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| Osara, le cosmos arborescent | |
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Auteur | Message |
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Leo
Messages : 2324 Date d'inscription : 26/03/2009 Localisation : Peut-être
| Sujet: Re: Osara, le cosmos arborescent Mer 1 Juil 2020 - 2:20 | |
| Et un autre post de forum de traduit (un peu mieux cette fois).
Une histoire hyper-condensée de la péninsule d'Arbei
La péninsule a de nombreux noms. Depuis des temps immémoriaux, les roksas l'appellent le pays sombre car il est du côté sombre des montagnes; la fourche de la branche n'a jamais laissé de soleil y orbiter que pour de brèves périodes.
Le long règne de Tandrat
Grand seodi et prophète parmi les siwis des contrées lointaines du côté du soleil, Tandrat mena son peuple à la conquête de la péninsule. Sur le chemin le long de la côte des dauphins, ils eurent à combattre trois empires roksas. Cela prit une éternité. Ils perdirent beaucoup d'âmes, de têtes de bétail et d'esclaves ebeis.
Puis ils eurent à combattre toutes sortes de créatures dans la péninsule. Dans la saga de Tandrat, les siwis affirment qu'il y avait là de grands dragons, et même de petits dragons ailés, mais chacun sait que les dragons n'existent pas et que de toute façon les siwi ne feraient pas le poids contre eux.
Au centre de la péninsule s'étend le lac Irsal, au nom tout aussi mystérieux que ses profondeurs. Sur ses berges, Tandrat bâtit sa cour et connut de nombreuses générations de prospérité, ponctuée de batailles contre les Tsas du désert.
Puis il eut à combattre un clan siwi, les Chernets, qui venaient des côtes par-delà la Tranchée du Chasseur. Les Chernets étaient un peuple étrange. Ils traitaient leurs esclaves ebeis avec une incroyable molesse et permettaient même à certains d'entre eux de pratiquer l'Art (de la magie). Mais le plus incroyable était les bateaux que leurs ebeis bâtissaient, qui leur permettaient de traverser les mers. Incroyable encore était l'accord de paix qu'ils avaient avec les serpents de mer, qui les laissaient naviguer librement sur leurs eaux tant qu'ils n'y pêchaient pas. Ils ne révélaient pas comment ils avaient obtenu cet accord.
Les Chernets fuyaient par la mer l'expansion de l'empire Kti, qui fut probablement le plus sanglant (et le plus bref) que cette branche du monde ait connu. Tandrat les autorisa finalement à s'installer sur les côtes ingrates de la mer des serpents en échange de leurs techniques navales. Cependant, les Chernets endurèrent une série de persécutions avant que les populations ne commencent à se mélanger lentement. Certains rentrèrent dans leur patrie pour y trouver les ruines de leur civilisation envahies par d'autres siwis.
La naissance de l'Arbei
C'est alors que survint la révolte des esclaves, la période la plus violente de la péninsule, dont les échos parcoururent toute la Branche, exacerbant la répression de tous les ebeis. La révolte débuta dans les monts des Faucons où de nombreux seodis ebeis vivaient cachés et où de nombreux esclaves ebeis les rejoignirent.
Les seodis des esclaves avaient toujours été un énorme problème pour tous les esclavagistes. Les seodis vivent durant de nombreuses générations, ils sont durs à subjuguer et encore plus durs à tuer, car leur corps physique n'est qu'une ombre de leur existence. Et pourtant cette ombre est plus brillante que tout mortel. Les racines d'un seodi courent dans les veines des dieux et leurs feuilles sont leur peuple. Quand leur peuple s'éteint, ils meurent. Quand leur peuple traverse une crise majeure, ils meurent et de nouveaux seodis naissent.
Avec la bataille de Haemeden dans les monts des Faucons, qui vit la victoire des rebelles, commença l'ère de l'arc et de la flèche. Pour la première fois, les ebeis furent capables de bâtir des forts et de défendre des territoires sans jamais reculer. Mille après mille, saison après saison, ils submergèrent les collines du côté sombre des montagnes.
Pendant ce temps, de l'autre côté de la péninsule, se déroulait une révolte différente. Certains descendants des esclaves venus avec les Chernets s'étaient également cachés dans leur propres montagnes et avaient étudié la magie. Ils inventèrent des techniques de combat qui retournaient l'énergie d'un adversaire contre lui. Les femmes s'avérèrent meilleures combattantes que les hommes, et elles prirent la tête.
