, trois paires de membres, avec des "mains" de quatre ou trois doigts chacun. Les membres supérieurs servant à la perception, les membres médians à l'ingestion, et les membres inférieurs à la reproduction. C'est de ceux-ci (un membre pondeur : ♀* et un membre inséminateur : ♂) qu'il va être particulièrement question.
Voici un elviskalien de base, sans sa couleur ni autre apparence physique (aspect de la peau, forme de la "tête" etc). Dans le premier chapitre, il va être énormément question de la couleur. Pour les autres aspects, on va faire simple, mais on n'y est pas encore, on verra ça après
*"Le 118 hrpapvop, je vous invite, à l'heure ±ö¿¶, à venir pondre chez moi".
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Sujet: Re: Deux environnements... Mar 28 Juil 2020 - 20:49
Pour les croisement, on va commencer simple : en croisant deux Elviskaliens de couleur primaire identique*, et ça donne :
Pour l'instant, le croisement est commutatif : quel que soit l'elviskalien inséminateur ou l'eviskalien pondeur. Deux Elviskaliens d'une même couleur primaire donnent un elviskalien de la couleur opposée. Rien à voir donc, avec chez nous. Imaginez par exemple, deux blancs couleur lavabo accouplés donnant naissance à un humain couleur ébène... ou Lycée d'Versailles (ou d'Abidjan, c'est selon !).
On va voir les résultats avec une des couleurs complémentaires, pour lesquels l'organe de ponte porte des chromosomes de "couleur" différente de celui d'insémination.
Voici un premier résultat avec deux elviskaliens de même apparence (cyan) mais intimement différents :
Les deux premiers se reproduisent en vert, donc donnent un enfant magenta. Les deux suivants se reproduisent en bleu et donnent donc un enfant jaune.
Pour les autres couleurs complémentaires, c'est pareil. Maintenant, imaginons que les deux elviskaliens cyans eussent été absolument identiques (♂ et ♀ ou bien ♂ et ♀) ? Eh ben ils se seraient reproduits en cyan et auraient donc donné un enfant rouge.
Le prochain coup, on verra ce que donne le croisement d'elviskaliens de couleurs différentes (un rouge et un vert, un rouge et un cyan, un rouge et un jaune, déjà. Les autres s'en déduisent.
*Pour les autres caractéristiques, on verra après : chaque chose en son temps !
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Sujet: Re: Deux environnements... Mer 29 Juil 2020 - 23:59
Continuons notre petit tour d'horizon des croisements.
Le croisement de chacune des couleurs primaire avec l'autre donne invariablement la troisième, quel que soit le pondeur ou l'inséminateur :
Mettez-les dans n'importe quel ordre, ce sera toujours celui qui "manque" qui sortira de l'œuf.
Maintenant, examinons le croisement d'un elviskalien avec celui de sa couleur complémentaire : un rouge et un cyan, par exemple :
Là, tout dépend de l'elviskalien cyan. Si le cyan est inséminateur, le bébé sera bleu, s'il est pondeur, le bébé sera vert. On peut faire la déduction avec les autres couleurs : la résultante sera toujours la complémentaire de l'adition de la "couleur" de l'organe d'insémination et de l'organr de ponte.
Pour finir, voyons deux cas de croisement de deux couleurs voisines :
tout d'abord le rouge et le magenta :
Dans le premier cas, les deux organes sont de même couleur (rouge), donc tout se passe comme si on avait deux elviskaliens rouges se croisant : le bébé est complémentaire, donc cyan.
Dans le deuxième cas, c'est la composante bleue de l'elviskalien magenta qui sert au croisement. R * B = Magenta. Le bébé sera donc vert.
On a un cas de figure semblable (mais pas identique, beeen sûûr) si l'elviskalien magenta se croise non avec un rouge mais un bleu, et ça donne :
Voiulà pour la détermination de la couleur. Ce qui serait marrant, c'est de créer un logiciel qui calculerait tout ça, malheureusement, je n'ai ni le don, ni la pratique.
Le prochain coup (on va faire simple), on va parler de l'état de la peau (lisse, rugueuse, cannelée) et de la forme de la "tête" (en parabole, hémisphérique, aplatie). On mettra de côté les formes de la section, l'angle formé par les membres, le nombre de doigts des bras médians etc : ce serait trop compliqué.
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Sujet: Re: Deux environnements... Jeu 30 Juil 2020 - 19:51
Ah ! j'aurais pas du mettre ces inters ici : ce n'est pas sur Terre que ça s'passe ! vous vous en doutez bien. Y faudrait que j'casse mon fil en deux (avec mes dents ?). Le problème, c'est que 99% des inters de "Deux environnements" ont trait à l'Aneuf.
Kóm ep dorun? comme on dit... en Aneuf.
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Sujet: Re: Deux environnements... Ven 21 Aoû 2020 - 13:23
Bientôt ici, un peu de toponymie aneuvienne.
