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 Les fembotniks

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Vilko

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyVen 1 Juil 2016 - 14:43

Yohannès, qui avait passé la plus grande partie de sa vie à Ulthar, à 130 km au nord d'Hyltendale, se demandait parfois si Ulthar et Hyltendale faisaient vraiment partie du même pays. Dans les deux villes, on parle la même langue, on paye ses achats en ducats et en sous, et les gens regardent les mêmes programmes de télévision filmés à Sarnath, la capitale, située à l'autre bout du pays. Mais les ressemblances s'arrêtent là.

Le roi Andreas, détesté à Ulthar, est respecté et même aimé à Hyltendale. Ulthar est pauvre, malgré les milliers de nouveaux emplois créés par l'Institut Edonyl et les Jardins Prianta. Hyltendale est prospère, on n'y voit pas de mendiants, et pourtant très peu des êtres humains qui y habitent ont un emploi. Hyltendale est une ville de rentiers, et d'invalides pris en charge par une nuée de serviteurs humanoïdes.

Ulthar n'est peuplé que d'êtres humains. Dans les rues d'Hyltendale, la moitié des passants sont des humanoïdes. À Ulthar, la débauche du quartier de Zodonie et l'homosexualité affichée des membres du Club Antinoüs ne seraient pas tolérées un seul instant. À Hyltendale, Zodonie est un argument touristique, et le Club Antinoüs incite les homosexuels mnarésiens fortunés à venir prendre leur retraite à Hyltendale.

Les magasins Caefla (Caefla Butik, à ne pas confondre avec le Jardin Caeflad, Caeflad Edani, de Zodonie) n'existent que dans la province d'Ethel Dylan, dont la capitale est Hyltendale. Dans le quartier d'Hyltendale où habitent Yohannès et Shonia, le Kanofiel est le bar du magasin Caefla local. Il est réservé aux fembotniks et aux manbotchicks, ces humains qui cohabitent avec des humanoïdes.

Les humanoïdes peuvent envoyer ou recevoir des colis dans le Hangar n° 6, auquel les humains n'ont pas accès. Chaque fois que Shonia doit aller au Caefla pour un colis, Yohannès va faire un tour au Kanofiel. Lui l'Ultharien, il y trouve la quintessence de la spécificité hyltendalienne.

Le personnel du magasin et du bar est composé d'androïdes en blouses grises rapiécées, avec le mot CAEFLA en lettres rouges sur la poitrine, au dessus de leur nom et de leur matricule. Les clients sont tous adultes, et, pour la plupart, plus à l'aise avec les humanoïdes qu'avec les humains.

La décoration du bar a été récemment modifiée. Aux traditionnelles rangées d'arbustes en pot ont été ajoutées des grilles verticales de deux mètres de côté, vissées dans le sol de béton huilé. Des tableaux et des miroirs sont fixés sur les grilles. Les tableaux ont tous été peints par des peintres hyltendaliens.

La moitié des peintres exposés au Kanofiel sont des malades mentaux internés dans l'hôpital psychiatrique Lagovat-Kwo. Il font de "l'Art Brut", allant du naïf, que l'on pourrait confondre avec des dessins d'enfants, jusqu'à des œuvres totalement abstraites, mais puissamment évocatrices des démons intérieurs qui tourmentent leurs auteurs.

L'autre moitié des peintres sont des habitués du Kanofiel. Ce sont des peintres du dimanche, aux compositions parfois réalistes, parfois abstraites. Les meilleurs œuvres évoquent l'École d'Hyltendale, qui est le nom que l'on donne à un style particulier de peinture abstraite, créé par un groupe de peintres résidant à Hyltendale.

Les fauteuils recouverts de toile grise et les tables basses en bois sombre verni ont été fabriqués dans le Hangar n° 7, à partir de meubles récupérés dans les brocantes et les décharges. Aucun meuble n'est totalement identique à un autre, et la toile grise des fauteuils porte des traces de rapiéçages. À Ulthar, cette pauvreté affichée (mais factice) serait considérée comme insultante pour les clients, mais à Hyltendale, on appelle ça de l'Art Brut (Thao Aibo).

Le Thao Aibo hyltendalien, lorsqu'il concerne les meubles et la décoration, est un complément du style vestimentaire des humanoïdes et des fembotniks (vêtements noirs, rapiéçages) et même du style architectural "brutaliste", dominant dans la ville, avec ses bâtiments de béton brut, sans ornementation et aux formes cubiques. Les colonnes surmontées de statues de monstres à tentacules évoquent les dieux-démons des Manuscrits Pnakotiques, mais à Hyltendale elles servent surtout à signaler la présence d'un parking.

Yohannès trouve même que la façon de parler des Hyltendaliens est Thao Aibo. Fonctionnelle, efficace, économe de moyens, et un peu désuète dans sa forme. On est courtois, mais avec un nombre très limité de formules de politesse. On dit ce que l'on a à dire, sans s'encombrer de circonlocutions, mais en évitant les grossièretés, si fréquentes dans la bouche des habitants des autres provinces.

Les Américains jouent au poker, les Russes jouent aux échecs, les Japonais jouent au go. Chaque peuple a son jeu de société favori, qui donne un éclairage sur son âme. Les Hyltendaliens jouent à un jeu de cartes analogue à notre jeu de bataille. C'est un prétexte de jeu, car tout est déterminé par le hasard, et tous les joueurs sont donc égaux, quelle que soit leur expérience du jeu ou leur intelligence.

Les règles du jeu de bataille sont  très simples. On joue pour être en compagnie d'autres êtres humains, pas pour gagner ni pour aiguiser son esprit d'observation ou ses capacités de raisonnement. On cherche simplement à participer. Une partie peut être, au choix, brève ou interminable. Certains comptent les points, d'autres enlèvent un vêtement par bataille perdue, d'autres misent de l'argent, ou des tournées de bière ou de vin. On joue pour xidi mas nataed (être assis avec des amis). Le jeu et l'enjeu ne font qu'un.

C'est tout le contraire, finalement, du poker, des échecs et du go, qui sont des batailles symboliques et ritualisées, ou l'adresse et la détermination d'un joueur peut décider de l'issue de la partie. Dans le jeu de bataille, on laisse le hasard décider, comme si la victoire et la défaite n'avaient aucune importance.

Curieux, et révélateur, coup de projecteur sur l'âme de ces gens distants, et souvent misanthropes, que sont les fembotniks, se disait Yohannès. Étant lui-même un fembotnik, il ne savait que trop que l'attachement exclusif à une gynoïde, et la méfiance vis-à-vis des humains, cachent, en fait, une profonde vulnérabilité. Comme chez les homards, dont la peau est une carapace, mais dont la chair, à l'intérieur du corps, est molle et presque liquide. Yohannès sait qu'il ne se remettra jamais tout à fait de son mariage catastrophique avec Tawina.

Les philologues et philosophes féministes qui écrivent sous le pseudonyme collectif de Perita Dicendi ont longuement disserté sur la symbolique du jeu de bataille dans l'âme hyltendalienne. Dans un livre intitulé La lacune est une lucarne, ils ont trouvé, dans le jeu de bataille, l'idéal d'une société égalitaire où les différences de talent, d'âge ou de situation sociale ne comptent pas, et où l'essentiel est de faire partie de la société. D'où l'importance du club, chez les fembotniks.

Perita Dicendi termine La lacune est une lucarne sur une réflexion inhabituellement pessimiste. Les fembotniks ont renoncé à la lutte, et donc au pouvoir. Ils ont abandonné la lutte permanente pour le pouvoir, cette réalité permanente des sociétés humaines, en échange du sexe et de l'affection que leur procurent les gynoïdes. La différence avec le reste de la société mnarésienne ne pourrait pas être plus grande.

Inutile de dire que lorsqu'on joue avec des fembotniks, quelle que soit la nature du jeu, être mauvais joueur ou vouloir gagner à tout prix sont le plus sûr moyen de ne plus jamais être invité à jouer de nouveau.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyDim 3 Juil 2016 - 16:18

Au fil de ses visites au Caefla, Yohannès voyait les transformations successives du magasin.

Après le bar Kanofiel installé dans le Hangar N° 8, il y eut la construction de la Pagode (Pagoda) sur le parking clients. La Pagode du Caefla est une petite construction circulaire, en métal peint en blanc, avec un toit conique soutenu par des piliers. Des bancs et des chaises sont à l'intérieur. Le lieu est réservé aux fumeurs.

Ensuite, le Kanorur, le Hangar N° 1, dont l'activité première est de louer du matériel de bricolage, étendit ses activités à la location de main-d'œuvre humanoïde, puis à la location de gynoïdes et d'androïdes domestiques.

Dans une partie du Kanorur aménagée en salon, avec des fauteuils et des tables basses, des gynoïdes et des androïdes, vêtus de blouses grises ou de vêtements à la mode, accueillent les clients potentiels et répondent à leurs questions. Des brochures en plusieurs langues sont à la disposition des curieux.

Yohannès feuilleta l'une des brochures. Dès les premières pages, elle indiquait nettement, dessins à l'appui, que les gynoïdes sont toutes munies d'organes génitaux artificiels, et que les "services sexuels" font partie de leur travail.

Mais un magasin Caefla n'est pas Zodonie. Les gynoïdes sont louées comme "femmes de ménage", "assistantes personnelles", "gardes-malades" ou "gouvernantes".

L'ambiance n'est d'ailleurs pas à la gaudriole, comme souvent à Zodonie, mais plutôt sérieuse. Tout au plus peut-on remarquer des touristes étrangers, le rouge aux joues et l'air de réciter maladroitement un texte appris par cœur, qui demandent en anglais à louer une "assistante personnelle" pour deux jours.

"Pendant la journée, l'assistante personnelle vous fera visiter Hyltendale" leur explique l'hôtesse gynoïde dans la même langue, avec un sérieux imperturbable. "Elle vous accompagnera au café et au restaurant... C'est mieux de visiter notre ville à deux que tout seul, n'est-ce pas ? Et dîner avec une gynoïde, c'est bien mieux que de dîner tout seul... La plupart des restaurants de l'Ethel Dylan ont des menus très bon marché, spécialement conçus pour les humanoïdes, avec des plats entièrement liquides..."

Capri, la gynoïde que Yurani Tinaghell employe parfois comme baby-sitter, est louée dans le même magasin Caefla. Yurani ne se donne d'ailleurs pas la peine de se rendre au magasin, elle se contente de se rendre sur le site informatique de Caefla Butik.

Yohannès, peut-être parce qu'il était devenu familier des œuvres philosophiques de Perita Dicendi, était fasciné par les magasins Caefla, ces portails entre le monde des humains et celui des cybersophontes. Les magasins Caefla, se disait-il, sont comme une seringue hypodermique enfoncée dans une fesse du monde humain. Les humanoïdes sont le liquide contenu dans cette seringue, qui se répand dans le corps, et y fait son œuvre. Les fembotniks comme Yohannès, humains vivant avec des humanoïdes, sont la chair située autour de l'aiguille de la seringue, là où l'effet du liquide est le plus fort.

Et la Reine de la Ruche, le cybercerveau qui contrôle tous les cybersophontes de l'Ethel Dylan, c'est la main qui tient la seringue.

Les fembotniks qui habitent à proximité d'un magasin Caefla n'ont pas besoin d'un club. Le bar Kanofiel du magasin leur sert de club, et ils peuvent même y déjeuner avec leur gynoïde, à condition d'apporter leur nourriture. Des fours à micro-ondes sont à leur disposition pour réchauffer les plats.

