Þaumen :
Les noms :
Le paradigme des noms est flexionnel par excellence. Il y a des affixes qui marquent plusieurs catégories sémantiques à la fois : le nombre (singulier, pluriel, collectif), le genre (masculin, féminin, neutre), la fonction syntaxique (sujet, CD, CI, CN, CP) et le rôle sémantique (agent, patient, possesseur, bénéficiaire…).
Les différentes configurations de type « fonction syntaxique + rôle sémantique » sont regroupées dans de plus vastes paradigmes morphologiques : les cas. Il en existe quatre :
Ainsi, les affixes qui vont marquer toutes ces catégories sémantiques vont légèrement varier, en fonction du modèle de déclinaison du nom :
1. Modèle vocalique, pour les noms dont la base finit par une voyelle.
ex :
mari- (la mer)2. Modèle consonantique, pour les noms dont la base finit par une consonne.
ex :
amor- (l’amour)Attention ! Les noms de ce type connaissent toujours au moins deux bases : une longue et une courte.
ex :
amor, amô-Ci-après, le tableau des affixes tant attendu :
Chez les noms de base consonantique, la base courte n’est utilisée qu’au nominatif et à l’oblique singuliers.
Chez les noms de base vocalique, certains affixes (surlignés en orange) provoquent un allongement de la voyelle finale de cette base.
ex :
mari, marî, marîs (nominatif singulier, oblique singulier, accusatif pluriel)
Voici quelques exemples concrets de déclinaison des noms :
Dans un état antérieur de la langue, il existait un affixe
-t marquant l’oblique singulier. Chez les noms vocaliques, il s’est amuï progressivement en provoquant un allongement de la voyelle finale :
-at, ot, it sont devenus
-â, -ô, -î.
Chez les noms consonantiques, cet affixe
-t a très vite fini par se géminer, en « fusionnant » avec la consonne finale. Puis une métathèse de quantité s’est produite chez la majeure partie de ces noms : on est passé d’une séquence « voyelle brève + consonne double » à « voyelle longue + consonne simple », la quantité est passée de la consonne finale à la pénultième voyelle.
ex :
rig-t → rict → ritt → riitLa base courte des noms consonantiques est apparue !
Enfin, l’affixe
-t restant a disparu, après une réfection analogique des obliques singuliers sur le modèle des noms vocaliques.
ex :
riit → rii (écrit
rî)
L’affixe
-s du nominatif singulier a connu une évolution similaire, mais il ne s’est jamais amuï quant à lui.
ex :
rig-s → rics → riss → riis (écrit
rîs)
On retrouve une nouvelle fois notre base courte. Ainsi l’évolution phonétique naturelle aura-t-elle permis à une nouvelle base d’émerger chez les noms consonantiques : une base courte, par opposition à l’autre base longue. Par la suite, cette nouvelle dichotomie entre bases longue et courte s’est étendue à presque l’ensemble de la classe des noms consonantiques, même à ceux dont la consonne finale n’avait jamais fusionné avec les affixes
-t ou
-s, ou chez qui l’évolution phonétique naturelle avait donné un résultat différent.
Les noms collectifs :Il n’est pas rare que des noms collectifs soient formés à partir du pluriel de noms neutres.
ex :
capillo, capillói (le cheveu), capilla, capillóon (les cheveux)
→ capilla, capillái (la chevelure)Pour former des collectifs à partir de noms animés, on a le suffixe -
tora qui est particulièrement productif.
ex :
vorâs, vorarri (le frère)
→ vorarritora, vorarritorái (la fratrie)Tous ces noms collectifs sont de type vocalique (en
-a) et de genre neutre : il se déclinent comme
tutai, tutáon, f. au singulier. Au pluriel, ils se déclinent tantôt comme
saga, sagóon, n. tantôt dans un mélange entre
saga, sagóon, n. (au nominatif et à l’accusatif) et
tutai, tutáon, f. (au génitif et à l’oblique) ; cela dépend des variétés.
Les adjectifs :
Les adjectifs peuvent avoir quatre fonctions syntaxiques : épithète, attribut du sujet, attribut du CD et apposition. Toutefois, ces fonctions ne sont jamais marquées par aucun affixe.
Les adjectifs connaissent effectivement des flexions, mais seulement pour illustrer leur dépendance syntaxique (ou leur lien sémantique) vis-à-vis d’un nom. Ainsi, ils vont avoir des affixes en fonction du nombre, du genre et du cas du nom dont ils dépendent.
Il existe trois modèles de déclinaison des adjectifs :
1. Le modèle non épicène.
Les adjectifs se déclinent comme
ardos, ardói au masculin,
tuta, tutái au féminin, et
sago, sagói au neutre.
