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 La langue yaelle

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Grufidh

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MessageSujet: La langue yaelle   La langue yaelle EmptyMer 20 Jan 2021 - 19:55

Bonsoir,
Pour ceux qui ne se souviennent pas de moi, j'étais actif sur le forum il y a quelques années. Pendant mon absence de l'Atelier, j'ai modifié nombre de mes créations et je souhaiterais maintenant les partager avec vous - parce que créer dans son coin, c'est bien, mais c'est mieux lorsque l'on peut avoir l'avis de ses pairs.

La première des langues dont je souhaite vous parler est l'Attupayel. Dans mon système, la langue des Yael est la langue-mère de la seconde famille linguistique que j'ai créée.
Mon objectif était d'imaginer un système qui fonctionne sans verbe ; l'idée étant de décentrer la parole de l'action en cours pour la recentrer sur les autres éléments et les relations qui les entrelacent. Bien sûr, un système averbal est non seulement complexe à mettre en place, mais aussi limité, d'une certaine manière, dans la complexité des phrases qu'il peut former.

En tenant compte de l'expérience de certains confrères (merci Yiuel, j'ai lu ta création avec attention), j'ai donc décidé d'accepter ces contraintes et de me plonger dans la création d'une langue qui, nativement, serait donc plus contemplative, plus passive, et d'imaginer un système qui permette de relier chaque élément d'une action en cours sans nommer l'action elle-même.

PRINCIPES

Le fonctionnement fondamental de cette langue s'exprime sans avoir même besoin de rentrer dans la langue elle-même. Le principe général est d'utiliser des particules et des coordonnants divers qui vont renvoyer les éléments les uns aux autres (avec une certaine simplicité pour rester praticable), et les ordonner pour former le sens de l'énoncé. Deux structures essentielles se rencontrent :

  • Donné / Donataire / Donateur : dans cette structure, le schéma relationnel permet d’exprimer l’essentiel des actions. C’est le système de Destination. Dans ce système, certaines phrases ne nécessitent pas de donateur.

o Lait/Pour Moi/Par Argent : j’achète du lait
o Un repas/Pour le Chat/ Par la souris : le chat mange la souris
o Je mange : un repas / pour moi (fonctionne aussi avec le système d’attribution expliqué ci-dessous)

  • Attribué.Attribut : aussi système d’Attribution : il s’agit seulement de décrire l’Attribué en lui ajoutant des noms, ou des adjectifs (y compris interrogatifs) qui vont étendre son sens jusqu’à pouvoir être traduit par une phrase verbale dans d’autres langues. C’est ni plus ni moins l’équivalent d’une phrase où la copule serait sous-entendue.

o Il.[Dans la forêt] : il est dans la forêt
o Le Chat.[Sur la trace de la souris] : le chat chasse la souris
o Moi.Au-Repas : je mange (je suis au moment du repas)

Dans des phrases plus complexes, le système d’attribution peut être condensé à l’intérieur de l’un des éléments du Système de Destination ; dans ce cas, souvent, le Donateur est exprimé par l’Attribut. C’est le système Don par Attribut. Mais je suis ici hésitant, car il pourrait également s’agir, dans l’exemple suivant, d’une extension contextuelle de l’attribut (« pour le chat » viendrait apporter des informations supplémentaires sur le fonctionnement de l’attribut « repas » vis-à-vis de la « souris ».

  • La souris est mangée par le chat : Souris.Repas/Pour le Chat ou bien « Souris/(en tant que - Repas.pour le chat) : dans la première proposition, le repas est un attribut de souris, elle-même étant le Donné, pour le chat qui est Donataire. Le Donateur est implicite (il s'agit du chat lui-même). Dans la seconde, l'ensemble "repas.pour le chat" est entier un attribut.

D’autres phrases impliquent que le Donataire soit en fait un agent, et la structure devient Utant/Agent/Médiants (système d’Actance) :

  • Je fabrique un panier : un panier / par moi / par travail


La fonction recouverte par le verbe est ainsi investie essentiellement, notamment dans le système de Destination, par le donateur, qui caractérise en premier la relation du donataire et du donné, et la nature de cette relation (quel est l’intermédiaire et de quelle manière intermédie-t-il ?).
Des éléments contextuels viennent ensuite compléter cette phrase archétypale, précisant dans quelles conditions s’est déroulé ce Don :

  • Une manière dont cela s’est produit : avec.rapidité, avec.joie, etc…

o Lait/PourX/ParArgent/Avec.Rapidité : X achète du lait rapidement.

