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 De l'impact d'une conjugaison

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Greenheart




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MessageSujet: De l'impact d'une conjugaison   De l'impact d'une conjugaison EmptyMar 13 Fév 2018 - 9:26

Un article de Next Impact du 12 février 2018 sur la déformation de l'actualité scientifique par ceux qui la rapporte.
Cette déformation passe par le refus d'utiliser une conjugaison qui pourtant s'imposerait en l'espèce.

Next-impact a écrit:
... ou quand le conditionnel passe à la trappe

Dernier exemple en date : il y a quelques jours, l'ESO (Observatoire Européen Austral) publiait un communiqué intitulé « de l’eau probablement en abondance sur les planètes du système TRAPPIST-1 ». Dès les premières lignes, le soufflet retombe un peu : « certaines d’entre elles pourraient potentiellement contenir de l’eau en quantités supérieures à la Terre ».

Plus en détail, l'article explique « que les mesures des densités, lorsqu’elles sont combinées aux modèles de compositions des planètes, suggèrent que les sept planètes du système TRAPPIST-1 ne sont pas des mondes rocheux stériles. Ils semblent être composés de matière volatile, probablement de l’eau ».  Bref, rien n'est scellé dans le marbre.

Cette annonce se transforme rapidement en confirmation de présence d'eau pour certains, voire en espoir de découvrir de la vie extra-terrestre pour d'autres. Une hypothèse pourtant réfutée dans le communiqué de l'ESO, via une citation de Brice-Olivier Demory, co-auteur à l’Université de Berne : « Bien qu’elles nous renseignent sur les compositions planétaires, les valeurs de densités ne révèlent rien concernant l’habitabilité potentielle de ces planètes ».

On regrette d'ailleurs que la perte du conditionnel dans un titre devienne de plus en plus monnaie courante, et pas uniquement sur les actualités scientifiques. Après tout, une information et un démenti, cela fait potentiellement deux fois plus de pages vues.

https://www.nextinpact.com/news/95737-de-cape-dinvisibilite-a-spacex-malheureuse-peopolisation-lactualite-scientifique.htm

**

Si compliquer une langue, par exemple par le jargon, brouille la communication, empêche la transmission du savoir et de l'information, la suppression du conditionnel (du subjonctif qui en tient lieu dans certaines langues, mais il y a des tas d'autres exemples) entraîne dans ce cas une erreur flagrante, la propagation de la rumeur, voire une tromperie sur la marchandise ("ce lave-vaisselle peut fonctionner dix ans sans réparation" n'est pas "pourrait fonctionner dix ans").

...Mais n'est-ce pas le cas pour chaque trait d'une langue supprimé ou évité par "simplification" ? ceux qui prêchent ou actent la simplification passent sous silence les conséquences de la simplification, ceux qui la refusent sont ceux qui souffrent des conséquences ou qui pensent à ceux qui vont en souffrir ?

Alors comment distinguer, en langue construite a posteriori, une simplification "utile" de la langue naturelle ou d'une langue construite qui l'inspire (la simplification qui rend plus efficace la communication), d'une simplification "abusive" (la simplification qui a des conséquences gênantes facilement ignorées, ou ignorées... par ignorance) ?
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Mardikhouran

Mardikhouran


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MessageSujet: Re: De l'impact d'une conjugaison   De l'impact d'une conjugaison EmptyMar 13 Fév 2018 - 10:39

Il n'y a pas de verbe dans le premier titre. Donc le non-usage du conditionnel (qui est d'ailleurs bien présent dans le corps du communiqué ensuite) n'est pas en cause.
Le problème, c'est peut-être que l'adverbe "probablement" devient invisible et serait tant utilisé qu'il n'aurait plus sa valeur modale. Un peu l'inverse de "sans doute" qui d'adverbe dénotant une chose sûre a fini par exprimer une probabilité plus ou moins forte.
Ce serait donc les lecteurs (journalistes lisant les communiqués sc. et personnes lambdas lisant les articles de vulga) à qui il manquerait la capacité d'interpréter un texte correctement.
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Anoev
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MessageSujet: Re: De l'impact d'une conjugaison   De l'impact d'une conjugaison EmptyMar 13 Fév 2018 - 11:17

La locution adverbiale "sans doute" est plutôt étrange, en fait, puisqu'elle exprime à peu près le contraire de ce qu'elle signifie.

Mot à mot, elle signifie qu'on n'a aucun doute, et donc que le procès est sûr (exactitude) à 100%.

Main'nant, voyons ces deux phrases :

Il est parti
Il est sans doute parti.

Qu'est-ce que vous ressentez VRAIMENT  en lisant ces deux phrases ? Moi (mais peut-être est-ce que j'me trompe ?) je vois la deuxième comme une atténuation de la première. Pas vous ? Alors que, normalement, "sans doute" est le synonyme de "certainement".... et encore, même "certainement", parfois fait figure d'hypothèse*!.