Toutefois, on observe que l’accord de ces adjectifs avec les noms vocaliques tend à ne plus se faire en fonction de leur genre en lui-même, mais en fonction de leur voyelle finale.
ex :
pardinos cailosa → pardinos cailosos (une femme angélique)2. Le modèle épicène.
Les adjectifs se déclinent comme des noms consonantiques, à tous les genres.
3. Le modèle mixte.
Les adjectifs se déclinent comme
innis, inníi au masculin,
tuta, tutái au féminin et
mari, maríi au neutre, mais avec une base spéciale pour le féminin.
ex :
nomi-s (au masculin),
nomi- (au neutre)
→ nomij-a (au féminin)
Ils sont assez rares, mais il ne faut pas les oublier.
Les adjectifs ont également des affixes marquant la gradation : un pour le comparatif de supériorité (que j’appelle
mélioratif), et un autre à la fois pour le superlatif positif (que j’appelle
optimatif) et pour l’intensif.
Il est fréquent que les adjectifs aient une base spéciale pour la gradation, créée après la fusion de la consonne finale avec l’affixe
-jos, jói.
Formes supplétives :Les autres degrés sont formés de manière analytique, à l’aide d’adverbes.
Les verbes :
Les affixes verbaux marquent de nombreuses catégories sémantiques :
1. La personne, soit le premier actant du verbe, le sujet (P1, P2, P4, P5 et P3 singulier ou pluriel).
2. Le temps de référence (présent, passé, futur).
3. L’aspect, soit la manière dont on situe le procès par rapport au temps de référence (sécant, global, inaccompli, accompli, semelfactif, itératif).
4. Le mode, soit la marque formelle de la modalité (ontique, logique, affective, injonctive).
5. La voix, dans une moindre mesure, soit la marque formelle de la diathèse (actif, passif).
On va procéder comme dans les grammaires traditionnelles, en regroupant toutes ces catégories sémantiques dans des tiroirs verbaux, tous à l’exception de la personne.
Comme chez les noms, les affixes varient légèrement en fonction du modèle de conjugaison des verbes. Il en existe deux :
1. Le modèle vocalique, celui des verbes dont la base finit par une voyelle.
D’ailleurs cette voyelle est toujours
-a-.
2. Le modèle consonantique, celui des verbes dont la base finit par une consonne.
Par souci d’économie typographique, et aussi parce que c’est plus stylé, je vais appeler l’aspect inaccompli
infectum et l’aspect accompli
perfectum.
Les affixes marquant la personne sont très variables, selon notamment le temps et la voix :
Les affixes thématiques se rencontrent uniquement chez les verbes consonantiques. Ils sont utilisés pour construire le présent, le futur et l’impératif, sans oublier le passif qui possède ses propres affixes thématiques.
Affixes temporels, aspectuels et modaux :
Les affixes personnels viennent toujours en dernier dans les formes verbales.
Tiroirs verbaux de l’infectum :L’ancien affixe marquant la P5 était -
tis, comme en latin. Après être devenu -
tsi, par métathèse, puis -
si après la disparition des consonnes affriquées du système phonologique de la langue, la consonne
-s- s’est élidée. Ainsi, il ne reste plus de la P5 qu’un affixe monophonémique
-i et, même après que celui-ci a cessé d’être prononcé comme une syllabe à part entière, une accentuation sur la syllabe précédant l’ancien
-s- : une accentuation oxytonique donc.
On remarquera que certains verbes consonantiques ont deux bases, chacune employée toujours dans les mêmes formes verbales : l’une précède les affixes en
-o-, l’autre précède les affixes en
-i-.
ex :
oj-o, od-is (j’entends, tu entends)Les tiroirs verbaux du perfectum :Le parfait, le subjonctif parfait et l’optatif parfait se forment sur la base dite du perfectum.
Parfois (et même assez souvent) elle est distincte de celle de l’infectum.
ex :
dona → donavParfois, les deux sont identiques.
ex :
cird → cirdOn retrouve les mêmes affixes temporels, aspectuels et modaux qu’à l’infectum. Certains tiroirs verbaux, toutefois, sont analytiques : ils sont formés par l’auxiliaire
isa, conjugué aux tiroirs verbaux de l’infectum équivalents, devant un participe parfait actif.
Le passif :Le présent de l’indicatif passif se forme de manière tantôt flexionnelle, tantôt isolante. Les autres temps et modes du passif, eux, se forment toujours avec l’auxiliaire
isa et un participe présent ou parfait.
Si la forme flexionnelle du présent passif s’est aussi bien maintenue, et plus que celle des autres tiroirs verbaux du passif, c’est parce que pendant toute une période de l’histoire de la langue, les catégories sémantiques temporelles, aspectuelles ou modales étaient marquées par des grammèmes libres. Ainsi, il était tout à fait possible d’employer une forme passive de temps, d’aspect et de mode non spécifiés. Toutefois, ça restait une tournure très littéraire : le passif isolant existe déjà depuis un bon millénaire et est plus productif, bien-sûr.