  • L’endroit, la situation géographique où cela s’est produit : dans.maison, près.moi etc…


  • Un auxiliaire au donateur :

o Une histoire / Pour moi / Par mon père / Par sa bouche (mon père me raconte une histoire)
Cette formulation est sujette à modifications : ainsi Histoire/PourMoi/Par.Bouche-Père met l’accent sur l’action faite par le père, et pourra être traduite « J’entends une histoire par mon père »

Une phrase comme « j’ai besoin d’un arc pour aller à la chasse » sera en fait double :
- Arc/Necéssaire.pourMoi (système d’attribution avec complément d’attributif) : j’ai besoin d’un arc ;
- Moi/Sur la trace : je vais chasser.

Afin de préciser le sens français (j’ai besoin de l’arc pour chasser), il faudra un coordonnant. Les coordonnants sont, avec les particules, les seuls éléments non nominaux des phrases.

COORDONNANTS ET PARTICULES

Les particules servent à exprimer les relations entre les noms. Elles sont invariables et multiples, préposées au nom, mais les plus utilisées sont évidemment « pour, à » qui précède le donataire, et « par, au moyen de, grâce à » qui précède le plus souvent le donateur. La plupart sont utilisées pour compléter le sens des actions de diverses manières :
- Le chat cherche la souris : le chat pour la souris par les yeux-autour/pour (idée que les yeux sont actifs dans l’environnement, avec circularité)

Les coordonnants, eux, sont de deux types :
- Les coordonnants majeurs articulent les propositions entre elles ou par rapport à la situation de l’énonçant : ils permettent d’exprimer la temporalité, la causalité, la succession etc…
o J’ai besoin d’un arc pour aller à la chasse. Arc/Nécessaire.PourMoi POUR Moi/SurLaTrace (+particule exprimant la durée)
o Le poulet / Repas.PourMoi ET Jean.AvecMoi
o X a oublié d’acheter le lait quand il a fait les courses : AVANT (situe l’action dans le passé + deuxième fonction de coordination par rapport à la subordonnée, donc redoublement du coordonnant) DesChoses/PourLui/ParArgent AU MEME MOMENT  Non.Lait (pourLui) Par.X-absence-pensée
o Une phrase complexe : Jean va vite acheter du lait avant que ses invités arrivent et elle termine le dessert à temps.
 Lait / pourX / par l’argent / avec.rapidité ET dessert / par X / par travail AVANT invités/vers.lui-par.pied
 On remarque dans ce dernier exemple que là où le français privilégie un ordre logique (elle va vite acheter du lait pour que ce soit avant l’arrivée des invités, ET la conclusion de l’histoire arrive à la fin), le Yael va privilégier un ordre chronologique (elle va vite acheter le lait, et termine le dessert avant que les invités arrivent).
• Un autre effet aurait pu être créé en mettant le problème (les invités arrivent) avant les deux autres propositions ; ou en juxtaposant chaque phrase de manière indépendante pour pouvoir insérer le problème de l’arrivée des invités au centre.
- Les coordonnants mineurs viennent associer deux éléments simples de la proposition :
o Jean et moi mangeons : Repas/Pour moi et Jean
o Je mange avant toi : repas/pour moi avant toi


Tout ceci ayant été dit, il ne reste qu'à voir à quoi la langue ressemble.

PHONOLOGIQUEMENT, il n'y a que très peu de sons qui nous sont étrangers, si bien que l'API n'est même pas nécessaire ici.

Il y a 5 voyelles : i, u, a, e, o. (les deux dernières ouvertes).
Deux semi voyelles particulièrement courantes : w et y.
Et un jeu relativement restreint de consonnes : les occlusives ' (pour le coup de glotte), h (légère aspiration à l'anglaise), p, t, k, g, d, l'incontournable s et son pendant sonore z, ainsi que le sh de chat, et l'affriquée ch comme dans chair en anglais. A cela il faut ajouter deux liquides peu fréquentes, r et l ; et trois nasales n, m, ng.

