Des gens donnent de l'argent (qui existe, au moins sous forme d'octets dans les ordinateurs des banques) pour acheter un bien inaccessible, donc qui pourrait aussi bien être imaginaire.
Avec cet argent, l'ineffable Dennis Hope consomme des biens tout-à-fait réels : nourriture, vêtements, logement, etc.
Il ne crée rien, mais il effectue ce que les économistes appellent un "transfert de rente" : la richesse produite par d'autres est transférée à son profit.
Là où ça devient intéressant, car ça en dit long sur la réalité de notre époque, c'est que l'argent stocké dans les banques est lui-même fictif ! C'est ainsi que le trader fou Jérôme Kerviel a pu perdre cinq milliards d'euros sans que la banque qui l'employait fasse faillite. En fait, elle a même fait des bénéfices, cette année-là.
Parfois, les brillants financiers qui ont conçu ce système, qui est une sorte de jeu de Monopoly super-compliqué, s'embrouillent un peu dans leurs calculs : c'est ainsi que, à en juger par les chiffres, les Chypriotes et les Espagnols seraient plus riches que les Allemands. (lien). Quiconque a un peu voyagé en Europe ne peut qu'être sceptique, et même franchement dubitatif.
Il y a un truc, bien sûr : une grande partie de la fortune des Européens du Sud est immobilière, et donc largement fictive, les biens immobiliers faisant l'objet dans ces pays de ce qu'on appelle une bulle spéculative. Laquelle s'est bien dégonflée, d'où les problèmes graves auxquels doivent faire face les Espagnols, les Chypriotes, etc.
Une bulle spéculative immobilière, c'est, en gros, quand les financiers s'arrangent, par diverses manœuvres, pour que les prix de l'immobilier montent jusqu'au ciel. Les propriétaires deviennent plus riches, mais le pays ne produit pas une boîte de petits pois de plus, ni une paire de chaussettes de plus : richesse imaginaire.
Les gens qui produisent vraiment quelque chose, par exemple les agriculteurs qui font pousser des petits pois pour les vendre, sont exploités au maximum, car ils nourrissent tout le monde, mais en contrepartie ils ont plutôt moins d'argent que la moyenne de ceux qui ne produisent que de l'imaginaire, comme M. Dennis Hope !
Un sociologue américain (dont j'ai oublié le nom) s'est aperçu qu'aux États-Unis (et à mon avis c'est aussi vrai ailleurs) plus les gens sont payés cher, moins ils travaillent effectivement. Les Mexicains qui ramassent des laitues en Californie travaillent huit heures par jour sous un soleil de plomb, et sont payés une misère (sans couverture sociale ni assurance santé), tandis que les PDG qui ne travaillent que quelques heures par jour, dans des bureaux climatisés, et qui ont le temps de jouer au golf et au tennis, sont payés plusieurs centaines de fois le salaire minimum.
Quand on voit que dans des entreprises, françaises, des gens ont des titres comme "directeur des relations institutionnelles", on se demande en quoi peut consister leur travail. Réponse : à faire ami-ami avec leurs relations dans la haute fonction publique. Ça vaut bien un salaire de ministre.
Plus j'y réfléchis, plus je me dis que notre société moderne est un système très élaboré, mis au point depuis deux ou trois siècles pour redistribuer entre tous la richesse, réelle (sous forme de biens quantifiables, ou de services vraiment utiles, comme la médecine) produite par une petite minorité de vrais producteurs et par nos esclaves modernes, les machines. Ceux qui ont bien compris comment fonctionne le système, comme M. Dennis Hope, s'attribuent une portion plus grosse de la richesse commune, c'est normal.
Est-ce que quelqu'un est intéressé par des appartements à Dibadi ? J'en vends ! En euros et en dollars.