|
| L'ode llandarienne du mythe créateur et la Geste perdue | |
| | Auteur | Message |
---|
Invité Invité
| Sujet: L'ode llandarienne du mythe créateur et la Geste perdue Sam 5 Fév 2011 - 22:28 | |
| Un titre un peu long... Je l'ai écrit il y a plus de 10 ans (17 je crois) et depuis le temps, j'aurais dû pouvoir le changer, mais rien ne m'a jamais vraiment plu... alors pour le moment, faute de mieux... Le problème, c'est qu'après une aussi longue période de temps, bien des éléments d'origine ont disparu, d'autres ont vu le jour et qu'à présent ce titre ne correspond plus du tout à la réalité de ce que je m'apprête à vous présenter. Mais parlons avant tout de la genèse. J'ai toujours voulu écrire un roman. Rien de tape-à-l'œil : un bon gros roman de plage que l'on lit pour passer le temps et se détendre. J'ai déjà monté des pièces (La Sotie fantastique), écrit des saynètes, des chansons, de la poésie (pas terrible, sauf peut-être une ou deux sur des sujets celtiques : "Ulcos et Winda" et "l'homme et le sanglier" en vers alittératifs) et j'en passe, ainsi que la première moitié d'un roman (environ 200 pages). Mais étant perfectionniste (et c'est là un de mes grands défauts - je le suis "très beaucoup"), il me fallait à chaque fois une explication causale - même si mes lecteurs l'ignoraient - pour que les événements de mes histoires puissent être convenablement racontés. A cela s'est ajouté le jeu de rôle où, en tant que MD, j'ai fini par développer mon propre monde, Ænotis que je n'ai cessé par la suite d´aggrandir (c'est-à-dire, après avoir stoppé mes activités rôlistiques), pour finir par l'intégrer à la trame de mes histoires romanesques. Puis il s'est créé une transmission des histoires, une explication qui présente comment les événements que je raconte sont parvenus jusqu'à nous, tradition qui est devenue assez compliquée et qui a rajouté un niveau de complexité à l'ensemble. C'est en travaillant cette matière que j'en suis venu aux langues car je ne me voyais pas présenter tout ceci sans que des langues viennent émailler le corps des textes. Cela n'aurait pas été crédible. Mais les langues et moi (rien que l'allemand, mein Gott!) cela a été et est toujours un combat permanent... Mais le résultat fait toujours plaisir à voir. Pour commencer, et afin de ne pas trop déflorer le sujet, ni ô! chers membres, vous gaver de pages et de pages de textes dont j'ignore un peu si leur place, ici, est la plus pertinente et la mieux appropriée, je vais me contenter de placer 2 courts textes qui devraient vous permettre, je l'espère, de situer un peu mieux les choses et éventuellement, par le biais de vos remarques, d'orienter la suite de mes publies. Le premier texte, finalisé en 2006, permet d'éclairer la longue transmission de ces écrits et la manière dont ils nous parvenus aujourd'hui. Livre Dernier – Œuvres et vie d'un théologal de Provence Ce dernier livre est le seul ouvrage a évoquer la vie de personnes appartenant à notre temps. Il raconte comment l’histoire de la Geste perdue est parvenue jusqu’à nous et ce, au travers du sacrifice de Maude, femme dont nous savons peu de choses, du lent et patient travail d’un prêtre de l’église catholique, le père Aimery Guerin, et enfin de moi-même, compilatrice et chroniqueuse de cette gigantesque fresque, Sandrine Lameguell. Ce recueil est en fait constitué de plusieurs milliers de feuillets, plus ou moins rassemblés les uns avec les autres, et tenus précieusement enfermés dans de lourdes pochettes de cuir. Il s'agit là d'un texte écrit essentiellement en latin (qui n'est pas un latin d'époque), mais comprenant néanmoins plusieurs passages rédigés en ancien français. Il me semble que l'ensemble de ces feuillets furent composés puis assemblés, pour leur très grande majorité, aux alentours de la fin du XIVᵉ siècle, soit il y a approximativement 630 années. Il nous éclaire particulièrement sur la vie tumultueuse du théologal Guérain, mais laisse dans l’ombre tout ce qui fut la vie et la passion de Maude, dont nous n’avons même pas le nom de famille. Pour celles et ceux qui ne sont guère versés dans le vocabulaire ecclésiastique, rappelons qu’un théologal est un chanoine institué dans le chapitre d’une église cathédrale pour enseigner la théologie et pour prêcher en certaines occasions. Un chanoine est lui-même un clerc séculier membre d’un chapitre qui, attaché à une église cathédrale ou collégiale, sert de conseil à l’évêque. Un personnage d’une certaine autorité donc, et nanti d’un pouvoir manifeste en cette fin du XIVᵉ siècle où l’Eglise catholique et la religion chrétienne tiennent une place importante dans les cœurs et dans les esprits. Il est manifeste que l’ensemble de cette documentation a été rédigée par la même main, celle du père Guérain et qu’elle le fut très probablement au crépuscule de sa vie. On peut constater que chaque Livre de ce recueil, bien qu’en apparence marqué d’une hérésie totale et frénétique à l’encontre de la religion chrétienne, reste empli d’un amour toujours grandissant pour Dieu et ses bienfaits. Je reste d’ailleurs convaincue que bien que les découvertes d’Aimery aient dû au préalable profondément l’ébranler dans ses convictions, elles lui permirent par la suite de les renforcer et de les grandir, ainsi conforté dans sa foi et dans l’œuvre divine, éminemment ardue à percevoir. J’ai dit plus haut, “écrit essentiellement en latin”, car de ce que l’on peut lire et ordonner, il ressort qu’une première série de textes aurait été écrite aux alentours des années 1380. Ces quelques notes sont, dans leur très grande majorité, rédigées en ancien français et indiquent une volonté manifeste, à la manière d’un Froissard et de ses chroniques, de témoigner des événements de leur temps. Parmi ces premières notes, on peut distinguer deux types d’écrits. Tout d’abord, des indications éparses et parfois confuses, sans aucune structure visible, apparemment rédigées en vue d’une introduction générale, sorte de liminaire permettant de présenter à ses futurs lecteurs l’homme, l’écrivain, le prêtre. Ces fragments furent très vite interrompus et seront pratiquement tous repris puis augmentés dans les passages en latin. Mais toutes ces notes, ainsi que la façon dont elles furent par la suite traduites par l’auteur dans la langue de Virgile, nous donne un éclairage précieux sur l’idée que le théologal Guérain se faisait de sa vie et de son rôle sur cette terre. Nous avons là le récit de sa vocation première, où Aimery nous raconte fort simplement ce qu’il pense de ses débuts, de sa foi égoïste pour lui-même comme pour son église. Foi qui va se transformer pour devenir au cours des années un sentiments aigu de responsabilité envers ses ouailles, responsabilité de sa charge, des âmes à guider, de son devoir de transmettre le message dont il était devenu, par la force des choses, le dépositaire. Cela ne faisait pour lui, plus le moindre doute. La deuxième série d’écrits datant de cette période se trouve, quant à elle, constituée de deux textes, de qualité et de longueur inégales : « La Sotie fantastique » et « La Geste d’Ebrard de Rabastens. « La Sotie fantastique » est une sorte de satire, divisée en trois parties, et qui nous raconte les pérégrinations de deux paysans sur les routes de France. Au cours de l’histoire, les protagonistes vont être amenés à croiser la route du père Guérain et ce dernier s’assurera que ces deux roturiers retrouveront le droit chemin, le chemin de Dieu. Bien qu’ayant l’apparence d’un récit initiatique, le final sonne comme une sorte d’apothéose hérétique où des "pouvoirs magiques" différents s’affrontent et où la chute morale nous est délivrée par une créature des plus païenne. Or, et c’est là le point le plus intéressant, cette dernière confrontation se déroule entre Maude et Aimery. C’est donc à cet instant que la transmission de la Geste perdue se réalise. Plus qu’une victoire de la chrétienté sur le paganisme et en mettant de côté la volonté manifeste de l’auteur à romancer son histoire, il me paraît évident que le père Guérain a voulu nous raconter, sur le mode humoristique, sa première rencontre avec Maude, qualifiée ici de sorcière. Rencontre qui lui permettra par la suite de découvrir les fameux textes à partir desquels est basé son propre recueil. Y a-t-il eu affrontement ? Rincemeule et Mâchegueule ont-ils vraiment existé ? Cela semble peu vraisemblable, et tout laisse supposer au vu du titre comme de la légerté des propos, que sous couvert d’une satyre, Guérain ait souhaité nous apprendre qu’il y a bien eu une rencontre. Le deuxième et dernier texte de cette partie en ancien français est « la Geste d’Ebrard de Rabastens. » Comme pour les premiers romans, ce texte nous est conté en vers. Il s’agit d’une chronique, les événements historiques présents dans cette histoire étant pour la plupart avérés, et cette chronique se développe elle aussi en trois tableaux. Il me semble que cette geste soit la volonté de l’auteur de faire coïncider sa connaissance du fait historique - pour lui, événementiel – avec le savoir fort récent acquis par l’intermédiaire des papiers retrouvés dans les demeures de Maude, et qui paraissent avoir révolutionné le mode de pensée de l’auteur ainsi que sa conception de l’origine des événements. Malheureusement, cette chronique reste inachevée dans son troisième tableau. Sont-ce des feuillets qui furent perdus au cours du temps, où bien ce texte fut-il laissé dans cet état d’inachèvement ? Je ne sais et seuls quelques indices de la main de l’auteur, plutôt maigres, ainsi que l’histoire de cette époque, nous permettent de conjecturer de la fin probable que le père Guérain aurait souhaité lui donner. Nous en arrivons à présent aux feuillets les plus importants, tant par leur nombre que par la matière traitée, et qui sont en latin. Comme pour ceux en ancien français, ces textes furent rédigés sur du vélin, dans cette écriture belle et déliée, puis soigneusement rangés dans des pochettes en cuir. Malheureusement, le temps ne les a pas épargnés et il y a nombre de feuillets en fort mauvais état, quelques uns étant même partiellement, voire complétemment indéchiffrables, nous privant ainsi de données précieuses sur l’étrange savoir rassemblé par le théologal. Pourtant, tous sont parfaitement bien rangés dans leur pochette et suivent un ordre méticuleux, probablement établi par l’auteur. Là encore, nous pouvons scinder l’ensemble de cette documentation en deux parties. La première, et de très loin la plus courte, nous raconte la vie d’Aimery Guérin. Cette autobiographie reprend dans leur grande partie ses notes sommaires rédigées en ancien français, notes qu’elle complète agréablement, émaillant d’une manière assez perspicace ce qui n’aurait été sans cela qu’une longue énumération de dates et de faits. Nous trouvons ça et là des anecdotes savoureuses et des personnages croqués avec justesse ainsi qu’une une sensibilité surprenante, donnant à l’ensemble une fraîcheur indiscutable et une légèreté de ton qui aurait sans doute fait grincer bon nombre de dents à tout ecclésiastique respectable. On ressent même par moment comme de l’espièglerie, une bonhomie enjouée et malicieuse, celle d’un homme qui contemple la vie qu’il a derrière lui et qui nous la commente avec humour et lucidité. Il est pourtant flagrant que certaines zones furent laissées dans l’ombre, à dessein. Ce qui ne peut manquer de nous étonner. Il est peu de secrets qu’un homme à la fin d’une vie ne puisse révéler et ceux qu’un prêtre se doit de garder par devers lui n’auraient pu échapper à leur tour à ce besoin de lumière, considérant l’énormité et la résolution que devait apporter la lecture du deuxième manuscrit. Et pourtant, je pense qu’il s’agit là du respect témoigné par un vieil homme à certains souvenirs trop fragiles, trop doux ou à l’amertume trop puissante pour être éclairé par une lumière si crue qu’elle en déchirerait jusqu’au souvenir même ; ce qui nous laisse dans ce cruel sentiment de curiosité inassouvie d’où surgit généralement les légendes. Regardons à présent la deuxième partie des feuillets en latin, la plus importante et surtout, la plus intéressante. Cette immense section de texte rassemble l’ensemble des notes, feuilles, sujets de recherche ou d’éclaircissement, cahiers et autres pensées et écrits divers amassés avec une sorte d’acharnement par cette étrange femme que Guérain nous présente comme étant Maude, la maoutorte. D’après les allégations du prêtre, il y avait là un chaos indescriptible de feuillets épars et de livres, empilés sans ordre, sans soin, et comprenant occasionnellement un même texte, une même histoire, mais comportant de très fréquents contresens et des point de vues différents, l’ensemble étant rédigé dans des styles et des niveaux d’écriture ne correspondant pas à la personnalité et à l’érudition d’un seul auteur, les changements s’opérant parfois de manière brutale, dans le corps même d’un récit autonome. Néanmoins, ce qui apparaît le plus déconcertant dans ce capharnaüm textuel et ce qui nécessita la plus grosse part de travail, était le nombre de langues dans lesquelles tous ces textes étaient rédigés. Il a fallu au théologal des trésors de patience et de longues études pour retrouver et comprendre les différents langages utilisés pour la narration de cette grande fresque. Finalement, Aimery s’avisa qu’à des fins de traduction et pour rendre compte le plus fidèlement possible de la richesse et de la diversité linguistique auxquelles il se