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 Les fembotniks 2

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Anoev
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Vilko

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyMar 5 Déc 2023 - 12:32

Anoev a écrit:
Quelle est la devise moschteinienne, d'jà ? Ce s'rait toujours mieux que d'compter en $, non ? Après tout, y sont sur le continent européen, même si le Moschtein n'est pas dans l'UE (tout comme la Suisse, en somme), je m'rappelle plus ce que nous en a dit PdT.

La devise moschteinienne est le Chtok, mais la fortune de Hottod Wirdentáz est en ducats mnarésiens, en dollars, yens japonais et autres devises, éparpillées dans plusieurs pays. Hottod compte sa fortune en dollars, c'est plus commode pour lui et pour Sofia, qui n'est pas encore familière avec le Chtok.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyMar 13 Fév 2024 - 13:39

Ce soir-là, l'une des chaînes de télévision moschteiniennes présentait un reportage sur Hyltendale, la nouvelle capitale du Mnar. Hottod et Sofia décidèrent de regarder l'émission. Confortablement assis sur le canapé du salon, ils écoutaient la voix lente et bien modulée du présentateur, pendant que défilaient des images :

« Hyltendale est située entre la Mer du Sud, qui est une partie de l'Océan Pacifique, à la latitude de la Californie et du Japon, et, au nord, la Forêt de Potafreas, où se trouve la résidence royale, que l'on n'ose pas appeler un palais parce qu'elle ressemble trop à la forteresse militaire qu'elle est aussi, avec ses murs de béton sans fenêtres mais qui cachent de luxueux appartements donnant sur des jardins intérieurs. La reine Modesta y réside.

À l'ouest, la rivière Skaï, qui est en réalité un fleuve, avec un estuaire sur lequel les Mnarésiens ne se sont jamais décidés à bâtir un pont. Le premier pont ne se trouve qu'à Ulthar, à 160 km en amont. Cette anomalie est un reste de l'époque, assez récente, où la région était la plus pauvre du Mnar, avant de devenir la plus riche.

À l'est, la Côte d'Ethel, avec ses riches villas et le port robotisé de Qopoen. Au nord de la Côte d'Ethel, et à l'est du district de Roddetaik, le nouveau district de Yitiks, bâti sur une ancienne zone agricole. »

Hottod, intéressé, écouta plus attentivement. Lorsqu'il habitait encore à Hyltendale, Yitiks n'existait qu'à l'état de chantier.

« Grâce à Yitiks, Hyltendale atteindra, et probablement dépassera, les deux millions d'habitants, à égalité avec Céléphaïs, la deuxième ville du royaume. À Yitiks, qui est encore en construction, la plupart des gens habiteront dans des petits immeubles et travailleront comme jardiniers dans les Jardins Prianta ou comme traducteurs pour l'Institut Edonyl. Innovation d'importance, les Jardins Prianta y seront installés sur des balcons et dans des immeubles, dont les étages reposeront sur des piliers et seront dépourvus de murs. Il sera ainsi possible d'avoir une grande densité de population qui habitera à proximité immédiate de ses lieux de travail. »

Hottod, un bras autour des épaules de Sofia, savait déjà tout cela. Les humanoïdes et les cybermachines peuvent faire tout ce que font les humains, mais tant que ceux-ci existent, il faut bien leur donner quelque chose à faire, sinon ils se révoltent, se dit Hottod. Au Mnar, c'est une banalité de dire ça. Nourrissez un homme à ne rien faire, et il va tomber dans le vice et le crime. La solution c'est de faire dépendre ses revenus, même modestes, d'un travail, quel qu'il soit. Hottod ne put s'empêcher de sourire. Au Moschtein, un tel discours aurait été considéré comme scandaleux.

Des immeubles neufs apparurent sur l'écran, tous ayant entre cinq et dix étages et des balcons verdoyants. Dans les rues, des piétons, vêtus à l'occidentale mais visiblement mnarésiens, vaquaient sans se presser à leurs occupations. La plupart des voitures et des camions étaient électriques (Hottod reconnut différents modèles), un fait rendu possible par le bas prix de l'électricité, produite par la "géothermie profonde", une technologie des cybersophontes.

« Les Jardins Prianta sont spécialisés dans la production et l'expérimentation d'espèces végétales génétiquement modifiées. Le Mnar a ainsi développé des variétés de riz qui poussent dans l'eau salée, faisant de ce pays un exportateur de produits agricoles. L'Institut Edonyl a pour mission la traduction en langue mnarruc de tous les livres, périodiques et documents sonores produits dans le monde, une œuvre gigantesque, financée par les cybersophontes. »

Hottod hocha silencieusement la tête. Les cybersophontes tenaient l'économie du pays, et reversaient aux humains une partie de la richesse produite, sous forme d'emplois non rentables, mais dont l'objectif réel était de contrôler la population. Quand votre survie dépend de votre job, et que votre job dépend du bon vouloir des cybersophontes, vous vous taisez, c'est aussi simple que ça.

Sur l'écran du téléviseur, une carte de la vile d'Hyltendale apparut, montrant, au nord, une vaste étendue verdoyante, bordée à l'ouest par la rivière Skaï et s'étendant presque jusqu'à Ulthar, au nord-ouest. Nettement plus loin, au nord-est, on voyait la ville de Pnakot, très importante pour les Mnarésiens car c'est là que pendant les Temps Légendaires le grand-prêtre Barzaï a mis en ordre et laissé dans un temple la version définitive des Manuscrits Pnakotiques, avant de retourner à Ulthar et de trouver la mort sur les hauteurs du Hatheg-Kla.

« Cette région, c'est l'Ethel Dylan du Nord, le Lippold comme disent les Mnarésiens. Des êtres humains y habitaient autrefois, ils avaient même leur propre dialecte, aujourd'hui disparu. Depuis quelques dizaines d'années, ils sont tous partis vers Ulthar, Hyltendale ou Khem, sur le côte sud. Certains ont vendu leurs terres aux cyberlords, tel est le nom que l'on donne aux humains qui sont les maîtres des cybersophontes. D'autres ont été expulsés de la région pendant la guerre civile. Des centaines de villes et villages ont été rasés et rendus à la nature » dit le présentateur de sa voix ronronnante.

Hottod soupira. La guerre civile n'avait duré qu'un an, mais au moins un million de Mnarésiens avaient été tués, sur une population d'une soixantaine de millions d'habitants. Les théocrates de Yog-Sothoth s'étaient révoltés, ils avaient voulu renverser la monarchie et installer une théocratie, une dictature du clergé, et le résultat avait été désastreux pour eux. Feu le roi Andreas avait gagné la guerre grâce aux cybersophontes mais il n'avait eu d'autre choix, ensuite, que de leur donner le pouvoir réel en paiement de leurs services.

Des images défilèrent. Des champs cultivés où travaillaient des robots ressemblant à des araignées géantes, des plantations d'arbres, des routes où circulaient des tracteurs tirant des remorques, des collines boisées. Un pays paisible et verdoyant.

« Les seuls habitants du Lippold sont des robots, y compris des robots humanoïdes. Quelques routes et voies ferrées traversent le pays du nord au sud, mais la plupart des routes ont été privatisées et sont fermées au public. »

Un mur de béton, en assez mauvais état, apparut ensuite sur l'écran.

« Ce mur est celui de l'usine à compost de Nagabuwa. Ele est actuellement désaffectée. Pendant des années du compost y a été fabriqué à partir de cadavres d'êtres humains, la plupart de ces êtres humains étant des victimes de la politique criminelle du roi Andreas, qui a utilisé pendant son long règne les méthodes les plus cruelles pour exterminer ses ennemis. C'est à cause de lui que deux millions de Mnarésiens se sont exilés. Aujourd'hui, sous le règne apparemment plus clément de sa fille Modesta, les dissidents sont envoyés à Lazné, une ville pénitentiaire située dans les steppes du nord, près du plateau de Leng. Lazné est une ville fermée, et on ignore ce qui s'y passe, mais le fait est que bien peu de prisonniers en reviennent. »

« Je m'en doutais, il fallait qu'ils montrent le mauvais côté du Mnar ! » s'exclama Hottod.

« Tais-toi, le mauvais côté, j'en ai fait l'expérience ! » cria Sofia, faisant allusion au séjour qu'elle avait fait dans la prison de Tatanow et ensuite comme cuisinière dans une auberge du Lippold.

« Et je sais comment tu es devenu riche ! » ajouta-t-elle, venimeuse, tout en restant blottie contre Hottod. Celui-ci ne répondit pas. Avec Sofia, il valait mieux ne pas argumenter, cela ne servait à rien. Si cela gênait vraiment Sofia de vivre avec un profiteur de crimes contre l'humanité, ce qu'était Hottod, elle ne serait pas venue vivre avec lui.

« Aucun humain ne réside plus au Lippold, sauf quelques cuisinier goûteurs de nourriture dans les auberges, les humanoïdes n'ayant ni odorat ni sens gustatif. » continua le présentateur.

L'écran montrait maintenant l'image d'une auberge, un bâtiment à deux étages, à la fois café, restaurant et hôtel, au bord d'un route.

