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| Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle | |
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Auteur | Message |
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Greenheart
Messages : 4041 Date d'inscription : 03/05/2008
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Lun 8 Aoû 2011 - 23:49 | |
| CONSONNES REDOUBLEES
Deux consonnes identiques se prononcent comme une seule.
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Quatre exceptions :
Mot qui commence par I : on fait sonner les deux consonnes sauf pour deux R : « Irriter » se prononcer « Iriter », « immédiat » se prononce « im-médiat », « illustre » se prononce « il-lustre ». Noms propres étrangers ou latins : « Accaron », « Appius » se prononcent « Ac-caron » et « Ap-pius » et non « A-caron » et « A-pius ».
Dans les futurs et temps incertains (conditionnel) des verbes en IR, « Je courrois », « je courrai » se prononce « je cour-rai », « je mourrais ? » se prononce « je mour-rais ? ».
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Deux G devant é ou i, les deux G avec leur son propre (GH ?) : « Suggérer » se prononce « Sug-gérer ».
Deux C devant é ou I, le premier C se prononce K, le second S : « Accident » se prononce « Ak-cident », « accélérer » se prononce « akcélérer »
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Deux L précédé d’un I, voir plus haut.
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PRONONCIATION DES CONSONNES FINALES
On prononce toujours la consonne finale quand le mot suivant commence par une voyelle.
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Adjectif devant substantif : « franc animal » se prononce « fran canimal » ; « sot ouvrage » se prononce « so touvrage ». La préposition ou l’adverbe devant son régime : « chez eux » se prononce « ché zeux », « fort adroit » se prononce « for tadroit ». Le pronom personnel avant son verbe : « Il aime » se prononce « I laime », « vous offrez » se prononce « vou zoffrez » ; « on leur aprend », se prononce « on leu raprend »
*** On prononce toujours la finale d’un nom propre : « Agag », « Bétléem », « Périclès »
Exception pour fin en S précédé d’un E muet, ou précédé d’un I dans les noms propres français très communs : « Athénes » se prononce « Athène » « Louis » se prononce « Loui », « Paris » se prononce « Pari ». De même pour les consonnes précédés d’une voyelle nasale : « Pharamond » se prononce « Pharamon », « Cunimond » se prononce « Cunimon ».
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Dans la conversation soutenu, la déclamation, la poésie en vers, les consonnes finales peuvent et doivent se prononcer alors qu’elles ne le sont pas dans le discours familier.
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B final ne se trouve que dans « plomb », ne se prononce pas.
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Le C final se prononce dans « roc », « sac ».
Le C final ne se prononce pas devant le T dans « Aspect », « Circonspect », « Respect », « suspect ». Le C et le T final se prononcent dans « Pact », « exact », « correct, « direct ».
Le C final ne se prononce pas dans « almanac », « arsenic », « arsenac », « cotignac », « clerc », « marc », « porc », « porc-epic », ainsi qu’après une voyelle nasale dans « banc », « jonc », « donc » sauf en récitant des vers. Le C final suivi d’une consonne dans « estomac » et « tabac » ne se prononce pas.
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| | | Greenheart
Messages : 4041 Date d'inscription : 03/05/2008
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mar 9 Aoû 2011 - 0:11 | |
| D final s’il se prononce se prononce toujours T : « David » se prononce « Davit »
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Le D se prononce à la fin des verbes à la troisième personne suivis des pronoms : « rend-il » se prononce « ren-til », « prend-on » se prononce « pren-ton ». Sans le pronom, le D final peut ne pas se prononcer : « Il répond en docteur » se prononce « il répon ten docteur » ou bien « il répon en docteur ».
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Le F final se prononce.
Sauf dans « clef » et dans « baillif » qui peuvent s’écrire « clé » et « bailli ». Sauf dans « beuf », « cerf », « nerf », « neuf » (NOVUS), « œuf » suivis d’une consonne, sauf s’ils sont en fin de phrase : « du beuf tendre » se prononce « du beu tendre », « un cerf qui court » se prononce « un cer qui court » ; « un nerf de bœuf » se prononce « un ner de bœuf ». Le F ne se prononce pas au pluriel : « beufs » se prononce « beus », « cerfs » se prononce « cerfs », « nerfs » se prononce « ners », « œufs » se prononce « oeus ».
Pour « neuf » le nombre, suivi d’une consonne, le F ne se prononce pas : « neuf pistoles » se prononce « neu pistoles ». Suivi d’une voyelle le F se prononce V : « neuf arêts » se prononce « neu varêts ». La lettre faible F se change ici en lettre forte V. De même quand « neuf » est suivi de la conjonction « et » : « neuf et demi » se prononce « neu vet demi », « neuf et trois font douze » se prononce « neu vet trois font douze ». Si « neuf » est à la fin d’une phrase, le F se prononce : « J’en ai neuf ».
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G à la fin d’un mot se prononce dans la conversation soutenue avec le son K : « Le sang et le carnage » se prononce « le san ket et le carnage ». La lettre faible G se change en lettre forte K. De même pour « joug » se prononce « jouk », « sang et eau » se prononce « san ket eau ».
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Le L final se prononce comme dans « sel », « royal », « fil », « bémol ».
Exception « baril », « chenil », « nombril », « perfil » et les pronoms « il » et « quel » dans le discours familier : « persil » se prononce « persi », « il dit » se prononce « i dit », « quel monstre » se prononce « qué monstre ». Pour « ils », on ne prononce pas le L, mais le S se prononce Z : « ils ont fait » se prononce « iz ont fait ».
COL s’écrit et se prononce désormais « cou » en prose. Mais on écrit et on prononce toujours « col » quand il s’agit de montagne « le col de Tende ».
Le L final se prononce mouillé dans les mots suivants : « Avril », « Babil », « Bresil » (le pays), « péril », y compris après les diphtongues impropres « ail », « eil », « ueil », « ouil », « mail », « soleil ». Mais pas dans « verrouil » ni dans « genouil » qui s’écrivent souvent aujourd’hui « verrou » et « genou ».
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mar 9 Aoû 2011 - 0:24 | |
| - Greenheart a écrit:
- Le C se prononce G dans « fécond » (« fégond » ?)
Quoique cette étrangeté puisse être mise sur le compte de la très forte influence que l'écrit a eue sur la prononciation, principalement dans la période de la Révolution française, ne pourrait-il pas s'agir d'une erreur de transcription et ne devrait-on pas lire ſecond, c'est-à-dire second avec, à l'initiale, l'ancien s long ? D'autant plus que la famille de ce mot doit bien être mentionnée à cette section, n'est-ce pas ? |
| | | Anoev Modérateur
Messages : 37585 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mar 9 Aoû 2011 - 0:25 | |
| - Greenheart a écrit:
- Mais pas dans « verrouil » ni dans « genouil » qui s’écrivent souvent aujourd’hui « verrou » et « genou ».