trouvait confronté, seul le latin semblait approprié. Mais bien évidemment, en traduisant tous ces textes de la sorte, Aimery ajouta à l’édifice une pierre d’incertitude et de parti pris. Mais l’ouvrage n’en était pas fini pour autant, car une fois les traductions effectuées, le père Guerain se rendit compte que, bien que narrant une gigantesque saga s’étendant sur des millénaires, cette vaste fresque mythologique se trouvait empêtrée dans un ensemble de contresens et de contradictions, parfois insurmontables, et qui à la longue, nuisait à l’intelligibilité et au message qu’elle était censée véhiculer. Aussi, reprenant les textes un à un, les triant, les classant, les corrigeant parfois, notre théologal provençal s’acharna a réunir, rassembler, compiler cette suite de manuscrits incohérents pour en obtenir finalement un texte unique, uni, autonome et homogène, se subdivisant en autant de Livres qu’il le jugea nécessaire. L’énergie investie pour nous transmettre ce magnifique patrimoine littéraire est on ne peut plus louable, mais la tâche insensée pour un homme pratiquement seul au Moyen Âge. C’est ainsi que l’on voit surgir assez fréquemment, et non sans une pointe de regret, incohérences et ruptures de langage qui sont malheureusement inhérentes aux sources même du texte. Mais que nous racontent donc ces milliers de feuillets? Rien moins que le passé, l’histoire de notre univers, les causes du pourquoi et les raisons du comment. Bien évidemment, et à la lumière de ce que j’ai expliqué tout à l’heure, ce recueil n’apporte pas toutes les réponses – loin s’en faut – et comme pour tout ouvrage censé répondre aux interrogations humaines, il soulève au bout du compte plus d’énigmes et de problèmes qu’il n’en résout. Nous voyons ici se développer la conscience de ce que l’on pourrait appeler Dieu…, Ié, du Temps, des possibilités, de l’engendrement de l’univers et des Äméhone, ainsi que le début de la quête du Beau pour échapper à la fin des temps et à Térot, pour empêcher que l’Absolu ne retourne au Néant. Étonnement, cette quête se déroule principalement en trois endroits différents : la Terre, Ænotis – qui fut l'un des premiers mondes engendrés – et Paé, un univers restreint et quasiment indépendant du notre. C’est de l’interaction des entités et des êtres de ces trois mondes qu'il est question, ainsi que de la quête de l’Inconcevable. Ici nous est contée la renaissance de l’Absolu par l’écho de sa destruction et qui engendrera l’univers dans lequel nous évoluons aujourd’hui. Ce dernier écho étant chargé de tous les échos et de toutes les possibilités l’ayant amené à être, notre univers peut être considéré comme un reflet de ce qu’il a été, un reflet de la Beauté absolue qui fut et pourtant qui est toujours... Jusqu'à ce qu'à son tour il devienne un écho! La nature profonde de l’œuvre s’attache donc à comprendre les soubresauts engendrant et annihilant l’univers. Il reste emprunt philosophiquement de la détermination d'Ié et des origines diverses des humanités. Bien que très présent dans les débuts du récit, cela aura tendance à se diluer pour finalement disparaître au fur et à mesure que les péripéties s’enchaînent et que les protagonistes se succèdent. C’est pourtant cette recherche du pourquoi qui a poussé Maude à contempler ce que l’on pourrait appeler la fin des temps, une vision d’estompe par trop puissante pour son esprit qui s’est trouvé du même coup comme assassiné, la conduisant inéluctablement vers une folie destructrice pour s’achever dans un puits de ténèbres où son cœur et son âme se trouvèrent anéantis. Ce fut cette même quête qui anima le père Guérain dans son dur labeur de compilation et de compréhension, chapitrant cette vaste fresque mythologique en de nombreux Livres auxquels il faut y adjoindre ce Livre dernier. C’est ici que se trouve racontée son histoire personnelle, histoire éclairée d’une façon remarquable par la manière dont Maude, puis lui-même, devinrent les détenteurs de ce savoir. Plutôt que de faire un résumé général de tous les Livres, je suggère au lecteur qui s’y intéresse de se reporter au Synoptique des Livres d’Aimery, Synoptique qui se trouve à la fin de ce Livre dernier. Dans ce qui suit, il ne sera que brièvement rapporté la manière dont la Geste perdue en vint finalement à n’être pas perdue. Dans le Livre XVIII, « La Sotie fantastique », nous retrouvons Maude, dénommée par l’auteur sorcière ou maoutorte et à laquelle s’opposera le père Guérain. Leur affrontement verra la victoire du théologal et la disparition ou la mort de Maude. Ce jeune prêtre va alors découvrir la retraite de son adversaire, une chaumière construite aux pieds des collines et où cette dernière semblait vivre en recluse depuis des années. Mu par une étrange curiosité, Aimery va mettre au jour d’assez vieux documents, des actes de propriétés concernant une ancienne bâtisse nichée dans les Pyrénées. Et selon toute apparence, il semblait que cette antique demeure contenait des documents assez nombreux, comme pouvaient alors l’attester les quelques notes retrouvées dans la chaumière. Poussé par la curiosité ainsi que par un étrange sentiment de malaise, confus et incertain, le père Guérain se lança dans la recherche de cette bâtisse qu’il finit par trouver quelques mois pslus tard, comme l’affirmaient les documents juridiques. Il s’agissait en fait d’une sorte de chapelle perdue au fin fond des montagnes pyrénéennes et construit à flanc de ce qui semblait être les ruines d’un très ancien château. Comme il a été dit plus haut, c’est à cet endroit que notre prêtre découvrit les étonnants documents dont j’ai déjà fait mention. Ils étaient rassemblés un peu à la manière d’un énorme scriptorium et rédigés dans un grand nombre de langues par la même main, une main fébrile et impatiente, la main de Maude. Outre toutes ces notes manuscrites, il s’y trouvait également un petit cahier, fin et précieux, comme une petite chose fragile, reliquat d’un passé révolu et dont Maude s’était apparemment servi comme d’un journal intime, mais uniquement pour essayer de structurer son entreprise et de la justifier à ses propres yeux. On y trouvait son travail, ses échecs comme ses succès, ses grandes joies et ses longs moments de dépression ainsi que les différentes méthodes dont elle usa pour tenter de percevoir toute la structure de cette fresque. En en-tête pouvait-on lire : "De la théogonie llandarienne". Mais au trois quart du cahier, le journal s’arrête brutalement, au milieu d’une phrase, un sentiment de drame semblant accompagner cette rupture pour le moins étrange. Nanti de toutes ces informations et armé de trésors de patience et de talents d’enquête manifestes, Aimery parvint à reconstruire l’histoire de Maude telle qu’elle avait dû être. Maude semblait être apparentée à ce que l’on pourrait appeler la caste des magiciens, une sorte de druidesse ou de prêtresse d’un culte païen déchu et assez ancien. Pourtant, un jour, elle reçut un rêve, une sorte de vision d’une force phénoménale, un écho issu du passé, de mondes révolus. C’était là un écho provenant d’une autre femme, peut-être de l’origine d’elle-même dans les univers perdus, ce qui pourrait expliquer cet étrange lien et l’impression obscure envahissant Maude de ce besoin de savoir, de comprendre, de révéler une vérité perdue. Cette autre femme s’appelait Néis et était une Dame puissante mais tourmentée et qui, dans son désespoir et sa fin proche, avait projeté une étincelle si puissante que son écho était parvenu à rester dans le dernier écho de l’engendrement. C’est ainsi que commença pour Maude sa quête des origines et usant de l’étincelle et de sa faculté toute récente de remonter les échos, elle parvient peu à peu à compiler les histoires de ceux qui firent le monde tel qu’il fut et donc tel qu’il est aujourd’hui, un peu comme si elle contemplait directement les étoiles qui sont nées, ont vécu, puis sont mortes et voyait ainsi l’immense traînée de gaz qui donna naissance à notre propre soleil. Elle ne remontait ainsi que des échos, passant beaucoup de temps à choisir les chemins, les pistes et les traces à suivre, mais elle pouvait néanmoins voir, sentir et entendre les événements qu’elle désirait pénétrer avec, en de très rares occasions, la possibilité d’entrer en interaction avec les échos en question. Grâce à cette connaissance, elle accrut son emprise sur l’Étincelle, ce qui lui permit notamment d’étendre les limites de sa vie. (Le père Guérain supposait que Maude devait être originaire des IVᵉ ou Vᵉ siècles.) C’est alors qu’elle partit à la recherche de la fin des temps et qu’elle se brisa sur une estompe, sur une chaîne annihilant la pensée et les êtres, puisqu’elle entrevit ce que nul ne devrait même percevoir : Térot ! Son esprit n’avait ni la force, ni l’entraînement pour pouvoir résister à une telle confrontation, même par l’intermédiaire d’un écho d’écho, et il bascula, se consumant peu à peu sous l’emprise de l’estompe. Maude devint dès lors une perversion, une folie rampante s’accrochant à la vie, abandonnant sa quête pour se consacrer à des objectifs de destruction, de néantisation, vains et sans âmes. Ce qui l’amena enfin à trouver la mort, mort donnée par les mains libératrices d’Aimery. Ce dernier comprenant l’importance et la portée d’une telle découverte – la totalité des écrits de Maude – engagea des serviteurs, fit tout emballer dans des caisses puis transporta à dos de mules cet étonnant convoi chargé d’un butin de papier qui s’ébranla à travers la chaîne pyrénéenne pour disparaître à nouveau du regard des hommes. Guérain conduisit le tout dans une propriété de Provence dont il avait le plus secrètement possible fait l’acquisition. Et ce fut ainsi que les tomes, livres, parchemins et autres manuscrits se retrouvèrent bien à l’abri de l’oubli et des intempéries, au sein des murs de la nouvelle demeure du théologal. Malgré ce qu’il considérait être comme une vérité historique, il ne pensa pas que la chrétienté accueillerait ces récits, finalement hautement hérétiques, avec un sourire bienveillant et à bras ouverts. Aussi forma-t-il un successeur, son fils non reconnu à qui il transmis ses biens et ses secrets, tout son savoir avec pour tâche de continuer à transmettre cette connaissance à un autre et unique successeur jusqu’à ce que l’un d’eux juge de l’opportunité de tout révéler au monde. Puis le père Guérain mourut, un peu dans l’indifférence. Son fils poursuivit tranquillement l’œuvre de son père et trouva un fils spirituel et non ses propres enfants pour poursuivre le travail de son père. Et la fonction de gardien se transmis de père en fils (et parfois fils spirituel), mais jamais à ma connaissance ne fut confiée à une femme. Malheureusement, avec le temps, les objectifs et les perceptions évoluèrent lentement et finirent par dénaturer l’idée première. Et ainsi, la charge de gardien ne devint plus qu’un secret jalousement gardé, une sorte de tâche divine dont les tenants n’en connaissaient plus vraiment les origines, pour finalement devenir une fonction vide de sens, une tradition qui se perdit définitivement dans les méandres de la Révolution française. L’ensemble des textes était soigneusement enfermé dans des caisses et les feuillets précieusement rangés dans ces lourds étuis de cuir. Mais ce patrimoine dû affronter bien des aléas, déménagements, incendies, familles déchirées… et fut au bout du compte totalement perdu et oublié au cours du XIXe siècle. Pourtant, par un hasard de l’histoire et une chance opportune, la grande majorité de ce legs finit entreposé dans le grenier d’une bâtisse fermière et y dormit tranquillement pendant des années, prenant la poussière et changeant silencieusement de propriétaire. Ce ne fut qu’au terme de 150 années d’oubli que cette étonnante tradition textuelle m’échut. Mais une tradition parfois dispersée et de temps en temps en bien mauvais état. Ce n’est qu’après de longues années de recherche que je parvins à réunir la plus grande majorité des caisses et leur contenu, étudiant les registres cadastraux, les transferts de bien patrimoniaux et reconstituant les généalogies des propriétaires successifs. Et il m’en fallut encore bien d’autres pour traduire, compiler et ordonner cette incroyable masse textuelle. J’espère être parvenu à en faire une œuvre cohérente et acceptable pour le grand public, bien qu’il me paraisse évident qu’aujourd’hui plus personne n’ira prêter foi aux écrits de Maude et aux compilations d’Aimery. Voici le deuxième texte qui n'est en fait que l'introduction à l'Angargëas (ce dernier texte étant trop long pour notre propos.) Avant-propos du traducteur Le texte qui suit est une traduction du latin vers le français de l’un des nombreux manuscrits rédigés par le père Guérain. Ses compilations furent effectuées vers la fin du quatorzième siècle (selon toute vraisemblance) et ne comprennent pas moins de vingt volumes [1]. (Pour plus d’éclaircissements, se reporter à : « La vie d’un théologale de Provence. ») Je me suis efforcé de traduire le volume d’Aimery concernant les différentes généses en conservant autant que possible la structure interne de l’œuvre (ce qui s’est parfois avéré très problématique) ainsi que la fidélité avec laquelle il s’appliquait à retranscrire les notes de Maude. J’ai notamment décidé de respecter son parti pris (qui me paraît au demeurant fort raisonnable) d’adapter le texte à nos propres références. Une grande partie de ce qui eut lieu à l’aube de ces temps reculés se déroula hors de