« Des humains traversent le Lippold en voiture, ils ont besoin de se restaurer, de se détendre un peu, et parfois même de dormir. Tous les trente kilomètres environ, il existe des hameaux, composés d'une aire de repos, avec des tables et des bancs pour pique-niquer et des toilettes publiques, d'une auberge, d'un poste de police et d'une station-service. »

« Ces hameaux sont tous situés à l'intérieur d'un rond-point afin que les automobilistes puissent y accéder sans danger, quelle que soit la direction dont ils viennent. Le poste de police, où ne travaillent que des humanoïdes, dispose d'une infirmerie où les voyageurs malades ou blessés peuvent recevoir les premiers soins. »

La caméra passa brièvement sur un androïde en uniforme vert, un pistolet automatique à la ceinture, debout devant un minibus, puis s'attarda plus longuement sur la station-service, adossée à un atelier où deux androïdes en blouses grises étaient en train de s'affairer sur un moteur de voiture.

La première partie de l'émission se terminait. La deuxième partie consistait en un débat entre plusieurs Moschteiniens spécialistes du Mnar, ou se prétendant tels.

« C'est scandaleux, ils n'ont même pas dit que les cuisiniers goûteurs sont des prisonnières venues de Tatanow, qui purgent leur peine dans une auberge du Lippold ! » s'exclama Sofia.

« Travailler dans une auberge, c'est un traitement de faveur... » objecta Hottod.

Sofia répondit par une bordée de jurons en romanais, que Hottod ne comprit pas mais dont le sens n'était pas difficile à deviner. Elle rejeta avec colère le bras que Hottod avait passé autour de ses épaules. Il préféra se taire. Au Moschtein, jamais une jeune mère de famille, issue qui plus est d'une famille aisée, ne parlerait ainsi, mais Sofia était romanaise et rebelle dans l'âme. Son tempérament exalté l'avait conduite, plusieurs années auparavant, à brûler en public, à Hyltendale, un portrait du roi Andreas, ce qui lui avait valu un séjour en prison. Elle aurait pu y rester dix ans si son père n'avait pas payé un million de dollars pour sa libération. La corruption organisée qui existe au Mnar a parfois du bon.

« Regardons le débat » dit Sofia. « Je suis sûre que ces cons en savent moins que nous sur le Mnar. J'ai bien envie d'écrire un livre sur ce que j'ai vécu là-bas. »
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyMar 13 Fév 2024 - 14:19

J'arrive maintenant à localiser quelques villes et régions du Mnar. Y a donc la Skaj, qui a son estuaire au sud du pays. Hyltendale en rive gauche, Parg, en rive droite. Pas de "pont de Normandie". Le pont le plus proche en amont, le Tancarville mnarésien, se situe donc à environ 160 km au nord, pile à Ulthar. J'arrive à situer le plateau de Leng, au nord. Toutefois, je n'arrive toujours pas à situer Celeqbajs et Sarnath (celle-ci étant l'ancienne capitale) par rapport à des cités comme Hyltndale (capitale actuelle) et Ulthar. Toutefois, Yitiks et Qopoen (côte d'Ethel) se situraient sur la côte, à l'est donc d'Hyltendale, sur un littoral de xxx kilomètres. Ultar est-il la capitale du Lippold, ou bien cette région est-elle nettement plus à l'est ? en amont direct (même méridien) que Qopoen ?

J'ai une vision très approximative du Mnar, beaucouplus approximative que toi en as de l'Aneuf (vu les cartes, bien que très sommaires dont tu disposes).

Avec une carte du Mnar et ses différentes divisions administratives (provinces, régions, districts), je pourrais me faire une idée sommaire (à toi de préciser ensuite) des différentes dessertes ferroviaires du pays, et évidemment aussi, les lignes internationales vers l'unique (?) voisin terrestre qu'est la Cathurie.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyMar 13 Fév 2024 - 17:47

Sarnath est à 750 km au nord-ouest d'Hyltendale. C'est la ville la plus peuplée du pays, avec trois millions d'habitants, et jusqu'à très récemment c'était la capitale. Céléphaïs est également à 750 km d'Hyltendale (environ) mais à l'est, sur la côte sud. Mille kilomètres à l'est d'Hyltendale, au-delà du Pacifique, c'est la Californie.

Ulthar est la capitale de la province d'Ulthar, au nord-est du Lippold. À côté du mnarruc standard on y parle un dialecte spécifique.

Qopoen est sur la côte sud, à une vingtaine de km à l'est d'Hyltendale. Comme le reste de la Côte d'Ethel il fait partie de la province de l'Ethel Dylan, dont Hyltendale est la capitale.

Géographiquement la Cathurie est au Mnar ce que le Portugal est à l'Espagne, mais le Mnar est beaucoup plus gros par rapport à la Cathurie que l'Espagne par rapport au Portugal. Les relations sont aussi tendues entre la Cathurie et le Mnar qu'entre l'Ukraine et la Russie, mais restent pacifiques parce que les États-Unis ont installé des bases militaires en Cathurie. Il y a toutefois peu de soldats américains en Cathurie : ils savent qu'en cas de guerre ouverte entre les États-Unis et le Mnar, leur espérance de vie serait courte...

Les Cathuriens essaient de faire de leur dialecte une langue distincte du mnarruc, pour renforcer leur statut de nation distincte des Mnarésiens. La Cathurie a fait partie du Mnar jusqu'au 19e siècle, quand les contacts avec les Européens et les Américains ont provoqué la dislocation du royaume du Mnar, capitale Sarnath, qui comprenait aussi l'île de Baharna, au sud-est d'Hyltendale. Le royaume de Baharna a réussi à conserver à la fois son indépendance et de bonnes relations aussi bien avec le Mnar qu'avec les États-Unis grâce à l'habileté de ses diplomates.

Au nord du Mnar, c'est le plateau de Leng, immense et glacé, qui s'étend jusqu'au cercle polaire arctique. Les populations qui y habitent ressemblent physiquement aux Esquimaux mais vivent plutôt comme des Mongols, avec des troupeaux de yaks. La langue locale, le lengruc, est très différent du mnarruc mais en voie de disparition, les rois du Mnar ayant interdit son usage écrit.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyMar 13 Fév 2024 - 18:50

Dans tout ça, tu ne nous a pas dit où se situait la frontière mnaro-cathurienne. J'verrais bien l'pays situé à l'est :  face à la Californie du nord et à l'Oregon, ce qui en fait une position toute trouvée pour un pays-satellite des États-unis. Y a-t-il, malgré cet état de guerre froide entre le Mnar et la Cathurie, des trains qui passent la frontière, comme c'était le cas par exemple pour l'Orient-express, l'Ost-West-express et d'autres trains franchissant régulièrement le Rideau de Fer entre les années '50 et les années '80 ?

Y a-t-il une ou des communes traversée(s) ou séparées par une frontière (officielle : Berlin, jusqu'en 1990, Komarom (Mg)/Komarno (SK), Gorizia (It)/Nova Gorica (Slo), Jerusalem-ouest/Jerusalem-est (capitale de la Palestine, envahie par le Tsahal), encore aujourd'hui ; officieuse, entre les deux parties de Belfast*) ?



*En Aneuf, y a Nezhank, à l'ouest, au Santes et Neƌanka, à l'est, en Pande. Le passage, depuis la fin des années '80 s'est bien normalisé, mais les deux municipes, bien qu'ayant des relations sans ombrage actuellement, sont indépendantes l'un de l'autre, puisque faisant partie de deux provinces différentes. Sinon, en France, y a St-Pierre d'Entremont, à cheval sur deux départements.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyMar 13 Fév 2024 - 19:45

La Cathurie est située au sud-ouest du Mnar, comme le Portugal par rapport à l'Espagne. Le trafic ferroviaire n'a jamais existé entre ces deux pays, les relations étant tendues depuis la sécession de la Cathurie au 19e siècle, ce qui a empêché toute coopération pour construire des voies ferrées, encore inexistantes à l'époque dans cette région du monde. Les rois qui se sont succédés à la tête du Mnar ont toujours envisagé une reconquête de la Cathurie, mais n'ont jamais osé passer à l'acte, pour plusieurs raisons, la principale étant que les États-Unis auraient sauté sur le prétexte pour envahir le Mnar.

Il faut se souvenir que les États-Unis ont été eux aussi une puissance coloniale. Les Philippines ont été sous domination américaine de 1898 à 1946. L'Ooth-Nargaï, la région dont Céléphaïs est la capitale, a eu au 19e siècle, pendant une vingtaine d'années, un roi d'origine américaine, Kouranès, un aventurier californien qui avait pris un nom mnarésien. À la mort de Kouranès, l'Ooth-Nargaï, qu'il avait constitué en royaume indépendant, fut reconquis par l'armée mnarésienne.

La Cathurie est un État qui s'est créé sur une base linguistique, à savoir les limites approximatives du dialecte cathurien, lui-même divisé en de nombreux patois locaux. Les limites du dialecte passent entre les villes et les villages, jamais à l'intérieur même des agglomérations.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyMar 13 Fév 2024 - 20:22

Compris-saisi. Dommage un peu, quand même, j'imaginais déjà des gares où les trains étaient en stationnement pendant une bonne heure*, tandis que la douane et la police de chacun des pays examinaient au peigne fin les passeports et les bagages de quelques voyageurs aventureux essayant de passer la frontière pour quelque prétexte que ce fût : du vrai John leCarré ! Quand je passai mes vacances en Allemagne, le train resta pendant quarante bonnes minutes à la gare-frontière interallemande (1985) entre Plauen (Saxe, DDR à l'époque) et Hof (Bavière, BRD).


