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| À mon frère le paysan, d'Elisée Reclus | |
| | Auteur | Message |
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Troubadour mécréant
Messages : 2107 Date d'inscription : 20/01/2013 Localisation : Aquitaine, France
| Sujet: À mon frère le paysan, d'Elisée Reclus Ven 3 Oct 2014 - 8:56 | |
| Je suis en train de traduire en kotava un texte du grand géographe et anarchiste français Élisée Reclus de 1899 "À mon frère paysan". Il y a dedans un beau et sombre paragraphe, bien avant Orwell, qui parle des temps machinistes à venir. D'une clairvoyance étonnante. Il suffit d'en remplacer six ou sept termes par des réalités de notre millénaire débutant pour qu'il en signe un terrible constat. Ci-dessous, ce texte original et le pastiche que j'en tire. - À mon frère le paysan, 1899 Elisée Reclus a écrit:
- Sinon votre sort à venir est horrible, car nous sommes dans un âge de science et de méthode et nos gouvernants, servis par l'armée des chimistes et des professeurs, vous préparent une organisation sociale dans laquelle tout sera réglé comme dans une usine, où la machine dirigera tout, même les hommes, où ceux-ci seront de simples rouages que l'on changera comme de vieux fers quand ils se mêleront de raisonner et de vouloir.
Sinon votre sort à venir est horrible, car nous sommes dans un âge de science et de méthode et nos financiers, servis par l'armée des généticiens et des communiquants, vous préparent une organisation sociale dans laquelle tout sera réglé comme dans un laboratoire, où l'ordinateur dirigera tout, même les hommes, où ceux-ci seront de simples rouages que l'on changera comme du vieil ADN quand ils se mêleront de raisonner et de se souvenir.Chacun peut s'amuser à traduire ce(s) texte(s) dans sa langue artificielle favorite. Petit exercice plus profond qu'il n'y parait. | |
| | | Djino Admin
Messages : 5281 Date d'inscription : 06/06/2012 Localisation : Bruxelles
| Sujet: Re: À mon frère le paysan, d'Elisée Reclus Ven 3 Oct 2014 - 9:17 | |
| - Marx a écrit:
- (...) Cette machine qui ébranla l'Europe fut le précurseur des machines à filer et à tisser et préluda à la révolution industrielle du XVIII° siècle. Elle permettait au garçon le plus inexpérimenté de faire travailler tout un métier avec ses navettes en avançant et en retirant une perche et fournissait, dans sa forme perfectionnée, de quarante à cinquante pièces à la fois.
Vers la fin du premier tiers du XVII° siècle une scierie à vent, établie par un Hollandais dans le voisinage de Londres, fut détruite par le peuple. Au commencement du XVIII° siècle les scieries à eau ne triomphèrent que difficilement de la résistance populaire soutenue par le Parlement. Lorsque Everet en 1758 construisit la première machine à eau pour tondre la laine, cent mille hommes mis par elle hors de travail la réduisirent en cendres. Cinquante mille ouvriers gagnant leur vie par le cardage de la laine accablèrent le Parlement de pétitions contre les machines à carder et les scribblings mills, inventés par Arkwright. La destruction de nombreuses machines dans les districts manufacturiers anglais pendant les quinze premières années du XIX° siècle, connue sous le nom du mouvement des Luddites, fourrnit au gouvernement antijacobin d'un Sidmouth, d'un Castlereagh et de leurs pareils, le prétexte de violences ultra-réactionnaires.
Il faut du temps et de l'expérience avant que les ouvriers, ayant appris à distinguer entre la machine et son emploi capitaliste, dirigent leurs attaques non contre le moyen matériel de production, mais contre son mode social d'exploitation.