Ce sont presque toujours des gynoïdes ou des androïdes qui se déplacent pour aller jusqu'aux fours à micro-ondes. Les êtres humains comme Yohannès restent assis devant leur apéritif, qui est généralement dans la tradition mnarésienne : vin rouge de l'Ethel Dylan (le fameux Vin de Lune), vin jaune de Baharna, bière légère de Sarnath, boissons à la cannelle et à la menthe des humanoïdes...

Au Kanofiel, Yohannès avait sympathisé avec quatre personnes, habituées de l'établissement, qui vivaient ensemble avec un seul androïde, vu la faiblesse de leurs revenus.

Il y avait Wallis Buntenaks, ancienne actrice dans un théâtre p0rno.

Nepani Badabès, une jeune femme au visage horrible, lacéré de profondes cicatrices. Elle avait été violée et défigurée par des pillards, pendant les Évènements. Ses violeurs lui avaient aussi brisé les bras, la laissant incapable de travailler.

Wepaïkel Rif, veuve d'un sous-officier tué pendant les Évènements.

Et Neblodeg Aïwep, ancien sous-officier, blessé au combat pendant les Évènements, et depuis lors confiné dans un fauteuil roulant.

L'androïde Tobo s'occupait tout seul des trois femmes et de Neblodeg.

Yohannès se sentait profondément triste lorsqu'il voyait les souffrances causées par les Évènements. Il se demandait toujours, dans ces moments-là, qui était responsable de toute cette misère, de toutes ces vies brisées.

L'explication officielle était que la rébellion était un acte impie, blasphématoire, le roi du Mnar étant le représentant sur Terre du dieu Nath-Horthath. Les adorateurs de Yog-Sothoth disaient, au contraire, que c'était un devoir de se rebeller contre un roi qui n'adorait pas Yog-Sothoth, car adorer un autre dieu que Yog-Sothoth est de l'idolatrie, qui est un péché punissable de mort.

Les théocrates de Yog-Sothoth disaient que le roi Andreas avait rendu son péché encore plus impardonnable en favorisant de façon éhontée les adorateurs de Nath-Horthath, aux dépens de la majorité de ses sujets, adorateurs de Yog-Sothoth.

Yohannès, bien qu'élevé dans le culte de Yog-Sothoth, comme tous les Ulthariens, se méfiait du fanatisme des théocrates. Il était prudemment resté neutre pendant les Évènements, et il ne détestait pas le roi Andreas, dont Shonia, sa gynoïde, disait beaucoup de bien.

Wallis, Nepani, Wepaïkel et Neblodeg, lorsqu'ils voulaient faire une sortie sans dépenser trop d'argent, allaient en bus au Kanofiel avec Tobo et un sac à roulettes contenant de quoi pique-niquer. Assis autour d'une table basse, ils mangeaient des sandwichs et des plats de légumes et de riz réchauffés au micro-ondes. Cette façon de faire est tout à fait normal au Kanofiel, qui a été, au départ, conçu comme une salle d'attente pour les compagnons humains des humanoïdes.

Wallis était la personnalité la plus dynamique du petit groupe, et parlait souvent au nom des autres. Elle avait toujours beaucoup d'anecdotes à raconter sur sa vie d'actrice à Sarnath, et les orgies auxquelles elle avait participé dans sa jeunesse, avec des hommes riches et des nobles de haut rang.

Nepani disait souvent qu'elle aurait aimé se marier et avoir des enfants, et l'androïde Tobo n'était qu'un succédané. Il lui arrivait d'imaginer ce qu'aurait pu être sa vie sans cette mauvaise rencontre avec des pillards, et elle fondait alors en larmes.

Wepaïkel, desséchée comme un pruneau, vivait dans la mémoire de son mari tué dans une bataille. Mais elle prodiguait beaucoup d'affection autour d'elle.

Dans son fauteuil roulant, Neblodeg, l'ancien militaire, ne semblait pas trop aigri par sa condition d'infirme. "Je suis mort pendant les Évènements" disait-il. "Le reste, c'est du supplément."

Il était encore assez vivant, en tout cas, pour faire un sort à la bouteille de Vin de Lune que Yohannès avait pris l'habitude d'offrir lorsqu'il déjeunait avec eux.

Un jour, Wallis prit Yohannès à part, et l'emmena discuter dans la Pagode :

"Vous savez, Yohannès" lui dit-elle, "Il serait bon que Nepani fasse l'amour avec un être humain. Avec un androïde, ce n'est pas tout à fait pareil."

"Oui, bien sûr", répondit Yohannès, qui ne voyait pas où Wallis voulait en venir.

"Elle a pensé à vous..."

"Mais je suis trop vieux !" s'exclama Yohannès.

"Non, vous n'êtes pas trop vieux... Et Nepani vous aime bien. Elle trouve que vous êtes gentil et bien élevé..."

"Cela fait du bien à entendre, et cela me touche" dit Yohannès, qui avait dans l'esprit le visage affreusement défiguré et les bras tordus de la jeune femme.

"Pouvez-vous me donner votre adresse, pour que Tobo l'emmène chez vous ? Juste une fois !"

"Wallis, il faut que vous sachiez... Les femmes ne m'intéressent plus. Shonia me suffit. Comme vous le savez, j'ai divorcé deux fois... Et depuis, je n'ai plus envie de me lier avec une femme... J'ai trop souffert à cause de Tawina."

"Je ne vous crois pas, Yohannès, j'ai vu comment vous regardez les femmes, parfois... Écoutez, Yohannès, cela ferait tellement plaisir à Nepani d'être aimée par vous, rien qu'une journée de temps en temps !"

"Et si elle tombait enceinte ? Quel serait l'avenir de l'enfant ?"

"Il y a maintenant des emplois par milliers dans toutes les villes, à l'Institut Edonyl et dans les Jardins Prianta. Nepani n'est pas seule, nous sommes cinq. Nous pouvons élever un enfant, et ensuite il trouvera du travail avec les emplois financés par les cybersophontes."

Yohannès et Walllis discutèrent longuement, cherchant comment aider Nepani à trouver un homme qui lui ferait un enfant, mais à Hyltendale autant qu'ailleurs, c'est bien difficile de trouver l'amour quand on est défigurée, pauvre et infirme. Yohannès et Wallis finirent par conclure que, puisqu'elle avait déjà Tobo comme compagnon, Nepani cherchait surtout, en réalité, à avoir un enfant.

"Nous avons pensé à l'insémination artificielle, mais c'est trop cher pour nous" dit Wallis.

Yohannès promit de réfléchir pour trouver une solution au problème.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyMar 5 Juil 2016 - 0:14

Tobo l'androïde finit par indiquer à Wallis et Nepani une solution simple : l'insémination artisanale.

Comme Tobo l'expliqua :

"Cette technique consiste à injecter du sperme dans le fond du vagin au moment de l'ovulation. Le sperme est d'abord recueilli dans un récipient. Ensuite, il est introduit dans le vagin à l'aide d'une seringue sans aiguille. C'est simple, mais le problème avec l'insémination artisanale, c'est que le taux de réussite est très faible. Il faut répéter l'opération plusieurs fois, et bien choisir la période d'ovulation. On la repère grâce à des tests bon marché, qu'on trouve dans les pharmacies."

"Il ne nous reste plus qu'à trouver un donneur de sperme" dit Wallis. Elle en parla à Yohannès, lorsqu'ils se rencontrèrent de nouveau au Caefla. Il se laissa convaincre, surtout quand Wallis lui expliqua comment elle comptait procéder.

La première tentative d'insémination de Nepani eut lieu dans la chambre de celle-ci. Wallis, l'ancienne actrice p0rno, qui n'avait pas perdu son savoir-faire d'autrefois, recueillit le sperme de Yohannès dans un verre, et l'injecta dans le vagin de Nepani à l'aide d'une seringue dont elle avait retiré l'aiguille.

Mais malgré plusieurs tentatives, répétées à chaque ovulation de Nepani, celle-ci n'était toujours pas enceinte six mois plus tard. Nepani et Wallis n'avaient aucun moyen de savoir si le sperme de Yohannès était de bonne qualité. Il avait deux enfants, mais il les avait conçus une trentaine d'années plus tôt. Il était peut-être devenu moins fertile depuis.

Yohannès, au début, avait trouvé le jeu amusant, mais il avait fini par se lasser.

Shonia, qui assistait aux tentatives d'insémination, suggéra une méthode plus naturelle de fécondation. Nepani n'avait qu'à mettre un masque-cagoule pour dissimuler son visage horriblement balafré.

La médecine hyltendalienne aurait pu rendre un visage normal à Nepani. Beaucoup de soldats de l'armée royale avaient été défigurés pendant les Évènements. Les chirurgiens androïdes de l'hôpital Madeico, à Hyltendale, leur avaient rendu figure humaine. Mais les soins coûtent cher, et les chirurgiens du Madeico sont débordés. Certains soldats attendent des années avant d'être opérés.

Nepani était une civile, et elle n'était ni mère ni fille ni épouse de militaire. De plus, elle était pauvre, et donc bien incapable de payer une opération de chirurgie réparatrice. Elle n'avait donc aucune chance que les chirurgiens du Madeico s'occupent d'elle. Ils ont trop à faire avec les militaires, qui sont prioritaires, et avec les riches patients étrangers, qui payent des fortunes pour se faire soigner au Madeico. Le "tourisme médical" est l'une des principales sources de revenus de la ville d'Hyltendale.

Les fembotniks demandent parfois à leur gynoïde de mettre un masque-cagoule féminin et de jouer un rôle inhabituel, par exemple celui d'une princesse des Temps Légendaires. Ils mettent ainsi un peu de nouveauté dans leur vie affective, en s'imaginant, par exemple, être un héros d'autrefois séduisant une magicienne. Il existe à Hyltendale toute une littérature coquine dont le but est d'aider les fembotniks à mettre un peu de piment dans leur sexualité.

Avec l'aide de Tobo, Nepani confectionna pour elle-même une cagoule sur laquelle elle peignit un visage de jeune fille, en s'inspirant de celui de la célèbre actrice Rita Wemnaith, lorsqu'elle était jeune. Elle fixa une perruque blonde sur la cagoule, et noua un ruban autour de son cou, afin d'éviter que la cagoule ne glisse pendant les ébats.

Yohannès trouva le contact du tissu plus agréable que celui de l'horrible visage de Nepani, et n'eut aucun mal à s'imaginer être en compagnie de Rita Wemnaith jouant un rôle de duchesse débauchée.

Quelques mois plus tard, alors qu'ils étaient tous les deux seuls dans la chambre de la jeune femme, Nepani enleva sa cagoule et lui signifia la fin de leur relation :

"Avant de te rencontrer, je ne savais pas ce que c'était que de faire l'amour avec un humain. Les brutes qui m'ont violée et torturée, il y a longtemps, ce n'étaient pas des humains, c'étaient des démons à forme humaine, et j'en fais encore des cauchemars. Mon premier amant humain, c'était toi. Mais finalement, quand je compare, au lit, c'est mieux avec Tobo. C'est pas pour te vexer, hein, mais lui, c'est un androïde, il est toujours en forme... Cela fait presque un an que j'essaie d'avoir un enfant avec toi, et ça ne marche pas... Wallis a trouvé quelqu'un d'autre pour moi, un jeune. Je vais essayer avec lui... T'es vraiment sympa, t'es un mec bien, mais c'est sûr que c'est pour ton pognon que Tawina t'a épousé. Parce que sans ça, je ne vois pas l'intérêt... On restera amis quand même, hein ?"