D'une manière générale, très peu de consonnes peuvent s'enchaîner, mais le yael apprécie parfois les doubles occlusives (pt, kt par exemple) et un nasale devant son occlusive sourde correspondante (nt, mp, ngk).
Les voyelles ne forment pas de diphtongues. Si deux voyelles se suivent, et c'est rare, elles se prononcent distinctement ; mais la plupart du temps un h ou un ' viendront s'interposer.


Maintenant, j'aimerais vous présenter quelques exemples décortiqués.

Ah-teli i-apun-ke : là.Jeu/par.enfant.PL : les enfants jouent

Dans cette phrase, simple, la particule "ah" vient marquer la temporalité. Pour cela, je me suis inspiré de la langue des signes telle que la parlaient mes grands parents. Généralement, si l'on s'exprime au présent, nul besoin de le préciser, c'est le temps de l'énonciation. Néanmoins, en yael, un élément de contexte, comme "là", ou "maintenant", peut permettre de situer la phrase dans une durée, et lui donner ainsi le mouvement d'une action. S'il y a "du jeu" "en ce moment", ou "là", c'est qu'il est "en cours". Les particules qui expriment cela se placent toujours au début de la phrase et sont

  • ah (là, temporellement et spatialement, désigne un événement en proximité relative)


  • ptehi (maintenant, en ce moment)


Mena-wehe chiyapi u-waziya ikta-maihi yuka-kuketi : avant-durée, balancement avec-joie par-fleur delaqualité-jaune
Les fleurs jaunes se balançaient gaiement.

Dans celle-ci, l'on voit que pour situer temporellement l'action grâce à un simple mot, un coordonnant majeur. Une autre particule vient exprimer la durée (elle peut être aussi utilisée pour former des mots, comme pour la marche : "pied-durée", wehimacha après wehe-macha). L'ordre des mots apparaît également crucial : puisqu'il n'y a pas de cas, l'élément contextuel "avec-joie" qui équivaut à un adverbe, doit suivre immédiatement le nom qui est le plus affecté par cette précision. Il aurait pu être mis derrière "fleur" pour donner une autre tonalité.

Wuchige yuka-maheteyi e-wehimachitaye lay’apache : Sommeil demanière-profondeur, pour-voyageur enétatde-fatigue.

Dans l'ensemble "lay'apache", il y a un nom "apache", la fatigue, et une particule "laya" (en état de), dont la terminaison s'élide. La solution imparfaite de l'apostrophe empiète sur le coup de glotte et je cherche une autre idée pour transcrire l'élision ou le coup de glotte.
La traduction littérale se comprend bien, mais la traduction juste en français pourrait prendre plusieurs formes, en fonction du contexte : le voyageur fatigué s'est endormi/dort/a dormi profondément, serait la plus cohérente. Le contexte ne précise pas de temps : mais il peut être donné par le reste de la discussion, etc...


Voilà pour les exemples que je voulais vous donner. J'en ai d'autres dans ma besace, j'ai un petit lexique de 300 mots pour en composer d'autres et deux textes plus longs, dont un composé dans la langue elle-même.

Cependant, je suis avant tout ouvert à vos questions (qui me permettront d'approfondir le système) et à vos remarques (qui me permettront de l'améliorer). Créer une langue sans verbe n'est pas facile, en revanche il l'est beaucoup plus pour moi de m'enfermer dans ma logique. C'est pourquoi un regard extérieur sera bienvenu.

Bonne soirée à tous.
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MessageSujet: Re: La langue yaelle   La langue yaelle EmptyMer 20 Jan 2021 - 22:10

Très intéressant.
Merci de revenir nous présenter tes idéolangues.

Yatem avait essayé je crois une langue sans verbe, plus récemment que Yiuel, tu pourrais lire ce fil.

Personnellement, j'appellerais ton système Donné/Donataire/Donateur -> objet/destinateur/moyen

Comme tu l'étends, je changerais un peu ton extension pour inclure entre moyen et circonstance, le but ou l'intention

objet/destinataire/moyen/but&intention/circonstances

Mais surtout pourquoi n'emploie-tu pas ce que j'appelle les substantifs d'action, nos langues IE en sont truffées, juste elles ne distinguent pas le substantif d'action de celui de résultat.
J'avais donné les exemples :
- la déclaration du ministre a duré 24 min. = le ministre a déclaré pendant 24 min. -> l'action de déclarer a lieu
- la déclaration des Droits de l'homme et du citoyen a été écrite en... -> l'on ne parle plus de l'action de déclarer, mais bien du résultat de déclaration(s)
Dans nos langues ce sont souvent les mots en -()tion et en -age, parfois en -ure plus pour ceux tirés des verbes du 3ème groupe les participes passés substantivés : venue, arrivée, etc.
D'autre part ton système d'intégration attribut.attribué dans le premier pourrait être réglé par l'aggomération lexicale souris.repas = sourirepa

