- Anoev a écrit:
- La locution adverbiale "sans doute" est plutôt étrange, en fait, puisqu'elle exprime à peu près le contraire de ce qu'elle signifie.
Mot à mot, elle signifie qu'on n'a aucun doute, et donc que le procès est sûr (exactitude) à 100%.
Main'nant, voyons ces deux phrases :
Il est parti
Il est sans doute parti.
L'explication est
peut-être toute simple.
"Il est parti" est une affirmation : la probabilité qu'il
soit parti est donc de 100%.
Quand on ajoute un adverbe, on ajoute un commentaire sur les mots de la phrase, au lieu d'ajouter des détails de l'histoire que l'on raconte. Donc l'expression "sans doute" exprime un doute faible du locuteur et non les 100% de certitude déjà exprimée par l'affirmation sans ajout. Pour exprimer 100% de certitude il faut rendre l'adverbe tonique, en insistant : "sans aucun doute".
Mais de toute manière, le crash sémantique est patent à cause de la possibilité de sous-entendre les articles ou le pluriel, ou le fait que la virgule permet à la fois l'apposition, l'énumération, la mise en relief ou la prise d'une respiration ou une segmentation purement graphique pour faciliter la lecture.
Alors que le problème numéro 1 ici à l'écrit comme à l'oral est que
rien n'indique, à ma connaissance, que "sans doute", "sans un doute", "sans des doutes" etc. s'applique à l'opinion du locuteur (la situation de communication) ou à l'état mental du sujet "il" quand il s'en va (le point de vue du sujet dans l'histoire, le récit). Cela se vérifie en déplaçant l'adverbe.
A1: "Il est sans (un) doute(s) parti"
A2: "Sans (un) doute(s)(,) il est parti"
A3: "Il, sans (un) doute(s), est parti"
A4: "Il est parti (,) sans (un) doute(s)".
... dans lesquels "sans doute" ou "sans un doute" etc. s'applique soit à l'opinion de celui qui raconte, soit à l'état mental du héros de l'histoire.
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Si je répète l'expérience avec un autre adverbe, je constate que le problème ne dépend pas du sens de l'adverbe, mais que dans certains cas, l'ajout du point d'exclamation ou du point d'interrogation lève le doute quant à savoir si l'adverbe s'applique à la situation de communication (le ton de la phrase, les circonstances qui dicte l'énonciation de la phrase) ou bien à l'histoire racontée par la phrase :
B1 : "Il est (,) vite (!? ,) parti".
B2 : "Vite (!?,) il est parti".
B3 : "Il (,) vite (!?,) est parti.
B4 : "Il est parti (,) vite (!?).
... ou "vite" est soit une injonction (opinion de celui qui parle) ou bien la manière dont le héros agit, donc l'histoire que l'on raconte.
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- Anoev a écrit:
- Æt kaxhíp illáb ok lorrese : ce camion peut contenir huit camions : pòten (pouvoir) n'est même pas indispensable : le présent de l'indicatif suffit.
De ce que je constate, l'expression du doute à travers une conjugaison (un mode) n'est pas au même niveau sémantique que celui de l'étymologie (sens large incluant la construction d'une locution aussi bien que celle d'un mot-valise ou de l'emploi d'une racine ou d'un suffixe, et l'étymologie n'est pas au même niveau que la préposition ou l'adverbe etc.
Donc employer un verbe modal comme pouvoir (équivoque en français car il exprime aussi bien la capacité, que la potentialité ou l'opportunité) ne vaut pas l'usage d'un mode ou d'un adverbe. La démonstration est toute simple : il suffit d'utiliser tous les canaux en même temps.
Par exemple :
C
"Ce possible homme pourrait (pouvoir + conditionnel) sans doute (adverbe) peut-être avoir eu l'occasion d'être parti ou d'être resté."
Phrase qui objectivement ne veut pas dire :
A "il est sans doute parti"
... parce A peut vouloir dire beaucoup d'autres choses, que C ne veut pas dire.
Par exemple D :
"Cet homme improbable (donc cet homme qui n'existe pas ou cette probable femme etc.) peut ne pas avoir eu le choix de partir ou de rester."
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