Il fallut trois générations pour que les choses se calment dans la péninsule. Ara Ebei, le pays des ebeis, était né, s'étendant sur la moitié de la superficie de la péninsule avec Skaisal pour capitale. Sur la côte des serpents, Ara Ostos, le pays des falaises, s'étendait sur des centaines de milles de falaises et de montagnes sous le règne des reines magiciennes d'Aetseodi.
(...) | |
| | | Leo
Messages : 2324 Date d'inscription : 26/03/2009 Localisation : Peut-être
| Sujet: Re: Osara, le cosmos arborescent Jeu 2 Juil 2020 - 1:44 | |
| Les contes de Tabiarani (suite)
Elle raconta son enfance dans les montagnes, le groupe qui se cachait de grotte en grotte, guettant toujours le ciel et portant l'arc à chaque fois qu'ils allaient chercher de quoi manger dans la forêt. Elle raconta combien tous attendaient impatiemment les nouvelles d'Anti et des Gardiennes de l'Art, et de la nouvelle seodi qui était née près de la source côtière, pleine de vigueur, juste à temps pour se précipiter du haut de la falaise et fondre sur Tandrat qui rôdait aux alentours.
A chaque fois que Tabiarani s'écartait de la vérité, oubliait un détail ou cachait quelque chose, les dévoreurs le sentaient. Le chef sursautait et levait un bras menaçant. Au début, elle crut qu'ils lisaient dans ses pensées, mais elle ne percevait aucune intrusion, et ils semblaient vraiment apprécier lorsque les choses étaient contées en mots, l'un après l'autre. C'était leur longue expérience de l'écoute qui les avait rendus si pénétrants.
Elle parla du vieux qui rassemblait le groupe autour de lui le soir et les exortait à rester forts. Il déviait souvent dans des histoires qui venaient appuyer ses propos. Il ne connaissait pas beaucoup d'histoires mais à chaque fois elles paraissaient nouvelles, et la jeune Tabiarani l'écoutait comme si un dieux se tenait devant elle.
Elle commença à raconter une des histoires du vieux, l'histoire de Swekim, et devant les yeux fixes et le silence religieux des dévoreurs elle se sentit comme une déesse, avant de se rappeler où elle était et ce qui lui arrivait.
Ainsi raconta-t-elle l'histoire de Swekim:
***
C'était au temps où Tandrat tenait le soleil entre ses ailes, et les ebeis baissaient la tête devant les siwis. Faha parcourait les montagnes et descendait souvent pour appeler son peuple. Mais les ebeis lui disaient: "Regarde, Faha, toi qui nous a mis au monde, Tandrat nous a pris notre souffle, notre sang, notre sève. Comment pourrions-nous te suivre dans la montagne si nos pieds ne nous appartiennent plus?"
Mais un jour une fille du nom de Swekim écouta Faha et elle dit à tous les ebeis du village: "Venez, suivez-moi, je vais rejoindre Faha dans la montagne." Le village se moqua d'elle: "Et que vas-tu faire dans la montagne? Tu ne sais que détourner les gars et les filles de leur travail." Mais Swekim ne les écouta pas. Elle s'enfuit du village et Faha la couvrit de son souffle, et les siwi ne la virent pas.
Les siwi la crurent morte et l'oublièrent. Dans le village les jeunes gens se taisaient, et dans leurs rêves il cherchaient les bras de Swekim. Mais Swekim était partie rejoindre Faha dans la montagne. Alors ils décidèrent d'aller lui demander de revenir, mais les siwis les virent et leur firent si mal qu'ils perdirent la vue durant des jours. Mais dans le noir ils voyaient le visage de Swekim qui leur souriait. Alors ils décidèrent de partir pour de bon et de rejoindre Swekim dans la montagne, et Faha les couvrit de son souffle, et les siwis ne les virent pas.
Ils vécurent dans les grottes de la montagne et Faha leur enseignait les plantes et les fruits qu'ils pouvaient manger, et Swekim restait avec Faha qui lui montrait comment faire croître les arbres et mûrir les fruits. Et Swekim donnait de la force à tous les ebeis de la montagne, et Faha lui dit: "Swekim, à compter de ce jour, tu es ma petite soeur, car toi seule m'as écoutée et m'as suivie, et tous sont venus après toi." Et Faha la mena à l'arbre immortel, qui s'ouvrit pour l'accueillir et lui donner sa sève à boire, et Swekim la mortelle devint Swekim la déesse, petite soeur de Faha.
