J’ouvre ce fil pour présenter le twi (nom éventuellement provisoire), une nouvelle langue sur laquelle je travaille.
Pour ce nouveau projet, je me suis imposé des consignes de structures ou d’éléments que je n’utilise guère ou jamais d’habitude, histoire de sortir un peu de ma zone de confort. Ces impératifs sont : — une typologie OVS — une langue isolante — une orthographe transparente (mais je n’ai quand même pas pu résister à la tentation du diacritique) — un vocabulaire entièrement a priori — pas d’exceptions ni d’irrégularités (ça, ça ne va pas être facile pour moi) Les deux premiers points sont complètement nouveaux pour moi, ce qui m’a semblé intéressant.
J’ai trouvé somme toute peu d’information sur Internet sur les langues OVS, mais j’ai quand pu dénicher une grammaire du hixkaryana, langue caribe du Brésil qui compte au mieux 500 locuteurs. Cette grammaire, que j’ai survolée, est en anglais et un peu opaque pour mon niveau. Le hixkaryana n’est pas du tout une langue isolante comme c’est le cas du twi, mais j’en ai extrait pour l’instant un ou deux traits particuliers et applicables.
PHONOLOGIE
Pour une lecture transparente (du moins pour les francophones que nous sommes), je suis parti de l’alphabet français sans rien y rajouter (à l’exception d’un petit diacritique).
Beaucoup de mots sont monosyllabiques, ce qui fait que j’ai dû étendre les sons possibles pour limiter les homophones. Bien que ce ne soit pas à l’ordre du jour, j’imagine pour le twi des phonogrammes : un phonogramme représente un unique son, indépendamment de son sens (deux homophones auraient ainsi le même phonogramme). Les mots dissyllabiques seraient composés de deux phonogrammes, etc. En alphabet latin cependant, les syllabes des mots plurisyllabiques seront liées pour faciliter la compréhension mais, dans une hypothétique idéographie, les phonogrammes se suivraient sans espace, à l’image du chinois par ex.
ALPHABET
Consonnes : b ; c /ʃ/ ; d ; dh /ð/ ; f ; g /g/ ; ng /ŋ/ ; h /h/ ; j /j/ ; k ; kk /kʰ/ ; l ; m ; n ; p ; pp /pʰ/ ; r /r, ʁ, χ/ ; s ; t ; tt /tʰ/ ; th /θ/ ; v ; w ; x /x/ ; z Il y a donc quelques digraphes : dh /ð/, ng /ŋ/ ; th /θ/. Il m’a semblé que c’était la solution la plus transparente pour les rendre. Le r peut être indifféremment prononcé /r, ʁ, χ/ ou n’importe quelle prononciation d’ailleurs. Restent les doubles consonnes aspirées kk, pp et tt, dont j’ai repris la graphie du rꞟ (pas transparentes, je l’accorde, mais comme le h est utilisé pour les autres digraphes…). D’ailleurs, elles pourraient aussi bien être prononcées comme des consonnes longues (/kː/ par ex.) sans que cela modifie le sens des mots.
Voyelles : a ; e /e, ɛ/ ; i ; o /o, ɔ/ ; u /u/ ; y /y/ (ces six voyelles peuvent être longues, notées par un redoublement : aa /a:/, etc.) + æ /ɛ/ ; œ /ø/ (peuvent être notées, si problème d’affichage ou de clavier, par ae et oe) + 3 diphtongues /aj/, /ɛj/ et /ɔj/, notée ȧ, ė (comme en elko en somme) et ȯ (si problème, elles peuvent être notées aj, ej et oj ou avec n’importe quel autre diacritique ä, â, á, ā, etc. Vu qu’il n’y a qu’un seul diacritique, ça ne peut pas prêter à confusion)
Ce qui donne un alphabet complet comme suit : a, aa, ȧ, æ, b, c, d, dh, e, ee, ė, f, g, ng, h, i, ii, j, k, kk, l, m, n, o, oo, ȯ, œ, p, pp, r, s, t, tt, th, u, uu, v, w, x, y, yy, z – soient 42 lettres.
La syllabe est de type (C)(C)V(C). Les groupes CC initiaux peuvent être de toute sorte (C+r,l,w,j bien sûr, mais aussi ts, st, gv, mr, ks, sk, hl, etc.). La seule limite est mon imagination et les sons que je trouve, tout à fait subjectivement, agréables à l’oreille.