Les ouvriers manufacturiers luttèrent pour hausser leurs salaires et non pour détruire les manufactures; ce furent les chefs des corporations et les villes privilégiées (corporate towns) et non les salariés qui mirent des entraves à leur établissement. (...) * Le Capital, livre premier (le développement de la production capitaliste) IVème section : La production de la plus-value relative Chapitre XV : Machinisme et grande industrie Les anarchistes parlaient généralement des machines comme d'un mal. Les machines ne sont pas le problème, car elles permettent d'augmenter la productivité tout en déchargeant les gens d'une certaine quantité de travail. Le problème vient de l'exploitation des travailleurs et du fait que la bourgeoisie y voyait un moyen d'engager moins de personnel pour un rendement équivalent. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: À mon frère le paysan, d'Elisée Reclus Ven 3 Oct 2014 - 18:07 | |
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Dernière édition par od² le Mar 18 Nov 2014 - 17:58, édité 1 fois |
| | | Olivier Simon Modérateur
Messages : 5565 Date d'inscription : 20/02/2009 Localisation : Lorraine
| Sujet: Re: À mon frère le paysan, d'Elisée Reclus Ven 3 Oct 2014 - 18:36 | |
| Où est la traduction kotava ?
Sonst vies gwehmtur beurt est horrible, smos ghi in un aiw om science ed methode, ed nies gouvernants/financiers, serven ab id armee im chemisten/genetiquers ed professors/spin doctors, vos prepare un social organisation in quod hol sessiet rult kam in un fabric/laboratorium, quer id machine/computer direcsiet quant, hatta i menscens, quer ti sessient simple kwehlsa changen kam veut schrot/DNA quando pretendsient aume ed vole. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: À mon frère le paysan, d'Elisée Reclus Ven 3 Oct 2014 - 19:04 | |
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Dernière édition par od² le Mer 19 Nov 2014 - 21:43, édité 1 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: À mon frère le paysan, d'Elisée Reclus Ven 3 Oct 2014 - 19:12 | |
| - od² a écrit:
- qoloduxnagomranakyruluwdzvoigohoroqoiuinarioonyquigvexsoriooquiuizorwoqoiuikazo
loquixsononeixswonoxunakaqoloxhvoioloriuioluwzeoinpykyqoiuixzvononeisioinafioiquiriowo oqoiuinanaroiowonahowoionaxsoioloineixfwoqi Analyse? |
| | | Troubadour mécréant
Messages : 2107 Date d'inscription : 20/01/2013 Localisation : Aquitaine, France
| Sujet: Re: À mon frère le paysan, d'Elisée Reclus Ven 3 Oct 2014 - 21:06 | |
| - Olivier Simon a écrit:
- Où est la traduction kotava ?
Ici, celle du texte de Reclus: Edeme winafi direfi bali arse tir aklafi, lecen remi opaf is nuvaf ugal tigit, nume bowesik, kalzanin gan razopikafa is tavesikafa ervolia, tori win va seltafa grustara egad lize kotcoba dum koe iaxe zo verkatar, lize foalk va kotcoba lidam dace ayik gadeter; lize bantel titir racka betatana bro guazafa azilxa viele djumovatar ike djukuranitir. | |
| | | Djino Admin
Messages : 5281 Date d'inscription : 06/06/2012 Localisation : Bruxelles
| Sujet: Re: À mon frère le paysan, d'Elisée Reclus Sam 4 Oct 2014 - 0:54 | |
| - od² a écrit:
- Je partage assez l'avis des anarchistes sur ce point...
... C'est l'outil qui fait la fonction pas le contraire. Je ne vois pas ce que ça change Si on écoutait certains anarchistes, tout comme certains décroissants aujourd'hui, on vivrait encore à l'âge de pierre et il n'y aurait pas suffisamment de richesses à redistribuer. Troubadour, comment traduis-tu " frère paysan" ? | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: À mon frère le paysan, d'Elisée Reclus Sam 4 Oct 2014 - 10:50 | |
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Dernière édition par . le Mar 29 Déc 2020 - 1:09, édité 1 fois |
| | | Troubadour mécréant
Messages : 2107 Date d'inscription : 20/01/2013 Localisation : Aquitaine, France
| Sujet: Re: À mon frère le paysan, d'Elisée Reclus Sam 4 Oct 2014 - 11:02 | |
| - Djino a écrit:
- Troubadour, comment traduis-tu "frère paysan" ?