Formes substantives du verbe (infinitif) :L’infinitif est invariable, ou du moins, la partie à l’accent oxyton.
Si l’infinitif est composé de l’auxiliaire
isa ou
jo à l’infinitif et d’un participe, ce dernier s’accordera en nombre, en genre et en cas à son actant premier.
Formes adjectives du verbe (participe) :Tous les participes en
-âs, -ôs, -îs au nominatif singulier, deviennent
-anti, -onti, -inti au génitif singulier.
Toutes les parties du participe s’accordent en cas, en nombre et en genre au nom.
Valeur des modes :Voici, enfin, les modalités correspondant aux modes. Cas unique : les correspondances mises en évidence dans ce tableau sont très peu flexibles.
On notera tout de même l’existence d’un futur à valeur strictement modale, et aucunement temporelle.
Pour les subordonnées de fonction COD, c’est la forme infinitive qui est utilisée systématiquement, et non pas l’indicatif ou le subjonctif (comme en latin ou en français). Même après les verbes modaux.
En clair : un seul indicateur de modalité suffit, qu’il soit lexical ou grammatical.
Les pronoms personnels :
Ils sont la marque libre des P1, P2, P3, P4 et P5. Leur référence est donc déictique : à partir de la situation d’énonciation.
Les pronoms locatifs ont divers rôles sémantiques : celui de siège, de lieu ou encore de destination. Ils ne peuvent occuper que la fonction CP.
Les pronoms P3 réfléchis, comme leur nom l’indique, ne peuvent être employés que lorsque le sujet est en coréférence avec un autre actant du verbe.
Les pronoms nominatifs, eux, à la fonction de sujet, sont d’usage purement emphatique (le sujet est déjà marqué, en effet, par les affixes verbaux).
Les possessifs :
Dans un état antérieur de la langue, le paradigme des pronoms personnels existait aussi au génitif. Puis avec le temps, ces pronoms placés sous la dépendance syntaxique de noms ont commencé à prendre des affixes : à la manière des autres paradigmes de déterminants, ils en sont venus à s’accorder en nombre, en genre et en cas avec le nom.
Encore un peu plus tard, ces déterminants possessifs déjà bien formés ont commencé à être employés pour marquer des fonctions syntaxiques propres au nom : sujet, CD, CI, attribut du sujet et cætera. Ainsi émergea le paradigme de pronoms-déterminants possessifs actuel.
En tant que déterminants, on l’a vu, les possessifs s’accordent en nombre, en genre et en cas au nom qui constitue la tête du SN. De plus, ils y sont directement postposés.
En tant que pronoms, leur référence est à la fois déictique (quand le possesseur est P1, P2, P4 ou P5) et anaphorique (quand le possesseur est P3, et aussi pour retrouver la substance nominale qui est possédée). L’anaphore a recours au cotexte pour référer : on retourne en arrière dans le discours, on cherche dans tout ce qui vient d’être dit, pour retrouver le nom avec lequel le pronom est en coréférence (= son antécédent).
ex :
Us tova montjama, i non atin mija.Ta voix est très cristalline, mais pas la mienne.L’antécédent du pronom
mija est le nom
us, signifiant
voix, et que l’on peut retrouver dans le cotexte. Pour référer à la voix qui est celle du locuteur, ainsi, ce pronom utilise à la fois l’anaphore et la déixis (= la situation d’énonciation).
Les démonstratifs :
Les pronoms-déterminants démonstratifs ont une référence tantôt déictique tantôt anaphorique. Tout dépend des indications que donne le locuteur : s’il joue sur sa gestuelle, son regard ou sa posture, il nous aide à directement identifier le référent grâce au contexte, et la référence est donc déictique.
S’il estime que son interlocuteur sera capable d’identifier le référent tout seul, simplement à l’aide de ses connaissances préalables et du cotexte, alors la référence est anaphorique.
En þaumen, contrairement a beaucoup d’autres langues, le critère de distance n’a pas une importance cruciale chez les paradigmes de démonstratifs. Il en existe deux de distance non spécifiée : un non accentué, et un emphatique.
Toutefois, il existe également un troisième paradigme de démonstratifs qui est issu d’un ancien paradigme distal : on ne l’utilise que par opposition à
jis, en tant que pronom, quand il a un antécédent distinct de celui-ci.
ex :
Caijo inti tínicas du, ossantjamo. Mavis quanorran, jan oi ollan ?
J’hésite entre deux pulls, ça m’emmerde. Tu préfères lequel, lui ou lui ?Les pronoms relatifs :
Les pronoms relatifs sont des subordonnants. Ils n’expriment pas une interrogation, au contraire des interrogatifs que nous verrons juste après, et ont une fonction syntaxique au sein de la subordonnée.
