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 L'inuktitut en danger?

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MessageSujet: L'inuktitut en danger?   L'inuktitut en danger? EmptyLun 8 Juil 2013 - 14:09

Un article du Devoir.
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Anoev
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Anoev


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MessageSujet: Re: L'inuktitut en danger?   L'inuktitut en danger? EmptyLun 8 Juil 2013 - 14:27

Silvano a écrit:
Un article du Devoir.
Faut pas chercher plus loin le malaise :
Le Devoir a écrit:
Les chercheurs ont noté un déclin de la qualité de l’inuktitut au Nunavik, notamment une mauvaise grammaire, un faible vocabulaire et un mélange entre l’inuktitut et l’anglais.
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MessageSujet: Re: L'inuktitut en danger?   L'inuktitut en danger? EmptyMar 23 Juil 2013 - 16:40

L'inuktitut est simplement dans une situation extrêmement désavantageuse; un territoire où la plus grosse ville n'a même pas 10 000 habitants, mais avec un mode de vie qui se veut pratiquement équivalent à ce qui se fait dans des villes millionaires; il faut des médecins spécialisés et ce n'est pas en inuktitut qu'ils vont étudier ça. Mais le problème le plus grave c'est que ça se rend jusqu'à l'école secondaire : même avoir des profs du secondaire pour certains sujets académiques peut être impossible en inuktitut, vu le petit nombre de population. Il faut une université en inuktitut à Iqaluit, et là l'inuktitut aura quelque chance.
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MessageSujet: Re: L'inuktitut en danger?   L'inuktitut en danger? EmptyMer 24 Juil 2013 - 17:21

Yiuel a écrit:
Il faut une université en inuktitut à Iqaluit, et là l'inuktitut aura quelque chance.
Et cette université aurait combien d'étudiants? Cent? Deux cents? Et tous les étudiants devraient aussi y savoir l'anglais, même ceux venant du Nunavik?
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Anoev
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MessageSujet: Re: L'inuktitut en danger?   L'inuktitut en danger? EmptyMer 24 Juil 2013 - 23:04

Silvano a écrit:
Et tous les étudiants devraient aussi y savoir l'anglais, même ceux venant du Nunavik?
Et/ou le français, pourquoi pas ? Le Canada est bien trilingue (au moins) non ?
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MessageSujet: Re: L'inuktitut en danger?   L'inuktitut en danger? EmptyJeu 25 Juil 2013 - 1:57

Anoev : Il y a une différence notable entre langue officielle et langue commune. Au Canada, si on observe le parlement et, surtout, le gouvernement fédéral, la langue commune est l'anglais. Il y a deux langues officielles pancanadiennes, se sont l'anglais et le français. Il y a ensuite 65 langues autochtones qui sont, depuis certaines réformes, redevenues officielles dans les communautés autochtones.

Les territoires du Nord-Ouest et du Nunavut ont de telles langues autochtones en tant que langues officielles, mais toujours au côté de l'anglais et du français. (Le Yukon n'a que l'anglais et le français.)

À tout cela, on pourrait ajouter que les langues immigrantes actuelles pourraient facilement prendre autant racine, après un certain temps et la créations d'institutions pour ces langues qui dépassent les associations culturelles. À quand des universités arabophones, sinophones, hindophones et hispanophones au Canada? Ça serait super! Smile

Silvano : Une ville de 10 000 habitants a techniquement suffisamment des ressources pour avoir une simple université, mais la spécialisation sera, évidemment, très étroite. En gros, ce serait certainement un collège glorifié et la connaissance d'une langue seconde, pour suivre l'état des connaissances, serait évidemment essentiel. Cependant, une connaissance passive pourrait être largement suffisante; nombreux sont les Québécois qui lisent (et écoutent) en anglais sans trop de difficulté et peuvent s'y référé facilement, mais leur production reste limité au français. On peut facilement laisser le travail à un traducteur professionnel pour traduire la chose en japonais ou en anglais ou peu importe (1).

