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 Sonnera bas

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MessageSujet: Sonnera bas   Sonnera bas EmptySam 25 Nov 2017 - 22:49

JAULUSTE LENNATA

Mand ! Eleh rażmu – nuns dek'ont yeb ra'zt ?
Men stei sœg har men koṡys jiteh blorċt :
Eledseh yers jis, des yentuis, ontohsut
Ebbe bertas yers Nuidä neyt ambün.

Ais eix judo türo quis süvviskéd,
Elk loi hû'zt, de esbloisto cel Sova,
Sciel myssazam hevàṡazes soit,
« Koṡys equedt ! » og na bå yers stoṙect

Ais yo visum gniteh parogm vergua
Semt to hemä sonnera yesont ezt
Mei tesok at o uhelthas erung !

Mangan men sorn yeza sai soit Ellu
Æb meṡen naias œ yeseluwt nob veldra
Jateh jud truċt nith esçrüg horuws !
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyDim 26 Nov 2017 - 17:08

[ʝɔw'lustə lɛ'n:aɾa

'manð 'elə(x) 'ʁaʒmu 'nuns dek 'ɔnt jɛb 'ʁast
mɛn stɛj 'sɔjɣ xaʁ mɛn ko'ʒi:s 'ʝiɾə(x) 'blɔχçt
e'ledzə(x) jɛχs ʝis dɛs jɛn'ty:s ɔnto(x)'sut
'ɛb:ə bɛχ'tas jɛχs nəj'da nɛjt am'byn

ajs i:ks 'ʝudo 'tyro kwis syv:iskɛd
ɛlk 'lɔj 'xu:st de ɛz'blɔjsto tsɛl 'sova
'ʃiəl mi's:azam xe'vaʒazəs sɔjt
ko'ʒi:s ekwɛt: ɔɣ na bɔ: jɛχs sto'ʒɛkt

ajs jo 'visum 'ɣnitə(x) pa'roɣm 'vɛɣ(g)wa
sɛmt to xe'ma sɔn:eʁa je'sɔnt ɛst
mɛj te'sɔk aɾ o u'xɛlθas e'ʁuŋ

ma'ŋan mɛn sɔʁn 'jeza saj sɔjt 'el:u
ɛjb 'meʒən 'najas ɔj ye'seləwt nɔb 'vɛldʁa
'ʝaɾə(x) 'ʝuð 'tχuçt niθ ɛʃ'χyg 'xoʁəws]
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyLun 27 Nov 2017 - 16:32

VERS DORÉS

Homme ! Libre penseur – te crois-tu seul pensant ?
Dans ce monde où la vie éclate en toute chose :
Des forces que tu tiens ta liberté dispose
Mais de tous tes conseils l'univers est absent.

Respecte dans la bête un esprit agissant
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose
Un mystère d'amour dans le métal repose
« tout est sensible ! » et tout sur ton corps est puissant

Crains dans le mur aveugle un regard qui t'épie
à la matière même un verbe est attaché
ne le fais pas servir à des usages impies !

Souvent dans l'être obscur habite un Dieu caché
Et comme un œil naissant couvert par ses paupières
Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres !

Gérard de Nerval, Les Chimères
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyLun 27 Nov 2017 - 16:41

C'est en quelle ideolangue kotave ?

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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyMar 28 Nov 2017 - 22:55

C'est le sonnéra, sonnera bas, la langue que je fais fermenter depuis presque trois ans maintenant, qui a commencé sous le nom de code de "jeune pousse" et s'appelait jusqu'à la semaine dernière suibas, la "langue-soi".

C'est une langue sans diégèse, très inspirée des langues indo-européennes, avec un objectif surtout philosophique : cette langue est censée permettre l'expression d'une pensée à un niveau dialectique élevé, voire supra-rationnel. En ce sens, cette langue est censée pouvoir aller au-delà des possibilités référentielles et utilitaires habituelles et s'adapter particulièrement aux discours religieux - dans un sens élargi, c'est-à-dire y compris mystique, poétique et scientifique.