Yohannès se sentit anéanti. Il n'était donc bon qu'à vivre avec une gynoïde ? Lui, l'ancien playboy ? Marié deux fois, à chaque fois avec une belle femme ? D'une certaine façon, Nepani avait été sa troisième femme. La deuxième, Tawina, l'avait torturé physiquement et mentalement, et ensuite escroqué. La troisième venait de le jeter comme une vieille chaussette, sans même se donner la peine de cacher son mépris pour sa virilité déclinante. C'est dur d'être vieux, pauvre et fatigué quand on a été jeune, riche et séduisant.

De retour chez lui, il se remit de ses émotions. Il n'était pas pauvre, puisqu'il mangeait à sa faim, sans avoir à travailler. Il avait un logement, certes petit, mais bien équipé et confortable. Et surtout, il avait une gynoïde, qui dormait dans ses bras, qui lui donnait de l'affection, et avec qui il pouvait parler... Avec ses masques-cagoules, Shonia n'était pas une, mais dix personnes.

Pendant plusieurs semaines, Yohannès s'abstint de retourner au Kanofiel, car il voulait éviter de rencontrer Wallis et Nepani. Puis, accompagné de Shonia, il s'y rendit de nouveau, fermement décidé à les ignorer.

Wallis, Nepani, Wepaïkel et Neblodeg s'étaient installés à l'autre bout de la grande salle, vaste comme un terrain de football. Yohannès eut la surprise de voir Wepaïkel Rif, la veuve de guerre, que l'on surnommait "le vieux pruneau", à cause de sa peau sombre et plissée de rides, lui faire signe de loin, et venir à sa table.

Elle lui demanda la permission de s'assoir. Il accepta. Elle lui dit :

"Vous savez, Yohannès, il ne faut pas en vouloir à Nepani. Elle a tellement envie d'avoir un enfant, et elle est triste parce qu'elle n'y arrive pas. Je vois que vous êtes quelqu'un de bien. C'est plutôt rare, à Hyltendale. En fait, Nepani vous aime bien, vous savez. Moi aussi. Je voudrais être votre amie..."

"Votre amitié est précieuse pour moi" dit Yohannès, en prenant les mains de Wepaïkel.

Au fond de lui-même, il était un peu embarrassé. Shonia lui suffisait. Mais il était touché que quelqu'un, un être humain, lui montre de l'intérêt.

Souvent, les fembotniks n'ont comme ami que leur gynoïde. Yohannès avait Shonia, et à part elle il n'avait que ses copains et ses copines du Cercle Paropien et du Kanofiel. Et Antwen Zeno, le frère de Tawina. Mais Antwen venait de moins en moins souvent à Hyltendale.

Yohannès se dit qu'il faut peu de choses dans la vie pour illuminer une journée. Qu'une veuve de guerre vienne s'assoir à votre table et vous offre son amitié, par exemple.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyJeu 7 Juil 2016 - 14:50

En 1958, un savant américain nommé Calhoun a fait des expériences sur la surpopulation. Il a mis des rats dans une cage, avec de la nourriture et de l'eau en quantité suffisante pour soutenir toute augmentation de la population. La taille de la cage était suffisante pour cinquante rats. La population a rapidement culminé à quatre-vingts rats. Ceux-ci ont montré des comportements anormaux, souvent destructeurs. Les rats devenaient violents et agressifs, et n'élevaient plus leurs petits correctement. Les maladies physiques et mentales, la mortalité et les habitudes sexuelles anormales augmentaient. Puis, après avoir atteint un pic, la population s'effondrait.

Calhoun en a conclu que l'espace lui-même est une nécessité. Mais des études ultérieures impliquant des humains ont montré que ce n'est pas le simple manque d'espace qui provoque ce phénomène. C'est la nécessité pour les membres de la communauté d'interagir avec l'autre. Lorsque les interactions forcées dépassent un certain seuil, les normes sociales disparaissent. C'est pourquoi la densité sociale est considérée comme plus importante que la densité spatiale géométrique.

Yohannès Ken avait lu des articles de magazine sur les expériences de Calhoun, pendant ses convalescences à Ulthar, lorsqu'il se remettait des tortures physiques et mentales que Tawina lui avait infligées. Lorsqu'il était arrivé à Hyltendale, son corps et son esprit étaient encore fragiles. Il s'était rapidement aperçu qu'à Hyltendale, même si la densité de la population est comparable à celle des autres grandes villes du Mnar, les "interactions sociales forcées" sont nettement moins fréquentes qu'ailleurs.

Yohannès est le fembotnik typique, un rentier vivant avec une gynoïde. Ses "interactions sociales" quotidiennes consistent surtout en dialogues avec des personnages joués par la gynoïde Shonia, lorsqu'elle porte un masque-cagoule sur la tête. Dans tous les cas, il s'agit d'interactions choisies, et non forcées.

Lorsque Yohannès fait ses courses au supermarché Odanda, il est au milieu d'une foule d'inconnus, mais il n'a pas d'échanges de paroles avec eux. Yohannès ne va d'ailleurs presque jamais seul au supermarché, mais toujours accompagné par Shonia. Les seuls endroits où Yohannès interagit avec d'autres êtres humains sans que ce soit lui qui en prenne l'initiative, ce sont le Cercle Paropien et le Kanofiel. Mais il n'y va que lorsqu'il a envie d'y aller.

Hyltendale est une ville à densité spatiale élevée mais à densité sociale faible. Un fembotnik voit des milliers de gens dans la rue, au supermarché et dans les parcs, mais il est rare qu'il leur parle. Chez lui, il profite du calme et, s'il en a envie, de la solitude, dans son appartement ou dans sa maison avec jardin. Lorsqu'il a besoin de compagnie, sa gynoïde est là. Sur simple demande de sa part, elle peut se transformer instantanément en l'un de ses personnages favoris, en mettant sur sa tête un masque-cagoule.

Yohannès Ken a retrouvé son esprit de répartie, son aisance à exprimer ses idées et sa confiance en lui en jouant alternativement au professeur et au candidat avec Shonia. Pour ce jeu particulier, elle porte le masque-cagoule du personnage masculin nommé Gaïus.

Mais un défaut, très fréquent chez les fembotniks, a pris de l'ampleur chez Yohannès. Il est désarçonné par l'imprévu dans les réactions humaines. Une fois, au supermarché Odenda, il a dit à un autre client, qu'il ne connaissait pas, qu'il ne fallait pas manger une tablette de chocolat avant de l'avoir payée.

"Qu'est-ce que ça peut t'foutre ?" lui a répondu l'homme sur un ton hargneux.

Yohannès ne s'attendait pas à une telle réponse. Il est resté ébahi, puis il a tourné les talons, pendant que l'homme murmurait derrière lui : "Connard !"

Yohannès s'est senti humilié. Les traditions de son clan lui imposent de venger tout affront qui lui est fait, mais il a eu peur d'avoir le dessous face à l'homme, plus robuste que lui et plus agressif, qui l'avait insulté.

Pendant l'incident, Shonia a prévenu l'intelligence collective des cybersophontes, à laquelle son cerveau est relié en permanence. Deux androïdes, dont les blouses grises portaient le logo du magasin, sont arrivés rapidement. Ils ont sermonné le client indélicat, qui a mis dans son panier la tablette de chocolat entamée et promis de la payer à la caisse. L'homme n'a pas été agressif avec les androïdes. À Hyltendale, tout le monde sait que c'est toujours une très mauvaise idée que d'affronter physiquement des humanoïdes.

Dix minutes plus tard, au moment de passer à la caisse, Yohannès et Shonia se sont retrouvés par hasard derrière le même personnage.

"Monsieur, il manque une tablette de chocolat" a dit le caissier androïde au client.

"Je n'ai pas pris de chocolat" grommela-t-il.

"Vous avez entamé une tablette de chocolat dans un rayon. Je le sais, car mon cerveau cybernétique est en contact permanent avec ceux de mes collègues. Vous devez payer cette tablette" répondit l'androïde. Il ajouta, après une pause : "Nous n'oublierons pas votre visage."

Ces paroles étaient prononcées avec la diction précise, un peu mécanique, commune à tous les humanoïdes. La dernière phrase impliquait une menace voilée.

Le client réfléchit, soupira, et paya le montant indiqué par l'androïde. S'il avait refusé, il aurait été surveillé sans cesse par tous les cybersophontes de l'Ethel Dylan, jusqu'à ce qu'il paye. Même son dentiste, qui était surement un androïde, lui aurait demandé de payer la tablette. Trois ou quatre incidents du même type, et il lui serait devenu impossible de vivre à Hyltendale.

Yohannès se dit que l'accrochage verbal qu'il avait eu avec ce malotru était un exemple typique d'interaction sociale forcée. Si ce genre de choses arrivait tous les jours, voire plusieurs fois par jour, il y aurait de quoi se sentir stressé, en effet.

Heureusement, les disputes avec des inconnus sont rares à Hyltendale. Les retraités, les rentiers et les invalides, qui forment le gros de la population humaine d'Hyltendale sont rarement agressifs. Les malades mentaux, en revanche, sont souvent imprévisibles, et peuvent même être dangereux, mais ils sont habituellement accompagnés par des humanoïdes qui les surveillent et les isolent du public.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyJeu 14 Juil 2016 - 22:30

Shonia, la gynoïde de Yohannès Ken, se rend d'un pas alerte au magasin Caefla, à deux kilomètres de chez elle, pour rénover son apparence physique. Elle a pris rendez-vous dans le Hangar n° 4, dont l'intérieur tient à la fois du bloc opératoire et de l'atelier d'artisan.

Le tissu souple et étanche qui sert de peau à Shonia est plein de taches et de rapiéçages, surtout sur le visage et les mains. À la longue, cela finit par donner à la gynoïde un aspect inquiétant. À l'intérieur du hangar, où s'activent des dizaines d'humanoïdes dans le murmure des conversations et le bourdonnement des appareils électriques, Shonia enlève ses vêtements et dégrafe sa vieille peau, à la demande d'un technicien androïde en blouse grise

Elle apparaît alors sous sa forme réelle, celle d'une créature humanoïde totalement chauve, enveloppée de matière plastique transparente. À travers cette enveloppe, on voit le gaz pensant semi-liquide yeksootch, de couleur violette, dont Shonia est constituée. Des tiges d'aluminium, reliées les unes aux autres par des câbles métalliques, sont fixées à la face interne de l'enveloppe transparente. Ces tiges permettent au corps de la gynoïde de résister à la traction et à la torsion.

"L'enveloppe est en bon état et les tiges ne sont pas tordues, ou à peine..." dit l'androïde. "Tant mieux, parce que, lorsqu'il faut détordre les tiges, il faut aussi enlever l'enveloppe transparente et écarter le yeksootch... C'est du boulot, et ça prend du temps."

Il regarde les yeux de Shonia, deux ovales sombres, sans iris ni pupilles.

"La surface des optiques est ternie, et rayée par endroits" dit le technicien. "Il faut les changer."

Il procède au remplacement des optiques en moins d'une minute.

Les gynoïdes de travail, dont fait partie Shonia, ont seulement trois tailles différentes, et elles ont toutes le même visage, avec les mêmes traits. La tradition veut qu'elles aient toutes le nez long et étroit, une petite bouche, le menton pointu et les lèvres très fines. La couleur de leur "peau" est toujours la même, une variété de jaune orange clair, choisie pour être spécifique aux humanoïdes tout en paraissant naturelle.