Mais l'idée, c'est d'avoir un milieu qui soit essentiellement en inuktitut. C'est-à-dire, un milieu ou la connaissance active de l'inuktitut est favorisé. Malheureusement, tant que le Nunavut fait partie du Canada ou le Nunavik, du Québec, ça n'aura jamais lieu. Le Nunavik, par loi, doit offrir des services en français aux francophones du Nunavik (2) et le Nunavut, à cause des lois concernant les territoires et aussi la Constitution, ne peut déclarer l'inuktitut seule langue officielle et d'usage du Nunavut. De tels milieux n'encouragent pas la santé linguistique des langues autochtones; mais de tels milieux très négatifs existent aussi en France pour le breton, par exemple.

Une université, un centre de savoir, est un outil essentiel pour avoir une vie saine dans notre monde contemporain. Si les Inuit vivaient toujours comme les chasseurs qu'ils étaient, l'anglais ou le français auraient été inutiles et l'inuktitut n'aurait jamais été en danger. Encore mieux si ont auraient favoriser ce style de vie. Mais il y a cette idée dans nos États sédentaires que le mode de vie chasseur-cueilleur est un mode de vie ridicule et absolument mauvais, alors je ne vois nullement le Canada favoriser les Inuit à retourner à un mode de vie de chasseur-cueilleur, aussi sain soit-il. Alors, faute de ça, il faut offrir un milieu où il y a tout, et tout essentiellement en inuktitut. Et l'école avant tout. Ce n'est pas impossible, mais ça prend une volonté politique qu'aucun gouvernement du Canada (ou du Québec) serait prêt à accorder.

(1) Malheureusement, une comparaison économique froide entre apprendre une langue étrangère et laisser la tâche à un traducteur professionnel révèle certains détails intéressants mais frustrants pour les professeurs de langues étrangères et les auxilanguistes. Le prix pour apprendre une langue étrangère est exagérément élevé. Les auxilangues demandent un peu moins de temps (l'espéranto à tout le moins prend moins de temps; je suis en train d'apprendre le suédois, alors je vais pouvoir faire une bonne comparaison), mais le prix est élevé et, l'utilité, bizarrement, ne vaut pas la peine pour probablement plus de 90% de la population de pays unilingues. (L'espéranto, et les autres auxilangues, peuvent être profitables d'une autre façon, mais même là, il y a des limites.)

(2) Récemment, des Québécois expatriés au Nunavik se sont plaints de la chose au gouvernement. Évidemment, le Québec, tel qu'il est, a joué à la vierge offensée par la chose. Or, j'aurais bien aimé que les jeunes apprennent l'inuktitut au Nunavik, même les non-Inuit, et que la vie là-bas soit entièrement en inuktitut. Mais je suis une personne bizarre pour les Canadiens. Melville et Cévé sont des concepts fortement bizarres.
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Vilko

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MessageSujet: Re: L'inuktitut en danger?   L'inuktitut en danger? EmptyJeu 25 Juil 2013 - 17:19

Yiuel a écrit:
À quand des universités arabophones, sinophones, hindophones et hispanophones au Canada? Ça serait super! Smile
Pour former des enseignants pour lesdites universités, certainement. Pour s'intégrer dans l'économie canadienne, c'est pas sûr.

Yiuel a écrit:
Une ville de 10 000 habitants a techniquement suffisamment des ressources pour avoir une simple université, mais la spécialisation sera, évidemment, très étroite.
Quant on voit que même des pays comme les Pays-Bas (16,7 millions d'habitants) et la Suède (9 millions d'habitants) sont obligés de donner des cours universitaires en anglais pour certaines matières assez pointues, on se dit que pour une ville de dix mille habitants, ça ne pourra pas marcher.

Je pense qu'il faudrait, en fait, faire l'inverse : offrir une option en inuktitut aux étudiants anglophones ou francophones pour qu'ensuite ils aillent enseigner au Nunavik. En gros, le gouvernement vous paye vos études si vous apprenez l'inuktitut (avec succès, bien sûr).

Ou alors : vous avez un diplôme universitaire mais vous êtes au chômage ? Apprenez l'inuktitut et vous êtes assurés d'avoir un emploi. Au Nunavik. Le froid n'est pas un problème, on trouve de très bon anoraks sur place.