La grammaire est aujourd'hui relativement complète, ou en tout cas intuitive pour moi. Le vocabulaire reste très lent à sécréter, mais s'accroît en parallèle.




Voici l'analyse du premier vers :

Mand ! Eleh rażmu – nuns dek'ont yeb razt ?


  • Mand : homme (d'origine variée et convergente), à relier à andu (homme au sens philosophique), à andram (l'humanité), à mander (humain (moral)) et maneder (divinité, dieu antropomorphe), entre autres.
  • Eleh : libre, au sens philosophique (libre, au sens de "sans obstacle" se dit yever ou nundränad), à relier à la racine *wal, au préfixe "sagittique" al- (qui a un sens de "être censé", "devoir", "vouloir", proche de "to be to" en anglais), à àldora (regretter), alda (avoir du remords), allai (qui peut être plus ou moins bien traduit par "censé").
  • Rażmu : avec -u (suffixe de nom animé), c'est le participe complétif (rażem) du verbe raz (penser), littéralement "celui à qui est pensée". Raz est très irrégulier parce que "penser" n'est pas construit comme en français : "je pense" se dit mib razt, c'est-à-dire "à moi est pensée" (c'est une contraction de rath ezt = est pensée).
  • Nuns : deuxième personne du singulier (indicatif présent) de nun, le verbe pour "juger, penser, estimer", qui renvoie étymologiquement à une conception kantienne du jugement, comme union d'un sujet et d'un prédicat.
  • dek' : forme de da (que) avant une voyelle
  • ont : "seulement", de *on, à relier au cardinal nu (un), avec le suffixe adverbial -t.
  • yeb : datif de ju (tu)
  • razt : troisième personne du singulier (indicatif présent) de raz (y avoir pensée).
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SATIGNAC




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MessageSujet: En méhien ça fait:   Sonnera bas EmptyMer 29 Nov 2017 - 0:05

Kotave a écrit:
VERS DORÉS

Homme ! Libre penseur – te crois-tu seul pensant ?
Dans ce monde où la vie éclate en toute chose :
Des forces que tu tiens ta liberté dispose
Mais de tous tes conseils l'univers est absent.

Respecte dans la bête un esprit agissant
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose
Un mystère d'amour dans le métal repose
« tout est sensible ! » et tout sur ton corps est puissant

Crains dans le mur aveugle un regard qui t'épie
à la matière même un verbe est attaché
ne le fais pas servir à des usages impies !

Souvent dans l'être obscur habite un Dieu caché
Et comme un œil naissant couvert par ses paupières
Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres !

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GRÜLECSANDIAS

 

Home ! Mentayor ranche- m’Cregaɥ hua isoḷe nowen ?


I mundi visi uvi Esploio via nix tolḍo:


Dᵫnamis q̆ie Teniɥ ranchita huta Dimìoio


Sem comsèus’tei omdei  Aver cosme.


 



Respeiʒ i dæri niṃe faʃòpoṣe


Er bluma qadina ʃeuanma Pandiu diclosia,


Mᵫsterᵫ chariso i ferhùi Jaʃio


“ Pando æ͛sido!” ac toldo i corpi’ti poesto


 



Rewer’i tœchi òrobi visagnae qæd Ğardat hua


Hüleif isaif ligaudy werbaste, ac ni Useiʒ œ aenpiestus!


 



Nàoio atritae sæpie dey qed escosy


Ac tauq̆e ocvl q̆o Našio bleparus’su oupridy
Crešio spiry qàdare su petrai cortiscai !


Dernière édition par SATIGNAC le Ven 29 Déc 2017 - 23:02, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyMer 29 Nov 2017 - 0:06

Comprendrai-je mieux une philosophie particulière en apprenant cette langue ? Ou bien dois-je me replonger dans les classiques auparavant ?
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyMer 29 Nov 2017 - 9:20

Kotave a écrit:
cette langue est censée permettre l'expression d'une pensée à un niveau dialectique élevé, voire supra-rationnel. En ce sens, cette langue est censée pouvoir aller au-delà des possibilités référentielles et utilitaires habituelles et s'adapter particulièrement aux discours religieux - dans un sens élargi, c'est-à-dire y compris mystique, poétique et scientifique.

