Je vous propose de découvrir les deux idéolangues les plus simples qu'il m'ait été donné de découvrir : L'esperanto sen fleksio et le mondlango. Comparons-les à l'espéranto sur différents aspects.
D'abord, les points communs entre ces 3 langues :
.....* L'esperanto sen fleksio et le mondlango reprennent le principe de morphèmes déterminant le trait grammatical du mot.
O pour les substantifs, A pour les adjectifs, E pour les adverbes et I pour les verbes.
.....* Les adjectifs possessifs se forment en ajoutant la terminaison -a aux pronoms personnels.
.....* Le tableau des corrélatifs est le même pour les 3 langues, sauf que le préfixe qui sert à exprimer la négation en Mondlango n'est pas "
neni-" mais juste "
ni-"
nio = rien
niu = personne
nie = nulle part
niam = jamais
etc.
Je trouve ça dommage parce que j'aurais préféré qu'il y ait plus de cohérence avec les terminaisons grammaticales. Par exemple, "comment" se dit "
kiel" plutôt que "
kie" (qui veut dire "où"), alors que "
kio" (quoi) et "
kia" (quelle genre de) se conforment plus à leur terminaison respective.
.....* Dans les 3 langues, 1 lettre = 1 phonème.
.....* Dans les 3 langues, l'accent est systématiquement mis sur l'avant-dernière syllabe.
Moi je ne suis pas trop fan de ce principe, j'aurais préféré que l'accent soit mis sur la dernière syllabe du RADICAL (donc presque toujours l'avant-dernière syllabe d'un mot), ce qui éviterait de déplacer l'accent tonique sur une syllabe différente du radical de base.
Par exemple :
au lieu de prononcer
antaŭ /'an.taw/ et
antaŭo /an'ta.wo/, ou encore
unu /'u.nu/ et
unua /u'nu.a/,
on dirait
antaŭ /an'taw/ et
antaŭo /an'ta.wo/, ainsi que
unu /u'nu/ et
unua /u'nu.a/
.....* L'interrogation se construit de la même manière dans les 3 langues :
On utilise la particule
ĉu en esperanto et en EsF, et
cu en mondlango. À noter que le point d'interrogation à la fin de la phrase n'est pas obligatoire en mondlango.
.....* La négation se construit toujours de la même manière, avec l'adverbe "
ne" devant la proposition qu'il nie s'il n'y a pas déjà un mot au sens négatif, comme "neniam" (jamais).
.....* Les nombres, même si le mondlango utilisent certaines racines différentes (comme "bi" pour "deux"), se construisent de la même manière dans les 3 langues.
Maintenant, les points sur lesquels il y a des différences entre les 3 langues :
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L'ALPHABETLETTRES | ESPERANTO | ESPERANTO SEN FLEKSIO | MONDLANGO |
a | a | a | a |
b | b | b | b |
c | t͡s | t͡s | t͡ʃ |
ĉ | t͡ʃ | t͡ʃ | |
d | d | d | d |
e | e̞ | e̞ | e̞ |
f | f | f | f |
g | g | g | g |
ĝ | d͡ʒ | d͡ʒ | |
h | h | h | h |
ĥ | x | x | |
i | i | i | i |
j | j | j | d͡ʒ |
ĵ | ʒ | ʒ | |
k | k | k | k |
l | l | l | l |
m | m | m | m |
n | n | n | n |
o | o̞ | o̞ | o̞ |
p | p | p | p |
q | | | kw |
r | r | r | r |
s | s | s | s |
ŝ | ʃ | ʃ | |
t | t | t | t |
u | u | u | u |
ŭ | w | | |
v | v | v | v |
w | | w | w |
x | | | ʃ |
y | | | j |
z | z | z | z |
- La seule différence qu'il y a entre l'esperanto et l'esperanto sen fleksio est l'utilisation du w à la place du ŭ.
- En mondlango, le C se prononce [t͡ʃ], le J [d͡ʒ], le Q [kw] (pour les noms propres uniquement), le W pour [w] et le X pour le son [ʃ].