Pour l’instant, j’ai envisagé un accent tonique sur la première syllabe. Seraient atones les mots outils, pronoms personnels, particules, entre autres. Rien n’est très fixé à ce sujet, mais je tiens à garder une souplesse dans la prononciation. L’accentuation pourrait modifier l’intonation d’une phrase mais pas son sens. Elle peut donc s’adapter quasiment au locuteur.
J’adopte provisoirement la ponctuation française ; je ne me suis pas encore penché sur la question.
ORDRE DE LA PHRASE
Le twi est donc de type OVS. Kle kkju ta., Je bois de l’eau. (eau boire je)
Font exception le COI et le C de lieu des vb. de mouvement qui suivent le sujet (deux traits que j’ai empruntés au hixkaryana). Cin ta drȧxis la., Je vais en forêt. (aller je forêt à) Kaamthwæ mli ta ca la., Je te donne un cadeau. (cadeau donner je toi à)
Peut modifier également l’ordre OVS, la particule de focalisation ha (rien à voir avec le は japonais, j’ai repris cette particule texto du hixkaryana) qui peut ramener le sujet ou le comp. de lieu notamment en première position. Kniti ta ha kli i kkju !, C’est mon frère qui a bu le thé ! (et pas moi) (frère mon [foc.] thé passé boire) Drȧxis la ha i cin ca !, Tu es allé en forêt !? (forêt en [foc.] passé aller tu)
À suivre…
Ziecken et Velonzio Noeudefée aiment ce message
Velonzio Noeudefée Référent Actualités
Messages : 8441 Date d'inscription : 14/02/2015 Localisation : Rhône-Alpes
Niluusu kivanu ki-so∂em-korondo-s-uvi gu koyoodnißju. (dudyi) / Midevim iſeet dotſe iJebiriotoẏot éß umowonêyû. (∂atyit) Je rêve que les humains deviennent les jardiniers de la vie dans le système solaire.
Anoev Modérateur
Messages : 37636 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
Théoriquement, du moins, à bien y réfléchir, une syntaxe OVS devrait être moins déroutante qu'une syntaxe SOV pour quelqu'un qui est habitué (comme moi, disons-le tout net) à une syntaxe SVO pouisqu'en fait, c'est le symétrique exact. Ainsi :
"Je sais que tu as mangé un poulet entier" deviendrait "Qu'un poulet entier a mangé tu sais-je".
Contrairement au français où la syntaxe SVO est un peu bousculée ("je t'aime"), là, on pourrait avoir une syntaxe plus régulière (t'aimer je).
Quel place réserves-tu pour les compléments circonstanciels ?
Lal Behi a écrit:
—langue isolante.
Là, ça va obliger à avoir une syntaxe absolument identique pour toutes les propositions, afin de se dire que le complément d'objet, on sait toujours où il est, et le sujet itou. Raison pour laquelle je t'ai posé cette question sur les autres compléments :
je mange deux œufs / deux œuf manger je je mange à midi / midi manger je ou manger je midi je mange deux œufs à midi / deux œuf manger je midi, midi deux œufs manger je ou deux œuf midi manger je.
Lal Behi a écrit:
—langue entièrement à-priori.
Je salue ton courage, ton audace. J'espère que tu y arriveras.
Les langues où l'objet précède le verbe ont tendance à avoir des ordres différents de celles où le verbe précède l'objet au-delà du simple ordre du sujet, du verbe et de l'objet, par exemple les clauses relatives prénominales sont très répandues dans les langues OV mais rarissimes dans les VO. Une langue OVS est en principe plus proche d'une SOV grammaticalement que d'une SVO.
Pour ce qui est de l’aspect OVS inverse du français, j’ai réfléchi à la question et je vais faire en sorte que ce ne soit pas un miroir parfait.
Comme dit plus haut, j’ai déjà le coi et le comp. de lieu des vb. de mouvement qui suivent le sujet. Je suis en train de réfléchir à d’autres règles qui iraient dans le même sens, notamment en ce qui concerne les propositions relatives qui devraient, théoriquement, être antéposées.
J’en parlerai plus tard, mais j’ai également emprunté au hixkaryana une structure de complément de nom assez bizarre…
Pour ce qui est des compléments, je pense à priori placer le cod toujours devant le verbe et les autres compléments en première position.