Pour commencer, certains types de voies ont des noms qui correspondent à des spécifications bien précises : un boulevard (bœlvar) est toujours en rocade, à une certaine distance du centre-ville, il est aussi, en principe, en sens unique pour la circulation courante ; toutefois, un contresens peut être aménagé pour les bus, vélos et véhicules d'urgence. Il y a AU MOINS trois files parallèles, contresens non inclus. La circulation des vélos peut être incluse aux couloirs de bus ou bien être opérée sur une bande à part, sur le trottoir ou non.
L'avenue (avnù) est en principe en radiale, c'est une très large voie répondant à des critères précis : double sens au moins deux files par sens, couloirs de bus non inclus en largeur, la place prise par les trottoirs est égale à celle prise par la chaussée trottoirs plantés d'arbres, sur une ou deux rangées par trottoir équipements en pistes cyclables, comme pour les boulevards.
Le cours (ræmb) répond aux mêmes exigences que l'avenue, sauf que les trottoirs peuvent être un peu moins larges (mais d'une largeur avoisinant quand même celle d'une file de chaussée), il peut y avoir quatre files DONT UNE OU DEUX sont réservées aux TC et/ou aux véhicules d'urgence.
Et sinon, y a les... rues, lesquelles peuvent être à sens unique, à double sens, bien larges ou plutôt étroites, interdites ou autorisées aux véhicules motorisés thermiques* (sauf urgences, quel que soit le nombre de roues). Pour les rues à sens unique, un contresens vélo est souvent accordé (mais pas toujours) sous des conditions émises par arrêté municipal. Les deux options principales sont celles-ci :
Voie cycle matérialisée : les cyclistes sont comme sur une voie normale et doivent être considérés comme tels, particulièrement à une intersection où ils peuvent bénéficier de la priorité à droite, si aucun signal (feu ou panneau) ne s'y oppose.
pas de voie matérialisée* et un panneau qui, à l'entré rappelle que les cyclistes à contresens doivent, en cas de passage difficile, céder la priorité aux usagers venant en sens inverse. À la sortie, les cyclistes doivent céder la priorité aux usagers venant des deux sens.
Pour les rues piétonnes, les vélos doivent priorité absolue aux piétons, au point de mettre pied à terre et de marcher avec le vélo à leurs côtés en cas d'affluence notable.
Sur les rues sans véhicule thermique, mais munies, même d'une simple bande cyclable, les cyclistes y sont prioritaires par rapport aux piétons. Seul un véhicule de pompier ou un SAMU peut les inviter à un décrochage.
En marge de ça, y a les allées, les promenades, les ruelles et les... voies (vĕge).
Au prochain épisode : comment nomme-t-on une voie ?
*Le panonceau vert signifie "sauf" ; cette signalisation est assez évocatrice, non ?
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Sujet: Re: Deux environnements... Sam 22 Aoû 2020 - 1:17
En guise de noms, les voies civiles aneuviennes n'ont pas de numéros, comme aux États-unis d'Amérique, et les personnes politiques sont plutôt rares, surtout en ce qui concerne les grands axes. Bien sûr, y a pu y avoir des exceptions, mais elles se sont comptées sur les doigts des deux mains, avec peut-être un ou deux orteils en prime. On a pu compter, lors des derniers mois du régime Ruz, des Boulevards Goebbels, ou bien des avenues Staline dans des citées dirigées par l'AKA, mais les noms ont vite changé. Une grosse proportion de noms de rues portes des noms de villes, soit à proximité (comme chez nous des rues "de Paris" ou des avenues "de Choisy") soit plus éloignées, les anciens noms, pouvant être du lot : Konstantinopelged ou Lutetiplas. Mais des fois, y a quelques surprises, ainsi, on a pu voir voisiner des Wroċwavged avec des Breslauged de communes voisines. Les personnes (y compris étrangères) sont citées plutôt rarement, d'autant plus que si le nom n'est pas aneuvisé, c'est comme avec les déclinaisons et les noms composés, il faut mettre des tirets. Ainsi, on trouvera James-Watt-Plas, ou bien Nikola-Tesla-Avnù. Certains noms sont tirés de lieux locaux sacrés assez anciens, comme Knaxavnù (Hocklènge), ou Ranavnù (Sfaaraies). On ne donnera pas un nom de voie publique à une personne qui est encore vivante (à fortiori si c'est une personnalité politique). Pour les voies publiques, certes, mais pour les voies privées (internes à un lotissement, ou l'enceinte d'une entreprise, par exemple), la règle est un peu plus souple, mais autant que possible, le bon sens prédominera. Pour en revenir aux voies publiques, quelques provocations on bien eu lieu (inauguration d'un cours Bobby Sands pour une voie où se trouvait un consulat britannique dans les années '80, par exemple, ou Rudolf Slansky, à proximité d'un consulat tchécoslovaque dans les années '50), mais elles furent, elles aussi, assez rares. Comme on s'arrange pour qu'une voie garde son nom le plus longtemps possible, on tâche, en principe de trouver un nom assez consensuel. Le nom d'une cité, d'un fleuve, d'un continent, d'un océan, d'une étoile ou d'une planète, mettra tout le monde d'accord.