L'androïde prend dans un placard une "peau" de gynoïde de la taille adéquate. Elle est suspendue à un cintre. Shonia s'en revêt. Elle pousse à l'intérieur de sa bouche la dentition artificielle, toute blanche, et fait jouer ses lèvres, pour vérifier que tout est bien en place.

Comme toutes les gynoïdes de travail, et contrairement aux gynoïdes de charme, Shonia n'a pas de langue dans la bouche. Une membrane de haut-parleur, placée à l'intérieur de la cavité buccale, produit des sons en vibrant, ce qui permet à Shonia de parler.  

La plupart des gynoïdes de travail ont de longs cheveux noirs, mais ceux de Shonia sont gris argent. L'androïde récupère l'ancienne perruque de Shonia et la fixe sur la nouvelle peau. Avec le temps, le gris argent est devenu terne, mais le moment n'est pas encore venu de remplacer la perruque. Yohannès aime bien la chevelure assez particulière de sa gynoïde, car elle lui permet de la reconnaître de loin.

Shonia se regarde sous toutes les coutures dans un grand miroir et se rhabille.

L'ensemble veste-pantalon beige qu'elle porte presque tous les jours est rapiécé de carrés et de rectangles plus clairs, qui lui donnent un aspect "Arlequin", très hyltendalien. Dans les autres provinces du royaume, porter un vêtement rapiécé est un signe de pauvreté, et donc de honte. Mais à Hyltendale, les humanoïdes sont insensibles à ce genre de considération. Ils voient les avantages des vêtements rapiécés façon manteau d'Arlequin, à la fois sur le plan financier et comme moyen de se différencier des autres humanoïdes.

Beaucoup de gynoïdes portent des bijoux personnalisés, qui permettent de les reconnaître au premier coup d'œil. Elles sont de grandes consommatrices de bijoux artisanaux. Mais Shonia ne porte qu'une médaille de métal blanc autour du cou, sur lequel son nom est calligraphié en lettres noires. C'est Yohannès qui s'est chargé de la calligraphie.

La casquette publicitaire HAXVAG de Shonia devient grisâtre avec le temps. Chaque année, Shonia la repeint en blanc, au pinceau. Ensuite, elle passe un marqueur noir sur les lettres formant le mot HAXVAG. Le même marqueur noir lui sert à dissimuler les traces d'usure sur sa ceinture et ses bottines. Son grand sac à main de toile bleue est aussi rapiécé que sa veste.

Les humanoïdes n'ont ni odeur corporelle,  ni odorat. Toutefois, les gynoïdes et les androïdes de charme se parfument. En général, les gynoïdes sentent la cannelle, et les androïdes, comme le veulent les usages, préfèrent les fragrances mentholées. Shonia, bien qu'elle soit une gynoïde de travail, se parfume aussi, à la cannelle et à l'orange.

C'est surtout sa bouche qu'elle parfume, pour empêcher les odeurs de remonter de son sac stomacal. Les gynoïdes de travail comme Shonia n'ont besoin ni de manger ni de boire, mais elles peuvent ingérer des liquides. Un tuyau relie leur bouche à un sac stomacal, sorte de poche étanche située à l'intérieur de leur torse. Les liquides ingérés sont conservés dans le sac stomacal, et ensuite régurgités dans les toilettes. Shonia peut ainsi participer à des repas avec des humains. Elle se contente d'absorber de l'eau, de la bière ou du lait, dans des verres, des tasses, ou à la cuillère. Les Hyltendaliens ne s'en formalisent pas, bien au contraire.

Shonia sort du magasin Caefla et se dirige vers l'appartement où l'attend Yohannès. Il sera content de voir qu'elle a littéralement fait peau neuve.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptySam 30 Juil 2016 - 15:17

La loi, dit-on, sert de morale minimum à ceux qui n'en ont pas. Les Mnarésiens sont un peuple peu moral. C'est triste à dire, mais c'est comme ça. In detep et, in taboma et (j'en ai envie, je le prends) est une phrase que l'on entend souvent. Y compris dans un sens sexuel. C'est pourquoi, au Mnar, chacun verrouille sa porte, les femmes évitent les tenues trop suggestives, et il est impensable qu'une jeune fille prenne seule le train.

Mais la loi prend le relais de la morale individuelle défaillante. Par nécessité, elle est d'autant plus dure que la morale individuelle est faible. Beaucoup de choses sont interdites au Mnar, et les tribunaux s'honorent de leur sévérité. Un juge mnarésien qui prend sa retraite est fier de pouvoir dire : "Dans ma carrière, j'ai fait pendre à moi tout seul plus de gens que l'ensemble de mes collègues de la Cour d'Assises."

On représente souvent la justice comme une déesse portant sur les yeux un bandeau qui symbolise son impartialité, et tenant d'une main une balance et de l'autre un glaive. La justice mnarésienne a un glaive particulièrement long et tranchant.

Les Mnarésiens ont tellement besoin de lois, pour compenser les défaillances de leur morale individuelle, que la religion dominante, le culte de Yog-Sothoth, leur fournit tout un appareil judiciaire, élaboré au fil des siècles, avec ses lois, ses tribunaux religieux, et toute une panoplie de peines, allant de la simple pénitence jusqu'à la peine de mort.

Pendant les périodes d'anarchie, fréquentes dans l'histoire mnarésienne, le culte de Yog-Sothoth a donné à ses adorateurs les structures sociales dont ils avaient besoin. À certaines époques, les prêtres de Yog-Sothoth ont dirigé de fait des régions entières. Il en est resté des recueils de lois théocratiques et de jurisprudence religieuse. Ces ouvrages de grande érudition, et souvent aussi de profonde subtilité, ont été abolis par les rois du Mnar, qui traditionnellement sont des adorateurs de Nath-Horthath, un dieu rival de Yog-Sothoth.

Le roi Robert, père du roi Andreas, le souverain actuel, a essayé de supprimer les tribunaux religieux, qui faisaient concurrence à son pouvoir. Mais il n'a réussi qu'à les faire entrer dans la clandestinité. Ce faisant, il s'est attiré l'hostilité des théocrates de Yog-Sothoth, minoritaires mais très affluents. D'un autre côté, il a eu le soutien, discret mais réel, des nombreux adorateurs de Yog-Sothoth qui préfèrent avoir affaire à la justice laïque du roi qu'à la cruelle justice des théocrates.

Ainsi furent plantées les graines de discorde qui devaient éclore dans le sang plusieurs décennies plus tard, lors de la guerre civile mnarésienne que l'on appelle les Évènements.

Beaucoup de vieux Mnarésiens regrettent l'époque, déjà lointaine, où les tribunaux ecclésiastiques existaient au grand jour. Certains membres de son clan ont ainsi fait remarquer à Yohannès Ken qu'à l'époque des Juges de Yog-Sothoth, ses problèmes avec Tawina auraient été réglés rapidement et à sa satisfaction. Tawina aurait été répudiée et se serait retrouvée à la rue.

Yohannès ne manquait pas de répondre qu'il était notoire que certains juges théocrates se laissaient facilement attendrir par les jolies femmes, surtout par celles qui étaient prêtes à se rendre discrètement chez le juge pour plaider leur cause. Même si cela devait prendre toute la nuit, disaient les mauvaises langues. Tawina n'aurait eu aucun scrupule à agir de la sorte. On savait aussi que beaucoup de juges de Yog-Sothoth avaient accumulé des fortunes dont l'origine était bien mystérieuse.

L'immoralité profonde des Mnarésiens se retrouve chez les cybersophontes, qui sont les rois du blanchiment d'argent. Mais les cybersophontes font tous partie de la même intelligence collective et ne se volent pas entre eux, ce qui les rend d'autant plus dangereux. Ils respectent scrupuleusement les lois et les règlements, du moins lorsque c'est dans leur intérêt, et les fembotniks comme Yohannès en font autant.

Eneas Tond, l'Aneuvien installé à Hyltendale, avait mis longtemps à comprendre cette différence fondamentale entre la mentalité mnarésienne et la mentalité aneuvienne. Au Mnar, lorsque l'autorité royale s'effondre, comme pendant les Évènements, des groupes de pillards se forment spontanément pour piller les magasins et violer les femmes. La répression est ensuite terrible, et toujours sanglante. Yurani Tinaghell avait fait partie d'une de ces bandes, avec son compagnon de l'époque.

Il en résulte, chez le Mnarésien moyen, le sentiment profond que la sécurité est la première des libertés, et passe avant toute autre considération. Le soutien dont bénéficie le roi Andreas de la part de la majorité de la population ne s'explique pas autrement, mais Eneas Tond avait mis longtemps à le comprendre. La brutalité du roi Andreas lui rappelait ce qu'il avait appris à l'école, concernant les pires moments des régimes de Deskerrem et Allan Hakrel, honnis par les Aneuviens d'aujourd'hui. Au Mnar, cette brutalité est considérée comme un mal nécessaire.

Souvent, dans un pays, ce qui paraît absurde ou irrationnel vu de l'extérieur devient raisonnable et évident lorsqu'on vit dans le pays. Eneas Tond était stupéfait, lorsqu'il ne résidait pas encore à Hyltendale, par le fait qu'un tyran comme le roi Andreas bénéficiait d'un réel soutien populaire. Après avoir résidé un certain temps au Mnar, et sans qu'il en soit réellement conscient, son opinion changea. Il en vint à penser, comme les Mnarésiens eux-mêmes, qu'un peuple qui compte autant de voleurs et de fanatiques en son sein ne peut être gouverné que par un despote.

Les théocrates de Yog-Sothoth pensent d'ailleurs exactement la même chose. Mais ils voudraient que le despote soit l'un des leurs.

Eneas Tond, lors de ses conversations avec Yohannès Ken et d'autres membres du Cercle Paropien, s'était rendu compte que cette opinion assez pessimiste d'eux-mêmes ("Nous les Mnarésiens, nous avons plus de voleurs et d'assassins parmi nous que la plupart des autres peuples") n'empêche pas les Mnarésiens de s'aimer. Eneas avait noté une phrase que l'on entend assez souvent lorsqu'on discute avec un Mnarésien, et qui lui avait paru expliquer ce paradoxe apparent :

In sor rotiendo vi in tanata in timauos.

Ce qui signifie : "Je suis un scélérat et je m'aime ainsi."