notre monde, dans des régions de l’espace qui nous sont encore inconnues ou inaccessibles et fut accompli par des êtres défiants notre capacité d’entendement et d’imagination. Aussi, et pour ne citer que deux exemples, bien que l’espace soit vide d’atmosphère et donc qu’aucun son ne puisse s’y propager, l’on entend la charge des armées et de douloureuses paroles y sont échangées. De même, Moothgaa comme les Ëléade, n’éprouvent aucunement le besoin d’avoir des yeux pour percevoir, pour pleurer de colère, de chagrin, ou pour remarquer un détail intrigant; mais ils n’en possèdent pas moins tous cet équivalent humain, car ce sont nos sens, nos propres perceptions et nos sentiments qui seront utilisés pour rendre intelligible au lecteur les actions de chacun, leurs préoccupations et les différents épisodes qui ponctuent la guerre des Estompes. Par conséquent, il ne faut pas voir dans certains propos une méconnaissance de ce qui nous entoure ou de ce qui régit notre quotidien et qui autoriserait à décréter ce texte comme purement fictionnel. Il ne se trouve ici, dans ces efforts de traduction, que la simple volonté de rendre la guerre des Estompes plus facile d’accès et plus agréable à lire. (Pour un texte exempt de toute artificialité de complaisance, se reporter à l’excellente version de KÜMMINGEN, Georges, The Llandar’s ode of the creative myth, Cambridge, Cambridge university Press, 1933, 3 v.) De même, la traduction française des noms propres et des termes particuliers est toujours approximative car issue de sources différentes. Aussi, afin d’éviter au lecteur d’être noyé dans une foultitude de dénominations toutes plus étranges les unes que les autres, j’ai essayé, dans la mesure du possible, de réduire les occurrences de nouveaux noms et de rester fidèle à l’esprit de ceux qui traduisent le mieux à l’appellation usitée. Dans tous les cas, ces terminologies ne correspondent pas à la réalité des noms utilisés, mais restent une sorte d’évocation phonétique ou conventionnelle ; il est en effet difficile de traduire un jeu de lumière, une brillance, par un nom propre. Enfin, pour éviter de surcharger un texte qui, de par sa nature, peut ne pas apporter toutes les gratifications d’une œuvre plus conventionnelle, il n’y a aucune note de renvoi. Mais le lecteur curieux pourra consulter l’index à la fin de l’ouvrage qui reprend une grande partie des noms présents dans le corps du récit, bien que sans s’attarder outre-mesure sur les étymologies [2]. [1] La liste et les éditions éventuelles figurent en fin d’ouvrage. [2] La plupart des mots étrangers sont issus de la langue néhiélique. Il faut savoir que dans cette langue le pluriel se forme avec un tréma sur la première voyelle du mot (mais il existe quelques exceptions) et que tous les mots présentés ne sont pas d’origine néhíél, tel que Tėhhēhåą ou Llandar qui nous viennent de la tradition llandarienne. Avertissements par Aimery Guérain L’Angargëas ou la guerre des Estompes est un long récit et probablement le dernier qui fut écrit par Maude. Lorsque je dis le dernier, je veux dire le dernier qui soit cohérent dans sa structure et dans les directions de recherches qu’envisageait alors Maude à l’époque. Je pense, mais ce n’est bien sûr là qu’une supposition, que sa première vision de Térote, bien qu’extrêmement fugace, provoqua chez elle un désir accru de percer le mystère qui recouvrait cette entité. Ce fut probablement ce qui entraîna la rupture de son esprit, une rupture totale mais qui ne se fit jour que progressivement. Il n’en reste pas moins que ces textes sont très intéressants en ce sens que ce sont les seuls témoignages d’une époque aujourd’hui révolue et enfouie bien au-delà de l’éveil de l’humanité, n’en déplaise à l’Église. Ce récit se compose, une fois encore, de plusieurs textes entremêlés, notamment ceux s’intéressant à Moothgaa depuis sa fuite vers Céladorn jusqu’à l’épouvantable déchirure de la Dékgorgar et ceux relatant l’histoire d’Akorion et de Réséanne. Cette histoire a été notée puis par la suite transmise aux Llandars pour être finalement intégrée à leur mythologie. Il y a donc à la fois des parties issues du mythe llandarien (les chants des Ëléade et les premiers récits d’Akorion) et d’autres qui sont la transcription directe des bribes d’échos capturés par Maude dans sa quête du savoir. L’ensemble est donc assez long et manque de cohérence à plusieurs endroits en raison de la diversité même des sources. J’ai tenté, dans la mesure du possible, de les harmoniser sans pour autant en modifier les événements ou le sens. Mais le fait même que cette grande guerre soit vue et racontée par des protagonistes différents ne peut manquer d’entraîner une certaine confusion. C’est cette confusion que j’ai essayé de gommer. Pour conclure, ceci ne reste qu’un abrégé de la vaste guerre. Il y a là matière à écrire une grande fresque – tant dans les développements qui sont passés sous silence (citons à titre d’exemple l’embuscade d’Amthtrorr à l’encontre des messagers dépêchés vers Ænotis), que dans les fragments annexes et les commentaires indispensables qui doivent venir éclairer le récit. Néanmoins, le propos de ce chapitre n’est nullement de raconter in extenso l’Angargëas, mais d’apporter à la connaissance du lecteur ces faits lointains de manière à ce qu’il soit en mesure de comprendre et de pouvoir restituer dans leur contexte les événements ultérieurs. Un grand merci à tout ceux qui seront aller au bout de tout ceci et d'avance merci pour vos remarques . La suite concernera certainement les migrations et langages de Cérénédie. P.S. Je tiens à remercier Sab pour sa contribution, ce qui m'a permis d'éditer cette deuxième version.
Dernière édition par Akorion le Ven 3 Fév 2012 - 23:02, édité 3 fois |
| | | Vilko
Messages : 3564 Date d'inscription : 10/07/2008 Localisation : Neuf-trois
| Sujet: Re: L'ode llandarienne du mythe créateur et la Geste perdue Dim 6 Fév 2011 - 8:53 | |
| - Citation :
- J'ai toujours voulu écrire un roman. Rien de tape-à-l'oeil : un bon gros roman de plage que l'on lit pour passer le temps et se détendre. J'ai déjà monté des pièces (Mächegueule et Rincemeule), écrit des saynètes, des chansons, de la poésie (pas terrible, sauf peut-être une ou deux sur des sujets celtiques : "Ulcos et Winda" et "l'homme et le sanglier" en vers alittératifs) et j'en passe, ainsi que la première moitié d'un roman (environ 200 pages).
À défaut de faire publier ton oeuvre par un éditeur (ce qui est assez difficile de nos jours) envisages-tu d'en publier au moins une partie sur Internet ? - Citation :
- Ce recueil est en fait constitué de plusieurs milliers de feuillets, plus ou moins rassemblés les uns avec les autres, et tenus précieusement enfermés dans de lourdes pochettes de cuir. Il s'agit là d'un texte écrit essentiellement en latin (qui n'est pas un latin d'époque), mais comprenant néanmoins plusieurs passages rédigés en ancien français.
L'histoire d'un livre... Les grands textes de l'histoire du monde (depuis le Tripitaka bouddhiste, au 5e siècle avant Jésus-Christ, les "trois paniers" où étaient conservés les feuillets manuscrits) ont toujours été constitués de bric et de broc, recopiés par des scribes rajoutant parfois leurs commentaires... La Bible n'est pas un livre, c'est une bibliothèque, on y trouve de tout, écrit par des auteurs différents sur plusieurs siècles, et en des langues différentes (hébreu, araméen, grec ancien). Le Coran était à l'origine un recueil de notes prises par des disciples sur des feuilles de palmier et ensuite classés par longueur. Je suis de ceux qui ont été passionnés par l'histoire mouvementée du Nécronomicon de Lovecraft, le livre maudit. Hélas, je ne suis pas Lovecraft, et le livre le plus fréquemment cité dans mon idéomonde est un simple manuel de langue... Mais qui donne quand même un résumé des rituels et des dogmes de la religion associée à cette langue. L'ode llandarien me fait aussi penser au récit mythique concernant l'origine des Rose-Croix. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: L'ode llandarienne du mythe créateur et la Geste perdue Dim 6 Fév 2011 - 11:39 | |
| Hé bien... quand tu parlais d'univers très détaillé, je crois que je commence à comprendre ce que tu voulais dire ! Je suis très impressionnée de lire ce qui n'est qu'une toute petite partie de ce que tu as imaginé et écrit, franchement, bravo. Ça donne envie d'en lire plus ! Et comme Vilko (sauf que je ne m'y connais pas en édition), je pense que ça mériterait d'être publié. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: L'ode llandarienne du mythe créateur et la Geste perdue Dim 6 Fév 2011 - 15:34 | |
| Tout d'abord, merci d'être aller aussi vite au bout de tout cela . La publication me tente, bien sûr, mais je n'ai rien encore qui puisse satisfaire un éditeur (et pour y avoir un peu travaillé, je veux dire, dans le domaine de l'édition, j'en sais les difficultés. Même un bon manuscrit aura probablement besoin d'être envoyé deux ou trois fois avant d'attirer l'attention. Dans cette branche du "Merveilleux", il est naturel de préférer les traductions des auteurs anglo-saxons : on traduit ce qui a eu du succès ; la prise de risque est moins grande - surtout lorsque l'on sait ce qu'est payé un traducteur! Et la taille du marché.) - Citation :
- envisages-tu d'en publier au moins une partie sur Internet ?
J'hésite. Ce qui me retient le plus est le plagiat, qu'il me serait très difficile de détécter, et ensuite d'en inverser la tendance (hé! C'était moi le "premier"!) Mais je sais que cela peut aussi être un tremplin pour une publication ultérieure. En fait, je ne sais pas vraiment : il me faudrait bien plus d'éléments que je n'en ai en ma possession pour être à même de répondre convenablement. - Citation :
- L'histoire d'un livre [...] et ensuite classés par longueur.
J'ignorais. Ahhhhh! Il me reste tant de chose à lire et à découvrir et si peu de temps... (Gros soupir.) Mais le Nécronomicon de l'arabe dément Abdul Al-Hazred, oui! J'en étais fou à une époque. Je sais même qu'il avait été demandé à des bibliothécaires qui ignoraient - bien sûr - de quoi il s'agissait. C'est un peu l'idée : faire CROIRE que cela existe vraiment, avec notes, renvois, références, etc... Tous un corpus d'études, de travaux universitaires sur le sujet (d'ailleurs Sandrine est paléolinguiste). Quant à l'ode llandarienne, c'est vraiment compliqué, même pour moi. Il y a eu tellement de versions, de personnages, de personnes qui se sont croisées pour l'étudier, des contresens, le tout sur 15 ans que parfois je m'y perds un peu aussi. Mais souvent les inexactidues et les incohérences peuvent venir renforcer une mythologie (C'est l'une des raisons de mon avatar, Kenshiro.) - Citation :
- je pense que ça mériterait d'être publié
Merci de ton enthousiasme. Vraiment. A vous lire ainsi tous deux, qui ne connaissez rien de ce que j'ai fait me voilà conforté dans l'idée de m'acharner. Ce truc, cette chose qui hante mes nuits est inexpliquable à mes relations allemandes. Déjà en français... Alors on a parfois des traversées du désert, de vils moments de solitude. Mais depuis une semaine, même si je publie peu de postes - je bosse : j'ai hâte d'aborder le problème de la transcription llandarienne et du vocabulaire néhiélien et paéen... Mais je ne peux simplement pas les présenter ex abrupto ; le travail de préparation contextuelle me semble un impératif incontournable (et cela me laisse le temps de lire les postes des autres et de potasser ma linguistique déficiente, histoire de ne pas paraître trop ignare .)
Dernière édition par Akorion le Ven 3 Fév 2012 - 23:02, édité 1 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: L'ode llandarienne du mythe créateur et la Geste perdue Dim 13 Fév 2011 - 16:08 | |
| Bon, après avoir présenté ce que devrait être la transmission du témoignage mythologique et ses approches de traduction, ainsi qu'un résumé synoptique de la mythologie de la genèse (d’une seule genèse, en fait), je propose une page qui présente les différentes races et peuples de l'une des régions d'Ænotis. Cela devrait permettre une bonne introduction aux différentes langues telles qu'elles peuvent se côtoyer. Malheureusement cette présentation a, au fil de sa réécriture pour le forum, pris une forme absurde : les notes de renvoi dépassent en taille et en importance le corps du texte… C’est là toute la difficulté de présenter ce type de texte sans la « Longue » introduction dont j’ai déjà parlé. Je ne peux ainsi mettre en ligne que quelques paragraphes d’un texte qui fait dans les 20 pages. J’ai bien conscience du ridicule de la situation et j’espère qu’elle ne vous déroutera pas, ni ne vous incommodera. Je veux croire que la suite pourra être lue ultérieurement sans autant de notes en incidence… J’en profite aussi pour vous présenter par avance mes excuses sur le fait qu'entre la première Publie et celle-ci, il peut sembler ne pas y avoir de lien logique. Mais je propose avant tout ce qui est le plus abouti et ce qui est le plus en rapport avec les langues ; beaucoup de matière concernant la société, l’histoire, les développements économiques, la géographie et surtout la magie est passée sous silence. L’Atelier étant un forum sur les langues construites, il m’a semblé préférable de les mettre ici en avant, malgré toutes les erreurs et les imperfections dont elles doivent s’encombrer. Ainsi prévenus, voici la première partie de ce court texte sur les origines des peuples d’Ænotis.