N'est-ce pas tout simplement une question de vocabulaire ?

On connaît beaucoup de langues, comme le finnois, le hongrois, le tibétain, au départ langues de paysans illettrés, qui sont devenues des langues de hautes civilisations, simplement en accroissant leur vocabulaire. Pour le tibétain, cela s'est fait par le biais de traductions de textes bouddhistes indiens.

Le français a pioché dans le latin et le grec classiques. "Mystique, poétique et scientifique" sont des mots savants, créés à partir de dictionnaires de langues anciennes. Le grec ancien, qui ne pouvait compter que sur ses propres ressources, s'est débrouillé avec les moyens du bord : "épithète" = "placé dessus".
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyMer 29 Nov 2017 - 21:34

Voilà des questions passionnantes Very Happy !


Mardikhouran a écrit:
Comprendrai-je mieux une philosophie particulière en apprenant cette langue ? Ou bien dois-je me replonger dans les classiques auparavant ?

Le sonnéra est censé être l'expression linguistique de ma durée, de mon intuition fondamentale. Dans ce sens, ce sera une philosophie plutôt bergsonienne, weilienne, nietzschéenne et teilhardienne, et en général de tout ce qui résonne avec ma subjectivité. Dans l'hypothèse Sapir-Whorf, cette langue tendra donc plutôt à transmettre une vision du monde héritée de ces philosophies, dans la mesure où ces philosophies résonnent avec mon propre tempérament. Je ne conçois pas la glossopoïèse autrement.


Vilko a écrit:
N'est-ce pas tout simplement une question de vocabulaire ?

On connaît beaucoup de langues, comme le finnois, le hongrois, le tibétain, au départ langues de paysans illettrés, qui sont devenues des langues de hautes civilisations, simplement en accroissant leur vocabulaire. Pour le tibétain, cela s'est fait par le biais de traductions de textes bouddhistes indiens.

Le français a pioché dans le latin et le grec classiques. "Mystique, poétique et scientifique" sont des mots savants, créés à partir de dictionnaires de langues anciennes. Le grec ancien, qui ne pouvait compter que sur ses propres ressources, s'est débrouillé avec les moyens du bord : "épithète" = "placé dessus".

Le français a emprunté au latin et au grec pour forger des concepts abstraits, qui se répondent entre eux. Mais l'abstraction n'est pas nécessairement porteuse d'un niveau dialectique élevé. Au contraire les contes, et une grande partie du folklore mondial, sont écrits dans une langue ancrée dans les réalités empiriques (ce qui n'empêche pas la magie par exemple, comme décalage, justement, vis-à-vis de la réalité empirique - mais justement la magie reste sur le même plan que l'empirie, et ne se place par sur celui du discours abstrait), et pourtant renvoient souvent, par l'allégorie et le symbole, à des vérités d'un niveau dialectique inouï.

Je serais même plutôt du genre à penser, comme Nodier, qu'une langue est d'autant plus belle et véridique qu'elle a peu de vocabulaire. On a emprunté beaucoup de mots au grec ancien, mais dans cette langue, ces mots maintenant abstraits étaient concrets, et étaient abstraits par symbolisme. Dans ce sens, ils n'étaient pas encore abs-traits, mais restaient ancrés dans l'empirie. Le grec était ainsi une langue de haute culture moins par l'étendue de son vocabulaire que par la relation entre la pensée inspirée de ses locuteurs et cette langue. Ce n'est toutefois pas systématique : le latin était aussi une langue de paysans illettrés, mais ses locuteurs n'étaient pas inspirés comme l'étaient les Grecs. On voit le résultat aujourd'hui.

"Mystique, poétique et scientifique" n'ont donc pas de valeur parce qu'ils sont empruntés, au contraire. Ils en auraient plus si on les rattachait encore, respectivement, au silence (muô), à la création (poiesis) et au savoir (ici, oida est porteur de plus de sens que scio en latin).