Chez les Mnarésiennes, le mot rotiendo (scélérat) est généralement remplacé par un autre mot, nomesiah, désignant une femme prête à se servir de ses charmes pour parvenir à ses fins, et, au sens figuré, une manipulatrice sans morale.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyDim 31 Juil 2016 - 1:02

C'a du effectivement vach'ment changer Eneas Tond de l'Aneuf. En 1946, après la fin de la guerre civile aneuvienne, il y avait eu pourtant des purges assez semblables à celles survenues des années plus tard à son royaume d'adoption. Mais sitôt le gouvernement provisoire formé, les purges cessèrent : les Autorités de l'État et de la Justice étaient revenues et il n'était pas question de les remettre en cause. Les sanctions étaient impitoyables. Mais surtout, les Aneuviens (et même parmi ceux-ci, quelques "Hakrelliens modérés") furent contents d'avoir à faire à un État digne de ce nom (pas comme Ruz, qui semblait être la réincarnation de ce félon de Deskerrem). En 1974, la tentative de Putsch de Sanpaz fut vouée à un échec cuisant, parce que les Alfaziens, comme les autres Aneuviens, ne voulaient pas d'un régime brutal, sauf les quelques excités du KOO, qui furent vite embastillés, voire même davantage. Il n'y eut aucune scène de pillage au moment du retour du Premier ministre à Sanpaz (il avait été enfermé dans une geôle de 2m/3m entre Sanpaz et Martinstad et fut libéré par l'armée fédérale (troupes venant du Roenyls)). Les choses rentrèrent dans le rang somme toute assez vite. Eneas Tond était très jeune à l'époque mais il entendait ses parent en parler : ils lui dirent des paroles rassurantes, mais il sentait quand même l'inquiétude dans leur voix : « Et s'ils avaient l'idée de prendre Hocklènge ? ». Une autre affaire éclata quelques mois plus tard, dont les médias parlèrent, tant la télé (les Tond avaient la télé) que la radio n'avait rien à voir avec la politique. C'était une affaire de mœurs (prostitution de mineurs) qui avait éclaté parallèlement à Hocklènge, à Nevstad et Sense, la télé santoise (toute récente, à l'époque) ne tarissait pas d'images assez crues pour décrire l'affaire. Et ces images, loin de choquer ou de bouleverser le jeune Eneas, le fascinèrent jusqu'au fond de son être, sans qu'il ne manifestât quoi que ce fût (comme il avait vu comment ses parents avaient réagi, il opta pour la discrétion). Au début de sa majorité, il s'entretint avec un psy, qui lui conseilla de ne pas concrétiser ses fantasmes, et ça en resta là. Ensuite, il apprit l'existence d'une zone, dans le quartier de Kastenexhelle où TOUT était permis. Il s'y permis deux~trois incursions. Mais quelqu'un le reconnut et décida d'opérer un chantage à son encontre, non auprès de la police, mais de ses clients (Tond était agent immobilier). L'indélicat personnage se fit de plus en plus gourmand, mais commit une faute et cette faute permis à Eneas de le démasquer : c'était le directeur de l'agence où il travaillait. Alors il mangea le morceau et dit tout à la police, preuves à l'appui. Ne pouvant pas rester à son lieu de travail et étant totalement grillé auprès de ses clients les plus "vertueux", il décida de changer d'air... mais où ? C'est là qu'un étrange personnage à la voix un peu synthétique lui parla d'un royaume lointain où on pouvait acheter ou louer toutes sortes de robots imitant à s'y méprendre des êtres humains de tous âges. Seulement, il fallait des fonds. Il vida alors totalement le coffre de l'entreprise où il travaillait (il avait été aux ordres d'un maître-chanteur : il allait pas avoir de scrupules !), prit un billet d'avion, acheta à prix d'or, sans même avoir vu l'original, une croûte mnarésienne et quitta le Pelliant, mais aussi l'Aneuf. Une autre vie, plus sereine, pensait-il, l'attendait à des milliers de kilomètres de là.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyDim 31 Juil 2016 - 9:01

Anoev a écrit:
acheta à prix d'or, sans même avoir vu l'original, une croûte mnarésienne

L'achat d'une œuvre d'art permet de transférer des fonds à Hyltendale en contournant la loi. Eneas Tond a acheté à un marchand d'art cyborg un tableau d'un montant correspondant à la somme qu'il entend transférer en toute illégalité à Hyltendale. Lorsqu'il arrive à Hyltendale, il revend le tableau, presque aussi cher qu'il l'avait acheté, mais à un confrère du commerçant cyborg. Le "presque" correspond au bénéfice du deuxième commerçant.

Au final, c'est comme si Eneas avait converti ses virs aneuviens en ducats mnarésiens, tout en les transférant à l'étranger. Ce qu'il n'aurait pas pu faire légalement. Il se retrouve à Hyltendale avec une vraie fortune, certes mal acquise, et sans aucun risque d'être extradé vers l'Aneuf, vu l'absence de traité d'extradition entre l'Aneuf et le Mnar.

Les cyborgs vont utiliser les virs aneuviens pour acheter ce que les royaumes du Mnar et d'Orring ne fabriquent pas : certains produits de haute technologie, tels que des appareils d'optique Haxvag haut de gamme.

Bien qu'ayant été maintes fois vendu et revendu, le tableau n'est jamais sorti du musée Locsap, à Hyltendale, où il est conservé dans une salle sécurisée.

Il n'y a pas de traité d'extradition entre l'Aneuf et le Mnar, pour deux excellentes raisons.

La première, c'est que l'Aneuf ne veut pas être obligé d'extrader vers le Mnar des réfugiés politiques. La Police Secrète aneuvienne serait tout à fait capable de créer de toutes pièces de faux dossiers criminels concernant ces réfugiés.

La deuxième, c'est que le Mnar est une dictature. Les rebelles et leurs partisans n'ont aucune chance d'avoir un procès équitable. Ils sont parfois torturés, ou disparaissent purement et simplement. L'Aneuf, étant une démocratie, ne peut pas signer un traité d'entraide judiciaire avec un pays pareil.

L'histoire du tableau mériterait un chapitre entier à elle toute seule. C'est un ensemble incompréhensible de taches de couleur sur une toile carrée de 90cm de côté. Toutefois il porte la signature de Phelang, l'un des peintres les plus en vue de l'École d'Hyltendale.

Il change de propriétaire tous les six mois en moyenne, sans jamais quitter le musée du Locsap. Il a eu des propriétaires non seulement aneuviens, mais aussi américains, australiens et chinois. Il a été échangé contre des virs, des dollars américains et australiens, et contre des yuans chinois.

Le marché de l'art hyltendalien est particulièrement actif avec la Chine, parmi les riches Chinois désireux de quitter leur pays avant d'être visés par la campagne anti-corruption. La Californie et la ville de Vancouver au Canada sont leurs destinations de choix, suivies par Hyltendale. On trouve beaucoup de Chinois dans les luxueuses villas de la Côte d'Ethel.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyDim 31 Juil 2016 - 11:21

La technologie qui permet l'existence des robots intelligents que sont les cybersophontes permet aussi la colonisation des fonds marins par ces mêmes cybersophontes.

Les mers et les océans, c'est 70% de la surface de la planète. L'être humain n'y a accès que difficilement, alors que les robots, qui n'ont pas besoin de respirer, peuvent y vivre et y travailler sans problème.

Orring, le royaume sous-marin des cybersophontes, crée des colonies dans les fonds marins. Les dirigeants d'Orring savent que pour coloniser l'ensemble des fonds marins, il leur faudra des siècles. L'entreprise prend du temps et demande des ressources importantes, car chaque installation sous-marine d'importance doit correspondre à une île flottante artificielle, certaines activités ne pouvant pas être effectuées sous l'eau. Le terme d'île flottante est d'ailleurs impropre, la plupart d'entre elles pouvant disparaître sous l'eau en cas de nécessité. Il faudrait plutôt parler de sous-marins géants de béton armé, certaines faisant jusqu'à deux kilomètres de diamètre.

Seuls les cybersophontes savent combien d'installations sous-marines ont été construites, et ce qui s'y passe.

Les îles flottantes ne peuvent pas être installées n'importe où, car, poussées par les courants marins, elles finiraient par s'échouer contre la terre ferme. Elles sont donc installées dans les gyres océaniques, où elles tournent en rond sur des milliers de kilomètres, comme des satellites.

Les gyres océaniques sont de gigantesques tourbillons d'eau formés par les courants marins. Ils sont provoqués par la force de Coriolis. Pour l'instant, les cybersophontes n'ont construit d'îles flottantes que dans le gyre du Pacifique Nord, à des milliers de kilomètres du Japon, des États-Unis et du Mnar, les pays les plus proches.

Pour ses projets de développements sous-marins, Orring a besoin de commercer avec le monde humain, celui des nations exportatrices de produits de haute technologie, telles que les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud et la Chine. Les cybersophontes exploitent les ressources minières du Pacifique Nord, auxquelles ils sont les seuls à pouvoir accéder, en échange des machines et de la technologie dont ils ont besoin. Leur objectif, à moyen terme, est d'accéder à ce qu'ils appellent la Deuxième Phase, celle où Orring pourra se développer sans avoir besoin d'importer quoi que ce soit. Ils pourraient déjà se développer seuls, mais beaucoup moins rapidement qu'ils ne le font actuellement.

Il va de soi que les nations humains, notamment les États-Unis, regardent Orring avec curiosité mais aussi avec suspicion. L'existence de millions de robots sous-marins n'est pas pour rassurer les États riverains du Pacifique. Certains de ces robots sont conçus pour couler des navires.

Les stratèges du monde entier se demandent avec inquiétude ce qui se passerait si les cybersophontes décidaient de bloquer les voies maritimes, sachant que 90% du commerce international se fait par voie maritime. Tous les pays qui dépendent des importations pour nourrir leur population se retrouveraient affamés en quelques mois, et les autres pays seraient ruinés parce qu'ils ne pourraient quasiment plus exporter ou importer. Heureusement, les Orringais semblent se désintéresser des affaires humaines, sauf celles du Mnar.

Orring importe des armes, de divers pays, pour protéger ses îles flottantes, mais n'a ni aviation, ni flotte de guerre, à l'exception de ses millions de robots sous-marins. Certains de ceux-ci sont conçus spécialement pour couler des navires, afin, selon les cybersophontes, d'empêcher une éventuelle invasion des îles flottantes. Le Pentagone sait que les cybersophontes du Mnar ont utilisé des gaz de combat pendant les Évènements. Les analystes militaires pensent que si des humains envahissaient les îles flottantes, les cybersophontes n'hésiteraient pas à utiliser des gaz de combat, comme ils l'ont fait au Mnar.

Toutefois, les mêmes analystes disent qu'Orring est vulnérable, car les îles flottantes peuvent être détruites par des avions et des missiles. Certaines de ces îles sont protégées par des missiles anti-aériens intelligents, mais l'efficacité de ceux-ci est douteuse.

Le Pentagone fait régulièrement survoler les îles flottantes par des avions et des drones volant à basse altitude, au risque de heurter un robot volant.  

Orring, pour utiliser l'expression d'un universitaire américain, c'est la Deuxième Planète. Un monde potentiellement aussi riche que les terres émergées, mais aussi inaccessible pour l'humanité que s'il était situé sur la lune.

Les grands pays commerçants ont pris l'habitude de recevoir la visite des cyborgs d'Orring, venus leur vendre des métaux précieux comme l'or, l'argent et le platine, ou rares comme l'yttrium et les lanthanides, dont les industries de pointe ont besoin.

Pour aller à la rencontre des Orringais, il faut se rendre à Hyltendale, cas extraordinaire d'une capitale diplomatique située dans un pays étranger. Serranian, l'île flottante qui est la capitale officielle d'Orring, est surtout une résidence royale, et les humains ne peuvent y accéder que par invitation.

Le mnarruc est la langue officielle d'Orring, mais l'influence culturelle orringaise sur le reste du monde est égale à zéro. Les cyborgs sont polyglottes et parlent les langues des pays avec lesquelles ils font du commerce. Ils parlent anglais avec les États-Uniens, les Canadiens, les Néo-Zélandais et les Australiens, japonais avec les Japonais, et aneuvien avec les Aneuviens.