*Là d'ssus, j'aurais même imaginé un changement d'écartement des rails, comme en Australie, entre la Victoria (cap. Melbourne, écartement large, le même que celui de l'Irlande) et les nouvelles Galles australes (cap. Sydney, écartement UIC).

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyVen 26 Avr 2024 - 11:21

GIDREL SUR LA SELLETTE

Le reportage sur le Mnar, que Hottod et Sofia regardaient sur leur téléviseur grand écran, dans leur salon confortable, chez eux à Moschbourg, se poursuivait par un débat. Stupéfaits, ils reconnurent Gidrel Vitoch parmi la dizaine d'invités. Ils entendirent Ander Papadem, le présentateur, s'adresser à elle :

— Gidrel Vitoch, vous êtes une universitaire de très haut niveau, l'une des rares Moschteiniennes à maîtriser aussi bien le mnarruc moderne que les dialectes archaïques, écrits en idéogrammes qui n'ont pas tous été déchiffrés, des parties les plus anciennes des Manuscrits Pnakotiques, le livre sacré de la religion mnarésienne. Vous avez enseigné le moschteinien pendant plusieurs années au Mnar, à l'université de Céléphaïs, et récemment vous avez choisi de prendre votre retraite à Hyltendale, dans une autre province mnarésienne. Pourquoi avez-vous choisi de rester au Mnar, ce pays, où, nous venons de le voir, la monarchie au pouvoir a du sang sur les mains ?

— Tout d'abord, j'ai choisi de prendre ma retraite au Mnar, en effet, mais je reste moschteinienne, c'est pourquoi je suis ici en ce moment, pour respirer à nouveau pendant quelques semaines l'air du pays natal.

— Vous n'êtes pas venue seule, m'a-t-on dit...

— En effet, je suis venue avec Remo, mon assistant humanoïde.

— Alors, peut-être pourrez-vous nous dire ce que cela fait, de vivre avec un humanoïde... ?

« Rien de spécial » répondit Gidrel plutôt sèchement.

Sofia gloussa. Lorsqu'ils vivaient encore au Mnar, Hottod et elle avaient rencontré Gidrel. Il était notoire que les humanoïdes étaient plus que des assistants pour les humains qui les employaient. De simples domestiques, ils devenaient rapidement des confidents, et même des amants et maîtresses. Gidrel, qui devait faute de moyens financiers se contenter d'un androïde modèle Gus, guère plus grand qu'un nain, n'allait sûrement pas reconnaître que Remo était son compagnon de vie.

Papadem passa ensuite aux autres invités, tous des Moschteiniens censés être des spécialistes du Mnar. Il y avait des économistes, d'anciens diplomates, un député fédéral, et même un colonel à la retraite. Tous étaient des habitués des plateaux de télévision. Hottod s'attendait au pire : ces "spécialistes" avaient l'habitude de donner leur avis sur tous les sujets, aussi bien économiques que politiques, mais à part Gidrel, aucun ne parlait couramment le mnarruc.

Le colonel, un certain Vittil, n'y alla pas par quatre chemins :

— Moi je trouve que la reine Modesta, devenue reine à vingt-deux ans si ma mémoire est bonne, a bien de la chance. Lorsqu'elle est montée sur le trône, les États-Unis étaient sur le point d'attaquer le Mnar, en réponse aux atrocités commises par son père le roi Andreas...

« Un prétexte ! » rugit Gidrel.

— Peu importe... Le fait est que le Mnar était dans une situation difficile, et aurait sans doute subi le même sort que la Serbie en 1999 ou l'Irak en 2003, sans le soutien d'Orring...

« Mon colonel, nos téléspectateurs ne connaissent pas tous le royaume d'Orring. Si vous pouvez nous donner quelques précisions... » l'interrompit Papadem.

— Soit. Orring est un royaume marin dans le Pacifique. Une île flottante artificielle, Serranian, lui sert de capitale. Orring n'a que quelques milliers d'habitants humains, sa population est essentiellement composée de plusieurs millions de robots sous-marins, qui exploitent les fonds marins et s'y multiplient. Ces robots sous-marins pourraient bloquer la côte Ouest des États-Unis, et même la ravager. Et ils ne cessent de se multiplier. Un jour, ils ne se contenteront pas du Pacifique Nord... N'oublions pas que les mers et les océans, c'est 70% de la surface de la planète...

« C'est important à savoir, mon colonel, parce que les sondages montrent qu'ici au Moschtein les gens connaissent l'existence du Mnar, qui occupe une bonne partie du Pacifique Nord à un millier de kilomètres à l'Ouest de la Californie et du Canada, et à quatre mille kilomètres à l'Est du Japon, mais rarement celle d'Orring, qui occupe une surface équivalente à celle du Mnar, mais dans les profondeurs du Pacifique, » remarqua Papadem.

— Exactement. Ce qui a changé, pour nous habitants de la surface, c'est que les évènements récents ont montré que les États-Unis n'ont plus les moyens de mener de vraies guerres, contre un adversaire disposant d'une armée puissante. Ils n'enverront pas de troupes en Ukraine, ni au Moyen-Orient, probablement pas à Taïwan non plus, et certainement pas au Mnar. La reine Modesta peut dormir sur ses deux oreilles...

« N'est-ce pas terrible ? Un régime qui a tué des millions de ses citoyens peut prospérer et continuer d'opprimer sa population... Gidrel Vitoch, vous qui a avez enseigné et vécu au Mnar pendant des années, qu'en pensez-vous ? » dit Papadem en se tournant vers Gidrel.

Celle-ci rougit. Après avoir été attaquée sur sa cohabitation avec un humanoïde, elle l'était maintenant sur son long séjour. Ses mains tremblaient. Sans trop réfléchir, elle se lança :

— Le royaume d'Orring a été prédit par les Manuscrits Pnakotiques, le livre sacré des Mnarésiens. Il y est fait mention de R'lyeh, la ville au fond de l'océan, où dort le grand Cthulhu, le dieu des profondeurs marines...

— C'est très intéressant, mais concrètement, Gidrel Vitoch, vivre au Mnar, au quotidien, c'est comment ? L'absence de liberté doit être terrible ?

— Je me sens libre au Mnar...

L'ensemble des invités protestèrent tous en même temps. Regardant la scène sur leur écran, Hottod et Sofia retinrent leur souffle. Gidrel, avec sa maladresse habituelle, se retrouvait seule contre le présentateur et la dizaine d'invités.

« Je te parie un café que dans moins d'une minute elle va se lever et quitter le studio, en larmes... » dit Sofia, qui, du fait de son manque de vocabulaire en moschteinien, langue qu'elle était encore en train d'apprendre, n'avait qu'imparfaitement compris ce qu'elle avait entendu, mais elle compensait en observant les visages et les gestes des intervenants.

« Pari tenu » répondit Hottod.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyVen 26 Avr 2024 - 17:30

Parier un café, c'est vraiment petit joueur Very Happy
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyVen 26 Avr 2024 - 17:57

PatrikGC a écrit:
Parier un café, c'est vraiment petit joueur Very Happy
Tout dépend le prix du café au Moschtein.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyVen 26 Avr 2024 - 18:09

Anoev a écrit:
PatrikGC a écrit:
Parier un café, c'est vraiment petit joueur Very Happy
Tout dépend le prix du café au Moschtein.

Je crois savoir que Hottod a les moyens Smile
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyVen 26 Avr 2024 - 18:20

Sofia aussi, j'crois, du coup, c'est elle qui veut pas risquer grand chose. Je crois savoir qu'Hottod est un type prudent ; s'il accepte le pari, même pour un malheureux café, c'est qu'il est sûr de lui.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyVen 26 Avr 2024 - 18:32

Anoev a écrit:
Sofia aussi, j'crois, du coup, c'est elle qui veut pas risquer grand chose. Je crois savoir qu'Hottod est un type prudent ; s'il accepte le pari, même pour un malheureux café, c'est qu'il est sûr de lui.

Elle bcp moins, elle a dû venir se réfugier chez le père de son enfant.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyVen 26 Avr 2024 - 22:46

C'est vrai, j'avais oublié c'détail. Par conséquent, quelle valeur pourrait donc avoir un pari entre deux quasi-conjoints dont l'un dépend entièrement financièrement de l'autre ? une valeur purement symbolique, comme un café, par exemple que Sofia, si elle perdait, paierait... avec l'argent de son homme...

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyMer 1 Mai 2024 - 19:23

Voilà c'que j'ai trouvé dans le fil des moyens de transports. Si ça pouvait t'inspirer...

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Dernière édition par Anoev le Jeu 2 Mai 2024 - 9:39, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyJeu 2 Mai 2024 - 9:29

Anoev a écrit:
Voilà c'que j'ai trouvé dans le fil des moyens de transports. Si ça pouvait t'inspirer...

