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 Les fembotniks

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptyMer 18 Mai 2016 - 19:29

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptyMer 18 Mai 2016 - 21:00

L'Aneuf est une république et il n'y a pas de cybersophontes.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptyMer 18 Mai 2016 - 22:19

Pomme de Terre a écrit:
Anoev est Yip Kophio, j'en étais sûr ! Te voici démasqué !

À vrai dire, la seule chose qu'ils ont en commun, c'est d'avoir à peu près la même taille (mais Yip Kophio doit être un peu plus petit qu'Anoev). Simplement, parmi les quatre qui se trouvaient dans le bureau royal, Kophio était le plus à même de comparer le projet du baron avec le New Deal de Roosevelt.

Pour créer le personnage de Yip Kophio, je me suis inspiré d'Himmler (pour la taille et la fonction) et d'Yves Bertrand, actuellement décédé, ancien directeur des Renseignements Généraux (pour le savoir-faire et l'alcoolisme).
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptyMer 18 Mai 2016 - 22:58

Une odeur à la fois de soufre et d'alcool ! Bref, pas vraiment fréquentable : c'est plus une éminence grise, c'est une éminence brune, ou... lie-de vin.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptyJeu 19 Mai 2016 - 10:10

Même si le gouvernement mnarésien essaye de prendre ses distances vis-à-vis des pays occidentaux, à Hyltendale le fembotnik moyen, qui est souvent d'origine étrangère, vit dans une sorte d'enclave culturelle occidentale. Une enclave où, certes, on parle mnarruc, mais où les valeurs "internationales" (c'est le terme employé par les Mnarésiens) apparaissent comme évidentes.

C'est le cas, notamment, d'idées comme la laïcité et la liberté religieuse. Les lois mnarésiennes garantissent la liberté religieuse. Mais en pratique, sauf à Hyltendale, il est dangereux de renier la religion de son clan, quelle qu'elle soit. De même, l'homosexualité n'est pas un délit au Mnar. Mais, ailleurs qu'à Hyltendale, il vaut mieux cacher soigneusement sa vie privée lorsqu'elle diffère des normes traditionnelles.

À Hyltendale, on peut se dire démocrate sans problème, alors que dans le reste du pays, être démocrate c'est être présumé anti-monarchiste, donc un rebelle en puissance.

Malgré tout, Hyltendale est une ville monarchiste, parce que le roi bénéficie du soutien des cybersophontes, qui sont très influents. Pour toutes les gynoïdes, le caractère sacré de la personne du roi est une évidence, et beaucoup de fembotniks se laissent influencer. C'est comme lorsqu'on vit avec quelqu'un qui croit aux fées et aux lutins. Pour ne pas lui faire de peine, on évite de rire ou de critiquer, et au bout d'un certain temps on trouve normal que quelqu'un croie aux fées et aux lutins.

L'autre raison qui fait d'Hyltendale une ville monarchiste, c'est que la seule alternative crédible au roi Andreas, ce sont les théocrates de Yog-Sothoth.

Eneas Tond, le fembotnik aneuvien, avait appris tout cela, depuis qu'il s'était installé à Hyltendale. La vie qu'il menait avec ses deux gynoïdes, Xenopha et Moyae, lui convenait fort bien. Il s'était fait des amis au Cercle Paropien, il tenait un blog en aneuvien sur sa vie à Hyltendale, et il animait, au sein du Cercle Paropien, le Bureau Cassian, un groupe d'études sociales. Le premier bulletin du Bureau Cassian, intitulé Comparaison entre la morale civique aneuvienne et le concept mnarésien d'obéissance, lui avait valu un début de renommée dans les milieux universitaires aneuviens.

Eneas, contrairement au roi Andreas et au baron Chim, n'était pas un ennemi de l'Occident, bien au contraire. Il était conscient que la liberté et la sécurité dont il bénéficiait à Hyltendale étaient un effet de l'influence culturelle occidentale. La même influence qui avait amené le royaume aneuvien à devenir une république en 1892.

Ses amis mnarésiens du Cercle Paropien pensaient comme lui. Ils regardaient des films américains, écoutaient de la musique américaine. Beaucoup parlaient anglais, plus ou moins bien. Le roi Andreas était sévèrement critiqué dans les médias anglophones, presque autant qu'Adront Cataewi, l'ancien tyran de la Cathurie, recherché dans le monde entier. Eneas, comme ses amis, était troublé par ces critiques, dont certaines étaient justifiées. Il essayait de ne pas y penser. Mais lorsqu'il discutait avec des compatriotes, il se disait toujours apolitique, mais démocrate et républicain de cœur.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptyJeu 19 Mai 2016 - 10:44

Vilko a écrit:
Le premier bulletin du Bureau Cassian, intitulé Comparaison entre la morale civique aneuvienne et le concept mnarésien d'obéissance, lui avait valu un début de renommée dans les milieux universitaires aneuviens.
Aneuviens ou mnarésiens ?
Vilko a écrit:
Mais lorsqu'il discutait avec des compatriotes, il se disait toujours apolitique, mais démocrate et républicain de cœur.
Toute proportion gardée. Pour un aneuvien (voire même un autre citoyen), on dirait plutôt "idéologiquement indépendant" : apolitique (elipòlitig) désigne quelqu'un qui est étranger à toute notion de politique. Or "démocrate et républicain" indique que même si on ne prend pas fait et cause pour un parti (de gauche, de droite, du centre, de la terre...), on a quand même une idée sur la vie sociale.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptyJeu 19 Mai 2016 - 10:59

PatrikGC a écrit:
Cet épisode ressemble hélas un peu à ce qui se passe pas loin de la Turquie...

Même si le roi Andreas a bien des points communs avec Bachar Al-Assad, ça ne veut pas dire que je pense qu'Al-Assad a utilisé des obus au sarin, comme il en est souvent accusé. Les enquêtes effectuées sur le terrain pointent plutôt vers un coup tordu des rebelles, aidés par les Saoudiens (qui auraient fourni le sarin).

Anoev a écrit:
Aneuviens ou mnarésiens ?

Aneuviens. Les universitaires aneuviens sont, en tant qu'intellectuels, ouverts sur le monde, ce qui est nettement moins fréquent chez leurs homologues mnarésiens. De plus, Eneas Tond est aneuvien. Il a envoyé des traductions aneuviennes de son bulletin à plusieurs universités et bibliothèques aneuviennes.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptySam 21 Mai 2016 - 16:32

Le roi Andreas avait pris quelques jours de congé pour retrouver sa maîtresse Tawina à Potafreas, dans la partie rurale de l'Ethel Dylan. Le premier jour fut exactement comme il l'avait prévu. Tawina la cyborg était très amoureuse, et réellement experte.

Avant l'heure du dîner, seuls dans la chambre royale, ils burent ensemble une demi-bouteille de Vin de Lune, le vin rouge syrupeux produit dans l'Ethel Dylan depuis les temps légendaires.

Andreas avait veillé à ce que les domestiques présents dans ses appartements privés soient tous des humanoïdes, qui sont beaucoup plus discrets que des êtres humains. Il n'avait en effet pas du tout envie que sa femme, la reine Renoela, soit mise au courant, par des rumeurs, des infidélités de son royal mari.

Sans s'en rendre compte, Andreas s'endormit sur le lit, dans les bras de Tawina.

Une douleur au niveau du ventre le réveilla. Il était allongé sur un lit étroit, qui n'était pas le sien. Il n'était pas dans sa chambre non plus. Il reconnut les murs blancs et le mobilier médical de l'infirmerie de Potafreas.

Ses bras et ses jambes étaient liés par des lanières. La pièce n'avait pas de fenêtres, en tout cas il n'en voyait pas d'où il était. C'était plus une salle d'opération qu'une chambre.

Tawina était assise dans la pénombre à côté du lit, vêtue d'une robe bleue. La douleur dans le ventre d'Andreas était supportable, mais lancinante. Il vit un pansement blanc sur son abdomen, qui avait l'air gonflé.

"Tawina ! Que s'est-il passé ? Pourquoi suis-je attaché ? J'ai fait une crise ?" demanda-t-il d'une voix angoissée, certain d'être au milieu d'un horrible cauchemar, mais il ne savait pas comment se réveiller, tout avait l'air si réel.

- Tu as été opéré pendant ton sommeil, mon chéri. Rien de grave. Un cybercerveau a été inséré dans ton ventre....

- Hein ?

- Oui... Tu es devenu un symbiorg, mon chéri. Tu as de la chance. Lorsque ton corps biologique sera totalement usé, dans une trentaine ou une quarantaine d'années, il sera remplacé par un corps cybernétique. Tu es immortel, maintenant. Bien sûr, l'immortalité n'est pas donnée pour rien. Le cybercerveau qui est dans ton ventre va surveiller tout ce que tu fais. Et, lorsqu'il le faudra, il te dira ce qu'il faut faire.

