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| Yü, la diégèse de l'empire tajaar, des royaumes svakâram et des cités yarawã | |
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Auteur | Message |
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Troubadour mécréant
Messages : 2107 Date d'inscription : 20/01/2013 Localisation : Aquitaine, France
| Sujet: Re: Yü, la diégèse de l'empire tajaar, des royaumes svakâram et des cités yarawã Mer 30 Déc 2015 - 10:53 | |
| - djingpah a écrit:
- PS : je te suis également pour "érudits" il a une connotation plus archaïsante que "traducteur" au final plus récent.
C'est tout autant pour éviter une répétition dommageable avec le mot "traduction" qui suit. Sinon, pour pinailler quelque peu sur les répétitions justement, tu pourrais peut-être alterner "répandre" et "diffuser". Pour "couverts" ou "encerclés", une formulation telle que " Les murs extérieurs de Saag disparurent presque sous..." serait peut-être intéressante. | |
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| Sujet: Re: Yü, la diégèse de l'empire tajaar, des royaumes svakâram et des cités yarawã Mer 30 Déc 2015 - 12:42 | |
| - Troubadour a écrit:
- Sinon, pour pinailler quelque peu sur les répétitions justement, tu pourrais peut-être alterner "répandre" et "diffuser".
Hum, en effet ce n'est pas faux j'ai beaucoup utilisé répandre dans ce texte... - Citation :
- Pour "couverts" ou "encerclés", une formulation telle que "Les murs extérieurs de Saag disparurent presque sous..." serait peut-être intéressante.
Oui c'est vrai, mais le problème que j'ai avec cette phrase c'est que les "murs de Saag" ne sont en fait que les limites de la ville car cette dernière s'étant construite sur le tard et anarchiquement, elle n'a jamais été encerclée de murs protecteurs. |
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| Sujet: Re: Yü, la diégèse de l'empire tajaar, des royaumes svakâram et des cités yarawã Sam 2 Jan 2016 - 17:28 | |
| Je trouve interressent le fait qu'au coeur de ce monde d'inspiration tres asiatique se trouve une civilisation d'inspiration précolombienne. Ce qui me fait me demander, de par leur proximité avec un empire Tajaar évoquant beaucoup la chine, a quoi ressemble la civilisation Yarawa, notamment leur mode et leur religion, car tous les peuples sont liés et s'influencent dans une continuité géographique, et leur voisinage devrait les rendre assez proche culturellement. |
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| Sujet: Re: Yü, la diégèse de l'empire tajaar, des royaumes svakâram et des cités yarawã Sam 2 Jan 2016 - 18:52 | |
| - Wulkos a écrit:
- Je trouve interressent le fait qu'au coeur de ce monde d'inspiration tres asiatique se trouve une civilisation d'inspiration précolombienne. Ce qui me fait me demander, de par leur proximité avec un empire Tajaar évoquant beaucoup la chine, a quoi ressemble la civilisation Yarawa, notamment leur mode et leur religion, car tous les peuples sont liés et s'influencent dans une continuité géographique, et leur voisinage devrait les rendre assez proche culturellement.
C'est vrai que je n'y avais jamais pensé, mais les yarawã sont vraiment à part... Comme tu le dis, mon idéomonde est une sorte d'Asie fantasmée avec des morceaux de culture Européenne et Islamique (d'ailleurs en réarrangeant ma carte, on obtient une Asie approximative ) et les Yarawã sont des Mésoaméricains "infiltrés". La plupart des Etats de mon idéomonde sont plus ou moins en communication mais les cités des yarawã sont les plus isolées je dirais. C'est en partie dû au fait qu'ils habitent dans une forêt tropicale assez épaisse. Cela dit, comme tu le soulignes, il y a toujours des contacts entre les civilisations surtout quand elle sont aussi proches, et c'est assez bien illustré par mon histoire imaginaire! Déjà, les régions les plus proches des cités yarawã, tel que le Betlgyoog et le nord de l'Ayagyoog (provinces que l'on peut observer au début du fil, sur la carte) ne sont pas vraiment des régions traditionnellement "tajaar" de culture. Il faut plus les voir comme des annexions de l'Empire, les peuples qui les habitaient originellement ayant été attirés par la puissance que l'Empire Tajaar leur conférerait. Par conséquent, au Betlgyoog par exemple, des dialectes yarawã sont parlés et la culture est assez hybride. La religion yarawã est assez animiste à l'origine, mais au contact des Tajaar, un polythéisme classique s'est développé dans ces régions. Par