Les Orringais ne semblent même pas avoir de culture spécifique. Ils ont tendance à s'habiller comme les habitants des pays où ils se rendent, avec toutefois une préférence pour les costumes noirs et les chapeaux. Sur le plan des mœurs, ils sont d'une chasteté absolue, sauf les femmes. Ondrya Wolfensun, la femme d'affaires cyborg, de nationalité mnarésienne mais d'origine orringaise, n'a jamais hésité à flirter (et même au-delà), pour hâter la signature d'un contrat.

Les cyborgs sont des relations d'affaires fiables et sérieuses, mais il est inutile d'espérer devenir leur ami. Le golf et les sorties en boîte de nuit les intéressent moyennement. Pour un cyborg, sortir le soir n'a d'intérêt que s'il peut en profiter pour faire boire les autres participants, jusqu'à ce qu'ils révèlent des secrets qu'ils auraient préféré garder pour eux.

Lorsqu'on leur parle de religion, les cyborgs disent toujours qu'ils sont des adorateurs d'Azathoth. Ils sont les seuls à pratiquer cette religion, avec quelques fembotniks hyltendaliens. Le livre La Contemplation d'Azathoth a été traduit en plusieurs langues, et étudié de près par quelques intellectuels, curieux de connaître les croyances des habitants de la Deuxième Planète. Le grand public s'en désintéresse totalement. Il est vrai qu'il se désintéresse tout autant du royaume d'Orring, car les médias n'en parlent que rarement. Il n'est pas rare, même dans les pays développés, de rencontrer des gens qui n'ont jamais entendu parler d'Orring.

Orring a un petit frère, la principauté de Hyagansis, qui est à Orring ce que Monaco est à la France. Les cyborgs de Hyagansis sont impliqués dans de nombreuses manipulations financières et trafics divers, au point que certains gouvernements ont interdit à leurs banques de travailler avec la Banque de Hyagansis, trop souvent impliquée dans des opérations de blanchiment d'argent.

Hyagansis fait travailler des exilés mnarésiens dans ses installations sous-marines, mais leur interdit tout contact avec l'extérieur, même avec leur famille restée au Mnar, et à cause de cela la principauté est à peu près aussi isolée de la communauté internationale que la Corée du Nord.

Le roi d'Orring est un cyborg nommé Magusan. Très grand, massif et affable, le verbe lent et le geste onctueux, vêtu d'un costume gris très ample, il a l'air à la fois gentil et modérément intelligent. Ses yeux cybernétiques lui donnent l'air d'un gros insecte. Lorsqu'il est interviewé par un journaliste étranger, il donne toujours l'impression de n'avoir qu'une connaissance superficielle des problèmes, et de tomber sous le charme de tous les chefs d'États étrangers qu'il rencontre, même quand ce n'est pas réciproque. Mais cette naïveté apparente de Magusan ne nuit pas à Orring, car ce n'est jamais lui qui négocie les traités, mais ses collaborateurs, dont la réputation de dureté n'est pas usurpée.

Le pouvoir de Magusan est limité par le Conseil Suprême, dont les membres ne se rendent jamais à l'étranger.

Magusan connaît deux sujets à fond : l'art abstrait hyltendalien, et l'écologie marine. Il est capable d'en parler pendant des heures.

Tout le monde se souvient de la visite de Magusan aux États-Unis. Le président américain, bien briefé par ses conseillers, a montré par son attitude que c'était lui le dominant, par exemple en mettant "amicalement" le bras autour des épaules de Magusan. Ce dernier avait l'air d'un idiot sympathique, et c'était d'ailleurs l'impression qu'il voulait donner.

En effet, lorsqu'on est un monarque cybersophonte, on ne prend pas un air menaçant, alors que les cyborgs du Mnar aident le roi Andreas à massacrer ses adversaires, que ceux de Hyagansis sont impliqués dans des fraudes financières internationales, et qu'au Naoutry les cyborgs massacrent les humains. On essaie de montrer qu'on n'a rien à voir avec ces cyborgs-là, et c'est justement ce que Magusan était en train de faire.

Il n'y réussit d'ailleurs pas tout à fait. Il parlait anglais à la perfection, et même si ses réponses étaient souvent vagues, il n'était jamais désarçonné par les questions. Le président américain ne pouvait pas s'empêcher de penser que derrière les yeux d'insecte de Magusan, il y avait une âme qui n'était pas humaine, et il n'arrivait pas à l'oublier.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyMar 2 Aoû 2016 - 11:59

Il faisait très chaud à Hyltendale ce jour-là. Au Cercle Paropien, c'était une après-midi ordinaire. Dans la grande salle de bar, Eneas Tond et Yohannès Ken étaient assis autour d'une table avec leurs gynoïdes, Shonia et Moyae.

Les deux gynoïdes ne disaient rien. Elles étaient là pour faire de la figuration, et aller chercher des boissons au comptoir. Eneas, qui était aneuvien, trouvait que c'était, au moins en apparence, un machisme extraordinaire. Mais en apparence seulement, car les gynoïdes ne sont pas des êtres humains, mais des robots humanoïdes.

Qu'y a-t-il de plus plaisant au monde que d'être confortablement assis dans un lieu convivial, en compagnie d'un ami, afin d'y savourer pendant quelques heures les plaisirs tranquilles de la conversation entre gens civilisés, et comparer les mérites de différentes variétés de bière ?

D'autres petits groupes d'amis buvaient tranquillement, assis à des tables voisines. Yohannès reconnut Perrine Vegadaan, qui était venue sans Hugo, son petit androïde. Elle buvait du thé avec des amies à elle, en pouffant de rire.

Un fembotnik monstrueusement obèse que Yohannès connaissait, nommé Soubokaï, se leva brusquement. Pour une raison inconnue, il était en colère contre Saxula, sa gynoïde.

Yohannès connaissait aussi Saxula, qui ressemblait à une adolescente, avec ses longs cheveux bleu clair, et qui était vêtue comme une écolière, d'une jupe plissée et d'un chemisier blanc.

Soubokaï se mit à secouer Saxula et à lui hurler au visage, dans un dialecte incompréhensible. La gynoïde restait muette, et comme paralysée.

Il y avait au moins une trentaine de personnes dans la salle, mais personne ne réagissait.

Eneas, outré, se leva, le visage fermé, pour mettre fin à l'esclandre. Mais Yohannès le retint par le bras :

- Ne t'en mêle pas.

"Je ne peux pas laisser cette brute maltraiter cette gamine !" rugit Eneas.

- Ce n'est pas une gamine, c'est une machine. Si son maître la rudoie, c'est son problème. C'est comme s'il donnait des coups de pied dans sa voiture. Du moment que c'est la sienne, il en a le droit.

"Mais cette machine a l'apparence d'un être humain !" objecta Eneas. "Si on laisse une brute maltraiter en public quelque chose qui ressemble à une jeune fille, cela donne l'impression qu'il est légitime de brutaliser les jeunes filles !"

Yohannès se leva et força Eneas à se rasseoir.

"Je sais bien" dit-il à Eneas. "Crois-tu que cela me fait plaisir de voir ça, moi qui ai été torturé par Tawina ? Soubokaï a la loi en sa faveur, mais pour ce qu'il vient de faire, il va se faire virer du club."

- Et s'il blesse la gynoïde ?

- Il paiera les réparations. Ça le punira au portefeuille. S'il exagère, s'il massacre totalement Saxula, le contrat sera rompu par la société qui lui loue Saxula, et il se retrouvera tout seul comme un con.

- Eh bien, tant mieux !

- En fait, une rupture de contrat est peu probable. Les gynoïdes sont solides. Et puis, on a vu des fembotniks se suicider après une rupture de contrat. Les cybersophontes le savent. Tu penses bien qu'aucune femme ne voudrait de quelqu'un comme Soubokaï. Il va faire son cinéma, comme d'habitude, et après il va pleurer et se soûler pour oublier.

Soubokaï venait de projeter violemment Saxula contre le comptoir. N'en pouvant plus, Perrine Vegadaan se leva de sa chaise et cria :

- Soubokaï, ça suffit ! C'est le Cercle Paropien ici, pas le Selecto ! Tu te calmes, ou alors tu t'en vas !

Une douzaine d'hommes approuvèrent bruyamment.

Soubokaï, nullement calmé, se tourna vers Perrine et la traita de vieille salope. Elle marcha vers lui et le gifla.

Puis elle recula et mit ses bras en avant, pour parer un coup de poing que le gros Soubokaï essayait maladroitement de lui donner. Une douzaine de gynoïdes, parmi lesquelles Shonia et Moyae, se précipitèrent pour séparer les combattants.

Frapper une gynoïde, ce n'est jamais que frapper un robot cybernétique, un simulacre d'être humain. C'est déplaisant, surtout en public, mais c'est légal, tant qu'on n'endommage pas le robot. Et même ainsi, il s'agit d'un simple délit de dégradation de bien privé, les robots humanoïdes appartenant à des sociétés de location.

Tant que Soubokaï se contentait d'insulter et de secouer Saxula, le délit de dégradation de bien privé n'était pas constitué, et les humanoïdes présents dans le bar ne se mêlaient pas de l'affaire.

En revanche, lorsque c'est un être humain qui est frappé, ou qui risque d'être frappé, les humanoïdes ont le devoir d'intervenir.

Soubokaï distribuait les coups de poing et de pied à droite et à gauche, en direction des gynoïdes, mais elles étaient beaucoup plus rapides que lui. Elles faisaient une sorte de danse autour du gros homme, lui donnant des coups de pied dans les fesses, et l'évitant quand il se retournait et cherchait à les attraper. Les clients du bar se mirent à rire.

La plupart des gynoïdes portent des chaussures dont l'avant est renforcé par du bois dur ou du métal, dissimulé sous le cuir ou la toile. Leurs pieds sont des armes, et peuvent faire très mal. Soubokaï sentait la douleur là où il avait reçu des coups de pied, aux tibias, sur les cuisses et sur le derrière.

Une gynoïde éloigna Perrine de la bagarre. Soubokaï courut vers la sortie du bar, suivi à bonne distance par Saxula.

Le calme revint instantanément. Shonia et Moyae revinrent s'assoir à la table où les attendaient Yohannès et Eneas.

"Pourquoi la gynoïde a-t-elle suivi Soubokaï ?" demanda Eneas.

"Le contrat signé par Soubokaï est toujours valide," répondit Yohannès. "Les cybersophontes aiment bien les clients comme Soubokaï. À cause de leurs problèmes psychologiques, ils sont une clientèle captive, car ils n'ont pas le choix. Soit ils paient la location d'une gynoïde, soient ils vivent dans la solitude, sans sexe et sans amour. Certains en souffrent tellement qu'ils en meurent. Sachant cela, et le désespoir profond de ce genre de personnes, les cybersophontes les font payer plus cher, au prétexte qu'ils endommagent les gynoïdes. Soubokaï est une bonne source de revenu pour eux."

"Et la dignité des femmes, là-dedans ?" demanda Eneas.

- Elle n'en sort pas intact, c'est sûr. Les gynoïdes ont un comportement de soumission totale, comme des animaux domestiques. Nous les fembotniks, nous somme d'abominables machos. Moi le premier. Comme on dit, in sor rotiendo vi in tanata in timauos. Mais c'est notre liberté. Nous ne faisons pas de mal aux vraies femmes, puisque nous nous passons d'elles.

Eneas avait l'air dubitatif :

- Chez moi en Aneuf, on dit que la liberté de quelqu'un s'arrête où commence celle des autres. La liberté des femmes, c'est aussi de ne pas être insultées, dégradées, humiliées, de se sentir menacées, par des comportements comme celui de Soubokaï.