Là, j'en tombe su'l'cul! Parce qu'on a, à deux noms à final originel* identique, deux pluriels différents! genou x et... verrou s. * Et verbes dérivés aussi: s'agenouiller, verrouiller. | |
| | | Greenheart
Messages : 4041 Date d'inscription : 03/05/2008
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mar 9 Aoû 2011 - 0:26 | |
| M à la fin d’un mot nasalise la voyelle : « Adam » se prononce « Adan », « Siam » se prononce « Sian », « nom » se prononce « non », « parfum » se prononce « parfun ».
Exception, si le M est précédé d’un E : « Mathusalem », « Saint Ephrem »
***
N final peut se prononcer en consonne ou en nasale.
N se prononce en consonne dans les mots latins transformés en français : « Amen » « examen », « hymen ».
N se prononce en consonne dans les mots suivis d’une voyelle : « divin amour » se prononce « divin amour », « bien étudier » se prononce « bien nétudier », « on admire » se prononce « on nadmire ».
Dans « bénin » et « malin », n reste toujours nasal. De même dans les autres cas : « n’être bon-à-rien » et pas « n’être bon na rien » ; « voit-on en France » et pas « voit-on nen France ».
***
Le P final se prononce dans « cap », « jaloup » ( ?). Il se prononce légèrement dans « éep », « julep » et « galop ». Il se prononce distinctement dans « coup » suivi d’une voyelle et peut être prononcé à la fin d’une phrase.
Il ne se prononce jamais dans « loup », « champ », « camp », « sirop ».
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Q se prononce K à la fin de « coq » Q ne se prononce pas dans « coq d’inde », se prononce « co d’inde ».
Q ne se prononce pas dans « cinq » suivi d’une consonne : « cinq livres » se prononce « cin livres ». Il se prononce à la fin d’une période : « J’en ai cinq » se prononce « j’en ai cink » et devant les voyelles « cinq écus » se prononce « cin kécus ».
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mar 9 Aoû 2011 - 1:00 | |
| - Greenheart a écrit:
- M suivi d’une autre consonne devient N nasal : « Prompt » se prononce « pront », « emmener » se prononce « en-mener », « sembler » se prononce « sen-bler ».
(...)
Dans les autres cas, N comme M est nasale et change la voyelle qui précède.̴
Exceptions : N précédé d’un A ou d’un O puis suivi d’une autre M ou N, dans ces cas, A et O ne sont plus nasales : « condamner » se prononce « condaner », « année » se prononce « anée », « bonne » se prononce « bone », « homme » se prononce « home ». Si on fait le contraire, on prononce à la Normande. Étrangement, les Acadiens disent /A~ne/ pour année. Comme, dans Molière, on dit /grA~mER/ pour grammaire. |
| | | Greenheart
Messages : 4041 Date d'inscription : 03/05/2008
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mar 9 Aoû 2011 - 1:24 | |
| R final se prononce : « Car », « Recevoir ».
Exceptions pour le discours familiers : Le R final ne se prononce pas pour l’infinitif des verbes autres que ceux en OIR, pas même devant une voyelle : « chanter et rire » se prononce « chanté et rire », « finir un conte » se prononce « fini un conte ».
Le R final ne se prononce pas à la fin des noms en R de plus d’une syllabe : « danger » se prononce « dangé », « métier » se prononce « métié ». Si le nom est au pluriel, le é se prononce long. Mais le R est prononcé si le é final est ouvert : « Lucifer », « Hiver ». Il se prononce dans le discours soutenu si le é final est fermé.
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Le R ne se prononce pas à la fin de « loisir » se prononce « loisi », « plaisir », se prononce « plaisi », « monsieur », se prononce « monsieu » et les infinitifs employés comme nom comme « le repentir » se prononce « le repenti », sauf devant une voyelle quand la prononciation est soutenue. Le R ne se prononce jamais dans « Messieurs » se prononce « Messieus », « toujours » se prononce « toujous »
Le R final de « sur » suivi de son régime ne se prononce pas dans le discours familiers, en particulier si le régime commence par une consonne : « Sur la Terre » se prononce « Su la Terre ».
Le R final des adjectifs en EUR et des noms en OIR de plus d’une syllabe tombe souvent dans le discours familiers : « un causeur » se prononce « un causeu », « un miroir » se prononce « un miroi ». Il se prononce dans « espoir », « devoir », « pouvoir » et pour « leur » pronom personnel suivi d’une voyelle : « je leur ofre » se prononce « je leu rofre » ; « leur ami » se prononce « leu rami ».
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S final se prononce dans « as » (jeu de cartes) , « aloës » et dans d’autres mots étrangers devenus français : « agnus », « bolus », « calus », « rébus », « finus ».
S final se prononce Z dans les impératifs et les pronoms personnels conjoints : « vous », « nous », « ils » suivis des particules pronominales « en » et « y ». « Portes-en » se prononce « Porte-zen », « venés-y » se prononce « venézy ». De même pour ces pronoms suivis de leur verbe quand il commence par une voyelle. « nous aimons » se prononce « nou zaimons », « vous estimez » se prononce « vou zestimez », « ils aloient » se prononcent « ils zaloient ».
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S final se prononce Z dans tous les autres cas mais on peut l’omettre, même devant une voyelle et on doit l’omettre pour « Paradis ».
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T final se prononce toujours pour « fat », « zenit », « placet », « exact », « correct », « direct », « rapt », « échec et mat », « zest », « vent d’est et ouest » ainsi que dans « vingt et un », « vingt-deux ». Il ne se prononce pas dans « quatre-vingts-un », « quatre-vingts-deux ».
Le T final ne se prononce jamais dans un monosyllabe : « Il vit » se prononce « il vi ».
Dans les autres cas on peut le prononcer ou pas. Il faut le prononcer pour dans « cet », « sept », « huit » quand ils ne sont suivis par aucun substantif ou si ce substantif commence par une voyelle. « cet homme » se prononce « cé thomme », « j’en ai sept » se prononce « j’en ai sét ».
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Le X final des adjectifs se prononce Z lorsqu’ils sont suivis immédiatement de leur substantif : « doux amusement » se prononce « dou zamusement », « heureux homme » se prononce « heureu zhomme ».
