- Anoev a écrit:
- Greenheart a écrit:
- Et vois-tu le COI qui devient COD dans...
JE PARLE À QUELQU'UN.
J'INTERPELLE QUELQU'UN.
Normal, puisque ce n'est plus le même verbe.
C'est exactement mon propos : la syntaxe est inclue dans le paquet cadeau du verbe.
Il est également possible que le paquet cadeau contienne plusieurs règles d'usage, soit selon la définition, soit pour une même définition, soit selon l'époque d'usage, ou l'usage courant / spécial etc. Rien n'empêche ces règles d'être contradictoires.
- Anoev a écrit:
Mais dans "j'en appelle au peuple" et "j'appelle le peuple", là, y a d'quoi creuser! Dans le premier exemple, on a même deux COI (du moins en français*): "j'appelle de en au peuple"; de en = de ça.
A priori il faut commencer par remettre la phrase dans son ordre non contracté pour essayer d'y comprendre quelque chose.
"J'en appelle au peuple" = "j'appelle AU = AUPRES ( = AD latin) peuple DE = AU SUJET DE (= DE latin) cela" - le AU suppose que "le peuple" est au-devant de moi, comme au bas d'une tribune par exemple.
"J'appelle le peuple" = APPELARE, appeler à (cf. Dictionnaire de latin de H. Goelzer, chez Bordas), le AP est en fait la contraction de AD.
On est donc dans un cas que je citais plus haut, le fait que certains verbes ont intégré leur préposition, la partie PELO voulant sans doute dire "ouvrir la bouche pour parler".
Si on remet dans le bon sens et en retraduisant en français, on obtient bien "Je (pelle = bêle / baille / braille / parle / bulle) AU (= AD latin) peuple.
Le système d'analyse grammatical français essaie de faire table rase du latin depuis la délatinisation, mais c'est impossible, car le français est une langue construite à partir du latin.
Il est logique que les descriptions qu'on en retire soient confuses et erronées.
Il vaut mieux, à mon avis, raisonner en terme de compléments (peu importe qu'ils soient directs ou indirects ou circonstanciels) et de cas, notion bannie de la grammaire française, quand bien même elle se présente encore de manière flagrante dans certaines situations (les pronoms personnels).
***
Pour l'histoire des deux COI, c'est parfaitement possible en français - il n'y a aucune limite théorique à la juxtaposition ou au remorquage.
Deux COD, c'est déjà moins évident, vu que par définition, il n'y a que de places adjacentes au verbe, mais si ça se trouve, on y arrive aussi : "Je l'appelle Jean" // "J'appelle cet homme Jean".
- Anoev a écrit:
*Pour "parler", en aneuvien, j'ai dû m'en sortir avec deux verbes de type différent:
Un verbe transitif: lokùt, lorsque le sujet de la discussion n'est pas énoncé:
Eg lokùt anoevens = je parle aneuvien
Eg lokùt ni ase = je leur parle
Eg lokùt anoevens ni ase = je leur parle aneuvien.
Un verbe intransitif: dysert, si le sujet du discours est évoqué:
Eg dysert hràmmaren = je parle de grammaire
Eg dysert hràmmaren fraṅsenev = je parle de grammaire en français
Eg dysert à fraṅsen hràmmaren ni ase = Je leur parle de la grammaire française.
Tu as, si je comprends bien, deux cas de figure :
(1) absence de préposition ou de terminaison pour marquer le cas >> règle spécifique au verbe choisi
(2) présence d'une préposition ou d'une terminaison pour marquer le cas >> règle spécifique à la préposition ou à la terminaison (ici NI, si je ne me trompe pas).
Il y a un troisième cas de figure qui serait qu'en l'absence de marque ou en cas de marques contradictoires, à l'interlocuteur de se débrouiller en se basant sur un contexte établi en début de discours (cf. le japonais, où le contexte doit être établi en tête de phrase et le verbe principal rejeté en fin de phrase).
En Rémaï, le principe de "à idée identique, mot identique" s'opposait à créer deux verbes différents, l'un transitif, l'autre intransitif.
Au début j'ai cru qu'en systématisant la présence de cas, j'éviterai le problème, mais au fil des progrès, je suis retombé sur les deux cas de figure (1) et (2), à cause de la règle selon laquelle toute suite de syllabes est signifiante : j'ai dû fixer le sens de la phrase qui ne contient aucune marque de cas (ni préposition, ni terminaison) - cas de figure (1).
Ce qui devrait donner pour les phrases que tu cites en rémaï 28.4 (en plein rodage) :
Je parle aneuvien :
JIJO MOU ANEUVIEN NSHAÏ
ou JIMOU ANEUVIEN-N SHAÏ JO
ou JIJO MEOMOU ANEUVIEN-N (JAÏ / SHAÏ) etc.
Je leur parle (à eux ou à elles) :
JIJODALI
ou JIJO KEODALI
ou JO TEOJI KEODALI etc.
Je leur parle (à eux) aneuvien :
JIJODALI MOU ANEUVIEN NSHAÏ
ou JIMOU ANEUVIEN-NSHAÏ JODALI
ou JO TEOJI MEOMOU ANEUVIEN-N KEODALI... etc.
Je parle de (la) grammaire :
JIJO LAI SHARADEN JAÏ
ou JIJO LEOLAI SHARADEN
ou JILAI SHARADEN JAÏ JO etc.
Je parle de (la) grammaire (en général) en (utilisant la langue) français (e) :
JIJO LAISHARAEN JAÏ MOU FRANSAI N SHAÏ
ou JIMOUFRANSAI N SHAÏ JO LAISHARADEN JAÏ
ou JIJO MEOMOU FRANSAI N SHAÏ LEOLAISHARADEN JAÏ.
Je leur parle (à eux) de (la) grammaire en français :
JIJODALI LAISHARADEN JAÏ MOU FRANSAI N SHAÏ
ou JIJO KEODALI LEOLAISHARADEN JAÏ MEOMOU FRANSAI N SHAÏ.
Dans tous les cas, le verbe JO (ou YO) se construit avec n'importe quel type de complément, comme on peut l'utiliser sans complément (YO : On parle, on exprime, on signifie).
A chaque fois, plusieurs formulations sont possibles, dans n'importe quel ordre, en tenant compte des zones d'influences ou de blocage des différents mots employés.
Tous les mots en EO marque des cas (sujet TEO, objet NEO, datif KEO, moyen, MEO etc.)