Et quand Anti naquit dans les montagnes, Faha et Swekim vinrent la bercer de leurs souffles mêlés, et Anti devint si forte qu'elle triompha des siwis, et quand elle fut reine elle bâtit un temple pour Faha et la pria pour que l'Arostos grandisse comme un arbre robuste et vigoureux, et elle bâtit un temple pour Swekim et la pria de couvrir à jamais tous les ebeis de sa chaleur.
***
Le chef des dévoreurs baissa lentement la tête et la releva brusquement, les yeux brillants. "Anti avait-elle déjà bâti des temples à cette époque?" Tabiarani déglutit. "Des autels au fond des grottes, qu'on appelait des temples." Le dévoreur renifla. "Il ne faut pas mélanger les époques. La prochaine version du conte viendra en son temps." Tabiarani acquiesça. "J'en connais au moins une dizaine." - "Très bien, nous les entendrons toutes." | |
| | | Leo
Messages : 2324 Date d'inscription : 26/03/2009 Localisation : Peut-être
| Sujet: Re: Osara, le cosmos arborescent Mar 7 Juil 2020 - 2:56 | |
| Une Histoire hyper-condensée de la péninsule d'Arbei (suite)
Les querelles incessantes
Durant quelque temps tous les ebeis se sentirent frères d'armes, s'entraidant chaleureusement à bâtir les villages et faisant plein de bébés promis à des lendemains souriants. Cependant les siwis vaincus se sentaient eux aussi frères d'armes, s'entraidant chaleureusement à guérir les plaies et faisant plein de bébés promis à grossir l'invincible armée de la vengeance.
Mais dans le secret de son cœur, Tandrat le Grand était amer et fatigué, et les seodis siwis tendent à finir ermites dans les bois et les montagnes. De nombreux seodis ebeis étaient nés durant la Révolte mais aucun ne semblait vouloir devenir roi de son peuple. C'était étrange, inédit chez les autres pensants. Les roksas répétaient que les ebeis avaient brisé l'Ordre du Monde et que de Mauvaises Choses allaient s'ensuivre, comme durant la Chute du Soleil qui brûla la terre et créa le désert des Tsas, il y avait très très longtemps.
Les ebeis furent bientôt divisés. Skaisal désapprouvait Aetseodi, suspectant le royaume de tisser des accords secrets avec les siwis et peut-être même les roksas de la Grande Vallée, les Cheps. L'ascension de la magie arostosienne était effrayante. Et Balkis, ville portuaire en croissance, reprochait à Skaisal la capitale de ne pas porter secours au duché d'Adakri qui luttait constamment pour sa survie contre les Tsas.
Les siwis se divisèrent aussi. Les descendants des Chernets furent encore une fois persécutés, soupçonnés de tisser des accords secrets avec les Arostosiens. Une opinion grandissante accusait Tandrat de faire trop attendre le temps de la revanche. Un jeune seodi défia Tandrat mais fut tué six fois au cours des six duels qu'ils firent. Loin de calmer les esprits, l'évènement spectaculaire ne fit qu'attiser les disputes.
Balkis lança une compagne massive par mer et terre pour secourir Adakri, drainant des combattants de tout l'Arbei et déclenchant la guerre civile entre les partisans de la Seconde Revolte qui voulaient libérer tous les ebeis esclaves où qu'ils soient, et les partisans de l'Harmonie qui préferraient ne rien changer à l'état du monde ou bien attendre des temps plus propices. Skaisal et Shankaresti tombèrent sous la pression de Balkis mais le pays d'Arostos le repoussa.
(...)
Et un morceau d'histoire (originellement en français) qui entre dans l'intimité des siwis. On y trouve le mot siwi hipek, de même origine que le mot arbéien ebei (préarbéien hapee, dont la racine pee a aussi donné kopee > kwei: main, voir le fil sur les langues d'Osara).