exemple, la religion yarawã comporte une déesse mère, nommée l'esprit de la terre, Kai Xiígahí, qui, au Betlgyoog a fusionné avec la figure du "Grand ancêtre" (Khaarün) tajaar que les morts sont censés rejoindre après leur mort. Par conséquent, au Betlgyoog, la croyance populaire veut que les morts rejoignent la salle des ancètres présidée par la déesse mère, alors que les Yarawã classiques pensent que, après la mort, l'âme retourne à la terre première et donc à Kai Xiígahí sans qu'aucun culte des ancètres personnifié entre en jeu. Pour ce qui est des relations culturelles entre les Yarawã "politiques" et le monde Tajaar, elle se fait principalement par les fleuves. En effet, c'est un moyen sûr (en tout cas plus que la traversée de forêt très épaisses) pour les commerçants de voyager. Le résultat de ces contacts est la diffusion de la monnaie sous la forme de pièces de métal dans les cités yarawã, et de diverses inventions dont, notamment, toutes celles liées à la diffusion de la poudre. Par conséquent, les cités yarawã traversées par des fleuves ou possédant des lacs intérieurs tel que Kawabai Xoo sont très favorisées. Cette arrivée de marchandises dans les cités a d'ailleurs entrainée un importante vague d’engouement pour la culture des "pays du sud" dans les cités les plus méridionales, l'exemple le plus caractéristique étant Kawabai Xoo ou Xaabaa. Les objets les plus prisés (nommées "merveilles du Sud") sont justement les textiles tajaar brodés, extrêmement fins, mais aussi les bijoux aussi prisés par la gente masculine que féminine que la noblesse porte avec fierté. Les contacts culturels sont quasi inexistants au départ, mais dans les années 2230 et même avant, certains convertis à la nouvelle religion syncrétique rassemblant des croyances svakâram et tajaar amènent chez les yarawã des textes sacrés. L'élite est fascinée par cette nouvelle vision du sacrée car la religion yarawã avait alors tendance à s'enfoncer dans un conservatisme trop important, et, par conséquent, les dirigeants des cités de Xaabaa, Kawabai Xoo, Asaa et Naigii se convertissent successivement. On a donc des cités assez étranges où seule l'élite pratique cette religion alors que le peuple reste fidèle aux croyances yarawã classiques. D'ailleurs, les auteurs de comédies de l'aire culturelle Xaabaa vont, en s'inspirant des œuvres fondatrices fondatrices de la cité de No, créer le personnage satyrique du "nouveau converti Yarawã", méprisant et ridicule. Tu as donc vu tout à fait juste lorsque tu parles de mode et de religion car c'est les deux facteurs d'influence tajaar principaux pour les yarawã! A l'inverse, la bibliothèque de Shamsür, dans l'Empire Tajaar comportera des volumes de théâtre yarawã car elle avait pour but de rassembler toute la connaissance humaine de l'époque (2510). Les influences sont donc plus au moins réciproques. Voilà, en espérant que ça réponde à ta question! |
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| Sujet: Re: Yü, la diégèse de l'empire tajaar, des royaumes svakâram et des cités yarawã Jeu 7 Jan 2016 - 0:44 | |
| Je vous propose un nouveau texte, cette fois issu de la tradition svakâram et plus précisément du royaume de Jâhala, un centre culturel très important que l'on peut même qualifier de mère de la culture svakâram puisque c'est ici que les premiers textes svakâram furent élaborés. Je viens de terminer la lecture d'une pièce très connue de l'auteur indien Kalidasa : Abhijñānaśākuntalam aussi nommée La Reconnaissance de Shâkountalâ et ça m'a donné envie de me replonger dans un ancien projet auquel je m'étais livré il y a quelques temps : écrire une pièce de théâtre svakâram. J'ai donc repris ce que j'avais déjà écrit et j'y ais apporté quelques corrections et ajouts. La pièce elle-même n'est pas terminée, mais ça ne saurait tarder car elle est excessivement courte! J'ai essayé de mélanger les influences grecques indiennes et classiques du mieux que j'ai pu (on ne s'improvise pas auteur malheureusement) pour raconter l'histoire du roi Bâdzarama et de sa fille Anaknî lors d'une guerre contre les cités avoisinantes. L'idée principale est celle du respect de l'ordre sacré, qui, perturbé par les envahisseurs appelle à une intervention divine en fin de pièce à l'instar du DEVS EX MACHINA antique où de l'apparition du Dieu salvateur dans le théâtre indien. Je pense vous la présenter en plusieurs fois, afin de ne pas charger le fil et de me laisser le temps de rédiger correctement la fin!
