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 Double datif, double génitif, double accusatif, double ablatif

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Greenheart




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MessageSujet: Double datif, double génitif, double accusatif, double ablatif   Double datif, double génitif, double accusatif, double ablatif EmptyJeu 15 Aoû 2019 - 17:53

Vous avez peut-être entendu parlé en latin du double accusatif :

(tous les accusatifs latins sont indiqués avec l'accent grave)

Rogare aliquèm sententiàm
(interroger quelqu'un son avis = interroger quelqu'un sur son avis, exiger de quelqu'un son avis).

Caesar exercitùm Ligerìm traducit
(César fait passer son armée la loire = fait passer son armée, et fait passer la Loire à son armée).

*

Mais avez-vous entendu parlé en latin du double, triple, quadruple ablatif ? (exemple officiel augmenté).

(tous les ablatifs latins sont indiqués avec l'accent circonflexe)

Noctê, Alexander, uestê depositâ, descendit funê in flumen.
De nuit, Alexandre, ses vêtements ayant été déposés, descend à l'aide d'une corde dans la rivière.

*

Mais n'oublions pas les doubles, triples, quadruples génitifs du latin (combinaison d'exemples officiels) :

(les génitifs latins sont indiqués par un tréma)

Viuörum memini magnï ingeniï rationïs et orationïs
Je me souviens des vivants d'une grande ingéniosité (dotés) de raison et de parole.

*

Et enfin les doubles datifs qui sont à l'origine de mon questionnement ?

(les datifs latins sont indiqués par des macrons)

Hoc est mihī dolorī
Ceci est pour moi une douleur

Subsidiō suīs ierunt
Ils allèrent au secours des leurs

*

Bref...

Comment traduisez-vous dans vos langues construites, les situations où deux compléments dans la phrase remplissent grammaticalement la même fonction ? ou se terminent par le même cas, ou sont introduits par la même préposition ? ou portés par la même particule ? (préposition post-ponée).

Est-que votre langue construite tolère d'ajouter à la phrase des compléments de même position ou même fonction, et laisse au lecteur / auditeur le soin de reconstituer en fonction du sens des mots ce qui se passe selon votre idée ?

Autrement dit, avez-vous une règle spécifique pour distinguer les fonctions différentes qu'un mot peut avoir quand sa position, sa préposition ou son cas pointe vers une seule fonction, peut-être en fonction de la position du complément dans la phrase ?

Ou bien à chaque fois que vous rencontrez ce cas de figure, vous créez une nouvelle règle, un nouveau mot pour lever la confusion de manière explicite ?

***
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Olivier Simon
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Olivier Simon


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MessageSujet: Re: Double datif, double génitif, double accusatif, double ablatif   Double datif, double génitif, double accusatif, double ablatif EmptyJeu 15 Aoû 2019 - 18:26

Pour ce qui est des ablatifs multiples en latin, ça s'explique facilement par le fait que l'ablatif remplit diverses fonctions dans cette langue :


Noctê, Alexander, uestê depositâ, descendit funê in flumen. =

nocte = ablatif de "date"
veste deposita = ablatif absolu (circonstance de l'action)
fune = ablatif de moyen.

Vraisemblement en PIE, "nocte" aurait été au génitif ("de nuit") car l'action se déroule durant une partie de la nuit (partitif)
"fune" aurait été à l'instrumental.

En Sambahsa : Nocts, Alexander, skladus sien vesters, steighti ghom do id sreumen med un dauyn.

"nocts" = "la nuit", "de nuit"
"skladus" = participe actif passé (ayant déposé)


C'est pareil pour le génitif qui est un ancien partitif.

Viuörum memini magnï ingeniï rationïs et orationïs

Le génitif n'est pas que pour l'appartenance mais aussi la description (je crois que l'ablatif est également possible là = "magno ingenio";

et correspond à l'ancien "partitif" IE, que l'on peut comparer à l'usage du "de" français pour le prédicat.

"Je bois de l'eau"
"Je me souviens DE...."


