Je poste ce sujet pour parler d'une de mes passion : le maya classique. Il y a tant à dire sur ce sujet que je me contenterai d'une petite introduction ici. Le maya classique est une langue, mais c'est aussi un système d'écriture, c'est grâce à ce dernier que nous connaissons les particularités de cet idiome. Je parlerai en premier de la langue porteuse mais ce n'est qu'une introduction car le maya classique est avant tout un système d'écriture.
Commençons par la langue elle-même : c'est une langue de la branche chol des langues maya (qui possède encore des langues vivantes de nos jours) avec un préférence pour les constructions de type CVC. C'est une langue ergative. Dans le cas d'une phrase ergative (verbe transitif) les pronoms sont notés en préfixes, alors que dans le cas contraire (absolutif) ce seront des suffixes. L'ordre de la phrase est de manière générale VOS. On pourrais parler encore de la grammaire très longtemps mais bon, c'est un peu ennuyeux à la longue.
La phonologie du maya classique possède, comme la plupart des langues maya, de nombreuses consonnes glotalisées, c'est à dire produites en fermant la glotte au moment de la prononciation : elles sont notées par l'ajout de l'apostrophe EX : t'.
'
b
j
x
k
k'
l
m
n
p
p'
s
t
t'
w
y
ch
ch'
ts
ts'
NB : le x est prononcé "ch" alors que le ch est prononcé "tch". Le j est quant-à-lui similaire au son du j dans la
jota.
Les voyelles sont au nombre de 5 et peuvent être courtes ou longues.
a
e
i
o
uNB : le e est similaire au é français, et le u au ou français.
Le maya classique et son écriture furent utilisé durant la période classique de l'histoire maya entre 250 et 950 après JC. Cette langue servait alors de lingua franca entre les citées combattantes ne se servant pas toujours des mêmes idiomes.
L'écriture maya est logo-syllabique, c'est à dire qu'elle mélange des signes représentant des mots entiers avec des signes syllabiques.
http://mesolore.org/uploads/original/NahTutsSyllFig04-1341250219.jpg Image du syllabaire maya (notez que certains signes ne sont pas encore connus)
Les signes syllabiques sont utilisés pour construire des mots, dans ce cas la dernière voyelle ne se prononce pas.
Dans l'exemple ci joint, observons le glyphe situé en bas à gauche, juste au dessus de la barre avec les deux points. On peut noter qu'il semble constitué de deux parties, deux carré aux bord arrondis. En fait c'est nom de l'animal représenté en dessus (tiré du codex de Madrid, un codex maya), un dindon, nommé kutz (kuts). On note que le premier des deux carrés est en réalité le signe
ku alors que le deuxième est
tzu : on lit alors
kutz(u) : dindon.
Les mots en écriture maya peuvent avoir plusieurs façons de s'écrire, en syllabes, en logogrammes (dessin représentant le mot) et en mixte, en mélangeant logogrammes et signes syllabiques.
L'image ci dessus le montre pour le mot
BALAM qui signifie jaguar en maya, le premier signe représente l'animal alors que le deuxième place le signe
ba avant la tête du jaguar : c'est pour préciser que le mot commence par ce phonème,
ba est alors un complément phonétique aidant la lecture. Enfin le dernier bloc glyphique décompose le mot en syllabes
ba-la-ma.
Comme vous avez pu le constater au-dessus, les mots maya, composés de glyphes s'inscrivent dans un bloc glyphique, un carré ou le mot est composé. Un bloc peut comporter de 1 à 9 (voir plus) glyphes et possèdent un ordre de lecture précis : un texte maya se lit de gauche à droite par colonne de deux.
Voici la façon dont il convient de lire les bloc glyphiques :
Les scribes et sculpteurs maya rivalisaient d'ingéniosité pour transformer les textes en œuvre d'art : par conséquent chaque glyphe possède au moins deux formes voire plus : la forme simple (dessin facile à exécuter), cephalomorphes (en forme de tête) et certaines inscriptions dévoilent une forme anthropomorphe ou les glyphes deviennent des représentations humaines.
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/39/Maya_Hieroglyphs_Fig_27.jpg
Voire ici les différentes formes que le glyphe
KATUN (une période du calendrier maya) à pu prendre à travers les époques. Ça peut paraitre un peu déroutant au début mais on se fait assez rapidement à cette écriture, et puis elle est tellement élégante !
Dans les inscriptions sur pierre maya le calendrier, ou plutôt les calendriers, prennent une place considérable : en effet comme ces inscriptions narrent la vie des dirigeants (conquêtes, naissance d'un héritier...) la date est capitale. La connaissance du système numérique maya à base de 20 est donc indispenssable lorsque on cherche à interpréter une inscription. Les chiffres maya sont plutôt faciles à retenir : un point représente une unité et une barre 5. Ils se lisent en partant du bas (lorsqu'on les lit en français) ou la plus grosse unité est inscrite. Les mayas connaissaient le zéro et l'utilisaient bien avant le reste du monde, dans les inscriptions il est représenté par un coquillage ou une fleur.
Cependant comme pour les autres glyphes les chiffres possèdent aussi leur version céphalomorphe :
Il reste énormément de chose à dire mais comme ce n'est qu'une introduction je vais m'en tenir là pour le moment, voici un petit exercice pour finir :
Indice : les deux points situé devant la tête du poisson signifient que la syllabe qu'il représente est doublée (EX : bu donnera alors bubu). Un autre indice : ce glyphe représente le nom d'un boisson.
Et pour finir quelques liens pour en savoir plus :
http://www.famsi.org/mayawriting/dictionary/montgomery/index.html Un dictionnaire des glyphes maya
http://www.famsi.org/mayawriting/calvin/index.html Un guide pour s'initier à la lecture des glyphes (en anglais)
http://www.mesoweb.com/resources/handbook/MG2010-Fr.pdf Un autre manuel en français cette fois (c'est d'ailleurs par celui-là que j'ai débuté)
http://www2.iath.virginia.edu/med/docs/img_catalog/ Un catalogue des glyphes (bon ça c'est un peu... Un peu scientifique)
https://www.peabody.harvard.edu/cmhi/index.php Corpus d'inscriptions pour s'entrainer (mais il faut BEAUCOUP de pratique)
En livre je recommande très vivement l'ouvrage de Jean-Michel Hoppan, un épigraphiste français :
Parlons Maya Classique (édition Harmattan).
En espérant que cela vous plaira !