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Le X de « dix » a trois prononciations. Le X ne se prononce pas si le substantif commence par une consonne. « dix pistoles » se prononcent « di pistoles ». Si le substantif commence par une voyelle, le X final se prononce Z : « dix écus » se prononce « di zécus » ; ainsi que pour « dix-huit » se prononce « di-zhuit », « dix-neuf » seprononce « diz-neuf ». Le X se prononce S à la fin d’une phrase : « J’en ai dix » se prononce « J’en ai dis ». De même pour « dix-sept » se prononce « dissèt ».
De même pour le X de « six ».
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On ne prononce pas le X final de « choux », « faix », « poux », « toux », « crucifix », « salsifix »
Le X final ne se prononce pas devant une consonne ou à la fin d’une phrase : « Heureux les gens de bien » se prononce « heureu les gen de bien »
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| | | Greenheart
Messages : 4041 Date d'inscription : 03/05/2008
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mar 9 Aoû 2011 - 1:31 | |
| - Silvano a écrit:
- Greenheart a écrit:
- Le C se prononce G dans « fécond » (« fégond » ?)
Quoique cette étrangeté puisse être mise sur le compte de la très forte influence que l'écrit a eue sur la prononciation, principalement dans la période de la Révolution française, ne pourrait-il pas s'agir d'une erreur de transcription et ne devrait-on pas lire ſecond, c'est-à-dire second avec, à l'initiale, l'ancien s long ? D'autant plus que la famille de ce mot doit bien être mentionnée à cette section, n'est-ce pas ? Oui, tout à fait, c'est bien " second" qu'il faut lire. J'ai confondu le s avec un f. Je corrige le post. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mar 9 Aoû 2011 - 2:21 | |
| - Greenheart a écrit:
- Oui, tout à fait, c'est bien "second" qu'il faut lire.
À ce propos, j'ai connu une dame qui était convaincue qu'on prononçait le C de second comme un K. Elle le prononçait très bien, mais ne s'écoutait pas, sans doute hypnotisée par l'orthographe du mot. |
| | | Greenheart
Messages : 4041 Date d'inscription : 03/05/2008
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mar 9 Aoû 2011 - 12:07 | |
| Première partie de la table récapitulative des 33 sons du français (Voyelles).
Buffier propose dans cette table une liste des sons associés aux mots français / allemand / anglais, / italien / espagnol où on les rencontre.
A : Frapa : Fragen (interroger) : Ouater (eau) : Amare (aimer) : Amar (aimer)
E muet : Muse : Meine (ma) : Love (amour) : --- ; --- É fermé : Café : Ehr (honeur) : Equity (équité) : ardore (ardeur) : emanar (émaner) È ouvert : Mère : Pfèrd (cheval) : Ale (bière) : Verbo (verbe) : Verdad (vérité)
I : Fini : Irren (manquer) : Iniquity (iniquité) : finire (finir) ; Ir (aller) O : Or : Bogen (un arc) : So (ainsi) : Morire (mourir) : obrar (opérer)
U : Tuer : Fürhen (mener) : bruit (bruit) : U en Lombardie : --- EU : Feu : Mögen (pouvoir) : Good (bon) : --- : ---
Ơ (lettre latine O cornu ?) EU : Feu : Mögen (pouvoir) : Good (bon) : --- : ---
ȣ - OU : Fou : Mutter (mère) : --- : Puro (pur) : Ulcerar (ulcérer)
Nasales
α - AN : Glan : Begangen (Comis) : --- : Andare (aller) : ---
ε - EN : Bien : Eng : --- : Tentare (Tenter) : ---
Ϟ ( Koppa ? ressemble à une espèce de N) - IN : Ingras : Ing : --- : Ingrato (Ingrat) : ---
ω - ON : Son : Ong : --- : Rispondere (répondre) : ---
ʊ - UN : Quelqu’un : Ung : --- : --- : ---
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| | | Greenheart
Messages : 4041 Date d'inscription : 03/05/2008
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mar 9 Aoû 2011 - 12:24 | |
| Seconde partie de la table récapitulative des 33 sons du français (consonnes)
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B : Bas : Bad (Bain) : Bad (méchant) : Bene (bien) : Barbaro (Barbare)
P : Pas : Paar (Paire) : Peace (Paix) : Pane (Pain) : Pan (Pain).
V : Vin : Wein (vin) : Vertu (vertu) : Vero (vrai) : Vago (Vague)
F : Fin : Feind (Ennemi) : False (faux) : Fede (foi) : Fuego (feu)
D : Don : Dägen ? (épée) : Duty (devoir) : Dare (donner) : Dar (donner)
T : Ton : Tinten (de l’encre) : Temple (temple) : Tuono (ton) : Timido (timide)
G : Garand : Gabe (don) : Give (donner) : Goderer (jouir) : Gozar (jouir)
K : Kalendrier : Kalender (almanac) : Keep (garder) : Cammino (chemin) : Canal (canal)
Z : Zéle : Rose (Rose) : Zeale (Zéle) : Caso (cas) : ---
S : Selle : Sehen (Voir) : Singular (singulier) : Sano (sain) : Salud (Santé)
J : Jamais : --- : --- : --- : ---
CH : Chat : Schoul (école) : Shall Do (Je ferai) : Scemare (diminuer) : ---
M : Mois : Morgen (demain) : Mind (esprit) : Meno (moins) : Mamar (teter)
N : Noix : Nennen (nommer) : Name (nom) ; No (non) ; Nonas (none des mois)
L : Lave : Loben (louer) : Labour (travail) : Lavare (laver) : Leer (lire)
R : Rave : Reinigen ( purger) : Remember (se souvenir) : Ridere (rire) : Retentar (crever ?)
λ - L mouillé : Bailler : --- : --- : Meglio (meilleur) : Llamar (Appeler)
Ñ – GN mouillé : Cicogne : --- : Minion (Mignon) : Guadagnare (gagner) : doña (dame)
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| | | Greenheart
Messages : 4041 Date d'inscription : 03/05/2008
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mar 9 Aoû 2011 - 12:50 | |
| LONGUEUR DES SYLLABES
Les Picards font presque toutes les syllabes brèves. Les Normands font presque toutes les syllabes longues.
Toutes les syllabes françaises sont de la même longueur sauf celles désignées comme longues, qui comptent pour deux (Buffier dit « une fois plus longue »).
La syllabe n’est longue que sur la dernière, ou l’avant-dernière en cas de E muet. « Dure » se prononce « Dur ». « Belle » se prononce « Bel ».
Cette syllabe tombe à la fin du vers en poésie.
Exception : les mots équivoques. La syllabe longue est marquée par l’accent circonflexe et se prononce quelle que soit sa position : « Bâtit » (aedificavit = édifier ?) pour le distinguer de « battit » (verberavit = bastonner, frapper), « tâcher » (Conari) pour le distinguer de « tacher » (iniquinare), « Pâris » (nom d’homme, amoureux d’Hélène de Troy ?) pour le distinguer de « Paris » (la ville), « jeûne » (jejunium) pour le distinguer de « jeune » (Juvenis) ; « mârri » ? (fâché, usage qui semble vieillir) pour le distinguer de « mari » (maritus).