Par contre, pour les numéros à l'intérieur d'une voie (mentionnée derrière la voie dans une adresse, contrairement à ce qui se fait en France, c'est un peu comme en Amérique du nord : la dizaine change à chaque pâté de maison, et les numéros impairs de la première dizaine sont à gauche. Pour les places (mais pas les mails), les numéros progressent soit en nombre impairs dans le sens horaire, soit en nombre pair dans l'autre sens. On fera donc attention en indiquant une adresse.
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Sujet: Re: Deux environnements... Mar 1 Sep 2020 - 10:59
Ekkad àd Direktor
Er vègna ed requèż orn ber àt iżhobaż tiyn istúntorkadene. Sju er stĕ tep ed ifànskol orn indóle tiyn fæteve plus kadene qua dakene ber æt perovs. Er dărdhe ors iqælet cem dyvèrt æt kĕrev in. Ză, er preg ni os kaṅvun ed adàrles orn. Æt waadetev in, er ...
Traduction:
Madame la directrice
Nous avons reçu votre demande pour l'embauche de deux institutrices. Or nous savons que votre école maternelle compte deux fois plus de femmes que d'hommes pour cette profession. Nous vous invitons à ce que l'équilibre soit respecté dans ce domaine. Ainsi, nous vous prions de modifier votre annonce. Dans cette attente, nous ... etc...
Quelques petites remarques...:
... qui ont justifier l'emplacement de ce texte aneuvien plutôt que dans "Aneuvien 2" :
En Aneuf, la parité n'est pas là pour faire joli dans les discours politiques : on fait tout pour qu'elle soit appliquée, avec diverses marges de tolérance, selon les métiers, et l'Enseignement fait partie de la branche où l'écart par rapport au 50-50 est le plus étroit. La directrice, en demandant deux institutrices, creusant davantage cet écart, est manifestement en faute. Cette lettre est une première lettre (polie), si elle n'est pas observée, une autre suivra, plus sèche. En France, on dit "école maternelle", en Aneuf, on dit ifànskol, autrement dit "école pour jeunes enfants", ce qui est plus neutre, au niveau du genre. Il est symptomatique que les militantes de l'écriture inclusive ne se soient pas manifestées à ce propos.
Une dernière remarque : on a er (nous) précédant des verbes au singulier. Le rédacteur/trice de ladite lettre écrit au nom d'une institution : le ministère provincial de l'Éducation.
Combien d'istúntordaxe la directrice devrait-elle recevoir pour son école pour rétablir l'équilibre ♀♂ à supposé que son école dispose
de quatre femmes et deux hommes
de six femmes et trois hommes
comment devrait-elle s'y prendre si son école ne dispose que de deux femmes et un homme ?
Bientôt, la solution.
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Sujet: Re: Deux environnements... Mar 1 Sep 2020 - 18:21
Les Aneuviens, bien qu'humains, sont guère réactif au chantage porno, sauf dans quelques cas bien particuliers où, par exemple un élu intégriste prône la pureté dans le comportement sexuel et qu'il est "pris", filmé dans des situations des plus sordides. Mais faire payer des erreurs de jeunesse à un citoyen lambda tombera à l'eau systématiquement, et le citoyen lamba pourra toujours se poser en victime. L'auteur de la vidéo (souvent dans un site non officiel, donc pas facile à dénicher) en sera pour ses frais. Et y aura toujours des p'tits malins pour faire des recherches concrètes (pas seulement virtuelles). Des p'tits malins déterminés, et au bout de quelques mois, voire de deux ou trois ans, on trouvera un corps flottant à la dérive, sur le Dniestr, le Danube ou la Loire, le corps d'un citoyen complètement étranger dont personne n'eut entendu parler. La victime du chantage aura été vengée, de manière providentielle, sans même le savoir, souvent.
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Vilko
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Sujet: Re: Deux environnements... Mer 2 Sep 2020 - 0:22
Comme disait Lord Nelson, le vainqueur de Trafalgar, à un maître-chanteur : "Publiez et allez au diable !” Plus personne ne se souvient de ce dont le maître-chanteur menaçait Nelson. Le brave amiral avait une maîtresse, ce qui aujourd'hui n'intéresserait que la presse people.
Les “dix faiblesses de Tawina” m'ont été inspirées par l'actualité de l'époque, où l'on parlait beaucoup, dans les médias anglophones, de l'affaire des viols collectifs de Rotherham, en Angleterre, dont 1400 jeunes filles furent victimes dans cette seule ville de 250 000 habitants. C'est à cette époque, anglophile que je suis pourtant, que j'ai commencé à me dire qu'une société qui ne protège pas ses éléments les plus faibles est une société malade.
Anoev a écrit:
Et y aura toujours des p'tits malins pour faire des recherches concrètes (pas seulement virtuelles). Des p'tits malins déterminés, et au bout de quelques mois, voire de deux ou trois ans, on trouvera un corps flottant à la dérive, sur le Dniestr, le Danube ou la Loire, le corps d'un citoyen complètement étranger dont personne n'eut entendu parler. La victime du chantage aura été vengée, de manière providentielle, sans même le savoir, souvent.