Je suis assez familier des langues SOV (tibétain, rꞟ réformé) où chaque groupe nominal est suivi d’une particule. C’est aussi théoriquement le cas pour les langues OVS mais je tiens à inclure des différences pour ne pas tomber dans les mêmes structures. Mais il est vrai que le fait que ce soit isolant rend nécessairement la structure plus figée, un peu comme en chinois. Cela dit, une de mes premières idées était de faire du twi une langue simple et régulière (je ne sais pas si elle sera simple mais régulière, oui). D’ailleurs, une syntaxe régulière n’est pas nécessairement une syntaxe toujours mécaniquement logique…
Et donc, on aurait bien : midi deux œuf manger je. Mais aussi, pour répondre à quelqu’un qui mange un steak : « je ha midi deux œuf manger » → quant à moi, je mange deux œufs le midi. Ou aussi « douze œuf ha midi manger je » → je mange DOUZE œufs le midi ! (ou, pourquoi pas : "douze ha oeuf midi manger je" ou même "douze ha midi oeuf mange je" → c'est par DOUZE que je mange les oeufs à midi !". A réfléchir.
Velonzio Noeudefée aime ce message
Lal Behi
Messages : 925 Date d'inscription : 16/03/2008
Sujet: Re: Le twi (langue OVS) Mer 28 Juil 2021 - 17:05
Je continue avec l’extension du nom et la particule corrélativee.
Comme je l’ai dit plus haut, j’ai emprunté au hixkaryana sa structure (ou peut-être une de ses structures ?) du complément de nom, à savoir : possesseur / possédé / e. La particule suit donc le second terme. Ex. : tsy ppi e (enfant livre e) → le livre de l’enfant drȧxis stiihem ni e (forêt arbre pl. e) → les arbres de la forêt
Je me suis dit que ce serait une bonne idée d’utiliser une structure similaire pour la relative, qui est aussi une extension du nom. J’ai donc établi la structure suivante : la relative vient en premier lieu, suivie d’une virgule ; vient ensuite la proposition principale contenant le nom, suivi de la particule corrélative indiquant son lien avec la relative. Ex. : I braan i hrin ta, ppi e sfȧ ta ca la. (hier passé acheter je, livre [e] prêter je toi à) → Je te prête le livre que j’ai acheté hier. I braan i hrin ta, raanwa ppi e. (hier passé acheter je, être-intéressant livre [e]) → Le livre que j’ai acheté hier est intéressant.
Je ne sais pas si cela fonctionnera aussi bien avec des phrases plus complexes ; je verrai à l’usage.
PatrikGC
Messages : 6736 Date d'inscription : 28/02/2010 Localisation : France - Nord
Sujet: Re: Le twi (langue OVS) Mer 28 Juil 2021 - 17:40
Lal Behi a écrit:
Je continue avec l’extension du nom et la particule corrélativee.
Comme je l’ai dit plus haut, j’ai emprunté au hixkaryana sa structure (ou peut-être une de ses structures ?) du complément de nom, à savoir : possesseur / possédé / e. La particule suit donc le second terme.
Tout ceci est fort proche de la notation suffixée (ou notation polonaise inversée). Ou la particule -que du latin. J'attends de voir la suite
J'ai fait une ébauche de présentation du twi sur Idéolexique en reprenant les quelques éléments de ce fil...
Velonzio Noeudefée aime ce message
Lal Behi
Messages : 925 Date d'inscription : 16/03/2008
Sujet: Re: Le twi (langue OVS) Dim 3 Oct 2021 - 15:30
J'ai complété la page du twi sur Idéolexique avec un lexique, la liste de Swadesh et le texte de Babel.
Velonzio Noeudefée aime ce message
Lal Behi
Messages : 925 Date d'inscription : 16/03/2008
Sujet: Re: Le twi (langue OVS) Mer 13 Oct 2021 - 21:31
Petite question : quelle est la meilleure façon de rendre en API la diphtongue twie ‘ė’ que je note pour l’instant /ɛj/ ? J’ai vu que les pages d’elko la notait avec un petit 'j' en exposant...