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Les dernières ou avant-dernières syllabes longues sont :
Celles avec un S qu’on ne prononce pas et que la nouvelle orthographe remplace par un accent circonflexe : « Dégast », « goust » nouvelle orthographe « goût », « fistes » nouvelle orthographe « fîtes », « aimastes » nouvelle orthographe « aimâtes ».
Celles avec un S, un X ou un Z qu’on ne prononce pas : « les prix », « les fous », « chaux », « nez », « rends », « darts », « enfants », « joues ». Exception ; quelques noms propres, dont « Paris » (la ville).
Celles qui finissent par M ou N devant une autre consonne : « Constant », « contraint », « rond », « prompt », « disoient ». Exceptions : « Plomb », « Flanc », « étang », « harang », « camp », « pédant », « enfant », « éléphant », « jonc », « poing », « point » (négation) mais « poînt » (punctum) se prononce long – ainsi que tous les mots en ENT qui se prononcent court : « prudent », « content », « disent », « aiment ».
Celles qui se finissent par AUT ou AUD : « haut », « chaud ».
La longueur des dernières syllabes s’écourte quand la phrase est en cours. Elle s’entend en fin de phrase. OI est long en fin de phrase, donc : « C’est de quoi je parlois » (« parloîs » ?). Mais si on ne reprend pas haleine dans « Je parlois pour rire », « lois » (« lè » ?) se prononce ordinairement, sinon on prend l’accent Normand.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mar 9 Aoû 2011 - 13:32 | |
| La Gaule romanisée, germanisée ou receltisée, parlait picard, normand, gallo, breton, poitevin, angevin, tourangeau, limousin, gascon, basque, etc.. Le français est une langue artificielle inventée à la cour, au Louvre, aux Tuilleries ou à Versailles et imposée à l'ensemble du territoire "national", puis dans les colonies, au prix de multiples ethnocides, génocides parfois ... On le prononce comme comme on peut, ou comme on veut (et si on veut)...
Le français a en Europe joué le rôle de langue universelle des gouvernants, aristocrates et des élites bourgeoises et autres intellectuels et philosophes autoproclamés, le plus souvent alophones, ce qui a eu pour effet de renforcer son caractère artificiel, non seulement coupé du peuple, mais dirigé contre lui... La langue populaire est morte avec Montaigne... C'est la raison pour laquelle le français est si biscornu et son existence même s'en trouve menacée...
Quant à sa prononciation exacte, elle n'existe pas puisque chaque région et continent l'accommode à sa guise...
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| | | Greenheart
Messages : 4041 Date d'inscription : 03/05/2008
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mar 9 Aoû 2011 - 14:18 | |
| - Patrick Chevin a écrit:
- La Gaule romanisée, germanisée ou receltisée, parlait picard, normand, gallo, breton, poitevin, angevin, tourangeau, limousin, gascon, basque, etc.. Le français est une langue artificielle inventée à la cour, au Louvre, aux Tuilleries ou à Versailles et imposée à l'ensemble du territoire "national", puis dans les colonies, au prix de multiples ethnocides, génocides parfois ... On le prononce comme comme on peut, ou comme on veut (et si on veut)...
Le français a en Europe joué le rôle de langue universelle des gouvernants, aristocrates et des élites bourgeoises et autres intellectuels et philosophes autoproclamés, le plus souvent alophones, ce qui a eu pour effet de renforcer son caractère artificiel, non seulement coupé du peuple, mais dirigé contre lui... La langue populaire est morte avec Montaigne... C'est la raison pour laquelle le français est si biscornu et son existence même s'en trouve menacée...
Quant à sa prononciation exacte, elle n'existe pas puisque chaque région et continent l'accommode à sa guise...
Chose curieuse, en tenant ce raisonnement, on n'arrive jamais à prononcer le français de l'époque. Je préfère m'en tenir aux sources de l'époque, puisque j'ai le bonheur de pouvoir les consulter, et reculer un peu plus les limites de mon ignorance. J'ai désormais une idée de la prononciation du français normand de l'époque, ou Gascon ou autre. Plus je peux lire correctement les dictionnaires Français / Latin / Breton / Anglais / Espagnol etc. de l'époque, également téléchargeable gratuitement. Incidemment, j'ai enfin une chance de chanter à peu près correctement Le Vin Clairet (Tourdion) alors que sur YouTube je n'ai pas pu trouvé une seule version prononcée à l'identique. De même, je vais pouvoir exploiter musicalement les fac-similés d'un certain nombre de chansons de cette époque. Sans cet ouvrage, la prononciation en aurait été impossible, étant donné qu'il faut faire rimer les vers et faire sonner les allitérations / assonances de manière cohérente. Plus, je me rapproche un peu plus de la prononciation correcte de l'Ancien Français et du Latin, maintenant que j'ai des références claires d'une époque où on le parlait encore | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mar 9 Aoû 2011 - 14:24 | |
| J'ai des propositions d'explications pour certains points d'interrogations (comme le lois de ton message sur la longueur des syllabes : il existe deux mots lai en orthographe moderne) mais je n'ai pour le moment pas le temps d'éplucher tous tes messages. |
| | | Greenheart
Messages : 4041 Date d'inscription : 03/05/2008
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mar 9 Aoû 2011 - 14:40 | |
| Les avant-dernières syllabes longues sont :
Celles dont la dernière voyelle précède un e muet : « vie », « joue », « armée ». Le e muet ne se prononce pas, l’avant-dernière syllabe devient la dernière syllabe du point de vue de la prononciation.
Celle dont la dernière voyelle est nasalisée par M ou N et suivi d’une consonne autre que M ou N : « trompe », « ange ». Exception : EU suivi d’un D ou d’un T qui se prononce de manière brève : « feude », « meute ».
Celles des prétérits au subjonctif : « que j’aimasse », « que je fisse », « qu’ils fissent », « qu’ils voulussent » ; celles des prétérits en « ame », « ates », « imes », « ites » : « nous aimâmes », « vous aimâtes », « nous fîmes », « vous fîtes ».
L’avant-dernière syllabe suivie d’un e muet cesse d’être longue si ce e muet cesse d’être muet : « aile » est long (« aîle » ?), « ailé » est court (« ailé » ?). De même « feindre » est long (« feîndre » ?) et « feignant » est court (« feignant »).