Euh... les Mnarésiens suivraient plutôt le conseil de Mazarin : “Ne commets jamais toi-même d'actes de violence et, par-dessus tout, prends garde à ne jamais tuer.” (in Le Bréviaire des Politiciens, chapitre “Punir”).
Il est vrai que le roi Andreas a déjà fait tuer jusqu'à un million de personnes en un an, mais à circonstances exceptionnelles, solutions exceptionnelles... Et puis le roi Andreas n'est aucunement un modèle de bon comportement, même au Mnar. Mais il est vrai aussi que si Tawina avait pu localiser le maître-chanteur, la carrière criminelle de celui-ci aurait été brève.
Anoev Modérateur
Messages : 37585 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
Sujet: Re: Deux environnements... Mer 2 Sep 2020 - 10:13
Vilko a écrit:
Euh... les Mnarésiens suivraient plutôt le conseil de Mazarin : “Ne commets jamais toi-même d'actes de violence et, par-dessus tout, prends garde à ne jamais tuer.” (in Le Bréviaire des Politiciens, chapitre “Punir”).
Il est vrai que le roi Andreas a déjà fait tuer jusqu'à un million de personnes en un an, mais à circonstances exceptionnelles, solutions exceptionnelles... Et puis le roi Andreas n'est aucunement un modèle de bon comportement, même au Mnar. Mais il est vrai aussi que si Tawina avait pu localiser le maître-chanteur, la carrière criminelle de celui-ci aurait été brève.
Bref : faites c'que j'dis, mais faites pas c'que j'fais, ou bien fais-le faire par un sous-fifre.
Avec quelques variantes, une affaire à peu près semblable de celle du Yorkshire eut lieu aux Santes, laquelle éclata en 1974~1975. Sauf qu'il y eut peu de viols avérés, mais plutôt des faits d'iconographie pornographiques et de prostitutions dans des orphelinats de la région. Il n'y eut que deux enlèvements et deux homicides (des... bavures commises par des intermédiaires trop zélés ? des témoins à faire taire ?). Un des responsable échappa de justesse à la peine capitale (abolie en juillet 1978, il fut jugé en septembre) mais n'échappa pas à la réclusion criminelle renouvelable (prison B). Cette affaire fit vaciller les Santes, car on se rendit compte que la clientèle était nombreuse.
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Vilko
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Sujet: Re: Deux environnements... Mer 2 Sep 2020 - 10:42
Anoev a écrit:
Avec quelques variantes, une affaire à peu près semblable de celle du Yorkshire eut lieu aux Santes, laquelle éclata en 1974~1975. Sauf qu'il y eut peu de viols avérés, mais plutôt des faits d'iconographie pornographiques et de prostitution dans des orphelinats de la région.
Ça fait quand même beaucoup de viols, car chaque rapport sexuel subi sous la contrainte par une mineure, que ce soit dans un orphelinat ou ailleurs, est un viol.
Anoev a écrit:
Madame la directrice
Nous avons reçu votre demande pour l'embauche de deux institutrices. Or nous savons que votre école maternelle compte deux fois plus de femmes que d'hommes pour cette profession. Nous vous invitons à ce que l'équilibre soit respecté dans ce domaine. Ainsi, nous vous prions de modifier votre annonce. Dans cette attente, nous ... etc...
Réponse de la directrice :
Les femmes sont très sous-représentées dans les métiers dangereux et pénibles comme soldat dans l'infanterie ou les commandos, routier, maçon, etc. Nous laissons cela aux hommes. Plus de 90% des victimes d'accident mortel du travail sont des hommes, et croyez bien qu'en tant que femme je compatis, mais pas assez pour choisir un job où je risquerais ma vie. En contrepartie de ces emplois qui ne nous intéressent pas, et parce qu'il faut bien que nous les femmes nous gagnions notre vie nous aussi, il est normal que nous soyons surreprésentées dans les écoles maternelles.
Anoev Modérateur
Messages : 37585 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
Sujet: Re: Deux environnements... Mer 2 Sep 2020 - 11:04
Vilko a écrit:
Ça fait quand même beaucoup de viols, car chaque rapport sexuel subi sous la contrainte par une mineure, que ce soit dans un orphelinat ou ailleurs, est un viol.
Le viol (goork, en aneuvien, de goox pour "sexe" et xhork pour "traitement violent") est une pénétration obtenue par violence ou contrainte physique. La peine est infiniment plus grande que pour un gokárv (abus sexuel1). Lequel abus sexuel est sanctionné, soit, plus ou moins gravement selon les circonstances (âge de la victime, relation d'autorité avec son auteur, handicap, récidive etc.), mais moins qu'un viol, selon la vraie terminologie et non la terminologie actuelle, qui tend à considérer comme un viol une simple main au c... (même si son auteur n'est vraiment pas une référence en matière de civilité)². Un viol est passible d'un emprisonnement B3, renouvelable si récidive ou s'il est collectif.
Donc c'est très différent.