J'ai nommée la pièce Le roi Bâdzarâma et, dans ma diégèse, elle est censée avoir été écrite par l'auteur Azhafarâ, introduisant de nombreuses nouveautés dans le théâtre de Jâhala tel qu'un double chœur (j'ai emprunté l'idée du chœur à la tradition grecque) et l'ajout de scènes comportant des actions plus complexes.
J'ai aussi imaginé traduire la pièce en svakâramtra mais cela m'imposerait de travailler plus en profondeur le dialecte de Jâhala car, comme en Inde, les personnages nobles s'expriment en langue classique (chez moi le svakâramtra) et les êtres plus "bas" dans des dialectes.
Bref, voici la première partie et le prologue :
Prologue
Le directeur : Acteurs, actrices, hâtez-vous car nous allons maintenant donner à nos honorables spectateurs une représentation mémorable ! Apprenez vos textes et préparez votre jeu car c’est l’histoire du roi Bâdzarâma, composée par le brillant auteur Azhafarâ¹ que nous allons jouer.
Une actrice : Les dispositions ont été prises conformément à vos souhaits.
Le directement : C’est fort bien ! Mais qu’est-ce que ce bruit que j’entends dans les coulisses ? Quel est cette clameur qui s’élève vers le ciel ? On dirait, ma foi, une longue plainte…
(le directeur et l’actrice se retirent)
Acte I, le décor est celui du palais royal
Le chœur 1 : Oh dieux ! Immenses rois du monde, seigneurs célestes ! Que, face à une telle calamité, votre indulgence soi grande et votre main salvatrice, car en effet le roi de Jâhala est plongé dans le désespoir !
Le chœur 2 : Comment ? Un si grand roi atteint par le malheur ? Quelle est donc la cause de sa tristesse ?
Le chœur 1 : Hélas, hélas! Bâdzarâma, le jeune et brave souverain se trouve désespéré : les troupes enragées de son ministre félon sont en marche et bientôt prendront la cité !
Le chœur 2 : Il lui faut s'armer et rassembler le peuple, que les soldats couvrent les murs de la ville et les que lames des sabres soient aiguisées !
Le chœur 1 : Ce sont ses ordres même, mais de cent fois le nombre des troupes de Kayûmbram² dépasse celui de celles de Bâdzarâma! Le voilà justement qui apparait, de fer vêtu, brillant comme un astre !
[Bâdzarâma apparait]
Bâdzarâma: Hélas, hélas! Mon ministre félon a rallié tous mes ennemis. Déjà, depuis des jours, je sentais son venin dans le palais mais, de trop tard, ai-je découvert sa traitrise. Il s'est alors empressé de fuir et de prendre refuge chez les ennemis de la cité, fédérant et rassemblant de sa langue persifflante. Les troupes de Vâdâ, Xokhaus ainsi que celles de Shvâkam se sont ici associées et ralliées sous ses bannières. Aujourd'hui, sur son visage se lit la haine et l'envie du pouvoir, seule motivation de ce serpent adorateur de démons. Cela et les troupes amassées devant nos pauvres remparts me font craindre le malheur et la chute de notre cité !³
Le chœur 2 : Allons grand roi ! Le courage ne doit point t'abandonner ! La merci des dieux est grande et tes hommes braves !
Bâdzarâma: Comment vaincre un ennemi de cent fois supérieur ? Je ne peux demander à mes sujets un sacrifice dont le but m'est à moi même inconnu. Notre seule chance de salut est assurément nos épais remparts qu'aucune machine de guerre ne pourra percer ! Mais à quel prix se fera leur défense ? Ô dieux ayez pitié de nos valeureux soldats !
Le chœur 1 : N'invoque pas le nom des dieux en vain, roi de Jâhala ! Tu seras le meneur de tes hommes dans la bataille et ton courage sera exemplaire ! Ton armure resplendissante sera leur étoile guide, et tels des oiseaux ils suivront ton sillage durant le combat.
Bâdzarâma : Il m'est difficile de quitter des êtres chers et à l'instant j’ai dû faire mes adieux à ma propre mère ! Quelle scène déchirante ! Quelle tristesse !
Le chœur 2 : Pour chaque être du monde des mortels la séparation et difficile ; songe au tort que Kayûmbram cause aux familles de ton royaume, et que cette vision remplisse ton cœur de courage et de force ! Aujourd'hui, les femmes de ton domaine sont toutes en pleurs, abandonnées de leurs hommes alors que la vue de leurs maisons brûlées leur ôte tout courage !⁴ Le porteur de la tiare royale possède le devoir de rétablir l'équité et de faire régner la justice ! Déjà les premières clameurs du combat se font entendre ! Hâte toi grand roi et rejoint tes frères !
