Bonsoir mesdemoiselles, mesdemoiseaux,
Voici présenté à vos yeux la langue creuse, dernière de mes créations, une langue inspirée de l'esprit et de l'univers du jeu vidéo
Hollow Knight, qui m'est venu en écoutant le bizarre langage des insectes de ce jeu (dont voici un échantillon -> https://www.youtube.com/watch?v=pfpj8FPGozY).
Bon, dans les faits, le résultat est très différent, mais en fin de compte ce n'est pas très important, seule compte la langue en elle-même.
Pour ceux qui se demande pourquoi je la nomme hollow language et pas juste "langue creuse", la raison en est à la fois très simple et très idiote : j'ai voulu utiliser une image pour illustrer ma grammaire, il y avait des mots anglais dessus que je ne pouvais effacer, j'ai donc décider de tout écrire en anglais (puis j'ai trouver une meilleure image sans aucun mot... meh !)
Pour entrer dans le vif du sujet, il s'agit d'une langue
a priori utilisant comme système d'écriture les caractères chinois, et reprenant quelques éléments grammaticaux et phonétiques de cette langue, mais pas son vocabulaire (quoiqu'un peu parfois quand même, mais pas assez pour que je puisse parler de langue
a posteriori (ou peut-être pourrait-on parler de langue mixte... ? Je ne sais)).
I/. La phonétique :A) Les consonnesJ'ai d'abord voulu retranscrire phonétiquement quelques phrases de
Hollow Knight pour coller au matériau de base. Mais j'ai assez vite divaguer vers un système phonétique de mon cru qui se veut le plus doux possible. Comment ? En n'utilisant 1) des occlusives sonores uniquement 2) des fricatives sourdes uniquement. Et je dois admettre que je suis très content de l'effet produit. En un tableau comme en cent :
Le d diacrité sera noté /d'/. Il transcrit un phonème qui à ma connaissance n'existe dans aucune autre langue (évidemment je me trompe, je suis certain qu'il existe des dizaines de langues qui l'utilisent), et il correspond à l'occlusive sonore alvéo-palatale. Je le décris aussi comme une alvéolaire chuintante (comme dans le tableau), car la différence entre /d/ et /d'/ et la même qu'entre [s] et [ʃ], à savoir que dans le premier la langue est creusée en U tandis que dans le second elle est plate.
La nasale vélaire ne peut tomber qu'en fin de mot, ou devant une vélaire par assimilation.
B) Les voyellesIci, ça se complique un peu. J'utilise un système semblable à celui du chinois qui distingue plutôt des codas que des voyelles. Le système ressemble à ceci :
Ce tableau un peu compliqué doit se lire en ayant en tête le fait qu'en langue creuse comme en chinois, chaque caractère correspond à une syllabe, et qu'il existe un nombre limité de syllabe qui se décomposent selon le schéma suivant (que peut-être vous connaissez) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Syllabe#/media/File:Syllable.svg
En gros, cela signifie que la prononciation de la voyelle (notée ν) dépend de son entourage, et notamment du son médiant (noté μ) et de la coda (notée κ), et parfois aussi du son initial (ι).
Ainsi, les "i" de
ying et de
bi ne sont pas les mêmes : l'un se prononce long et relâché, l'autre est semblable au "i" français.
Les deux voyelles dites indépendantes
æ/œ s'utilisent toujours seules.
C) Les tonsLà, je me suis fait plaisir, puisque la langue creuse ne compte pas moins de dix tons possibles :
Au lieu des diacritiques, j'utiliserai simplement des nombres pour désigner les différents tons (c'est déjà plus ou moins ce que je fais pour taper cette langue à l'ordinateur). Par exemple :
wun4 correspond au ton vascillant (flickering tone),
bonyen1 au ton monotone et
bo6 au ton double. 0 correspond à l'absence de ton.
Si la prononciation d'un ton vous paraît peu claire, n'hésitez pas à me demander des détails. À l'exception du ton interrompu, dans lequel il y a une pause semblable à un /'/ arakéen, j'ai essayé d'utiliser uniquement des symboles de l'API pour être compris.
II/. L'écriture :Comme dit plus tôt, il s'agit des caractères chinois, utilisés assez librement. Cependant, j'ajoute à ce système un alphabet semblable dans l'idée au bopomofo (c'est-à-dire qu'il s'écrit avec des caractères chinois) : le
bo. Son utilisation est cependant tout à fait différente (bien qu'en fin de compte, il soit aussi utilisé pour transcrire phonétiquement la langue sans passer par l'alphabet latin).
À cela, il faut ajouter trois caractères que voici décrits plus bas :
La fonction première du
bo est de modifier la prononciation d'un caractère pour obtenir un autre sens. On peut en effet en changer le ton, la coda ou le son initial en ajoutant un caractère de cet alphabet. On a par exemple 囗
vei1 qui signifie "enceinte", et 囗亍
wei1 qui signifie lui "ceindre, entourer".
La coupe (cut) permet de supprimer la coda de la syllabe, par exemple dans : 下
bao1 "sous, dessous" et 下刁
ba2 "finir".
Par ailleurs, chaque caractère a deux prononciation fondamentale, dont la seconde s'obtient par ajout de l'alterant (altering), par exemple : 兮
œ0 qui est la marque du génitif et 兮及
mo4 "pause, respiration".
Voici un exemple de phrase pour vous rendre compte du résultat écrit et phonétique :
在下土、睡睡。互霏丷八、目向辵、梦兮紺颷囗亍也、梦人。睡睡。
Hè bāo rì, wēn hàn. Vǖ noìxi, mèng da cā, yū œ māo bòu weī i ; yüyēn. Wēn hàn.
Là sous terre, ils dorment. L’esprit nébuleux, l’œil au loin, ceints des brumes mauves du rêve ; lunatiques. Ils dorment.
(P.S. : C'est volontairement que je n'ai utilisé que le premier et le deuxième ton, de sorte à donner un effet de style qui force la voix à "plonger" là sous terre.)