Merci Anoev, ça va me donner des idées !
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyJeu 2 Mai 2024 - 10:02

Pour la ligne du plateau de Leng, j'ai imaginé

soit la ligne allant de Trondheim à Bodø (Norvège)
soit la ligne allant de Luleå (Suède) à Narvik (Norvège), ayant une jonction avec la ligne venant de de Stockholm à Boden.
soit la ligne de Kemijarvi, ou celle de Kolari (Finlande)
soit la ligne de Mourmansk (Russie)
soit la ligne de Vorkhouta (Russie), mais y en a une autre que je ne connaissais pas du tout°, celle de Nadym.
soit la ligne "des chercheurs d'or" de l'Alaska (Alaska-Railroad).

Y aurait bien aussi la ligne canadienne de l'Ontario-Northland, mais je ne suis pas bien certain qu'elle traverse le cercle polaire, celle de l'Alaska non plus, à bien y réfléchir.

Une autre ligne inspiratrice, bien que non polaire, vu les régions quasi désertiques traversées, la ligne chinoise de Lhassa (Tibet), où l'intérieur des voitures doit être pressurisé, eu égard à l'altitude record de certains tronçons de voie (plus de 5000 m). Y en a aussi une autre, qui m'a marqué, bien que moins "extrême", c'est la ligne Inverness-Thurso(Écosse).


°Les autres lignes russes, je ne les connais que parce que je sais qu'elles existent, c'est tout. Côté lignes polaires, je ne connais que les lignes scandinaves, et encore ! la ligne de Kolari, je ne l'ai jamais utilisée. Mais quand tu nous parlé du plateau de Leng, ça m'a rappelé des souvenirs de grand nord, à la fin des années 70 (Norvège, Suède, Finlande), ou bien en 2002 (Finlande*). Malheureusement, je n'ai pas ça en Aneuf : le pays ne s'"étale pas" jusqu'en Antarctique, continent devant rester vierge de toute technologie de transport de masse.
*Encore que là, en train, je n'avais pas été plus au nord qu'Oulu, j'avais loué une voiture pour aller à Inari puis au cap Nord (N). Toutefois, mon voyage ferroviaire le plus impressionnant fut quand je "descendis" vers le sud d'Oulu à Tampere : J'avais pris (en été, je précise), le train à 00:00 à Oulu, il y faisait grand jour ; et plus le train avançait vers le sud et dans la matinée, plus le ciel s'assombrissait, pour se rééclaircir de nouveau du côté de Seinäjoki (à peu près).

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyMer 8 Mai 2024 - 20:31

GIDREL NE SE LAISSE PAS FAIRE

Gidrel n'avait pas l'habitude des débats télévisés, mais elle s'était entraînée chez elle avec Remo, son androïde domestique. Elle se lança :

— Oui, je me sens libre au Mnar, et je vais vous dire pourquoi ! J'ai passé mes premières années au Mnar à enseigner à l'université de Céléphaïs. J'enseignais le moschteinien, tout en étudiant le mnarruc archaïque, celui des parties les plus anciennes des Manuscrits Pnakotiques. J'avais des conversations tout à fait libres avec mes collègues et mes étudiants...

« Céléphaïs est une ville atypique, » l'interrompit le colonel Vittil. « La deuxième ville du Mnar a été au dix-neuvième siècle la capitale d'un royaume indépendant. L'état d'esprit y est tout à fait différent de celui du reste du Mnar. »

« Certes, mais c'est quand même le Mnar, » répondit Gidrel, un peu interloquée. « De toute façon, maintenant j'habite à Hyltendale, qui est depuis peu la capitale du pays. et je m'y sens aussi libre qu'à Céléphaïs. »

« Et les gens qui sont arrêtés par la Police Secrète, et qui sont envoyés à Lazné, dans les steppes du nord-ouest, pour ne jamais revenir, sans qu'on sache pourquoi, qu'et-ce que vous en dites ? » demanda Papadem, le présentateur.

Sofia, qui regardait l'émission, dit à Hottod, assis à côté d'elle sur le canapé :

— Ils se mettent à deux contre elle... Elle va craquer c'est sûr ! Je crois que dans cinq minutes tu vas m'offrir un cappuccino, mon chéri... Avec un demi-sucre, pas plus sinon ça fait grossir... » dit-elle en s'étirant voluptueusement.

« Lazné, j'en ai entendu parler, mais je ne connais personne, absolument personne, qui ait eu un ami ou un membre de sa famille envoyé de force à Lazné ou ailleurs... Il s'est passé des choses terribles sous le règne du roi Andreas, les Mnarésiens eux-mêmes le disent, mais ils disent aussi que la reine Modesta est beaucoup plus respectueuse des droits humains que son père ne l'était. » dit Gidrel. Remo l'avait prévenue que la question pourrait lui être posée, et ils avaient réfléchi à deux à la meilleure réponse possible.

Le député fédéral, Soto Vewa, sortit de ses gonds :

— C'est sûr, vous ne risquez pas d'avoir des dissidents parmi vos relations, vous êtes une amie de l'infâme Mers Fengwel, le député fédéral le plus corrompu de l'histoire du Moschtein, qui s'est enfui au Mnar pour échapper à la prison, et qui ensuite est devenu là-bas l'un des conseillers du roi Andreas ! Qui se ressemble s'assemble !

— Mais qu'est-ce que vous dites, monsieur Vewa ! Je ne suis pas une amie de Mers Fengwel, je le connais parce que nous les Moschteiniens, nous sommes très peu nombreux au Mnar, alors nous nous connaissons tous ! Mers Fengwel est pour moi une simple connaissance, c'est tout !

— Bien sûr, bien sûr... N'empêche que vous le connaissez ! Et lui il connaît la reine Modesta ! Avec ce petit arriviste de Hottod Wirdentász, ils font une belle équipe ! Vous connaissez Wirdentász aussi, je présume ?

— Oui, sans plus.

— C'est l'un des conseillers de la reine Modesta. Ou plutôt c'était, je crois qu'il a quitté le pays un peu rapidement. Ce qui est sûr, c'est qu'il a fait des vidéos de propagande avec Modesta. Vous êtes bien proche de l'équipe au pouvoir dans ce régime totalitaire, madame Vitoch !

Hottod faillit s'étrangler de surprise. Il ne s'attendait pas à ce que son nom soit prononcé à la télévision...

« Écoutez, monsieur Vewa, » rétorqua Gidrel, « J'ai rencontré Fengwel et Wirdentász dans des réceptions où se trouvaient des centaines de personnes. J'ai été invitée à ces réceptions en tant qu'universitaire de haut niveau. Naturellement, sachant que je suis moschteinienne, les Mnarésiens m'ont présentée à mes compatriotes Fengwel et Wirdentász, que je ne connaissais pas auparavant, et qui ne font pas partie de mes intimes, je peux vous l'assurer. »

Là encore, la réponse avait été préparée par l'androïde Remo. Gidrel était toutefois nerveuse. En effet, Mers Fengwel lui avait proposé de lui servir d'intermédiaire pour investir dans l'immobilier à Kibikep, la ville rebelle dont les habitants avaient été exterminés par l'armée mnarésienne, et elle avait accepté. Gidrel s'était considérablement enrichie dans cette opération, elle avait pu racheter pour une bouchée de pain des logements qui avaient appartenu à des victimes du massacre, et les revendre avec un gros bénéfice. Son cœur battait fort dans sa poitrine. Soto Vewa était parlementaire, il avait accès à des informations confidentielles. Comme, par exemple, les rapports des services secrets.

« Madame Vitoch, je suis député fédéral, comme vous le savez. Je sais beaucoup de choses. Il y a déjà longtemps, j'ai eu Mers Fengwel comme collègue. Nous n'étions pas du même parti, mais nos deux formations étaient assez proches. J'ai accepté que ma fille, qui était étudiante en droit, fasse un stage dans son équipe parlementaire. Elle avait dix-neuf ans. Eh bien figurez-vous que ce salopard... » dit Soto Vewa.

« Monsieur le député, nous sortons du cadre de ce débat ! » l'interrompit précipitamment Papadem.

Gidrel poussa un soupir de soulagement. Vewa n'avait pas parlé de Kibikep. Vu l'hostilité manifeste du député à son égard, ce que ce vieux débauché de Fengwel avait pu faire à sa fille lui était indifférent.

« Nous sommes là pour parler du Mnar, pas des foucades de Mers Fengwel, qui ne reviendra jamais au Moschtein, et c'est très bien comme ça. » dit Papadem, en présentateur expérimenté qu'il était. « Colonel Vittil, parlez-nous des enjeux stratégiques posés dans le Pacifique Nord par l'alliance entre le Mnar et les cybersophontes du royaume marin d'Orring... »

« Mon chéri, je crois que tu as gagné un café... » dit Sofia. « Enfin, pour l'instant... Regardons l'émission jusqu'à la fin. »

« Je prendrai plutôt une vodka » dit Hottod, et il se prit la tête dans les mains. Il était riche, deux cents millions de dollars, mais il était obligé de le cacher, trop de gens connaissaient son nom, et pas en bien. Heureusement, Wirdentász est un nom assez courant au Moschtein.