Assis en tailleur auprès de l'âtre mourant, enroulé dans ses ailes usées, l'ancêtre morose ressemblait à un tas de neige glacée. Personne ne le dérangeait quand il ressemblait à un tas de neige. Il fit un signe de la tête, et les singes accoururent en silence avec des brassées de bois qu'il jetèrent sur les braises avant de se retirer prestement. Le vieux fronça les sourcils en fixant les branches fraîches du regard, et des jets de vapeur s'en échappèrent en sifflant. Il s'avachit en poussant un grognement fatigué, puis s'appliqua de nouveau, jusqu'à ce que les branches s'enflamment de l'intérieur, avant que les braises n'aient eu le temps de les travailler.
L'hiver n'en finissait pas de mourir. La chasse était maigre, avec la bise du nord qui vous rongeait les ailes avant de vous les tordre. On se contentait du sang fadasse des vaches anémiques des écuries, et de fruits secs qui sentaient le moisi. Le vieux déploya ses ailes dans la chaleur des flammes, soupira d'aise, et rota les saveurs aigres de la dernière saignée. Les enfants approchèrent à petits pas prudents, scrutant le visage de l'aïeul. Le plus âgé prit la parole: «Grand-père, pouvons-nous vous demander de nous raconter-» «L'histoire du Grand Tandrat?» Ils dressèrent tous leurs ailes et balbutièrent en chœur: «Que les dieux veillent éternellement sur l'aika du Grand Tandrat et de son peuple!» Le vieux hocha la tête, et l'enfant reprit: «Non, voudriez-vous nous raconter encore comment nous allons reprendre nos terres des sales mains des hipeks?»
L'aïeul se dérida un peu. «Voilà des petits qui sauront venger leurs ancêtres!... Eh bien... Vous savez que ces ingrats de rebelles ne valent que par leurs mains...» «Comment sont les mains des hipeks, Grand-père?» Les ailes du vieux frémirent. Il avait pourtant dit cent fois qu'il n'aimait pas être interrompu. «Leurs mains sont comme celles des singes. Enfin, à peu près. Et c'est avec ces mains-là qu'ils fabriquent toutes sortes d'outils pointus qu'ils lancent, et qui blessent et tuent comme des dents de dragon.»
Les enfants ouvraient de grands yeux. Le vieux sentait leur peur qui courait dans l'Aika tout autour d'eux. Il se dit, satisfait, qu'il était bon orateur. Mais ces petits laissaient un peu trop transparaître leurs émotions. L'éducation se perdait. «Seulement voilà, certains hipeks ont appris notre Art. Sans jamais nous égaler, bien entendu ; ce ne sont que des esclaves. C'est tout juste s'ils parviennent à brûler un brin de paille, ou à envoyer un oiseau à la pêche.» Le vieux avait un rictus de mépris. «Vous parlez des magiciennes du pays des Falaises?» «Oui, et des magiciens de Dalach. Dalach... que les hipeks ont effrontément rebaptisé l'Armon, et d'où provient notre Clan.» Les enfants dressèrent leurs ailes. «Que Mederet guide à jamais les Irolis!» Le vieux inclina profondément la tête.
«Et d'autres hipeks encore, qui font les messagers ou les guérisseurs. Ou les saltimbanques, pour les plus inconscients. Ecoutez-moi bien, les enfants... Ces écureuils qui veulent jouer les maîtres de l'Art seront notre arme pour reconquérir toute la Sifé. Ils croient tenir l'Aika entre leurs mains, mais nous allons enfermer leurs mains dans l'Aika!» «Comment, Grand-père?» «Nous en reparlerons demain. Je suis fatigué.»
Les enfants étaient déçus. Demain, ça voulait dire attendre un soir où l'aïeul serait de bonne humeur, et il fallait parfois attendre des jours. Ils ouvrirent leurs ailes devant le feu et se mirent à se chuchoter des plans d'attaque contre les hipecs. «Je fondrai sur leur roi, tout en haut de la tour de son château, et je lui arracherai la tête!» «Je leur ferai bouffer leurs mains, on verra s'ils font encore les malins!» «J'emporterai la reine des Falaises dans les airs, et je boirai tout son sang!» «Non! Ça, c'est mal! Tu vas t'empoisonner!»
«Les enfants! Allez vous coucher! Les guerriers se lèvent tôt pour apprendre leur Art et être dignes du Grand Tandrat!» «Que les dieux veillent éternellement sur l'aika du Grand Tandrat et de son peuple!» «Filez!» | |
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