La flotte de guerre romanaise en 1870
Les Iles-Romanes ont toujours été tournées vers la mer, une caractéristique inhérente à l'histoire du pays.
En 1870, elle possède des iles dans toute la Méditerranée : de la Sardaigne à l'île de Chio, en passant par Malte ou Ipras, ce qui fait que sa flotte est incontournable en Méditerranée. Elle est également présente dans l'Atlantique (Antilles, Golfe de Guinée) et croise dans l'océan Indien (possessions en Inde) même si, dans le monde, elle reste très loin derrière les flottes britanniques et françaises. Ses très nombreuses côtes et ses ports militaires facilement accessibles et bien protégés (Livourne, Suragues, Bizerte, Malte) et disséminés un peu partout en Mediterranée ont bien aidé à cela.
Alors que s'amorce la révolution industrielle, Philippe II de Bourbon-Albe comprend très vite l'intérêt d'entreprendre la modernisation de sa flotte, suivant l'exemple de la Royal Navy et de la Marine Impériale. Il s'entoure d'une équipe d'officiers de marine à la pointe du modernisme (dont certains seront ministres de la Marine) et de politiciens convertis à la nécessité d'une action vigoureuse dans le domaine maritime, pour ne pas perdre huit siècles de savoir-faire à cause d'un retard qui deviendrait vite insurmontable.
Philippe II était un roi particulièrement ouvert aux transformations consécutives à la révolution industrielle. Comme son père avant lui, il fut l'un des grands impulseurs des chemins de fer romanais et, relativement jeune (29 ans à son avènement en 1859), il pouvait se permettre d'envisager des projets de long terme. Cet état d'esprit est capital à une époque où la révolution industrielle change radicalement les conceptions de la marine : la propulsion à vapeur d'abord, l'adoption de l'hélice et la construction des coques en fer, remplaçant le bois. En ce qui concernait la marine de guerre il fallait rajouter le cuirassement (par plaques de blindage métallique) et l'artillerie rayée se chargeant par la culasse.
Pour passer outre les résistances au changement, il faut souvent une autorité forte. Durant son long règle (1859-1898), les Iles-Romanes connaîtront une politique maritime très ferme, et s'engageant hardiment dans l'innovation. C'est à Philippe II que l'on devait la rénovation totale de la flotte de guerre romanaise, liée à une politique d'expansion maritime, commerciale et coloniale de plus en plus forte.
Lors du règne de Charles V, la flotte s'était déjà adaptée à l'apparition de la vapeur et en avait équipé une grande partie de ses vaisseaux de ligne et de ses frégates, à l'aube de la guerre de Crimée. La supériorité de la propulsion à vapeur va être vite démontrée : alors que l'ancienne flotte à voiles restait tributaire des vents et de l'état de la mer, la machine à vapeur assurait désormais une indépendance relative, pouvant ainsi remonter des vents contraires comme ce fut le cas dans les Dardanelles !
Deux événements politiques allaient convaincre définitivement Philippe II de continuer dans cette voie et de lancer le plan de rénovation totale de la Marina Regale (1860).
– la guerre de Crimée en 1854, qui avait remis en évidence la maîtrise de la Méditerranée face à la menace russe, et d'y maintenir une flotte apte d'y naviguer pour défendre continuellement les intérêts romanais.
– le Risorgimento (1859-1861), lors de la création de la Regia Marina du tout nouveau Royaume Italien, faisant apparaître une nouvelle puissance rivale dans le pré carré mediterranéen.
– la politique coloniale active en Afrique (Tunisie, Tripolitaine, Golfe de Guinée) et dans l'océan Indien, face à l'appétit des nouvelles puissances (Italie, Allemagne...), nécessitaient évidemment une flotte importante et capable de se déployer rapidement pour protéger tous les territoires sous administration romanaise...
En conséquence Philippe II décide dès son avènement en 1859 de lancer un programme naval de grande ampleur, dans le sillage de Napoléon III, son nouvel allié depuis la triple alliance avec la France et le Piémont (et dont il décide de s'inspirer).
Il décida de diviser sa flotte en :
– une flotte de combat comprenant des bâtiments rapides de grande puissance (18 cuirassés), des bâtiments légers (frégates et corvettes, une quarantaine).
– une flotte de transport composée de vaisseaux mixtes, anciens bâtiments à voiles transformés en navires à vapeur;
– des bâtiments spéciaux pour la défense des côtes et des ports (garde côtes)
Ce programme fut immédiatement mis à exécution. Trois cuirassés furent ainsi simultanément construits dans les arsenaux de Livourne et de Suragues,
l'Etruria, le Tirrenia et le Sardenia et lancés entre 1861 et 1862, répliquant aux cuirassés la Gloire français et HMS Warrior anglais. Les
Pistoria, Trafalgar et Parma allaient suivre en 1864 et 1865.
En 1870, en moins de dix ans, le programme de 1860 était alors réalisé. Superbia avait pris le bon virage et était dans le peloton des grandes puissances maritimes, ce qu'elle prouvera en vainquant la flotte autrichienne en 1866 et ottomane en 1875.
Bien sûr elle va rapidement perdre son rang de troisième puissance maritime européenne, se faisant dépasser par l'Allemagne (qui deviendra rapidement la 2e flotte mondiale à l'aube du XXe siècle) et la Russie. Mais durant la course à l'armement de 1870 à 1900 qui va s'établir, la Marina Regale ne se fera pas distancer complètement, restant à égalité de son équivalente italienne et espagnoles pour au moins un quart de siècle (alors que ces pays étaient plus peuplés et plus étendus).
A l'aube du XXe siècle, elle était ainsi la septième flotte mondiale, derrière le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France, les Etats-Unis, la Russie, le Japon et à égalité avec l'Italie.
Elle était présente dans toutes les mers : Flottes Méditerranéennes du Ponant basée à Livourne et du Levant basée à Malte, de l'Atlantique basée à Grenade, d'Afrique de l'Ouest, basée à Malabo, de l'Océan Indien, basé à Zanzibar, et enfin dans le Pacifique, basée dans le port de Ninbo en Chine.