Ils s’accordent en nombre et en genre à leur antécédent nominal, mais les affixes de cas marquent leur fonction syntaxique propre.
Les relatifs féminins sont de moins en moins utilisés. Pour ce paradigme, seule l’opposition animé-inanimé semble importer désormais, rendue par l’opposition morphologique masculin-neutre.
Autre pronom relatif :tisorros, taorra, tiorro : dont l’un des deux (relative avec antécédent)
celui des deux qui (relative sans antécédent)
Attention : c’est un
singularia tantum, il ne se décline qu'au singulier !
Les interrogatifs :
Les pronoms et les déterminants interrogatifs ont deux utilités :
1. Celle de marqueurs du type de phrase interrogatif.
2. Celle de subordonnants exprimant une interrogation.
Contrairement au français, que ce soit au type interrogatif ou en subordonnée, les paradigmes d’interrogatifs sont les mêmes :
On remarquera que les paradigmes de relatifs et d’interrogatifs ont des formes très similaires. En fait, les premiers sont issus d’une réfection analogique, sur le modèle des paires de paradigmes indéfinis-interrogatifs, commençant respectivement par
t- et
qu-.
ex :
tantos, tántolos, tis (beaucoup de, assez peu de, qui)
quantos, quántolos, quis (combien de, « combien peu de », quel ?)Parallèlement à celles des relatifs, les formes féminines des interrogatifs se rencontrent rarement en tant que pronoms.
Autres interrogatives :Particules marquant le type interrogatif, à défaut de tous autres indicateurs :-ni ? (est-ce que ?)
-noni ? (est-ce que… ne…pas ?)
Les indéfinis quantificateurs :
Pronoms et déterminants ne donnant aucune indication particulière pour identifier le référent, sinon sa quantité.
Ci-dessus en orange, les paradigmes qui s’accordent en nombre, en genre et en cas à leur antécédent nominal.
En gris, les paradigmes qui n’ont pas d’antécédents. Ils ne se déclinent qu’au neutre (pour l’inanimé) ou au masculin (pour l’animé) ; en l’occurrence, je n’ai cité que la forme neutre – manque de place.
Et en jaune, les invariables.
Il va de soi que les paradigmes dont la base finit par un
-o- se déclinent comme des adjectifs non épicènes. Parallèlement, les paradigmes dont la base finit par un
-i- se déclinent comme des adjectifs mixtes.
Font exception :
i. Les pronoms
nimôs et
timôs, dont les génitifs respectifs sont
nimoni et
timoni, se déclinent comme
amâs, amanti.ii. Les déterminants
tis, nitis et
tisqui, formés sur la base du pronom relatif
tis, se déclinent comme ce dernier.
Les indéfinis identificateurs :
Pronoms et déterminants ne donnant aucune indication particulière pour identifier le référent, autrement qu’en l’assimilant à un autre référent, ou en l’y opposant... Le paradigme
talis, lui, se contente de ne pas spécifier davantage la référence.
Les adverbes :
Ce sont des modificateurs du verbe et de l’adjectif. En tout cas, ils dépendent souvent directement d’un verbe ou d’un adjectif, et apportent du sens tantôt lexical tantôt grammatical.
1. Les marqueurs libres de catégories sémantiques.
i. De gradation.
ex : moins, aussi… que, plutôt
ii. De modalité.
ex : peut-être, certainement, heureusement
iii. De négation.
ex : ne… pas, plus, jamais
2. Les adverbes de manière.
ex : bien, mal, ainsi, autrement, comme ça, facilement
3. Les adverbes de lieu.
ex : ici, là, là-bas, par-là, par ici, à droite, devant, partout, ailleurs, nulle part
4. Les adverbes de temps.
ex : maintenant, avant, après, pendant, soudain, alors, hier, demain, jamais
5. Les adverbes conjonctifs.
ex : donc, puis, alors, aussi
6. Les marqueurs d’énonciation.
ex : franchement, si tu veux, sérieux, wesh (dans une certaine mesure ?)
Les adverbes de manière, de lieu et de temps ont souvent la fonction modificateur du verbe, modificateur de l’adjectif ou complément de phrase.
Les adverbes conjonctifs se comportent tantôt comme les autres adverbes, tantôt comme des conjonctions de coordination. En tant que tels, dans le cadre d’une coordination de deux propositions, ils viennent souvent se placer en deuxième position.
ex :
Us tova montjama, i non atin mija.
Ta voix est très cristalline, mais pas la mienne.Les marqueurs d’énonciation, eux, ont une « liberté syntaxique » quasi totale.
Enfin, les adverbes de manière, de lieu et de temps sont gradables pour la plupart.
ex :
vôs (fort) → vorritir, vorritirjo, vorritirjamo (fort, plus fort, très fort/le plus fort possible)
antis, antijo, antijamo (avant, encore avant, le plus tôt possible)Toutefois, ce sont là les seules flexions qu’ils peuvent connaître.