« Le texte ci-après est une compilation d’un ensemble textuel partie en latin, partie en akkadien (néo-assyrien). Je pense que le latin venait remplacer le Néhíèl là où l’akkadien était précieux pour le Néh-Êth (un langage humain [Voir I, B]). En raison des multiples occurrences linguistiques, vous découvrirez très probablement dans ce qui suit des problèmes d’orthographe et de graphie. Pourquoi, par exemple, alors qu’Ænotis est la forme néhiélique du nom de la planète, je l’orthographie sans la barre sur le "-i" ? Vous trouverez plus d’informations sur ce propos dans : F. HIMBART, Le Parler llandarien et ses dérivés philologiques et ontologiques, Paris, éd. CTHS, 1953, 2 tomes. Le texte originel est en Néhíèl. Il semble avoir été traduit, sur la commande d’un roitelet de l’ouest, par l’un de ses ambassadeurs Néh-Êth présent sur la côte occidentale de la Cérénédie et ce à partir de plusieurs rouleaux dont il avait pu obtenir, un temps du moins, la possession. Il apparaît assez clairement que sur l’ensemble des rouleaux qu’il avait à sa disposition, quelques exemplaires lui faisaient défaut, d’où certains passages moins étoffés et des rajouts à l’origine parfois douteuse. J’encadrerais d’un obèle tout passage considéré comme interpolé, suivant en cela l’avis général des critiques et que l’on retrouvera compilé dans : E. LEONESCO (1987 - 1988). L'attualizzazione dei test dans La gazzetta dell'antichità, Roma, n° 87 – 91. Ces textes étaient en Hâtre et eux-mêmes n’étaient qu’une traduction d’un ancien manuscrit d’origine Kardan, vraisemblablement écrit de la main du roi-destitué Alaric III dont je ne me ferai pas ici l’écho de sa légende. C’est donc à cette source que Maude puisa pour nous réciter le souvenir de l’histoire glorieuse, déchue et à présent largement oubliée des peuples de Cérénédie, texte que je me suis efforcée, dans la faible mesure de mes moyens, de retranscrire en français. Une dernière précision : je fais ici un usage abusif des majuscules. C’est intentionnel. Cela doit permettre aux mots nouveaux de bien se détacher du corps du texte. Si Æríone nécessite une majuscule, fléíèlle, qui n’est qu’un nom commun, n’en demande aucune. Je lui en mets pourtant d’autorité. Bonne lecture, Sandrine Lameguell. »
Légende ° : indique une forme non attestée * : signale un mot non Néhíèl PETITES MAJUSCULES : signale une racine (ce qui empêche l’accentuation !) ÷ : signale une interpolation > : mot changé en < : mot provenant de « … » : traduction française [NdA] : note de l’auteur, S. Lameguell [NdE] : note de l’éditeur [NdI] : note de l’inventeur, Akorion […] : note en fin de Publie
Ænotis
I- Histoire et Géographie succintent
A- Lorsque les Æríone [1] étaient seuls À cette époque lointaine, il n’existait pas de continent mais un très grand nombre d’îles forts vastes où les Ærione résidaient et usaient des Flëíèlle [2] et du pouvoir d'Oménélé [3]. Ainsi, aidés par les heures inéluctables qui inlassablement passent, le Nouveau Monde [4] de Réséanne [5] et des Mëhondwé [6] devenait tel qu’Ils l’avaient voulu : vaste, riche, imprévisible, empli de merveilles, de mystères, de beautés secrètes. D’immenses arches de lumière reliaient ces îles les unes aux autres et des chemins de poussière d’étoiles couraient dans les airs jusqu’à ses anneaux gracieux, corolles scintillantes. Parfois, simple grâce, chance ou hasard, les voyageurs hardis se voyaient accorder l’accès aux sentiers détournés, dernières routes du monde, dont les courbes légères les conduisaient aux lunes lointaines d’Ænotis : Jarhôm [7], Nírís [8] et Talína [9]. Au loin et inaccessible pour tout ce qui passe et périt, chatoyaient les reflets rouge et or de Dalglynríoné [10], son majestueux soleil double qui rythmait sans répit l’ordonnancement des jours, des nuits, des saisons. Mais alors que les terres encore vierges de races baignaient dans les eaux glacées des océans primordiaux, Sagaméroth [11]÷, un Eléade corrompu÷ et les siens envisageaient déjà la mort de Réséanne et la prise de contrôle du pouvoir accordé par l’Athané [12] planétaire.
B- Les Wëmanath [13] Les Æríone avaient longtemps œuvré et après plusieurs millions d’années, deux immenses continents affleuraient à la surface des eaux. C’est là que s’épanouirent lors des millénaires suivant les Six Races anciennes d’Ænotis, les Llandars [14], les Huakacheltchs [15], les Mahrui Ayutocht’li [16], les Dêkkrhy erќn-bô [17], les Amônaonás [18] et les Oab [19]. Pour des raisons inexpliquées, ils ne se rencontrèrent jamais et chacun put vivre en liberté, developpant les arts, l’Etincelle ainsi que d’étonnantes civilisations, tout en conservant, fait remarquable, leur autonomie et leur identité culturelle. Ils emplirent le monde de merveilles puis, malheureusement, liant leur sort à celui des Ëléade, ils durent à la fin affronter les forces sombres de Sagaméroth. Alors sur eux aussi souffla le vent de la légende, et ils disparurent. Ce crépuscule funèbre pris le nom de Désastre Ænossien. ÷Actuellement, il est communément admis qu’il n’existe plus aucun représentant vivant des Wëmanath à la surface d’Ænotis.÷
Notes
[1] Les Ærione Littéralement : « La vie qui rayonne » ; et de là « Ceux qui possèdent la vitalité » ; « Ceux qui engendrent la vie » ; « les Engendreurs » ; « les Créateurs ». Étymologies Æ- : la vie -RIONE : le rayonnement (pour plus de détails, voir la note [5 bis] "Créateurs" est définitivement un terme qui est mal choisi. Créer, c’est user de l’Estompe (les Gëas), alors qu’engendrer, c’est user de l’Etincelle (les Flëíèlle). Mais en français, parler d’Engendreurs ou bien à la rigueur d’Enfanteurs évoque chez l’interlocuteur des images particulières, parfois précises mais qui, en aucun cas, ne peuvent parvenir à répondre convenablement à l’idée que les Nëhíèl se font d’eux… à moins d’user, dans cette circonstance, de l’abus de langage "Créateurs". C’est un vocable qui sera repris lorsque des Humains auront à s’exprimer ou lorsqu’il faudra traduire Æríone dans leur langage. Les Nëhíèl les ont aussi appelés Ëléade, « les Bâtisseurs ». C’est-à-dire, celui ou celle qui fait le monde, soit Dieu dans un sens élargi. Ce terme était celui communément utilisé bien avant que les Nëhíèl ne franchissent la Barrière Tantréenne (Voir note [37]). De nos jours, c’est un terme obsolète et "Éléade" ne se retrouve pratiquement que dans d’anciens textes, tel que l’Angargëas (Voir note 11 bis]). Le mot "érsíné" est maintenant utilisé pour décrire la profession.
[2] Les Flëíèlle Techniquement, ce mot est traduit par « le Motif ». Pour simplifier, le motif est l’état statique de la possibilité avant que l’action, c’est-à-dire l’acte volontaire, ne le manipule. « La possibilité » se nomme Palodíone et elle se trouve toujours, normalement, dans un état d’impréparation et d’incertitude. C’est ce qui la différencie du Motif. Mais le distinguo est subtil et bon nombre de « Manipulateurs d’Etincelle », les Öménèlquoèl, l’ignorent purement et simplement. À ce sujet, je conseille vivement la lecture du texte de Périphas de Clazomène : Oratio de Scintilla et Possibilitatum principia, où il est notamment précisé qu’être à même d’opérer la différence entre Palodíone et Fléíelle n’est pas sans importance. Il s’agit d’un texte rédigé sur volumen en ionien. Ce texte original est présent à la BNF, mais dans un tel état de dégradation qu’il n’a toujours pas fait l’objet d’une numérisation sur le site Gallica. Il en existe plusieurs copies – traduction en latin, réalisée par le célèbre Docteur de l’Eglise Juan de Yepes Álvarez (Jean de la Croix), mais qu’il faut plus probablement attribuer à un pseudépigraphe du XVIième siècle. Ce texte est malheureusement incomplet. Il se présente sous la forme d’un codex ex-libris en 3 volumes aux éd. T. & I. JOHANN 1624, Frankfurt. [NdA : Périphas prit parti contre sa ville lors de la Guerre du Péloponèse : il est cité une fois dans L’hellénisme ionien de Y. BADIET aux éd. MSH et Cambridge University Press, 1982.]
[3] Oménélé « L’essence », ou plus finement, « l’essence du tout ». Ce qui donnera chez les Humains un terme devenu depuis galvaudé : la magie. À noter que le mot Mén, « âme », figure dans Oménélé. Ce mot Néhíèl, inconnu des Humains, sera repris par les Kardans et subira dans leur langue, maints avatars avant de parvenir à une forme jugée par les linguistes comme définitive. Ils utiliseront dans un premier temps le mot Omén’Quoèl* pour indiquer les Manipulateurs. Puis la langue évoluant et s’enrichissant, Oménque* finira par désigner l’Etincelle et Ouèl* son Utilisateur. (Noter le glissement sémantique qui s’est opéré entre Manipulateur et Utilisateur. [NdE : que nous avons traduit ainsi.]) De nos jour, nous retrouvons ces deux mots sous cette forme : Omink* et Houelle* qui ne s’agglutinent absolument plus mais qui peuvent se flexionner l’un l’autre, un peu comme en français (un Utilisateur d’Etincelle ou l’Etincelle de l’Utilisateur).
[4] Le Nouveau Monde C’est un autre nom donné pour Ænotis par les Six Races originelles, les Wëhmanath (Voir note [13]). Cela se dit en Néhíèl: Alíécélade. Les raisons d’un tel changement de nom ne peuvent en aucun cas être donné ici. Disons seulement qu’à la fin des Guerres menées par Sagaméroth, le monde subit de telles modifications – des changements comme seul Ænotis pouvait en connaître en raison de sa spécificité particulière – que spontanément une appellation nouvelle lui fut donné par l’ensemble des Six Races qui, sur ce point particulier, s’accordèrent. Étymologies Alíé : « nouveau » < ALI- : « idée de la translation » Célad : « monde »
[5] Réséanne Avec Akorion (Voir la note [5 bis], ci-dessous) son compagnon, ils furent les architectes principaux de ce système stellaire. Ce fut il y a fort longtemps, à l’époque de Préhrenne, qu’elle en eut le rêve, l’intuition, l’idée. Cette vision emplit Akorion de joie et il aida sa compagne afin de parvenir à la réalisation de ce système. Réséanne peut éventuellement se traduire par « la Pacificatrice », mais avec moins de force et moins de démonstration qu'en français. Il s’y trouve une touche de sagesse et un soupçon de tolérance que le mot en français ne parvient pas à traduire correctement. On pourrait suggérer : Joie de la paix sereine. Étymologies Ce mot provient de deux autres vocables que nous allons détailler successivement. Ré : Ce mot provient de la racine HTRE. HRTE : peut signifier « l’arrêt du temps », « intemporel » ou encore par extension, « la pleinitude ». Il est lui-même construit sur le phonème /Ht/ qui exprime un son entre le [s] et le [B], légèrement expiré et assez court. Ce phonème et cette racine ont donné le mot : Huth : « absence » > Ussé : « le silence », qui toujours composé sur la même racine > Usséré : « la paix », c’est-à-dire « ce qui est toujours calme », par opposition au bruit et à la fureur. Séan : « la liesse ». Je crois que l’ajout de "-ne" (pour Séanne) doit vouloir signifier « en liesse ».
[5 bis] Akorion [NdI : ce qui suit est une version abrégée dont vous trouverez l’original dans : Que signifie votre pseudo] Akorion signifie « Le Rayonnant ». Ce vocable était utilisé par les Llandars. À leur contact, les Nëhíel le traduisirent dans leur langue ce qui donna : Akrioné. Etymologies Akrioné est composé de deux racines : AKR-* et -RIONE. Et c'est étrange! Car AKR-* n'est pas une racine d'origine Néhíel. Elle signifie la force, la capacité à impressionner par la force et elle provient du langage des Chk'ar-cirrek'al. Cela signifie « je-flamme, nous-soleils », soit « feu et chaleur », soit « les Ardents » ; en Néhíel : Hualíré. Cette racine leur a donné des mots comme AK'hnn-taR* (où le -r est projeté à la fin) : « combattant »! Cette racine est très ancienne et chez les Nëhíel, elle avais pris le sens de « quelque chose de puissant », mais dans le sens d'intensif. Citons comme exemple la puissance du soleil : son éclat, la puissance d'un raisonnement : sa logique, la puissance d'une relation : son intensité! Cette racine ne sera pas employée avec l'idée de pouvoir ou de domination : puissance militaire ou force aveugle. De nos jours pour désigner « la force », il y a Díl et pour « la domination » Calamen < CALA-, et pour « la puissance », Véruhríen. L'autre racine -RIONE indique « le rayonnement ». En règle générale, « une source de lumière », ce qui suggère l’idée de lumineux - mais c'est un sens légèrement abusif. Or, de tout ce qui précède, l'on peut constater qu'en comparant Akrioné et Akorion, un "-o" est venu s'intercaler entre le "-k" et le "-r" et ce, pour des raisons poétiques. Les Nëhíel font surtout de la poésie alittérative. Et dans leur langue, Kori signifie « la lance » (KOR- « ce qui perce »). Les poètes ont donc utilisé cette succession de sens afin de faire jouer les mots entre eux et ainsi pouvoir se servir de la contraction phonétique pour concevoir de nouvelles sonorités et de nouveaux effets : AKR-* kori- RIONE, ce qui au final a donné akorioné. Les Humains diront Akorion (prononcé à la française.)
[6] Méhondwé « Les Anciens rois ». Terme Nëhíèl qui a tendance aujourd’hui à remplacer Äméhone qui est la traduction en Néhíèl d’un terme Wëmanath. Étymologies Méhone : « ancien », ou « ce qui est âgé » -Dwé : qui peut servir à évoquer « la royauté », ce qui est la cas ici, en leur conférant un statut de gouvernant. Ce terme révèle plus d’informations sur la nature des Nëhíèl qu’il n’en laisse supposer. Ancien, tout d’abord. Méhone traduit l’idée de quelque chose de passé, de fini, de révolu. Citons comme exemple dans notre langue : les calendriers aztèques/anciens, la toise/ancienne, etc… Ce n’est plus utilisé. Il y a une obsolescence, comme une odeur surannée. Ce qui suppose que dans l’esprit des Nëhíèl, les Äméhone, en tant qu’entités physiques concrètes et matérielles n’existent plus. Ils sont devenus une idée, un principe auquel on peut attacher de l’importance, mais qui restera sans incidence sur sa vie si l’on n’y prête aucune attention. Et ici, le -Dwé vient particulièrement renforcer cette idée d’affaissement de valeur. Dans la grammaire néhíèlique, le genre du substantif s’obtient par la qualité qu’il possède, ce qui nous donne 14 genres (masculin, féminin et neutre ayant peu d’incidence). Or, en simplifiant un peu (car il est probable qu’il n’existait pas d’échelle de valeur, de graduation de la qualité, ce que pourrait faire croire cette explication) -Dwé n’arrive qu’en troisième position, derrière les Ëléade et les Sages. Bien sûr, on peut objecter ici que -Dwé est utilisé comme titre (ce qui est effectivement le cas) et non comme article de genre (car dans le cas présent, cela aurait donné Ïméhondwé.) Mais même dans cette optique, les Nëhíèl ne peuvent ignorer la portée d’une telle désinence et ils ne l’ont donc pas conservée par erreur, sans quoi, ils auraient dû dire Mëhoneël ou Mëhonël ; or, tel n’est pas le cas. Mëhondwé s’est donc bien vidé de sa substance.
