Parce que j'aime bien m'éparpiller...
Je suis en train de composer une nouvelle pièce de théâtre et ai décidé d'inclure un peu plus de diégèse et d'idéolinguistique dans mon écriture. Cette langue que je commence ici ne sera normalement visible que dans les noms propres, mais si j'ai assez de matériel à la fin pour quelques chansons, tant mieux.
C'est une langue très isolante, monosyllabique, à la phonologie simple (en tout cas dans les énoncés religieux, à la prononciation conservatrice), SVO et strictement déterminé-déterminant. Elle possède un grand nombre d'homonymes que seul le contexte peut différencier, comme
loʔ qui signifie à la fois "bouche ; langue (idiome)" et "cheval".
Je me suis inspiré du khmer et du chinois pour l'aspect extérieur, et la grammaire risque de lorgner du côté du malais.
Phonologie
On a 12 consonnes et 5 voyelles (brèves et longues).
Consonnes
Occlusives :
p t k ʔAffriquée :
c /t‿s/
Fricative :
sNasales :
m n ng /ŋ/
Spirante :
v /ʋ/
Roulée :
rLatérale :
lVoyelles
a e i o uLes longues sont écrites
aa ee ii oo uuPhonotactique
Structure CV(C) (avec V brève) ou CV:
- Loʔ li nee vak ʔeng po "Le cheval boit de la bière dans un champ"
Toutes les consonnes peuvent débuter une syllabe (les voyelles sont au minimum précédées de
ʔ, sauf parfois
u), mais ne peuvent la terminer que
p t k ʔ m n ng.
Mots dissyllabiques et syllabes mineures
Un cas particulier de forme de mot est la dissyllabe. Dans la langue liturgique et dans certains dialectes, elles ont la forme CVCV(C/: ), avec première syllabe toujours ouverte et brève.
V et
l ne se rencontrent pas à l'initiale de telles mots.
- ranee, sinoʔ, maʔaa, pelang
Dans le reste de la population, cette première syllabe s'est réduite, soit en éliminant totalement la voyelle et en syllabifiant la consonnes (nasales, roulée, fricative), soit en réduisant la voyelle en schwa ultrabref et la consonne en /ʔ/ (occlusives).
- ranee [r̩neː], sinoʔ [s̩noʔ], maʔaa [m̩ʔaː], pelang [ʔə̆laŋ]
Toutefois, la romanisation ne change pas.
Accentuation
Il s'agit surtout d'un accent tonique de phrase, où les mots les plus importants sont prononcés sur un ton plus haut et plus fort. Pour les mots dissyllabiques, il va de soi que c'est la seconde syllabe qui attire l'accent.
Noms
J'y ai moins travaillé pour l'instant.
Ils sont toujours invariables. Ils sont classés en deux genre, animé et inanimé (ce qui a des effets sur leur syntaxe).
Pronoms personnels
Ils encodent les relations hiérarchiques entre locuteurs.
Il n'y a que deux pronoms personnels purs,
mii ("moi" de noblesse) et
va ("toi" intime) auxquels correspondent deux déterminants possessifs, respectivement
mi ("mon", neutre quand à la politesse) et
u ("ton", familier) :
loʔ mi "mon cheval".
Tous les autres pronoms sont en réalité des noms utilisés pour se référer à des personnes, comme en japonais, suivant le degré de politesse :
kaʔ "serviteur"->"moi, nous (humble)",
lap "chef"->"toi, vous, lui, elle (respecté)",
meʔ "objet"->"il, elle, ça (chose)",
voo "femme"->"elle", etc. Eux n'ont pas de déterminant possessif dédié se suffisant à lui-même, et comme les autres noms, entrent dans une structure avec le déterminant
pi :
Vak pi voo (bière sa femme) "sa bière (à elle)".
Verbes
Ils sont moins invariables que les noms : il existe des préfixes dérivationnels encore productifs comme
ra- "pour soi" qui correspond un peu à la voix moyenne en grec ancien.
nee "manger"->
ranee "se nourrir de",
paa "dire"->
rapaa "penser à".
La conjugaison se fait à l'aide de particules, comme
li "en train de",
me "habituellement". Le verbe
soʔ "être (identité)" peut s'en passer.
À noter que les adjectifs attributs utilisent les mêmes particules, ce qui permet de les classer comme verbes.
Adjectifs attributs
Les adjectifs modifiant un nom se mettent à sa suite :
loʔ san "cheval rapide" (le nom d'un personnage de ma pièce).
Onomastique
Les gens n'ont souvent qu'un prénom en deux mots, Nom+Adjectif, et même parfois seulement Nom ; les combinaisons illimités possibles limitent les risques d'homonymie chez les gens du commun.
Les familles nobles et bourgeoises, pour qui les combinaisons sont plus limitées (difficile d'appeler un fils destiné au clergé "lapin malin") rajoutent à la suite le nom (plutôt monosyllabique) du clan précédé de
te "famille, clan, maison". La reine actuelle (dans ma pièce) s'appelle
Mat te Liʔ (soleil clan Liʔ).
À faire encore
J'hésite à écrire
c comme
ts, étant donné que la langue est plus ou moins destinée à des comédiens ou tout du moins au grand public, et que ce serait une romanisation plus claire.
Il faudra aussi créer plus de vocabulaire. Au bout d'un moment, les exemples avec uniquement des chevaux, ça ne va plus.
Exercices
(parce que ça encourage les gens à lire ce que j'ai écrit)
Comment traduiriez vous :
- Loʔ me san.
- Le chef se nourrit de bière.
- Je suis une femme.