1 Mais y peut y avoir le cas de xhorkon gokárv (abus sexuel violent, sans pénétration), lequel peut être sanctionné aussi lourdement4 qu'un goork, car ce qui est lourdement réprimé, en Aneuf, ce n'est pas l'écart d'âge entre l'auteur et la victime, pas davantage s'y a eu pénétration ou non ; ce qui est attaqué par la Justice en premier, c'est la violence. Le reste vient après. 2 Les rube hykíkade (hyènes rouges) malyroises on bien fait des tentatives dans ce sens. Tout ce qu'elles ont obtenu, c'est que le Malyr basculât au centre aux élections législatives. 3 Réclusion criminelle, chez nous. 4 Parmi les crimes sexuels sans homicides menant à la prison B, y a notamment l'excision.
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Sujet: Re: Deux environnements... Mar 15 Sep 2020 - 19:35
Bedal a écrit:
Éventuellement dans des dialectes oui, mais pas (plus) en algardien standard.
Il peut arriver que, chez moi, les choses se passent inversement. Par exemple, pour le maintien de la fermeture du O devant un S, SE, Z ou ZE final, la décision de l'académie de Nakol a suivi une règle dialectale, celle du sud (Alfazye, comme on écrivait à l'époque, et ouest des Santes). Seul l'Æstmor côtier (celui du [æ] pour À) continue à prononcer [ɔ] TOUS ses O en syllabes fermées*.
Je t'aime depuis octobre (c'est un exemple, évidemment !) :
Écriture
Prononciation
Académie
E klim os devèr oktàmbrev
e'klimos də'vɛʁ ɔk'tambʁəf
Sante (sùd)
E klim os devèr oktoobrev
ə'klimos də'vɛʁ ɔk'to:bʁəf
Kosten Æstmor
E klim os devèr oktàmberev
e'klimɔs de'vɛʁ ɔk'tæmbeʁɛf
*Voire même certains en syllabe ouverte, à condition qu'ils ne soient pas finaux.
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Sujet: Re: Deux environnements... Sam 24 Oct 2020 - 22:55
Vilko a écrit:
À un journaliste qui lui faisait remarquer qu'elle disait une chose dans ses discours publics et l'inverse quand elle s'adressait à des banquiers, Hillary Clinton avait répondu sans se démonter qu'elle avait une opinion publique et une opinion privée. De même, dans une monarchie autoritaire et impitoyable comme le Mnar, il vaut mieux avoir deux opinions sur chaque sujet : l'opinion “correcte” (celle que l'on peut exprimer en public), et l'opinion privée, que l'on garde pour soi ou pour les gens en qui on a confiance.
C'est également de cette manière qu'avait fonctionné Hakrel, et il avait plus ou moins continué à le faire une fois élu, y compris trois ans plus tard quand il transforma l'État de droit en État totalitaire : Motus & bouche cousue en ce qui concerne les véritables desseins. Lorsqu'il voulut faire comme Franco, à peu de chose près, il fut doublé, et "remplacé" au sens définitif du terme par Ruz, un individu qui avait, entre autre assisté en bonne place à un congrès du NSDAP à Nürnberg en tant qu'observateur d'un pays ami (c'était en 1938). Ruz était un fanatique et ne s'embarrassait pas de formule. Comme il était certain de sortir vainqueur (ce en quoi, il se trompait, heureusement), il se gênait aucunement. Il continua de jouer les fiers-à-bras, y compris jusqu'au dernier jour de son procès, jusqu'à la dernière seconde où, le verdict étant prononcé, il reçut, séance tenante, une balle en plein front, de face, de la part d'une femme thub exécutrice du ministère de la justice de la République Reconstituée. Pour lui, le misogyne et profondément raciste, ce fut l'humiliation suprême. C'était le but recherché.
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Sujet: Re: Deux environnements... Lun 26 Oct 2020 - 11:12
Anoev a écrit:
Ruz (...) continua de jouer les fiers-à-bras, y compris jusqu'au dernier jour de son procès, jusqu'à la dernière seconde où, le verdict étant prononcé, il reçut, séance tenante, une balle en plein front, de face, de la part d'une femme thub exécutrice du ministère de la justice de la République Reconstituée. Pour lui, le misogyne et profondément raciste, ce fut l'humiliation suprême. C'était le but recherché.
Avant même le procès, vite expédié, Ruz avait compris qu'il n'échapperait pas à la mort. Il pensait aux dignitaires nazis et japonais, dont on venait d'apprendre que beaucoup d'entre eux s'étaient suicidés après la défaite de leur pays.
« Que le destin soit remercié » pensait Ruz en écoutant distraitement les magistrats parler. Il était assis, menotté dans le dos par sécurité, dans une salle où tout le monde lui était hostile, aussi bien le public, composé de militants, que les magistrats. Il n'avait pu faire venir au procès aucun témoin en sa faveur, et son avocat, nommé par le nouveau ministère de la Justice, le haïssait autant que le procureur, nouvellement nommé lui aussi.
« Oui, que le destin soit remercié, car il va m'épargner le souci de me suicider, un acte que je n'aurais peut-être pas eu le courage de faire moi-même. » Telles étaient les sombres pensées qui traversaient l'esprit de Ruz, un homme qui avait été, brièvement, le maître absolu de l'Aneuf.