Du coup tu proposes des structures assez complexes parfois comme :
Arc/Nécessaire.PourMoi POUR Moi/SurLaTrace (+particule exprimant la durée)
Mais
arcbesoin/pour moi/pour départ sur la trace
soit
arcbesoin/pour moi/pour surlatracedépart

ou même
profondsommeil/pour fatiguévoyageur
profondsommeil/pour enétatfatiguevoyageur

me paraissent possible.


Autre question ne distinguerais-tu pas tes deux grands principes par l'élément n°2 de phrase.
- Pour objet/destinataire/moyen : le destinataire est introduit par l'équivalent d'une précision pour/à/par*
- Attribut.attribué pourrait devenir attribut=attribué et tu pourrais rendre le signe égal avec une particule courte genre voyelle.

* si par, vérifie que ce ne soit pas une tournure passive, ainsi je fabrique un panier en respectant ta syntaxe de début de post ferait plutôt chez moi
Moi/un panier/par travail
A moins que tu n'aies toujours besoin de mettre l'objet/l'inanimé en première position, auquel cas
Un panier/par et pour moi/par travail
ou bien
Un panier/pour moi/parMoitravail (travail de moi/montravail)

Quelles sont tes sources d'inspirations pour le vocabulaires ? Ou bien comment le crées-tu ?

Le fait de ne pas vouloir utiliser de verbe relève de quelle intention chez toi ? Une langue plus contemplative, comme tu sembles l'évoquer. Un besoin de réfléchir autrement pour te contraindre en pensant différemment à créer en sortant des sentiers battus et rebattus ?

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Aboutie : suok et lignée pré-mihia-thialim, thianshi, diarrza, uosmigjar (essai : ortogrévsinte, sinywila, SESI, KISSI)
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Niluusu kivanu ki-so∂em-korondo-s-uvi gu koyoodnißju. (dudyi) / Midevim iſeet dotſe iJebiriotoẏot éß umowonêyû. (∂atyit)
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MessageSujet: Re: La langue yaelle   La langue yaelle EmptyMer 20 Jan 2021 - 23:37

Merci pour tes commentaires Velonzio ! on s'est déjà croisés sur le sujet de présentation, plaisir.

Je vais chercher le sujet de Yatem. En attendant, je voulais répondre à tes remarques.

Tout d'abord, concernant le nom des différentes composantes des systèmes : j'avais quelque chose très proche de ta proposition (objet/destinataire/moyen) (seul destinataire changeait), mais j'ai changé ça pour coller plus précisément à une idée en particulier qui motivait la création de cette langue : la disparition (ou au moins, l'effacement partiel) d'une hiérarchie dans la phrase. Tous les éléments principaux devaient interagir et être interdépendants : ainsi dans la phrase "un panier/pour moi/par travail", aucun élément ne peut être supprimé sans nuire au sens.

De la même manière, même si ta proposition "Moi.unpanier.partravail" est parfaitement élégante, elle altère un des principes fondamentaux, qui est l'existence d'un classement entre sujet et objet (ce qu'induit l'absence de particule avant moi ou panier, et donc l'obligatoire mise en ordre précis).

En ce qui concerne les substantifs d'action, je les supprime pour la même raison que je supprime les verbes : c'est l'action en elle-même, y compris lorsque contenue dans un substantif, que je veux éjecter de cette langue. L'objectif est d'en faire un idiome qui ne se concentre que sur les éléments "du décor".

Citation :
Autre question ne distinguerais-tu pas tes deux grands principes par l'élément n°2 de phrase.
- Pour objet/destinataire/moyen : le destinataire est introduit par l'équivalent d'une précision pour/à/par*
- Attribut.attribué pourrait devenir attribut=attribué et tu pourrais rendre le signe égal avec une particule courte genre voyelle.