Le choeur 1 : Avance, cours vers la bataille ! Que ton épée venge l'honneur de la cité de Jâhala !
Bâdzarâma : Il est l'heure, marchons fièrement !
[Bâdzarâma sort]
Notes ¹ moyen pour l'auteur de flatter son propre égo, inspiré des prologues des pièces de Kalidasa. ² le ministre félon en question, un personnage très connu de la cité de Jâhala ³ ici, Bâdzarâma n'agit pas conformément à l'ordre naturel kḷpaus car sa fonction serait de faire montre de détermination, ce qu'il fait à la fin de la première partie, lorsque, rappelé à l'ordre par le chœur il part sans crainte au combat. ⁴ réfugiés derrière les remparts de la ville, les paysans ont vu leurs maisons brûlées par les ennemis. |
| | | Mardikhouran
Messages : 4313 Date d'inscription : 26/02/2013 Localisation : Elsàss
| Sujet: Re: Yü, la diégèse de l'empire tajaar, des royaumes svakâram et des cités yarawã Jeu 7 Jan 2016 - 10:48 | |
| Pas mal, on y croit ! Si tu la traduis en svakâramtra, aura-t-elle une forme spéciale, un mètre particulier ? Quelle est le rythme de la poésie svakâram ? | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Yü, la diégèse de l'empire tajaar, des royaumes svakâram et des cités yarawã Jeu 7 Jan 2016 - 16:27 | |
| - Mardikhouran a écrit:
- Pas mal, on y croit ! Si tu la traduis en svakâramtra, aura-t-elle une forme spéciale, un mètre particulier ? Quelle est le rythme de la poésie svakâram ?
Merci! Hélas, mardikhouran, tu pointe le doigt vers un des nombreux "trous" de mon idéomonde, la poésie svakâram n'est, pour le moment pas encore suffisamment développée! Bien-sûr ça n'est pas définitif et je compte m'y atteler dès que possible en m'inspirant des grecs, indiens (mètre sanskrit) et latins car le svakâramtra est très proche de ces trois langues, mais pour le moment, je suis encore un peu dans le flou... La seule chose sûre est la suivante : les pièces seront composées à la fois en vers et en prose. Le vers ira au dialogues du chœur et des personnages les plus nobles (divinités, roi...) s'exprimant en svakâramtra classique alors que la prose sera la manière d'expression des gens du commun, parlant des dialectes. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Yü, la diégèse de l'empire tajaar, des royaumes svakâram et des cités yarawã Jeu 7 Jan 2016 - 17:31 | |
| C'est vraiment pas mal, ça a bien la résonance d'un texte des Anciens. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Yü, la diégèse de l'empire tajaar, des royaumes svakâram et des cités yarawã Jeu 7 Jan 2016 - 19:00 | |
| - Genou a écrit:
- C'est vraiment pas mal, ça a bien la résonance d'un texte des Anciens.
Merci, c'est effectivement ce que je cherchais à faire, j'adore le théâtre antique... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Yü, la diégèse de l'empire tajaar, des royaumes svakâram et des cités yarawã Ven 8 Jan 2016 - 8:21 | |
| Très intéressant tout ça... j'imagine la scène, manque plus que la description du décor et des costumes. Au fait, les acteurs et le chœur sont ils masqués, comme en Grèce ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Yü, la diégèse de l'empire tajaar, des royaumes svakâram et des cités yarawã Ven 8 Jan 2016 - 16:28 | |
| - DIM a écrit:
- j'imagine la scène, manque plus que la description du décor et des costumes. Au fait, les acteurs et le chœur sont ils masqués, comme en Grèce ?