*Si vous m'permettez, j'vous dit c'que que ça pourrait donner en aneuvien :
Da pùza = il est parti (c'est une constatation)
Da ep kàn pùza = Il a dû partir, il est sans doute parti... (c'est une hypothése extrêmement probable)

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Dernière édition par Anoev le Ven 27 Mar 2020 - 17:17, édité 3 fois
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Ziecken
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MessageSujet: Re: De l'impact d'une conjugaison   De l'impact d'une conjugaison EmptyMar 13 Fév 2018 - 11:46

Même si l'elko n'est pas une langue a posteriori, c'est une question que je me suis posé lors de son élaboration. J'ai tenté de mêler simplicité et expressivité en évitant toute ambiguïté. Ce n'est pas chose aisée. Rolling Eyes

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Anoev
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MessageSujet: Quand l'école anglaise influence aneuvien   De l'impact d'une conjugaison EmptyVen 27 Mar 2020 - 17:27

Vous le savez sans doute (cf. page précédente), l'aneuvien a un participe présent conjugué, qui est en fait la reproduction du progressive present anglais, et le présent de l'indicatif, qui, lui, est itératif, voire permanent et qui est donc la reproduction de son équivalent anglais.

Voyons comment ça se passe avec un verbe comme illáb (contenir, comprendre) :

Ce ferry contient huit camions :

Æt kaxhíp illábun ok lorrese : en ce moment, pendant cette traversée, ce ferry a huit camions (dans sa soute).


Æt kaxhíp illáb ok lorrese : ce camion peut contenir huit camions : pòten (pouvoir) n'est même pas indispensable : le présent de l'indicatif suffit.

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Greenheart




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MessageSujet: Re: De l'impact d'une conjugaison   De l'impact d'une conjugaison EmptyVen 27 Mar 2020 - 21:17

Anoev a écrit:
La locution adverbiale "sans doute" est plutôt étrange, en fait, puisqu'elle exprime à peu près le contraire de ce qu'elle signifie.

Mot à mot, elle signifie qu'on n'a aucun doute, et donc que le procès est sûr (exactitude) à 100%.

Main'nant, voyons ces deux phrases :

Il est parti
Il est sans doute parti.


L'explication est peut-être toute simple.

"Il est parti" est une affirmation : la probabilité qu'il soit parti est donc de 100%.

Quand on ajoute un adverbe, on ajoute un commentaire sur les mots de la phrase, au lieu d'ajouter des détails de l'histoire que l'on raconte. Donc l'expression "sans doute" exprime un doute faible du locuteur et non les 100% de certitude déjà exprimée par l'affirmation sans ajout. Pour exprimer 100% de certitude il faut rendre l'adverbe tonique, en insistant : "sans aucun doute".

Mais de toute manière, le crash sémantique est patent à cause de la possibilité de sous-entendre les articles ou le pluriel, ou le fait que la virgule permet à la fois l'apposition, l'énumération, la mise en relief ou la prise d'une respiration ou une segmentation purement graphique pour faciliter la lecture.

Alors que le problème numéro 1 ici à l'écrit comme à l'oral est que rien n'indique, à ma connaissance, que "sans doute", "sans un doute", "sans des doutes" etc. s'applique à l'opinion du locuteur (la situation de communication) ou à l'état mental du sujet "il" quand il s'en va (le point de vue du sujet dans l'histoire, le récit). Cela se vérifie en déplaçant l'adverbe.

A1: "Il est sans (un) doute(s) parti"
A2: "Sans (un) doute(s)(,) il est parti"
A3: "Il, sans (un) doute(s), est parti"
A4: "Il est parti (,) sans (un) doute(s)".

... dans lesquels "sans doute" ou "sans un doute" etc. s'applique soit à l'opinion de celui qui raconte, soit à l'état mental du héros de l'histoire.

*

Si je répète l'expérience avec un autre adverbe, je constate que le problème ne dépend pas du sens de l'adverbe, mais que dans certains cas, l'ajout du point d'exclamation ou du point d'interrogation lève le doute quant à savoir si l'adverbe s'applique à la situation de communication (le ton de la phrase, les circonstances qui dicte l'énonciation de la phrase) ou bien à l'histoire racontée par la phrase :

B1 : "Il est (,) vite (!? ,) parti".
B2 : "Vite (!?,) il est parti".
B3 : "Il (,) vite (!?,) est parti.
B4 : "Il est parti (,) vite (!?).

... ou "vite" est soit une injonction (opinion de celui qui parle) ou bien la manière dont le héros agit, donc l'histoire que l'on raconte.

***

Anoev a écrit:
Æt kaxhíp illáb ok lorrese : ce camion peut contenir huit camions : pòten (pouvoir) n'est même pas indispensable : le présent de l'indicatif suffit.

De ce que je constate, l'expression du doute à travers une conjugaison (un mode) n'est pas au même niveau sémantique que celui de l'étymologie (sens large incluant la construction d'une locution aussi bien que celle d'un mot-valise ou de l'emploi d'une racine ou d'un suffixe, et l'étymologie n'est pas au même niveau que la préposition ou l'adverbe etc.

Donc employer un verbe modal comme pouvoir (équivoque en français car il exprime aussi bien la capacité, que la potentialité ou l'opportunité) ne vaut pas l'usage d'un mode ou d'un adverbe. La démonstration est toute simple : il suffit d'utiliser tous les canaux en même temps.

Par exemple :

C
"Ce possible homme pourrait (pouvoir + conditionnel) sans doute (adverbe) peut-être avoir eu l'occasion d'être parti ou d'être resté."

Phrase qui objectivement ne veut pas dire :

A "il est sans doute parti"

... parce A peut vouloir dire beaucoup d'autres choses, que C ne veut pas dire.

Par exemple D :

"Cet homme improbable (donc cet homme qui n'existe pas ou cette probable femme etc.) peut ne pas avoir eu le choix de partir ou de rester."

***
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