Dans le poème de Nerval, la beauté ne vient pas d'un vocabulaire élargi. Le sens très haut du poème vient au contraire des vérités tout aussi hautes obtenues par la convergence de mots issus de l'empirie, connectés au réel, par l'image et par la métaphore. En sonnéra, j'ai voulu cependant approfondir la beauté du poème (mais ça n'engage que ma propre appréciation, puisque le sonnéra n'est qu'une sécrétion subjective) en tissant des réseaux sémantiques différents entre les mots que Nerval utilise.
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyMer 29 Nov 2017 - 21:41

Ainsi, utilisant des termes le plus concrets possibles, cette langue permettra à ses auditeurs de se faire l'idée la plus exacte possible des concepts véhiculés.
J'imagine donc que les relations spatiales y sont précises.
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyJeu 30 Nov 2017 - 23:55

C'est le projet. Non seulement les relations spatiales sont censées être précises, mais les relations temporelles, et surtout duratives, sont censées l'être d'autant plus.
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyVen 1 Déc 2017 - 10:15

Bravo pour ce sonnera bas.
Je n'ai pas tout compris au concept mais c'est joli :-/
La conjugaison aussi est précise ?
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyVen 1 Déc 2017 - 20:58

Le concept est le même que n'importe quelle persolangue, je pense : créer une langue qui corresponde autant à soi qu'il est possible. J'essaie de pousser ce concept le plus loin possible, dans les fondements profonds de la langue, pour actualiser une vision personnelle du monde qui reste, si je ne le fais pas, dans la virtualité.

La conjugaison n'est pas encore terminée, mais je m'inspire pas mal du kotava pour beaucoup de concepts : j'ai toujours eu l'impression que la conjugaison du kotava était la plus aboutie de toutes les langues artificielles.

J'essaierai d'en donner des éléments petit à petit, quand j'aurai le temps.

Pour l'instant je vais faire un mot-à-mot rapide de la traduction des "Vers dorés" :

Mand ! Eleh rażmu – nuns dek'ont yeb razt ?
Homme ! Libre penseur - tu-penses que seulement à-toi est-pensée ?

Men stei sœg har men koṡys jiteh blorċt :
Dans ce monde où dans toute-chose vie gicle :

Eledseh yers jis, des yentuis, ontohsut
Liberté tienne forces, que tu-tiens-en-main, a-placé-autour-d'elle

Ebbe bertas yers Nuidä neyt ambün.
Mais désirs tiens Univers ne-pas dans-être

Ais eix judo türo quis süvviskéd,
En tant que agissant esprit bête impératif conséquence-regarde

Elk loi hû'zt, de esbloisto cel Sova,
Chaque fleur âme est, qui hors-fleurit à Nature,

Sciel myssazam hevàṡazes soit,
Métal muet-vrai-chose d'aimer cache,

« Koṡys equedt ! » og na bå yers stoṙect
"Toute-chose deçà-reçoit (construit comme l'hypothétique verbe français "ciscevoir") !" et sur corps tien force-agit

Ais yo visum gniteh parogm vergua
En-tant-que toi être-qui-regarde aveugle mur crains

Semt to hemä sonnera yesont ezt
Même avec matière lien/verbe est lié

Mei tesok at o uhelthas erung !
Ne-pas pour-enchaîner le que non-pieux-choses accomplir !

Mangan men sorn yeza sai soit Ellu
Souvent dans sombre étant se cache Dieu

Æb meṡen naias œ yeseluwt nob veldra
Et comme naissant œil couvert par draps


Jateh jud truċt nith esçrüg horuws !
Pur esprit croît sous écorce de-pierre !
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyDim 3 Déc 2017 - 21:58

Andu ont sçrefel ezt, svixt atta Sovas ; eb ezt rażem sçrefel. Nuidä koṡeh o nirrù neyt bend nede lu mesçrug : druha, oduik aṡei ezo nede lu drev. Ebbó nuder da Nuidä lu mesçruxulto, andu mær aur ezsulto ann a lu drefsa, uiv ydr'o jor, æb a mactoṙo, dem Nuidä meder lu fampt, Nuidä neyt yd. Paskal, Ratha


« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer. Mais quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien. » Pascal, Pensées

"Homme seulement roseau est, faible-superlatif celui Nature-génitif ; mais est pensant roseau. Univers entier de devenir armé ne-pas avoir-besoin pour écraser lui : vapeur, eau-goutte suffisants sont pour le tuer. Mais malgré que Univers l'écraserait, homme plus-grand encore serait que le (comme article) le (comme pronom) tueur, à-cause-de savoir mourir, et l'avantage, que Univers contre lui impose, Univers ne-pas savoir."
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyDim 3 Déc 2017 - 23:27

Kotave a écrit:
C'est le sonnéra, sonnera bas, la langue que je fais fermenter depuis presque trois ans maintenant, qui a commencé sous le nom de code de "jeune pousse" et s'appelait jusqu'à la semaine dernière suibas, la "langue-soi".

C'est une langue sans diégèse, très inspirée des langues indo-européennes, avec un objectif surtout philosophique : cette langue est censée permettre l'expression d'une pensée à un niveau dialectique élevé, voire supra-rationnel. En ce sens, cette langue est censée pouvoir aller au-delà des possibilités référentielles et utilitaires habituelles et s'adapter particulièrement aux discours religieux - dans un sens élargi, c'est-à-dire y compris mystique, poétique et scientifique.

La grammaire est aujourd'hui relativement complète, ou en tout cas intuitive pour moi. Le vocabulaire reste très lent à sécréter, mais s'accroît en parallèle.




Ah cela est plus clair ! Je me demandais ce dont on parlait avec ce "sonnera bas" ? Dans quel texte de référence aurait on tiré ce morceau de phrase le groupe verbal français " sonnera bas " ? Qu'est ce que Nerval évoquait et qui était destiné à se signaler par un sonnerie de basse intensité ? Rien de tout cela !
C'est donc tout bêtement la dénomination d'une nouvelle venue parmi la foule d'idéolangues présentées dans ce forum ! Le deuxième terme "bas" évoque le nom d'une langue dans le domaine malayo-indonésien "baasa indonesi" mais le premier ( qui a la place "précessive" d'un déterminant, comme dans nombre de langues) ? Que veut dire "sonnera" ?


Dernière édition par SATIGNAC le Mar 5 Déc 2017 - 0:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyLun 4 Déc 2017 - 21:47

En effet, bas est en partie inspiré de l'indonésien, mais surtout du sanskrit bhasa.

Sonnera est présent dans le poème de Nerval, pour traduire "verbe". Il provient du verbe son, qui signifie "attacher, nouer". Sonnera désigne plus spécifiquement le lien métaphysique entre les choses, ce que Leibniz appelle "expression", et qui peut aussi traduire les sens mystiques du logos grec. Sonnera bas signifie donc quelque chose comme "la langue du lien", mais sonnera n'a pas vraiment d'équivalent en français. Il est aussi inspiré du xhosa sondela, mais pas pour des raisons sémantiques.
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyMer 13 Déc 2017 - 14:43

Je me suis promené sur cet article de Wikipedia, et j'ai tout de suite pensé à ta langue philosophique Kotave !

Je suppose que ta langue discerne bien ces notions d'omnis et de totus ?

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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyMer 13 Déc 2017 - 16:32