Ah oui, c'est vrai que c'est une bonne question! En fait j'ai imaginé le théâtre svakâram dans la tradition de Jâhala joué principalement dans deux endroits : - Les temples, dans des lieux prévus à cet effet. Après plusieurs cérémonies, la pièce est jouée par des troupes professionnelles et mixtes (femmes et hommes mélangés, les femmes jouant les femmes et les hommes les hommes) - Dans l'environnement palatial des grands dirigeants svakâram. Il peut y avoir un lieu spécifique mais les salons abondants et vastes peuvent aussi être utilisés, étant aménagés pour l'occasion. Le lieu le plus fréquent est le temple, puisqu'il permet à l'ensemble de la population de se rendre au théâtre, toutes classes sociales confondues. Voici un petit schéma de l'aspect de la scène "idéale" (parfois permanente mais le plus souvent montée pour l'occasion) : Bon, c'est extrêmement moche, mais ça permet de visionner : 1- La scène elle-même, on peut y rentrer par deux portes ou sur les cotés. Elle est complètement couverte. Elle sert aussi aux cérémonies précédant la pièce elle-même. 2- L'emplacement des musiciens, car certains moments peuvent être accompagnés de musique ou de bruitages diverses. 3- L'emplacement des deux chœurs qui chantent assis. Les acteurs portent des costumes particulièrement beaux et décorés, mais jamais de masques. En revanche, leur visage est maquillé la plupart du temps et ce surtout au niveau de la bouche et des yeux. Seuls les dieux ont le visages entièrement peint, soulignant leur nature supérieure. Le décor est souvent réduit, mais toutefois pas autant que chez les tajaars. Il se compose le plus souvent de draperies et de quelques objets posés sur scène (encensoirs et statues pour un temple, braséros et draperies pour un palais, quelques buissons pour une forêt...). Les effets spéciaux scéniques sont assez simples eux-aussi, même si certaines parties des pièces comportent des trajets en char volant, tout est suggéré par mimes pour la montée et la descente, draps agités pour évoquer le vent et les nuées célestes... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Yü, la diégèse de l'empire tajaar, des royaumes svakâram et des cités yarawã Sam 12 Mar 2016 - 0:52 | |
| Voici la suite de ma pièce svakâram, commencée à la page précédente du fil :
Scène 2
[deux soldats entrent en scène]
Soldat 1 : Ah, te voilà frère ! Je te cherchais partout dans la ville maintenant en ruines, les catapultes ayant fait une bien sinistre besogne. Mais quelle piteuse vision tu m’offre ! Te voici les vêtements en lambeaux et le corps couvert de blessures... Qu’est-il advenu durant mon absence ? Quel nouveau malheur nous frappe ?
Soldat 2 : Hélas ! Nous voici dans une bien triste situation ! Alors que nos troupes combattaient bravement sur les remparts, guidées par notre roi aux armes resplendissantes et repoussant les assauts féroces des troupes du traître au royaume, l'infâme Kayûmbram, un projectile lancé par une machine ennemie vint abattre la muraille du nord, ouvrant une brèche dans les murs de la cité. Nous n’eûmes pas le temps de réagir car déjà l'ennemi s’engouffrait par l'ouverture en poussant de grands cris. Nos frères, attaqués de toutes parts succombèrent par dizaines aux traits lancé par les archers du ministre félon. Avec quelques camarades, je descendis au bas des murailles, tentant de barrer le passage à leur fureur avide de sang. Mais hélas, rien ne semblait pouvoir s'opposer à l'ennemi. Un à un mes camarades tombaient, alors que nous reculions toujours plus loin. Bientôt les soldats se dispersèrent dans la ville, massacrant ceux qu'ils rencontraient sans distinction d'âge ou de genre. La plus grande des confusions régnait, et profitant de ce désordre, quelques fantassins de la cité de Vâdâ se frayèrent un chemin jusqu'au palais royal qu'ils envahirent tuant et pillant sans retenue. Les gardes n'ont pu s'y opposer, et c'est de peu que ma vie fut sauvée !
Soldat 1 : Ô Xrân! Quel malheur, vite, courons et défendons la demeure royale !
Soldat 2 : Attend, amis, car tu ne connais pas la plus sinistre nouvelle de toutes ! Dans leur fureur les ennemis furent saisis d'un éclair de lucidité et de leurs mains sacrilèges enlevèrent la belle Anaknî, princesse du royaume, alors en prière devant la déesse Phrânî.
Soldat 1 : Quelle douloureuse surprise !
Soldat 2 : Leur brutalité fut grande : renversant la statue sacrée au sol ils l'emportèrent sans considération pour son rang hors des murs de la cité et maintenant comptent l'utiliser pour forcer notre roi à capituler !
Soldat 1 : Hélas, quel espoir de vaincre nous reste-t-il maintenant ? Nos sanctuaires eux-mêmes sont saccagés !
Soldat 2 : Seules les forces du ciel peuvent nous aider ! Mais à cet égard j'ai tout à l'heure aperçu, au-dessus de l'armée de Kayûmbram, deux déchirures du ciel qui causèrent dans les troupes ennemies une grande agitation de par leur forte lumière et leur grand bruit. Sûrement il faut y voir un signe du dieu, courroucé de l’impiété de nos ennemis.
Soldat 1 : Voilà qui remet un peu de courage dans mon cœur. Ainsi, si telle est la volonté des dieux, combattons !
Soldat 2 : Tu as raison par Xrân! Que notre sang venge ce sacrilège infâme !
