Je reviens sur la question sous-jacente à mon interrogation, qui ne semble pas trop bien perçue sur le fond.
Le point fondamental est d'examiner si un complément circonstantiel doit avoir (ou peut se passer) d'un référent (ou antécédent) grammatical explicite, et si oui (ou non) selon quelles articulations.
Dans ma phrase exemple "
parler à travers la haie", le complément "à travers la haie" peut être vu comme une extension du verbe lui-même (et pourrait probablement être adverbialisé dans une langue comme l'espéranto ou le kotava). Donc là, par "facilité de langage", on pourrait parler de complément verbal.
Mais les compléments circonstanciels existent souvent aussi sous la fonction de simples "compléments nominaux", c'est-à-dire apportant une précision à un référent substantif précédemment exprimé, comme dans des phrases telles que "
le livre sur la table appartient à X", "
prends ton sac en peau de lézard", "
cette fille aux yeux d'or m'embrase" (mais ce dernier serait "complément verbal si je dis: "
elle m'embrase de ses yeux d'or") , etc.
Alors, certaines prépositions (ou cas déclinés) seront exclusifs, tel l'agent (instrumental) ou l'objet (accusatif). Mais on voit bien que la plupart des autres sont potentiellement "nominale" ou "verbale".
Je trouve un exemple intéressant dans la grammaire uropi sur Idéopedia:
- grammaire uropi a écrit:
2) dans (lieu d’origine)
Nemo ekwa us u trar : prendre quelque-chose dans un tiroir
Nemo u nastèc us siu bag : prendre un mouchoir dans son sac
Tel que formulé, il semblerait que le complément circonstanciel ne peut se justifier que par "valeur verbale", comme précision du verbe prendre quant au sens de l'action (provenance). Mais on doit pouvoir trouver "
Nemo ekwa in de trar" signifiant "prendre quelque chose qui est dans le tiroir", en insistant sur la chose qui s'y trouve et non l'action de prendre elle-même.
Or cet aspect grammatical sur les compléments circonstanciels me semble être quelque chose d'assez profond et loin de n'être qu'anecdotique, et qui serait laissé au seul jeu du contexte. En effet, cela a une incidence considérable sur des facultés d'expression ou de sens du discours, notamment concernant tout ce que peut toucher aux phrases purement nominales, aux principes d'agrammaticalité ou non, aux phénomènes d'ellipse des référents, etc.
En gros, puisqu'on est ici dans le domaines des langues construites (à grammaire fondamentalement prescriptive), posez-vous ou décrivez-vous des règles globales quant à la nécessité d'antécédents explicites (et de quelle nature, verbale ou nominale), ou leur possible omission, aux compléments circonstanciels? J'ai l'impression que peu de langues et de créateurs (sauf peut-être le lojban) ont vu l'importance de ce pan.
C'est en pensant au kotava que cela m'apparait bien plus complexe que de prime abord, par le fait qu'on y fait un très large usage des compléments circonstanciels hors forme verbale exprimée, dans des phrases purement nominales (sans qu'elles soient vues comme agrammaticales, notamment par le biais des prépositions locatives ou temporelles), mais induisant peut-être (c'est le sentiment que j'ai eu avec mon "
parler à travers la haie") un certain rejet des "évidences liées à l'action", en d'autres termes en disant
rem gleida pulví, la traduction juste serait peut-être bien plutôt "
je parle en traversant la haie", eu égard à la préposition
rem qui est de nature locative (et avec mouvement) et dont l'explicite référent (ici postérieur et non antécédent, de par l'ellipse du pronom personnel, repris dans la désinence personnelle du verbe) est le "je" de
pulví, alors que "ma voix", elle, n'est exprimée nulle part.
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