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Liste alphabétique des terminaisons qui rendent l’avant-dernière syllabe longue p.412 édition Google, page 379 édition originale, numéro 943.
>> J'éditerai ce poste plus tard pour l'insérer <<<
Buffier distingue au final trois longueurs de syllabe : courte, longue, semi-longue. La syllabe semi-longue est une syllabe longue qui dans deux circonstances est abrégée. Première circonstance : une finale longue au milieu d’une phrase. Seconde circonstance : une syllabe longue avant un e muet qui a été transformé en une autre voyelle : « jaune » se prononce long, « jauni » se prononce semi-long. Un exemple des trois longueurs : « Pâte » est long, « Patte » est bref, « Paté » est semi-long.
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Règles d’orthographe
Pour Buffier, orthographier correctement un mot consiste à l’écrire de sorte que le lecteur puisse le prononcer correctement, donc à tenir compte de toutes les règles de prononciation indiquées ci-dessus. Il signale que même dans les livres bien écrits, il existe différentes orthographes pour un même mot. La partie suivante est consacrée à ces différentes orthographes.
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| | | Greenheart
Messages : 4041 Date d'inscription : 03/05/2008
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mer 10 Aoû 2011 - 1:24 | |
| - Silvano a écrit:
- J'ai des propositions d'explications pour certains points d'interrogations (comme le lois de ton message sur la longueur des syllabes : il existe deux mots lai en orthographe moderne) mais je n'ai pour le moment pas le temps d'éplucher tous tes messages.
Merci ! Toute explication complémentaire est la bienvenue. | |
| | | Greenheart
Messages : 4041 Date d'inscription : 03/05/2008
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mer 10 Aoû 2011 - 13:53 | |
| ANCIENNE ET NOUVELLE ORTHOGRAPHE
NOTATION DES É OUVERTS ET FERMÉS LONGS
Ancienne orthographe : É fermé long se marque dans l’ancienne orthographe par EZ. « le nez », « aimez ». E ouvert long se marque dans l’ancienne orthographe par l’accent aigu suivi de S : « aprés », « excés ».
Nouvelle orthographe : é fermé long se marque par « és » : « le nés », « aimés ». EZ reste valide car il évite l’équivoque et épargne d’avoir à ajouter l’accent. é ouvert long se marque par l’accent grave : « après », « excès ».
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S NON PRONONCE ET ACCENT CIRCONFLEXE MARQUANT LA SYLLABE LONGUE
Dans l’ancienne orthographe, les S non prononcés servent à marquer la syllabe longue : « paste », « feste », « fistes » (verbe faire ?), « hoste », « fustes » (verbe être ?).
La nouvelle orthographe retranche tous ces S sauf dans le verbe « est » de « il est » et les remplace par des accents circonflexes : « pâte », « tête », « fête », « bête », « fûtes ». Buffier remarque que l’accent circonflexe est employé avec E que ce E soit fermé ou ouvert.
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EÛ ANCIEN
L’ancienne orthographe décrit par EÛ le son propre de la voyelle U dans beaucoup de mots, dont les participes passés et leurs dérivés : « aperceût », « aperceûtes », « aperceûrent », « deû ». La nouvelle orthographe enlève le E et l’accent circonflexe : « aperçu », « aperçutes », « aperçurent », « du », « vu ». Exception : le mot « à jun » s’écrit encore « à jeun ». De même le participe passé « eu » (avoir) et ses dérivés : « j’ai eu », « nous eumes », ils « eurent », bien qu’on prononce « j’ai u », « nous umes », « ils urent ». Buffier note que cette orthographe est employée dans la Gazette de Holande, mais il constate que ce journal n’a pas plus d’autorité qu’un autre.
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Y ETYMOLOGIQUE L’ancienne orthographe emploie Y prononcé « i » pour marquer « quelque étymologie ». La nouvelle orthographe remplace ce Y par I : « etimologie ». Exception : Y monosyllabique « J’y pense », « Vous y venez », « il y a » ainsi que les mots « yeux », « yvoire » et « yvre » (voir numéro 822).
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PLURIEL DES NOMS
L’ancienne orthographe maintient toutes les consonnes finales du singulier lorsque le mot est mis au pluriel, alors que ces consonnes ne se prononcent pas : « monuments », « ferment », « j’aprends ». La nouvelle orthographe supprime ces consonnes finales non prononcées : « monumens », « j’aprens ».
Exception : tous les monosyllabes : « les camps », « les ponts », « les dents », et tous les homophones déjà équivoques par le son, pour qu’ils ne deviennent pas équivoque à l’écrit : « la ville » (urbs, le bourg, la cité), pour ne pas le confondre avec « vile » (vilis – adjectif, bas).
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Les deux orthographes s’emploient indifféremment, parfois chez un même auteur. Buffier estime cependant que la nouvelle orthographe prendra le pas sur l’ancienne et donne une liste d’auteurs qui l’emploient préférentiellement.
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| | | Greenheart
Messages : 4041 Date d'inscription : 03/05/2008
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mer 10 Aoû 2011 - 14:33 | |
| FIGURES AUTRES QUE LES LETTRES COMMUNES AUX DEUX ORTHOGRAPHES Page 422 Google Ce chapitre concerne l’élision, le tiret, les accents, les majuscules ou capitales, les « deux points sur une lettre », la ponctuation. ELISION
Élision signifie « brisement ». C’est la suppression d’une voyelle telle que le e, le i, le a.
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Le A de l’article « la » s’élide lorsqu’il est suivi d’une voyelle ou d’un H non aspiré : On ne dit pas « la ame », mais « l’ame » ; on ne dit pas « je la estime » mais « je l’estime ». La lettre élidée est remplacée par une apostrophe en haut de la lettre qui précède la voyelle supprimée, quelle que soit la voyelle supprimée.
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Le E se supprime dans tous les monosyllabes : on ne dit pas « je aime » mais « j’aime », on ne dit pas « que il arive » mais « qu’il arive ». De même pour les composés du monosyllabe « que » : « jusque » et « parceque ».
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Le E se supprime dans l’adjectif « grande » suivi immédiatement de quelques substantifs : « La Grand’ Messe », « Grand’Chambre », « Grand’Salle », « Grand’chere », « grand’mère », « grand’peur », « grand’pitié », « grand’chose ». Mais on peut ne pas faire l’élision, sauf pour « grand’mère », en particulier si l’adjectif est précédé d’une particule comme « une », « la », « trés », « fort » : « une grande chambre », « la plus grande chère », « trés grande peur ».
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Le I se supprime dans la particule « si » suivie immédiatement de « il » ou de « ils » : on ne dit pas « si il vient » mais « s’il vient », on ne dit pas « si ils aprochent » mais « s’ils aprochent »
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TIRET
C’est une petite ligne qui se met entre le T du verbe interrogatif et les pronoms personnels « il », « elle », « on » comme dans « vient-il », « lit-elle », « dit-on ».