Anoev Modérateur
Messages : 37636 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
Sujet: Re: Le twi (langue OVS) Mer 13 Oct 2021 - 21:39
Si c'est vraiment une diphtongue, j'opterais pour [ɛɪ], peut-être à la rigueur [ɛɪ] ou [ɛi]. Pas oublier que le [j] est une glide, et non une vraie voyelle ; or une diphtongue, c'est deux voyelles dans une même syllabe, comme deux poissons dans la même boîte.*
*Ou un couple dans le même lit, mais vu la taille de la représentation de la deuxième lettre, on risquerait de me taxer de pé*do*phil*...
_________________
Pœr æse qua stane:
Pour ceux qui restent.
Velonzio Noeudefée aime ce message
Lal Behi
Messages : 925 Date d'inscription : 16/03/2008
Sujet: Re: Le twi (langue OVS) Jeu 14 Oct 2021 - 10:19
En þünmari, après discussion avec Mardikhouran, j’avais rendu la diphtongue á par /au̯/, ỳ par /ye̯/, etc. Est-ce que pour la diphtongue twie ė, on ne pourrait pas avoir de la même façon /ɛi̯/ ?
Peut-être d’ailleurs pourrait-on créer un fil dédié du genre « Comment rendre une diphtongue en API » ; ça en intéresserait, qui sait ?, d’autres, sauf si je suis le seul à n’être pas doué en API…
Velonzio Noeudefée aime ce message
Lal Behi
Messages : 925 Date d'inscription : 16/03/2008
Sujet: Re: Le twi (langue OVS) Jeu 14 Oct 2021 - 10:47
J’ai quand même trouvé ça sur Wikipédia :
Différentes représentations de la diphtongue [au] dans l'API - au̯ : diagramme avec brève inversée souscrite - aᵘ : diagramme avec exposant - Une autre possibilité est de préciser la division syllabique par des points, en distinguant ainsi la diphtongue [au] de l'hiatus [a.u].
Ce qui me conforterait dans l’idée de rendre le twi ė par /ɛi̯/ ?
Lal Behi
Messages : 925 Date d'inscription : 16/03/2008
Sujet: Re: Le twi (langue OVS) Mar 25 Jan 2022 - 16:09
Le mot du jour (are) m’a fait poser question sur les termes de métriques du twi, pour lesquels je n’avais rien du tout (non plus que pour les poids et les volumes d’ailleurs).
Pour l’instant, j’ai créé : — ming (mètre) → ttisming (kilomètre ; litt. 1.000 mètres, c'est original...) — ner ming (mètre carré ; de ner, angle) → ner ttisming (kilomètre carré) — pristcuming (centimètre ; avec tcu /tʃu/, divisé par) → ner pristcuming (centimètre carré)
Pour l’are et l’hectare, j’hésite… On pourrait simplement avoir : — pris nerming (are ; soit 100 m²) → vrem nerming (hectare ; soit 10.000 m²) Mais comme ça commence par un chiffre, cela rend la lecture plus difficile (je trouve) quand il y a plus d’une unité : 25 ares → niistæzwi pris nerming (soit 25 « 100 m² »). Comme l’are est a priori une mesure particulière, un peu hors du système métrique international, je pensais aussi à la prendre telle quelle, en emprunt : artcam (are ; ar pour are + tcam, surface). Pour hectare, soit pris artcam (100 ares) mais avec le même problème du chiffre initial. Ou alors, créer arartcam (ar + ar + tcam) pour hectare, une sorte de néologisme twi, ce qui me plaît assez. Je fais l’impasse sur les autres subdivisions de l’are, toutes obsolètes.
L’utilisation de tcam en finale permettrait aussi de différencier un élément et une unité : — teppe (pouce – anatomie) → teptcam (pouce – dimension) A voir...
Pour l’instant, je ne remplis pas Idéolexique, car je ne suis pas encore sûr de conserver tout ça.
Velonzio Noeudefée aime ce message
Velonzio Noeudefée Référent Actualités
Messages : 8441 Date d'inscription : 14/02/2015 Localisation : Rhône-Alpes
Sujet: Re: Le twi (langue OVS) Mar 25 Jan 2022 - 18:34
En simplifiant le tcam en une finale en -am, quitte à la redupliquer, j'obtiens : aram; aramam; tep(p)am, par exemple.
