- Nemszev a écrit:
- - factitif: Pierre a fait construire une maison.
- causatif: Marie fait manger des épinards à ses enfants.
En
Kotava, ces questions de verbes factitifs (qu'on appelle actanciels) sont à la fois simples et enquiquinantes :
Simples, parce que Staren Fetcey a établi une règle théoriquement limpide (voir pour ceux que ça intéresse ce document : http://www.kotava.org/fr/fr_teliz_dirgasgrayeem.pdf ).
Cela va utiliser des subordonnées et jouer sur actif/passif de la subordonnée.
Pierre fait construire une maison :
Pierre askir da mona zo vegedurLittéralement : Pierre / il fait / que / maison / être construite
Pierre : sujet principal
askir : verbe faire, 3ème personne singulier présent indicatif
da : que, conjonction subordonnante
mona : maison, sujet de la subordonnée
zo vegedur : soit construite, 3ème personne sing.
passif présent indicatif, dont le sujet est "mona"
Marie fait manger des épinards à ses enfants :
Marie askir da va karku nasbeikeem esturLittéralement : Marie / elle fait / que / de l'épinard / (son collectif d')enfants / mange
Marie : sujet principal
askir : verbe faire, 3ème personne singulier présent indicatif
da : que, conjonction subordonnante
nasbeikeem : (ses) enfants (mot singulier avec suffixe -eem collectif)
estur : mange, 3ème personne sing.
actif présent indicatif, dont le sujet est "nasbeikeem"
Mais enquiquinantes, parce qu'en Kotava on n'aime ni les subordonnées (surtout celles avec "da") ni le passif !
En conséquence de quoi, au moins pour le second exemple, on trouve de plus en plus une "ruse", que personnellement je préfère, par le biais du préfixe factitif d'adjectif verbal :
Marie fait manger des épinards à ses enfants :
Marie va nasbeikeem gu karku tuestusarLittéralement : Marie / ses enfants (collectif) / de l'épinard / rend qui mange
Marie : sujet principal
va nasbeikeem : (ses) enfants ; complément d'objet du verbe qui suit
gu karku : de l'épinard ; complément secondaire du verbe qui suit
tuestusar : rend qui mange ; verbe sur : tu- (préf. factitif) + estu (racine verbale, manger) + -s (marque du participe
actif) + -a (marque verbalisante) + -r (désinence de la 3ème personne sing.), tout cela au présent de l'indicatif ; le sujet de ce verbe est "Marie" et son objet "les enfants"
Et c'est là où l'on voit l'un des intérêts de la préposition universelle "
gu" qui ouvre sur un complément secondaire (le principe des verbes bitransitifs). Ici, elle vaut "génériquement" en s'appropriant, si on peut dire, le complément habituel du verbe "manger" (manger quoi ?) pour libérer la place en tant que complément premier à celui qui en serait normalement le sujet dans une construction directe (qui mange ?). Parce que cette histoire de factitif, ce n'est ni plus ni moins qu'ajouter un complément supplémentaire (et un second actant) sur un verbe qui normalement est simplement transitif. Ce qui est totalement dans l'esprit de la fameuse voix complétive du Kotava, récemment avalisée par le Comité Linguistique.
Merci à vous pour cet exemple apparemment anodin, mais qui, pour le Kotava tout au moins, est très instructif et donne un fort argument quant au traitement "générisé" des verbes ou formes bitransitives et leur claire compréhension.
- Anoev a écrit:
- Akirons a fait cuire son rôti trois quarts d'heure.
Le verbe cuire est utilisé intransitivement, la cuisson affecte le roti et le sujet eh bien c'est... Akirons.
Par ailleurs, dans "Georges fait manger son chien" et "Linda fait ouvrir une enquête", on a bien là une différence.
C'est bien le chien qui mange, mais pas l'enquête qui ouvre (l'enquête est complément du verbe "ouvrir").
Akirons a fait cuire son rôti trois quarts d'heureAkirons barbartivbalemeacon va solzaks lembierLittéralement : Akirons / pendant 3/4 d'heure / le rôti / (fait) cuire
Akirons : sujet
barbartivbalemeacon : trois quarts d'heure ; adv. temporel de durée (composé)
va solzaks : le rôti ; complément d'objet
lembier : cuit, fait cuire ; verbe transitif 3ème personne singulier présent indicatif
En Kotava, le verbe
lembié est un verbe d'action transitif, donc ici c'est tout simple pour traduire
Georges fait manger son chienGeorges askir da vakol estur = Georges fait manger (à) son chien (quelque chose). Chien est "actif" (cf. supra)
Georges askir da vakol zo estur = Georges fait manger (par quelqu'un) son chien. Chien est ici "passif"
Linda fait ouvrir une enquêteLinda askir da kogrupara zo bokar = Linda fait qu'une enquête soit démarrée (passif transitif)
Linda askir da kogrupara bokawer = Linda fait qu'une enquête démarre (actif intransitif)
mais le Kotava possède un préfixe verbal (run-) qui a valeur d'ouverture de quelque chose (lumière, porte, etc.) :
runkogrupá = démarrer, ouvrir, lancer une enquête (indépendamment de tout côté aspectuel ou d'inchoatif)
-->
Linda va koncoba turunkogrupanar = Linda fait ouvrir une enquête sur quelque chose
Littéralement : Linda / sur quelque chose / rend qui est ouvert une enquête
Linda : sujet principal
va koncoba : quelque chose ; complément d'objet du verbe qui suit
turunkogrupanar : rend qui est ouvert une enquête ; verbe sur : tu- (préf. factitif) + runkogrupa (racine verbale, ouvrir enquête) + -n (marque du participe
passif) + -a (marque verbalisante) + -r (désinence de la 3ème personne sing.), tout cela au présent de l'indicatif ; le sujet de ce verbe est "Linda" et son objet "quelque chose"
Linda va kontan turunkogrupasar = Linda fait ouvrir une enquête par (à) quelqu'un
Littéralement : Linda / quelqu'un / rend ouvrant une enquête
Linda : sujet principal
va kontan : quelqu'un ; complément d'objet du verbe qui suit
turunkogrupasar : rend ouvrant une enquête ; verbe sur : tu- (préf. factitif) + runkogrupa (racine verbale, ouvrir enquête) + -s (marque du participe
actif) + -a (marque verbalisante) + -r (désinence de la 3ème personne sing.), tout cela au présent de l'indicatif ; le sujet de ce verbe est "Linda" et son objet "quelqu'un"
on pourrait ajouter un complément secondaire
gu koncoba : quelque chose, à propos de quelque chose