C'est tout à fait l'objectif ! je ne suis pas au point sur la manière de rendre l'écrit, mais dans une phrase comme "teli i-apun-ke", la voyelle -i- signifie justement "pour, à" et introduit le destinataire. Et de manière complémentaire, le système attribué=attribut est relié par une particule clitique, qui prend deux formes essentiellement : "yuka" (de telle qualité que) et "laya" (en tant qu'étant...).

Citation :
ou même
profondsommeil/pour fatiguévoyageur
profondsommeil/pour enétatfatiguevoyageur

Ici je te rejoins plutôt bien. C'est important de fluidifier l'usage dans les détails qui peuvent être réglés simplement, et la composition de mot répond bien à l'exigence dans cette situation. J'apprécie cependant que dans ma proposition, chaque élément prenne une place à part dans la phrase. Profondeur n'est pas subsumé par le nom (qu'il qualifie en tant qu'adjectif dans ta formulation), et apporte donc son plein sens. Vois-tu ce que je veux dire ?

Citation :
Quelles sont tes sources d'inspirations pour le vocabulaires ? Ou bien comment le crées-tu ?

Le fait de ne pas vouloir utiliser de verbe relève de quelle intention chez toi ? Une langue plus contemplative, comme tu sembles l'évoquer. Un besoin de réfléchir autrement pour te contraindre en pensant différemment à créer en sortant des sentiers battus et rebattus ?

Habituellement, je fais dériver mon vocabulaire de la langue mère. Mais ici, il s'agit de la langue-mère d'une deuxième famille linguistique, je pars donc de zéro pour le lexique. Deux méthodes cependant : tout d'abord, puisque je vise une esthétique en particulier, je passe du temps à lire des textes non traduits (même si je n'y comprends rien) dans les langues dont je veux subir l'influence, ou à écouter des chants ; et ensuite, en créant des mots, je fabrique un lexique de base (environ 250 mots) puis je tente au maximum de faire dériver mes autres mots des premiers, par ajout d'intensifs, de diminutifs, de dérivateurs divers, ou par la composition de mots.

En créant cette langue, j'ai voulu joindre en un seul projet différentes idées que j'avais : obtenir un langage poétique et calme, lent et contemplatif, centré sur le non-agir, l'interdépendance des relations, et qui ne soit pas hiérarchisé. Mais je ne vais pas mentir, il y a aussi l'excitation d'entreprendre quelque chose de neuf et d'original, sans base réelle dans notre Oekoumène...

J'ajoute une dernière chose : il commence à germer dans mon esprit l'idée d'ajouter une particule pour le Donné (l'Objet, selon ta nomenclature), qui serait un article (défini, indéfini, partitif) ; cela permettrait ainsi de mettre le Donné sur le même plan que le Donataire et le Donateur (destinataire ou moyen), et également d'obtenir une certaine liberté dans l'ordre des mots.

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Velonzio Noeudefée
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MessageSujet: Re: La langue yaelle   La langue yaelle EmptyJeu 21 Jan 2021 - 13:52

Je comprends, oui et non.
Je pense voir comment tu veux que ça fonctionne.
Je continue de penser que tu pourrais te simplifier un peu plus la vie, mais tu veux garder des éléments entier relier entre eux par seulement des corrélatifs, avec la notion d'action inférente (= sous-entendue) et notamment portée uniquement par les corrélatifs.

Mais si ton but est :
Grufidh a écrit:
contemplatif, centré sur le non-agir, l'interdépendance des relations, et qui ne soit pas hiérarchisé.

Plutôt que d'avoir des modèles syntaxiques à ordre strict des éléments (qui selon moi est une hiérarchisation), j'aurais plutôt approché en deux temps :
1- une description des éléments comme ils sont et viennent, du type une phrase un mot sans ordre aucun:
"travail'! Panier'! Moi'!"
2- avoir ensuite des ensembles de mots qui selon l'ordre des éléments précédents indiqueraient leur relation comme ici : action -> objet -> agent et destinataire, par exemple KSOAED avec ks : action, o: objet, aed : agent et destinataire

Mais tu pourrais aussi dire
Panier'! Moi'! Travail'! + OAEDKS
Panier'! Travail'! Moi'! + OKSAED
Travail'! Moi'! Panier'! + KSAEDO
Travail'! Panier'! Moi'! + KSOAED

et le mot indiquant la relation entre chaque élément différant à chaque fois

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MessageSujet: Re: La langue yaelle   La langue yaelle EmptyJeu 21 Jan 2021 - 18:21

Intéressant à lire, d'autant plus que j'avais aussi tenté des grammaires sans prédicat, mais sans résultat qui semble viable, or ici, du moins pour les exemples, ça semble fonctionner. Reste à voir pour des procès plus précis et/ou abstraits (lire, demander, élaborer, concevoir, programmer, etc). Connais-tu l'all-noun, c'est plus un langage qu'une véritable langue, dénué de morphologie, mais dont le crédo similaire à celui du yael (comme le laisse deviner son...nom ) ?

