- Silvano a écrit:
- J'aurais une question, ô Olivier:
Je vois que tu sais également utiliser le vocatif...
- Citation :
- Quelle est la syntaxe et quels sont les règles d'usage du génitif? Je pose cette question parce que j'ai vu dans le dico un grand nombre d'expression dans lesquelles on une complément du nom marqué par simple antéposition du complément, comme dans Brasilu nuce, noix du Brésil.
Le génitif est un cas, exprimé par des désinences.
Avec un pronom, ou un article, il se met après le "possédé".
(exemples issus de "id Ultim Reincarnation")
"id secret irs existence" = "le secret de leur existence".
Même si théoriquement, rien n'empêche de mettre le complément de nom avant, il vaut mieux éviter, car le syntagme nominal devient très difficile à analyser, d'autant plus que les terminaisons de génitif ne sont pas obligatoires sur le substantif en cas d'usage du pronom/de l'article.
Et ce système devient catastrophique si, dans la phrase, le "possédé" est lui-même au génitif, car on ne le distingue plus du "possesseur".
C'est presque pareil avec la préposition déclinable (en genre et nombre) "os", sauf que celle-ci déclenche l'accusatif, puisqu'il s'agit d'une préposition (donc ce n'est pas officiellement le génitif).
ex: "id Burg ios mund os Dorgan" = "la cité-forteresse du monde de Dorgan".
"mund" est (théoriquement) au génitif, tandis que "Dorgan" est à l'accusatif.
Le génitif s'exprime aussi par l'usage des "désinences libres" de la vocalisation euphonique, vestiges de l'ancienne déclinaison de l'IE. Le résultat inattendu de ce maintien en sambahsa est l'usage intensif de ces terminaisons sur les pronoms possessifs et l'article indéfini "un".
"Id secret irs existence" (on pourrait alors, avec la terminaison longue, avoir : "id secret irios existence")
"ia charmens uns enchanter" = "les sorts d'un enchanteur"
Et, sans pronom ni article, les désinences se mettent directement sur le nom ou l'adjectif. Bien sûr, pour exprimer le génitif, l'un au moins des éléments doit en exhiber la terminaison particulière.
"neicer trollen ed giganten" : "tueur de trolls et de géants"
"talg eet Yamaels buhsa" : "telle était la nature de Yamaël"
Remarque que si le nom au génitif se met avant le substantif, celui-ci n'a plus besoin d'article défini, puisque c'est en quelque sorte le génitif antéposé qui joue ce rôle.
Donc "Yamaels buhsa" = "id buhsa os Yamael"
L'allemand connaît le même phénomène (comme l'anglais, mais ce dernier manque parfois de précision).
"Die Bevölkerung Kanadas" = "Kanadas Bevölkerung" = "la population du Canada"
Enfin, un système rarissime (mais utile) en Sambahsa est la postposition "sbei". Elle permet d'englober des groupes nominaux, voire des phrases entières.
Ex: "ti qui bahnt Sambahsa" = "ceux qui parlent le Sambahsa"
"ti qui bahnt Sambahsa sbei website" = "le site web de ceux qui parlent Sambahsa".
En fait, l'exemple "Brasilu nuce" ne relève pas du génitif, mais de la composition. En sambahsa, comme en PIE, l'ordre suivi est le même qu'en allemand, anglais ou chinois.
"weirnav" = "navire de guerre", avec "weir" = "guerre" et "nav" = "navire".
Il n'y a pas de règles absolues, mais selon la lisibilité, les composés s'écrivent en un seul mot ou en plusieurs.
En l'occurence, "la noix du Brésil" n'est pas une noix commune (de noyer) dont la seule particularité est de venir du Brésil, mais une espèce particulière : http://fr.wikipedia.org/wiki/Noix_du_Br%C3%A9sil
C'est sûrement pour ça que tu trouves beaucoup d'antépositions dans le dico, car elles correspondent à des réalités, des espèces particulières.
On peut aussi comparer ce mécanisme à celui des adjectifs épithètes, qui, en sambahsa, sont également anteposés (l'absence de désinence obligatoire impliquant une place fixe au contraire, par exemple, de l'espéranto).
Déjà en PIE, certains composés utilisaient le génitif, d'autres non.
Ex: PIE *démspotis = "maître de maison", avec "déms" génitif, de "dôm(s)" = "maison", tandis que d'autres composés s'en passent (ainsi les noms de personnes en *qekwo-, bien attestés dans les langues-filles, alors que le génitif de "cheval" était *qekwosyo).
De même, en sambahsa, il n'y a pas de règle particulière, même si le génitif est rare dans ce style de composition.
Pour être complet, mentionnons l'apposition. Si le terme désigne l'ensemble de la chose/personne décrite, cette dernière est simplement postposée. Sinon, on utilise le génitif.
Ex: en français, on utilise "de" dans les deux cas : "la cité de Montréal" / "le tribunal de Montréal"
et en allemand, on appose dans les deux cas : "die Stadt Montreal" / "das Gericht Montreal"
En sambahsa : "id citad Montréal" / "id tribunal os Montréal"
La cité englobe tout Montréal (en tout cas le "Montréal" officiel) tandis que le tribunal s'appelle pas "Montréal" ni ne constitue pas l'ensemble de "Montréal".
Olivier