Mouais... Il ne doit s'agir que d'une situation ponctuelle.
Tout d'abord, l'Amérique du Nord, c'est grand, et quand il n'y avait pas encore la voiture, c'était encore plus grand. Des communautés pouvaient vivre isolées longtemps. Des communautés néerlandaises ont subsisté dans l'Etat de New York en plein 19° siècle, et les Amish locuteurs d'une variante de francique rhénan subsistent encore en raison de leur mode de vie.
Les "Européens" les plus éduqués suivaient la mode de l'époque et savaient le latin, voire le français. Franklin parlait couramment français, en revanche Washington ne le connaissait pas, si bien qu'il signa sans le savoir une reconnaissance du meurtre du chef français prisonnier lors des guerres de la vallée de l'Ohio.
Plus loin de la civilisation, les trappeurs et commerçants en fourrure parlaient leur langue natale, c'est-à-dire le français, et la langue de leurs contacts indiens. Donc, entre le Mississipi et les Rocheuses, jusque dans les années 1820, la langue la plus utile (ou, du moins la moins inutile) était le français parlé dans les comptoirs éparpillés un peu partout. La toponymie américaine en fournit un très grand nombre de preuves (notamment l'hydronymie). Même le chinouk, pidgin de la Colombie Britannique et de l'Oregon (du français "Ouragan") comporte un nombre énorme d'emprunts français.