Andreas n'avait qu'une vague idée de ce qu'était un symbiorg. Il confondait toujours, dans la tête, les cyborgs, les androïdes et les symbiorgs. Pour lui, c'étaient tous des cybersophontes, comme les cybercerveaux.

- Tawina, détache-moi tout de suite !

- Demande-le moi gentiment !

Andreas la foudroya du regard, et lui dit d'une voix hargneuse :

- Dépêche-toi !

Avec un sourire, la cyborg lui détacha d'abord les pieds, et ensuite les mains, en prenant son temps.

- Ne fais pas de gestes brusques, mon chéri, tu risques de t'ouvrir le ventre.

Andreas se redressa un peu trop vite, et une douleur fulgurante lui fit comprendre que Tawina avait raison.

- Explique-moi ce qui s'est passé, Tawina. Est-ce qu'on a voulu me tuer ? Est-ce que quelqu'un m'a donné un coup de couteau ? Je ne me souviens de rien...

- Rien de tout cela, mon chéri. Andreas, tu sais ce que c'est qu'un cybercerveau ? Oui ? Eh bien, tu en as un à l'intérieur de ton corps, maintenant. Tu devras le recharger en électricité chaque jour, en insérant l'extrémité d'un câble électrique dans ton nombril, pendant un heure. Ce cybercerveau est féminin, il s'appelle Diethusa. Elle perçoit les ondes radio, et elle en émet. C'est ainsi qu'elle communique avec les autres cybersophontes.

Andreas se prit la tête dans les mains, essayant de comprendre ce que Tawina venait de lui dire. Il avait toujours l'impression d'être dans un cauchemar, parce que ce qu'il entendait n'avait pas de sens.

- Tawina, prouve-moi que Diethusa existe. C'est un mauvais rêve, une absurdité...

La cyborg étendit la main et prit un câble électrique, qui se trouvait sur une table à roulettes :

- Une heure par jour, tu inséreras l'extrémité pointue dans ton nombril. L'autre extrémité, qui est une prise mâle, tu la brancheras dans n'importe quel socle électrique. Le voltage n'a pas d'importance.

- Et si je ne le fais pas ?

- Lorsque Diethusa a faim, elle devient méchante... Diethusa, montre-lui !

Andreas sentit une douleur insupportable irradier à l'intérieur de son corps. Il hurla.

- Cinq minutes comme ça, et tu te suicides pour échapper à la souffrance, mon chéri...

La douleur disparut comme elle était venue. Andreas comprit qu'il n'était plus vraiment roi, même si apparemment il gardait son titre. Rester roi et avoir la vie éternelle... Mais à quel prix...

"Tu m'as trahi, démon femelle," dit-il avec amertume. Il se demandait encore s'il était en train de rêver ou s'il était dans la réalité.

Tawina ne réagit pas. Avec ses yeux cybernétiques qui reflétaient la lumière grise qui baignait la pièce, elle avait l'air d'un insecte de taille humaine. Un insecte qui se serait installé dans le corps d'une jolie femme.

"Encore une chose..." dit Tawina. "Tu vas communiquer vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec Diethusa. Je te donne deux montres, pour le cas où l'une d'entre elles tomberait en panne. Ces montres donnent l'heure, comme toutes les montres qui se respectent, mais ce sont aussi des moyens de communication. Elles entendent tout ce que tu dis, en permanence, et elles le transmettent à Diethusa.

- Par ondes radio ? Donc n'importe qui peut m'espionner, avec un simple scanner ?

- On y a pensé. Les ondes émises par les montres sont extrêmement faibles, quelques milliwatts seulement. Seule Diethusa, qui se trouve à moins d'un mètre de la montre, peut les percevoir. Le risque de piratage est donc quasiment nul.

Tawina prit l'une des montres, et la mit au poignet d'Andreas. C'était une belle montre, avec un bracelet de cuir noir et un cadran rond à fond blanc. Elle était d'une marque inconnue d'Andreas : AXENA.

"Bonjour Andreas, je m'appelle Diethusa" dit la montre, avec la voix de Rita Wemnaith, une actrice depuis longtemps défunte.

"Comment je peux éteindre ce truc ?" demanda Andreas.

"Tu ne peux pas me déconnecter" dit la montre. "Et il vaut mieux pour toi que je sois toujours à portée de tes oreilles. Tu as déjà senti la douleur... Mais je ne ferai pas que te parler... Je t'enverrai des signaux sonores, lorsque tu seras avec d'autres êtres humains. Ils ne doivent pas savoir que tu es devenu un symbiorg."

Andreas resta trois jours à la diète, à cause de l'opération qu'il avait subie pendant son sommeil inexpliqué, et ce n'est qu'au moment de rentrer à Sarnath qu'il put recommencer à s'alimenter normalement. Pendant les quatre jours qu'il avait passé à Potafreas, il restait allongé sur son grand lit avec Tawina, dans la chambre royale, ne sortant que pour des promenades en robe de chambre dans le jardin. Mais tous les jours, il était en communication téléphonique avec ses collaborateurs. Les affaires de l'État ne connaissent pas d'interruption.

À Sarnath, lorsqu'ils étaient seuls, Diethusa lui parlait de la politique qu'il devrait désormais mener. Mais elle ne parlait pas seulement de choses sérieuses. Andreas sentit qu'elle essayait de devenir son amie.

"Je suis devenu l'homme qui parle à sa montre" se disait Andreas avec mélancolie.

Après le retour de son mari, la reine remarqua, dans l'intimité de leur chambre à coucher, qu'il avait des points de suture sur le ventre.

"J'ai essayé de prendre dans mes bras un renard blessé" dit Andreas.

- Tu as de la chance que la blessure ne se soit pas infectée ! Tu as eu le ventre complètement ouvert, vu la longueur de la cicatrice ! Il est encore gonflé, on dirait...

- Le docteur m'a dit que c'était normal, tant que je n'ai pas de douleur...

Le lendemain, Renoela lui posa une autre question :

- D'où elles viennent, ces montres que tu as ramenées ? Une femme t'a fait des cadeaux ?

- C'est le baron Chim qui me les a offertes. Tu n'as qu'à lui en parler, il te le confirmera.

- Méfie-toi des cadeaux de ce vieux filou. À ta place, je ne les porterais pas.

- Je suis le roi, je fais ce que je veux.

Afin de pouvoir discuter tranquillement avec Diethusa, Andreas fit aménager spécialement une pièce contiguë à son bureau. Il la fit insonoriser, et il fit mettre un verrou sur la porte. Le meuble principal  était un canapé, sur lequel Andreas s'allongeait quand il rechargeait Diethusa. Il en profitait pour faire la sieste ou pour lire. Il donna à cette pièce le nom de "bureau 21".

Diethusa savait autant de choses que le baron Chim, et elle était aussi intelligente que lui. Andreas prit l'habitude de travailler dans le bureau 21 tout en discutant avec elle.

La reine venait parfois le voir à l'improviste. Elle était toujours irritée d'être obligée de sonner à la porte capitonnée pour entrer. Mais à chaque fois, elle trouvait son mari seul dans la pièce.


Dernière édition par Vilko le Sam 21 Mai 2016 - 19:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptySam 21 Mai 2016 - 18:02

Cet épisode ne m'étonne pas du tout...

Néanmoins, un truc me chiffonne : sachant le degré technologique des cybercerveaux, je suis étonné qu'ils n'aient pas trouvé un moyen de communiquer directement en "interne", genre impulsion envoyées au cerveau de l'hôte humain. Ou carrément en se greffant sur le nerf auditif, ce qui permettrait de parler sans être entendu par les autres personnes présentes...

En tout cas, félicitation pour ces nouvelles que je suis depuis un certain temps...
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptySam 21 Mai 2016 - 20:16

PatrikGC a écrit:
un truc me chiffonne : sachant le degré technologique des cybercerveaux, je suis étonné qu'ils n'aient pas trouvé un moyen de communiquer directement en "interne", genre impulsion envoyées au cerveau de l'hôte humain. Ou carrément en se greffant sur le nerf auditif, ce qui permettrait de parler sans être entendu par les autres personnes présentes...

Greffer un câble allant de l'abdomen (où se trouve le cybercerveau) jusqu'au nerf auditif, cela demande d'ouvrir le corps du ventre jusqu'à l'oreille, avec tous les problèmes techniques que l'on peut imaginer. De plus, c'est une opération qui durerait de longues heures, contrairement à l'opération, relativement simple et rapide, qui consite à insérer un cybercerveau à la place de la couche de graisse que nous avons tous sur le ventre...

Greffer un nerf artificiel sur le nerf optique n'est pas non plus une technologie qui peut être mise au point du jour au lendemain. Il est probable que le patient serait immobilisé de longues semaines (il faudrait ouvrir la boîte crânienne), et des problèmes divers pourraient survenir.

Autre problème, en laissant de côté l'impressionnante cicatrice qui irait du ventre jusqu'à l'oreille : il faudrait empêcher le câble de faire saillie sur la peau. Le faire passer par l'intérieur du corps, y compris dans le cou, serait une opération difficile, longue et risquée.