Le double datif latin serait un idiotisme de cette langue, c'est-à-dire que le datif "normal" aurait "contaminé" l'autre terme se rapportant à ce substantif au datif. Ou peut-être faut-il y voir un vestige des anciens noms verbaux PIE souvent au datif ?

Si on compare avec l'anglais : "subsidio" = "to help".


Les doubles accusatifs ont été étudiés par moi dans un long article (enfin, dans sa première partie) ; je montre que l'accusatif est un ancien "intégratif" qui décrit ce qui est entièrement concerné par l'action verbale (et donc s'oppose au partitif qui décrit ce qui n'est concerné qu'en partie).

(pour les courageux : https://www.academia.edu/17299209/Cons%C3%A9quences_du_non-marquage_morphologique_de_la_transitivit%C3%A9_en_Proto-Indo-Europ%C3%A9en_sur_son_syst%C3%A8me_verbal )

Cependant, dans de nombreux cas, les doubles accusatifs sont dus à des "factitifs".

C'est le cas de "rogare", de la racine "reg", soit "diriger".

"rogare" = "faire diriger".

Pour l'exemple avec "traducere", "faire passer"; l'une des explications est que il y a d'une part l'accusatif de "ducere", et de l'autre celui de "tra(ns)".

C'est en fait : Caesar exercitum ducit trans Ligerim

(César mène son armée au-delà de la Loire)


En Sambahsa, les cas de doubles accusatifs se retrouvent soit avec les verbes factitifs (terminaison : -eih), soit pour les appositions.

Dans ce dernier cas, la particule "ka" (comme, en tant que) est souvent utilisée, pour éviter les confusions, car l'accusatif sambahsa n'est obligatoirement marqué que sur les pronoms non-neutres.

Traduc' toute récente :

buitghi promulget un reul quod buw el atst purt ios Roy, ner au ster, ka hered ios scepter. = car fut promulguée une règle qui faisait (de) l'enfant aîné du Roi, mâle ou femelle, (comme) héritier du sceptre

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http://sambahsa.pbwiki.com/
Anoev
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MessageSujet: Re: Double datif, double génitif, double accusatif, double ablatif   Double datif, double génitif, double accusatif, double ablatif EmptyJeu 15 Aoû 2019 - 19:06

Pour ce qui est de cas exprimé deux fois dans une phrase, l'aneuvien n'est pas en reste. Déjà, comme l'accusatif est utilisé pour exprimer le datif, il est évidemment utilisé pour exprimer le complément objet second :

Ka gèvun ù knegs ni ed neràpdax. = Elle donne un livre à son fils.

Par contre, dans cette phrase :

Eg hidda àt bàjges ber faarun staż = J'ai pris le vélo pour aller en ville.

Il ne s'agit pas d'un double accusatif : chacun des verbes (hid & faar) a son propre complément à l'accusatif, même si c'est pas le même.

Le circonstanciel est, lui aussi dédoublé : normal, les types de circonstants sont nombreux. Au aura :

Ar pàtezar fœntev per Chunetev. = Ils sont arrivé à pied par la Chine*.
Da usfaară à staréa roaṅdatev = Il sortit du garage en marche arrière.


C'est d'jà moins évident avec le génitif. Il faudrait, pour ça, qu'un nom soit complément d'un autre déjà au génitif, par exemple : ù trăg paastane hryt zĕmen = un plat de pâtes au blé dur°.

*Et non pas... D'toute manière, cette finesse est intraduisible  en aneuvien.
°Mais ù trăg paastane kœm todulas = un plat de pâtes à la sauce tomate, puisque todúla est ici l'accompagnement, la garniture, toujours à l'accusatif.

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Greenheart




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MessageSujet: Re: Double datif, double génitif, double accusatif, double ablatif   Double datif, double génitif, double accusatif, double ablatif EmptyVen 16 Aoû 2019 - 14:52

Il m'est venu plusieurs exemples en français.

