- lsd a écrit:
- ces incises à fonction phatique ont un rapport avec les zones d'influence: elle sont complètement transparente (au sens de greenheart) et sont même "hors zone" !
leur zone d'influence est en direction des locuteurs et échappent aux liens entre les mots...
Je ne suis pas certain que les incises soient ni transparentes, ni hors zone, mais je suis par contre d'accord sur le fait que leur influence et les influences des mots qui les composent sont à gérer à un autre niveau que la phrase "coeur".
Je teste toutes ces hypothèses d'influences pour mettre au point le Rémaï 32, et le problème des incises s'est, je crois, résolu en même temps que deux autres, qui relèvent de la même logique :
La phrase "coeur" ou la zone classique d'influence des mots concerne une scène décrite par celui qui parle, qu'il soit partie prenante à l'action ou pas.
En français cela donne : "L'homme me donne le ballon".
En rémaï 32 : "DA_JAIJIN DO JI DA_KAIWEN" ou quelque chose dans ce goût.
Les influences vont donner quelque chose comme :
(L'>) Homme << me > << donne >> (le >) ballon.
( DA_ ) JAIJIN > DO > >> JI // >> (DA_ > ) >> KAIWEN.
// indique que le mot suivant est coupé du précédent.
>> >> indique des influences à distance.
( ) indique des mots transparents.
Le premier problème sur lequel j'ai buté relatif aux incises, c'est la zone d'influence des assertifs rémaï.
Un assertif donne un avis sur tout ce qui précède, genre "je pense que c'est bien" ou "je pense c'est mal", donc pas de problème : l'assertif remplace une ponctuation, la zone d'influence va s'étendre sur tout ce qui se trouve avant, jusqu'à l'assertif précédent ou bien, à défaut le début du paragraphe, les premiers mots prononcés.
Le hic, c'est que cet avis vient de quelque part : celui qui dit la phrase.
Donc un assertif s'approche d'un verbe d'opinion, qui sert à commenter ce que l'on dit en direct.
Mais si le locuteur peut le faire, pourquoi pas une autre personne, soit un auditeur (toi), soit un tiers (lui ou elle), apparaissant ou non dans la scène décrite par la phrase.
D'autant que dans les dernières versions du rémaï les verbes d'opinion semblaient avoir disparu, à part les candidats assertifs qui remplissaient parfaitement la fonction, sauf pour changer de sujet (de destinataire etc.).
Puis j'ai réalisé qu'il suffisait d'utiliser un "marqueur" qui existait déjà, le mode de la citation SHOU, ou mode par défaut de lecture du Rémaï.
Pour ceux qui ne connaissent pas, un mode ouvre une fenêtre qui contient la description d'une qualité, donc c'est un peu un adjectif, mais limité à trois catégories : les sons prononcés (mode vocaux), les chiffres (modes numériques qui permettent entre autre de compter ou numéroter) et les modes sensoriels (couleur, forme, dimension), avec des modes hybrides et SHOU justement qui se trouve appartenir aux trois catégories à la fois.
Voici comment SHOU fonctionne depuis pas mal de temps déjà : SHOU correspond à une ouverture de guillemet, puis vient les paroles répétées, puis EN qui referme tous les modes vocaliques.
Français : (On cite, on dit, on prononce) "L'homme me donne le ballon".
Rémaï : SHOU DAJAIJIN DO JI DAKAIWEN EN.
Les influences liées à la citation donnent sans doute cela :
Français : " > // L'homme me donne le ballon // < "
Rémaï : SHOU > // DAJAIJIN DO JI DAKAIWEN // <"
Est-ce la citation est si transparente que cela ? Oui et non.
Oui parce que les mots à l'intérieur des guillemets ne peuvent apparemment plus avoir d'influences sur le reste de la phrase.
Non parce que cette citation peut très bien remplir n'importe lequel des rôles (fonction grammaticale) que l'on peut attribuer à un nom commun, voire à n'importe quel autre mot, mais à un niveau supérieur, à savoir tout ce qui n'est pas entre les guillemets.
Par exemple en français :
'Avec "Donner sans compter et compter sans donner", mon dernier livre*, j'aborde le thème de l'évolution de notre société de consommation au regard de l'actualité récente.
Pour commander "Donner sans compter et compter sans donner", vous pouvez vous rendre sur ma page Internet à l'adresse suivante...'
*NDR : C'est un livre imaginaire pour les besoins de l'exemple.
Dans l'exemple précédent, on constatera que la partie entre guillemets va se retrouver dans la fonction de complément de moyen (ablatif latin etc.), puis dans la fonction d'objet.
Donc la citation n'est en rien transparente, en tout cas à ce niveau d'influence de la phrase.
Pour en revenir au problème de pouvoir utiliser les assertifs comme des verbes d'opinion, j'ai réalisé qu'il suffisait d'enfermer la phrase précédant l'assertif - sur laquelle porte l'opinion normalement exprimée par celui qui parle - en incluant l'assertif final. Dès lors je peux considérer la phrase, assertif inclus, comme un nouveau nom représentant une chose que l'on peut posséder, ou sur laquelle on peut agir (complément d'objet) ou dont on peut se servir (complément de moyen) etc.
