Melville est un État fortement désorganisé sur le plan géopolitique. Les régions contigües sont très rares, les plus vastes étant centrées sur de vieilles cités ayant grandi fortement. Cette désorganisation est du à l'organisation même des communautés humaines dans Melville. Celles-ci se divisent, essentiellement, en trois grands catégories : Les Sédentaires, Les Nomades et les Voyageurs.
Les Sédentaires
L'essentiel des Melvillois vit dans des agglomérations permanentes. De ces agglomérations, la majorité de la population habite dans des agglomérations urbaines (Cités), et une plus faible part habitent dans des agglomérations rurales (Villages).
La différence entre les deux sont essentiellement d'ordre économique : la communauté urbaine est un milieu économique constructif, où la production dépasse largement l'autosuffisance, et donc a un bilan positif qui permet un surplus qui amène une croissance. Cette croissance économique permet un nouveau surplus etc.
La communauté rurale est un milieu économique homéostatique, où il y a un équilibre entre la production et le besoin. Celle-ci ne produit plus de surplus, ou seulement assez pour se faire une réserve d'urgence (le Grenier). Ce niveau de vie empêche l'élévation du niveau de vie, et empêche aussi la communauté de grandir.
À noter que ces deux types sont des idéaux, mais les communautés rurales grossissent tout de même, si ce n'est que plus lentement. La ville n'ira jamais au point parfait où tout surplus servira à produire encore plus (des réserves se feront très facilement), mais tout ça un jeu de définitions, et on peut dire que la différence entre Cité et Village en est une de degré plutôt que de différence fondamentale.
À Melville, ces deux types de communautés ont évolués jusqu'à leurs extrêmes. Il existe des communautés rurales à nombre de membres assez fixés (même de petits nombres comme 100 âmes existent pour certains hameaux), d'autres moins mais plus petits. Certaines de ces communautés pratiquent systématiquement l'exogamie (les enfants sont encouragés à sortir de la communauté et à se lier à d'autres communautés), mais toutes ces pratiques sont dûs à la petitesse de ces communautés.
Les Cités elles, sont immenses. Pour une population d'environ 500 millions de résidents à Melville, Cévé prend à elle seule le cinquième de la population dans sa seule agglomération. D'autres villes ne sont pas en reste et occupent un autre 300 millions d'habitants. Leur organisation serait très longue à expliquer ici, mais elles ont une intense régionalisation de leurs services, et sont généralement densément peuplés.
Les Cités et les Villages sont tous économiquement autonomes. Ça ne veut pas dire que le commerce n'existe pas, mais l'économie melvilloise (urbaine) se fonde sur l'augmentation de la richesse à l'intérieur de la communauté par importation (et réutilisation par recyclage) de ressources naturelles et utilisation afin d'augmenter la qualité et la quantité des biens et services. Le commerce interurbain n'est qu'un système d'appoint et l'essentiel est souvent non-matériel, sauf dans le cas de certaines productions très spécialisés très difficiles à implanter ailleurs, comme la pêche au coeur du continent. (Et les ressources naturelles non-importés dans une communauté sont la base de la richesse, et sa cueillette est un défi essentiel de chaque cité (et village).)
Les Cités sont aussi les centres d'administration de l'État de Melville, et c'est donc les Sédentaires qui donnent la structure permanente de l'État. Ils sont aussi souvent plus riches que les deux autres groupes, mais personne ne leur en veut, chacun son style de vie.
Les Nomades
Une petite part des Melvillois vivent en bandes nomades. Voyageant d'une région à l'autre au cours d'un cycle (souvent annuel) bien défini, ils ne s'établissent pas en communautés permanentes. La plupart partagent l'aspect villageois des petites communautés homéostatiques et ne deviennent que rarement plus grosses. Il existe bien quelques grandes communautés nomades qui sont plus à saveur urbaine, mais ces communautés sont très rares.
Quelques unes de ces communautés voyagent de cités en cités. Depuis l'adhésion de Redbridge et des régions du sud (il y a à peu près 500 ans), il existent de grandes compagnies qui voyagent de Cévé à Redbridge à chaque année, suivant les saisons. Ces communautés sont souvent le vecteur des nombreux échanges entre les cités, et ces cultures nomades ont permis d'importantes syncrétisation de la culture melvilloise sans perdre de la saveur locale.
Les Voyageurs
Une autre petite part des Melvillois vivent en bandes de voyageurs. Eux ne sont généralement pas des communautés à saveur urbaine (bien qu'ils puissent résider pour un certain temps dans les Cités). La différence entre eux et les nomades est que les Voyageurs n'ont pas de cycle de voyage, allant au gré de leur décisions. Aventuriers, ils quittent souvent les communautés melvilloises pour voyager ailleurs, surtout dans l'Arthabasquiare. Ils sont souvent ceux qui permettent des contacts avec de nouvelles communautés, ou sont même souvent les fondateurs de nouvelles communautés.
Une catégorie bien spéciale des Voyageurs (et les plus nombreux) sont les militaires. Participants souvent à un ordre militaire ou guerrier (comme les fameux Orionites), ils sont les protecteurs de l'État de Melville et des communautés. Leur rôle est considéré comme ingrat, dangereux et (philosophiquement) absurde, mais ils forment une part essentiel de l'État et sont très bien fournis en conséquence.
Ces Voyageurs sont aussi souvent des explorateurs. Ils découvrent des choses, et dans le long terme deviennent souvent des scientifiques (et développent plus loin leurs découvertes dans les grandes Universités urbaines).
À noter qu'une bonne partie des Voyageurs sont de jeunes adultes en quête d'aventure. Cette catégorie, immortalisée dans bien des récits melvillois et les fameux Notares (ensembles de notes prises dans des carnets par les Melvillois, différent du journal intime car il n'est ni quotidien, ni auto-cathartique), forment une catégorie à part, et deviennent souvent de la main d'oeuvre journalière dans des emplois temporaires ou saisonniers. Ceux-ci ne sont pas des cancres : beaucoup possèdent des diplômes techniques et théoriques de haut niveau, mais ne font qu'explorer le monde. Certains travaillent même dans leurs domaines, comme enseignant temporaire en l'absence de l'enseignant habituel, en vacances ou en congé de maladie.
Finalement, ces jeunes adultes peuvent ainsi dépensés leurs folies énergiques sur des aventures assez extraordinaires. (Par ailleurs, il y a beaucoup de ces jeunes qui sont aussi des militaires, même si le service militaire n'est pas une obligation à Melville.)
Conclusion
Les Melvillois aiment cet arrangement bien particulier. D'ailleurs, ceci a amené la créations de cultures originales (sédentaires, nomades et voyageantes) mais aussi des réflexes sociologiques qui sont adorés des Melvillois. Certes, les uns niaisent souvent les autres quant à la qualité de leur vie, mais tous ces gens se respectent et participent à leur façon à l'État.