*

Pour le complément d'objet direct, voici une première phrase :

A1 : Il éclaire la nuit le jardin.

*

En supprimant l'un ou l'autre des compléments d'objets directs.

A2 : Il éclaire la nuit.

A3 : Il éclaire le jardin.

*

Maintenant, en déplaçant les "compléments d'objets directs".

A4 : Il éclaire le jardin la nuit.

A5 : La nuit, il éclaire le jardin.

A6 : Le jardin, il éclaire la nuit.

*

En changeant le pronom personnel sujet :

A7 : Elle éclaire la nuit le jardin.

A8 : Elle éclaire le jardin la nuit.

A9 : La nuit, elle éclaire le jardin.

A10 : Le jardin, elle éclaire la nuit.

***

Second exemple, avec la préposition "pour" (qui pourrait passer pour un datif français).

B1 : Je cuisine des pâtes pour ce soir pour dix personnes pour dîner italien.

*

En supprimant des compléments :

B2 : Je cuisine des pâtes pour ce soir.

B3 : Je cuisine des pâtes pour dix personnes.

B4 : Je cuisine des pâtes pour dîner italien.

*

En déplaçant les compléments :

B5 : Je cuisine des pâtes pour ce soir pour dîner italien pour dix personnes.

B6 : Pour ce soir, je cuisine des pâtes pour dîner italien pour dix personnes.

B7 : Pour dîner italien, je cuisine pour dix personnes pour ce soir.

B8 : Pour dix personnes, je cuisine pour dîner italien pour ce soir.

***

Toutes les phrases ont du sens, les compléments ont apparemment la même fonction, sauf qu'arbitrairement un professeur de français peut déclarer que l'un est plutôt un complément de but, l'autre de destination ou encore complément circonstanciel de temps, ou encore dans le cas de la nuit et du jardin, que l'un est complément circonstanciel de temps et l'autre un complément d'objet direct - et éliminer des sens possibles sur la base du sens lexical des compléments.

*

Seulement toutes ces phrases peuvent décrire une scène cohérente : il est possible dans la réalité d'éclairer la nuit, possible d'éclairer un jardin, et une nuit claire peut éclairer un jardin, comme un jardin éclairé éclaire forcément la nuit.

Et j'ai aussi l'impression que le déplacement des compléments ajoutent du sens - au lieu d'en enlever : par exemple dans le dernier exemple B8, rejeter "pour ce soir" à la fin de la phrase sous-entend qu'à la phrase suivante nous parlerons plus probablement de ce que je cuisinerai pour demain midi, ou demain soir :

* les compléments au début servent, je crois dans toutes les langues à indexer (étiqueter par thème) les phrases en annonçant de quoi le narrateur parle.

* les compléments à la fin servent, à annoncer le thème de la phrase suivante.

***

J'espère ne pas enfoncer des portes ouvertes à travers ces exemples, mais je ne le crois pas, car lorsque ces phrases sont traduites dans une langue naturelle ou artificielle, la structure grammaticale change et le sens peut tout en recouvrant le sens de la phrase de départ, être augmenté ou plus ou moins resserré à cause du système grammatical et syntaxique.

Par exemple la première phrase A1 en latin :

A1 : Il éclaire la nuit le jardin.

Je suis obligé en latin de trancher sur la nature des compléments du verbe "éclairer", à cause du système de cas explicites.

A1-LA1 : Splendet noctèm hortùm.

La nuit et le jardin sont forcément compléments d'objets directs pour cause de cas accusatif explicite. Nox et Hortus n'ont aucune autre forme qui s'écrive comme leur forme à l'accusatif singulier.

Deux traductions possibles à mon avis :

Impersonnel : Quelque chose éclaire la nuit et le jardin.
Personnel : Quelq'un éclaire la nuit et le jardin.

*

A1-LA2 : Splendet noctê hortùm.

Deux traductions possibles, mais cette fois la nuit est forcément complément de temps. De même Noctê ne peut être qu'à l'ablatif, même si cet ablatif est habituellement interprété à l'usage comme un adverbe.