[les deux soldats sortent précipitament] |
| | | Vilko
Messages : 3564 Date d'inscription : 10/07/2008 Localisation : Neuf-trois
| Sujet: Re: Yü, la diégèse de l'empire tajaar, des royaumes svakâram et des cités yarawã Dim 13 Mar 2016 - 23:50 | |
| - Citation :
- renversant la statue sacrée au sol ils l'emportèrent sans considération pour son rang hors des murs de la cité
Vu le contexte, on comprend qu'il s'agit de la princesse, mais la phrase laisserait à penser que les ennemis enlèvent la statue... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Yü, la diégèse de l'empire tajaar, des royaumes svakâram et des cités yarawã Lun 14 Mar 2016 - 0:00 | |
| - Vilko a écrit:
- Vu le contexte, on comprend qu'il s'agit de la princesse, mais la phrase laisserait à penser que les ennemis enlèvent la statue...
Oups, en svakâramtra je m'en sortirais avec les genres, mais en français il faudrait réécrire en effet ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Yü, la diégèse de l'empire tajaar, des royaumes svakâram et des cités yarawã Lun 28 Mar 2016 - 16:35 | |
| Bien, voici la suite de la pièce que j'ai commencé en page 1... Les dieux commencent maintenant à intervenir car on ne les provoque pas impunément, qu'on soit chez les indiens, les grecs ou les svakâram.
Le chœur : L'issue de la bataille est de plus en plus incertaine, mais à l'évidence Kayûmbram s'est privé de la protection des dieux en s'introduisant dans leur sanctuaire et mutilant leurs images ! Leur colère est terrible et le pardon sera absent de leurs cœurs. Que le créateur unique s'exprime !
[Xrân apparait sur scène]
Les deux chœurs : Xam deyó ! Xam mahadzata deyó ! Xam Xranó !¹ Voici, d’entre les nuées, le dieu qui apparaît dans toute sa grandeur ! Paré de somptueux atours, son visage, tel le soleil au zénith, luit d’une lueur éblouissante ! Mais, que vois-je, son regard est terrible ; sans doute les affronts de Kayûmbram ne lui sont pas étrangers et son courroux est grand !
Xrân² : Du haut de mon empire céleste, rien ne m'échappe, aucun mortel, aucun être ne peut se soustraire à mon autorité. Je suis le début et la fin, la création et la destruction. L'ordre de l'ensemble ne dépend que de ma volonté et ma puissante main peut se faire tantôt alliée tantôt ennemie mortelle des puissances de ce monde. La guerre comme la paix sont de mon ressort lorsque, levant ma main vengeresse, je lance mon foudre terrible sur les malheureux mortels !³ Les humains ne peuvent, du haut de leur petitesse, s’opposer à mon pouvoir, le foudre suprême, qui, déchirant l’azur vient frapper sans cible sans jamais faillir. Nombreux sont les êtres, serviteurs ou rois qui tentèrent de se mesurer au ciel mais jamais de succès leurs tentatives furent couronnées. Le klpam suprême, incarné en ma personne régule en effet toutes les existences quelle que soit leur naissance et leur condition tout comme la tempête balaie les frêles constructions de paille des pêcheurs. Aujourd’hui ma colère est grande, et je sens, au bout de mon bras puissant, le foudre mortelle frémir, brulant d’aller anéantir les impies de ses feux ardents. En effet de leurs mains souillées les soldats de Kayûmbram dérangèrent la prière de la noble Anaknî, souveraine de par sa naissance et maîtresse des hommes. Qu’ils soient maudits pour ce geste auquel ils ont eu l’audace d’ajouter une impiété plus grande encore en piétinant l’image de la déesse !
(parait alors Nyastatî⁴, couverte d’un voile qu’elle soulève à la vue d'Ahrimas) Nyastatî : Dieu des dieux, apaise ton courroux, l'affront est grand, et la souillure que Phrânî endure en ce moment est terrible, mais il sied au plus grand de tous d'être impartial en toutes circonstances. Oublierais-tu que le sombre Kayûmbram est de lignée divine ?
Xrân : Kayûmbram est peut-être le descendant d'Âtharas⁵, mais les actes de ses troupes n'en sont pas moins déshonorants et méritent un châtiment ! Il est vrai que l'impiété n'est pas directement sienne, puisque ce n'est pas de sa main que l'image sacrée fut souillée, mais l'armée n'existe que par son chef, et les actes dont elle se rend coupable ne sont que le reflet de sa vertu. En effet, a-t-on déjà vu Kayûmbram s'adonner en public aux devoirs sacrés ? L'a-t-on déjà contemplé sacrifiant à la divinité ? Jamais un autel aux dieux n'a trôné dans sa tente, remplacé par ses armes tranchantes qui, elles, sont toujours honorées bien au-delà de leurs mérites par le sang de ses frères.