Niluusu kivanu ki-so∂em-korondo-s-uvi gu koyoodnißju. (dudyi) / Midevim iſeet dotſe iJebiriotoẏot éß umowonêyû. (∂atyit) Je rêve que les humains deviennent les jardiniers de la vie dans le système solaire.
Lal Behi
Messages : 925 Date d'inscription : 16/03/2008
Sujet: Re: Le twi (langue OVS) Mar 25 Jan 2022 - 19:15
En général, j’essaie de ne pas modifier la prononciation des mots en twi, même s’il y a quand même quelque exception. Mais je veux garder le même glyphe syllabique dans le mot et ses dérivés ; les modifications de prononciations doivent donc être minimes. Et j’ai déjà la racine ‘am’ dans ‘amtȧ’, oreille…
Cela dit, l’idée de simplifier et bonne et, comme je n’ai pas encore entériné le mot ‘tcam’, il peut devenir par ex. ‘ath’ /ˈaθ/, tout simplement. Ce qui donnerait, en le gardant à l’identique : arath, ararath, tepath…
Ziecken et Velonzio Noeudefée aiment ce message
Lal Behi
Messages : 925 Date d'inscription : 16/03/2008
Sujet: Re: Le twi (langue OVS) Mar 27 Sep 2022 - 20:41
Je reprends ici le message d’Anoev concernant l’absence de verbes pronominaux en twi.
Je suis donc parti du l’idée que la présence ou non d’un complément d’objet levait une possible ambiguïté : Elles se sont lavé les mains. : Kaamti ni i sœ kani. (main pl. passé laver elles) Elles se sont lavées : I sœ kani. (id. sans 'mains') ; phrase qui, en elle-même, signifie aussi « elles ont lavé », mais qu'on n'emploierait pas seule sans contexte (ni en twi, ni en français d’ailleurs).
La question se pose pour d’autres phrases plus complexes. Anoev donne comme exemple : 1. Ces chemises se vendent bien (en fait, ce ne sont pas les chemises qui se vendent d'elles-mêmes : y faut bien un vendeur) 2. Ce mercenaire se vend au plus offrant.
Pour la première, on emploierait sans doute : Tarmu ni æ ungla theet (na). (chemise pl. dém. bien vendre (on)). C’est-à-dire, on vend bien ces chemises. A priori, on peut même se passer du pronom « na » (on) ; le sujet suit toujours le verbe, en fin de phrase et ce « on » est souvent omis. Il s’agit plutôt d’un pronom ø que d’une réelle absence…
Et, honnêtement, pour la seconde, je ne sais pas vraiment… Pourquoi ne pas employer la même structure qu’au-dessus : - Xegren theet ȧndzar muntliwadė la. (arme vendre mercenaire plus-offrant au) : (Ce) mercenaire vend (des) arme(s) au plus offrant. - Theet ȧndzar muntliwadė la. (idem sans ‘arme’) : Ce mercenaire se vend au plus offrant. Si l’on fait un parallèle avec l’exemple au-dessus (elles se lavent), je pense que cela reste compréhensible si l’on part du principe qu’en twi tout verbe est non pronominal et pronominal (sans objet) (bien sûr pour les verbes auxquels cette distinction s’applique).
Tout cela, bien entendu, à étudier avec d’autres exemples si nécessaire.
Anoev et Velonzio Noeudefée aiment ce message
Anoev Modérateur
Messages : 37636 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
Sujet: Re: Le twi (langue OVS) Mar 27 Sep 2022 - 22:07
En fait, pour "ce mercenaire se vend au plus offrant", c'est plutôt la dernière proposition que je trouve la plus probante : il ne vend pas lui-même, mais sens services (musclés & armés) ; c'est comme si on disait "cette prostituée se vend surtout à des marins habitués" : elle ne se vend pas elle-même, mais plutôt les prestations sexuelles dont elle se fait rétribuer. Le terme "se vendre" est aussi mal utilisé en matière pronominale pour des personnes (prostituée, mercenaire) que pour des objets (chemises). Pourtant, on l'utilise sans sourciller en français, et peut-être aussi dans d'autres langues (y compris construites).
En fait, le terme "pronominal" est assez vague, et en français, il englobe des conceptions très différente (voire opposées). Je comprends que Lal ait résolu ce nœud gordien de la manière la plus radicale : en le tranchant°.
°J'm'y suis pris d'une aut'manière, mais c'est pas l'sujet ici.