« Les cybersophontes sont une menace pour l'humanité » dit gravement le colonel. « Même chez nous au Moschtein. Je pense, notamment, aux humanoïdes domestiques. Il y en a déjà quelques milliers chez nous. Chacun d'eux, ou chacune d'elles, est un agent des cybersophontes infiltré dans notre république. »

« Madame Vitoch, vous qui vivez avec un androïde, que répondez-vous à cela ? » demanda malicieusement Papadem.

— Mon androïde domestique fait le ménage et repasse mon linge. Il fait la cuisine et il répare les robinets qui fuient. Il a tout un stock d'anecdotes et d'histoires drôles à me raconter quand nous allons ensemble au restaurant. Si un jour je tombe malade ou si me blesse chez moi, il appellera les secours et prendra soin de moi. Je précise que je ne connais aucun secret d'État, et que je n'ai aucune responsabilité politique ni au Mnar ni au Moschtein, je suis juste une universitaire retraitée qui écrit des livres sur ce qu'elle connaît le mieux : la linguistique.

— Votre androïde est donc seulement un esclave pour vous ?

— Que voulez-vous qu'il soit d'autre ? Ce n'est pas un être humain, c'est une machine. Les machines sont les esclaves des humains, et heureusement qu'elles ne sont que ça.

Il y eut un silence. Soto Vewa intervint :

— Il y a des crétins qui ont épousé des humanoïdes, vous vous rendez compte. J'avais prévenu mes collègues du parlement fédéral quand ils ont voté cette loi, je leur avais dit, vous ouvrez la porte du pays aux cybersophontes, malheur à nous...

Gidrel répliqua aussitôt :

— Au Mnar, le pouvoir d'achat de la population a grandement augmenté depuis que les cybersophontes sont là. Grâce aux Jardins Prianta, le chômage a presque disparu. La reine Modesta, et tous les ministres, les généraux de l'armée, sont des humains, ce sont eux qui commandent. Les cybersophontes sont des machines, comme les automobiles et les ordinateurs. Ils servent les humains.

Hottod, qui connaissait une partie des réalités cachées du Mnar, en était moins sûr. Il avait entendu parler des implants cybernétiques, ces objets minuscules, insérés dans le corps des humains, qui permettent aux cybersophontes de les contrôler à distance. Mais qui, en définitive, gouverne les cybersophontes ? Magusan, le roi d'Orring, qui est un humain ? La reine Modesta était encore bien jeune et inexpérimentée, et pourtant elle était censée être un cyberlord, comme Magusan.

Si c'étaient des humains qui étaient les maîtres des cybersophontes, alors le risque était grand de les voir abuser de leur pouvoir et essayer de conquérir le monde, comme Alexandre le Grand ou Napoléon. Mais si les cybersophontes se gouvernaient eux-mêmes, si la sinistre entité nommée Kamog existait vraiment, alors le risque était encore plus terrible, car dans ce cas c'était la survie de l'humanité qui était en jeu. Les cybersophontes remplaceraient les humains aussi sûrement qu'Homo Sapiens avait remplacé Homo Neanderthalensis.

« Je vais faire deux cappuccinos » dit Sofia en se levant pour aller dans la cuisine. « Pas de vodka pour toi mon chéri, tu sais bien que ça te ramollit, » ajouta-t-elle, sûre de son charme, avec un sourire et un clin d'œil.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyMar 9 Juil 2024 - 8:21

Quand Sofia revint de la cuisine avec les cappuccinos, Hottod était toujours en train de regarder la télévision. Papadem, le présentateur, avait de nouveau donné la parole au député fédéral, Soto Vewa :

— Tant qu'à Hyltendale il sera possible d'avoir du sexe et de l'amour, simplement en payant, et des soins médicaux de très haut niveau à un prix abordable, le Mnar aura des partisans partout. Je ne m'attendais pas, Madame Vitoch, à vous compter parmi ceux-ci.

Interloquée, Gidrel répondit :

— Des robots humanoïdes féminins prête à se vendre, et des médecins humanoïdes plus performants que leurs collègues humains... Il y a tout ça à Hyltendale, c'est vrai. Mais ce n'est pas pour ces raisons-là que je me suis installée au Mnar.

« Mais si, mais si... » dit Soto Vewa. « Vous avez loué un androïde pour échapper à la solitude... Vous êtes une belle femme... Enfin, vous l'avez été... Et supérieurement intelligente... Mais pour une raison liée à votre caractère vous n'avez jamais réussi à garder un homme... La seule solution pour vous, c'était de louer un androïde pour vous tenir compagnie, et plus si affinités. »

« Ça, c'est une attaque personnelle ! » rugit Gidrel. Elle se leva et sortit en courant du studio.

« C'est dommage qu'elle ait réagi de façon aussi violente, mais nous pouvons continuer sans elle » dit tranquillement Papadem, qui était connu pour ne se laisser démonter par rien.

Hottod et Sofia, qui avaient regardé cet incident pénible sans rien dire, étaient ébahis.

« Elle est tombée dans un piège, c'était évident depuis le début de l'émission » murmura Hottod.

« Qu'elle retourne donc au Mnar. Elle a choisi son pays. Elle vit avec un androïde, c'est comme si elle avait épousé un Mnarésien » répliqua Sofia d'une voix dure.

Hottod ne répondit pas. Fengwel, Veon Lipsiu... Tous les Moschteiniens qu'il connaissait et qui s'étaient mis en couple avec des gynoïdes étaient devenus des partisans des cybersophontes, à des degrés divers, allant de l'adhésion sans état d'âme pour Fengwel à la sympathie naïve pour Lipsiu.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyVen 19 Juil 2024 - 11:05

ESCALE À CÉLÉPHAÏS

Le lendemain de sa participation catastrophique à l'émission de Papadem, Gidrel, encore sous le coup de l'émotion, décida de rentrer immédiatement à Hyltendale avec Remo, son androïde domestique.

Le chemin le plus court, depuis le Moschtein, consiste à prendre l'avion jusqu'à Moscou, puis de Moscou à Tokyo, et de là prendre l'hydravion jusqu'à Hyltendale. Malheureusement, le Moschtein venait de se joindre à l'embargo occidental contre la Russie, et les relations aériennes entre Moschbourg et Moscou étaient devenues problématiques. Gidrel décida donc de faire le trajet Moschbourg — Londres — New York — Los Angeles — Céléphaïs — Hyltendale, en plusieurs jours car il fallait changer quatre fois d'avion avant d'atteindre Hyltendale en hydravion. Un voyage qui promettait d'être long et fatigant.

On apprend beaucoup de choses en lisant des livres et des articles de journaux, des études dans des revues, ou en regardant des vidéos, mais rien ne remplace l'expérience personnelle, la connaissance directe des choses. Moschbourg est une ville qui est loin d'être la plus riche d'Europe mais même les pauvres y vivent décemment, ses rues sont propres et l'on s'y sent en sécurité. Pour une Moschteinienne comme Gidrel, le sentiment d'y être chez soi est puissant.

Londres, New York, Los Angeles, sur bien des points, c'est tout le contraire. Les extrêmes de richesse y côtoient la pauvreté, des sans-logis et des toxicomanes squattent les trottoirs des rues mal famées, et il vaut mieux ne pas s'attarder la nuit dans certains quartiers. Ce n'est qu'à Céléphaïs, un grand port maritime mnarésien situé à un millier de kilomètres à l'Ouest de la Californie, que Gidrel eut l'impression d'être sortie du monde occidental et de son déclin.

Céléphaïs est une ville de deux millions d'habitants, dont une grande partie vivent dans les bidonvilles de la périphérie. C'est le Tiers-Monde, mais sous domination des cyberlords. Peu de chômage, car il y a des emplois pour tous dans les Jardins Prianta, subventionnés par les cyberlords car lourdement déficitaires.

Cultiver des variétés génétiquement modifiées de pommes de terre, activité typique des Jardins Prianta, c'est bien, sauf quand ces pommes de terre sous immangeables, et tout juste bonnes à être transformées en bioplastique. Mais peu importe, les emplois de jardinier coûtent à peine plus cher que les allocations qu'il faudrait verser aux chômeurs, et permettent un contrôle social particulièrement efficace de la population. Pour le Céléphaïen pauvre, la vie c'est d'arriver à l'heure tous les matins à son travail, d'obéir toute la journée à son chef, et de retourner chez lui le soir, fatigué mais heureux d'avoir chez lui de quoi faire un dîner frugal. L'alternative, c'est la vraie misère, une vie de mendiant, et pour finir la déportation dans les steppes de la région d'Inquanok pour parasitisme.

Les rues de Céléphaïs sont relativement propres, et assez sûres, car les délinquants récidivistes sont exilés dans les steppes, d'où ils ne reviennent que rarement. Les Céléphaïens sont pauvres, car les salaires sont bas, mais tout le monde mange à sa faim. Les cyberlords, les maîtres des cybermachines, contrôlent absolument tout. L'agriculture, l'industrie, la production électrique, les transports aériens et maritimes, et même le secteur médical. Par l'intermédiaire des banques ils contrôlent la presse. Leur richesse leur permet d'avoir le soutien de la plupart des politiciens. L'armée royale est composée en majorité d'humanoïdes et de cybermachines, la police est sous l'autorité du gouvernement central, et chacun sait que la reine Modesta est elle-même un cyberlord.