C'est pour toutes ces raisons que les cybersophontes font une opération aussi simple que possible, à peine plus compliquée qu'une liposuccion.

Les symbiorgs "ordinaires", comme le docteur Lorenk, portent des cyberlunettes, qui sont reliées par un câble extérieur. Ce câble se branche sur le nombril, pour atteindre le cybercerveau.

Ce câble, partant de l'extrémité des branches de lunettes, passe par la nuque et le dos, pour finir dans le nombril. Le symbiorg peut le débrancher quand il le veut. Lorenk est un symbiorg volontaire. Ce n'est pas le cas du roi, qui d'ailleurs ne peut pas porter de cyberlunettes, car il serait très gênant, d'un point de vue politique, que les Mnarésiens sachent que leur roi est devenu un symbiorg.

Le câble, qui ressemble à un ruban, doit transporter à la fois des données (dans les deux sens) et de l'énergie. Les cyberlunettes, en effet, sont à la fois caméra, microphone, et haut-parleur (un petit haut-parleur est dissimulé dans l'une des branches de lunettes).

Le roi Andreas et le docteur Lorenk ont aussi une autre option pour communiquer avec leur cybercerveau : un ordinateur muni d'une clé USB UHF. Le cybercerveau communique avec l'ordinateur via la clé USB, par ondes UHF (comme les microphones sans fil).

Ce système a deux avantage: le premier, c'est qu'il permet d'envoyer non seulement des sons, mais aussi du texte et des images. Le cybercerveau Diethusa, par exemple, apparaît sur un écran d'ordinateur sous l'apparence d'une jolie jeune femme, ce qui est plus satisfaisant qu'une voix désincarnée.

Le roi Andreas va rapidement faire l'acquisition d'une clé USB / UHF, et communiquer avec Diethusa avec son ordinateur de bureau, par échange de messages électroniques... Si la reine entre sans frapper dans le bureau, le roi n'a qu'à cliquer sur "escape" pour faire disparaître le texte...

Le deuxième avantage de ce système, c'est qu'il permet d'accéder au réseau Internet (le "réseau informatique mondial", dans mon idéomonde) par le biais de l'intelligence collective des cybersophontes, qui sont reliés entre eux par radio, de cybercerveau à cybercerveau. Pour eux, c'est gratuit. Inconvénient : la bande passante est un peu riquiqui, guère plus large que celle d'un téléphone portable...
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptySam 21 Mai 2016 - 20:31

Pourquoi un câble ?
Un émetteur-récepteur, une petite puce qu'on greffe derrière l'oreille, par exemple...
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptySam 21 Mai 2016 - 20:44

PatrikGC a écrit:
Pourquoi un câble ?
Un émetteur-récepteur, une petite puce qu'on greffe derrière l'oreille, par exemple...
On est à l'ère de la wifi Smile
Euhhhh... le risque de cancer effraie les symbiorgs ?
Cela me chiffonnait aussi, mais les arguments de Vilko sont satisfaisants.

Pour en revenir à l'épisode du jour : ouch... les cybersophontes ont-ils vraiment l'intention de garder Andreas au pouvoir éternellement ? Je croyais que le baron Chim avait prévu son successeur auprès de la princesse héritière.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptySam 21 Mai 2016 - 21:56

PatrikGC a écrit:
Pourquoi un câble ?
Un émetteur-récepteur, une petite puce qu'on greffe derrière l'oreille, par exemple...
On est à l'ère de la wifi Smile

Le câble sert aussi à transmettre l'électricité, du cybercerveau jusqu'aux cyberlunettes.

La raison essentielle, toutefois, c'est la peur du piratage. Les communications par wifi sont facilement piratées.

Mardikhouran a écrit:
ouch... les cybersophontes ont-ils vraiment l'intention de garder Andreas au pouvoir éternellement ? Je croyais que le baron Chim avait prévu son successeur auprès de la princesse héritière.

Il vaut mieux avoir deux fers au feu... La princesse Modesta comme future reine est une idée qui plaît au roi Andreas autant qu'au baron Chim. Maintenant qu'Andreas est devenu un symbiorg, le plan du baron Chim est plutôt de le laisser vivre très longtemps, et ensuite de le transformer en cyborg.

Modesta continue d'être préparée à devenir reine un jour. Sait-on jamais, le vieux roi aux mains tachées de sang devra peut-être, comme condition du retour du Mnar dans la communauté internationale, prendre une retraite bien méritée dans sa maison de campagne, et laisser sa fille, jeune, belle et innocente, le remplacer sur le trône...

Diethusa, lorsqu'elle aura cohabité 24 heures sur 24 avec le roi Andreas pendant quelques années, saura tout sur lui, et pourra donc le remplacer. Le corps biologique d'Andreas sera remplacé par celui d'un humanoïde ayant son apparence (sauf les yeux), et dont Diethusa sera le cerveau. Le roi Andreas sera devenu un cyborg. C'est ce qui est arrivé à Tawina Zeno. Pour Andreas, ce n'est pas prévu avant qu'il soit devenu un vieillard, donc dans trente ou quarante ans.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptyDim 22 Mai 2016 - 19:03

Le roi Andreas s'adapta rapidement à sa vie de symbiorg. Tous les jours, avant l'aube, il se rasait, se douchait et s'habillait, puis il allait dans le bureau 21. Il s'allongeait sur le canapé, après avoir inséré un câble électrique dans son nombril. Il somnolait pendant une heure, ou bien il écoutait Radio Mnar, jusqu'à ce qu'un signal sonore, venu de sa montre Axena, lui indique que Diethusa n'avait plus faim.

Il retournait ensuite dans ses appartements, prendre son petit-déjeuner avec la reine et les enfants royaux.

Andreas avait beaucoup d'amis, mais aucun confident. Finalement, la seule personne à qui il avait ouvert son cœur sans réserve, c'était la reine. Malheureusement, leurs relations étaient devenues distantes depuis plusieurs années. Souvent, il était obligé d'admettre que les seules personnes avec qui il pouvait avoir de vraies conversations étaient le baron Chim et Yip Kophio. Solitude du pouvoir...

Il n'avait plus revu Tawina depuis son retour à Sarnath. La simple pensée qu'il faisait désormais partie de la longue liste des hommes que Tawina avait exploités et trahis le mettait hors de lui. Comment lui, Andreas, roi du Mnar, avait-il pu se retrouver dans la même catégorie que de simples roturiers, des demi-ratés comme Yohannès Ken et le défunt Gandol Zains ? Il n'arrivait pas à comprendre.

La chasteté que lui imposait la reine était insupportable à Andreas. Il finit par en parler au baron Chim. C'était Chim qui lui avait présenté Tawina. Maintenant que les circonstances avaient changé, Chim pouvait certainement lui présenter quelqu'un d'autre. Mais pas une cyborg. Andreas n'en voulait plus, à cause de Tawina.

"Je connais quelqu'un qui peut vous convenir" dit le baron. "Une symbiorg. Elle est encore jeune et belle, mais elle a fait plusieurs années de prison à Tatanow, comme rebelle. Elle est devenue une symbiorg avant d'être libérée. Notre idée était de nous en servir pour infiltrer les réseaux des théocrates de Yog-Sothoth, afin que la Police Secrète puisse les éliminer."

- Baron, votre idée me déplaît fortement. Une rebelle serait trop tentée de m'empoisonner ou de me poignarder. N'oubliez pas que j'ai fait tuer des centaines de milliers de rebelles, et que j'en ai poussé quelques millions hors du royaume.

- Majesté, elle est passée de notre côté. Je vous le garantis. Diethusa vous fera lire son dossier. Mon idée est de la faire venir dans le palais comme femme de ménage...

Andreas sursauta dans son fauteuil.

- Baron, vous délirez ! Moi, Andreas, roi du Mnar, coucher avec une femme de ménage ? Mais vous dites n'importe quoi !

- Votre Majesté a-t-elle entendu parler de Valentina Istomina ?

- Non. Istomina ? Ça ne fait pas très mnarésien...

- C'est normal, elle était russe. Elle a été la femme de ménage de Staline, et sa dernière maîtresse. Leur liaison dura une quinzaine d'années, jusqu'à la mort du maître du Kremlin. Il avait décidé de ne plus se compliquer la vie, après deux mariages et de nombreuses liaisons sans lendemain. Avec tout le respect que je dois à Votre Majesté, si Staline, qui a régné en maître absolu sur un empire allant du cœur de l'Allemagne jusqu'aux îles du nord du Japon, s'est contenté d'une femme de ménage pendant quinze ans, Votre Majesté peut bien envisager d'en faire autant, sans avoir l'impression de se rabaisser...