Il y eut quelques minutes d'attente, pendant lesquelles, les magistrats étant sortis pour délibérer, le public se mit à bavarder. Les deux gardes qui étaient assis de chaque côté de Ruz bavardaient aussi, sans se soucier le moins du monde de leur prisonnier.
Les magistrats revinrent dans la salle. « L'accusé est condamné à mort. La sentence doit être exécutée ici et maintenant » dit le président du tribunal. Le public explosa d'une joie sauvage, il y eut des cris d'approbation.
Sur ordre d'un homme en uniforme de lieutenant, les deux gardes prirent Ruz par les bras, le soulevèrent de son siège et l'emmenèrent au fond de la salle, en traversant la foule, et le collèrent le dos au mur. Ruz entendait à peine les huées et les insultes qui le visaient.
Lorsque l'exécutrice s'avança vers lui, pistolet à la main, Ruz comprit que ses ennemis voulaient lui infliger une ultime humiliation : le faire exécuter par une créature doublement inférieure, étant à la fois femme et thub. Connaissant ses ennemis, il s'était attendu à quelque chose de ce genre, et il s'y était préparé mentalement.
Il avait pensé à Jésus Christ, qui lui aussi avait été soumis à une mort ignominieuse, la mise en croix étant réservée, dans l'Antiquité gréco-romaine, aux criminels de basse naissance, aux esclaves. Les philosophes, comme Socrate, buvaient la ciguë. Les gens de qualité recevaient de l'empereur lui-même l'ordre de se suicider, et ils le faisaient.
Jésus Christ eut sa revanche sur ses bourreaux. Une revanche totale, absolue. La croix, réservée aux criminels les plus ignobles, devint un symbole universel, révéré par des centaines de millions d'êtres humains, y compris les descendants des soldats romains qui avaient exécuté le Christ.
Ruz savait qu'il n'était pas le Christ, loin de là, et que sa revanche posthume, s'il en avait une, serait loin d'être aussi éclatante. Il faisait malgré tout confiance au destin pour le venger.
Ruz avait aussi pensé aux samouraïs. Dans le Japon ancien, un samouraï vaincu écrivait un dernier poème, dans lequel il ne devait exprimer aucune amertume concernant son destin. Ensuite, il se faisait hara-kiri, avec son propre sabre.
Ruz n'eut pas droit à tant d'honneur. Ses ennemis ne lui laissèrent même pas le temps de dire une prière, ou de prononcer une dernière parole.
Même les nazis (dont Ruz était très proche, idéologiquement parlant) et les bolcheviks (qu'il détestait) avaient au moins la décence d'exécuter leurs ennemis d'une balle dans le nuque, pour éviter le spectacle pénible d'un homme qui perd tout dignité face à la mort et se met, en pleurant, à supplier qu'on l'épargne. La peur de la mort est dans le génome humain, c'est grâce à elles que les humains font des prodiges pour rester vivants, et aucune discipline, aucune ascèse, ne peut la surmonter totalement. Ruz le savait, et il espérait de tout son cœur être assez fort pour ne pas perdre toute dignité dans cette épreuve.
« Ceux qui me mettent à mort de cette façon sont moins que des chiens, » se dit Ruz. « Le destin m'accordera ma revanche, même dans des siècles. Comme pour Jésus. »
L'exécutrice thub leva le bras droit, au bout duquel se trouvait un pistolet automatique. Ruz remarqua qu'elle tremblait. Il la la regarda droit dans les yeux, et elle se mit à trembler davantage. Elle dut visiblement faire un effort sur elle-même pour poser le bout du canon de son arme sur le front de Ruz, qui la regardait toujours, en faisant exprès d'écarquiller les yeux.
La détonation surprit autant Ruz que l'exécutrice. La balle avait perforé le front, traversé le cerveau, et était sortie par l'occiput, pour se ficher dans le mur. La mort fut instantanée, contrairement à ce qui se passe lors d'une décapitation, où le cerveau vit encore quelques minutes, le temps que les cellules cérébrales meurent par manque d'oxygène. Ces dernières minutes de vie, certainement pénibles, furent épargnées à Ruz, qui passa de vie à trépas sans s'en rendre compte.
Le corps inerte de Ruz s'affaissa sur le parquet de bois verni, dans une mare de sang, de fragments d'os crâniens et de matière cérébrale. L'exécutrice, qui avait de l'expérience dans ce domaine et un fond de sadisme, sans compter la haine viscérale, absolue, qu'elle avait envers Ruz, rangea tranquillement son arme dans son étui. Pendant des années elle avait exécuté des partisans d'Hakrel et de Ruz, souvent après les avoir d'abord torturés et mutilés. Elle détourna son regard du cadavre, et respira lentement et profondément, pour faire disparaître son tremblement, qui s'était propagé à tout son corps.
Ainsi mourut Frank Ruz. Le côté dramatique de son exécution est toujours relaté avec délectation par les historiens aneuviens. Certes, la revanche à laquelle il pensait tarde à venir, mais ses idées ne sont pas mortes, même si elles sont devenues clandestines. Personne ne se réclame plus de Ruz, en Aneuf ou ailleurs, mais ses biographies se vendent plutôt bien. Baron Bodissey, le philosophe mnarésien, lui a consacré quelques pages dans un chapitre intitulé “Comment bien mourir même quand les circonstances ne s'y prêtent guère.”