Je dirais: tawadayik berik, très simplement. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: À mon frère le paysan, d'Elisée Reclus Sam 4 Oct 2014 - 11:57 | |
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Dernière édition par od² le Mer 19 Nov 2014 - 21:43, édité 1 fois |
| | | Olivier Simon Modérateur
Messages : 5565 Date d'inscription : 20/02/2009 Localisation : Lorraine
| Sujet: Re: À mon frère le paysan, d'Elisée Reclus Sam 4 Oct 2014 - 12:58 | |
| Ah, j'ai compris, la langue d'Od2, c'est l'anarchilangue, en hommage à Elysée Reclus. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: À mon frère le paysan, d'Elisée Reclus Sam 4 Oct 2014 - 13:39 | |
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Dernière édition par od² le Mer 19 Nov 2014 - 21:44, édité 1 fois |
| | | SATIGNAC
Messages : 2120 Date d'inscription : 06/11/2012 Localisation : Fustilhan
| Sujet: Re: À mon frère le paysan, d'Elisée Reclus Dim 5 Oct 2014 - 0:15 | |
| - Troubadour a écrit:
- Je suis en train de traduire en kotava un texte du grand géographe et anarchiste français Élisée Reclus de 1899 "À mon frère paysan".
Il y a dedans un beau et sombre paragraphe, bien avant Orwell, qui parle des temps machinistes à venir. D'une clairvoyance étonnante. Il suffit d'en remplacer six ou sept termes par des réalités de notre millénaire débutant pour qu'il en signe un terrible constat. Ci-dessous, ce texte original et le pastiche que j'en tire.
- À mon frère le paysan, 1899 Elisée Reclus a écrit:
- Sinon votre sort à venir est horrible, car nous sommes dans un âge de science et de méthode et nos gouvernants, servis par l'armée des chimistes et des professeurs, vous préparent une organisation sociale dans laquelle tout sera réglé comme dans une usine, où la machine dirigera tout, même les hommes, où ceux-ci seront de simples rouages que l'on changera comme de vieux fers quand ils se mêleront de raisonner et de vouloir.
Sinon votre sort à venir est horrible, car nous sommes dans un âge de science et de méthode et nos financiers, servis par l'armée des généticiens et des communiquants, vous préparent une organisation sociale dans laquelle tout sera réglé comme dans un laboratoire, où l'ordinateur dirigera tout, même les hommes, où ceux-ci seront de simples rouages que l'on changera comme du vieil ADN quand ils se mêleront de raisonner et de se souvenir.
Chacun peut s'amuser à traduire ce(s) texte(s) dans sa langue artificielle favorite. Petit exercice plus profond qu'il n'y parait. "Aenan avonnando fadeš voste, cùar Vìoim seclœ pizemicë cei mæhodensë, per qvœ Raipraols regores, vašadyes a çeumiyti chemipradorus ei parofiÞorus, comfungentie obei hominae nix qvie regulaxo toldo qvasim i mœlfaçoriu, uvi omeles regixes per mechanë, qales homes, uvi dides te fungieres çeu rozsùas sìmlicas, qvias trasmuÞaxas çeu ferheles veustes, q' Àudogo'las mentayõ cei qvervulõ." Je n'ai traduit en méhien que l 'assertion "prophétique" d' Elysée Reclus, pas cette parodie qui néanmoins ne manque pas d'intérêt | |
| | | Djino Admin
Messages : 5281 Date d'inscription : 06/06/2012 Localisation : Bruxelles
| Sujet: Re: À mon frère le paysan, d'Elisée Reclus Dim 5 Oct 2014 - 0:42 | |
| - od² a écrit:
- Quelque soit le régime, la machine implique l'aliénation...