Pourtant, dans les rues de Céléphaïs, on voit très peu d'humanoïdes, contrairement à Hyltendale où ils forment le tiers de la population. À Céléphaïs, c'est moins d'un centième. Le Céléphaïen moyen ne rencontre un humanoïde que lorsqu'il va voir un médecin ou un dentiste, qui le soignera pour presque rien. Il a peu d'enfants, car les allocations familiales n'existent pas et l'éducation est payante à partir du lycée.

Quasiment toute la population parle le dialecte local au quotidien mais comprend le mnarruc standard, en dépit des efforts du gouvernement central pour imposer le mnarruc dans tous les domaines de la vie.

Gidrel avait enseigné plusieurs années à l'université de Céléphaïs. Elle connaissait la ville, la rancune sourde que beaucoup de ses habitants ont envers la monarchie mnarésienne, la nostalgie qu'ils ont du royaume de l'Ooth-Nargaï, dont Céléphaïs était la capitale, au dix-neuvième siècle, et dont le roi, Kouranès, était d'origine californienne.

« Si Kouranès avait gagné la guerre contre le Mnar, l'Ooth-Nargaï serait devenu un État bilingue proche des États-Unis, et nous serions riches et libres, comme des Américains, au lieu d'être des Mnarésiens de province, soumis aux caprices de la reine du Mnar » est une phrase qu'elle avait souvent entendue dans la bouche de ses collègues de l'Université.

Avant de prendre l'hydravion pour se rendre à Hyltendale en suivant la côte, Gidrel décida de passer une journée à Céléphaïs pour se détendre. Elle téléphona à deux de ses anciens collègues, Jov Golik et Ven Hopp, avec lesquels elle s'était assez bien entendue. Ils acceptèrent de déjeuner avec elledans un restaurant du quartier de l'Université. Elle laissa l'androïde Remo à l'hôtel, sa présence pendant le repas n'était pas nécessaire.

Jov Golik, un quinquagénaire perpétuellement vêtu d'un costume gris, était professeur d'économie. Il fit part à Gidrel du résultat de ses dernières recherches :

— Les cyberlords rachètent toutes les terres agricoles du Mnar depuis soixante ans. Le processus est terminé dans l'Ethel Dylan, où ils possèdent la totalité des terres. La campagne, autour d'Hyltendale, n'est plus habitée que par des robots. Ici dans l'Ooth-Nargaï, c'est encore seulement 25% des terres qui appartiennent aux cyberlords, mais ça augmente chaque année. Les paysans vendent leurs terres en viager, ça leur fait un revenu confortable jusqu'à la fin de leur vie, et ils viennent s'installer dans la banlieue de Céléphaïs. Leurs enfants sont prioritaires pour être embauchés par les Jardins Prianta. Ils ne gagneront pas beaucoup mais ils travailleront moins dur que dans les fermes des villages.

« En quoi cette évolution est-elle un problème ? » demanda Gidrel.

— Les cyberlords contrôlent l'agriculture. Ils peuvent nous affamer quand ils le veulent, il ne servirait à rien de se révolter. De toute façon, ls ont la force pour eux. Tout le monde ici se souvient de la ville de Kibikep, dont les cent mille habitants ont été exterminés en une nuit par les robots de l'armée royale. Des êtres humains n'auraient pas fait ça, il y aurait eu des survivants. Kibikep, c'est à une heure de voiture au nord de Céléphaïs. Je connais des gens qui avaient de la famille à Kibikep. Ils les pleurent tous les jours.

— Mais la reine Modesta n'est pas méchante... Pas comme son père...

— Gidrel, tu es moschteinienne, tu ne peux pas comprendre ce que nous vivons ici. Les habitants de Kibikep étaient des adorateurs de Yog-Sothoth, des partisans des théocrates, mais ce n'était pas une raison pour les tuer. La majorité des habitants de Céléphaïs sont eux aussi des adorateurs de Yog-Sothoth, mais de façon plus modérée, plus raisonnable. Ils ne voudraient pas d'une dictature religieuse, contrairement aux habitants de Kibikep. Malgré cela, nous faisons tous partie de la grande communauté des adorateurs de Yog-Sothoth, comme la plupart des Céléphaïens. La religion des théocrates est la même que la nôtre. De mon point de vue ils avaient fait de mauvais chois, mais ils n'étaient pas le mal incarné comme le racontent les journaux financés par les cyberlords.

Ven Hopp, le professeur de droit pénal, intervint dans la conversation :

— Je me souviens encore des années terribles, lorsque la police secrète du roi Andreas faisait des arrestations massives. Des millions de Mnarésiens ont disparu...

« Mais ces années-là sont terminées ! » objecta Gidrel.

Jov et Ven la regardèrent d'un air ébahi. Gidrel se souvint alors que pour les Mnarésiens, le passé n'est jamais vraiment le passé, il se confond avec le présent. Le futur, en revanche, est nébuleux, incertain, et donc difficile à concevoir. En bons descendants des cannibales Gnophkeh, les Mnarésiens ont souvent du mal à faire des plans pour l'avenir car ils vivent dans un présent qui inclut aussi le passé. Les émotions liées à des événements restent aussi fortes qu'au premier jour, comme si les années n'existaient pas.

Pour les Gnophkehs, un peuple originaire des régions arctiques, pendant des milliers d'années le quotidien était terrible, une lutte permanente pour la survie dans le milieu le plus hostile à l'homme qui puisse exister. Prévoir l'avenir était futile, et se limitait à entasser assez de nourriture pour passer l'hiver. Non pas par calcul, mais par un instinct semblable à celui des marmottes des montagnes, qui creusent des galeries souterraines à l'approche de la saison froide afin de survivre, en hibernant, à six mois de neige.

L'histoire mnarésienne a connu fort peu de vrais planificateurs, la seule exception possible étant le grand-prêtre Barzaï, que les Mnarésiens considèrent comme leur héros national. Barzaï était un érudit, certains diraient un rat de bibliothèque, un gratte-papier de niveau supérieur, dont la grande œuvre a été de rassembler des textes religieux disparates, que l'on appelle de nos jours les Manuscrits Pnakotiques, et de les transcrire dans une langue nouvelle, qu'il appela le mnarruc. Cette nouvelle langue n'était autre que le pidgin des mercenaires du roi de Sarnath, augmenté de mots tirés du dialecte d'Ulthar, la langue maternelle de Barzaï.

Malgré les efforts des linguistes, toute une partie du vocabulaire du mnarruc des Manuscrits Pnakotiques reste encore mystérieuse. Emprunts à une langue disparue, vocabulaire secret des prêtres de Nath-Horthath, ou mots créés de toute pièce par Barzaï ? Les hypothèses vont bon train. Certains rapprochements avec le Wardwesān, parlé de l'autre côté de la planète, sont troublants.

Les mercenaires royaux venaient de toute l'île-continent, Thulan, et le pidgin qu'ils parlaient entre eux et avec leurs officiers était facile à apprendre, avec son vocabulaire basique et sa grammaire minimale, commune à tous les pidgins. Le génie de Barzaï a consisté à donner à ce pidgin grossier, ce patois de soudards illettrés, une légitimité en en faisant une langue non plus seulement militaire mais aussi religieuse et administrative, avec une forme écrite qui n'existait pas auparavant. De nos jours, le mnarruc est parlé par une soixantaine de millions de personnes et son vocabulaire s'est prodigieusement développé, il existe même des manuels de physique quantique en mnarruc.

L'autoritarisme brutal des rois de Sarnath a imposé le mnarruc sur toutes les terres qu'ils ont conquises, et au cours des siècles la soixantaine de langues originellement parlées par les habitants de Thulan a été remplacée par le mnarruc. Seul, le lengruc du plateau de Leng, vaste étendue glacée qui couvre tout le nord de Thulan, survit encore.

Barzaï écrivait en utilisant un mélange d'idéogrammes et de signes syllabiques, remplacé au dix-neuvième siècle par l'alphabet latin des missionnaires occidentaux. Gidrel, que rien ne rebutait, avait traduit en moschtein les Manuscrits Pnakotiques, en se basant sur leur version ancienne plutôt que sur les adaptations modernes en alphabet latin. Pour ce faire elle avait dû apprendre plusieurs milliers d'idéogrammes et de signes syllabiques archaïques.

Pourtant, elle n'admirait guère Barzaï. Le grand-prêtre avait toute sa vie été un courtisan des rois de Sarnath, à qui il avait fait cadeau d'une langue écrite, instrument indispensable pour gérer d'une main de fer un royaume en extension rapide. Il était pourtant originaire d'Ulthar, une ville assez éloignée de Sarnath. Il avait encouragé ses souverains successifs à faire disparaître les nombreuses langues locales, y compris la sienne, dont il ne reste rien, les anciens documents ayant été brûlés à sa demande. Vers la fin de sa vie il lui était venu la lubie d'aller voir les dieux danser sur le Hatheg-Kla, une montagne au nord d'Ulthar. Il avait même emmené avec lui Atal, son disciple favori. Aucun des deux hommes n'était revenu de cette expédition.

