Voto eamxo!
Je vous présente donc la langue sur laquelle je passe une bonne partie de mon temps libre ces derniers temps: Noxekeù.
Cette langue n'a aucun but pratique: à l'origine c'est surtout pour moi un divertissement, et aussi (c'est apparu depuis que je me suis lancé dans l'aventure) un support pour une réflexion personnelle sur les liens entre langage et pensée au travers de questions telle que "Est-il possible d'exprimer cette idée dans cette langue d'une façon précise?".
Noxekeù (l'ensemble de nos mots) est la langue de Noxtunù (l'ensemble des êtres humains qui sont 'nous'; grosso modo "notre peuple").
Note: on utilise pas d'article devant Noxekeù ou Noxtunù car ce sont des collectifs, qui ne prennent pas d'article dans cette langueDu point de vue du monde réel, il s'agit d'une langue à 90% a priori. En effet, environ 10% du lexique est apparenté aux langues indo-européennes, ce qui était involontaire au début de la création du vocabulaire. Autant que possible, elle cherche à "avoir l'air naturelle".
Il s'agit d'une langue SOV, plûtot agglutinante, où la grammaire et la syntaxe apportent beaucoup de nuances (tout au moins, c'est ce que je recherche...). Je n'ai pas cherché à me démarquer totalement de tout ce que je connais, mais plutot à utiliser des notions que je trouvais intéressantes dans les diverses langues dont j'ai pu entendre parler ici où là.
Noxekeù est encore incomplet: il y manque certains éléments essentiels comme l'équivalent des notions exprimées en français par les verbes devoir, vouloir, pouvoir, faire ... Ils amèneront avec eux des pans entiers de vocabulaire (c'est l'avantage du caractère agglutinant de la langue?). Un alphabet est en préparation
Ce qui est déjà 'visible' est consultable ICI
L'histoire et la culture (fictive) de Noxtunù
Note: la partie pseudo-historique, c'est surtout pour justifier les 10% de lexique IE.Ce peuple a vécu "il y a longtemps" (entre -4000 et -2000), dans le centre de l'Eurasie, où il a vraisemblablement cotoyé des locuteurs d'un ou plusieurs idiomes proto-indo-européens.
Les Noxtunou sédentaires, décidément en avance sur leur temps, ont développé une forme d'écriture, d'abord idéographique puis alphabétique. C'est grâce à cette innovation que nous pouvons parler de cette langue aujourd'hui: en effet, il y a maintenant plus d'un siècle, des archéologues ont retrouvé, dans une antique tombe dans l'ouest de la Chine un ensemble de textes en Noxekeù qui sont le seul vestige de cette civilisation.
La chance souriait décidément aux découvreurs de ce trésor; en effet, cette langue serait demeurée un mystère si un lettré tokharien ne les avaient pas annotés. Ces quelques notes permirent de transcrire les textes, et de comprendre certains mots. La traduction fût très longue, mais le résultat dépassa toutes les espérances: dans cet ensemble de textes principalement mythologiques, se trouvait un traité de grammaire, probablement le plus vieux de l'histoire de l'humanité, où l'auteur, en plus de détailler sa propre langue, non seulement évoque le parler des nomades, mais aussi mène une réflexion sur l'origine des mots de sa langue.
La première phrase du traité de grammaire montre que l'auteur (qui est une femme) est conscient d'être l'un des derniers locuteurs de sa langue:
- Citation :
- Moi, Naqi az Saazi Arjai-Sieli ek Keda Birna, que l'on nomme Kenetemi ("savante"), j'écris ces mots alors que bien peu savent encore les lire, et que peu les comprendraient.
Les mythes des Noxtunou, ainsi que leur langue, montrent une vision du monde axée sur une séparation entre d'un côté un aspect sédentaire, agricole, féminin (droit) et de l'autre un aspect nomade, pastoral, masculin (gauche). Ces deux aspects ne sont pas hermétiquement séparé ("C'est comme quand tu regardes une pomme. Il y a une partie de la pomme qui est le haut, et une partie de la pomme qui est le bas. Mais il n'y a pas de limite précise entre le haut et le bas de la pomme. Et il y a aussi des choses qui ne font pas partie de la pomme.")
Noxekeù tel qu'il est présenté est la langue des communautés sédentaires, très conservatrice en raison d'une grande utilisation de l'écrit. Il existe un "dialecte nomade" qui diffère par la prononciation et une partie de la grammaire; c'est une langue flexionnelle et non plus agglutinante, mais ce charabia reste largement compréhensible aux sédentaires.