- lsd a écrit:
En l'absence de registre dévolu, comment traduire un texte qui dans le thème se contente de reformuler le rhème (que ce soit en langage scientifique, religieux technique ou médical) pour en imposer
du genre votre mal à l'oreille, c'est une otite
(pour éviter la distorsion d'interprêtations micro/macro de la dispersion de la lumière dans la couleur ).
J'avoue ne pas voir pour l'instant en quoi la situation décrite est un problème, mais en testant les cas de figure, peut-être que cela se clarifiera pour moi ?
* Premier cas de figure : il s'agit de définir un jargon.
En gros, le médecin dit "vous avez la trucmuche" et explique (avant ou après) c'est ce genre de maladie, en des termes plus clairs mais plus vagues ou peu scientifique.
En rémaï 32, évoquer un mot en tant que mot se fait avec SHOU EN (citation en rémaï, c'est à dire avec des mots qui sont définis par les signes qui les composent), MOU EN (prononciation étrangère, les signes qui composent les mots sont seulement des indications de prononciation), YOU EN (idem pour un nom propre) et ROU EN (comme SHOU EN mais pour un écrit, un dessin, un symbole), tandis que évoquer le mot en tant que signifiant (et non objet mot) se fait sans utiliser SHOU, YOU, MOU ou ROU.
DI // SHOU NABA EN // GU // JEIWAVEN // JU //
MOU OTITE EN // YAO
Votre // mal // associé // dans la partie du corps qui constitue le haut du visage ou le crâne, celle en forme de feuille, donc l'oreille // est le même objet que // ce qui se prononce "otite" (en français) // Je l'affirme.
Le même genre de phrase :
"Votre trucmuche, c'est un mal au pied"
DI // MOU TRUKMUSH EN // JU // SHOUNABA EN // GU // JEIZAN // YAO
Votre // mot prononcé "trukmuche" // est // un mal // associé au // pied // Je l'affirme.
*Second cas de figure : il s'agit d'une reformulation du même problème, qui change la manière de le considérer.
Par exemple : si je fais une recherche basique sans vérification, je tombe pour définir une otite :
Otite moyenne : inflammation de l'oreille moyenne = partie derrière le tympan contenant le marteau, l'enclume et l'étrier - habituellement causée par un rhume.
Otite externe :
1°) infection du canal interne, souvent par un staphylocoque, mais possiblement par un autre micro-organisme
2°) inflammation causée par une agression chimique ou un traumatisme
Habituellement causée par l'eau, également appelée "otite du baigneur"
L'étymologie donne simplement "maladie de l'oreille" (grec OTOS plus suffixe ITE de maladie ?).
Est-ce que je suis forcé de faire un choix en rémaï 32 pour traduire ces différentes définitions en mots purement rémaï ?
A l'évidence, non.
D'abord, pour traduire "mal", j'ai plusieurs possibilités, SHOU NABA EN JEIWAVEN ("oreille que l'on dit mauvaise" ou "mal de l'oreille") n'étant qu'une possibilité parmi d'autres ; "fièvre de l'oreille" MEIDI JEIWAVEN ou "maladie de l'oreille" MEISI JEIWAVEN en étant d'autres, selon ce que je veux dire par "mal" ou les symptômes de la maladie (ici un "feu", donc une fièvre, mais d'un autre point de vue, une oreille qui se remplit etc. etc.).
Il peut y avoir aussi des métaphores, la description de la perte d'audition ou ce qu'on peut observer physiquement en examinant l'oreille (couleur etc.). Il est aussi possible de partir de d'où est censé venir l'infection ("la maladie de l'oreille liée à l'eau", un "staphylocoque à l'oreille" etc.
Le médecin peut donc choisir d'exprimer dans la même phrase une ou plusieurs manières de décrire le même objet, en fonction de ce qu'il souhaite dire au patient.
Simplement à un moment, toutes ces descriptions seront présentées comme pointant vers le même objet (JU...) qui est la maladie en question, qu'elle soit vaguement ou précisément décrite.
Je ne vois alors pas pourquoi en tant que créateur de langue j'empêcherai les locuteurs de dire dans la même phrase "vous avez mal à l'oreille et c'est une otite, l'otite du baigneur".
Dans tous les cas, en rémaï, le patient devrait comprendre instantanément ce que veut dire le médecin et tout ce qu'il veut dire, sauf s'il utilise un mot étranger sans l'expliquer / le traduire en rémaï.