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Anoev
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MessageSujet: Re: Conditions de succès d'une LAI   Conditions de succès d'une LAI - Page 3 EmptyVen 21 Aoû 2015 - 13:56

bedal a écrit:
Pas forcément : l'espéranto commence à avoir sa propre culture, non ?
Oui, mais ce n'est pas la culture native de nations (pléonasme étymologique) qui l'utilisent comme langue officielle.


Comme cette blague, maintenant connue.

-J'ai appris l'espéranto pendant bien deux~trois ans, mais je n'ai pas encore visité l'pays.

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MessageSujet: Re: Conditions de succès d'une LAI   Conditions de succès d'une LAI - Page 3 EmptyVen 21 Aoû 2015 - 14:51

Je me demande si mon blocage vis à vis de l’espéranto ne vient pas aussi un peu de certains locuteurs que j'ai rencontrés, il y a plus de 30 ans. A l'époque, j'ai eu la curieuse impression d'avoir affaire à des évangélisateurs porteurs d'une simili-culture, d'un idéal utopique, d'une quasi-religion, genre témoins de Jéhovah...
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Anoev
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MessageSujet: Re: Conditions de succès d'une LAI   Conditions de succès d'une LAI - Page 3 EmptyVen 21 Aoû 2015 - 15:03

PatrikGC a écrit:
Je me demande si mon blocage vis à vis de l’espéranto ne vient pas aussi un peu de certains locuteurs que j'ai rencontrés, il y a plus de 30 ans. A l'époque, j'ai eu la curieuse impression d'avoir affaire à des évangélisateurs porteurs d'une simili-culture, d'un idéal utopique, d'une quasi-religion, genre témoins de Jéhovah...
C'est vrai que ça aide pas !

Pour plaire aux gens, une langue doit leur parler de ce qu'ils aiment. Et l'prêchi-prêcha, c'a tendance à éloigner (sauf endoctrinement forcé, mais ce ne fut jamais le cas de l'Eo, contrairement (chronologiquement) : au castillan, au français, à l'anglais (UK ou US), au russe...).

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Seweli

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MessageSujet: Re: Conditions de succès d'une LAI   Conditions de succès d'une LAI - Page 3 EmptyMer 16 Nov 2016 - 16:45

Sab a écrit:
Citation :
Une petite question, au fait, dans quelle optique tu t'es mise au kotava? C'est vraiment dans l'optique que ça devienne une langue auxiliaire commune à l'international, ou alors déjà une langue vivante dans une communauté qui aime la langue qu'elle s'est appropriée?

Si c'est le premier cas, pourquoi ne pas avoir choisi une langue déjà plus parlée, comme l'esperanto, quitte à ce qu'elle te plaise moins, mais en ayant plus de chance de pouvoir la changer de l'intérieur?

Si c'est le deuxième cas, même si le kotava n'est pas une langue parlée aussi couramment que d'autres langues construites, une centaine de bons locuteurs actifs, ce n'est pas un si mauvais début pour une langue crée a priori, de toutes pièces, en 30 ans.

Une chose à dire, faut pas désespérer, même si ça te semble ramer.
Un peu tout cela. En premier lieu, je souscris profondément à l'analyse de Staren Fetcey sur les notions de "neutralité" culturelle et sémiotique du Kotava par différence avec d'autres idéolangues. Et puis on se laisse charmer par les qualités linguistiques propres à la langue, si, si ! Sinon, évidemment que les résultats ne sont pas nuls et même très positifs eu égard à la difficulté du genre, mais c'est vrai qu'on rêve toujours d'une envolée spectaculaire, une adhésion large et enthousiaste, un mouvement de fond.

Je crois que pour une idéolangue auxiliaire, l'enthousiasme de finalité ne peut pas être mis sur le même plan que pour une langue naturelle ou une idéolangue artistique. Apprendre une langue naturelle, même de faible rayonnement (surtout de faible rayonnement) c'est vouloir partager quelque chose avec des porteurs de mémoire et de culture, essayer que ne disparaisse pas un pan qui fait partie de notre humanité tout entière. S'investir dans un projet artistique, idéolangue, livre, tableau, etc. c'est croire que l'on peut produire une oeuvre originale et talentueuse qui sera reconnue pour ce qu'elle est, une oeuvre. Par contre, pour une idéolangue auxiliaire, c'est comme militer dans un parti politique ou une association, c'est en espérant aboutir à des résultats collectifs tangibles.