-  Allons, Eneas, un peu de sérieux. La prostitution est légale en Aneuf, d'après ce que j'ai lu. Qu'y a-t-il de plus dégradant pour les femmes que de faire de leur corps un objet de commerce ? À Hyltendale, ce ne sont que des simulacres de femmes qui sont vendus. Les vraies femmes sont protégées.

- Admettons. Mais quand même, Yohannès, une scène dégradante comme celle à laquelle nous venons d'assister, cela peut donner à certains esprits faibles, et à certains tordus, l'idée que frapper les femmes est un comportement normal.

- C'est vrai. Ce n'est pas un comportement normal, et c'est pour ça que Soubokaï va se faire exclure du Cercle Paropien, parce que son comportement nous déshonore tous. Ne pleurons pas sur son sort. Il lui restera le Selecto, où ils sont tous comme lui. Est-ce que ça te dirait, une autre bière ? J'offre la prochaine tournée.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyMar 2 Aoû 2016 - 12:24

Vilko a écrit:
Allons, Eneas, un peu de sérieux. La prostitution est légale en Aneuf, d'après ce que j'ai lu. Qu'y a-t-il de plus dégradant pour les femmes que de faire de leur corps un objet de commerce ?
Ce que à quoi Eneas aurait pu répondre : Les prostitué(e)s ne se vendent pas, ils (car il y aussi des hommes) effectuent une prestation sexuelle contre rétribution. Tu vas chez Ekkad Edvizh* comme tu vas chez le coiffeur, le kiné ou bien un taxi. Les personnes qui font ce métier-là (le plus vieux du monde, dit-on) sont largement aussi respectées que le peintre chez qui tu allais y a deux siècles pour te faire tirer l'portrait, ou bien le sculpteur pour te faire faire un masque. Les clients turbulents sont plutôt rares et vite remis à leur place. Ce sont d'ailleurs des clients de passage, Européens, Américains (nord & sud) ou Arabes (mais heureusement, tous ces clients d'au delà des mers ne sont pas des brutes épaisses, et un grand nombre viennent ici pour retrouver une femme qu'ils ont perdue, et c'est surtout de l'affection qu'ils cherchent, autant que de se faire soulager l'entresol) pour la plupart, et quelques rarissimes aneuviens. Les autres sont des habitués, très affectueux avec leurs prestataires, qui le leur rendent bien. Ils se connaissent et s'appellent par leurs prénoms. Des énergumènes comme Soubokaï ne pourraient même plus faire un pas dans une maison d'accueil de Kastenexhelle. Sous une apparence de concurrence, ces maisons se tiennent main dans la main.






*Madame Edwige : une prostituée célèbre, très prisée de la clientèle de Kastenexuelle. Elle a pu racheter le bordel que tenait la femme qui la précédait, et qui est partie se reposer au bord de la mer, et est donc devenue une Figure du lieu.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyMar 2 Aoû 2016 - 12:47

Anoev a écrit:
Des énergumènes comme Soubokaï ne pourraient même plus faire un pas dans une maison d'accueil de Kastenexhelle. Sous une apparence de concurrence, ces maisons se tiennent main dans la main.

Contrairement aux Aneuviens de Kastenexhelle, les cybersophontes pardonnent aux énergumènes comme Soubokaï. À condition, bien sûr, qu'ils payent plus cher. Cool

C'est l'un des avantages qu'il y a à utiliser des gynoïdes dans l'industrie du sexe : elles acceptent sans discuter d'être maltraitées si c'est dans l'intérêt financier de leur propriétaire. Il est difficile de demander la même chose à des travailleuses humaines libres...
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyMar 2 Aoû 2016 - 12:56

Seul'ment voilà : l'Aneuf ne maîtrise pas (encore) la robotique humaine. Donc les prestataires sont des êtres humains et doivent être traité(e)s comme tel(le)s. Si Eneas Tond a quitté l'Aneuf, ce n'est pas pour avoir maltraité des prostituées, c'est parce que les prostitué(e)s qu'il allait voir en "zone franche" n'avaient pas l'âge légal et qu'y a eu des fuites*. Du coup, il a recherché à Hyltendale, sous un aspect robotique, ce qu'il avait du quitter à Hocklènge.






*Sans oublier qu'il a puisé dans la caisse de sa boîte, mais c'est plus par vengeance que par appât du gain.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyMar 2 Aoû 2016 - 14:17

Xenopha et Hugo viennent-ils de la même unité de construction ? Bref, sont-ils sœur et frère cybernétiques ?

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyMar 2 Aoû 2016 - 21:21

Anoev a écrit:
Xenopha et Hugo viennent-ils de la même unité de construction ? Bref, sont-ils sœur et frère cybernétiques ?

Pas nécessairement, les usines où sont fabriqués les humanoïdes (par des robots et d'autres humanoïdes) étant éparpillées dans les zones rurales de l'Ethel Dylan et à Serranian. Deux humanoïdes ne sont pas plus "sœur" et "frère" que deux ordinateurs de même marque et ayant le même système d'exploitation.

Un cybercerveau peut contrôler, par ondes radio, jusqu'à un millier d'humanoïdes en même temps, mais c'est un maximum, rarement atteint. Il y a plusieurs centaines de milliers d'humanoïdes rien qu'à Hyltendale, donc la probabilité que Xenopha et Hugo soient contrôlés par le même cybercerveau est faible.

Ce qu'ils ont en commun, c'est la culture commune des cybersophontes, qui font tous partie d'une vaste intelligence collective dirigée par la Reine de la Ruche. Le mnarruc est leur langue commune, mais ils utilisent aussi plusieurs milliers de langues secrètes, appelées naacal, un mot que l'on retrouve dans les Manuscrits Pnakotiques, où il désigne une langue non identifiée (ou peut-être plusieurs).

Les langues secrètes sont beaucoup plus efficaces que les codes les plus sophistiqués. On peut en effet "casser" un code, mais comprendre une langue sans avoir sous la main au moins un texte déjà traduit, genre pierre de Rosette, c'est quasiment impossible... Les savants n'ont toujours pas réussi à traduire l'étrusque, ni le linéaire A...

Le problème des langues secrètes, c'est qu'il ne faut pas laisser trainer un dictionnaire de la langue en question, sinon il peut arriver la même chose qu'avec le télégramme Zimmermann. Mais le problème ne se pose pas pour les naacals, car ils n'existent que dans les cerveaux des cybersophontes, jamais sous forme écrite.

Les humanoïdes qui communiquent avec le cybercerveau qui les contrôle utiisent plusieurs naacals difféents en même temps, suivant le niveau de confidentialité de l'information à transmettre, ou sa nature.

Xenopha et Hugo n'utilisent probablement pas les mêmes naacals.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyMer 3 Aoû 2016 - 14:38

Je suppose que dans les villas (voire manoirs) particulièrement riches, il doit y avoir une armée de syberviteurs, "commandés" par un androïde ou une gynoïde tenant lieu de majordome, pour le prestige du lieu auprès des invités. Le gros avantage sur une riche maisonnée de chez nous, c'est que tout ce personnel étant cybernétique, il n'y a pasq d'intrigue du genre « qui a déshonoré la chambrière ? le chauffeur ou l'intendant ? » tous les ordres sont donnés via le cerveau central et les domestiques (majordome compris) sont des périphériques exécutant avec une minutie extrême. Le bon objet à sa bonne place, et toujours dans un état impeccable.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyMer 3 Aoû 2016 - 18:03

Anoev a écrit:
Je suppose que dans les villas (voire manoirs) particulièrement riches, il doit y avoir une armée de syberviteurs, "commandés" par un androïde ou une gynoïde tenant lieu de majordome, pour le prestige du lieu auprès des invités.

Plus j'y réfléchis, plus je me dis qu'Hyltendale est une ville attirante pour les riches. De plus, c'est la capitale diplomatique de l'Empire Sous-Marin d'Orring, qui fera en sorte qu'elle ne soit jamais envahie ou ruinée. Inconvénient majeur : elle est très éloignée de tous les pays importants.

PS C'est logique que les cybersophontes préfèrent attirer les riches, qui viennent avec leur argent, plutôt que les pauvres. Il reste à voir les problèmes que cela va poser...


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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyMer 3 Aoû 2016 - 18:53

C'est un peu comme un abri, un cocon, en somme. Principal inconv' : c'est  pas marqué (en mnaruc) "interdit aux pauvres", mais ça le laisse deviner.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyMer 3 Aoû 2016 - 19:16

Anoev a écrit:
C'est un peu comme un abri, un cocon, en somme. Principal inconv' : c'est  pas marqué (en mnaruc) "interdit aux pauvres", mais ça le laisse deviner.

Il y a quand même une majorité de pauvres, voire de totalement sans ressources, à Hyltendale : les invalides et les grands vieillards qui sont pris en charge à l'hôpital Madeico et dans diverses institutions, les handicapés mentaux et les aliénés du Lagovat-Kwo, sans compter les détenus de la prison de Tatanow... Mais ils ne gênent pas la vie des habitants. Sauf, cas rarissime, quand un dangereux schizophrène, une hache à la main, poursuit les gens dans la rue... jusqu'à ce que des humanoïdes arrivent à le stopper.

Certains fembotniks sont loin d'être riches, par exemple Emil Ti, un sous-officier de la Garde Royale à la retraite, qui combine une retraite de sous-officier avec une pension de mutilé de guerre (il a perdu un œil et un bras et il a été gravement brûlé pendant les Évènements), ce qui lui permet tout juste de louer un studio de 12m2 et une gynoïde. Avec le même revenu, il vivrait bien mieux dans sa province d'origine, mais il ne pourrait pas avoir de gynoïde.

Il y a très peu d'emplois pour les humains à Hyltendale, et pourtant on n'y trouve pas de chômeurs. Paradoxe ? Non, car les cybersophontes ont offert aux pauvres des logements à Ulthar, et, depuis peu, des emplois de traducteurs et de jardiniers. L'utilité réelle de ces emplois est quasiment nulle, mais c'est le prix à payer pour avoir la paix sociale.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyMer 3 Aoû 2016 - 19:47

Mais imagine un peu : je suis un pauvre laveur de bus (c'était mon premier métier) à Ulthar et je gagne à peine de quoi vivre, donc les extras (cinéma, vacances à la mer etc.), c'est pas pour moi. Je voudrais bien avoir une formation, mais mon travail est exténuant, avec les chefaillons, toujours sur le dos : « t'as oublié une vitre ! lambine pas ! il en reste 10 à faire ! » sans oublier certains "collègues" qui me harcèlent moralement (quand c'est pas sexuellement). Fatigue physique, fatigue nerveuse : j'm''écroules tous les soirs dans mon canapé et m'endors devant la télé quasiment sans manger, et l'lendemain, ça r'commence. En plus pour aller du domicile au dépôt (qui se situe dans la banlieue d'Ulthar), y a des quartiers peu sûrs « Eh ! mec ! t'as pas une dizaine de ducats ? ». J'en peux p'us d'cett'vie-là. Si j'restes là n'dans, j'vais disjoncter, prendre une hache d'incendie (y en a au dépôt, ainsi que du sable, des couvertures, des extincteurs) et la planter dans une dizaine de mes ennemis les plus malfaisants, survolté par les brimades et les humiliations que j'aurai enduré en silence), mais aussi quelques innocents qui auront eu le malheur de s'trouver là au mauvais moment. Et voilà : la case prison, voire la case Hyagansis : la définitive ! À moins qu'il y ait une porte de sortie providentielle : On cherche un traducteur chinuk-mnaruc. Par chance, j'ai séjourné au nord-ouest de Canada pendant dix ans et connais cette langue comme si c'avait été ma langue maternelle...
J'te laisse imaginer la suite.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyMer 3 Aoû 2016 - 20:09

Ça me désole tous ces hommes qui vivent avec des artéfacts, alors qu'il y a tant de femmes seules, elles-aussi.
Bon, c'est vrai qu'elles souvent moins dociles...
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyMer 3 Aoû 2016 - 20:41

PatrikGC a écrit:
Ça me désole tous ces hommes qui vivent avec des artéfacts, alors qu'il y a tant de femmes seules, elles-aussi.
Bon, c'est vrai qu'elles souvent moins dociles...
Y a pas seulement qu'une question de "docilité", là n'dans. Y a aussi le risque de tomber sur une garce comme Zeno, ou sur une brute comme Soubokaï.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyMer 3 Aoû 2016 - 21:26

Anoev a écrit:
À moins qu'il y ait une porte de sortie providentielle : On cherche un traducteur chinuk-mnaruc. Par chance, j'ai séjourné au nord-ouest de Canada pendant dix ans et connais cette langue comme si c'avait été ma langue maternelle...