Je trouve que l'alphabet du mondlango est plus simple.
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PLURIEL ET ARTICLES- En esperanto sen fleksio : pas de flexion, donc pas de pluriel.
Lorsque c'est
vraiment nécessaire, l'EsF utilise l'adjectif numéral
unu ou l'article défini
la pour marquer le singulier, et utilise un nouveau mot "
jo" qui indique qu'il y a "plus que un". On peut contracter "
la jo" en "
laj" pour dire "les".
- En mondlango, le S remplace le J de l'espéranto. Les substantifs au pluriel se terminent donc par "
os" ou "
o" (marquer le pluriel n'est pas obligatoire).
Par exemple : libro = un livre. libros = des livres. bi libr
o (deux livres) = bi libr
os (deux livres)
Les articles fonctionnent de la même manière qu'en espéranto : "
la" pour l'article défini, pas d'article indéfini mais la possibilité d'insister sur l'unité ou la quantité indéfinie avec les adjectifs
un et
iu.
- L'adjectif est toujours invariable dans les 2 langues.
Ici ma préférence va pour le mondlango .....*
GENRE- L'esperanto sen fleksio ne diffère pas de l'esperanto sur ce point. Le masculin reste le genre de référence.
- En mondlango, le neutre est le genre de référence. En plus des pronoms personnels hi (lui) et xi (elle), il y a le pronom li (lui ou elle) pour le sexe indéterminé. En plus, les affixes -ul- et -in- sont utilisés pour marquer le masculin et le féminin des substantifs.
Par exemple :
bovo = bœuf,
bovulo = taureau,
bovino = vache
Ici ma préférence va évidemment pour le mondlango.
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ACCUSATIF- Il n'y a pas d'accusatif en EsF, mais on peut utiliser la préposition "
na" pour indiquer le complément du verbe.
Par exemple : "kato manĝi birdo" = "na birdo manĝi kato" (le chat mange l'oiseau)
- Le mondlango utilise l'ordre SVO pour se débarrasser de l'accusatif, mais en possède un pour les pronoms personnels (+m à la fin du mot)
Par exemple : "mi lavan mim" (je me lave), "hi lavan him" (il le lave)
Ma préférence va toujours pour le plus simple, et je trouve que l'EsF fait mieux que le mondlango, qui aurait pu se passer de cet accusatif étrange.
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PRONOMS PERSONNELSFRANÇAIS | ESPERANTO & EsF | MONDLANGO |
je | mi | mi |
tu | vi | yi |
il | li | hi |
elle | ŝi | xi |
il/elle | ĝi | li |
il/elle (chose) | ĝi | ji |
nous | ni | mu |
vous | vi | yu |
ils | ili | hu |
elles | ili | xu |
ils/elles | ili | lu |
ils/elles (choses) | ili | ju |
On peut noter que le mondlango possède aussi des "pronoms réflexifs". Ils sont formés en rajoutant la terminaison "self" au pronom personnel.
Par exemple : miself (moi-même), hiself (lui-même), xiself (elle-même), huself (eux-mêmes).
Le mondlango plus intéressant pour moi, même si je trouve certains pronoms un peu bizarres (comme yi ou hu)
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CONJUGAISON- En esperanto sen fleksio, il n'y a pas de flexion du verbe (du moins à l'indicatif). Le temps est marqué par le contexte ou au moyen d'adverbes.
Par exemple : "Hieraw mi manĝi viando kaj morgaw mi manĝi fiŝo"
(hier j'ai mangé de la viande et demain je mangerai du poisson).
Les verbes se terminent par -
u à l'impératif, -
us au conditionnel, -
anta à la voix active et -
ita à la voix passive.