Plus anecdotiquement, bien que ma langue en cours, l'azar, soit beaucoup plus classique que la tienne par rapport aux parties du discours, les procès de transaction y sont construits assez similairement, étant donné que le donateur est encodé comme un argument oblique de cause/moyen (littéralement, par lequel le donataire acquiert/reçoit le donné) et introduit par un affixe de voix verbale spécifique (une sorte d'applicatif-causatif, cette distinction est perméable dans la langue en question).
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Grufidh

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MessageSujet: Re: La langue yaelle   La langue yaelle EmptyMar 2 Fév 2021 - 12:16

Très intéressant, Velonzio ! Je trouve ton système très intelligent. Personnellement, et puisque la grammaire est aussi une affaire d'esthétique, ce système ne m'attire pas ; je trouve qu'il donne quelque chose de primaire à la langue ; alors que je cherche quelque chose qui soit au contraire assez élaboré. Je n'ai pas seulement l'envie de tester une langue sans prédicat pour le plaisir intellectuel du défi ; je souhaite également qu'elle soit praticable quotidiennement, qu'elle nourrisse une poésie et qu'elle soit attribuée à l'un de mes peuples.

Néanmoins j'ai gardé tes remarques initiales, certaines pourraient m'éclairer.

Citation :
or ici, du moins pour les exemples, ça semble fonctionner. Reste à voir pour des procès plus précis et/ou abstraits (lire, demander, élaborer, concevoir, programmer, etc).

En effet, ça "fonctionne" ! je l'ai testée en écrivant des textes plus longs, pour raconter une courte histoire par exemple, ou au contraire pour des choses plus courtes, plus quotidiennes, et ça marche.
Seulement, il ne faut pas aller chercher trop loin : impossible, sans circonvolutions insupportables et non naturelles, d'aller traduire un article de constitution ou un discours philosophique d'Hegel.

Mais peu importe, pour deux raisons :
- la première, c'est que ce n'est pas l'objectif ! Le peuple qui parle cette langue dans mon Lore est un peuple de chasseurs cueilleurs nomades, qui a une religion animiste et un mode de vie simple. Leurs propres besoins sont les seuls à prendre en compte et écrire des essais n'en fait pas partie. A ce sujet, l'Attupayel est la langue-mère de 6 autres idiomes (dont deux sont actuellement assez développés), qui sont utilisés dans des sociétés bien plus élaborées. Le verbe a donc été introduit dans ces idiomes, découlant de combinaisons de noms et de particules dont l'usage quotidien a fait des expressions figées qui ont peu à peu pris la fonction d'un verbe.
- la deuxième, c'est que j'ai découvert qu'il y avait beaucoup plus de facilité à exprimer des choses complexes dans l'Attupayel en cherchant non pas à traduire des textes français complexes, mais à produire des textes directement dans la langue. Pour ce faire, puisque je ne suis pas locuteur natif évidemment, je tente d'écrire en français des textes selon la grammaire ayelle directement, avant de les transposer dans l'idiome. Et là, les résultats sont plus que satisfaisants ! Le discours est plus simple, mais peut exprimer des choses bien plus complexes une fois débarrassés du carcan grammatical français. Il s'agit avant tout d'essayer de penser de la manière dont les locuteurs de l'Attupayel le feraient.


Ce qui me ramène à ce que disait Velonzio : à force de pratique, je me rends compte que je suis allé chercher trop loin en rédigeant ce premier essai de grammaire. En réalité, c'est bien plus simple que ça ! pas de notion de Donateur-Donné-Donnant, ou alors uniquement pour le plaisir de l'analyse. Il existe des noms, et des particules, et celles-ci coordonnent les mots entre eux en décrivant leurs relations. Rien de plus simple !

Citation :
Connais-tu l'all-noun, c'est plus un langage qu'une véritable langue, dénué de morphologie, mais dont le crédo similaire à celui du yael (comme le laisse deviner son...nom ) ?