Je sais que l'inuktitut est loin d'être une langue facile, mais à notre époque de chômage de masse, ça pourrait marcher...

Evidemment, ça coûterait beaucoup d'argent. À 19 ans, j'avais des envies d'aventure, et j'aurais pu être tenté par le Nunavik. C'était l'époque où j'avais acheté un manuel de japonais (pas très bien fait, hélas, c'est pourquoi je n'ai jamais appris le japonais).

Il y a en Chine et en Corée du Sud des millions de jeunes hommes qui ne se marieront jamais à cause de l'avortement sélectif (les familles préfèrent les garçons). Il doit bien y avoir des geeks chinois et sud-coréens capables d'apprendre l'inuktitut pour :
1. Trouver un job et obtenir la nationalité canadienne.
2. Rencontrer une belle esquimaude.

Yiuel a écrit:
de tels milieux très négatifs existent aussi en France pour le breton, par exemple.
C'est pourquoi le breton est une langue en survie artificielle. Les enfants bretons ne le parlent plus entre eux depuis longtemps. On trouve des panneaux de circulation bilingues en Bretagne depuis que plus personne ne parle breton dans la rue.
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MessageSujet: Re: L'inuktitut en danger?   L'inuktitut en danger? EmptyJeu 25 Juil 2013 - 18:00

Vilko a écrit:
Yiuel a écrit:
À quand des universités arabophones, sinophones, hindophones et hispanophones au Canada? Ça serait super! Smile
Pour former des enseignants pour lesdites universités, certainement. Pour s'intégrer dans l'économie canadienne, c'est pas sûr.
Qui a dit que je voulais qu'ils s'intègrent à l'économie de Toronto ou Montréal. Va pour avoir une ville arabophone, une ville sinophone, une ville hindophone et une ville hispanophone pour le Canada. Ça changerait quoi, sinon avoir plus de diversité et avoir en plus de fun. Very Happy

Citation :
Yiuel a écrit:
Une ville de 10 000 habitants a techniquement suffisamment des ressources pour avoir une simple université, mais la spécialisation sera, évidemment, très étroite.
Quant on voit que même des pays comme les Pays-Bas (16,7 millions d'habitants) et la Suède (9 millions d'habitants) sont obligés de donner des cours universitaires en anglais pour certaines matières assez pointues, on se dit que pour une ville de dix mille habitants, ça ne pourra pas marcher.
Assez pointues parce qu'il n'y a pas de prof pour cette langue. C'est un effet d'être une petite communauté dans un monde où il y a tellement de spécialisation possible.

Vilko a écrit:
Je pense qu'il faudrait, en fait, faire l'inverse : offrir une option en inuktitut aux étudiants anglophones ou francophones pour qu'ensuite ils aillent enseigner au Nunavik. En gros, le gouvernement vous paye vos études si vous apprenez l'inuktitut (avec succès, bien sûr).

Ou alors : vous avez un diplôme universitaire mais vous êtes au chômage ? Apprenez l'inuktitut et vous êtes assurés d'avoir un emploi. Au Nunavik. Le froid n'est pas un problème, on trouve de très bon anoraks sur place.

Je sais que l'inuktitut est loin d'être une langue facile, mais à notre époque de chômage de masse, ça pourrait marcher...

Evidemment, ça coûterait beaucoup d'argent. À 19 ans, j'avais des envies d'aventure, et j'aurais pu être tenté par le Nunavik. C'était l'époque où j'avais acheté un manuel de japonais (pas très bien fait, hélas, c'est pourquoi je n'ai jamais appris le japonais).

Il y a en Chine et en Corée du Sud des millions de jeunes hommes qui ne se marieront jamais à cause de l'avortement sélectif (les familles préfèrent les garçons). Il doit bien y avoir des geeks chinois et sud-coréens capables d'apprendre l'inuktitut pour :
1. Trouver un job et obtenir la nationalité canadienne.
2. Rencontrer une belle esquimaude.