- Le mondlango fonctionne exactement comme en espéranto (y compris pour les participes), sauf que les terminaisons sont un peu différentes :
Au présent, -as devient -
an (mi venan = je viens)Au passé, -is devient -
in (mi venin = je venais)Au futur, -os devient -
on (mi venon = je viendrai)Au conditionnel, -us devient -
uz (mi venuz = je viendrais)À l'impératif, -u devient -
ez ((yu) venez = venez)Remplacer les S par des N permet à la fois d'utiliser le S pour le pluriel des noms, à la fois de se conformer aux participes actifs pour lequel il ne faut plus que rajouter -ta après le verbe conjugué (-
anta, -
inta, -
onta qui correspondent respectivement aux participes actifs présent, passé et futur). Les participes passifs restent les mêmes qu'en espéranto (-
ata, -
ita et -
ota).
Je préfère l'EsF pour la conjugaison, que je trouve beaucoup plus simple.
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FORMATION DES MOTS- L'EsF n'étant qu'une proposition de réforme sans aucune ambition, les mots restent strictement les mêmes qu'en espéranto, à quelques exceptions près comme l'article
la (qui ne peut exprimer seul le pluriel), les prépositions supplémentaires comme
jo ou
na, et l'orthographe différente.
- En revanche, le vocabulaire du mondlango équilibre davantage la proportion de mots puisés dans les langues indo-européennes avec une plus grande quantité de mots issus de l'anglais, alors que l'espéranto puise 70% de son vocabulaire dans les langues latines. Ainsi, les asiatiques ont moins de mal à apprendre le vocabulaire puisqu'ils ont déjà des notions en anglais.
En plus, le mondlango corrige certaines incohérences de l'espéranto comme l'utilisation de radicaux différents pour un même concept (poemo/poeto/poezio ou encore federi/federacio...)
Je préfère de loin les racines utilisées pour les mots en mondlango, qui sont souvent plus courtes et bien plus faciles à prononcer qu'en espéranto et EsF.
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AFFIXESOutre leur orthographe différente, les affixes du mondlango ne sont pas toujours les mêmes qu'en espéranto et EsF.
Par exemple, le préfixe
mal- est utilisé pour exprimer ce qui est "mal", alors que le contraire est indiqué par le préfixe
dis-.
Autres différences notables, -ig- devient -
iz- et -
ist- n'est utilisé que pour les adeptes d'un -
ism- (comme budisto). L'affixe -
or- qui remplace le -ul- de l'espéranto (utilisé en mondlango pour le masculin) et qui veut dire "individu", est également utilisé pour les professions.
Par exemple :
akti (jouer un rôle) > aktoro (acteur)
muziko (musique) > muzikoro (musicien)
mediko (médecine) > medikoro (médecin)
ledi (diriger) > ledoro (dirigeant) ...
Le mondlango possède aussi quelques affixes en plus comme step-, -ix-, -od-, -oz-, -ub-...
Je trouve les affixes du mondlango plus intéressants.
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AUTRES PARTICULARITÉS- L'EsF utilise de préférence les formes "boni" (être bon), "varmi" (être chaud), etc. plutôt que "esti bona" (être bon), "esti varma" (être chaud), etc.
- Le créateur de l'espéranto sen fleksio étudie la possibilité d'inclure une particule de thématisation :
ŭa, comme le は en japonais.
Elle servirait à indiquer le thème dans certaines phrases et de créer des phrases avec la forme "sujet + commentaire"
Par exemple : "Japana hajko ŭa, mi ofte studi." (Japonais haiku [thème], moi souvent étudier = Les haïkus japonais, je les étudie beaucoup)
J'ai quand même une petite préférence pour le mondlango, même s'il faut rappeler que l'EsF n'a pas la prétention d'être une nouvelle auxilangue, ni même une réforme. En conclusion, ce sont 2 auxilangues qui se valent et qui ont chacune leurs points forts.
Fusionnez ces derniers, apportez plus de cohérence à la grammaire et ajoutez à ça quelques changements qui facilitent encore plus l'apprentissage en laissant la possibilité à quiconque d'améliorer la langue afin de la rendre encore plus simple, et vous obtenez le mundezo lol