Que s'est-il alors passé et qu'est-ce que cela implique du point de vue des zones d'influence des incises ?
Mon hypothèse est que dès que l'on passe au niveau "phatique", on se contente d'ajouter deux bornes ("début de commentaire" et "fin de commentaire") à un énoncé qui contenait déjà les deux bornes "début d'affirmation" et "fin d'affirmation.
J'essaie de tester cette hypothèse :
En français : "Une femme me dit que cet homme veut me donner le ballon. Il l'accompagne."
En rémaï : "JAIWIN YO JI SHOU DA JAIJIN SHADO JI KAIWEN EN YAO. JAIJIN WO JAIWIN RAO"
Première surprise : les pronoms de reprises français ou les reprises rémaï continuent de pouvoir reprendre n'importe quel mot de n'importe quel niveau de la phrase, phatique, cité ou non.
Cependant, l'hypothèse semble confirmée : en français, comme en rémaï, de nouvelles "bornes" apparaissent :
Début niveau 2 = commentaire du niveau 1 : "
Une femme me dit
que" Fin du niveau 2. Début niveau 1 "
cet homme veut me donner le ballon
." Retour du niveau 2 = reprise du commentaire de la scène racontée par la femme (je vois que l'homme au ballon accompagne la femme)
OU BIEN poursuite du niveau 1 (le ballon accompagne l'homme ? l'homme accompagne le ballon ?). L'énoncé est équivoque.
En rémaï : début du niveau 2 (JAIWIN YO JI : la femme me dit) fin du niveau 2, début du niveau 1 marqué par SHOU (cet homme veut me donner le ballon) fin du niveau 1 marqué par EN qui referme SHOU. Retour univoque du niveau 2 (JAIJIN WO JAIWIN - l'homme accompagne la femme, RAO, je le vois). L'assertif RAO indique la fin de la phrase, donc du commentaire de même niveau que "la femme me dit".
- lsd a écrit:
Elles (ces incises) peuvent être à l'oral l'équivalent des guillemets, des tirets, des points d'exclamation...et bien plus!
Quand tu dis "tirets", tu parles des demi quadratins qui servent à indiquer un changement de locuteur dans un dialogue, n'est-ce pas ?
Il existe au moins deux autres "tirets" : celui qui équivaut à des parenthèses, celui qui soude deux mots ou parties de mots entre elles pour n'en former qu'un seul au sens grammatical français., soit qu'un retour à la ligne coupe un mot trop long pour la largeur de page, soit que le mot exige du point de vue de l'orthographe un tiret pour être reconnu comme correctement écrit.
A l'oral, les tirets extérieurs aux mots peuvent impliquer des pauses et des changements de tons, mais pas toujours. On peut aussi dire que pour ne pas être confus, le changement d'interlocuteur indiqué par un retour à ligne plus quadratin, ou une incise suivie de guillemets ouverts implique un changement de timbre, de caractère, identifiant ou confirmant la présence du nouveau personnage à l'oreille de l'auditeur.
- lsd a écrit:
Dans mon cas de zones d'influence fixes et à sens unique, elles posent problème. Quoique s'agissant de langue en priorité d'écrit, les fonctions phatiques ne sont pas toujours très nécéssaires
...ou alors il faut y tolérer les enfilade de phrases incomplètes
Apparemment pas plus que pour d'autres fonctions de la phrase : toute influence implique l'existence de bornes qui marque pour le lecteur ou l'auditeur le début et la fin de la zone d'influence.
En français, ces bornes sont en partie typographiques (majuscule en début de phrase, guillemets, quadratins etc.
Ce qui serait "nouveau", ce serait que ces bornes "phatiques" se positionnent exactement comme les autres bornes nécessaires à limiter les influences à l'intérieur d'une phrase "moins phatique", et que le contenu phatique ou "moins phatique" peut très bien influencer, au moins dans le cadre d'une reprise, la phrase suivante, tandis que la phrase "moins phatique" est certainement sous influence de la phrase "phatique" et peut remplir n'importe quelle fonction grammaticale dans celle-ci.
- lsd a écrit:
Elles (ces incises) peuvent être à l'oral l'équivalent des guillemets, des tirets, des points d'exclamation...et bien plus!
Juste pour remarquer : en rémaï, plusieurs points français se traduisent par des assertifs en AO :
Le point d'exclamation : SAO.
Le point d'interrogation : KAO.
Le point d'une phrase positive : YAO (oui = je dis que).
Le point d'une phrase négative : NAO (non = je ne dis pas que).
Certes, c'est probablement une particularité du rémaï, qui a transformé les signes de ponctuation français en mots grammaticaux pour les faire disparaître d'un document écrit et permettre sa transformation totale en une autre série de signes n'incluant pas de signes écrits français, comme uniquement de la musique, uniquement des formes et des couleurs, uniquement des signes de la main etc.
Mais d'un autre côté, cela met peut être un peu plus en lumière comment ces ponctuations peuvent exercer une influence limité directionnelle lisible sur les autres parties de l'énoncé qui les entourent.