Les prépositions :
Ce sont des mots conférant aux noms des rôles sémantiques particuliers (spatiaux, temporels, de moyen, de manière et cætera) ainsi que des fonctions syntaxiques précises : CI, CP ou modificateur du verbe en général.
Dans les syntagmes prépositionnels (ou prépositifs), la préposition est considérée comme régissante et son SN comme régi. Aussi, le nom à la tête dudit SN portera des affixes qui illustreront son lien de dépendance vis-à-vis de la préposition : soit les affixes de l’accusatif, soit ceux de l’oblique, soit tantôt les uns tantôt les autres.
Le nombre ne dépend que du nom lui-même.
Ci-dessus en jaune, les prépositions suivies d’un nom à l’oblique. En gris, les prépositions suivies d’un nom à l’accusatif. Et en orange, celles qui sont suivies tantôt par un accusatif (quand elles impliquent un mouvement) tantôt par un oblique (quand elles n’en impliquent pas).
Tout ceci n’est, bien entendu, qu’une liste non exhaustive des prépositions les plus souvent rencontrées dans la langue. Ainsi, il faut bien garder à l’esprit qu’il existe nombre d’autres prépositions et locutions prépositives, qui quant à elles, sont toujours suivies d’un nom à l’oblique.
Les conjonctions de coordination :
Elles sont l’outil par excellence de coordination.
La coordination consiste à associer deux éléments linguistiques :
1. Qui ont la même fonction syntaxique.
L’un ne régit pas l’autre, comme c’est le cas en subordination.
2. Qui ont la même fonction sémantique, également.
Si cette condition n’est pas respectée, la phrase devient complètement incohérente, ou alors elle constitue un zeugme.
3. Qui n’ont pas nécessairement la même nature.
Il peut s’agir de deux noms, deux adjectifs, deux propositions même… mais aussi d’un nom et d’un adjectif, pourquoi pas ?
Les différentes conjonctions font le pont entre ces deux éléments, mais pas seulement. Elles permettent aussi d’enchaîner sur une addition, une succession, une cause, une conséquence, une disjonction (inclusive ou exclusive), une paraphrase, sur une argumentation ou sur une contre-argumentation.
Cette relation entre les deux éléments est extrêmement importante, parce qu’elle les soude pour former un tout sémantique cohérent… et par conséquent, l’ordre d’arrivée desdits éléments dans la phrase est très difficilement modifiable.
Comme on l’a vu, toutes les conjonctions n’ont pas des propriétés distributionnelles identiques.
D’un côté, on a les conjonctions de coordination « pures », qui se placent soit directement avant, soit directement après le second élément de la coordination. De l’autre, on a les adverbes conjonctifs qui peuvent occuper la même position syntaxique que les autres… mais pas seulement. En fait, ils ne sont pas tous aussi mobiles les uns que les autres ; quoique dans une phrase complexe, on ait tendance à les placer en deuxième position dans la seconde proposition.
Les conjonctions de subordination :
Ce sont des subordonnants par excellence. Elles vont être utilisées dans certains types de proposition subordonnée uniquement, dits conjonctifs :
1. Les conjonctives circonstancielles.
Elles ont bien souvent la fonction de complément de phrase ou de modificateur du verbe, et ont des propriétés distributionnelles similaires à celles d’adverbes.
Le verbe est à l’indicatif, au subjonctif ou à l’optatif, en fonction de la conjonction qui introduit la subordonnée.
2. Les conjonctives interrogatives totales.
Elles ont des propriétés distributionnelles similaires à celles de noms, et peuvent occuper toutes les fonctions syntaxiques nominales ou presque.
Elles sont introduites par la conjonction
vúsini, vusin (formée par la P3 du futur modal de l’auxiliaire
isa, et le marqueur du type interrogatif
ni).
Le verbe est au futur de l’indicatif ou bien à l’optatif (s’il y a une part de sentiment).
Seules peuvent être subordonnées des propositions, soit des verbes avec leurs actants.
On a une proposition principale qui est régissante, et une proposition subordonnée qui est régie : elles n’ont donc ni la même fonction syntaxique, ni la même fonction sémantique (en tout cas, pas l’une par rapport à l’autre).
Les autres types de proposition subordonnée :3. Les infinitives.
Elles ont des propriétés distributionnelles similaires à celles de noms, comme les conjonctives interrogatives totales. Mais au contraire des interrogatives, elles n’impliquent aucune notion d’interrogation.
Comme leur nom l’indique, leur verbe est un infinitif. Le sujet de la subordonnée, lui, s’accordera en cas à la fonction syntaxique de la subordonnée : nominatif si la subordonnée est sujet ou attribut du sujet, génitif si elle est CN, accusatif ou oblique si elle est complément essentiel de verbe, attribut du CD ou encore complément de l’adjectif.