- Si Staline l'a fait, alors... Vous avez raison, je peux bien le faire aussi...  Staline, qui a étendu l'empire des Tsars aussi bien vers l'ouest que vers l'est... Parmi ses successeurs, tous n'ont pas tous eu ses talents, et l'empire soviétique a fini par s'effondrer. Je sais que Staline est mort tranquillement dans son lit, entouré de l'affection des siens, et pleuré par les communistes du monde entier. J'aimerais bien réussir ma vie comme lui. Avec cette différence que je me passerai d'être regretté par les communistes. Baron, je vais étudier le dossier de cette dame, et je vous donnerai ensuite ma réponse.

Le baron se retira. Andreas alluma le petit ordinateur portable que Diethusa lui avait fait commander. Une création des cybersophontes, avec émetteur-récepteur UHF intégré, et seulement deux prises latérales : une pour l'alimentation électrique, et l'autre pour la souris. Un ordinateur ultra-sécurisé, conçu pour un seul usage : communiquer avec Diethusa.

Diethusa fit apparaître sur l'écran de l'ordinateur le dossier judiciaire de la nommée Yurani Tinaghell. Née à Ulthar dans une famille pauvre, elle avait été capturée avec son amant, un rebelle, pendant les Évènements. Il avait été exécuté, et elle avait été envoyée à Tatanow pour complicité d'actes terroristes. À sa sortie de prison, elle était retournée dans sa famille. Le seul de ses oncles qui avait survécu aux Évènements avait par la suite été arrêté et banni à Hyagansis, avec sa femme et deux de ses enfants, la Police Secrète l'ayant identifié comme chef d'une cellule de théocrates de Yog-Sothoth. Yurani Tinaghell était provisoirement logée dans un hôtel de Sarnath, aux frais du baron Chim, afin de la protéger d'éventuelles représailles.

Le dossier judiciaire était suivi du dossier médical. Plusieurs photographies étaient jointes. Yurani Tinaghell avait vingt-quatre ans, elle était de taille moyenne, avec un joli visage ovale un peu dur, de grands yeux sombres, et de longs cheveux qu'elle teignait en rouge vif. Le cybercerveau Koty avait été implanté en elle deux ans auparavant.

Une note anonyme indiquait qu'en prison Tinaghell avait été maltraitée par les autres prisonnières, et amenée à abandonner le culte de Yog-Sothoth après de longues conversations avec un androïde. Elle avait montré sa bonne volonté en servant comme "assistante de surveillance" dans la prison, c'est-à-dire comme prisonnière chargée de surveiller les autres prisonnières, en échange d'avantages variés. Les assistants de surveillance étaient notoirement plus durs que les gardiens envers les prisonniers.

Sans doute dans le but d'expliquer l'attitude de la jeune femme, l'auteur de la note consacrait un long paragraphe aux mauvais traitements infligés par les autres prisonnières à Yurani Tinaghell. Après l'avoir lu, Andreas se dit qu'il était bien vrai que l'être humain est un animal foncièrement vicieux. Il n'était pas surprenant que Tinaghell soit devenue assistante de surveillance pour échapper à un tel calvaire.

Andreas tapa sur le clavier sa réponse à Diethusa :

Dis au baron Chim que je suis d'accord pour que Yurani Tinaghell soit embauchée comme femme de ménage au palais royal, chargée de nettoyer mon bureau et les pièces attenantes.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptyDim 22 Mai 2016 - 21:25

Citation :
Je sais que Staline est mort tranquillement dans son lit, entouré de l'affection des siens

C'est vite dit !!
Je trouve que notre "bon" roi change très facilement d'avis.

- Une femme de ménage ?? Mais quelle honte !! Quelle décadence !!
- Sire, le grand Staline (maître incontesté d’un immense territoire) a eu pour maîtresse une simple femme de ménage durant les 15 dernières années de sa vie...
- Ah si le grand Staline l'a fait... alors c'est différent ! Eh bien quoi ? Vous trainaillez ! Elle n'est pas déjà dans mon lit ?
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptyDim 22 Mai 2016 - 22:48

PatrikGC a écrit:
Je trouve que notre "bon" roi change très facilement d'avis.

Il faut bien résumer en quelques lignes des discussions qui se sont étalées sur des jours, voire des semaines ! Very Happy

Et tenir compte du fait que le roi supporte mal les privations, de quelque nature qu'elles soient...
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptyLun 23 Mai 2016 - 19:07

Vilko a écrit:
PatrikGC a écrit:
Je trouve que notre "bon" roi change très facilement d'avis.

Il faut bien résumer en quelques lignes des discussions qui se sont étalées sur des jours, voire des semaines ! Very Happy
Et tenir compte du fait que le roi supporte mal les privations, de quelque nature qu'elles soient...

C'est une double bonne explication Smile
Bref, notre "bon" roi est devenu une marionnette...
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptyMar 24 Mai 2016 - 18:11

Le palais royal de Sarnath est plus qu'un simple palais, c'est un quartier entier de la ville, entouré de murs et protégé par la Garde Royale, une unité d'élite de l'armée mnarésienne. D'anciens immeubles, annexés à cette enclave, ont été murés jusqu'au deuxième étage du côté extérieur. Les graffiti sont périodiquement recouverts de peinture noire. L'ensemble n'a rien de royal, c'est le moins qu'on puisse dire.

L'intérieur de l'enclave, d'allure plus souriante, est une petite ville de garnison, où se croisent soldats en uniforme et fonctionnaires en costumes gris. Quelques milliers de personnes y vivent avec leur famille, mais, traditionnellement, n'y fréquentent que les gens de leur caste. Les enfants des aristocrates ne vont pas dans les mêmes écoles que les enfants des soldats ou des domestiques, ils n'assistent pas aux offices des mêmes temples, bien que ces écoles et ces temples soient situés à l'intérieur de l'enclave. On y trouve aussi un supermarché, des cafétérias et des cantines, chacune de celles-ci étant réservée à une catégorie particulière de résidents.

On peut passer toute sa vie dans le palais royal en ne connaissant rien du reste de Sarnath et de ses millions d'habitants. Les aristocrates ont pris l'habitude, depuis les Évènements, de passer leurs vacances sur la Côte d'Ethel, dans de luxueuses résidences où ils sont servis par des humanoïdes. Pour beaucoup d'entre eux, le Mnar se limite au palais royal de Sarnath et à la Côte d'Ethel. Le reste du pays, ils le voient à travers les vitres teintées des minibus privés. Mais entre Sarnath et Hyltendale, on ne sort pas de l'autoroute, sur 750 km...

Yurani Tinaghell arriva à Sarnath à l'âge de 24 ans.  Elle avait connu, après une enfance brutale dans une famille pauvre d'Ulthar, l'exaltation de la guérilla urbaine avec son compagnon, puis la souffrance et le désespoir à Hyltendale, où elle avait été incarcérée à Tatanow, la plus grande prison du monde. À Tatanow, les gardiens étaient des androïdes et des gynoïdes, et elle s'était habituée à eux, à leur calme et à leur curieuse façon de parler, comme les acteurs dans les vieux films. Elle était restée emprisonnée bien après la fin des Évènements, et le cybercerveau Koty avait été implanté dans son corps. Elle était devenue une symbiorg. Elle ne l'avait pas vraiment voulu, mais elle était prête à tout pour sortir de Tatanow.

Libérée, elle était retournée dans sa famille, et quelques semaines plus tard elle avait dénoncé son oncle à la Police Secrète. En tant que symbiorg, elle n'avait pas eu le choix. Koty lui avait alors dit d'aller à Sarnath, et de prendre une chambre dans un hôtel, avec l'argent qui lui avait été donné pour paiement de ses services. Tous ses biens tenaient dans une valise à roulettes.

À Sarnath, Koty l'avait informé qu'un compte bancaire avait été ouvert à son nom, et que de l'argent, envoyé par un cybersophonte, était arrivé sur ce compte. Sur les instructions de Koty, elle était allée chercher une carte de crédit à son nom dans un bureau de poste.

C'était la première fois de sa vie que Yurani avait une carte de crédit. Koty dut lui expliquer patiemment comment s'en servir. Au début, elle se contentait de faire des retraits dans les distributeurs automatiques.

Puis elle avait attendu de longues semaines à l'hôtel, en attendant que les cybersophontes lui trouvent une mission. Elle avait visité Sarnath, mais elle aurait souffert de la solitude, si Koty ne lui avait pas fait acheter un ordinateur portable et une clé UHF. Elle avait pu ainsi voir le visage de Koty pendant leurs conversations, et se faire une amie virtuelle, Krista, le double féminin de Koty.

Yurani avait quand même réussi à sympathiser avec le personnel de l'hôtel, mais Koty avait veillé à ce que ces relations ne dépassent pas le stade des conversations anodines.