***

En anglais :

A1 : Il éclaire la nuit le jardin.

Pour traduire je suis obligé de trancher entre un sujet "chose" (it, the night, the garden) et un sujet "personne masculine" (he).

Je ne suis pas obligé de trancher sur les compléments, mais par contre il me semble que je suis obligé de changer la ponctuation et de préciser si la phrase doit continuer ou non.

A1-UK1 : He lights up the garden, the night.
A1-UK2 : He lights up the garden the night... (... of the Halloween concert / ... his family visits)
A1-UK3 : He lights up the garden at night.

Traduction des parenthèses :

Il éclaire le jardin la nuit... (d'Halloween.)
Il éclaire le jardin la nuit... (où sa famille lui rend visite).


*

A1-UK1 : It lights up the garden, the night.
A1-UK2 : It lights up the garden the night... (... of the Halloween concert / ... his family visits)
A1-UK3 : It lights up the garden at night.

*

Concernant la ponctuation :

Paradoxalement je devrais rajouter une virgule entre garden et the night pour l'exemple UK1 et l'enlever si la phrase UK2 continue selon les règles actuelles de ponctuation anglaise, qui consiste à éliminer toute ponctuation qui n'est pas absolument essentielle, quand bien même le lecteur à haute voix et son public qui l'imiterait devrait mourir d'asphyxie pour tenir jusqu'à la fin d'une très longue phrase.

***

En Stellaire il se passe des choses encore plus étranges, à cause du fait que les noms (et les verbes) n'ont pas de genre mais une nature, et à cause du fait qu'il est possible de choisir la classe grammaticale de n'importe quel mot en changeant sa terminaison : toutes les classes grammaticales sont possibles pour tous les radicaux porteurs de sens (ou non).

A1 : Il éclaire la nuit le jardin.

Quand je veux traduire cet phrase, je suis, comme en rémaï, déjà obligé de décider qui est qui, ou qui est quoi. Donc comme en anglais, je dois décider si "il" est un homme, un homme ou une femme ou une chose (le lampadaire dans la rue voisine ? un astre).

A1-FRST1 : Eclairot...
A1-FRST2 : Eclairut...
A1-FRST3 : Eclairet...

Le second choix qui s'offre ensuite à moi est de décider du statut grammatical des deux mots qui suivent le verbe, et ce, en fonction de la nature du sujet du verbe indiquée par la voyelle terminaison du verbe.

*

Et là, j'ai en stellaire des possibilités de traduction inattendues : par exemple, si "jardin" et "nuit" reçoivent la même terminaison, les deux mots ne représentent qu'un seul objet, ce qui reviendrait en français à évoquer "un jardin nocturne" ou une "nuit horticultrice" (?). Si je veux séparer les deux objets, je traduis les déterminants ou j'ajoute une virgule séparatrice.

A1-FRST4 : Eclairot nuiten jardinen (il éclaire le jardin nocturne / il éclaire la nuit et le jardin à la fois).
A1-FRST5 : Eclairet nuite jardine. (on éclaire le jardin de nuit / le jardin de nuit éclaire).
A1-FRST5 : Eclairet len nuiten len jardinen. (on éclaire la nuit et le jardin - deux objets séparés).

... Et je constate que j'ai oublié des lectures possibles de la phrase de départ, dans laquelle le sujet du verbe conjugué serait "jardin", quand bien même il ne serait pas placé en tête de la phrase.

***
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MessageSujet: Re: Double datif, double génitif, double accusatif, double ablatif   Double datif, double génitif, double accusatif, double ablatif EmptyVen 16 Aoû 2019 - 18:12

Tu m'a plongé dans un abime de réflexion. Comment peut-on éclairer la nuit ? J'avais, au font de mon cerveau : la lune éclaircit la nuit et éclaire le jardin. Autrement dit : rend la nuit plus claire et renvoie de la lumière (du soleil, en fait) sur le jardin.

Peux-tu nous en, dire davantage ?