Tout à fait ! C'est même un des problèmes philosophiques qui me passionnent le plus, parce qu'il implique la question de l'un et de ce qu'il signifie. Dans ce sens, je fais déjà une différence entre nu (l'un uni, qui forme une unité réelle) et kig (un, uniforme, qui forme une unité de groupe, de troupeau, lié au thème de la conformité par exemple). La différence entre omnis et totus est similaire : totus est la totalité uniforme, qui nie les différences des parties, et n'est en ce sens pas du tout "unie" - pour unir, il faut des choses à unir, et il ne peut pas y avoir d'union si on nie l'identité des parties. L'omnis, au contraire, est l'unité réelle, qui, à mesure qu'elle s'approfondit, approfondit aussi l'identité de ces parties. De mon point de vue, le socius latin a connu une transition du champ de l'omnis/nu à celui du totus/kig : il désigne d'abord le compagnon, celui avec lequel on est uni, dans un lien d'abord intersubjectif. Dans ce sens, l'union que les socii forment peut être envisagée d'un point de vue holiste : eux deux, c'est plus que les deux séparés. En revanche, la societas et les phénomènes qu'elle charrie (en gros, le nationalisme) appartient au champ du totus/kig. Un seul Dieu, expression de la monolâtrie/autolâtrie des Hébreux de l'Ancien Testament. Une foi, une loi, un roi, sous Louis XIV. Pour moi, la pente de cette mauvaise conception de l'Un mène tout droit au "Ein Folk, ein Reich, ein Führer" nazi.

J'ai un terme pour "tout", qui est kos (inspiré bien sûr du kotava), et pour "chaque" (elk), mais pas encore pour "entier", bien que je songe à réutiliser le chilloïen "keiv".
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyJeu 14 Déc 2017 - 23:23

Lindes : vünsç dem nù nartaht nieb duyyendt.
Meyséd, vuce dem nù nartaht nieb maugt red.


Simone Weil, Bevég og Beluf

Beauté : un fruit que l'on regarde sans tendre la main.
De même un malheur que l'on regarde sans reculer.

Simone Weil, La Pesanteur et la Grâce
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyDim 17 Déc 2017 - 14:57

Voici une petite page de grammaire. Elle peut cependant être sujette à des modifications.

LES DÉTERMINATIFS

L'adjectif ne s'accorde qu'en nombre. Il fait -e (chva) au pluriel.
Avec -u, il devient un nom, qui désigne les entités animées possédant la caractéristique donnée par l'adjectif. De même avec -a, pour les entités inanimées.
Exemple : lyna (une belle chose, « entité inanimée »), lynu (une belle « entité animée »)
Assez souvent, il est aussi possible de les employer comme nom, sans changement. Dans ce cas, ils désigneront exclusivement des humains.
Exemple : Stora svix süo. Les forts mangent les faibles.
Le suffixe -ster est aussi souvent utilisable, et se trouve utile s'il y a un risque de confusion.
Exemple : Svixtra yedrefte veùn ['svikstχa je'dʁɛftə ve'un] Des faibles furent tués.
Les adjectifs en -íeh ['iə(x)] ont un pluriel en -íei qui se prononce souvent [i:].

Le comparatif

Le comparatif de supériorité se forme généralement avec le suffixe -er (-re au pluriel). On peut le remplacer par mer. Les adjectifs en L ont leur lettre finale changée en R au comparatif pluriel. Le comparatif de supériorité adverbial se forme en remplaçant -er par -ies, ce qui restreint encore le nombre d'adjectifs pouvant le recevoir. Le comparatif d'infériorité se forme avec l'adverbe ler. Le comparatif d'égalité avec teys. Le deuxième élément comparé est introduit par ann.
Ummér : de plus en plus. Ullér : de moins en moins.

Le superlatif

Le superlatif de supériorité se forme généralement avec le suffixe -st (-ste). On peut le remplacer par mest. Le superlatif de supériorité adverbial ne se forme qu'avec mest.
Le superlatif d'infériorité se forme avec l'adverbe lest.
La préposition « de » s'y traduit par migim (parmi), ou le plus souvent par le génitif.
Exemple : U maxtu kos mendṡ'ezt. Il est le plus grand des hommes.
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyJeu 21 Déc 2017 - 1:00

Les numéraux

Les numéraux, à la forme fondamentale, sont les cardinaux :
         