Anoev Modérateur
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Sujet: Re: Deux environnements... Lun 26 Oct 2020 - 13:03
En gros, ça s'est passé comme ça, à quelques menus détails près. Ruz ne savait pas qui allait l'exécuter, et il ne se douta même pas que ce fut une thub. Par ailleurs, l'exécutrice n'eut pas le temps de trembler : la seule chose qu'on ne savait pas (même si on eût de grosses présomptions, car les charges, multiples, était énormes), c'était le verdict.
-Eddak Ruz, compte tenu de la reconnaissance de culpabilité à propos des charges prononcées contre vous, vous êtes condamné à mort. Avez-vous une déclaration finale à formuler ? -Oui, que le destin soit remercié, car il va m'épargner le souci de me suicider, un acte que je n'aurais peut-être pas eu le courage de faire moi-même. Ceux qui me mettront à mort sont moins que des chiens ; e destin m'accordera ma revanche, même dans des siècles. Comme pour Jésus.
Ruz ne savait pas que la peine serait exécutée séance tenante.
-Reculez et regagnez votre place.
Ruz recula et trébucha sur une barre saillante placée au sol. Il tomba à ta renverse. Là; l'exécutrice leva son arme de 45° degrés et immédiatement, tira en plein front. C'est la dernière image que vit Ruz : le visage dur, mais sans émotion particulière d'une femme noire le surplombant, lui, le membre de la Race des Seigneurs. Il y eut quelques applaudissements dans la salle, c'est tout. Les proches des victimes du tyran laisser exploser leur joie à la sortie du palais de Justice, en criant Nechtyyr dæna ! (la bête est morte).
Quant à l'exécutrice, c'avait été une résistance qui avait été torturée par la police de Ruz et qui n'eut la vie sauve que grâce à une opération kommando menée par le réseau auquel elle faisait partie ; suite à ses tortures, elle n'aurait plus jamais d'enfants. La balle, après être sortie par l'occiput, troua le sol. Ruz ne fut même pas mort à la verticale : il n'eut même pas cette consolation : pour la comparaison avec Jésus Christ (un juif parlant l'araméen, entre autres), c'était un peu râpé. Il ne mourut pas comme un homme, mais comme un ver. Son corps fut coupé en morceaux ; ceux-ci furent dispersés dans les quelques zoos qui restaient à l'époque, pour nourrir les hyènes qui avaient survécu à la Guerre Civile.
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Sujet: Re: Deux environnements... Lun 26 Oct 2020 - 23:08
Anoev a écrit:
Il ne mourut pas comme un homme, mais comme un ver.
D'un point de vue, disons, mnarésien traditionaliste, mourir comme un homme, c'est garder jusqu'au bout la maîtrise de soi, ne pas céder à la peur. Selon ce critère, Ruz est mort comme un homme. Comme dirait le colonel Vesim, la haine que ses ennemis lui portaient a détruit son corps, mais pas son esprit. C'est ainsi que tous les peuples guerriers voient la mort.
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Sujet: La Révélation Jeu 24 Déc 2020 - 11:42
En fait, le patron d'Eneas était encore plus intrigant qu'on aurait pu le supposer. Après le divorce de son employé, le patron indélicat le poussa à la confidence, et c'est ainsi qu'il sut que celui-ci était, face à des femmes adultes, devant un mur. Il lui donna l'adresse de quelqu'un qui avait ses petites et grandes entrées dans l'Atrium, en lui décrivant tous les détails de ce paradis. Petit à petit, Eneas s'y rendit, à peu près régulièrement (à peu près seulement, car c'est quand même pas donné). Il n'y a pas beaucoup de points d'accès, et ceux-ci sont dans des immeubles. L'un d'eux est à Malbœrged 117, complètement anonyme, puisque s'y trouvent également des bureaux et des appartements, dans un immeuble datant du XIXe siècle sans décoration particulière*. Personne d'autre que le patron et cette relation savait qu'Eneas s'y rendait. C'était donc assez facile de faire des recoupements. Quand il sut, il prépara son plan. La suite, Vilko, tu la connais.
*Parce que des décorations d'immeubles, en France, pays-phare de la croisade antipédophile, c'est pas ce qui manque.
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Sujet: Re: Deux environnements... Jeu 7 Jan 2021 - 13:36
À peu près un an après qu'elles eurent fait perdre le Malyr à la gauche, les Rube Hykíkade (hyènes rouges, féministes accusées d'entrisme dans le SPS, une des composantes de l'ASA : Anoeven Sosjeson Alkáṅvad, autrement dit : alternance socialiste aneuvienne) font perdre Asknerat, presque seule* municipalité provinciale santoise de gauche. Toutefois, la droite n'en bénéficie pas et c'est le centre qui ramasse les graines. Y a des épisodes agités au sein des deux unions. L'ÙAK ne décolère pas contre le SPS° et les RH. Côté ADF, ça ne va guère mieux : le FdPA accuse de DPS de glisser "trop à gauche", de son côté, le DPS dénonce une porosité entre le FdPA (fræjen-demokràtig Partet Anoeven) et le FP (Fræjden Partet - extrême droite). Bref : l'ADF risquerait bien de voler en éclats, tout comme l'ASA, d'ailleurs.