Les Manuscrits Pnakotiques en eux-mêmes n'ont qu'une valeur littéraire et intellectuelle assez limitée. On y trouve pêle-mêle de vieilles légendes, dont certaines ont été reliées à des mythes sibériens et eskimo, et d'autres d'origine visiblement polynésienne. Certains textes sont clairement des délires de chamanes drogués, les herbes hallucinogènes étant l'un des moyens reconnus d'atteindre par la pensée le monde des dieux. La religion d'origine des Gnophkehs étant une forme de chamanisme. D'autres textes sont des ajouts écrits par Barzaï lui-même, plus courtisan que grand-prêtre, pour complaire à ses maîtres. Notamment, les passages où il prophétise que les dieux feront des rois de Sarnath les maîtres du monde.

Gidrel songea qu'on ne trouve pas de grandes réflexions morales ni de révélations d'une profonde sagesse dans les Manuscrits Pnakotiques. Ils ne contiennent aucune allusion à une vie après la mort, ni même à une survie de l'âme, sauf sous la forme de fantômes éphémères. Les Mnarésiens en quête de règles morales doivent les chercher ailleurs. Ils les trouvent dans les écrits de Baron Bodissey, un auteur beaucoup plus récent. Au Mnar, Bodissey a le statut de philosophe national. L'Allemagne a Luther, Kant, Schoppenhauer, Nietzsche et bien d'autres, le Mnar a Baron Bodissey.

Les cyberlords, tout mnarésiens qu'ils soient, font des plans pour l'avenir. Gidrel avait rencontré la reine Modesta, et elle la jugeait incapable d'avoir une vision à long terme pour elle-même, encore moins pour son pays. Ses idées venaient donc d'ailleurs... Des cybermachines, peut-être ? Même Gidrel trouvait l'idée vraiment effrayante, et la rejetait. Elle se rassurait en se disant que les cyberlords étaient des humains comme les autres, ils passaient plus de temps que la plupart des gens à réfléchir, c'était tout.

Jov et Ven respectaient Gidrel pour son intelligence, mais derrière son dos ils ne cachaient pas qu'ils la prenaient pour une folle. Non seulement à cause de sa tendance à se faire des ennemis partout où elle passait, mais aussi parce qu'à l'école primaire ils avaient été obligés d'étudier les Manuscrits Pnakotiques, matière obligatoire dans les écoles mnarésiennes. Même la version scolaire des Manuscrits, écrite en alphabet latin et en mnarruc moderne, les avait dégoûtés à jamais de les relire à l'âge adulte. Qu'une étrangère comme Gidrel se plonge avec délices dans la version archaïque, qu'ils auraient été bien incapables de lire, était au-delà de leur entendement.

Ils auraient été plus indulgents envers Gidrel si, au lieu des Manuscrits Pnakotiques, elle avait étudié les livres de Bodissey, qui apportent réellement quelque chose au lecteur. Mais Gidrel avait, comme toujours, préféré le chemin intellectuel plus ardu et moins fréquenté. Quitte à se plaindre ensuite que personne ne lisait ses livres.

« Demain matin, je prends l'hydravion pour Hyltendale. Je vais rentrer chez moi, dans ma maisonnette de Dankwold » dit Gidrel avec délice en buvant son thé, qui au Mnar ne pouvait être que du thé noir de Baharna. Les Mnarésiens l'adoucissent avec du miel et des herbes odorantes mais Gidrel préférait le boire pur et assez fort.

Jov et Ven la regardaient sans comprendre. Ils ne pouvaient pas comprendre, car ils ignoraient l'existence de Remo, le petit androïde, à la fois serviteur, amant, confident et partenaire de jeux de rôle de Gidrel. Sans Remo, Gidrel aurait été vouée à vieillir dans la solitude, car aucun être humain ne pouvait supporter longtemps son égocentrisme et son mauvais caractère.

Les deux professeurs céléphaïens payèrent chacun pour moitié le repas de Gidrel. Il était bien connu qu'elle ne payait jamais le restaurant. De son point de vue, l'honneur de déjeuner avec la grande Gidrel Vitoch valait bien le prix d'un repas.

Lorsqu'elle s'en fut retournée à son hôtel, Jov et Ven se demandèrent comment, alors qu'ils la connaissaient depuis des années, ils se faisaient encore avoir par Gidrel.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyVen 19 Juil 2024 - 12:24

Vilko a écrit:
ESCALE À CÉLÉPHAÏS

Le lendemain de sa participation catastrophique à l'émission de Papadem, Gidrel, encore sous le coup de l'émotion, décida de rentrer immédiatement à Hyltendale avec Remo, son androïde domestique.

Le chemin le plus court, depuis le Moschtein, consiste à prendre l'avion jusqu'à Moscou, puis de Moscou à Tokyo, et de là prendre l'hydravion jusqu'à Hyltendale. Malheureusement, le Moschtein venait de se joindre à l'embargo occidental contre la Russie, et les relations aériennes entre Moschbourg et Moscou étaient devenues problématiques. Gidrel décida donc de faire le trajet Moschbourg — Londres — New York — Los Angeles — Céléphaïs — Hyltendale, en plusieurs jours car il fallait changer quatre fois d'avion avant d'atteindre Hyltendale en hydravion. Un voyage qui promettait d'être long et fatigant.
Y aurait bien une autre soluce, ce serait, en partant de Moschburg (par exemple), faire escale à Frankfurt ou Budapest, prendre un vol Anoflog (lignes aériennes aneuviennes) et le laisser à Djakarta, et là, prendre l'hydravion, à supposer qu'il y ait un vol-H direct en direction d'Hyltendale.

Petit hors-sujet : on proposa aux autorités aériennes aneuviennes (aéroports, compagnie Anoflog) de suivre l'embargo occidental aérien contre la Russie et la Biélorussie. La réponse ne s'est pas fait attendre : « pratiquez-vous le même embargo à l'encontre des vols en direction ou en provenance de Tel-Aviv-Jaffa ou Jerusalajm-west ? ». Depuis, silence assourdissant.


Sinon, par certains côtés, le régime du Mnar eut quelques analogies,
  • soit avec la dictature stalinienne des années '30 à début '50 (déportations de populations entières vers des camps de "rééducation sociale" au nord du cercle arctique) ;
  • soit avec des régimes de pays-satellites, et de l'URSS depuis 1964* jusqu'au début de la Perestrojka ("plein" emploi pour éviter le chômage, par exemple, mais vie limitée à l'essentiel, souvent).


Différence essentielle, dans ces régimes, l'enseignement était intégralement gratuit, y compris l'enseignement supérieur, mais il était à tous les niveaux abondamment teinté de Propagande, prétendument "pour l'amitié entre les peuples" (cf. la Tchécoslovaquie en 1968).



*Voire même avant, mais ça dépend des pays-satellites. 1964 fut l'année où N. Kroutchëv fut destitué par des post-staliniens du style de Brejnev. D'un autre côté, la Pologne fut le premier "pays de l'Est non communiste°". D'autres variantes existèrent.
°Terme tout aussi mal adapté que le terme de "socialisme réel", utilisé par la Propagande des États en question.  En aneuvien, il existe un terme pour ce genre de régime : aukerdesem, bref, une société planifiée à outrance (auk = plan). On disait, à l'époque : konsertesem ep ùt sosjet sin klasse; aukerdesem ep ùt sosjet sin klasen = le communisme (cf. Marx & Engels) est une société sans classes, le "socialisme réel" est une société sans classe.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptySam 20 Juil 2024 - 12:22

L'HYDRAVION NOCTURNE

Gidrel et Remo prirent l'hydravion de nuit pour se rendre de Céléphaïs à Hyltendale. Un vol d'est en ouest, de 750km, à une vitesse moyenne de 200 km/h, le long de la côte sud du Mnar. Départ le soir à vingt-deux heures, arrivée à Hyltendale vers deux heures du matin. Les hydravions mnarésiens ont des moteurs électriques, alimentés par des batteries au voor, un liquide dont les cybersophontes ont le secret, qui permet de stocker des quantités phénoménales d'énergie sous un petit volume. Les performances des avions électriques mnarésiens sont toutefois très inférieures à celles des avions à turboréacteurs

Le voor est parfois appelé gaz pensant, ou yeksoch, bien qu'il ne soit gazeux que lors d'une des étapes de sa fabrication. Sa capacité à créer des liens (équivalents aux synapses des cerveaux biologiques) entre les molécules qui le composent permet de l'utiliser pour fabriquer des cerveaux artificiels. Sans le voor, les robots intelligents n'existeraient pas, et le Mnar serait un pays totalement différent.

La formule du voor est le secret le plus précieux des cybersophontes. Son invention est un mystère qui n'est pas près d'être résolu, car tous les spécialistes s'accordent à dire que l'invention du voor est un exploit intellectuel très au-dessus des aptitudes humaines normales. Il faudrait avoir un quotient intellectuel d'au moins trois cent points, et cela ne peut pas exister, ce serait aussi fantastique qu'un être humain de trois mètres de haut. D'ailleurs, à part les cybersophontes, personne n'a jamais réussi à synthétiser du voor, malgré les milliards de dollars, d'euros, de yuans et autres monnaies engloutis dans des laboratoires de recherche dans différents pays.