Par contre, ton exemple des pâtes, j'l'ai trouvé super ('tant plus que j'adore les pâtes !).

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MessageSujet: Re: Double datif, double génitif, double accusatif, double ablatif   Double datif, double génitif, double accusatif, double ablatif EmptyVen 16 Aoû 2019 - 19:42

Anoev a écrit:
Tu m'a plongé dans un abîme de réflexion. Comment peut-on éclairer la nuit ? J'avais, au font de mon cerveau : la lune éclaircit la nuit et éclaire le jardin. Autrement dit : rend la nuit plus claire et renvoie de la lumière (du soleil, en fait) sur le jardin.

Tout ce qui émet ou reflète des rayons lumineux éclaire.

Par exemple un feu éclaire, le Soleil éclaire, un mur blanc exposé au soleil éclaire indirectement les objets qui lui font face, la Lune reflète les rayons du Soleil et éclaire la nuit noire.

***

La nuit est un espace physique, qui contient tout ce qui n'est pas éclairé par le jour ("le soleil se lève alors la nuit recule"). Comme tous les espaces, il peut éclairer directement ou indirectement tout object à proximité si dans la nuit il y a une source de lumière : typiquement la Lune, mais en ville nous avons l'éclairage public et son reflet dans la couche nuageuse au-dessus de la ville.

La nuit signifie l'obscurité, les ténèbres, l'absence de jour. Il s'agit d'un espace, qui métaphoriquement devient un espace temporel, soit le moment entre les jours, le jour étant la lumière du Soleil durant la journée, ou un espace laissant passer cette lumière (l'espace est pris pour la lumière qu'il laisse passer). Physiquement, il fait nuit quand il y a une éclipse, ou quoi que ce soit qui empêche le jour d'atteindre les objets sous le ciel.

S'il y a un incendie de forêt, une aurore boréale, des éclairs un feu d'artifice la nuit "s'éclaire", parce que la lumière se reflète sur les particules en suspension. Une nuit zébrée d'éclairs (un orage très sombre qui ne laisse plus passer le jour) va forcément éclairer le sol, la maison, de manière intermittente.

***

Si la nuit est compris comme le moment de la nuit (= la fin du jour, l'espace après le coucher du soleil et avant l'aube), dire qu'il fait nuit implique que les enseignes lumineuses en ville sont allumées, les lampadaires, les fenêtres etc. ou tout simplement les lumières installées dans le jardin pour éviter de tomber quand on le visite de nuit.


***

Le verbe "éclaircir" signifie simplement "éclairer" avec un aspect progressif indiqué par le suffixe. On dit aussi "noircir", "épaissir", "rôtir" ("rostir"), "roussir" etc.

Exemples :

C : Le temps s'éclaircit.

D : En ajoutant du blanc, j'éclaircis la peinture et le rouge devient rose.

E : Son visage s'éclaircit = son expression change, les sourcils se défroncent, les tours des yeux se défroissent, le front se déride et la peau, et les yeux paraissent plus clairs avec toutes les ombres des rides en moins.  

Donc si l'on peut (1) éclaircir la nuit, on peut (2) éclairer la nuit, la différence étant seulement que "éclairer" montre une nuit claire, et "éclaircir" montre une nuit qui devient plus claire.

***

La traduction du second exemple (des pâtes) en anglais :

UK : I'm cooking pasta for tonight for ten people to eat italian.

En anglais, il faut changer de préposition devant "dîner italien" = "manger italien".

Il y a une traduction alternative qui utilise trois fois "for" : "for an italian dinner", mais ce n'est causé par la confusion entre le nom dîner et l'infinitif dîner / manger.

Noter le passage en anglais du verbe conjugué au progressif présent, qui est sous-entendu en français.

Mais se pose alors le problème de savoir si au moment de la réplique, le narrateur se projette dans un futur où il est en train de cuisiner, cuisine actuellement, ou se contente de décrire en général l'activité de cuisiner, ou encore utilise un présent de narration qui remplace toutes les formes conjuguée autre que le présent (ce soir je cuisine italien, demain je cuisine coréen).

