Vendredi 8 mars, je suis allé assister à la conférence de Frédéric Werst sur le Wardwesân.
La conférence était intéressante, et avait la forme d'un dialogue entre Werst et l'écrivain et essayiste Tiphaine Samoyault, avec une projection Power Point de documents clés. La formule permet de maintenir l'attention du public pendant une heure et demie, ce qui est nettement plus difficile à faire tout seul et sans support multi-média.
Frédéric Werst a lu des extraits de son œuvre en Wardwesân. Prononcé à vitesse normale, le Wardwesân sonne à l'oreille un peu comme du persan, comme l'avait déjà remarqué un membre du forum.
Les mots du Wardwesân sont souvent polysémiques. Le mot kan, par exemple, dont le sens premier est "dans", a huit sens différents, parmi lesquels : "à, au moment que, dans le domaine que, au même niveau que, contre" etc. On voit que la logique du Wardwesân est l'inverse de celle de l'aneuvien ou d'auxilangues comme l'espéranto et le kotava.
L'une des parties les plus intéressantes de la conférence, en tout cas pour un idéolinguiste, a été lorsque Frédéric Werst a expliqué sa méthode de création idéolinguistique : l'écriture produit en grande partie la langue. Les mots sont créés, par dérivation, de racines déjà existantes, lorsque le texte est écrit, sous forme manuscrite et directement en Wardwesân. Les associations étymologiques sont propres à la langue : ainsi, wanazân, voyager, vient de wana, plaine (en passant par l'idée de "marcher dans une plaine").
Ensuite, le texte est copié sur ordinateur, et c'est seulement alors que Werst le traduit en français.
Spoiler:
Par coïncidence, j'utilise une méthode un peu semblable depuis un peu plus d'un mois en saiwosh : dans mon journal, j'écris tout directement en saiwosh.
Mais pour créer les mots qui me manque, j'utilise une méthode assez simple, que j'ai inventée pour transcrire en saiwosh des mots étrangers. Avant, j'étais bloqué par le manque de vocabulaire dès que j'essayais de parler d'autre chose que de la routine quotidienne.
Les mots d'emprunt sont réduits à la phonologie du saiwosh, mais je mets des signes phonétiques pour les reconnaître : ainsi, "synthèse" devient setes, mais reste reconnaissable lorsqu'il est écrit sẽteṣ (le point sous le deuxième /s/ indique que c'est un ancien /z/). La phonologie du saiwsoh étant assez pauvre, certains mots ont ainsi autant de signes diacritiques que du vietnamien.
Cette méthode crée beaucoup d'homophones, censés être le résultat d'un foisonnement dialectal à une époque antérieure à la standardisation du saiwosh. Beaucoup de ces homophones ont une existence, éphémère, étant remplacés par d'autres mots dans le dictionnaire.
Werst est un partisan convaincu du multilinguisme, et considère que le monolinguisme est un reflet du monothéisme : c'est du moins ainsi qu'il explique le mythe biblique de Babel.
Il assimile aussi la mondialisation à la colonisation. C'est sans doute vrai sur le plan culturel, mais pas nécessairement vrai sur le plan économique : les pays d'Asie sont les grands gagnants de la mondialisation.
Le public qui assistait à la conférence était varié, et m'a paru composé en majorité d'étudiants. J'ai eu l'impression que l'élément féminin prédominait !
C'était la première fois que je voyais Frédéric Werst en chair et en os. J'en ai profité pour discuter quelques minutes avec lui à la fin de la conférence et lui demander de me dédicacer mon exemplaire de Ward, que j'avais emmené avec moi.
Le prochain volume de l'histoire des Wards sortira entre octobre 2013 Et janvier 2014. Il faut savoir attendre !
Super, Vilko. Je propose que l'on copie ton message également dans le sujet sur cette langue. Est-ce qu'il est bien le membre qui s'est inscrit sur ce forum ?
Et Vilko, tu lui as parlé de ce forum ? Tu aurais pu l'encourager à y participer.
Je ne supprime les compte que quand le membre écrit n'importe quoi ou ennuie les membres ou quand il n'y a pas de preuve que le membre ait un quelconque intérêt pour les langues construites (dans ce cas-ci, on sait que c'est l'auteur, donc je ne vais pas le supprimer).
Sinon vilko t'as vu des expo, des trucs bien dans ce festival (t'as fait des photo d’œuvres présentées à poster, des avis sur l'ambiance et l’intérêt idéolinguiste) ?
Un petit compte rendu en tant qu'envoyé spécial de l'Atelier ?
Hélas, je ne suis allé assister qu'à la conférence de Frédéric Werst ! Et je n'ai pas fait de photos.
Nemszev a écrit:
Et Vilko, tu lui as parlé de ce forum ? Tu aurais pu l'encourager à y participer.
Je lui ai dit que je parlerai de la conférence sur le forum, mais je ne lui ai pas demandé d'y participer. Il le fera peut-être de lui-même s'il n'est pas d'accord avec ce que j'écris sur le Wardwesân.
Mar 19 Fév 2013 - 19:40 Invité