Petite particularité : le double-accusatif. Quand la subordonnée a la fonction CD et qu’elle contient un verbe transitif direct, son sujet sera décliné à l’accusatif mais son CD (son propre CD) à l’oblique.
4. Les participiales.
Elles ont des propriétés distributionnelles similaires à celles d’adjectifs, et peuvent avoir les fonctions épithète, attribut du CD ou apposition. Elles peuvent être déterminatives, et ainsi contribuer à identifier la référence (fonctions épithète, attribut du CD, complément du présentatif…), ou explicatives (fonction apposition). Comme leur nom l’indique, leur verbe est un participe et s’accorde en cas, en genre et en nombre au nom duquel elles sont l’épithète, ou bien au CD duquel elles sont l’attribut.
Petite particularité : l’ablatif absolu. Les propositions participiales de fonction CP ont un sujet, et celui-ci se décline nécessairement au cas oblique (de même que le participe) ; son nombre, quant à lui, reste variable.
5. Les relatives.
Leur subordonnant est un pronom relatif, lequel a une fonction syntaxique au sein même de la subordonnée. Leurs propriétés distributionnelles sont similaires à celles d’adjectifs, la plupart du temps.
La particularité des pronoms relatifs est qu’ils sont en coréférence avec l’un des actants de la proposition principale : ils ont exactement le même référent que ledit actant, et ils constituent ainsi un moyen d’éviter la répétition. Cet actant avec lequel ils sont en coréférence est leur antécédent, et les pronoms relatifs s’accordent en nombre et en genre avec lui (sauf parfois quand le genre est féminin).
Le verbe des relatives est à l’indicatif.
Attention : toutes les subordonnées relatives n’ont pas d’antécédent. Certaines n’en ont pas et occupent des fonctions syntaxiques de nom : sujet, CD, attribut du sujet… Elles correspondent, en français, aux relatives situées derrière un démonstratif.
6. Les interrogatives partielles.
Leur subordonnant est un pronom ou un déterminant interrogatif, lequel a une fonction syntaxique au sein même de la subordonnée et implique une notion d’interrogation.
Au contraire des pronoms relatifs, il n’a jamais d’antécédent. Quand le subordonnant est pronom, il ne se décline que rarement au féminin ou au pluriel, et ses affixes de cas marquent toujours sa propre fonction syntaxique. Quand il est déterminant, il se contente de s’accorder en nombre, en genre et en cas au nom.
Le verbe des interrogatives partielles est au futur modal ou à l’optatif, exactement comme chez les interrogatives totales.
La syntaxe du SN :
Ordre par défaut : nom + déterminant + adjectif + complément + relative
La syntaxe du SV :
Ordre par défaut : verbe + auxiliaire + sujet + CD + CI
Le þaumen est une langue qui vérifie particulièrement bien les universaux typologiques syntaxiques. En tant que langue VSO, aussi, le régissant arrive toujours en première position dans le syntagme et ses actants le suivent. Seuls les modificateurs (adverbes ou syntagmes prépositionnels) peuvent éventuellement précéder le régissant.
La syntaxe du þaumen est loin d’être aussi flexible que celle du latin, par exemple.
Phonologie :
Le système phonologique du þaumen est assez proche de celui de l’inuktitut : langue dont la quinzaine de dialectes est parlée dans tout le nord du Canada ainsi qu’au Groënland.
1. Son système vocalique contient entre trois et sept voyelles, ainsi que deux diphtongues.
[ɪ], [ä], [o̞],
[ɪ:], [ä:], [o̞:], [u:][äɪ], [o̞ɪ]
2. Son système consonantique entre treize et quinze consonnes.
Comme en inuktitut, la gémination des consonnes et la quantité vocalique peuvent servir à distinguer des paires minimales : lexicales et même grammaticales. On dit qu’elles sont phonologiquement pertinentes.
Il existe très peu de groupes de consonnes, et ceux-ci ne peuvent apparaître qu’en milieu de mot, jamais au début ni à la fin : à moins, bien-sûr, qu’un mot commençant par une consonne ne suive un mot terminant par une autre consonne.
Les groupes de consonnes les plus fréquents sont :
rd, rv, lv, nt, lj, tj, nj, ntj.
Ci-dessus en jaune, par paires, les différentes réalisations possibles (= les allophones) de quatre phonèmes.
Et en orange, les phonèmes qui connaissent un allophone affriqué : [ɲ͡ɟ], [c͡ç], [ɟ͡ʝ], rendus respectivement par les graphèmes
nj, tj, j ou
ñ, ch, y (ou
ll).
Prosodie segmentale :
Le þaumen connaît un accent tonique : il distingue les syllabes sur le critère d’intensité.