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
ned
nu
kig
nüt
lis
quai
int
tüaz
nàċtah
belen
kammed
sa
piaz
naċt
ban
kamd
Nu est le nombre 1 habituel, mais peut aussi introduire une idée d'union, de collaboration, de coopération. Kig introduit plutôt une idée d'uniformisation, de conformisation.
Pour les chiffres de 6 à 9, les formes longues sont utilisées lorsque le nombre est utilisé seul. Les formes courtes sont réservées à l'usage dans des composés.
Sa suivi des chiffres, pour 11, 12, 13..., donne ces nombres :
       
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
sa
sanu
sanet
sales
saquei
saen
sapiaz
sanaċt
saban
sakamds
L'accent porte donc sur sa jusqu'à 15, avant de porter sur les unités.
Les dizaines se forment relativement régulièrement en ajoutant le chiffre devant sa.
     
20
30
40
50
60
70
80
90
nüça
lissa
quaṡa
inça
piassa
naċça
bansa
kamdsa
On obtient ainsi des nombres tels que : kamdsaen (95), quaṡanu (41), naċçaban (78), inçanet (52), lissales (33).
Les nombres plus grands s'obtiennent avec ces mots :
   
100
1000
10'000
100'000
das
jisir
nads
sa-jisir
lands
das-jisir
À partir de 100, il n'y a plus d'assimilation et de contraction. On aura ainsi, pour 6723 : tüaz-jisir nàċtah-das nüçales.
Nads et lands sont d'anciennes formes maintenant plutôt littéraires et poétiques. Il existe enfin un dernier cardinal, qui est elm, et qui désigne un « nombre incommensurable, inimaginable, inconcevable de ».
Le sonnéra a aussi emprunté quelques mots à la langue scientifique. « Un million de » se dit mégate. « Un milliard de » : ġígate. « Un billion de » : térate. « Un billiard de » : pétate. « Un trillion de » : éxate. « Un trilliard de » : zéttate. « Un quadrillion de » : yóttate.

Les ordinaux se présentent ainsi :
         

1
2
3
4
5
6
7
8
9
SG
ferst
erron
ordei
lisei
queei
intei
piazei
naċtei
banei
kamdei
PL
-e
-e
orje
liṡe
quaje
inche
piaże
naċche
baṅe
kamje
Ferst vient d'efer (devant), avec la marque du superlatif. Erron vient d'ek (en-deçà) avec l'ancienne marque de superlatif -ron. Ordei vient d'ored (derrière), avec le suffixe ordinal -ei. Puis on a :
     
10
11
12
13
14
15
16
etc.
sai
serron
sordei
sàlisei
sàqueei
santei
sapiazei
Ainsi, « les 277es » se dira : u nüt-das naċçanaċchui (u 277chui).Enfin, les ordinaux de das, jisir, nads, lands et elm sont dasei (daṡe), jisirei (jisiṙe), nadsei (nadṡe), landsei (landṡe) et elmei (elmye).

Il existe quelques autres dérivés de nombres.
Les multiplicatifs, en -(u)sel (-(u)ṡige), qui font -(u)ṡigt sous forme adverbiale. Ainsi, on a nütusel (double), quàiṡige (quadruples), bànuṡigt (octuplement). Ils viennent de séluw, « plier ».
Les distributifs, en -op, avec l'adverbe en -opt. Ainsi, on a nuopt (un par un) ou dasop (une centaine).
Les périodes de jours en -yemer – qui font, avec nüt, int, naċt et kamd respectivement nüchemer, inchemer, naċchemer et kamjemer –, les périodes de mois en -yü – ce suffixe provoquant les mêmes assimilations que celui des ordinaux : ainsi liṡü pour « trimestre » – et les périodes d'années en -ar, avec lesquels on aura par exemple nuar (année), dasar (siècle), nadsar (millénaire) et landsar (dix mille ans), elmar, qui sont usuels.
Les inverses se construisent avec uzi-, les contraires avec voi-. Ainsi uzinüt (moitié) ou voikamd (-9). Les numéros sont obtenus avec le suffixe -a. Ainsi, « un 2 » se dit nüta, « un 7 » naċta.

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Bedal
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyJeu 21 Déc 2017 - 8:00

C'est très intéressant ! Et tes nombres ont un rendu qui sonne naturel, c'est assez bluffant.