***
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MessageSujet: Re: Double datif, double génitif, double accusatif, double ablatif   Double datif, double génitif, double accusatif, double ablatif EmptyVen 16 Aoû 2019 - 20:48

Pour moi il y a une imprécision de sens.

Il éclaire la nuit le jardin.

soit cela peut signifier :
- "La nuit, il éclaire le jardin.", auquel cas "la nuit" est un complément circonstanciel de temps
- "il éclaire la nuit avec ses illuminations comme tous les occidentaux qui pratique la pollution lumineuse et se voit extrêmement bien depuis la station spatiale international ou de n'importe quel satellite en orbite."
Mais à ce compte, en terme de sens, le seul énoncé "il éclaire la nuit le jardin" me parait un peu court pour être clairement explicite.
Mais ce peut être un effet de style voulu.

Il est vrai qu'en absolu:
Il éclaire la nuit le jardin
est possible voire correct grammaticalement, mais que l'usage lui préférera dans le sens 2
Il éclaire la nuit et le jardin avec ...
Il éclaire et, la nuit et, le jardin ...

Ce n'est que mon point de vue, bien évidemment et je n'ai pas lu troute les explications, mais comme Anoev le premier exemple m'a quelque peu surpris et bien que je sois d'accord que ce puisse être un double complément verbal, l'énoncé strictement limité ainsi n'aidait guère en terme de sens.

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MessageSujet: Re: Double datif, double génitif, double accusatif, double ablatif   Double datif, double génitif, double accusatif, double ablatif EmptyVen 16 Aoû 2019 - 21:58

Velonzio Noeudefée a écrit:
"La nuit, il éclaire le jardin.", auquel cas "la nuit" est un complément circonstanciel de temps.
Tempev pœr es! J'ai, mal lu ! Avec "la nuit, il éclaire le jardin", tout devient clair ! Razz Même avec il éclaire le jardin la nuit. On pourrait même avoir "il éclaira le jardin cette nuit" (la nuit du meurtre).


Mais là, on aurait, dans tous les cas ( Question ) un temporel et un accusatif, mais pas deux fois l'même cas.

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MessageSujet: Re: Double datif, double génitif, double accusatif, double ablatif   Double datif, double génitif, double accusatif, double ablatif EmptyDim 18 Aoû 2019 - 14:30

Une remarque et un nouvel exemple en français.

*

La ponctuation change à l'écrit le sens de la phrase, cf. mon post précédent si vous le lisez jusqu'au bout.

Mais la ponctuation ne s'entend pas ou ne s'entend pas clairement à l'oral : il y a donc forcément d'autres règles d'interprétation à l'oeuvre, que l'ajout de ponctuations à l'écrit ne fait que suppléer.

Par exemple :

* la virgule, le caractère espace, le trait d'union peuvent ne pas s'entendre du tout à l'oral.
* la virgule peut se confondre avec le point-virgule et le point à l'oral.
* le point, les points de suspension, l'ouverture de parenthèses et le saut de ligne peuvent se confondre à l'oral.

***

Un exemple français de compléments tous introduits par "de", la préposition qui peut se traduire en latin par un génitif.

M1 : La maison de pierre de ma mère de Bretagne a une chambre d'hôte de rêve de mémoire.

*

Il est impossible de nier ici que toutes les permutations (changement de position) des compléments introduits par "de" ont un ou plusieurs sens admis quand on les lit séparément.

Spoiler:

Et cette propriété n'est pas spécifique à la préposition "de".

***

M2 : La maison de pierre (la maison qui est construite en pierre).

M3 : La maison de ma mère (la maison qui appartient à ma mère, la maison que loue ma mère, la maison que ma mère loue, la maison où ma mère est née etc.)

M4 : La maison de Bretagne (la maison qui est en Bretagne, la maison transportée depuis la Bretagne et reconstruite en Ardèche, la maison de style breton etc.)