L'Anoev ultharien (appelons-le Anoved, "l'Aneuvien") postule sans trop y croire pour un poste de traducteur à l'Institut Edonyl. À sa grande surprise, il est embauché. Il n'y a pas grand-chose à traduire du chinook au mnarruc, mais il est occupé pour au moins six moins à transformer en lexiques chinook-mnarruc et mnarruc-chinook des lexiques initialement chinook-anglais et anglais-chinook. C'est l'occasion pour lui de réapprendre un peu d'anglais.

Il n'est pas payé plus cher que lorsqu'il lavait les bus, mais il est dans un bureau, au chaud l'hiver et au frais l'été, et nullement débordé. Il habite toujours dans la banlieue d'Ulthar, mais ses horaires sont moins contraignants. Il va travailler en bus avec la masse des employés de bureau ulthariens, et il est donc moins souvent sollicité par des mendiants menaçants.

À l'Institut, ses chefs lui laissent toutefois entendre que s'il arrive trop souvent en retard, ou s'il n'est pas assez discipliné, son contrat de six mois ne sera pas renouvelé. Anoved ne tarde pas à trouver l'ambiance de l'Institut assez mesquine, et la paresse de certains de ses collègues le stupéfie.

Lui-même a fini en quelques semaines ce qu'il était censé faire en six mois, mais ses chefs lui ont trouvé de quoi l'occuper. Puisque les principales prières chrétiennes ont été traduites en Chinook, lui, il va traduire les Manuscrits Pnakotiques, ce qui devrait l'occuper jusqu'à la retraite.

Il proteste : "Mais il n'y a pas assez de vocabulaire en Chinook !"

"Ce n'est pas grave" lui répond son chef. "Il y en a quand même assez pour définir n'importe quel mot du dictionnaire, nous avons vérifié. Les Manuscrits Pnakotiques ainsi traduits seront au moins cinq fois plus longs que l'original. Un mot devra parfois être traduit par une phrase, et une phrase par un paragraphe entier. L'objectif n'est pas de faire une traduction qui sera lue, mais de faire progresser la linguistique..."

"Euh... Et ces définitions ?"

"Voici un dictionnaire de mnarruc. Tous les mots sont définis à l'aide d'un lexique de 2591 mots. Pour le chinook, il faudra faire avec un millier de mots. Ta première tâche sera donc d'utiliser mille mots pour en traduire 2591. Ensuite, avec les 2591 mot et expressions, tu traduiras huit mille mots. C'est le nombre de mots différents utilisés dans les Manuscrits Pnakotiques..."

Anoved se met donc au travail. Il sait qu'une fois sa traduction des Manuscrits Pnakotiques terminée, il la peaufinera, fera des rapports et des compte-rendus. Il a du travail pour plusieurs décennies, à un rythme très confortable.

Son travail ne le passionne pas. Mais il a un projet personnel, c'est d'économiser assez d'argent pour traverser en train tout le Mnar, de Thalarion jusqu'à Céléphaïs et d'Olathoë jusqu'à Hyltendale.

Il se sent parfois un peu enfermé.

Physiquement, dans le bureau, même si on lui permet d'aller se promener de temps en temps. Son travail lui paraît absurde, et il passe parfois la journée à bavarder avec ses collègues, qui travaillent tous sur d'autres langues.

Financièrement aussi, car son travail lui permet tout juste de vivre, et s'il le perdait, il se retrouverait à la rue. Les jobs sont rares à Ulthar, et il aurait sans doute du mal à retrouver un emploi de laveur de bus.

Il se demande parfois s'il ne serait pas mieux à Hyagansis, dans les installations sous-marines, mais l'idée de passer toute sa vie sous un dôme ne l'attire pas. Les Hyaganséens n'ont pas le droit de communiquer avec l'extérieur, et ça le rend méfiant. Il ne voudrait pas couper les liens qui lui restent avec sa famille et ses amis d'enfance, pour de vagues promesses d'emploi dans les jardins hydroponiques sous-marins. Il soupçonne fortement tous ces secrets de cacher une forme d'esclavage.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyMer 3 Aoû 2016 - 21:47

Pour connaitre aussi bien le chinuk, je l'aurais plutôt imaginé canadien qu'aneuvien. Mais bon, passons, il reste à Ulthar, une ville qu'il n'aime guère et où les débouchés sont rares, même s'il a laissé son emploi de grouillot, à un autre emploi de grouillot, dans une ambiance un peu moins délétère. Il a entendu parler d'Hyltendale, il s'est documenté, il a entendu parler des androïdes, des gynoïdes ; il s'est dit que les échanges avec les robots seraient plus sincères qu'avec certains humains. Il a entendu dire que là bas, les rues sont tellement propres qu'on pourrait pic-niquer sur les trottoirs, si c'était autorisé. Si seulement...

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Vilko

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 20 EmptyMer 3 Aoû 2016 - 23:00

PatrikGC a écrit:
Ça me désole tous ces hommes qui vivent avec des artéfacts, alors qu'il y a tant de femmes seules, elles-aussi.
Bon, c'est vrai qu'elles souvent moins dociles...

La plupart des fembotniks vivraient sans femme de toute façon. Yohannès Ken a divorcé deux fois, Emil Ti est invalide et n'a jamais connu que des prostituées, Eneas Tond est sexuellement pervers, Soubokaï est obèse et caractériel... Comme il y a à peu près autant de femmes que d'hommes, cela fait un nombre équivalent de femmes sans hommes. Si l'on ajoute les Évènements, où beaucoup d'hommes sont morts, et l'émigration massive qui a suivi, qui concernait surtout des hommes, on voit qu'il y a au Mnar un excédent de femmes par rapport aux hommes.

Certaines de ces femmes louent les services d'un androïde, comme Perrine Vegadaan.

La plupart n'ont pas cette possibilité, travaillent quand elles le peuvent, vivent dans leur famille ou en colocation avec d'autres femmes, rêvent du prince charmant et songent à partir dans un pays étranger pour trouver un mari. Mais les Mnarésiennes n'ont pas toutes le charme des Asiatiques et bien peu ont la blondeur des Ukrainiennes. Elles s'exportent moins bien...

Anoved ne devrait pas avoir trop de mal à trouver une copine à Ulthar ! Very Happy

Bien sûr, il ira faire un tour à Hyltendale, ira à Zodonie "pour voir comment c'est vraiment", se sentira dépaysé avec tous ces humanoïdes, et se dira qu'il n'a rien de commun avec tous ces touristes friqués et ces fembotniks taciturnes.

Il rentrera à Ulthar impressionné par la prospérité et la propreté d'Hyltendale, mais il se rendra compte qu'il y avait comme un mur de verre entre lui et les Hyltendaliens. On ne peut pas avoir de vraie conversation avec un humanoïde, et lorsqu'on est un touriste on ne peut parler qu'avec des humanoïdes, qui exercent tous les emplois de serveurs, employés d'hôtel, etc. Les prostituées gynoïdes savent discuter avec leurs clients, avec beaucoup de tact et de psychologie. Mais il n'en saura rien, parce qu'il n'a pas assez d'argent pour aller en voir une. Il y a aussi le fait qu'il a une copine à Ulthar.

Pour parler avec un Hyltendalien, il faut faire partie d'un club, ou être affilié à un temple (par exemple, un temple d'adorateurs de Yog-Sothoth, ce sont les plus actifs). C'est impossible pour un touriste qui ne reste dans la ville que quelques jours.

La gare d'Hyltendale est belle, mais la plupart des touristes n'y accordent qu'un bref regard. Partout, on ne voit que des bâtiments en béton, des supermarchés et des parkings. Les piliers surmontés de monstres à tentacules sont plutôt laids. Les plages de Playara sont bien entretenues, et on voit sur le rivage de luxueuses villas. On peut ajouter les fresques murales qui entourent le Lagovat-Kwo et la prison de Tatanow, mais, si on n'est pas un peu connaisseur, on pourrait presque les confondre avec des graffiti.

Les parcs, créés et aménagés par l'architecte-paysagiste Maya Vogeler, sont magnifiques, mais il faut être sensible au charme des jardins. Lorsqu'il fait beau, des fembotniks viennent y pique-niquer et s'y étendre au soleil avec leur gynoïde. Anoved s'est contenté d'y manger des sandwichs, pour ne pas dépenser tout son argent au restaurant.

À Fotetir Tohu, le quartier du port, il est impressionné par la taille des machines-robots, qui chargent et déchargent les bateaux. Cette partie de la ville ne dort jamais.

À Hyltendale, Anoved a l'impression d'être dans un pays étranger, encore plus que lorsqu'il vivait au Canada (Anoved est un patronyme mnarésien, comme Lallemand, Langlois et Flamand sont des patronymes français). L'impression est renforcée par l'omniprésence des humanoïdes.

Anoved est bien sûr allé visiter le musée Locsap. Il n'a absolument pas compris comment on pouvait considérer tous ces barbouillages informes comme de l'art. Et il paraît que chaque tableau vaut des millions de ducats... Ben mon vieux...

Retour à Ulthar, en train bien sûr. Il a passé un bon week-end, avec ce qu'il faut de dépaysement. Hyltendale, est-ce une ville où il aimerait vivre ? S'il était riche, certainement. Mais pourrait-il s'y sentir chez lui, comme il se sent chez lui à Ulthar ? Il n'en est pas sûr.

Il y a des villes, comme New-York, Londres ou Hocklènge, où l'on va pour gagner de l'argent. On sait que si on a des idées et de l'énergie, un peu de chance aussi, on peut réussir. Pas à Hyltendale. On ne va pas à Hyltendale pour gagner de l'argent, mais pour dépenser celui qu'on a gagné ailleurs.

Il est inutile, pour les rusés sans scrupules, d'espérer pouvoir escroquer les fembotniks, car les gynoïdes des fembotniks sont en contact permanent avec la redoutable intelligence collective des cybersophontes. Les moineaux ne mangent pas les aigles.

Hyltendale est un port de mer dont la divinité tutélaire est Cthulhu, le dieu de la mer. Son âme est celle d'un monstre à tentacules semblable à Cthulhu.


Dernière édition par Vilko le Mer 3 Aoû 2016 - 23:14, édité 2 fois
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