Je suppose que tous les adeptes d'idéolangue auxiliaire se torturent souvent l'esprit en essayant de voir l'idée géniale, de trouver le truc, le killer concept, qui ferait décoller le bidule. Et comme d'autres je me torture mais à la différence de Soeur Anne, je ne vois rien. Je ne crois pas à la simple mayonnaise des qualités intrinsèques. L'exemple de l'Espéranto est édifiant. Sans offenser personne, il a connu un bon départ, quelques turbulences, un certain rétablissement, et maintenant il arrive tout juste à assurer le renouvellement de ses départs en retraite. Et pourtant ce n'est pas l'énergie dépensée bénévolement qui manque, ni l'implication d'une grande majorité de ses membres actifs. Le problème c'est qu'il n'arrive pas à créer un domaine d'excellence qui lui soit propre, quelque chose qui lui serait reconnu comme une spécificité. La quête du Graal, corrigez-moi si je dis trop de sottises, a pu être d'essayer de se poser dans la normalisation de la communication aéronautique, de se lancer comme langue pivot dans des traducteurs automatiques, d'être à l'affut d'un domaine émergent à investir, etc. Rien qui n'ait été couronné de succès. J'ai le sentiment que Zamenhof, indépendamment de sa sincérité probable, avait en tête cela quand il a essayé de promouvoir l'homaranismo. Associer une langue à une expression "liturgique" a toujours fonctionné dans l'histoire. Il n'a pas été suivi et il a mangé son chapeau. Faudrait-il inventer une nouvelle religion dont le livre saint serait écrit en Kotava ?

Je quote ici cette vieille conversation (2009) issue de ce fil : http://www.ideolangues.org/t181p75-l-ideolinguistique-un-art-non-reconnu parce qu'elle soulève quelques points intéressants. Je précise que je fixe le succès d'une lang-aux à environ un million de locuteurs (en vitesse de croisière tranquille)... étant donné qu'un succès plus large (remplacer l'anglais) dépend trop de facteurs externes imprévisibles et improbables pour en parler sans sortir trop du sujet.

Déjà, paradoxalement, une lang-aux pour réussir devrait séduire par le fait que ses locuteurs la parlent par plaisir, sans se soucier de son avenir. Pour ma part, je ne serais pas étonné que ce soit involontairement une lang-art qui soit la prochaine à atteindre le même succès que l'espéranto  Very Happy Autrement dit le secret du succès en la matière, c'est d'y être indifférent : le but, c'est le chemin, disent certains bouddhistes.

Par ailleurs, une idéolangue qui commencerait à être souvent utilisée à la place de l'anglais par des locuteurs de plusieurs nationalités différentes pour parler d'un domaine particulier, marquerait incontestablement des points vers la route du succès. L'espéranto joue déjà un petit peu ce rôle en matière de linguistique et d'idéolinguistique. On peut dire que c'est, involontairement, son domaine d'excellence.

Greenheart a écrit:
Oui, une langue construite peut avoir du succès au point de s'étendre des millénaires durant à travers un très grand nombre de locuteurs. Il est très probable d'ailleurs que cela soit déjà arrivé plusieurs fois (je songe en particulier à ces mystérieuses langues "isolées", dont l'existence détonne par rapport à l'unité de certains "blocs linguistiques".

Probablement parce que c'était des fictions. Dans les mêmes esprit, j'imagine bien dans ce monde aux multiples crises, et en pleine mutation, une nouvelle philosophie ou une nouvelle idéologie cristallise le besoin de rêver et d'espérer d'une partie des terriens... et pour peu qu'une idéolangue en soit un des symboles magiques, on peut imaginer une progression rapide. Et du point de vue du matérialisme historique, ça répondrait aux exigences de mutation rapide du capitalisme cognitif (cf 1789 vs enclosures). En tout cas, ça ferait une fiction sympa  Very Happy

Mais j'ai une question au niveau des qualités intrinsèques : est-ce qu'on a progressé dans l'art de créer des lang-aux (ou ré-invente-t-on toujours les mêmes choses en les oubliant au fur et à mesure) ? Et si oui, est-ce parce que l'on a des technologies plus avancées comme outil ? Est-ce que parce que la science linguistique a progressé ? Est-ce parce que l'on a appris de nos expériences ?
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