Quand le T est détaché du verbe et qu’il n’est ajouté que pour éviter un bâillement (sic), on le met communément entre deux tirets : « viendra-t-elle » ; « crie-t-il ».
On met aussi communément un tiret entre deux ou plusieurs mots qui n’en font qu’un seul composé, comme « avant-coureur », « porte-manteau ». Ces pratiques sont utiles mais l’usage ne les exige pas nécessairement (sic).
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| | | Greenheart
Messages : 4041 Date d'inscription : 03/05/2008
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mer 10 Aoû 2011 - 15:21 | |
| LES ACCENTS
Ils servent à distinguer les sons du E accentués, voir numéro 800.
En outre, l’accent grave sur le A sert à distinguer les particules qui font adverbes de celles qui font articles ou verbes (sic) comme dans les adverbes « à », « là », « de là », « çà », « à droit », « à merveille » et les articles ou verbes « la peine », « de la vertu », « ç’a été une erreur », « il a droit de faire ».
On emploie communément l’accent circonflexe sur les participes passés que l’on écrit déjà « veû », « conneû », « peû » - qui s’écrivent alors « vû », « connû », « pû ». Buffier juge les raisons de cet accent circonflexe survivant peu convaincantes, et préconise « vu », « connu », « pu », dès lors que la lettre U suffit à marquer le son « U » et l’absence de prononciation de l’ancien « E » dont il juge la survivance inutile.
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LETTRES CAPITALES, MAJUSCULES, INITIALES
Ces figures marquent les noms propres et évitent l’embarras de chercher dans un dictionnaire la signification de ces mots.
C’est la même raison qui justifie la majuscule aux noms de Siences, Arts, Professions comme « l’Astrologie », « la Musique », le « Magistrat ». Buffier juge que l’on pourrait abandonner cet usage mais renonce à lutter contre celui-ci car l’usage l’emporte chez les Imprimeurs (sic).
La Majuscule se met au premier mot d’une période ou d’un vers pour distinguer le début de la période ou du vers.
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LES DEUX POINTS SUR UNE LETTRE
Ils servent à distinguer dans une série de voyelles lesquelles forment une même syllabe, ou une même diphtongue impropre avec la voyelle qui précède. La voyelle avant le tréma est distincte de ce qui suit : « haï » (deux syllabes), « je hais » (une syllabe) ; « vous » (une syllabe) ; « fatigue » (une seule syllabe ou diphtongue impropre pour le UE) ; « aiguë » (deux syllabes pour le U-E). C’est une règle universelle selon Buffier.
Buffier signale un usage abusif du tréma, qui consiste à ajouter un tréma à un mot qui aurait été lu correctement de toute manière : « avoüer », « loüer », « joüer ». Buffier rappelle que le tréma ne s’applique pas à séparer la voyelle qui suit (le E de AVOUER) mais la voyelle qui précède, et que le lecteur étranger supposerait qu’il faut lire « avo-üer ».
De même, l’usage du tréma sur le I pour figurer deux I est abusif selon lui, comme dans « païs » prononcé « pai-is » car il ne peut être appliqué à « haï » (qui se lirait alors « hai-i »). L’usage correct pour Buffier serait d’écrire « pays », « essayer » ; « étayer ».
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| | | Greenheart
Messages : 4041 Date d'inscription : 03/05/2008
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mer 10 Aoû 2011 - 16:33 | |
| LA PONCTUATION
La ponctuation est la manière d’utiliser différentes figures pour indiquer les parties du discours. Il s’agit du point seul « . », de la virgule « , », du point et virgule « ; », des deux points « : », auxquels il faut ajouter le point d’interrogation « ? » et le point d’admiration « ! ».
Cette pratique a été introduites ces derniers siècles et donne l’avantage de prévenir l’ambiguïté d’un mot qui pourrait se rapporter à une phrase ou une période plutôt qu’une autre.
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Le système de la ponctuation n’est pas fixé selon Buffier. Voici les règles les plus communes :
La virgule sert à distinguer les noms, verbes, adverbes, parties de périodes qui ne sont pas nécessairement jointes ensemble. Le point indique que la période est complète et son sens entièrement achevé. Les deux points servent souvent à marquer le milieu de la période ou un sens moins achevé que le point. Le point et la virgule servent à marquer un sens moins complet que les deux points, et plus complet que la virgule.
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On peut ne pas mettre de virgule entre deux parties reliées par une conjonction : « l’imagination et la raison ne sont pas toujours d’acord ». On peut ne pas mettre de virgule entre deux phrases courtes, surtout si elles ont le même régime et sont reliées par une conjonction : « Aléxandre conquit l’Asie et il établit la Monarchie des Grecs ». Mais si les phrases sont plus longues et surtout si elles ont des régimes différents, on devrait employer la virgule.
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Une proposition entière peut en inclure une autre, que l’on appelle « partitive » parce qu’elle est une partie de la phrase entière : « il fait toujours, à ce qu’il dit, les plus belles choses du monde » ou bien « ceux qui font le plus de menaces, ne sont pas les plus méchans » ou bien « les peuples sauvages étant hommes, ils sont capables de raisonner juste » ou bien « pour entretenir la discipline dans un état, il faut quelque fois des éxemples de sévérité » ou bien « selon la maxime des plus sages Philosophes, c’est régner que de se posséder soi même ».
Dans toutes ces phrases partitives, on trouve un nom et un verbe : « les gens qui font le plus de menaces » est l’équivalent de « les gens considerez, en tant qu’ils font le plus de menaces. » On met la virgule après une phrase partitive à moins qu’elle soit extrêmement courte et que la virgule soit inutile pour les distinguer.
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Par contre, on ne mettrait pas de virgule lorsque la partitive est à la suite d’une préposition qui suit le verbe de la principale : « il faut être interrogé pour répondre » - mais il faudrait la virgule dans « pour répondre, il faut être interrogé ». Buffier suppose que c’est parce que les mots se présentent dans un ordre plus naturel dans le premier cas, qui fait que le lecteur n’a pas besoin de l’aide de la virgule pour reconstituer le sens. Tandis que si les phrases étaient plus longues, la virgule serait nécessaire : « il faut s’acoutumer à ne jamais faire de discours frivoles, pour être toujours en état de parler avec justesse ».
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Quand la phrase partitive est une parenthèse et qu’elle a un nominatif et un verbe exprimé, il faut une virgule avant et après la parenthèse. Si elle a plus de trois ou quatre mots, on l’enferme entre deux grands crochets « ( ) » (le premier est décalé vers le bas, le second est décalé vers le haut).