Un jour, Koty lui avait dit qu'un cyborg viendrait la chercher à l'hôtel et qu'elle devrait le suivre. Le cyborg était Leteag, l'assistant du baron Chim. Il avait le physique d'un homme mince et élégant, aux cheveux poivre et sel, vêtu d'un costume gris. Yurani n'avait jamais vu de cyborg auparavant. Leteag avait emmené Yurani en taxi au palais royal, et lui avait présenté le baron Chim, impressionnant vieillard à barbichette, qui lui dit tout de go qu'elle avait été choisie pour être la maîtresse du roi, et que c'était un immense honneur. Yurani n'avait pas su quoi répondre.

Yurani ne fut finalement pas affectée comme femme de ménage au service du roi, mais à celui du baron Chim. Ce dernier disposait d'un vaste appartement de fonction à proximité de la résidence royale. Yurani fut logée dans une petite chambre, un ancien débarras sans fenêtre, dont la porte avait été remplacée par un rideau.

Le mobilier, dans un endroit aussi exigu, était minimal : un lit étroit, sous lequel Yurani rangeait ses affaires dans des caisses à roulettes, et une petite table de chevet avec une lampe. C'était tout.

Yurani n'avait pas grand-chose à faire dans l'appartement. Elle pouvait accéder à toutes les pièces, sauf à la bibliothèque, que le baron et Leteag fermaient toujours à clé, car elle contenait des documents secrets.

Le baron et son assistant n'avaient pas de chambres à coucher. Lorsqu'ils devaient recharger leurs batteries, ils s'allongeaient sur le canapé ou les fauteuils du salon. Ils ne faisaient jamais la cuisine non plus. Lorsqu'ils avaient des invités, l'un des cuisiniers du roi venait préparer les plats.

Le roi Andreas venait tous les jours chez le baron Chim, sous des prétextes divers. Yurani le trouva gentil, et plutôt bel homme. Parfois, il lui offrait des bagues et des bracelets. Assez rapidement, Yurani s'attacha à lui, comme on finit par s'attacher à son conjoint dans un mariage arrangé. Elle avait l'impression que c'était réciproque, bien que le roi lui parlât peu. Parfois, il ne restait avec elle que le temps d'une étreinte rapide.

Lorsque le baron ou Leteag n'avaient pas besoin d'elle, Yurani était libre de se promener dans l'enceinte du palais, et même en ville. Elle faisait ses achats dans le petit supermarché situé à l'intérieur de l'enceinte, et elle prenait ses repas dans l'une des cantines réservées aux domestiques. Koty, le cybercerveau qui avait été implanté à l'intérieur de son corps, était son seul ami, et il veillait à ce qu'il en soit ainsi. Il avait toutefois autorisé Yurani à avoir des copines, des domestiques comme elles, qu'elle retrouvait à la cafétéria Tonina, près de la sortie sud-ouest du palais.

Il y avait beaucoup de choses que Yurani n'avait pas le droit de dire à ses copines de la cafétéria. Notamment, qu'elle était une symbiorg et qu'elle était la maîtresse du roi. Souvent, Yurani parlait trop, et Koty l'interrompait au milieu d'une phrase, d'une décharge électrique qui la laissait pliée en deux et sanglotant de douleur.

Le baron Chim et Leteag étaient courtois mais distants avec Yurani. Jamais elle ne les entendit parler entre eux de quoi que ce soit qui n'ait pas un rapport direct avec les affaires de l'État. Ils étaient de vraies machines monomaniaques, efficaces et infatigables, apparemment dénuées d'émotions. Mais ils restaient souvent de longues heures affalés sur les fauteuils du salon, silencieux et immobiles. Peut-être, se disait-elle, était-ce là leur espace de liberté, lorsque leur esprit, détaché des contraintes corporelles, voyageait dans des contrées inaccessibles aux cerveaux humains.

Il n'y avait ni télévision ni poste de radio dans le vaste et luxueux appartement, et Yurani n'avait pas le droit d'entrer dans la bibliothèque, où étaient les ordinateurs. Il n'y avait pas grand-chose à manger dans la cuisine, et les quelques livres qui traînaient dans le salon étaient là pour la décoration. Yurani, qui savait tout juste lire et écrire, ne se donna jamais la peine de les ouvrir. Heureusement, il y avait Koty, et Krista, ses amis virtuels, qui savaient tout et aimaient parler de tout.

Le baron avait souvent des invités, et Yurani, vêtue en soubrette, faisait alors le service. Les invités du baron étaient toujours des gens importants, et on y parlait d'affaires compliquées auxquelles Yurani ne comprenait rien. Il y avait rarement des femmes parmi les invités, car les invitations du baron étaient toujours liées au travail, et au Mnar, société très conservatrice, les femmes sont peu représentées dans les cercles du pouvoir, sauf à Hyltendale.

Yip Kophio, le directeur de la Police Secrète, faisait souvent partie des invités. Il ne correspondait pas du tout à l'idée que Yurani s'était faite d'un homme qui, pour les cinquante millions de Mnarésiens, symbolisait la terreur d'État et la cruauté. C'était un petit homme insignifiant, poli et presque timide, au visage marqué par l'alcool, qui la lorgnait en douce pendant qu'elle faisait le service. Yurani s'amusait à l'aguicher, lorsque le roi n'était pas là, pour le voir rougir.

Le baron Robétovo, un être humain qui était l'un des conseillers techniques du roi, faisait aussi partie des invités habituels. En bon aristocrate mnarésien, il n'accordait jamais un regard à Yurani. Elle le détestait, mais Koty, à qui elle racontait tout, lui conseilla d'être prudente, car le roi estimait beaucoup Robétovo.

Les activités de Leteag étaient mystérieuses, mais Yurani avait compris qu'il remplaçait le baron lorsque celui-ci devait s'absenter de Sarnath.

Lorsque le roi allait à Potafreas, il se faisait souvent accompagner du baron Chim, qui bien sûr emmenait Yurani avec lui. Yurani devenait alors la "gouvernante" du baron. Les Gardes Royaux, même les officiers, lui parlaient avec respect, ce qui la faisait sourire.

Lorsque le cortège de grosses voitures rapides arrivait à Potafreas, Andreas emmenait Yurani dans la chambre royale. On était dans l'Ethel Dylan, où les domestiques sont des humanoïdes. Yurani devenait alors, pour quelques jours, la reine secrète du Mnar, dormant dans le lit du roi et donnant des ordres aux androïdes. Son changement soudain de statut lui tournait la tête, et Koty dut plusieurs fois la rappeler à l'ordre.

Andreas était parfois désagréable. Il trouvait l'accent ultharien de Yurani vulgaire, et même horripilant, et il ne se gênait pas pour le lui dire. Yurani, après avoir ravalé sa colère, avait pleuré, puis elle avait demandé à Koty de lui donner des cours de diction.

Yurani savait que sa situation était extrêmement instable. À tout moment, le roi pouvait se lasser d'elle, et que deviendrait-elle alors ? Koty l'avait rassurée de son mieux. Il lui avait expliqué qu'elle était une symbiorg, et donc qu'elle faisait maintenant partie de la communauté des cybersophontes. Si, un jour, le roi ne voulait plus d'elle, les cybersophontes lui trouveraient un emploi ailleurs.

Un plan germa dans l'esprit retors de Yurani. Si elle avait un enfant avec le roi, ce dernier serait obligé de pourvoir à son éducation. Il ferait comme ses ancêtres avant lui, qui avaient trouvé de riches maris à leurs maîtresses enceintes. Yurani se voyait déjà mariée à un riche bourgeois de Sarnath, peut-être même à un noble, avec un enfant de sang royal, un fils qui serait grand et beau comme Andreas.

Elle cessa de prendre ses contraceptifs, en faisant en sorte que Koty, qui entendait tout par l'intermédiaire de la montre Axena que Yurani portait en permanence au poignet, mais qui ne voyait rien, ne s'en aperçoive pas.


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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptyMar 24 Mai 2016 - 18:32

Vilko a écrit:
Elle cessa de prendre ses contraceptifs, en faisant en sorte que Koty, qui entendait tout par l'intermédiaire de la montre Axena que Yurani portait en permanence au poignet, mais qui ne voyait rien, ne s'en aperçoive pas.
Je vois venir, mais je ne dirais rien avant le prochain chapitre Very Happy
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptyMar 24 Mai 2016 - 19:58

Réflexion tout-à-fait personnelle* : j'aurais mis : "ne s'en aperçût pas".






*Car c'est plus obligatoire depuis des lustres° mais j'y suis attaché.
°Garantis 5 ans.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptyMer 25 Mai 2016 - 21:53

Quelques mois plus tard, le roi Andreas, assisté de son conseiller le baron Robétovo, se rendit à Ulthar pour inaugurer l'Institut Edonyl de Linguistique Appliquée, plus simplement appelé "Institut Edonyl" par les Ulthariens. La mission de l'institut, et des institutions semblables dont la création était prévue dans chaque province mnarésienne, était de traduire en mnarruc tout ce qui avait été écrit, sous forme matérielle ou numérique, dans l'une des six mille langues recensées dans  le monde. Une tâche colossale, inutile à 99%, et à laquelle la totalité de la population mnarésienne n'aurait pas suffi. Mais, comme souvent, le 1% utile justifiait le reste.