Nyastatî : Certes, le cœur de Kayûmbram est dur comme la pierre des abruptes falaises de Khazaranam, et son âme sèche comme le désert de l'est⁶, mais, par respect pour sa lignée la punition méritée ne peut lui être fatale, alors, je t'en supplie grand roi, retient ton foudre destructreur ! Il m'est avis que, Kayûmbram étant mortel, c'est sur les faiblesses d'une telle condition qu'il nous faudra agir.
Xrân : Oh sublime reine ! Voilà une idée digne de tes vertus ! La destruction ne viendra pas de moi, mais bien de la nature même de l'impie !
Nyastatî : Et, quoi de mieux, alors, que de faire appel à celui régnant en maître sur les actions et faits des hommes, le désir.⁷
Xrân : Que l'on fasse appeler le plus fatal des archers sur le champs, et qu'il paraisse devant moi, armé de ses traits les meilleurs !
----------------------------------------------------------------------------------------------- ¹ J'ai choisi de conserver cette formulation telle quelle car elle me semble difficilement traduisible. Le "xam", toujours associé au vocatif, correspond à une forme d'interjection marquant le respect et d'admiration. Ainsi, on pourrait tenter de traduire cette partie par "Vive le dieu ! Vive le plus grand des dieux ! Vive khrân !" ² Xrân, Khrân ou Ahrimas changeant de nom suivant les régions et les époques, est le dieu le plus important du panthéon svakâram. Il est l'équivalent de Zeus, Jupiter ou Indra dont il possède d'ailleurs plusieurs attributs, tel que le foudre. ³ Xrân fait ici allusion au concept svakâram "d'ordre" (kḷpam) devant être préservé. ⁴ Nyastatî est la fille du dieu des mers, et est l'épouse de Xrân ⁵ Âtharas est l'ancien dieu du feu. Il fait partie de la première génération des dieux, ceux honorés dans des époques plus archaïques tout comme Patrandas, le dieu des mers et père de Nyastatî et Dyaus l'ancien dieu du ciel guerrier, père de Khrân ou Ahrimas, assaciné par son fils. Ainsi, dans cette scène, symboliquement les trois lignées de la première triade sont représentées : - Nyastatî est issue de Patrandas, dieu des mers - Ahrimas ou Khrân de Dyaus, dieu du ciel - Kayûmbram d'Âtharas, dieu du feu Et, par conséquent, la punition divine contre Kayûmbram ne peut être directe car son origine divine doit être respectée. ⁶ Ici, Nyastatî se réfère à des lieux quelque peu exotiques, Khazaran (Ed-Khizrzang en Khazrgûn, la langue de ce pays) est situé tout à l'ouest de l'aire culturelle svakâram et le désert de l'est, séparant symboliquement le monde svakâram de l'empire tajaar. ⁷ Tout comme en Inde, le désir est personnifié par Kâmas (dont le nom signifie littéralement "désir" ou "concupiscence"), qui, armé de ses flèches, fait tomber les humains amoureux.
Dernière édition par djingpah le Lun 28 Mar 2016 - 17:14, édité 1 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Yü, la diégèse de l'empire tajaar, des royaumes svakâram et des cités yarawã Lun 28 Mar 2016 - 17:06 | |
| Si tu veux rajouter un peu d'archaïsme, sache que la foudre mythologique est masculine chez les grecs ( le foudre donc). - Citation :
- Qu’ils soient maudits pour ce geste auquel ils ont eu l’audace d’ajouter une hérésie plus grande encore en piétinant l’image de la déesse !
Il ne vaudrait pas plutôt parler de blasphème ? |
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| Sujet: Re: Yü, la diégèse de l'empire tajaar, des royaumes svakâram et des cités yarawã Lun 28 Mar 2016 - 17:12 | |
| - Genou a écrit:
- Si tu veux rajouter un peu d'archaïsme, sache que la foudre mythologique est masculine chez les grecs (le foudre donc). Wink
Ah oui, tu as raison. Il y a d'ailleurs la même chose en Inde, car on dit "le foudre" pour vajraḥ qui est masculin. - Genou a écrit:
- Il ne vaudrait pas plutôt parler de blasphème ?