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Le point se place après un tissu de plusieurs phrases (sic) alors que le sens est achevé et que la période est achevée – plusieurs phrases dont l’une fait attendre l’autre. Quand la dernière phrase n’en fait plus attendre d’autres, la période est finie et il faut mettre un point. « Si un déplaisir aussi grand que d’avoir perdu le meilleur de ses amis, pouvoit laisser place à d’autres chagrins, j’aurois eu une mortification très sensible de me voir privé de mes livres. ».
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Si une phrase vient s’ajouter à la période (elle ne se fait pas attendre et pourtant elle dépend de ce qui précède), elle est surnuméraire, comme « mais les plus grandes douleurs étoufent les moindres » - on ne met pas le point mais une ponctuation « mitoyenne » comme les deux points ou le point et la virgule – indifféremment – sauf en cas de conjonction comme « cependant », « néanmoins », « mais », « excepté que », « si bien que », « de maniére que », « d’autant plus que », « quoique », « parceque », « puisque », « pourvu que », « afin que », « du reste », « au reste » - c’est alors une virgule que l’on place avant la conjonction.
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De même, lorsque la période est longue, on emploiera une ponctuation mitoyenne au milieu de la période, pour reprendre haleine, à l’endroit où commence la phrase surnuméraire, qui souvent commence au milieu de la période.
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Les deux points marquent un détachement plus fort, mais rien n’est fixé. Par exemple, on met plutôt les deux points avant les conjonctions aversatives (sic), restrictives, conditionnelles comme « mais », « cependant », « néanmoins », « d’ailleurs », « du reste », « excepté », « pourvu que », « à condition ».
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Par ailleurs, on mettra plutôt le point et la virgule devant les phrases surnuméraires qui en dépendent pour leur régime et qui en font comme des nouvelles parties, comme dans « vous qui êtes insensibles aux bontéz d’un Dieu qui vous a prévenu le premier ; d’un Dieu qui n’est jamais jaloux de votre cœur que pour votre propre felicité ; d’un Dieu qui trouveroit également Sa gloire à vous perdre par justice, comme à vous sauver par miséricorde. » ou bien « le discours avoit deux parties ; la prémiére, où l’on montroit la necessité de combatre, la seconde, où l’on montroit l’utilité qui en devoit revenir. »
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Souvent, plus les phrases sont courtes, plus les ponctuations sont faibles.
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Pour distinguer quand on doit mettre un point et quand on doit mettre une ponctuation plus faible, on se base sur le sens et l’étendue de la période à venir. L’usage de la conjonction peut guider vers l’idée de transition d’une période à une autre : « mais », « en éfet », « au reste ».
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Par ailleurs, le sens parait achevé après une phrase courte dans le discours coupé, familier, libre. Comme la brièveté des phrases ne fait pas obstacle à la compréhension, Buffier recommande d’affaiblir les ponctuations.
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POINT D’INTERROGATION, POINT D’ADMIRATION
Ils s’utilisent après une période qui renferme une interrogation ou une admiration : « après tant d’avertissemens se jétera-t-il dans le précipice ? » ou « après tant d’avertissemens se jeter dans le précipice ! »
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| | | Greenheart
Messages : 4041 Date d'inscription : 03/05/2008
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Mer 10 Aoû 2011 - 19:33 | |
| BIZZARERIES D’USAGES
ARTICLES
NOMS D’ARTISTES ITALIENS
Certains noms de peintres ou de poètes d’Italie ont l’article défini : « Le Tasse », « L’Arioste », « Le Titien », « Du Tasse », « Au Titien », « Le Poussin », « Du Poussin » - mais on ne dit pas « Le Michel-Ange », « Le Raphaël », « Le Pétrarque ».
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NOMS PROPRES CONTENANT L’ARTICLE
Quand la particule « le » fait partie du nom propre, elle se garde dans tous les cas : « le Maître » ; « les playdoyez de le Maître », « s’en raporter à le Maître ».
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NOMS DE FEMMES
On met l’article défini devant les noms de femmes pour les distinguer des noms d’hommes, mais cela implique que la femme n’est pas tenue en grande considération : « la Thibaut », « la le Maire ».
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TITRES D’HONNEUR
On ne met pas d’article devant certains titres d’honneur qui précèdent les noms propres comme « Monsieur », « Madame », « Monségneur ». On met l’article quand le titre peut convenir à plusieurs personnes. Il faut retrancher le « mon », « ma », « mes » : on ne dit pas « le Monségneur » mais « le Ségneur » ; on ne dit pas « la Madame » mais « la Dame ». On dira « le Ségneur », « un Ségneur », « ce Ségneur », « ces Dames ».
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« Monsieur » a des usages particuliers : on ne dit plus « le Sieur » que pour railler ou dans des formules de procédure. On ne dit pas « le Monsieur » ni « du Monsieur » mais « un Gentilhomme », « le Gentilhomme », « l’homme » ou « la persone dont j’ai parlé ». Ce n’est pas bien de dire « C’est un Monsieur » sauf si on veut plaisanter. On ne dit pas « ce Monsieur » mais on dit très bien « Ces Messieurs ».
Buffier considère qu’il existe des circonstances où « ce Monsieur » est excusable : quand on ne peut dire ni « ce Gentilhomme » parce que cette qualité peut ne pas convenir et sembler ridicule – et qu’on ne peut pas non plus dire « un homme » parce que la personne a fait quelque chose dans le monde (sic).
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Les articles « de », « des », « du » ne sont pas maintenus si les noms propres sont prononcés sans le titre d’honneur : « Monsieur » etc. Donc on dit « Monsieur de Turenne », mais si on ne dit pas « Monsieur », on dit « Turenne » (et pas « de Turenne »). On dit « Monsieur de Villars » mais si on ne dit pas « Monsieur », on dit « Villars ». Cependant, si le nom propre ne fait qu’une seule syllabe, ou s’il fait deux syllabes et que la dernière s’appuie sur un e muet (une seule syllabe complètement prononcée) ou si le nom propre commence par une voyelle, on dit l’article : « Monsieur de Thou » devient « De Thou » et pas « Thou ». « Monsieur de Vardes » devient « De Vardes » et pas « Vardes ». « Monsieur d’Armagnac » devient « D’Armagnac » et pas « Armagnac », « Monsieur d’Etampes » devient « D’Etampes » et pas « Etampes ».
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NOMS DE RIVIERES
Les noms féminins de cours d’eau prennent l’article indéfini après « riviére » : « La rivière de Seine ». Les noms masculins de cours d’eau prennent l’article défini : « La riviére du Rhone ». On ne dit jamais « fleuve » au lieu de « riviére ».
