- Silvano a écrit:
- Cet alphabet présente-t-il des avantages sur le latin?
Pas vraiment, mais il permet de transcrire une langue à phonologie assez pauvre (saiwosh, dibadien, japonais, espéranto, certaines langues romanes...) de façon assez satisfaisante, bien qu'il soit conçu pour transcrire de l'anglais.
En fait, pour transcrire l'anglais, il vaut mieux utiliser la version tardive, enrichie de trois lettres supplémentaires représentant les sons vocaliques des mots b
oy,
use et th
ird. Suivant le contexte phonétique, la lettre "er" transcrit les sons [əɾ], [ə:] ou [ɘ] : silv
ery, b
ird, transf
er (avec prononciation non-rhotique).
L'alphabet Deseret ne connaît ni les diacritiques ni les digraphes : cela limite donc ses possibilités. On pourrait créer des lettres supplémentaires uniquement utilisées comme second élément de digraphe, comme le /h/ en kotava ou en italien, voire utiliser des chiffres. Cela rallongerait les mots, mais ce serait compensé par l'écriture phonémique, qui permet de se passer des lettres muettes.
L'alphabet Deseret a une vague ressemblance formelle avec l'alphabet hébraïque. C'était sans doute voulu par ses inventeurs. Personnellement j'aurais préféré quelque chose de plus Simlish, mais l'alphabet Simlish ne m'a pas paru convenir, parce qu'il serait difficile de le faire entrer dans l'histoire mythique de la langue dibadienne.
Un alphabet qui a été réellement utilisé présente un avantage certain par rapport à des alphabets totalement imaginaires : on est sûr qu'il fonctionne, et on sait pourquoi il n'a pas survécu. En ce qui concerne le Deseret, je vois trois raisons majeures à sa disparition :
1. Une raison politique évidente : il n'y a pas eu d'Etat mormon indépendant. Il aurait été absurde d'enseigner une même langue, l'anglais, dans deux alphabets différents, d'autant plus qu'il y a toujours eu fort peu de livres et de journaux disponibles en Deseret, même dans l'Utah.
2. Le poids de l'alphabet latin traditionnel de la langue anglaise était écrasant. Le Deseret était un alphabet conçu pour isoler les Mormons du reste de l'Amérique anglophone : il ne pouvait intéresser que des extrémistes, très minoritaires dans leur propre communauté.
3. L'immense quantité de savoir véhiculée par la langue anglaise n'était disponible que par l'alphabet latin. Ne connaître que le Deseret, c'était se priver d'un accès direct à ce savoir.