Oui, le terme est mal choisi... Blasphème est une bonne idée, quoique lui-aussi marqué par le christianisme. |
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| Sujet: Re: Yü, la diégèse de l'empire tajaar, des royaumes svakâram et des cités yarawã Sam 9 Avr 2016 - 19:27 | |
| Voici la suite du "devs ex machina" que j'ai entamé au dernier post... Il s'agit de l'introduction du personnage de Kâmas dans la pièce. Le chœur 1 : Les serviteurs du roi des dieux, toujours attentifs aux désirs de leur maître, écoutent et obéissent¹. Aussitôt, deux chars célestes sont dépêchés, et, menés par des coursiers ailés, vont quérir celui qui régit les mortels. Le chœur 2 : Il le cherchent au sommet du mont Kuhram, la plus haute montagne de ce monde, du haut de laquelle le dieu de l'amour décoche ses traits en direction du cœur des faibles hommes. Là trône Kâmas, au centre du palais aux jardins parfumés qui lui sert de demeure, en compagnie de sa parèdre Zhahmî, dont la beauté, assurément la plus grande qui soit, bouleverse les sens et fait perdre l'esprit aux plus vertueux d'entre les êtres. Approchons-nous, vénérée assistance car déjà, des senteurs les plus fines de ce lieu enchanteur, notre théâtre est rempli.² Le chœur 1 : En effet, j’aperçois maintenant les tours brillantes, reflétant la lumière de la lune³, et les portes finement sculptés du palais de Kâmas, et le voici lui-même, dans ces jardins, charmant de ses douces paroles le cœur de sa bien-aimée. Kâmas : Ô noble épouse, toi dont les paroles sont aussi douces que le miel, et la démarche aussi gracieuse que celle des fines branches des arbres se balançant dans le vent, écoute bien ce que je vais te dire. Oui, écoute bien, car, en vérité, ta chevelure noire et bleue⁴, coulant telle une cascade le long de tes épaules, n'a point son pareil dans l'odeur fine de la rose, ou dans le gracieux discours du poète, mais bien dans ton visage resplendissant, projetant, où que tu sois, une lumière aveuglant les cœurs et éclairant ton entourage d'une douce lueur bleutée. Khrân, lorsqu'il créa tes traits, n'eut assurément pas d'autre ambition que de défier la lune elle-même. En effet, regarde, celle-ci, devant tes charmes ne peut que se voiler la face. Elle s'efforce de surpasser ta beauté, mais que peut-elle faire ? Rien assurément ! Ô lune, si tu veux lui ressembler, commence par aller te baigner dans l'eau pure des sources, afin d'ôter toutes ces impuretés dont ton visage est couvert, et alors seulement, tu pourra penser à rivaliser avec la plus belle de toutes !⁵ Zhahmî : Ô époux à la grande beauté, il n'est point convenable de défier la lune ! Et, qui sait, elle pourrait bien se venger de vos paroles dures en vous privant à jamais de sa beauté ! Kâmas : Que m'importe ! La vision de la tienne aura tôt fait de me réconforter ! Zhahmî : Ne parlez pas ainsi ! La douceur de ce lieu vous fait perdre tout bon sens. D'ailleurs, observez : devant vos propos outrageux, l'astre nocturne s'assombrit derrière un voile d'une bien étrange nature ! Kâmas (mettant sa main en visière) : Quel étonnement en effet, voici qu'un nuage masque sa face ! Mais, quel étrangeté cependant, car ce dernier semble se mouvoir en notre direction. Gardes ! Que voyez-vous de haut de vos tours ? Qu'elle est la nature de ce phénomène qui me fait douter de mes propres yeux ? Les gardes (une voix dans la coulisse) : Ô grand roi, il s'agit des chars célestes des messagers du plus grand des maîtres, demandant une audience avec votre majesté, et, dans les plus brefs délais ! ------------------------------------------------------------------------------------- ¹ Bon, j'ai repris cette formule aux 1001 nuits, mais il faut bien recycler de temps en temps (d'ailleurs ma pièce est un peu un recyclage de plusieurs autres ) ² Là, l'auteur joue un peu avec l'illusion dramatique, mais respecte certaines limites car le chœur a un statut particulier, et doit entre autre "guider" le public, un peu comme les shlokâh du Kathakali. Quant aux parfums évoqués, on peut imaginer que de l'encens serait alors brûlé. ³ La nuit est souvent associée avec les scènes amoureuses et galantes, car la lune est un des topoi de ce type de dialogues. ⁴ Le bleu désigne les reflets qu'on y trouve, un peu comme les "cheveux bleus" de la maîtresse de Baudelaire. ⁵ Les "impuretés" dont Kâmas parle sont les tâches que l'on aperçoit à la surface de la lune. Cette tirade est en fait très inspirée d'une pièce de Kathakali : Dakṣayāgam , ദക്ഷയാഗം (le sacrifice de Dakṣa). Si vous avez la chance de lire le malayâlam, la pièce est disponible en langue originale ici. Sans ça, il existe une traduction française, mais je ne crois pas qu'elle soit dispo sur le web |
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