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NOMS DE MONTAGNE Les noms de montagnes prennent l’article « de » après « montagne » : « la montagne de Tarare » ; ou bien sans article après le mot « mont » : « le mont Taurus.
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PRESQUE Il est « indélicat » d’utiliser « de » devant « presque » : on ne dit pas « c’est le sentiment de presque tout le monde » mais « presque tout le monde est de ce sentiment ». Sur ce point, Buffier juge que le besoin de communiquer devrait l’emporter sur la délicatesse.
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NOMS A LA SUITE D’UN VERBE
Les noms qui complètent l’idée d’un verbe ne prennent pas l’article à la suite de ce verbe.
Voici une liste d’expressions de ce type :
Avoir faim, soif, apétit, envie, dessein, honte, coutume, chaud, froid, compassion, pitié etc. Donner avis, caution, quitance, parole, rendez-vous, cours, cariére, jour, prise etc.
Faire grace, voile, naufrage, banqueroute, alliance, mine, semblant, front, face, argent, provision. (Impersonnellement) : il fait jour, nuit, clair, chaud, froid, beau etc.
Parler raison, François, Latin etc. Prendre patience, garde, jour, heure, langue, terre, conseil, , médecine, séance, part etc.
Porter malheur, bonheur, compassion, coup, envie, témoignage. Entendre malice, raison, raillerie, Vêpres, Matines
Chanter ou dire Matines, Vêpres etc. Gagner pays, mettre fin etc.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Jeu 11 Aoû 2011 - 2:00 | |
| - Greenheart a écrit:
- « ils » se prononce « is » ???
Sans doute i avec le s du pluriel. - Citation :
- J se prononce « J consonne » (« i consonne » ?)
V se prononce « V consonne » (« u consonne » ?). Un héritage du latin, qui ne distinguait pas I/J ou U/V. - Citation :
- Buffier propose dans la foulée d’apprendre les consonnes de l’alphabet en les appuyant seulement sur la voyelle e muet (« eu » de peu ?) : « be, ce, de… » (prononcé « beu, seu, deu… » ?).
Sans doute une manière de faire un e non muet, comme dans euh... - Citation :
- E muet après une voyelle à la fin d’un mot sert à indiquer que la voyelle se prononce longue : « vie » se prononce « vi » (« vi-i » ?), « journée » se prononce « journé » (« journé-é »), « ils rient » se prononce « ri » (« ri-i »).
Ça a disparu. - Citation :
- IN / IM : Le I nasal se prononce comme le E nasal ouvert èn dans les mots courts (pas plus de deux syllabes : « Vin » se prononce « vèn » (« vaine ? »), « inde » se prononce « ènde » (« aine-de » ?).
Sans doute pour bien noter quel son est nasalisé, sans l'aide de l'API. - Citation :
- AE vient du grec et a le son « é » : « Aegipte » (« éjipt » ?)
Bien oui ! - Citation :
- AIL suivi de deux L ou un seul L final : A reste « a », I marque le L mouillé. « mail » se prononce « a-il » (« a-ye » ?), « émailler » se prononce « éma-iller » (« éma-yer » ?).
Bien oui, il parle de L mouillé. - Citation :
- OI se prononce « è » ouvert (« ai » ?), ou bien en deux syllabes « o-è » (.« o-ai » ?).
On le prononce encore comme ça dans certaines zones du Québec... - Citation :
- Le C ne se prononce pas avant le T de « conctrat » (?) : « contrat ».
J'imagine qu'on prononçait le T. - Citation :
- « je courrai » se prononce « je cour-rai », « je mourrais ? » se prononce « je mour-rais ? ».
Bien sûr. C'est comme ça qu'on fait. Pas en France ? - Citation :
- Deux G devant é ou i, les deux G avec leur son propre (GH ?) : « Suggérer » se prononce « Sug-gérer ».
Influence de la notation italienne, comme dans spaghetti. - Citation :
- « Bâtit » (aedificavit = édifier ?)
Oui, au parfait (passé simple), 3 e personne du singulier. - Citation :
- « mârri » ?
Maintenant, on écrit marri. - Citation :
- « paste », « feste », « fistes » (verbe faire ?), « hoste », « fustes » (verbe être ?).
Oui, fîtes et fûtes. |
| | | Greenheart
Messages : 4041 Date d'inscription : 03/05/2008
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Jeu 11 Aoû 2011 - 11:36 | |
| Merci pour toutes ces précisions. | |
| | | Nemszev Admin
Messages : 5559 Date d'inscription : 06/03/2008 Localisation : Bruxelles, Belgique
| Sujet: Re: Prononciation du français du 17ème / 18ème siècle Jeu 11 Aoû 2011 - 11:48 | |
| - Silvano a écrit:
-
- Citation :
- E muet après une voyelle à la fin d’un mot sert à indiquer que la voyelle se prononce longue : « vie » se prononce « vi » (« vi-i » ?), « journée » se prononce « journé » (« journé-é »), « ils rient » se prononce « ri » (« ri-i »).
Ça a disparu. Pas en Belgique. Personnellement, je distingue "bout" (ou court) de "boue" (ou long: bou-ou) et "vit" (i court) de "vie" (vi-i). Idem pour l'accent circonflexe, qui allonge la voyelle. Maître (long)/mettre (court)... - Citation :
-
- Citation :
- AIL suivi de deux L ou un seul L final : A reste « a », I marque le L mouillé. « mail » se prononce « a-il » (« a-ye » ?), « émailler » se prononce « éma-iller » (« éma-yer » ?).
Bien oui, il parle de L mouillé. S'il parle de L mouillé, je prends ça pour un L palatal. Certains wallons prononcent encore les "ill" comme des "ili" ("maquiller" se prononce alors "maquilier"). - Citation :
-
- Citation :
- Deux G devant é ou i, les deux G avec leur son propre (GH ?) : « Suggérer » se prononce « Sug-gérer ».
Influence de la notation italienne, comme dans spaghetti. Je ne vois pas le rapport avec le GH italien... J'entends souvent des gens dire "sugérer". Moi je dis bien "sugue-gérer" (sans le e bien sûr). _________________ Le grand maître admin-fondateur est de retour. - Bedal Original, bien justifié, et différent du sambahsa et de l'uropi. - Velonzio Noeudefée Nemszev m'a fait une remarque l'autre jour, et j'y ai beaucoup réfléchi depuis. - Djino J'ai beaucoup de tendresse pour ta flexion verbale. - Doj-Pater Pourquoi t'essaies de réinventer le sambahsa ? - Olivier Simon Oupses ! - Anoev
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