J'en ai entendu parler : je suis tombé dessus en faisant des recherches préliminaires à mon travail. C'est très intéressant ! mais trop peu "réel" à mon goût, quand l'objectif est d'intégrer cette langue à une véritable pratique, dans un idéomonde.

En tout cas, Hangól Hogwén tu as éveillé ma curiosité. Je suis toujours avide de systèmes grammaticaux différents de ceux auxquels je suis habitué et j'irai jeter un coup d'oeil (ou deux) à l'Azar.
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Grufidh

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MessageSujet: UN EXEMPLE DE TEXTE LONG   La langue yaelle EmptyMar 2 Fév 2021 - 12:29

Je donne ici un exemple de texte long, rédigé selon ma nouvelle méthode : j'élabore en premier le texte français, mais selon la grammaire attupayelle. Dans un deuxième temps, je traduis ce texte en Attupayel, de manière formelle, décomposant chaque mot et chaque structure. Ensuite, je le corrige, en jointant les mots qui ne font qu'un une fois prononcés (notamment les particules, clitiques, avec les noms qu'ils affectent), en effaçant les terminaisons qui sautent pour la liaison. Enfin, je traduis ce texte dans un français correct. Voici ce que ces 4 versions donnent pour ce texte, un bref récit qui pourrait être vu comme un conte local dans mon Lore :

En majuscule, ce sont les coordonnants majeurs qui articulent plusieurs propositions.

Texte en français grammaticalement Attupayel :

  • AVANT+durée, dans la clairière, du sommeil pour moi. Soudain, du réveil (pour moi) à cause d’un bruit. Donc, du debout pour moi par un bond, et au même moment, un cerf entre les arbres pour mes yeux. Un regard avec longueur par ses yeux avec fixité. Un mouvement avec profondeur pour mon âme ET un silence avec grandeur pour tout autour. ENSUITE hors de là pour lui avec un regard en tant que ailleurs. A ce moment, le savoir à moi : le Père-Voyageur pour mes yeux.


Texte en Attupayel grammatical :

  • MENA-WEHE a-tuppe, wuchige-ti e-ha. Nayi machas-e (e-ha) awahe-mayas-u.Sapwi sewiyu e-ha i-chappa. EKI-PTEHI uwampe-u ayikta-lake i-heyok (ne-ha). Upita yuka-wutani i-heyok sa-mahewe. Ki’eye yuka-maheteyi e-kicheyama ne-ha. EKI pa’oche yuka-ta’en e-lucha-kuha. MUWI teke-ah e-tan sa-upita-laya-wichati. PTEHI ikoyake nin-ha : kuse-wehimachitaye e-heyok-ne-ha.


Texte en Attupayel réaliste :

  • Menawehe atuppe, wuchigeti-‘ha. Nayi machas’ awahemayasu. Sapwi sewiyu eha ichappa. Ekiptehi uwampe’ ayiktalake iheyok. Upita yukawutan’ iheyoksamahewe. Ki’eye yukamaheteyi ekicheyamaneha. Eki pa’oche yukata’en eluchakuha. Muwi teke’ahetan supitalayawichati. Pteh’ ikoyake ninha : Kusewehimachitay’ eheyokneha.


Texte en français correct :

  • Je dormais dans une clairière. Un bruit me réveilla. Alors que je me redressais en sursaut, je vis soudain un cerf entre les arbres. Il me fixa longuement. Mon âme remua profondément et un grand silence se fit. Puis il s’en alla, tournant le regard. Je sus que j’avais vu le Père-Voyageur.


Je note une remarque principal : l'Attupayel est lent, pour exprimer les mêmes choses qu'en français (avec un rapport, en moyenne, de 1,3 fois plus de texte) ! mais c'est un effet logique de sa grammaire, et ce n'est pas désagréable : c'est cohérent avec la logique "sociologique" que je voulais donner à ce langage.

Enfin, pour ceux qui seraient plus curieux, je dispose d'un enregistrement de ce texte, lu par mes soins ; mais j'ignore comment le partager.
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Velonzio Noeudefée
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MessageSujet: Re: La langue yaelle   La langue yaelle EmptyMar 2 Fév 2021 - 14:03

Intéressant cheers

Tu peux utiiser le service en ligne vocaroo, pour les échantillons sonores.

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