J'en déduis que tu as opté pour une base 10 classique pour ta langue philosophique, c'est assumé ?

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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyJeu 21 Déc 2017 - 8:04

Il n'y aurait que des merveilles ici, et celle-ci vient des cieux...

Une magnifique langue philosophique avec un rendu très naturel...
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyJeu 21 Déc 2017 - 17:52

Merci beaucoup à vous deux ! Je suis content que ce que j'ai essayé d'extraire de moi-même résonne avec d'autres que moi !


Bedal a écrit:
J'en déduis que tu as opté pour une base 10 classique pour ta langue philosophique, c'est assumé ?

Tout à fait, la numération reste avant tout fondée sur les doigts de la main (d'ailleurs "main" se dit yenta, de même origine que int).
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MessageSujet: Re: Sonnera bas   Sonnera bas EmptyVen 29 Déc 2017 - 13:57

Les adjectifs indéfinis


Il existe un certain nombre d'adjectifs dits indéfinis, qui fonctionnent par séries. Ils ne peuvent pas être utilisés de manière autonome comme noms.
L'article défini (« le, la, les ») est u/a.
   

ANIMÉ
INANIMÉ
SG
PL
SG
PL
TOUT SAUF GÉNITIF
u, ul
u, us
a, at
a, as
GÉNITIF (retire la désinence)
dul
dus
dat
das
L'ancienne langue possédait aussi un article indéfini, qui était el/et, aujourd'hui obsolète, remplacé dans ses anciens usages par sen (« quelque », qui avait aussi le sens de « un », auparavant). El/et a cependant été préservé au pluriel, avec elle/ette, qui signifie « plusieurs ».
Les démonstratifs déictiques sont stei et jekel. Le premier dénote la proximité, le second l'éloignement. Le démonstratif anaphorique est ei.
Les interrogatifs sont huei et neméi/sejéi. Le premier correspond à « quel », les seconds à « est-ce que » (et portent sur un point particulier de la phrase). Neméi s'emploie dans les phrases positives, sejéi dans les phrases négatives.
L'exclamatif est chai. Il correspond à « quel ! » ou « tel ! ».

Uys sert à marquer l'altérité (« autre »), meys (étymologiquement : « pas autre »), la similarité. Sest (auparavant : « semst ») est utilisé pour l'identité parfaite, et n'est pas un adjectif indéfini.

« N'importe quel » peut se traduire par deluv ou defora, qui entrent dans les séries de manière irrégulière. Sous forme adjectivale, ils sont invariables et postoposés au nom. Le premier possède une nuance de volonté (« celui qu'on voudra »), et le second une nuance de hasard (« celui qui arrivera »). Ejet, à relier à la racine *het, qui désigne la catégorisation, vient en fait de el-yehett, et signifie donc « un certain ».
Les distributifs sont kos et elk. Le premier est totalisant, correspond à « tout » ou « tous les ». Il est suivi du pluriel. Le second considère le déterminé dans son individualité, et correspond à « chaque » – il est donc suivi du singulier. Neyn, au contraire, marque la négation (« aucun », « nul »). Kos a notamment donné koṡte (plein de).

Juste signifie « trop de », aste « assez de » et viste « pas assez de ».

Merte et lerte (de mer (plus) et ler (moins), avec dot, préposition de quantité) correspondent à « plus de » et « moins de ». De même « le plus de » et « le moins de » se disent mesche et lesche ['m- et ['lɛscə].

Dans la même famille de mot, « beaucoup de » se dit mangte (de megen (grand)), et « un peu de » lince (de leten (petit)). « Peu de » se dit lasunte, mais n'est pas un adjectif indéfini. Sen peut servir de quantitatif au pluriel, avec le sens de « des », « quelques ». « Un nombre quasi infini de » se dit magronte, tandis qu'« un nombre infinitésimal de » se dit littizte, de megen et leten, avec d'anciens suffixes de superlatif de supériorité (-ron) et d'infériorité (-tiz).
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