*L'autre étant Skatrde, entre Hocklenge et Nellede. °Le SPS, quant à lui, accuse l'ÙAK d'avoir récupéré les anciennes franges extrêmes : les quelques égarés maoïstes, staliniens et trotskystes, orphelins de l'AKL et de l'éphémère KPA, fusion étrange de l'AKA er du KPAml.
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Sujet: Comment sont versées... Jeu 4 Fév 2021 - 11:34
... les allocations familiales en Aneuf ?
Elles sont versées à partir d'un enfant, jusqu'à trois enfants maximum, sauf dans certains cas, pour des naissances gémellaires.
Mettons des naissances séparées : jusqu'à trois enfants, le couple touche pour trois enfants ; à partir du quatrième, il continue à toucher pour trois enfants.
Sauf si, par exemple, le troisième accouchement donne naissance à des jumeaux (ou plus), là, évidemment, le couple touchera pour quatre enfants.
Mettons deux exemples les Limœn mettent au monde un premier enfant, puis des triplés. La Dibokámil (l'équivalent de la CAF chez nous) versera pour quatre enfants, jusqu'à la majorité (ou l'émancipation) de l'aîné. Les Kerràl ont des triplés en première naissance, ils touchent donc pour trois enfants. S'ils ont un quatrième enfant, soit, ils auront autant d'enfants que les Limœn, mais ne touchent que pour les trois premiers.
Un autre aspect : un adolescent de treize ans n'a pas les mêmes besoins qu'un enfants de trois ans, de six ou de dix ans. Le montant diffère donc. À dix-sept ans, le montant s'élève à une certains somme, à dix-huit, il n'y a plus rien. Reprenons l'exemple des Limœn et des Kerràl.
Kerràl : quand les triplés aînés atteignent leur majorité, le couple ne touche plus que pour le quatrième (pour lequel ils ne touchaient rien auparavant, puisque c'était le quatrième).
Limœn : quand l'aîné atteint sa majorité, le couple touche pour les trois autres une somme correspondant aux besoins de leur âge à cette période.
Nationalité : Les allocations sont attribuées aux enfants conçus en Aneuf trois mois après l'installation de leurs parents sur le territoire national ou d'un des parents est aneuvien.
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Dernière édition par Anoev le Mar 27 Avr 2021 - 21:12, édité 1 fois
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Sujet: Re: Deux environnements... Mer 10 Mar 2021 - 22:29
Vilko a écrit:
“Pourquoi n'y a-t-il pas la traduction en anglais dessous ?” demanda-t-il à Virna.
- Ce n'est ni Hyltendale ni la Côte d'Ethel ici. C'est juste un lieu de passage, et il n'y a pas beaucoup d'étrangers. De plus, les Mnarésiens n'aiment pas voir des inscriptions dans d'autres langues que la leur, ça leur donne l'impression d'être envahis. C'est d'ailleurs pour ça que beaucoup de Mnarésiens ne vont à Hyltendale que pour les gynoïdes de Zodonie ou pour se faire soigner au Madeico. Les langues qu'ils ne comprennent pas leur répugnent. Comme on dit par ici, taruc sa nate ente ol gil, parle la langue de ce pays ou va-t'en.
En Aneuf, on n'en est pas trop loin, mais c'est pas le même genre. Les langues naturelles ne sont affichées (en principe) que dans les zones portuaires et aéroportuaires et un petit peu autour*. Ailleurs en Aneuf sont affichées, en plus de l'aneuvien et éventuellement du thub, que des LAI : Volapük, Espéranto, Uropi, Psolat... Toutefois, on peut trouver des inscriptions en anglais dans des enceintes privées (entreprises, lieux réservés), mais quasiment pas dans des endroits ouverts et libres. Georges Lampraud, qui parlait l'espéranto ne fut pas beaucoup gêné.
*Par exemple, on trouve encore quelques inscriptions en anglais et en allemand sur les lignes S6 et S7 du train de banlieue ST (Sarimatene transfære : banlieue de Sfaaraies), mais sur les autres lignes, ainsi que les métros et les trams, comme langues internationales, y a l'espéranto et le volapük. Pareil dans le Sanflod (banlieue de Nakol) : les trains desservant Kyvalne-Flv ont des inscriptions en espagnol, portugais et anglais, en plus de l'espéranto et de l'uropi, mais sur les autres lignes, c'est aneuvien, espéranto & uropi, point-barre.
Bientôt, un petit laïus sur la façon avec laquelle l'ANB est passé, au début de la deuxième moitié du XXe siècle, en douceur de la fréquence d'alimentation de 16⅔ Hz à 50 Hz, avec exactement la même tension (15 kV). J'en avais d'jà plus ou moins parlé, mais là, j'vais rentrer un peu plus dans les détails. Ce sera dans le fil des moyens de transports, bien entendu.