Si apprendre une langue était si simple. Combien de non-Japonais apprennent le japonais et réussissent à y travailler avec joie et bonheur en japonais? Un nombre ridiculement bas. (Ça n'aide pas que les Japonais sont nuls pour enseigner leur langue. Nous sommes en 2013 et je surprends tout le monde parce que j'écris avec tous les kanji nécessaires. ET JE SUIS LE 12e EN POSTE...)

Vilko a écrit:
Yiuel a écrit:
de tels milieux très négatifs existent aussi en France pour le breton, par exemple.
C'est pourquoi le breton est une langue en survie artificielle. Les enfants bretons ne le parlent plus entre eux depuis longtemps. On trouve des panneaux de circulation bilingues en Bretagne depuis que plus personne ne parle breton dans la rue.

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MessageSujet: Re: L'inuktitut en danger?   L'inuktitut en danger? EmptyJeu 25 Juil 2013 - 21:09

Et la catastrophe existe aussi dans des pays indépendants depuis presque un siècle... Tel est l'exemple du gaélique.

Je suis tombé récemment sur l'intéressante série No Bearla où un journaliste irlandais celtisant se promène dans toute l'île en essayant de ne se faire comprendre qu'en gaélique. Le résultat est plutôt médiocre : https://www.youtube.com/watch?v=eyll-bBZzyk
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MessageSujet: Re: L'inuktitut en danger?   L'inuktitut en danger? EmptyJeu 25 Juil 2013 - 23:46

Olivier Simon a écrit:
Et la catastrophe existe aussi dans des pays indépendants depuis presque un siècle... Tel est l'exemple du gaélique.

Parce qu'il y a plus d'un siècle déjà, le gaélique était la langue des grandes villes d'Irlande. Ce n'est parce qu'un pays se donne un nom qu'on y parle la langue associée toponymiquement.
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MessageSujet: Re: L'inuktitut en danger?   L'inuktitut en danger? EmptyVen 26 Juil 2013 - 0:12

Vilko a écrit:
Je pense qu'il faudrait, en fait, faire l'inverse : offrir une option en inuktitut aux étudiants anglophones ou francophones pour qu'ensuite ils aillent enseigner au Nunavik.
Ces cours se donnent (ou se donnaient) dans certaines universités.

En fait, cette proposition devrait s'étendre à toutes les langues autochtones. On peine à fournir de l'enseignement en langues autochtones aux enfants autochtones eux-mêmes, qui sont souvent assez peu intéressés. Par contre, il y a sans doute un peu partout au monde des fous dans notre genre qui seraient prêts à apprendre ces langues. Avec l'internet, on pourrait même créer des groupes de conversation. Non?
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MessageSujet: Re: L'inuktitut en danger?   L'inuktitut en danger? EmptyJeu 22 Aoû 2013 - 12:24

Un lien pour jeter un coup d'oeil sur cette langue : http://www.tusaalanga.ca/fr/grammar
Il y a aussi des leçons et autres pages intéressantes...

Cette langue dépayse quand même pas mal !
Et cette façon d'avoir des suffixes qui télescopent le pronom sujet et le pronom objet...
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MessageSujet: Re: L'inuktitut en danger?   L'inuktitut en danger? EmptyJeu 22 Aoû 2013 - 14:09

PatrikGC a écrit:
Et cette façon d'avoir des suffixes qui télescopent le pronom sujet et le pronom objet...
Le hongrois compte UN suffixe de ce genre, -lek/-lak, qui signifie je te, au présent.
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MessageSujet: Re: L'inuktitut en danger?   L'inuktitut en danger? EmptyJeu 22 Aoû 2013 - 14:48

L'inuktitut n'est pas la seule langue à faire ça.

J'ai souvenir que d'autres langues amérindiennes parlées plus au sud (l'inverse serait difficile Very Happy) auraient +/- le même mécanisme, ce qui semble assez logique, soit par voisinage ou par filiation.

Par contre pour le hongrois, j'ignorais...
Le basque n'aurait-il pas qqpart un peu ce même mécanisme ?
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