[7] Jarhôm « La Calendaire ». Il s’agit de la première lune d’Ænotis et c’est en fonction de ses cycles (que nous ne détaillerons pas ici) qu’a été établi le calendrier des Nëhíèl, que l’on nomme aussi calendrier Jahroméen. Étymologies Jaré- : « la durée pour l’année », « une année lunaire » -Hôm : indique « une durée assez longue » ou que « l’on ressent comme longue », < -ÔM : « le temps qui passe », « l’écoulement du temps ».
[8] Nírís « La Rougeoyante ». C’est la plus massive des trois lunes, allant même jusqu’à posséder quelques étonnants satellites. Étymologies Nírr- : « rouge » Il semble que le mot Nírr soit en partie construit sur ce schéma : N- / -írr(é). -ÍRE : « de ce qui est flamme », « la nature du feu ». Cette racine est très employé. « Faire un feu » Achíré ; « feu du ciel » Ylíré ; « feu magique » Ménélíré, etc… Mais elle est aussi ponctuellement utilisée pour les travaux de forge : Bésílíré « soufflet » (construction à la forme passive : le feu qui est soufflé) ou encore Íréolossé « haire » (C.-à-d. : le tablier de protection). Mais il ne faut pas la confondre avec l’un des infinitifs qui se construit aussi en "-íré". On suppose que la couleur rouge à la surface de la lune (NdA : moins sombre que celle de Mars) soit le produit d’oxyde de fer – ce qui laisse présager du métal et de l’eau. Si les satellites de Nírís sont d’anciens astéroïdes captés par l’attraction de la lune, la présence d’eau pourrait éventuellement s’expliquer par une intense activité météoritique. (NdA : Ce qui est peu probable en raison des contraintes importantes imposées à un satellite en orbite autour d’une lune, elle-même en orbite autour d’une planète : celles de la limite de Roche et de la sphère de Hill. Mais leurs orbites très stables et très serrées ne rend pas impossible un tel phénomène.) Si ce ne sont pas des cristaux de glace, l’explication selon laquelle les Æríone en auraient fait leur demeure a été avancée par bon nombre de théologiens et quelques philosophes. Mais les Llandars n’ont jamais confirmé une telle hypothèse, pour la simple raison qu’ils l’ignoraient eux-mêmes très probablement.
[9] Talina « La Brillante ». Elle est la plus lointaine et la plus petite des trois lunes. Malgré cela, son niveau d’albédo est particulièrement élevé. Cela supposerait une matière réfléchissante à sa surface. Souvent, comme une légende, on a affirmé que cette lune était artificielle. Mais personne n’est jamais allé sur place pour le vérifier (ou en est revenu pour le dire.) Étymologies Tal- : « or », dans le sens de doré ou de lumineux. Lin- : « idée de franchissement » Des études tendraient à prouver que ce radical serait vieillissant, ce que je conteste. Bien que Lin- soit aussi le radical pour « jeune », il n’y a pas eu semble-t-il de glissement sémantique et les deux restent utilisées.
[10] Dalglynríoné « Les points pour toujours rayonnants », « les soleils » (ou « l’étoile binaire »). Ce système possède donc deux étoiles qui sont éloignées l’une de l’autre d’environ 40 UA, auxquelles il faut approximativement 120 années pour effectuer une révolution. Les éclipses, rares, se produisent environ tous les 60 ans (avec une certaine régularité), ce qu’un habitant peut voir au moins une fois dans sa vie, en considérant que l’une des éclipses est plus absolue que l’autre (lorsque Húalíne [10 bis] passe devant Bénèlmírd [10 ter]). Ce couple d’étoiles semble relativement stable, mais des astronomes ont remarqué d’étonnantes déviations lors de cycles étalés sur plusieurs milliers d’années. Y aurait-il d’autres influences gravitationnelles inconnues ? Ou bien d’autres raisons liés au Désastre Ænossien. Nul ne le sait… Étymologies Dal- : « le point » (cf. Daldélíé « l’étoile ») Glín- : « le principe d’éternité » (« pour toujours »). Il semble, mais ce n’est que pure spéculation de ma part, que le mot Glín se soit assemblé avec le mot -Índh. Índh (Voir note [21]) encadre un moment avec un début et une fin. Il y a là probablement des raisons philosophiques complexes pour que l’on puisse ainsi assigner une durée à l’éternité. Nous nous retrouvons alors avec le mot : Glí(n)índh, ce qui aurait donné : Glyn(dh) où les deux "-í" se transforment en un "-y". -RIONE : le rayonnement (Voir note [5 bis]) [10 bis] Bénèlmírd « La Rousse sublime » (NdA : avec en fait le sens de « La Sublime ». Des poètes lui ont attribuée le nom de Sombre Somptueuse). Elle est la plus petite des deux étoiles de Dalglynríoné et celle qui est, en général, la plus éloignée d’Ænotis, avec une orbite fortement elliptique. Cela explique aussi pourquoi lorsque Bénèlmírd est proche d’Ænotis, elle soit légèrement plus près de la planète que sa compagne et malgré un niveau d’émission d’énergie solaire inférieure, on observe des hivers moins rigoureux et des étés très chauds. Elle porte ce nom en raison de sa couleur tirant sur l’orange. C’est techniquement une étoile de catégorie K1, pas assez chaude (de peu) pour posséder des planètes abritant la vie. Mais heureusement, elle n’est pas seule. Étymologies Bénèl- : « la sublime » Mírd : « la couleur rousse », « le roux » (cf. Mírdféor « le renard »)
[10 ter] Húalíne « La chaude », avec une certaine idée de chaleur tranquille, comme un bon feu. Elle est plus volumineuse que sa petite sœur et surtout bien plus rayonnante. C’est une étoile de catégorie G2 (comme le soleil) mais d’à peu près 1,6 ou 1,7 masse solaire. Ænotis orbite à environ sept fois la distance terre-soleil. C’est une étoile très vivante : nombreuses tâches solaires (en fonction des cycles), un fort vent solaire, des éruptions solaires fréquentes, un puissant champ magnétique, etc… Étymologies Húal- : « chaleur » Il est possible, que le -íne soit en partie construit sur -í(ré).
[11] Sagaméroth Un des Ëléade ayant suivi Réséanne et Akorion après l’Angargëas [11 bis]. Sa nature se bouleversa et l’emprise du Néant le dévora. Pourtant, en tant qu’Æríone, il sut lutter contre cette folie entropique et désireux de se battre sur tous les fronts – contre les Gëas, contre les Fléíèlle, contre tout ceux s’opposant à ce qu’il estimait devoir être, il devint l’ennemi absolu (ou pour certain le Sauveur ou encore le Visionnaire). Il est difficile de savoir aujourd’hui s’il est simplement fou ou inspiré par ces visions… Mais ce qui est sûr, c’est qu’il déclencha les Guerres de Sagaméroth, guerres qui obligèrent le monde, via le Désastre Ænossien, à être entièrement remodelé, repensé. C’est ce qu’il nomma sa plus grande victoire, alors que d’autres estimèrent que ce fut là son plus épouvantable forfait. Toujours est-il qu’aujourd’hui, beaucoup le disent mort, avec peut-être un peu trop de hâte !
[11 bis] Angargëas « La Guerre des Estompes ». Grand récit mythologique opposant les Gëas aux Fléíelles. Étymologies Angar : « la guerre » Géas : « l’estompe » Il semble qu’il existe quelques radicaux se terminant par -ar qui ne subissent pas la règle de l’inversion (ce qui veut dire qu’en fait, ils sont inversés.) : par exemple Ellaréku « la nuit redoutable ». Mais on trouvera Ekulanmpar (Voir note [41]).
[12] Athané « Le Nexus » en Néhíèl. C’est, pour ainsi dire, l’organe par lequel toute créature a accès à son Etincelle et peut ainsi en user.
[13] Wëmanath « Les six races ». Dénomination attribuée aux anciennes races d’Ænotis et qui furent les premières à découvrir ce monde, à l’habiter, à lui donner un sens. Ils étaient très proche des Æríone ÷que certains considèrent encore aujourd’hui comme étant leurs mentors÷. Ils prirent un rôle actif pendant les Guerres de Sagaméroth, ce qui est considéré comme étant la cause première de leur déclin et de leur disparition. Il y eut néanmoins une courte période de temps, avant le Désastre Ænossien où les Wëmanath furent en contact avec les nouvelles races. Certains les prirent en affection et ils leur transmirent une partie de leur savoir et de leur sagesse – seul héritage palpable qui subsiste à présent des Wëmanath. Il arrive parfois qu’on les désignent sous le vocable de Manaméhon « ancienne race » par opposition à Manalié « nouvelle race ». Étymologies Wéh : « six » Manath : « race » Méhon : « ancien » Alíé : « nouveau »
[14] Les Llandars Les Nëhíèl les appellent les Cüraèl, traduit en français par « les Êtres-Larmes ». Il semble que le mot larme fut accolé à leur qualité d’êtres vivants car la première fois qu’il y eut rencontre entre ces deux races, les Llandars, qui commençaient à entrevoir les limites de leur existence, comprirent que rien ne pouvait être simplement achevé et que les Nëhíèl poursuivraient leurs œuvres, la découverte du monde, des mondes, de l’Etincelle, qu’ils étaient leur prolongement ; et ils en pleurèrent de joie. Étymologies Æl : le verbe « être », mais il prend ici plus probablement le sens d’un diminutif, celui « d’être vivant » Ælcynwë. Cúr : « la larme », « le pleur ».
[15] Les Huakacheltchs Les Üd’talwéníé, « Ceux qui flamboient ». Étonnantes créatures d’environ 2m de haut, au corps longiligne, recouvert d’écailles d’acier qu’ils peuvent orienter, souples, gracieux et mortellement dangereux. Un feu magmatique couve en leurs entrailles et il semblent insensibilisés à la nature de l’Estompe – ce que tout le monde affirme impossible. Leur langage est un chant de gorge avec des hautes et des basses fréquences que l’oreille humaine ne peut capter, accompagné du crissement de leur peau métallique (un peu à la façon d’un criquet.) Étymologies Ud- < Udul : « celui », « celui qui » Je ne parviens pas à m’expliquer l’apostrophe. Est-ce une contraction accentuée ? Ou bien cela a-t’il à voir avec le mode de formation des articles en langue Néhíèl ? Je n’en sais rien et pour le moment mes recherches ont été infructueuses. Cette apostrophe est néanmoins assez rare et d’autres mots formés en Ud- n’en prennent pas : Udíèl par exemple, qui désigne « la femme unie à un compagnon », « la compagne ». Tal- : « or », dans le sens de doré ou de lumineux, ce qui a donné Talwédíur « flamboyer ».