Il y a une syllabe accentuée par mot, en général soit la pénultième soit l’antépénultième.
Systèmes d'écriture :
Le þaumen a deux systèmes d’écriture principaux :
1. L’alphabet sollocan.
Il y a plusieurs scripta différents qui sont basés sur cet alphabet. On va donc se concentrer sur l’un d’entre eux, le plus prestigieux : celui qui est utilisé par les institutions du Royaume parlementaire des Sollocans du Canada et celle du Temple du Soleil le Père-Dieu.
Cette version de l’alphabet sollocan comprend vingt-deux lettres et est un système d’écriture qui s’écrit en colonne : de haut en bas, puis de gauche à droite.
Elle comprend un seul signe diacritique : le géminant. C’est un point qu’on trace à droite des consonnes pour marquer leur gémination.
Elle comprend également trois signes de ponctuation :
i. Le point médiant.
Il fait office à la fois de virgule, de point final, de point-virgule, de double-point et de points de suspension.
ii. Le point d’interrogation et le point d’exclamation.
Ils marquent respectivement le type interrogatif, le type injonctif et l’exclamation en général. Ce sont des emprunts faits à l’anglais.
2. La transcription « à la canadienne » en alphabet latin.
Elle est utilisée par les institutions royales et religieuses sollocanes du Canada, parallèlement à l’alphabet sollocan traditionnel. Elle a également cours à l’UCHN, à la CPE et au Casane pour traduire les textes légaux et administratifs en þaumen, et les diffuser auprès des populations sollocanes européennes.
C’est aussi le système de transcription que j’ai utilisé dans ce document :
Les signes de ponctuation sont plus ou moins les mêmes qu’en français ou en italien.
Il y a deux signes diacritiques :
i. L’accent circonflexe, utilisé pour marquer les voyelles longues.
ii. L’accent aigu, utilisé chez les mots dont l’accent d’intensité n’est pas situé sur la pénultième syllabe.
Seules exceptions :
a. Les mots avec un clitique postposé (
-qui, ni, noni… ) ne prennent pas d’accent. En effet, ces clitiques sont facilement repérables et la position de la syllabe accentuée, ainsi, facilement déductible.
b. Les mots dont l’accent est effectivement situé sur la pénultième syllabe, mais qui sont susceptibles de connaître des flexions qui feront passer cet accent sur l’antépénultième.
ex :
lávis, láviti (
le caillou, au nominatif et au génitif singuliers)
Mais depuis le début de la décennie passée, en Europe, un troisième système semble s’être démocratisé.
3. La transcription « à l’espagnole », aussi en alphabet latin.
La majeure partie de la diaspora sollocane européenne réside en Espagne, loin des institutions royales et religieuses du Canada, et a été scolarisée intégralement en espagnol.
Mais le þaumen, bien qu’on n’apprenne plus à l’écrire, continue néanmoins d’être parlé dans les communautés sollocanes. Il est pratiqué à l’oral, évidemment, mais aussi par textos. A défaut d’autres moyens, les jeunes sollocans espagnols ont dû adapter le système orthographique de l’espagnol à leur propre langue maternelle.
Avec l’essor exceptionnel d’Internet et des technologies de télécommunication portables, ce système d’écriture a continué de se développer. Bien qu’il soit toujours sujet à une importante variation, une ébauche de norme semble s’être constituée :
Les signes de ponctuation sont bien-sûr les mêmes qu’en espagnol.
Ce système connaît une seule diacritique : l’accent aigu, qui a presque le même fonctionnement qu’en espagnol. Portent la diacritique :
1. Les mots dont la syllabe finale est accentuée et se terminée soit par les voyelles
a, i, o, soit par les consonnes
s, n.
2. Les mots dont l’accent tombe sur la pénultième syllabe, et dont la syllabe finale se termine par une consonne autre que
s ou
n.
3. Les mots dont l’accent tombe sur la pénultième syllabe.
4. Les mots dont l’accent tombe sur l’avant antépénultième syllabe.
Une petite histoire du þaumen :
En 2009, un beau jour, un jour comme tous les autres, une immense vague migratoire s’abat sur le Canada sans que personne ne l’ait vue venir. Ce sont des ouvriers agricoles, dans le Nunavut, qui offrent les premiers témoignages vidéo de ce soudain et impressionnant mouvement de population : des milliers d’Inuits descendent, tous en même temps, du pôle Nord pour se diriger vers les provinces du sud du pays et vers les Etats-Unis. Très vite, des images satellites sont révélées et rendent compte de toute l’ampleur du phénomène : ces hommes, dont le nombre est estimé entre trente et quarante mille, avancent dans un froid polaire à la seule force de leurs jambes, et progressent à une vitesse presque inhumaine.
Alors qu’ils viennent d’atteindre la frontière du Manitoba, le gouvernement canadien envoie à leur rencontre plusieurs convois d’aide humanitaire, fournissant conserves, eau potable, manteaux, produits d’hygiène et médicaments. L’armée, elle, dans un premier temps, assure la protection des Inuits et les accompagne dans leur marche effrénée vers le sud, en tentant au mieux de les faire contourner les zones habitées.
Mais qui étaient-ils, ces hommes, et d’où sortaient-ils ? Ils ne communiquaient entre eux que dans un dialecte inuit inconnu, ne parlant pas un mot d’anglais ni de français, et au vu de leur nombre, ils auraient pu remplir toute une ville moyenne canadienne. Cela représentait plus de la moitié de la population autochtone canadienne qui parlait des langues inuites, or aucun mouvement particulier n’avait été relevé chez cette population. Le mystère de leur provenance planait d’autant plus, que toujours personne ne parvenait à communiquer avec eux. Des interprètes les accompagnaient dans leur marche et tentaient, jour après jour, de comprendre ce qu’ils disaient, ou au moins, de déterminer quelle langue ils parlaient : en tout cas, leur idiome sonnait comme de l’inuit mais il n’en était pas du tout.
C’est alors que plusieurs journalistes, et quelques scientifiques, se rendent au Manitoba afin de déterminer l’origine de ces émigrants et de mettre en lumière, enfin, les causes de leur mouvement migratoire massif. Parmi eux, il se trouvait un ethnologue de l’Université de la Culture et de l’Histoire Néatthées : Antonin Eeþïl.
En voyant ce peuple surprenant, qui ne savait pas lui-même d’où il venait ni où il allait, ce peuple que l’on prenait pour une petite folke misérable, arriérée et dont personne ne comprenait la langue, Eeþïl ne put s’empêcher d’effectuer un rapprochement avec son propre peuple, celui des Néatthés.
Il invita donc son frère, Théo Eeþïl, linguiste, à venir enquêter avec lui sur ce peuple inconnu, comme surgi de nulle part.
Or celui-ci, qui s’était documenté au préalable sur les langues inuites, relève tout de suite, en côtoyant ces drôles d’Eskimos, quelques particularités saillantes de leur idiome : notamment les consonnes apico-dentales et apico-post-alévolaire, qui seront baptisées plus tard « consonnes d’Eeþïl ». Ce sera le point de départ de son analyse linguistique du parler des
Helphaëþ : littéralement, ceux qui recherchent la lumière du soleil (
les Helphes en français).
Mais le travail d’Antonin et Théodore Eeþïl ne sera pas des plus aisés : sous la pression exercée par les Etats-Unis, qui craignent voir déferler sur leur pays un nouveau flux migratoire par le nord, le Canada place les Helphes dans des camps de détention de fortune, en attendant de légiférer sur leur sort. Les deux frères plaideront la cause des Helphes auprès des Nations transparentes néatthées, au Conseil Rotond, auprès du Baþarü Selmaïan, et après des années de collecte de fonds et de négociation avec les instances de pouvoir humaines et néatthées, ils obtiennent l’autorisation d’approcher les Helphes pour découvrir leur langue et leur histoire.
En février 2012, ils retournent enfin au Manitoba !
En l’espace de quelques mois, ils ont appris leur langue et commencent à faire de fabuleuses découvertes sur leurs origines : de plus en plus de scientifiques néatthés rejoignent l’aventure, c’est une véritable ruée vers l’or ! Les Néatthés du monde entier apprennent bientôt la nouvelle : ils n’étaient plus le seul peuple, désormais, qui avait voyagé d’un univers à l’autre, ils n’étaient plus seuls au monde à se demander éternellement quel était leur véritable passé ! Dans toute la presse blanche eurasienne, l’engouement est à son comble, tout le monde veut en savoir plus sur les Helphes, « anïn utro-ommirjanïn adelphïliþ » : « les cousins d’outre-monde ».
Début 2013, les frères Eeþïl en obtiennent la preuve scientifique : les Helphes et les Néatthés ont bel et bien voyagé d’un univers à l’autre, leurs aptitudes physiques exceptionnelles le confirmant. Sous la pression médiatique, le Baþarü Selmaïan reconnaît le lien fraternel et éternel unissant les peuples des Helphes et des Néatthés. Aussi, il négocie avec le Canada et les Etats-Unis durant plusieurs mois : de nouvelles réserves autochtones, réservées aux Helphes, seront créées, et la Première Nation des Helphes est fondée.
Appelée RSC (Royaume parlementaire des Sollocans du Canada), leur nation possède en principe autant d’autonomie que les autres Premières Nations, mais elle n’acquerra jamais le statut d’Etat transparent « au sens européen du terme » : le pouvoir fédéral canadien, ainsi que les provinces sur lesquelles sont situées les réserves, restent souveraines sur ces territoires.
Traduction :
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