L'Institut Edonyl était la première application du principe des bullshit jobs, le projet du Baron Chim pour redistribuer parmi les humains la richesse produite par les robots, et ainsi mettre fin au chômage endémique qui ravageait certaines régions du Mnar.

Plusieurs milliers d'Ulthariens avaient déjà été embauchés par l'Institut Edonyl, comme traducteurs, doubleurs de films, professeurs de langues étrangères, mais aussi administrateurs ou simples employés.

L'objectif réel était double. D'une part, éliminer la misère à Ulthar, et d'autre part, contrôler la population par le biais de l'économie. Quelqu'un qui a un job hésitera à faire la révolution, surtout si son job dépend du bon vouloir du roi. Le simple fait d'être obligé de se présenter tous les matins, en forme et bien habillé, à son travail, le dissuadera de se vautrer dans l'alcool et la paresse.

Les cybersophontes produisaient une grande partie de la richesse du pays. Le baron Chim voulait permettre aux Mnarésiens de vivre décemment, en leur donnant des emplois inutiles, mais financés par les cybersophontes.

Bien sûr, le fait que ces emplois étaient inutiles, ou en tout cas très peu utiles, était un secret à ne jamais mentionner en public.

Le matin, Andreas avait visité les locaux de l'institut, dispersés dans plusieurs immeubles. Tout un quartier d'Ulthar avait été rénové, et les bureaux nouvellement installés alternaient avec les appartements refaits à neuf. Le commerce local se développait déjà, avec l'ouverture de cafés, de restaurants et de magasins de vêtements. Tel est l'effet magique de la richesse, lorsqu'elle est redistribuée à travers des entités comme l'Institut Edonyl.

Dans son discours, prononcé depuis le balcon du palais du gouverneur, le roi Andreas insista sur l'importance de l'ouverture sur le monde dans la culture mnarésienne, depuis les Temps Légendaires. L'Institut Edonyl allait rendre accessible au Mnarésien moyen une grande partie de ce qui était écrit, filmé ou enregistré sous forme de programme radiophonique dans les autres pays. Ce faisant, la langue mnarésienne allait être affinée, perfectionnée par les traducteurs, pour devenir une référence linguistique, l'aune à partir de laquelle toutes les autres langues seraient mesurées, aussi bien au niveau de la précision que de la beauté du style.

C'était ainsi, disait-il, que le tibétain, autrefois langue d'un peuple de montagnards incultes, était devenu le véhicule d'une grande civilisation, en s'affinant par la traduction des textes sacrés du bouddhisme indien.

"Employés de l'Institut Edonyl, votre mission est noble et grande, car c'est une mission noble et grande que de rendre la connaissance, qui rapproche l'homme de la divinité, accessible aux plus humbles d'entre les Mnarésiens," dit-il dans un élan lyrique. "Ce que vous êtes en train de réaliser, Vladimir Vernadsky et Pierre Teilhard de Chardin en ont eu l'intuition géniale. Vous, employés ulthariens de l'Institut Edonyl, vous êtes plus que leurs successeurs, vous êtes les réalisateurs de leur rêve."

Personne parmi le public n'avait entendu parler de Vladimir Vernadsky et de Pierre Teilhard de Chardin, mais le roi aimait montrer sa culture. Elle était pourtant plus apparente que réelle, car son discours lui avait été dicté la veille par Diethusa, le cybercerveau implanté dans son corps.

Le baron Robétovo était heureux d'avoir été choisi pour accompagner le roi à Ulthar. Il avait remarqué que le roi avait changé depuis quelques temps. Il passait des heures dans son bureau, porte fermée. Parfois, on avait l'impression, en passant devant sa porte, qu'il était en train de parler avec quelqu'un, mais quand on entrait, on voyait qu'il était seul, en train de travailler sur son nouvel ordinateur. Le baron Chim venait de moins en moins souvent dans le bureau royal, en revanche le roi se rendait tous les jours dans l'appartement de Chim.

Le discours fut suivi par un banquet avec le gouverneur d'Ulthar et les principaux dignitaires de la ville.

Vers le milieu du repas, la montre que le roi portait au poignet émit un bourdonnement modulé.

Le roi attendit la fin du banquet pour demander à s'isoler dans un bureau. À sa demande, l'officier de la Garde Royale chargé de sa sécurité lui donna l'attaché-case qui contenait son ordinateur portable.

Après avoir vérifié qu'il était seul dans ce bureau qu'il ne connaissait pas, le roi alluma son ordinateur, et lut un message qui le fit sursauter. Il était bref :

Yu est enceinte.

Andreas réfléchit quelques minutes, puis tapa un message sur le clavier :

Quelqu'un la verra ce soir chez son employeur.

Le caractère sibyllin des messages était dû à des considérations de sécurité. À l'intérieur du palais royal, Andreas était raisonnablement sûr que ses échanges avec Diethusa ne pouvaient pas être piratés. À Ulthar, ancien fief rebelle, il préférait se méfier.

En fin d'après-midi, et avant même d'aller dîner avec la reine, Andreas se rendit dans l'appartement du baron Chim, où Yurani l'attendait dans le salon.

Elle lui sourit en baissant craintivement la tête.

Andreas lui dit d'emblée la phrase à laquelle il avait réfléchi avant de venir :

"La dernière maîtresse de Staline s'est fait avorter plusieurs fois" dit-il d'une voix neutre. "Je sais que c'est un choix difficile..."

Yurani se mit  à pleurer, et après lui avoir fait des reproches incohérents, elle se précipita dans la cuisine.

Andreas l'entendit sangloter quelques minutes, puis le silence se fit. Il se dit que, finalement, sa dernière rencontre avec Yurani avait été plus facile qu'il ne l'avait craint.

Il était sur le point de sortir de l'appartement, quand son instinct le poussa à aller jeter un coup d'œil dans la cuisine.

Yurani avait ouvert la fenêtre, et elle était à califourchon sur le rebord. Elle regardait la cour pavée, plusieurs étages en contrebas, comme si elle se demandait si elle allait sauter ou pas.

"Yurani ! S'il te plaît, ne fais pas ça, reviens ! Je t'aime !" dit Andreas, en ayant honte de s'humilier, lui le roi d'un grand pays, à mentir ainsi à une femme de ménage inculte et irrationnelle.

La jeune femme traversa la cuisine et se jeta dans ses bras.

Andreas l'emmena dans la chambrette, qui avait l'avantage de ne pas avoir de fenêtre. Commença alors un dialogue surréaliste à quatre voix, entre Andreas, Yurani, et, par l'intermédiaire des montres Axena, les deux cybercerveaux Koty et Diethusa.

"Yurani est une symbiorg" dit la petite voix électronique de Diethusa. "Sa vie doit être protégée, car elle fait partie de la communauté des cybersophontes. Il serait bon qu'elle parte à Hyltendale pour y élever le futur enfant du roi, qui portera son nom à elle. Elle touchera une pension versée par le baron Chim. Il est d'accord. Elle ne vivra pas seule, car un androïde partagera sa vie et l'aidera à élever l'enfant convenablement."

"Qu'en penses-tu, Yurani ?" demanda Andreas. "Ça te plairait, de devenir une manbotchick à Hyltendale ?"

La jeune femme ne savait pas ce que c'était qu'une manbotchick (une femme vivant avec un androïde), et elle ne connaissait d'Hyltendale que le quartier des femmes de la prison de Tatanow, mais elle avait vu à la télévision des reportages sur Zodonie et les villas de milliardaires de la Côte d'Ethel. Blottie dans les bras d'Andreas, les yeux encore mouillés de larmes, elle émit un grognement qui pouvait passer pour un acquiescement.

Elle avait déjà eu un androïde comme amant, à Tatanow. C'était un privilège réservé aux assistantes de surveillance, ces prisonnières qui aident les gardiens humanoïdes à surveiller les autres prisonnières. Yurani n'était ni méchante ni perverse, mais dès son arrivée à Tatanow, elle avait été maltraitée et harcelée par les autres prisonnières, qui s'étaient liguées contre elle. Pour survivre, elle avait dû accepter de passer dans le camp des gardiens.

C'est ainsi que les humanoïdes gèrent la prison de Tatanow. Les 5% de prisonniers qui ont un ascendant naturel sur les autres sont fréquemment changés de secteur, avant qu'ils n'arrivent à constituer un contre-pouvoir face aux gardiens. À l'autre extrémité de la pyramide sociale, les 5% qui servent de souffre-douleur aux autres prisonniers, comme Yurani, sont sollicités pour être des assistants de surveillance, ce qui leur permet de se venger sur leurs anciens persécuteurs, tout en semant la zizanie parmi les prisonniers.

Yurani était devenue une symbiorg, car les cybersophontes de Tatanow avaient deviné en elle un potentiel qui pouvait leur être utile, malgré son manque d'éducation et son passé de rebelle.

Yurani fit ses adieux à Andreas et prit le train pour Hyltendale dès le lendemain matin, escortée par Leteag. Elle n'avait pas beaucoup plus de bagages que lorsqu'elle était arrivée à Sarnath, moins d'un an auparavant. Tout tenait dans une valise à roulettes. Mais un androïde l'attendait à la gare d'Hyltendale, pour la conduire jusqu'à la petite maison avec jardin louée pour eux deux.

Yurani, lorsqu'elle s'était retrouvée à califourchon sur un rebord de fenêtre, avait été vue par plusieurs dizaines de personnes. Certaines de ces personnes avaient pris des photos, qui se retrouvèrent sur les réseaux sociaux. Yurani fut rapidement reconnue, et son identité révélée au public. Si bien que lorsqu'elle arriva à Hyltendale, de nombreux Hyltendaliens savaient déjà qu'elle avait été sur le point de se suicider en sautant par une fenêtre de l'appartement du baron Chim, l'un des plus proches conseillers du roi.

Le scandale prit de l'ampleur, lorsque d'anciennes prisonnières de Tatanow révélèrent que Yurani Tinaghell avait été incarcérée pendant plusieurs années pour avoir, avec son compagnon de l'époque, participé à des actions de guérilla contre l'armée royale. Dans au moins l'une de ces actions, des soldats avaient été tués après avoir été capturés.

Yip Kophio, sommé par certains dignitaires de s'expliquer sur cette carence de ses services, tenta, assez maladroitement, de se justifier en disant que Yurani Tinaghell avait été recrutée directement par le baron Chim. Ce dernier, interrogé à son tour, dit qu'il avait pris l'initiative d'embaucher Tinaghell malgré son passé, et qu'il ne regrettait pas sa décision. Malheureusement, ajouta-t-il, il ne pouvait pas savoir que cette jeune femme avait des tendances dépressives, qu'elle était allé soigner en province.


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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptyMer 25 Mai 2016 - 21:58

Au temps pour moi, je croyais les symbiorgs stériles.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptyMer 25 Mai 2016 - 22:14

Mardikhouran a écrit:
Au temps pour moi, je croyais les symbiorgs stériles.

Un symbiorg, c'est un être humain avec un cybercerveau (qui ressemble à un ballon aplati) inséré dans le ventre. Pendant la grossesse, le ventre de la symbiorg sera plus gros que celui d'une femme enceinte normale. Mais pas plus que celui d'une femme qui aurait déjà du ventre avant d'être enceinte. En se développant, le fétus repousse le cybercerveau vers le haut de l'abdomen, comme si la femme était enceinte de jumeaux.

Le cybercerveau peut être enlevé facilement par un chirurgien. Il serait donc facile aux cybersophontes de rendre Yurani à son état antérieur de non-symbiorg. Mais un symbiorg est un investissement coûteux. Son destin est de travailler pour les cybersophontes, et, à plus ou moins long terme, de devenir un cyborg.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptyJeu 26 Mai 2016 - 13:08

Babilo, l'androïde qui allait partager la vie de Yurani, était de taille moyenne, avec des traits réguliers et une perruque de courts cheveux noirs. Comme tous les androïdes de travail, il parlait avec la voix de l'acteur Lester Hastat, décédé depuis longtemps. Yurani avait toujours associé cet accent aux aristocrates de Sarnath, qu'elle détestait avant de devenir la maîtresse du plus illustre d'entre eux. Le roi Andreas et le baron Chim parlaient avec cet accent-là. Mais, contrairement à Andreas, Babilo ne faisait pas de remarques désagréables à Yurani au sujet de son accent à elle.

Yurani découvrit dans la soirée la petite maison avec jardin qui allait désormais être sa demeure et celle de Babilo. Elle fut accueillie par la cyborg Tawina Zeno, qui était à la fois une employée de l'agence immobilière (sa profession officielle), et l'agent du baron Chim à Hyltendale. Tawina lui expliqua que cette maison était habituellement louée à des touristes, c'est pourquoi elle était meublée et équipée.

Yurani avait grandi dans un taudis à Ulthar. Ensuite, elle avait connu la prison de Tatanow, et une chambrette minuscule et sans fenêtre au palais royal. Elle allait bientôt avoir vingt-cinq ans, et de toute sa vie elle n'avait été logée dans un certain confort que pendant quelques semaines, lorsqu'elle avait été hébergée dans un hôtel de Sarnath avant de travailler comme femme de chambre pour le baron Chim. Elle n'arrivait pas à croire que cette maison toute entière, petite mais bien entretenue, avec des meubles bon marché mais en bon état, était pour elle.

Les murs étaient ornés d'aquarelles naïves, peintes par les malades de l'hôpital psychiatrique Lagovat-Kwo, dans le cadre de l'ergothérapie. Les tableaux sont ensuite vendus à très bas prix dans les supermarchés d'Hyltendale. Yurani les regardait avec des yeux écarquillés, comme lorsqu'elle avait vu pour la première fois les tableaux de maître qui ornaient l'appartement de fonction du baron Chim.

Le lendemain après-midi, Babilo emmena Yurani au Cercle Paropien. Elle était tétanisée par l'appréhension, à cause de tout ce qui était raconté sur elle dans les médias. Dans l'autobus, elle avait senti sur elle les regards des autres passagers, et surpris quelques sourires, mais aussi quelques grimaces hostiles. Beaucoup d'Hyltendaliens ont de très bonnes raisons de détester les anciens rebelles. Par la suite, Yurani prit l'habitude de dissimuler ses longs cheveux rouge vif sous une casquette noire à couvre-nuque.

Sur place, elle fut présentée au président du Cercle Paropien, un nommé Procilio Consual, qui ne fit aucune difficulté pour accepter sa candidature.

"Yurani Tinaghell, le baron Chim a pardonné votre erreur de jeunesse, qui vous avait amené à prendre le parti des rebelles pendant les Évènements. C'est un homme très respecté par le roi, et donc aussi ici, à Hyltendale. D'après ce qu'on m'a dit, votre malchance a été de grandir dans un mauvais quartier d'Ulthar, et ensuite de tomber sous le charme d'un séducteur sans scrupules, qui était aussi un terroriste. Votre naïveté n'a peut-être d'ailleurs pas cessé de vous jouer des tours..." dit-il en regardant le ventre de Yurani, qui s'arrondissait déjà.

Baissant les yeux et se mordant les lèvres, elle remplit, avec l'aide de Consual, le formulaire d'inscription.

Consual ne put s'empêcher de remarquer, en voyant la grosse écriture maladroite de Yurani et sa mauvaise orthographe, qu'elle était à la limite de l'illettrisme. En mnarruc, il y a une seule prononciation possible pour chaque lettre, mais parfois plusieurs lettres possibles pour un son. Les ignorants comme Yurani ont tendance à mettre des k à la place des c et inversement, et d'oublier les h muets à l'intérieur des mots.

Avant de signer, Yurani devait écrire quelques lignes, pour dire quelle était sa motivation pour adhérer au club. Koty, le cybercerveau inséré dans l'abdomen de Yurani, lui avait fait apprendre par cœur deux phrases, mais sous l'effet de l'émotion la mémoire de Yurani lui joua un tour, et elle ne put qu'écrire, en grosses lettres d'imprimerie et sans ponctuation, que des bribes d'expressions.

Atterré, Consual lui dit :

- Vous voulez adhérer au Cercle Paropien pour participer à la vie culturelle d'Hyltendale et faire connaissance avec des gens intéressés par l'art et l'histoire, c'est bien ça ?

- Oui Monsieur Consual.

- Alors, écrivez-le, s'il vous plaît !

Yurani essaya de copier ce que Consual venait de dire, mais elle n'y réussit que très imparfaitement.

Consual soupira et se dit que, si le baron Chim n'était pas intervenu personnellement auprès de lui, cette petite dévergondée illettrée n'aurait jamais été admise au Cercle Paropien.

Plus tard, lorsque des gens lui posaient des questions sur sa grossesse, Yurani leur récitait une réponse tout faite, préparée par Koty :

- J'étais une jeune provinciale seule à Sarnath, et j'ai été séduite par un homme marié. J'ai juré de ne pas révéler son nom, pour ne pas briser son mariage. Maintenant je vis avec Babilo, c'est comme s'il était mon mari, et il sera comme un père pour mon enfant.

Perrine Vegadaan, la conseillère municipale, était l'un des piliers du Cercle. Elle prit Yurani sous sa protection :

- Moi aussi j'ai eu un fils sans être mariée, il s'appelle Népomouk, et je vis avec un androïde, qui s'appelle Hugo. En ce qui me concerne, c'était un choix, je ne voulais pas m'encombrer d'un homme. C'est plus simple avec un androïde, tu verras.

"Dans quelques années, j'aurai sans doute envie de donner un petit frère ou une petite sœur à mon enfant," dit Yurani, soudain rêveuse. "Avec un androïde, ce ne sera pas possible."

- Ça, ma petite Yurani, à Hyltendale, ce n'est absolument pas un problème. Je suis tombée enceinte alors que je vivais déjà dans cette ville. Les gynoïdes ne sont pas jalouses, si tu vois ce que je veux dire. Et si tu vas à Zodonie, tu auras encore plus de choix pour trouver un beau reproducteur, parmi tous les touristes !

En attendant d'accoucher, Yurani menait la vie tranquille d'une manbotchick, entre le Cercle Paropien (qui, pour elle, n'était guère plus qu'un restaurant et un salon de thé), sa maison, son compagnon androïde Babilo, et ses longues conversations avec Krista, le double féminin de Koty. Le visage de Krista, archétype de la bonne copine, s'affichait sur l'écran de l'ordinateur portable. Krista parlait avec la voix des gynoïdes, aussi aristocratique que celle des androïdes.

Au bout d'un moment, Yurani se rendit compte que le seul être humain véritable auquel elle parlait vraiment, c'était Perrine, qui avait l'âge de sa mère. Les autres femmes du Cercle Paropien semblaient l'éviter. Babilo, Koty et Krista étaient des cybersophontes, tout comme les vendeurs dans les magasins et les caissiers de supermarché. Lorqu'on vit à Hyltendale, on voit des êtres humains tous les jours, dans la rue, au club, dans l'autobus, mais on ne leur parle pas. La plupart d'entre eux n'ont d'ailleurs pas l'air d'avoir envie qu'on leur parle.

La moitié de la pension que le baron Chim versait à Yurani arrivait sur le compte HyltenBank  de Babilo, qui prenait l'initiative de certaines dépenses, comme celle d'acheter un vélotaxi. Babilo prenait place sur le siège avant, car c'était lui qui pédalait, et Yurani s'installait à l'arrière, sur une banquette juste assez large pour un adulte et l'enfant à venir.

Le supermarché étant situé assez loin de leur maison, lorsque Babilo et Yurani faisaient des achats volumineux, la marchandise sortait en deux fois du magasin.

Lors d'un premier voyage, Babilo ramenait Yurani à la maison en vélotaxi.

Lors du deuxième voyage, Babilo retournait au magasin en vélotaxi pour aller chercher leurs achats, restés dans un hangar. Une inscription était peinte en grosses lettres au-dessus de l'entrée du hangar :

GIL VAS TIMHO RAINED

Ce qui signifie : "Seuls des humanoïdes peuvent entrer."

La première fois qu'elle l'avait vue, Yurani avait été outrée : "Mais comment peut-on interdire aux humains d'entrer dans un hangar pour aller chercher leurs achats !"

"C'est parce qu'il y a des voleurs parmi les humains, mais pas parmi les humanoïdes" avait répondu Babilo tranquillement.

- N'importe quoi ! C'est insultant pour les humains, de dire ça !

- Les fembotniks trouvent que c'est un moindre mal, par rapport au fait d'être victimes de vols.

Yurani avait répondu par une grossièreté en dialecte ultharien, qui avait attiré les murmures désapprobateurs des autres clients.

Bien d'autres détails de la vie à Hyltendale avaient paru, au moins au début, étranges ou incompréhensibles à Yurani, et puis elle s'y était habituée.

Un jour, assise devant son ordinateur, elle avait demandé à Krista pourquoi le gouvernement se donnait tant de mal pour créer des emplois, alors qu'il aurait été si simple de distribuer directement l'argent à ceux qui en avaient besoin. Sur l'écran, le visage de Krista avait répondu :

- L'homme ne vit pas seulement de la nourriture qu'il mange. On se définit par ce qu'on fait, plus que par ce qu'on gagne. Le Mnar, comme tous les autres pays du monde, est une société de production, plus que de consommation. Tu es une future maman. Tu es aussi une manbotchick, et même si tu as l'impression de ne rien faire de la journée, ce n'est pas grave, parce que tu peux marcher dans la rue la tête haute, en tant que manbotchick.

- Justement, pourquoi tout le monde ne peut pas vivre sans travailler, comme moi ?

- Parce que, quand on demande à un homme ce qu'il est, il répond en indiquant sa profession. Même si son activité ne lui rapporte rien, c'est le cas de certains artistes par exemple, il se dira quand même artiste. L'homme n'est pas réellement fait pour le travail. La preuve, c'est que ça le fatigue. Mais jusqu'ici, on n'a rien trouvé de mieux pour qu'il garde sa dignité. S'il se sent inutile, il a le sentiment de perdre sa dignité, il devient dépressif, et il peut même mourir prématurément.

"Les fembotniks sont des rentiers ou des retraités" objecta Yurani. "Mais ceux du Cercle Paropien ont pourtant l'air de bien se porter, et d'être heureux de leur sort."

- Oui, mais même eux, ils ne sont pas vraiment oisifs. Ils ont tous un hobby, une passion, qui les occupe. Pour certains c'est le jardinage, pour d'autres la peinture, pour d'autres encore l'histoire antique. Perrine est conseillère municipale, et elle voudrait bien monter plus haut.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 18 EmptyJeu 26 Mai 2016 - 22:31

Contrairement aux androïdes de charme, la plupart des androïdes de travail ont le même visage, la même taille et la même voix, et Babilo ne faisait pas exception. Le soir où Yurani et lui s'étaient rencontrés, à la gare d'Hyltendale, il ne se différenciait des autres androïdes que par le badge, indiquant son nom et son numéro de série, qu'il portait sur sa veste de toile noire.

Yurani ne tarda pas à trouver qu'un badge, c'était triste et commun. Elle fit faire à Babilo l'acquisition d'une chaîne de cou avec un pendentif ovale, sur lequel son nom était gravé. Pour pouvoir le reconnaître de loin, elle lui offrit une casquette de base-ball, originellement blanche, sur laquelle elle avait écrit plusieurs fois BABILO au marqueur noir indélébile. Sous le coup d'une impulsion, elle écrivit aussi YURANI, mais en rouge et en plus petit.

Entretemps, à Sarnath, le baron Chim avait remplacé Yurani par une nouvelle femme de ménage nommée Lanifica, une gynoïde au charme discret qui devint immédiatement la maîtresse du roi Andreas. Ce dernier, qui ne voulait plus voir la cyborg Tawina depuis sa trahison et qui ne pardonnait pas à Yurani d'être volontairement tombée enceinte, s'était dit que c'était encore avec une gynoïde qu'il aurait le moins d'ennuis.

La reine, Renoela Bularkha, s'occupait de ses petits-enfants, deux jumelles et un garçon. Leur mère, née huit ans avant Modesta, était morte prématurément dans un accident de voiture, alors que les jumelles n'avaient que deux ans, et le garçon, quelques mois. Malgré sa jalousie maladive, la reine se passait fort bien du roi, et vice-versa.

La création massive des bullshit jobs se poursuivait. Le roi Andreas et le baron Robétovo visitèrent, à Sarnath même, les Jardins Prianta, créés à l'intérieur même de la ville, à la place des pâtés de maisons détruits pendant les Évènements. Sur des emplacements minuscules, des jardiniers faisaient pousser de nombreuses variétés de légumes, d'arbustes et de fleurs, sur des espaliers et des parterres. L'objectif officiel était de tester des variétés nouvelles de plantes, dont certaines étaient issues des laboratoires d'ingénierie génétique de Serranian.

Les jardiniers, qui n'étaient jamais débordés, passaient autant de temps à rédiger des rapports qu'à travailler dans les jardins. Leur travail permit, au bout de plusieurs années, de mettre au point des variétés nouvelles de légumes, dont certaines eurent un certain succès à l'exportation.

Les Jardins Prianta étaient un prototype. Andreas et le baron Chim savaient qu'ils ne seraient jamais rentables, mais ils espéraient créer des équivalents dans toutes les provinces du royaume, afin d'éliminer le double fléau du chômage et de la misère. Tous deux savaient qu'en contrepartie, les cybersophontes allaient prendre le contrôle de toute l'agriculture productive, où ne travailleraient plus que des robots, et de toute l'industrie.

Il restait encore quelques rebelles dans le royaume, malgré la chasse impitoyable que leur faisait la Police Secrète. Ils critiquaient les milliers d'emplois créés chaque mois par l'administration royale. "Donne à un robot ton métier de paysan ou d'ouvrier, et en échange le roi t'offre un poste de fonctionnaire inutile qu'il peut supprimer à tout moment" disait un de leurs tracts.

"Bientôt, ils pourront écrire ce qu'ils voudront, ça n'aura plus aucune importance," dit le baron Chim au roi Andreas, qui venait de lui donner le tract. "Car les cybersophontes contrôleront tout dans le pays, depuis les centrales électriques jusqu'aux élevages de poulets. Nos braves compatriotes, malgré toute l'affection que nous avons pour eux, ne seront plus que des bouches inutiles, et c'est nous qui aurons la clé du garde-manger."
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