[16] Les Mahrui Ayutocht’li En Nëhíèl, les Ëthèldwé « les Seigneurs ». Il s’agit de la race la plus proche des Humains. Ils mesurent environ 1m60 et ressemblent à peu de chose près à un humain. Leur peau est d’un noir profond magnifique, comme du jais, qui paraît s’illuminer à la faveur des étoiles. Ils n’ont pas de circulation sanguine, ni de cœur mais des muscles qui remplacent l’ensemble, par contraction permanente. Cela leur confère une force phénoménale et une résistance aux chocs hors du commun. Ils ont développé une culture animiste extrêmement sophistiquée, repoussant les limites normalement acceptées de l’harmonisation avec la nature. Des Six Races, se sont les seuls à avoir un langage que nous pouvons comprendre, traduire et expliquer. Tout leur sons sont les nôtres et il n’existe aucune impossibilité de langage, ce qui change un peu. Mahuri veut dire « nous sommes ». Lors de la découverte des autres races, ils se sont sentis obligés de marquer leur indépendance, leur essencialité, leur unicité. Aussi ont-ils accolé Ayutocht’li qui signifie grossièrement « l’autorité » : personne ne peut nous dominer, nous sommes au-dessus, nous sommes en-dehors, nous sommes nous. Et les Guerres de Sagaméroth démontrèrent à plus d’un la véracité de cette sentence. Étymologies Ethèl : « saint », « sacré », « sanctifié » (Voir les notes [42 B] et [42 E]) -Dwé : « seigneur »
[17] Les Dêkkrhy erќn-bô Les Däldéhíannël, « le Peuple des étoiles ». C’est probablement la race la plus mystérieuse des Wëmanath. Le peu que nous en savons est qu’ils accompagnaient les Æríone dans leur tâches et qu’ils pouvaient voir et emprunter les ponts de lumière. Il semble qu’ils aient, bien que de forme humanoïde (comme toutes les races, en fait), des capacités ondulatoires. Ils n’ont jamais semblé se nourrir, boire, ou dormir et ils n’ont jamais rien bâti (ou en tous les cas, rien qui soit demeuré.) On n’a retrouvé aucune trace écrite de leur langue, ce qui nous fait supposer qu’elle n’était que parlée. Du peu que les Llandars nous en aient dit, cette langue aurait été basé sur des variations de fréquence des champs magnétique, électrique et gravitationnel, agrémentée parfois d’éructations sonores, tel des grondements très graves, profonds et lents, comme les roulements d’un volcan. Étymologies Daldélíé : « l’étoile » Híannaël : « le peuple »
[18] Les Amônaonás Les Üdokoéldúnœn « Ceux qui arpentent la terre sombreº » Des Six races, se sont les plus grands (environ 2m20) et les mieux bâti. Leurs muscles sont véritablement impressionnants. Ils sont très nobles et très beaux d’apparence. Leurs yeux ne sont pas sans rappeler ceux des félins, mais allant de fait jusqu’à posséder cinq paupières différentes. Leur chevelure flamboyante, leur démarche… tout impose en eux le respect. Ils semblent être en osmose permanente avec la planète dans ce qu’elle a de matérialité et développent dès leur plus jeune âge une sorte d’affinité avec un état (minéral, le plus souvent). Peu à peu leur corps s’accorde avec cette affinité, les rendant encore plus robustes et énergiques, mais les amenant inéluctablement à la mort (ils se cristallisent). Ils ne mangent pas mais puisent leur besoin vital dans le contact avec la matière qu’ils affectionnent. Il y a comme un transfert ou une assimilation ; le processus est mal connu : vibrations, transfert gazeux au sein de la pression osmotique … Leur biologie est très complexe et les oblige à de longues phases de méditation. Il ont, tout comme nous, besoin de boire et de prendre assez souvent des bains de soleil. Leur langage est assez proche de celui que pourrait avoir un humain. Ils ont des sortes d’accents chantant plus fréquemment que chez nous (un peu comme s’il y avait quatre ou cinq accents toniques différents) et ne possèdent que quelques rares sons que nous n’avons pas. Non, le problème vient du fait qu’au fur et à mesure qu’ils se "minéralisent", leur langage se transforme. Les mots, la grammaire, la syntaxe, tout évolue et pas forcement de la même manière ni au même rythme en fonction des individus. Il semble y avoir une logique sous-jacente à cette évolution liée à la transformation des neurones, des synapses et des astrocytes, mais cela rend le discours, d’un interlocuteur à l’autre, différent et parfois, absolument incompréhensible, alors qu’ils sont en train de dire la même chose ! Et toutes les tables de concordance ont échoué à résoudre la difficulté. Seule l’habitude avec quelques interlocuteurs-référents permet de palier imparfaitement à ce problème. Étymologies Ud- : « ceux » Occoélíré : « arpenter » Dún : « sombre » Oén : « la terre » (pas la planète), « le sol » Il n’existe pour l’instant dans ce que j’ai pu lire, aucune explication évidente à propos d’ « arpenter la terre sombre », locution qui n’a aucun rapport avec cette race. Est-ce une erreur de traduction liée aux modifications constantes du langage ou bien avons nous là à faire à un symbolisme non encore élucidé. Ce serait bien possible…
[19] Les Oab Les Nëléfírmé « les Gens du dehors » Cette race est la plus menue et la plus petite des Wëmanath. Ils mesurent environ 1m50 et paraissent fragiles : pas de muscles durs et saillants, pas d’écailles d’acier, etc… Ils ont un cuir duveteux aux couleurs brunes, rousses, orange, noires, blanches à mi-chemin entre le poil et la plume. Leurs os sont stratifiés, comme un oignon : cela leur assure légèreté et résistance et entre l’os et la peau, il y a un tissu conjonctif liquide très souple et très résistant qui peut subir d’énormes contraintes, bien qu’il soit facilement percé. Ce liquide leur sert à la fois de cerveau et de lieu de transmission de commande : ils n’ont donc pas de muscle à proprement parler. Leur visage est mince et allongé, avec des yeux miroitant, une bouche très fine, étroite. Ils ne consomment aucune viande. Leur légèreté leur permet de planer en tombant, mais ils ne volent ni ne peuvent rester en suspension dans l’air : ils tombent ! Par contre, il a été remarqué que leur corps, assez fragile, se régénérait à une vitesse surprenante et le fait qu’ils n’aient pas de cœur et qu’ils disposent d’un cerveau liquide, étiré et disparate, leur accorde une grande résistance à tous les traumatismes. Il a fallu beaucoup de temps pour parvenir à comprendre la nature de cette régénération. Leur Nexus est directement inscrit dans Holíndelle (lieu où l’Etincelle se manifeste, cf. Réf. note [2]). Ce qui veut dire que techniquement leur corps est double, tout comme leur essence. Ils s’inscrivent dans un schéma de dualité très complexe et sont les plus grands et les plus inventifs Manipulateurs d’Etincelle. Ce qui en fait, malgré leur apparente faiblesse physique, les plus redoutables adversaires qui soient. Leur langage est incompréhensible pour deux raisons. Tout d’abord, il faut être relié, comme eux, en permanence à Holíndelle pour comprendre ce qu’ils veulent dire, car une partie de leur parole, de ce qu’ils transmettent ne passe que par ce canal. Si l’on est pas présent à ce moment là, la moitié du discours nous échappera. Mais même pour le cas où l’on parviendrait à écouter une conversation dans son entier (ce qui serait possible pour un Manipulateur), encore faudrait-il arriver à percevoir le niveau de langage au sein des Fléielles et de la mouvance de Holíndelle. Et puis pour le langage que l’on perçoit, il faut bien comprendre qu’il s’agit là d’un langage de dualité. Tout est double : les sons, le sens des phonèmes, des mots, la syntaxe, etc… Et l’ensemble s’articule dans une dualité naturelle du langage particulièrement impénétrable. Parler cette langue est impossible : seul à l’écrit, avec du temps, mot par mot, peut-on espérer parvenir à la traduire. Étymologies Nélé : « l’extérieur » Firmé : « la gens »
La suite devrait exposer la dernière partie de l’introduction sur la disposition géographique et climatique de la Cérénédie.
Dernière édition par Akorion le Mer 8 Juin 2011 - 20:18, édité 2 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: L'ode llandarienne du mythe créateur et la Geste perdue Dim 6 Mar 2011 - 22:35 | |
| Voici la deuxième Publie concernant la Cérénédie. Il clôt l’Introduction. Malheureusement il hérite, comme son prédécesseur, de notes monstrueuses qui, avec les révisions successives, ne firent que croître et gonfler démesurément de volume, à mon grand dam ! J’espère néanmoins que vous y trouverez vôtre intérêt. J’en profite au passage pour signaler que la première Publie sur la Cérénédie a été entièrement révisé de manière à s’accorder avec cette Publie-ci, à corriger les erreurs (nombreuses) que j’avais commises (par ex. néíhèl au lieu de néhíèl) et à introduire les références et la systématisation des accents, des renvois et des symboles/abréviations que je souhaitais. Bonne lecture. C- De nos jours Ce qui est devenu une certitude avec le temps et les courageux navigateurs qui se lancèrent à l’assaut des vagues lointaines, c’est qu’il ne subsiste plus qu’un seul continent : Llantíl Ménévíèl [20], continent qui dépasse en taille, en richesse et en beauté ceux qui l’ont précédé car, malgré leurs différents, les Wëmanath travaillèrent durement pour réjuvéner un monde déjà ancien et accorder une terre propice à l’essor des Mänalíé et à leurs envies. ÷Et c’est sur cette terre nouvelle que se déroule aujourd’hui l’histoire des Humains dont les noms, les peuples et les cultures sont légions, ainsi que celle de ceux que l’on suppose, à tort ou à raison, être les descendants des Wëmanath.÷ Néanmoins, très loin, vers le sud, se trouve, dit-on encore, un archipel de grandes îles, souvenir lointain de l’ère des Æríone et de ce que les Nëhíèl ont appelé "Curaèlomuíríndh [21]". Mais son histoire s’est perdue, mise à mal par le temps et l’oubli et seules quelques légendes obscures du sud-ouest en mentionnent encore l’existence. Enfin, au plus haut du septentrion, environné par les blizzards gelés des Nïnprarh [22], ces ouragans destructeurs, s’étend vaste et souveraine Uchéonothdíl [23] – le refuge enneigé, l’infinie banquise : Quunéan [24]. Ses peuples et ses anciens colons devenus indépendants, sont d’une extraordinaire vitalité malgré le climat. Leurs excursions vers le sud, sur ces mers où la piraterie fait loi et à travers ces lieues glacées où la chasse aux feuilles d’Ürfandríèl [25] attirent encore et toujours moult aventuriers à l’esprit de lucre, sont et resterons pour longtemps le sujet de maints mythes et chansons. Malgré cette beauté, cette magie, il reste, insaisissable, un mystère qui tous fascine : le Sud lointain, le Sud profond, le Sud perdu dissimulé dans les brumes d’Íryoméan [26], tant reculé que son existence même prête le flanc à débat, n’apportant avec lui que le parfum des légendes. 1- Le Continent Il se divise en plusieurs régions, au nombre de neuf (÷mais bien des peuples récusent cette division÷). Dans ses plus grandes dimensions, il fait 24 000 km de long sur 18 000 km de large [NdA : j’ai évidemment adapté les distances à nos usages. D’après les calculs des savants, il est environ trois fois plus grand que la surface habitable de la Terre]. C’est une terre tourmentée, issue de l’histoire ancienne et douloureuse d’Ænotis. Elle est à son image. De grandes chaînes de montagnes la parcourent en tout sens, résultat du Désastre Ænotien et certaines d’entres-elles sont fort hautes et fort dangereuses à franchir, telles la Barrière Tantréenne qui culmine à plus de 11 000 m d’altitude. De très nombreuses îles entourent Llantíl Ménévíèl, principalement vers le sud, îles qui ont contribué à l’essor de la marine. Mais pas uniquement, car avec ses gigantesques mers intérieures, parfois agitées comme des océans, chargées de marins, de voies commerciales et de voiles diplomatiques, la route des poissons reste bien souvent le seul chemin possible pour relier ces terres lointaines. Quant à ses paysages, ils sont variés et parfois extrêmement surprenant pour le voyageur intrépide, tels la Terre Mouvante de Mínmaôrm*° [27], les Arbres Géants de Mangoré* [28], les Gastes Brûlées du Xagarache [29] ou encore les vastes Chaînes Volcaniques d’Úrzugíonaé [30]. 2- La Cérénédie [31] [NdI :Ci-joint, une petite carte de la Cérénédie. A l'exception du titre, aucun nom n'y est porté : il y a des calques qui s'y superposent et qui sont là pour éclairer les migrations. La rose des vents est correcte, mais l'échelle est fausse : il faut lire 280 et non 200. La ligne en pointillée est ici à ignorer.] Se trouvant au nord-est du Llantíl Ménévíèl, la Cérénédie est depuis tout temps considéré comme l’antique patrie de l’Etincelle, un lieu où les légendes se sont construites et où les races qui le peuplent ont, pendant des milliers d’années, lutté contre les servants de Sagaméroth : Angacholtch [32], Kel Oïg-Aroungan* [33], Ívíarúenfangél [34], Lúndûr [35], les Chevaucheurs - Ämaroth [36]. Barrée au sud et à l’ouest par la Cordillère Tantréenne* [37] et au nord et à l’est par la mer Ílíêhèl [38] et l’océan Falaêhèl [39], la Cérénédie fait dans ses plus grandes dimensions, 8 000 km de long sur 5 550 km de large [NdA : mais comme ce n’est pas un parallélépipède, il a une superficie réelle comprise entre celle de la Russie et de l’Afrique, soit environ 22 millions de km².] Après le Désastre Ænotien, une partie des eaux se retira, libérant de nouvelles terres et surtout, faisant émerger à son extrémité de nombreuses îles, traces aujourd’hui lointaines d’un passé révolu où vivent encore les vestiges du grand pays d’Ewe Kaynen* [40]. Sa partie nord, haute et fine, est hérissée de quelques montagnes abruptes et ses côtes sont parsemées d’une multitude d’îlots, mais qui n’ont rien de comparable avec les îles de l’est. Une immense forêt sauvage - Ekulanmpar [41] - s’étend entre ces montagnes et la Cordillère, tandis que de vastes plaines dures et froides descendent vers la mer. Le relief du centre est plus parcellaire, plus chaotique. Là, de nombreux monts découpent le paysage en zones tourmentées, parfois sombres, parfois secrètes mais offrant, à l’abri de roches aux formes envoûtantes, des perles d’une beauté sauvage. Au sein de ces massifs, se déploient de très vastes forêts, dont la plus célèbre Andúmèl [42], est la patrie des Nëhíèl. Trois grands lacs, tenant lieu de mers intérieures, embellissent cette contrée, lieu de rencontre, d’échange, de mixité. Enfin, à l’est, se trouve le pays des vallées, avec ses collines moutonnantes, ses forêts charmantes et giboyeuses et ses plaines grasses et fertiles. C’est la région des grands fleuves, majestueux et paresseux qui s’écoulent lentement vers Falagwé, le domaine des prairies et des pâturages, des vallons et des bois clairsemés où parfois la brume du matin s’immiscent lentement. 