M5 : La maison d'hôtes (la maison qui accueille des invités).

M6 : La maison de rêve (la maison que je ne vois qu'en rêve et qui n'existe pas, la maison dont je pourrais rêver qui existe dans la réalité, la maison qu'un autre rêve par exemple l'auteur d'un article dans un magazine d'architecture ou un catalogue d'une agence immobilière, la maison que tout le monde rêve).

M7 : La maison de mémoire (au sens littéral, un musée ou un monument qui rappelle à la mémoire grâce à des souvenirs exposés ou simplement un nom chargé de souvenirs ou une cérémonie commémorative, au sens figuré la maison dont le narrateur se souvient, au sens du commentaire du narrateur ou métatexte la maison sous réserve que mon souvenir soit exact).

*

On peut recommencer les explications pour des phrases M8 à M14 où les compléments de nom sont appliqués cette fois au complément d'objet "une chambre" et trouver autant de descriptions réalistes et cohérentes et couramment admises.

M8 : La chambre de pierre / M9 : La chambre de ma mère / etc.

*

Mais ce qui est étonnant (?) est que nous pouvons aussi appliquer à un complément introduit par "de" tous les autres compléments, isolément ou en chaîne, peu importe que nous ajoutions des ponctuations.

M15 : La chambre de pierre de ma mère. (une chambre aux murs de pierres que ma mère occupe, dont elle est propriétaire, locataire, qu'elle a conçue en tant qu'architecte, qu'elle a construite en tant que maçon etc.).

M16a : La chambre de ma mère de pierre. (par exemple son tombeau où elle est représentée par une statue)

M16b = M15 : La chambre de ma mère, de pierre (la chambre aux murs de pierre que ma mère occupe etc.)

La différence entre M15, M16 et M16b ne s'entendra pas l'oral à moins que le locuteur fasse l'effort d'une pause pas trop longue, et/ou soit formé à déclamer le français, ce qui est (très) rare.

Spoiler:

***

De cet exemple, je déduis pour ma part que lorsque les cas, les prépositions et tout autre moyen d'identifier un complément comme la ponctuation, la position dans la phrase etc. sont redoublés, ils vont en réalité :

* soit s'appliquer au sujet et à tout ce qui relève de l'ablatif (moyen, lieu, temps qui accompagne constamment le sujet dans l'action pendant la scène décrite par la phrase).

* soit s'appliquer à l'objet direct et à tout ce qui ne relève pas de l'ablatif, y compris si ce complément d'objet direct n'est pas cité, comme dans un verbe conjugué intransitif en français ou dans un génitif s'appliquant au verbe conjugué en latin.

* soit s'appliquer à un objet quelconque de la phrase du moment que le complément est isolé (par exemple par une ponctuation, ou à la manière latine par une imbrication), ce qui inclue par exemple le complément de nom d'un complément de nom, comme "la voiture du Japon de l'homme" ou "la voiture de l'homme du Japon".

***

Ces règles étant liées à l'ordre dans lequel les idées se présentent à l'esprit du locuteur et à l'ordre dans lequel ce locuteur présente ses idées à l'interlocuteur, je soupçonne que ces règles sont des règles par défaut et ne sont pas propre à une langue en particulier et existe dans toutes les langues construites ou non.

***

Dès lors, de mon point de vue, tout s'éclaire (!) :

Chaque langue ajoute soit au niveau de ses règles grammaticales / syntaxiques, soit au niveau des règles lexicales (sens des mots, donc "droit" d'utiliser ou non ce mot dans telle structure grammaticale) - justement pour lever les confusions dans le cas de ces compléments présentés sous le même cas, après la même préposition, avant la même particule etc.

Et du coup voilà pourquoi nous retrouvons avec des cas ou des prépositions etc. qui ont plusieurs sens grammaticaux : dans les exemples précédents, nous voyons défiler devant la même préposition ou au même cas des compléments circonstanciels de temps, de lieu, des actions, des personnes destinataires ou émettrices (provenance) etc.

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