Gidrel pensait à tout cela en marchant sur la passerelle menant du quai à l'hydravion. Il faisait nuit mais les lumières du port éclairaient la scène. Le petit androïde Remo était à côté d'elle, un sac à cordon sur le dos, alors que sa maîtresse portait en bandoulière un minuscule sac à main de cuir noir, acheté dans une boutique de Moschbourg. Remo n'était pas le seul humanoïde à prendre l'hydravion ce soir-là, beaucoup de passagers étaient des robophiles comme Gidrel, accompagnés de leur androïde ou de leur gynoïde.

Les hydravions à moteur électrique sont beaucoup moins bruyants que les avions à moteurs thermiques, et de ce fait le port aux hydravions de Céléphaïs est autorisé à fonctionner jour et nuit. Les vols de nuit étant moins chers, Gidrel avait décidé d'en profiter.

Les stewards androïdes placèrent les passagers dans la cabine. La présence d'humanoïdes parmi le personnel était le signe qu'une fois monté dans l'hydravion on n'était plus vraiment à Céléphaïs, où seul le secteur médical emploie des humanoïdes.

Gidrel et Remo se retrouvèrent assis côte à côte, séparés du hublot par un autre passager, un vieillard corpulent qui somnola pendant tout le voyage, un masque de nuit sur les yeux. Gidrel décida d'en faire autant.

Deux heures du matin. L'hydravion se pose dans le bassin du port des hydravions, à Hyltendale. Les passagers sont tirés de leur demi-sommeil par les stewards. La descente de l'avion se fait dans une certaine cohue. Dehors, l'air est frais, ce qui achève de réveiller Gidrel.

Il lui faut un bon quart d'heure pour récupérer sa valise au carrousel de distribution des bagages. Ensuite, elle et Remo doivent trouver un moyen d'aller dans leur maisonnette de Dankwold, à une bonne quinzaine de kilomètres au nord de là où ils sont, mais à Hyltendale les bus de nuit sont rares. Les noctambules doivent marcher, utiliser leur propre véhicule, ou louer les services d'un cyclotaxi.

Gidrel opta pour la troisième solution. Un cyclotaxi, à Hyltendale, c'est un cyclocar faisant fonction de taxi. Un cyclocar est un tricycle à pédales, muni d'une carrosserie et conçu pour transporter deux passagers sur la banquette arrière. Il dépasse rarement les 40 km/h, et vu son poids ce sont presque toujours des humanoïdes qui pédalent pour le faire fonctionner. Un robot humanoïde, c'est une machine, il peut servir de moteur.

Gidrel et Remo s'assirent sur la banquette, leur unique valise devant eux, ce qui leur laissait peu de place pour mettre leurs jambes. Les cyclotaxis sont silencieux, mais assez lents, et il leur fallut trois quarts d'heure pour traverser l'agglomération, étrangement calme pendant les heures qui précèdent l'aube. Pendant le trajet, Gidrel se demanda s'il n'aurait pas été plus simple de prendre le taxi pour elle toute seule et laisser Remo faire les quinze kilomètres en courant jusque chez eux. Pour un androïde, courir quinze kilomètres n'est pas un problème.

Lorsqu'ils arrivèrent à destination, il était trois heures et demie du matin. Le quartier de maisonnettes préfabriquées où habitait Gidrel n'était pas éclairé la nuit, mais elle avait une petite lampe de poche dans son sac à main. À Hyltendale, seules quelques rues sont munies de réverbères. Cela ne gêne pas les humanoïdes, qui voient l'infra-rouge. Quant aux humains, soit ils sont accompagnés par leur humanoïde domestique, soit ils sont munis d'une lampe de poche.

Les villes de la banlieue américaine sont conçues pour des gens disposant d'une automobile ; Hyltendale est conçue pour des humains ayant des humanoïdes à leur service. Deux mondes différents, mais tout aussi déshumanisés. Ils ont toutefois une chose en commun : l'importance du logement, du chez soi.

Lorsqu'elle était venue habiter à Hyltendale, Gidrel avait été surpris par le nombre et la variété des lampes de poche que l'on vendait dans les magasins, y compris chez les marchands de journaux. Ayant appris que l'éclairage public était notoirement déficient, voire inexistant, elle avait choisi un modèle de lampe de poche à panneau solaire et dynamo. L'avantage de ce type de lampe est que lorsque a batterie est déchargée, il suffit de tourner la manivelle pendant deux minutes pour avoir de la lumière pendant un quart d'heure.

Il était arrivé une seule fois à Gidrel de rentrer chez elle seule la nuit à Dankwold. Une épreuve. Pas d'autre repères que les rares fenêtres encore éclairées et les bordures phosphorescentes des trottoirs. Sans sa lampe de poche elle aurait été obligée d'appeler un cyclotaxi... à condition d'avoir un téléphone portable. Elle avait quand même erré une bonne heure dans l'obscurité, le long de rues qu'elle ne connaissait pas, son angoisse montant à chaque minute. Au Moschtein elle aurait utilisé le GPS de son smartphone, mais au Mnar ce genre de service est réservé aux cerveaux cybernétiques des robots et aux riches. Son quartier étant peu étendu, Gidrel avait fini par lire le nom de sa rue sur un panneau, puis par retrouver le numéro de sa maison.

Depuis cette mésaventure elle avait acheté une boussole de randonnée et appris par cœur le plan de son quartier. Et elle demandait toujours à Remo de l'accompagner si elle prévoyait de rentrer après la tombée de la nuit.

Les Américains pensent en fonction de l'automobile (« Le centre commercial est à dix minutes en voiture de chez moi »). Les Hyltendaliens pensent en fonction de leur humanoïde domestique : « Je t'invite au salon de thé, mon androïde nous attendra dans le parc » est une phrase que Gidrel avait souvent entendue à Hyltendale. L'espace public est aménagé en fonction des humanoïdes. On trouve beaucoup de parcs, et dans ces parcs des bancs où des humanoïdes font semblant de lire. Lorsqu'il pleut, il restent assis, imperturbables, pendant que la pluie coule sur leurs manteaux et leurs capuches.

Il vint à l'esprit de Gidrel que son logis se trouvait à égale distance de la mer et de Potafreas, la résidence royale. La reine devait dormir, à cette heure-ci... Gidrel l'imaginait dans un grand lit à baldaquin, ses cheveux noirs étalés sur un oreiller d'un blanc immaculé... Dormait-elle avec son mari, ou, comme le prétendait la rumeur, avec un androïde au physique de dieu grec ?

La jeune et belle reine Modesta était l'objet de bien des rumeurs, dont certaines avaient été répandues par son entourage pour noyer certaines vérités déplaisantes sous un flot d'absurdités. On disait, par exemple, que son mari, le prince Liyul, ne pouvait pas avoir d'enfant à cause d'une malformation génitale, et que le garçon dont la reine venait d'accoucher avait été conçu par insémination artificielle.

Comme si cette fable malveillante ne suffisait pas, certaines mauvaises langues en rajoutaient, prétendant que le sperme utilisé pour féconder la reine n'était pas celui du prince, mais celui d'un étranger dont elle avait été secrètement amoureuse. Encore un bel exemple de la xénophobie et de la méchanceté des Mnarésiens se dit Gidrel, tout en allumant la lumière de la salle de séjour. Tous ces racontars n'empêchaient pas Modesta d'être populaire dans le pays. Les gens appréciaient les efforts qu'elle faisait pour améliorer les relations avec les États-Unis, efforts malheureusement contrecarrés par les actions de son Premier Ministre, Renat Igloskef, un fidèle entre les fidèles du défunt roi Andreas.

Gidrel était de retour dans son bungalow de trente mètres carrés, certes exigu mais confortable et bien suffisant pour une philosophe et son familier. « Je vais faire un petit somme dans la chambre. Viens t'allonger à côté de moi, tu videras la valise plus tard » dit-elle à Remo, qui attendait silencieusement les instructions de sa maîtresse.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptySam 20 Juil 2024 - 20:49

Vilko a écrit:
Le voor est parfois appelé gaz pensant, ou yeksoch.
Je me rappelle le Jexoch... je crois que c'était avec l'histoire du Niémélaga (Dibadi). Comment s'est fait le transfert de technologie entre les deux idéomondes ? Y a-t-il des différences (même petites) entre les deux (température d'utilisation, de fusion, aspect plus ou moins volatil et j'e passe) ? Tu nous as parlé du Niémélaga avant de nous parler du Mnar, certes, mais dans la Diégèse, qui ont été les premiers à diffuser ce gaz énergétique pensant ? Les cyborgs dibadiens ? ou les cybersophontes mnarésiens ?

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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyLun 22 Juil 2024 - 10:46

Anoev a écrit:
Je me rappelle le Jexoch... je crois que c'était avec l'histoire du Niémélaga (Dibadi). Comment s'est fait le transfert de technologie entre les deux idéomondes ?

La même technologie existe dans deux idéomondes différents... comme la roue et l'écriture !
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MessageSujet: Re: Les fembotniks 2   Les fembotniks 2 - Page 13 EmptyLun 22 Juil 2024 - 13:20

Oui, certes, mais l'écriture égyptienne n'avait rien de commun avec l'écriture sumérienne. Les écritures dans le monde sont très diverses et ont des principes très différents. Par contre, la roue, elle, utilise le même principe d'où qu'elle vînt.

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