3- Le climat La Cérénédie possède un climat tempéré froid. Au nord, ce froid est prenant et le temps sec, bien que sur les versants ouest des montagnes, les pluies soient plus fréquentes lorsqu’il ne neige pas. Les hivers sont longs, les été assez courts et la vie y est rude. Dans les plaines, un vent fort et puissant souffle avec insistance. C’est une région sauvage mais enchanteresse, car on y ressent plus que partout la présence de la nature. Le centre de ce pays est affligé d’un climat très variable, en raison des nombreuses montagnes qui arrêtent et repoussent les nuages ou des vents violents qui au contraire les entraînent à l’occasion au-delà. Les hivers sont très froids mais ne durent pas trop longtemps, l’été y est chaud et souvent sec, agrémenté d’orages courts, intenses, mais fort heureusement assez rarement par des Nïnprarh. Les plus belles saisons sont l’automne et le printemps, les deux saisons les plus longues de l’année où il fait bon vivre. Le climat devient doux, légèrement humide. Une brise rafraîchit l’atmosphère, la pluie y est fine et reposante et au soleil, l’air est chaud et lumineux, sans être étouffant. Une hydrométrie très variée favorise d’ailleurs l’implantation des zones habitées et les monts et montagnes font d’excellentes protections naturelles. Quant à l’Est, c’est la région la plus douce du pays. Ici, l’été dure longtemps. Il est chaud - parfois trop - et ensoleillé, les pluies sont presque inexistantes en cette saison, mais les orages d’une violence extrêmes, les Nïnprarh s’y manifestant pour certains trop fréquemment. L’automne et le printemps sont des saisons qui ressemblent à l’été du centre. Il y a une fraîcheur reposante, une pluviosité idéale pour les cultures, un climat toujours doux. Et quand vient l’hiver, le froid n’est jamais intense. Il est rare que la température descende sous les -10 °C. 4- Le calendrier Nous sommes en 6660 / 6670 du calendrier des Nëhíèl de Cérénédie. L’an 1 débute avec "l’après" Désastre Ænotien. C’est cette date qui servira de référence pour les explications ultérieures. À titre indicatif, la période précédente dura environ 25 000 ans. Elle débuta avec le départ des Æríone d’Ænotis. Les autres ères se perdent dans la nuit des temps. Les sages supposent qu’il y eu l’ère des Ëléade [43], l’ère des Wëmenath, l’ère des Guerres de Sagaméroth [44] et l’ère actuelle, soit quatre ères. Quant à la durée de ces périodes et à l’âge du monde, ils se disputent en vains débats aux conjectures les plus folles. [NdA : mais je pense que l’on peut les chiffrer en millions d’années.] Notes [20] Llantíl Ménévíèl « La Terre Préservée ». C’est le nom communément donné par les Nëhíèl au sol qui les accueille et qu’ils foulent avec reconnaissance. La traduction exacte donne d’ailleurs « l’Accueil de la Mère à l’Âme Sauvegardée ». Étymologies Llantíl est l’agglutination de deux mots : Llan : « mère » Tíl : « l’accueil » Ménévíèl (attention a bien dire [mén / év] et non pas [méné] qui lui, signifie « le néant » !) : Mén : « l’âme » Evíèlflé : « sauvegarder » [21] Curaèlomuíríndh « L’Ere des Llandars » Étymologies Llandar en Néhíèl se dit Curaèl. Omuír : « l’ère » C´est un mot construit sur une racine et un suffixe. La racine est : -ÔM et -HOM (Voir note [7]). "-Indh" est un suffixe qui indique « un moment », « un encadrement de la durée » pour bien marquer un début et une fin. Avec un tel suffixe, on ne parle pas du temps des Llandars, un moment lointain et flou, mais bien d’une période précise, ce qui me fait : 1- pencher pour une origine très ancienne de ce mot, peut-être même avant le Désastre Ænotien, mot qui se serait formé sur la racine -ÔM (nous nous trouvons dans un temps qui s’écoule et qu’il est nécessaire de délimiter) et 2- opter pour le mot « ère » afin de traduire Omuíríndh plutôt qu’âge (qui semble évoquer un moment plus long) ou époque (qui indique franchement un moment dans l’histoire, une phase.) [22] Nínprarh « Les orages mauves » ; « les Mauves » Ce sont des orages d’une violence extrême et particulièrement destructeur. Heureusement fort rares, ils dépassent en force et en taille tout ce que la terre peut concevoir [NdA : ces orages sont probablement dû à la taille d’Ænotis, à sa force de Coriolis supérieure et aux forces d’attraction de ses satellites.] Étymologies Nín : « la couleur mauve » Ce vocable est très probablement dérivé de -NI « une couleur chaude » ou « une couleur issue ou tirant vers le chaud ». Prarh : « orage » (à rapprocher de Prérhenne qui veut dire « la Paisible » [dans le sens de tranquille, sereine]. L’opposition est à noter !) [23] Uchéonothdíl « Le Refuge Enneigé ». Nom donné par les émigrants Kardans (Voir II, A) à cette terre où, poussés par le vent et la force des choses, ils finirent par trouver abris et sécurité. Ce qui est présentée ici est sa traduction néhiélique. Étymologies Uché : « la neige » Onol : radical servant à concrétiser « l’idée d’enfouissement » Son verbe est Onolur « enfouir ». Mais en connexion avec d’autres mots, le sens peut varier : Uchéonol + terminaison verbale calquée sur le troisième groupe en "-ur" : Uchéonolur « enneiger ». Mais il est probable que si, spontanément, un verbe nouveau était conçu à partir de cet ensemble, la terminaison serait régulière : "í-en". Par exemple « recouvert d’eau » Elonolíen, que l’on pourrait éventuellement traduire par « submerger », mais l’ironie du sens disparaîtrait alors. Thdíl : « le Refuge » La prononciation du /d/ tend à disparaître. Il est probable que d’ici à quelques siècles l’on prononce Uchéonothíl. [24] Quunéan « La Banquise Infinie » C’est la terre située au nord de l’extrême pointe de la Cérénédie, à environ 3 000 km à vol d’oiseau. Ce territoire est particulièrement vaste et en grande partie inexploré. Comme c’est toujours le cas dans de telles conditions, des rumeurs et des légendes sont apparues, assurant l’existence de races dont personne n’avait entendu parlé auparavant. ÷À ne considérer que comme contes à dormir debout÷. Étymologies Quu : « infini », terme en lien étroit avec « cyclique » Quú. Ici, infini n’est pas à prendre dans son sens habituel, mais simplement dans celui de très grand, voire d’inconnu. Néan : « la banquise » Je rappelle que ce mot Néhíèl est lui-même la traduction d’une dénomination Hâtre qui traduit à son tour une appellation Kardan (qui atteignirent les premiers ces terres gelées) et que les façons de penser, de voir le monde, les philosophies des trois peuples restent assez différentes. Les Kardans semblaient dire : O’Calan Mantii « le Mur blanc » [NdA : le groupe nominal fonctionne ici un peu comme en français : déterminant, substantif, adjectif qualificatif. "O" est l’article défini qui prend une apostrophe au masculin devant consonne indiquant un montée du ton et un presque redoublement du C. Calan a le sens de « mur », mais pour indiquer une barrière, une limite. Manti « blanc » s’est accordé sur le "O’" et a donc pris un "I" à la fin (peu importe la terminaison du radical.)] Les Hâtre ont traduit cette dénomination par : Chéi Falinccé « les grandes glaces ». [NdA : il n’y a pas d’articles chez les Hâtres et tout repose donc sur le substantif : Falinccé. « La glace » se dit Falo (C’est un terme morphologique [F – Alo] avec un [a :]) et le pluriel Falin « les glaces » et non « des glaces » que l’on dira Faleni. La terminaison -ccé est là pour la désinence, particulièrement raffinée chez les Hâtres. Ici, -ccé indique un "nominatif structurel", c’est-à-dire qu’il ne peut être modifié par sa position ou sa place dans la phrase en raison de son rôle de nom propre. Néanmoins, si la précision est vraiment nécessaire (ou dans un soucis d’effet de style, comme en poésie), les désinences peuvent se rajouter et/ou modifier la flexion. Un nominatif pluriel de Falo se dirait alors dans une phrase : Falincéo. Chéi suit les même règles avec Cho « grand ».] Ces trois exemples me paraissent bien refléter l’approche du monde, la philosophie de chaque peuple. Les Kardans ont une conception plutôt prosaïque, très terre à terre et réaliste. Là où ils ont dû débarquer, s’enfoncer loin dans ces terres gelées signifiait la mort. Il y avait donc une limite pratique à ne pas franchir, simplement pour survivre. En outre, parler de mur les réconfortait, les rassurait : le monde possédait une limite où ils avaient leur place ! Comprendre cette place et s’en satisfaire était pour eux une des voix du bonheur. À l’inverse, les Hâtre ont toujours eu une attitude dominatrice et conquérante. Il n’y a là-bas que des glaces, un peu grandes peut-être, mais rien d’insurmontable pour qui le désir vraiment. L’effort, la volonté, le dépassement, chercher à se surpasser sans se fixer de limites est tout à fait dans l’esprit Hâtre qui a toujours eu bien du mal à se donner des absolus, des contraintes philosophiques définitives. Chez les Nëhíèl, enfin, en plus de constater la vastitude du territoire glacé, ils en appréhendent sa place au sein de la Terre : l’infini n’est pas dans la taille mais dans le renouvellement ; l’impossible n’est pas dans le froid ou l’éloignement mais dans la permanence du renouvellement (notion très importante.) Sans entrer dans des considérations socio-philosophiques (le Quunéan est aussi l’un des chemins de pensée Néhíèl), il n’y a ici ni acceptation, ni confrontation, mais étonnement et recherche au sein de l’inconnu-connu. [25] Urfandríèl « L’Arbre-monnaie » En Cérénédie (comme sur une bonne partie du continent), les feuilles d’Ürfandríèl sont très convoitées car elles servent d’étalon pour les monnaies des différents pays, territoires, clans, communautés. Or, il est connu que des Ürfandríèl poussent avec régularité en Quunéan. Mais si les Traqueurs sont tolérés, ceux qui pillent sans pitiés ces végétaux sont abattus sans autre forme de procès : un métier lucratif, mais qui n’est pas sans risque. Étymologies Urfand : « l’arbre » Dríèl : « la monnaie » Nous avons ici un exemple de non inversion (pour le français, d’inversion en fait pour les Nëhíèl), comme en note [11 bis] mais qui, cette fois n’est pas basée sur une exception d’origine historique. Non seulement l’idée qui dirige le mot est monnaie et non pas arbre, mais surtout il y a eu une fixation sémantique (peut-être abusive) qui a imposée l’inversion. On peut dire que l’on n’agglutine pas le mot, mais qu’on le compose pour former un ensemble plus fort de sens, ce qui se traduit en français par le trait d’union. [26] Íryoméan « Le Mystérieux Sud » Les terres situées au-delà du Grand Archipel, loin, très loin vers le Sud. Étymologies Írí : « le Sud » Íoméan : « Mytstérieux » Deux "í" côte à côte s’assemblent pour former un y (qui a toujours la valeur de deux "í"). Trois "í" donnent, soit íy (í + y), soit un y nanti d’un macron (y + í) – très rare dans les deux cas. [27] Mínmaôrm*° C’est un terme non Néhíèl, probablement dérivé d’une culture Denbent (Voir IV) du Sud. D’après nos donnés historiques, c’est un terme des régions australes qui aurait été rapporté par les Maîtres-Navigateurs Hâtres dans leurs livres de bord. Ils l’ont probablement transcrit directement de ce qu’ils avaient entendu sur place. Il semble ne pas exister de terme en Néhíèl car si la navigation par l’Ouest est connue pour être envisageable, elle est jugée bien trop dangereuse, même en cabotant. Comme ce voyage par l’Ouest est réputé difficile, peu de Capitaines l’entreprirent : les risques de n’en pas revenir (ce qui fut le cas de beaucoup de ceux qui tentèrent tout de même l’aventure) et le faible intérêt commercial, découragèrent plus d’une entreprise. Aussi très peu de témoignages nous sont-ils parvenus et la traduction de ce terme reste discutable. Je propose donc deux versions assez répandues. 