Ce n'est pas ce dont parlait l'anarchiste, mais tu soulèves une discussion intéressante. - Spoiler:
(...) en quoi consiste l'aliénation du travail ?
D'abord, dans le fait que le travail est extérieur à l'ouvrier, c'est-à-dire qu'il n'appartient pas à son essence, que donc, dans son travail, celui-ci ne s'affirme pas mais se nie, ne se sent pas à l'aise, mais malheureux, ne déploie pas une libre activité physique et intellectuelle, mais mortifie son corps et ruine son esprit. En conséquence, l'ouvrier n'a le sentiment d'être auprès de lui-même qu'en dehors du travail et, dans le travail, il se sent en dehors de soi. Il est comme chez lui. quand il ne travaille pas et, quand il travaille, il ne se sent pas chez lui. Son travail n'est donc pas volontaire, mais contraint, c'est du travail forcé. Il n'est donc pas la satisfaction d'un besoin, mais seulement un moyen de satisfaire des besoins en dehors du travail. Le caractère étranger du travail apparaît nettement dans le fait que, dès qu'il n'existe pas de contrainte physique ou autre, le travail est fui comme la peste. Le travail extérieur, le travail dans lequel l'homme s'aliène, est un travail de sacrifice de soi, de mortification. Enfin, le caractère extérieur à l'ouvrier du travail apparaît dans le fait qu'il n'est pas son bien propre, mais celui d'un autre, qu'il ne lui appartient pas, que dans le travail l'ouvrier ne s'appartient pas lui-même, mais appartient à un autre. De même que, dans la religion, l'activité propre de l'imagination humaine, du cerveau humain et du cœur humain, agit sur l'individu indépendamment de lui, c'est-à-dire comme une activité étrangère divine ou diabolique, de même l'activité de l'ouvrier n'est pas son activité propre. Elle appartient à un autre, elle est la perte de soi-même.
On en vient donc à ce résultat que l'homme (l'ouvrier) ne se sent plus librement actif que dans ses fonctions animales, manger, boire et procréer, tout au plus encore dans l'habitation, qu'animal. Le bestial devient l'humain et l'humain devient le bestial.
Manger, boire et procréer, etc., sont certes aussi des fonctions authentiquement humaines. Mais, séparées abstraitement du reste du champ des activités humaines et devenues ainsi la fin dernière et unique, elles sont bestiales. (...)
Marx, Manuscrits de 1844. Premier manuscrit
Le fermier qui utilise un tracteur plutôt qu'une houe n'est pas aliéné. Moi qui travaille sur mon ordinateur, je ne suis pas aliéné. Sous le capitalisme, ce ne sont pas les machines qui aliènent le travail, c'est l'organisation actuelle de la division du travail qui découle de l'emploi des machines. Lorsque tu fais partie d'une chaîne de production, tu n'as plus de satisfaction lorsque le produit est terminé. La conception du produit ne t'appartient pas, et le travail devient juste une nécessité dans lequel tu ne t'épanouis pas. Doit-on pour autant laisser tomber les manufactures et revenir à l'artisanat ? Tu ne pourras jamais produire suffisamment pour tout le monde. On pourrait très bien faire en sorte que chaque personne puisse avoir un œil sur chaque étape de la production, en changeant constamment de place dans la chaîne. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: À mon frère le paysan, d'Elisée Reclus Dim 5 Oct 2014 - 15:01 | |
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Dernière édition par od² le Jeu 20 Nov 2014 - 19:50, édité 1 fois |
| | | Troubadour mécréant
Messages : 2107 Date d'inscription : 20/01/2013 Localisation : Aquitaine, France
| Sujet: Re: À mon frère le paysan, d'Elisée Reclus Lun 6 Oct 2014 - 12:28 | |
| La traduction complète du texte en kotava est disponible sur Scribd, ici: https://fr.scribd.com/doc/241914951/Pu-tawadayik-jinaf-berik-A-mon-frere-le-paysan | |
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