1- Min : « les Enfants », qui est une première occurrence possible mise en évidence pour la première fois par le Pr. Hélonius. C’est néanmoins aujourd’hui une interprétation discutable du point de vue sémantique et en raison de la grande perte de crédit dont a souffert son inventeur (cf. Le Conte des Nëhíèl Renégats.) Néanmoins, si l’on pousse cette piste jusqu’à son terme, ce pourrait être un suffixe en accord avec la syntaxe Denbent qui signifierait « fils de », « héritier »… 2- Une autre solution possible serait de lui accorder la valeur du substantif « Soleil », car des racines : -MNG*, -MND* et IN-*) ont été clairement identifiées comme appartenant à la zone sémantique du soleil (de fait, le plus petit.) Par contre, le morphème Maôrm* pose moins de difficulté. Il est presque certain qu’il est issu de l’altération d’Amônaonás ou d’une dénomination proche (les rapports entre les différentes langues issues de cette race sont encore à définir.) On obtiendrait donc soit « les Héritier des Maôrms », soit « Petit soleil Maôrm » (les Amônaonás étant bien sûr « le grand soleil ».) C’est très important car cela viendrait étayer la théorie selon laquelle le pays des Terres-Mouvantes seraient celui d’origine des Amônaonás. Or ces terres sont soit les pénultièmes, soit les antépénultièmes avant ce que l’on désigne comme le Sud Mystérieux. Et il n’existe aucun texte Néhíèl connu qui puisse nous permettre d’étudier cette région lointaine. Nos sources sont donc pour l’analyse de ce mot bien plus rudimentaires et sujettes à caution. Je traduirais pourtant ce terme par les « Héritiers Maôrm° ». [28] Mangoré* De nouveau un terme non Néhíèl mais cette fois-ci bien moins sujet à l’interprétation. C’est un vocable Hâtre d’une des régions centre du sud-ouest. Il provient d’une ethnie dont nous n’auront pas à parler dans les développements ultérieurs, les Irkansés. Mahan Chea Gorcéo : « la Terre des grands Arbres ». Mot qui n’a non pas été traduit mais néhíèlisé, fait relativement peu fréquent, les Nëhíèl empruntant peu aux langues étrangères (du fait de leur longue espérance de vie, très probablement.) [29] Xagarache « Le Havre Maudit » Le Xagarache est une terre anciennement verdoyante qui fut totalement brûlée lors des Guerres de Sagaméroth. Cette zone est pratiquement inhabitable et seuls y survivent les Chk’ar-Cirrek’al. Étymologies Xaga : « maudit » < -XGA « ce qui subit une transformation négative » (souvent, qui affecte le comportement.) Raché : « le havre » (dans le sens d’un lieu abrité et calme.) [30] Úrzugíonaé « La vie ensemencée par la désolation » Étymologies Úrz : « la désolation » Ugíonen : « ensemencer » Æ : « la vie » [31] Cérénédie « Les Trois Monts » En fait, à l’origine, il s’agissait d’une petite région cernée par trois hauteurs où vivaient les Nëhíèl. En raison des guerres et des invasions successives, ils ont dû se replier vers le Sud pour finalement trouver refuge en Andúmel. Néanmoins, ils ont conservé le terme de Cérénédie pour désigner leur patrie. Puis, en raison des mouvements migratoires, des flux de populations et des jeux politiques, petit à petit, le Néhíèl s’est imposé comme langue diplomatique (÷mais pas commerciale ! ÷) et la désignation politique de cette unité géographique où fut amenée à vivre et à se côtoyer plus d’une centaine de cultures différentes finie par s’appeler pour tous et par tous la Cérénédie (d’où l’absence de barre sur le i, cette accentuation ayant été abandonnée pour le Néhíèl diplomatique ou de Cours, tout comme son pluriel. On devrait écrire : Cérénëdíè.) Étymologies Céré : « trois » Nédíèn : « le mont » (même remarque que pour Urfandríèl concernant l’inversion sémantique.) [32] Angacholtch « L’Exécuteur », farouche adversaire des Briaés (Voir V) et des Denbents. Etymologies Anga : « ce qui donne », « ce qui délivre » (mais pas libérer), avec Angaíur « délivrer » et Angéflé « donner » Choltch : « la mort », dans le sens de fin brutale, d’un événement non prévu, par opposition à une mort plus douce due à la vieillesse par exemple ou prévisible, comme une maladie. [33] Kel Oïg-Aroungan* C’est une appellation Denbent (Voir IV) qui est entrée dans l’usage. Les Nëhíèl disent Mothríarèl « l’Ombre mortelle », une menace venue des Terres Englouties du nord. Étymologies Kel* : article défini « la » Oïg-Aroungan* : « ombre-mortelle » Mothrírr : « mortelle », avec Moth « la mort » < la racine-déterminante –OTH, pour les « choses/êtres morts ». Arèl : « l’ombre » [34] Ívíarúenfangél Mot à mot « le Fauve sanglant », c’est-à-dire, « la bête assoiffée de sang », d’où « Le Sanguinaire », dont les textes assurent qu’il fut à l’origine de « la Guerre des trois Frères » Céréflëralèl Angaras. Étymologie Úenfangél : « sanglant » Úen : « le sang » Ívíar : « le fauve » (l’animal) Mot en -ar nécessitant l’inversion (Voir note [11 bis]) [35] Lúndûr « Le Maître des Chevaucheurs », le dernier grand adversaire que les peuples du nord durent affronter et dont nul ne sait aujourd’hui s’il est effectivement retourné au Néant dont il fut issu. Son nom signifie « Volonté de Fer », « le Volontaire » dans le sens de celui qui a beaucoup de volonté. Il se l’est donné personnellement, étant un Etémen (Voir III, B). Mais les Nëhíèl l’ont surnommé Varaféwé « le Chiot-esclave », « le Serf » ou « le Nègre », ce qui est une insulte particulièrement dégradante. Il fut aussi nommé Éekaan* (nous dirions Ecane), puisé dans les vocables llandariens. Étymologies Lún : « le fer » Dûr : « la volonté » Vara : « l’esclave » Féwé : « le chiot » Éekaan* : « le Serviteur » [36] Ämaroth « Les Chevaucheurs » Étymologies Amar : « le cheval » < AMM- pour désigner ce qui fait références aux équidés et plus particulièrement au cheval. Parfois seul la présence d’un "â" marque cette origine. Notons : Amaríen « chevaucher » et Amarcal « cavalcade ». -OTH : Voir note [33]. On pourrait éventuellement traduire par « les Mortcavaliers ». [37] La Cordillère Tantréenne* Parfois appelée la Barrière Tantréenne. Tantrée est un mot d’origine Hâtre qui signifie « les Monts de la Colère » (sous-entendu, du Ciel) en raison des vents violents, des orages et parfois des tempêtes de neige cinglantes qui s’y déclenchent. L’expression a été francisée pour correspondre à la traduction original du texte, ainsi : Tantréenne. Étymologies Tan : « les monts » < du singulier : Tyn Treen : « la colère » En Néhíèl, on dira Caëlhèlth Olovénëdíèn, avec : Olov : « la colère » Nédíèn : « le mont » Caèl : « la cîme », « le sommet » Hèlth : « grand », « massif » [38] La mer Ílíêhèl Appelé « la Déferlante » (mais aussi ponctuellement « Mer du Nord ») en raison du caractère assez épouvantable de ses eaux, passé les cinquante milles marins. Il y a en ces endroits des courants froids et puissants qui se rencontrent, provoquant des vagues de plusieurs mètres de haut, des murs d’eau solides terriblement dangereux à affronter, puis, encore plus loin vers le nord, les nombreux icebergs dérivant. Les vents sont tournoyants et nombreux, mais empêchent bien souvent la formation de masses nuageuses qu’ils repoussent vers l’intérieur des terres. Bien qu’affronter cette mer provoque un étrange resserrement de l’estomac chez tout marin qui se respecte, un capitaine expérimenté et habile, assure toujours à l’armateur généreux une traversée sans soucis, les Nïnprarh y étant rarissimes. Étymologies Ílíen : « déferler » Êhèl (ou Ehhèl) : « la mer » ou « l’océan ». Il n’existe que ce mot pour les deux termes car il désigne toute étendue d’eau non cernée par les terres. Il ne peut donc y avoir de différence entre mer ou océan. [39] L’océan Falaêhèl « L’océan d’azur », « l’Azurée » Étymologies Fala : « azur », parfois « le bleu du ciel ». Êhèl : voir note [35] [40] Ewe Kaynen* Ce n’est pas du Néhíèl, mais du Kulubréo, un peuple supposé disparu appartenant à la race des Utes (Voir VII). Ces terres ont été submergés par les eaux lors du Désastre Ænotien. Mais plusieurs dizaines d’années plus tard, la mer s’est retirée, révélant les hauteurs des terres disparues et formant de nouvelles îles, assez nombreuses. Peu à peu, et malgré d’importantes et très longues guerres (militaires, commerciales et politiques) pour la possession de ces îles, elles finirent par passer sous la domination discrète mais totale des Äkíén (Voir la partie III, B). En langage Kulubréo, Ewe Kaynen signifie « Le Royaume des eaux », non en raison de son engloutissement, mais de son caractère côtier. Les Nëhíél ont conservé plus ou moins cette appellation dans leur parler : Ëlwéméaldwé Étymologies Él : « l’eau » Wéméal : « le pays » Wémaldwé : « le royaume » [41] Ekulanmpar « La forêt redoutable » C’est le nom donné à l’immense forêt se trouvant au nord-ouest de la Cérénédie, forêt qui ferme les Monts de la Colère et protège (ou emprisonne) la vaste bande de terre qui s’avance dans Ílíêhèl. C’est une forêt sauvage, sorte de no man’s land à laquelle, à l’exception de quelques Ëtémén (voir la partie III, B), aucun royaume ni aucun peuple n’eut jamais de revendication territoriale : bien trop difficile à conserver et à exploiter. Étymologies Eku : « redoutable » Lanmpar : « une forêt de résineux » (en majorité) [42] Andúmél « La Cristal-Source » C’est le nom du royaume Néhíèl. Plusieurs ouvrages ne suffiraient pas à épuiser tout ce que l’on pourrait dire concernant ce pays. Les Nëhíèl l’ont chanté, déclamé, défendu, protégé, sont morts et ont souffert pour lui et l’aiment comme on chérit le souvenir de ce qui jamais ne reviendra. La forêt est très étendue (au moins 2 000 km dans sa plus grande longueur), mais n’est bien évidemment pas composée que de forêts. Il s’y trouve des collines, des monts (parfois très élevés), de vastes rivières aux bras chargés de marais enchanteurs et le plus grand lac de Cérénédie, Túméagnor [42 A], la limite des terres autorisées pour les autres races. Dans les régions qui ont été portées à la connaissances des étrangers, citons Ëzèltulraoran « les Saints-Monolithes » [42 B], Camafaékahulé « le Cimetière du chant des espoirs » [42 C], Mëluèlorolímé « la Vallée aux murmures cristallins » [42 D], Ëssévaya « la Plaine aux échos » [42 E] et le redoutable Anarèl « le Bois des ombres » [42 F]. Andúmél peut éventuellement être nommé la Cérénédie (Voir note [31]), mais sa nouvelle appellation, tirée de Mëluèlorolímé est de nos jours celle qui est employée par tout le monde. Étymologies Andú : « la source » Mél : « le cristal » > Méluen « cristallin » Car il est dit, qu’au cœur de la vallée, parmi d’innombrables ruisseaux, sourd une source d’où s’épanche un cristal liquide, dernier don offert par les Llandars aux Nëhíèl. [42 A] Túméagnor Gnor : « la marche », « la fin des terres », au pluriel irrégulier : Génri « les Marches, les Marches frontalières » < EGN « limite » Túméa : « poissonneux » < Túm « le poisson » < LTU : ce qui est dans l’eau Seuls les accès nord et est du lac sont autorisés aux étrangers, ainsi que l’ensemble de ses rives pour qui y accoste par navire. Car ne nous y trompons pas : dans ses plus grandes dimensions, Túméagnor atteint quasiment 400 km de long et de grands ports de commerce sont bâti le long de ses côtes. [42 B] Ëzèltulraoran Ézèl : « saint » (mais sous cette forme ni « sacré » ni « sanctifié », voir la note [16]) < Éthèl. Cette forme d’écriture ancienne et sa prononciation sont encore admises, cf. Ëthèldwé. Elle provient du fait qu’aux origines l’Oménélé était une activité sacrée, réservée à ceux que l’on pensait auréolés de la gloire des Ëléade. Bien sûr, les millénaires passant, cette façon de voir s’est modifiée et le mot avec lui (Voir aussi ci-dessous Éssé). Tulíen : « lever » > ici Tul qui n’est pas conjugué et dont seul le radical subsiste. Raoran : « la pierre » avec < AORA « pour quelque chose de minérale, d’origine minérale » [42 C] Camafaékahulé Cama : « espoir » < Cma « projeter au loin » Faé : « le chant », à rapprocher de Faér « le miroir », la voix, la parole, le langage étant considéré comme « le reflet de l’âme », le Mènéfaér. Kahúlé : « le cimetière » où l’on trouve la composition suivante Kah : « le défunt » Húlé : « le passage », « l’ouverture » Il y aurait de nombreux sujets d’études à entamer sur les rites funéraires de ce peuple. La coutume actuelle consiste plutôt à brûler le mort au-dessus d’une surface aqueuse et d’enfermer dans un coffret parfois somptueux les cendres accompagnées d’objets symboliques et psychopompes faisant le lien entre l’oubli et le renouveau. Le coffret (qui de fait peut revêtir de nombreux aspects de formes comme de destinations) est généralement enterré au sein d’un cimetière dont l’accès (celui de la tombe) est tabou de nombreuses années. [42 D] Mëluèlorolímé Pour Méluèl, voir ci-dessus, note [42]. Orolé : « le murmure » < Oro « le souffle » Ímé : « le vallée » [42 E]Ëssévaya Essé « l’écho ». Ici nous trouvons une différence importante entre l’Echo et l’écho (à mettre en relation avec les notes [16] et [42 B]. Le premier terme est un mot réservé aux Öménèlquoèl, servant à décrire une des théories de l’Etincelle. Ce mot est généralement écrit Éthél et prononcé [é: Bél]. Éssé, construit sur la même racine (car il y a une même origine sémantique qui est llandarienne : ETH < Ĥĕēhhęel* [NdI : ce mot ne correspond pas à l’écriture llandarienne, mais faute de diacritiques adaptées…]) a évolué différemment et indique clairement un simple effet sonore. Néanmoins, bien des Manipulateurs, peut-être abusés par le sens, ont tenté de gagner Essévaya pour y découvrir les secrets de l’Oménélé néhíèlique. Et ils l’ont tous amèrement regretté. Ce qui malheureusement amenèrent les autres à penser qu’ils n’avaient peut-être pas si tort ! Vaya : « la plaine » [42 F] Anarèl Anar : « couverture forestière, surface boisée » Arèl : « l’ombre ». Ce bois est le sujet de légendes toutes plus horribles les unes que les autres qui le supposent hanté par une très ancienne Néhíèl, morte depuis des siècles : Daéldordwín. Le fait est que cette région, située au sud de la forêt, est passablement déserte, en dehors de toutes les routes connues et qu’elle tire plus probablement son patronyme des ombres immenses que projette parfois la Cordillère Tantréenne dont elle borde les pieds. [43] L’âge des Ëléade Æríonomuíríndh Voir les notes [1] et [21] pour plus de précisions sur les étymologies. Cet âge est censé être le plus long de tous les âges connus. Mais personne n’en a en fait la moindre idée. Il faudrait interroger les Æríone, ce qui curieusement n’a pas encore été proposé par les scientifiques et les philosophes. [44] L’âge des Guerres de Sagaméroth Sagamérothël Ängaromuíríndh Voir les notes [11], [11 bis] et [21] pour plus de précisions. Étymologies Seul -ël mérite ici un éclaircissement. C’est la première flexion neutre (il n’y a ni masculin, ni féminin en ce cas précis) pour les articles des êtres animés qui sont considérés comme en-dehors du monde. ÷Néanmoins, de part le rôle joué par Sagaméroth, bien des penseurs estiment qu’il n’est plus moralement acceptable de continuer à l’appeler ainsi. Ils suggèrent de laisser la flexion -oth ayant valeur pour les choses mortes définir ce monstre responsable du Désastre Ænotien. ÷ La prochaine Publie concernera l’histoire (succincte) et les migrations des Humains en Cérénédie, en commençant peuple des Kardans. |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: L'ode llandarienne du mythe créateur et la Geste perdue | |
| |
| | | | L'ode llandarienne du mythe créateur et la Geste perdue | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |