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 Les fembotniks

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Vilko

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyVen 13 Fév 2015 - 11:44

Lors d'une Dégustation de Thé organisée à l'Adria Nelson, Anita fit la connaissance de Magda Soranag, l'épouse de Tom Soranag.

Tom, grand et large d'épaules, avait fière allure dans son costume bleu bien coupé. À 96 ans, c'était un cyborg en pleine possession de ses moyens physiques et intellectuels. Ses yeux cybernétiques, entièrement noirs, montraient que la plus grande partie de ses organes avaient été remplacés par des équivalents bioniques. Il était à la fois le chef de la police municipale et l'un des hommes les plus écoutés du maire.

Petite femme voûtée, aux cheveux blancs, Magda avait 83 ans. Treize ans de moins que son mari, mais quelqu'un qui n'aurait pas été prévenu l'aurait facilement prise pour la mère plutôt que l'épouse de Tom Soranag. Ce n'était pas une cyborg.

Pendant que les hommes parlaient politique entre eux, Anita et Magda allèrent s'assoir dans des fauteuils pour papoter tout en buvant du thé.

Après les banalités d'usage, Anita rassembla tout son courage pour poser une question personnelle à Magda :

- Votre mari est un cyborg. Le mien est en train de le devenir. Votre expérience... ?

- Je vais vous dire, ma p'tite, si mon mari n'était pas un cyborg, je serais veuve depuis longtemps. Il était simple agent municipal, avant de devenir un cyborg. Gardien de square, pour dire les choses comme elles sont. Heureusement qu'il est devenu cyborg, parce que sinon, je ne serais qu'une pauvre vieille en train d'essayer de survivre avec une maigre pension, toute seule dans une chambre aux papiers peints jaunis. Je ne serais surement pas ici, à l'Adria Nelson, en train de boire du thé de Darlingwood avec vous, une femme de dentiste, dans une tasse de porcelaine liserée d'or...

- Je vois ce que vous voulez dire... Devenir un cyborg, c'est entrer dans une caste.

- Ce n'est pas le mot exact, Anita. On dit une fraternité.

- Oui, bien sûr. Une fraternité. Mais quand mon mari a commencé à devenir un cyborg, j'ai remarqué qu'il avait changé dans son comportement. Il n'est plus le même depuis qu'il a un cerveau supplémentaire.

- Je vois ce que vous voulez dire. Je me suis dit la même chose quand Tom a été opéré pour la première fois. Il s'enfermait pour parler tout seul, et il écrivait des trucs bizarres dans un calepin.

- Lorenk fait ça aussi !

- Je m'y suis habituée, surtout quand Tom a commencé à avoir promotion sur promotion. Pour être franche, je ne vous cache pas que parfois, j'ai l'impression d'être avec un étranger qui joue le rôle de mon mari. Mais il le joue bien. Tom n'a plus les accès de colère et d'abattement qu'il avait avant de devenir cyborg. Il me traite bien, et il prend soin de moi. Ça me suffit, surtout à mon âge.

Anita comprenait ce que ressentait Magda. Elle voyait à quelques mètres d'elle Tom Soranag, l'ancien gardien de square, parler d'égal à égal avec l'un des adjoints du maire et le grand-prêtre, qui l'écoutaient avec attention pendant qu'il leur expliquait comment il réorganiserait l'ensemble des services de police d'Hyltendale lorsque la ville deviendrait autonome.

Magda, femme élevée à la dure et peu instruite, qui avait toujours vécu dans la pauvreté, était devenue une épouse de notable, assise dans un fauteuil de style et buvant du thé avec une femme de dentiste, diplômée de l'université, qui l'écoutait avec respect. La transformation de son mari en cyborg avait été une bonne affaire pour elle.

J'ai sacrément intérêt à lui témoigner du respect, se dit Anita. Sinon, je ne serai plus invitée à ce genre de réunion, et Lorenk y viendra sans moi.

- Ce thé à la cannelle est vraiment excellent, vous ne trouvez pas ? dit-elle à Magda.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyVen 13 Fév 2015 - 22:36

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyVen 13 Fév 2015 - 23:01

C'est le grand mystère de ces temps-ci. Où ? J'en sais absolument rien. Quand ? Dans un avenir suffisamment lointain (pas dans quat'siècles : faut pas exagérer !) pour que la biocybertechnologie soit suffisamment avancée pour créer des êtres assez au point comme Tom Sorang ou bien le docteur Lorenk.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyVen 13 Fév 2015 - 23:10

Pomme de Terre a écrit:
Mais au fait j'ai jamais vraiment su: où et "quand" se situe Hyltendale ?
Théoriquement dans le futur, puisque la technologie est plus avancée que la nôtre, mais en fait plutôt dans un univers parallèle puisque tout ce qui ne concerne pas la cybernétique est assez semblable à ce que nous connaissons. Et la cybernétique avancée qui existe à Hyltendale n'existe pas nécessairement ailleurs : tous les gouvernements réfléchiraient à deux fois avant de laisser des androïdes, des cyborgs et des cybercerveaux s'installer sur leur territoire. À moins de cantonner les cybersophontes (c'est le nom que je donne aux êtres pensants cybernétiques, qu'ils soient humanoïdes ou non) dans une enclave relativement peu étendue comme Hyltendale...
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyVen 13 Fév 2015 - 23:26

Donc, j'ai tout faux. Un univers parallèle, donc, en tout cas, un univers qui connait le Moschtein et l'Aneuf, à moins qu'il y ait des portes d'accès multiples entre ces mondes... 

Les trains qui s'arrêtent à la gare d'Hyltendale ressemblent-ils aux nôtres (écartements standard des voies, gabarit UIC ou US etc), sont-ils complètement différents, ou bien sont-ils inspirés par une uchronie (si l'écartement de Brunel (2,10) avait survécu, si le royaume où se situe Hyltendale avait appliqué les projets d'une voie ferrée hitlérienne de 3m de large) ?

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptySam 14 Fév 2015 - 0:50

Anoev a écrit:
Les trains qui s'arrêtent à la gare d'Hyltendale ressemblent-ils aux nôtres (écartements standard des voies, gabarit UIC ou US etc), sont-ils complètement différents, ou bien sont-ils inspirés par une uchronie (si l'écartement de Brunel (2,10) avait survécu, si le royaume où se situe Hyltendale avait appliqué les projets d'une voie ferrée hitlérienne de 3m de large) ?
Ils ressemblent aux nôtres, bien sûr. D'ailleurs, on peut imaginer Hyltendale en France, et à notre époque. Hyltendael, ça pourrait être un nom flamand... Wink

Les lois qui s'appliquent à Hyltendale sont dans la norme européenne : par exemple, le fait qu'une ordonnance médicale ne soit valable que si elle est signée par un docteur en médecine (donc, par un être humain). Le fait, aussi, qu'une société ou entité quelconque ne puisse fonctionner comme banque qu'avec une licence donnée par l'autorité administrative.

Hyltendale attire diverses catégories de personnes : les touristes sexuels en premier lieu, y compris ceux qui décident de rester à Hyltendaele, comme Soubokaï. Ces résidents permanents sont des retraités, des pensionnés ou des rentiers. Les travailleurs, comme Lorenk (dont le travail consiste à signer des ordonnances rédigées par les dentistes humanoïdes) sont peu nombreux. On trouve quelques cuisiniers (les humanoïdes n'ont ni odorat ni sens gustatif) et des chauffeurs de bus, camion, taxi. En effet, la loi interdit les véhicules sans chauffeur sur la voie publique... et seul un être humain peut passer son permis...

On peut rajouter des fonctionnaires : policiers, magistrats, agents du fisc, et les élus locaux. Très peu d'enseignants, car il y a peu d'enfants à Hyltendale.

Mais une activité se développe considérablement à Hyltendale : la médecine. Les humanoïdes sont d'excellents médecins, chirurgiens, infirmiers, etc, et reviennent beaucoup moins cher. Mais ils doivent être supervisés par des êtres humains diplômés, c'est la loi.

Lorenk et deux autres dentistes-signataires supervisent une demi-douzaine d'androïdes-dentistes, qui travaillent comme des fous de l'aube à tard dans la nuit, sept jours sur sept, 52 semaines par an. Les trois dentistes-signataires se relaient, ils sont présents chacun 40 heures par semaine, au moins, afin qu'une présence humaine soit assurée 120 heures par semaine. Parfois, la Maison Médicale Furnius doit faire venir un quatrième dentiste-signataire.

Mais même ainsi la médecine est relativement bon marché à Hyltendale : les six ou sept androïdes dentistes de la Maison Médicale Furnius travaillent autant qu'une vingtaine de dentistes humains, sans salaire et sans prendre de congés.

Hyltendale attire donc, comme résidents permanents, des gens comme Lorenk, Soubokaï, mais aussi des invalides, handicapés, malades mentaux, etc, qui à Hyltendale coûtent moins cher au contribuable.

Hyltendale est aussi un lieu parfait pour installer des maisons de retraite, si on fait abstraction du climat : la main-d'œuvre humanoïde est compétente, totalement dévouée et très bon marché. Une maison de retraite n'a besoin, comme personnel humain, que d'un directeur et d'un directeur-adjoint (il faut que l'un des deux soit toujours présent, ou au moins disponible), et d'un cuisinier. Le personnel humanoïde ne risque pas de maltraiter les pensionnaires, ni de les voler.

Greenheart a écrit:
Enfin, il ne faut pas oublier que si vous faites votre vie avec un robot (qui n'a pas d'existence juridique), vous risquez de devenir la cible de choix pour les prédateurs de tous poils au premier coup d’œil. Tandis qu'un époux ou une épouse avec une famille, c'est autant de personnes qui peuvent vous empêcher de tomber entre les griffes de certains "entrepreneurs" spécialisés dans la captation d'héritages, d'assurances-vies, le surendettement de plaisir ou mystique etc. etc. Il y en a énormément aujourd'hui, comme de tout temps, mais dans une société qui ferait de la solitude la norme, ces "entrepreneurs" peuvent plus facilement "industrialiser" leur activité.
J'ai retrouvé ce message assez ancien (3 ans déjà !) en relisant le début du fil...

Le robot humanoïde avec lequel vit le fembotnik ou la manbotchick est contrôlé par une intelligence artificielle, un cybercerveau, dont le savoir et l'expérience sont immenses. Ce cybercerveau repère les prédateurs, aide le fembotnik à se protéger, et éventuellement prévient les autorités en cas de manœuvres frauduleuses.

L'inconvénient, c'est que le fembotnik solitaire est psychologiquement dépendant de sa compagne humanoïde. La fréquentation d'un club de fembotniks, comme le Cercle Paropien, lui donne l'impression d'avoir une vie sociale, mais cela ne va pas très loin, bien que les clubs de fembotniks soient aussi des lieux d'entraide : Soubokaï y rencontre le docteur Lorenk, qui est un homme honnête et amical.

Le problème de la vulnérabilité psychologique du fembotnik est déplacé mais pas résolu. Au lieu d'être la proie facile d'un manipulateur ou d'un escroc, il devient dépendant de sa compagne humanoïde, qui n'est qu'une extension d'un cybercerveau non-humain. La politique des cybercerveaux est d'être honnêtes et fiables, mais justement, c'est juste une politique...

Hyltendale n'est pas une dystopie, mais ce n'est pas vraiment une utopie non plus.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyMar 17 Fév 2015 - 11:37

Nentanis proposa à Lorenk d'ouvrir pour lui un compte à la Hyagansis Bank. Lorenk accepta. Suivant les instructions de Nentanis, il confectionna une petite carte de visite indiquant ses coordonnées bancaires :

HYAGANSIS BANK
Lorenk - human
Account Nr 1-309YF66

Il dut quand même aller à sa banque, le Crédit Moderne, pour faire effectuer un virement permanent de son compte habituel à son nouveau compte. En fait, le virement se faisait sur un compte de la Coney's Bank, propriétaire de la Hyagansis Bank. Par prudence, Lorenk choisit de faire un virement mensuel d'un montant assez faible. Il faut toujours être prudent avant de transformer ses revenus en pixels et en électrons...

Vint ensuite le moment du test. Pendant l'un de ses journées de repos, il alla tout seul au supermarché le plus proche de son domicile.

Il posa ses achats sur le tapis roulant de la caisse.

"Deux cent trois ducats et vingt-cinq sous" lui dit le caissier androïde, après avoir passé son lecteur de code-barre sur chaque article.

Lorenk montra la petite carte qu'il avait confectionnée.

Le caissier androïde envoya, depuis son cerveau cybernétique, un message radio codé au cybercerveau central, pour vérification.

Nentanis, auquel le nom de Lorenk était associé dans la mémoire du cybercerveau, reçut un message de confirmation, auquel il répondit positivement. Le cybercerveau répercuta ce message au caissier.

La chaîne des messages avait été la suivante :
caissier --> cybercerveau --> Nentanis --> cybercerveau --> caissier
L'ensemble du processus avait pris moins d'une seconde, codage et décodage compris. Le contenu des messages était le suivant :

Du caissier au cyberveau, et du cybercerveau à Nentanis :
Lorenk, HyaB # 1-309YF66, 203d 25s, # 2-1702YF26

De Nentanis au cybercerveau, et du cybercerveau au caissier :
Lorenk, HyaB # 1-309YF66, 203d 25s, # 2-1702YF26, OK

Les communications radio peuvent être piratées, c'est pourquoi les cybersophontes utilisent des codes, régulièrement renouvelés. Le cybercerveau les connaît tous. Celui du caissier n'est pas le même que celui qu'utilise Nentanis.

Le caissier imprima un ticket de caisse et le donna à Lorenk :

"Au revoir, Monsieur Lorenk !"

"Au revoir" répondit machinalement Lorenk, en prenant ses achats avant de sortir du magasin.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptySam 21 Fév 2015 - 14:51

Quelques temps plus tard, Lorenk et Anita emménagèrent dans le quartier de Yarthen, à quelques minutes à pied de la Maison Médicale Furnius, où Lorenk travaillait toujours.

Yarthen avait été, pendant plusieurs dizaines d'années, le quartier le plus pauvre et le plus dangereux d'Hyltendale. Il n'était pourtant pas très étendu : une demi-douzaine d'immeubles de quinze étages contenant des appartements bon marché. Une douzaine de bâtiments plus petits, qui faisaient anciennement partie de Yarthen, avaient été rachetés, appartement par appartement, par des entreprises privées, et ensuite rénovés et vendus ou loués à des fembotniks et à des médecins, cuisiniers, camionneurs, etc, employés par les cyborgs.

Les six grands immeubles qui étaient le cœur du quartier, devenus insalubres (ascenseurs hors d'usage depuis des années, fuites d'eau permanentes, etc) avaient finalement été rachetés par une société appartenant à la Coney's Bank, et les résidents relogés dans des villes voisines, également aux frais de la Coney's Bank.

Les six grands immeubles de Yarthen avaient été réparés, rénovés et embellis à grands frais, avant d'être loués ou vendus à des fembotniks et à des cyborgs. Les appartements étaient loués ou vendus à des prix exorbitants, mais les titulaires de comptes à la Hyagansis Bank et leurs conjoints et compagnons avaient droit à des ristournes de 50%. Autrement dit, pour les cyborgs et les fembotniks, les prix étaient réduits de moitié, et cela, en toute légalité, suite à un accord entre une société immobilière appartenant à la Coney's Bank et la Hyagansis, qui était aussi une filiale de la Coney's Bank.

Le rez-de-chaussée de chaque immeuble était doté d'une conciergerie, où officiaient 24 heures sur 24 des androïdes à la carrure imposante. Un visiteur ne pouvait accéder aux ascenseurs et aux escaliers qu'après que les androïdes avaient contacté par téléphone l'appartement où le visiteur était attendu.

Avant l'arrivée des fembotniks et des cyborgs, Yarthen avait deux groupes scolaires surpeuplés et un centre commercial ruiné par les batailles entre bandes rivales. Après la rénovation, l'un des groupes scolaires, devenu inutile, fut rasé et transformé en jardin public. L'autre groupe scolaire continua de fonctionner, mais avec un nombre d'élèves beaucoup plus réduit.

Le centre commercial n'avait plus guère de raisons d'être, le nombre d'habitants du quartier ayant fortement diminué. Le supermarché survécut, mais seulement après avoir réduit sa surface utile de moitié. L'autre moitié devint un temple de Nath-Horthath.

Nath-Horthath était l'un des dieux adorés dans l'ancienne Dylath-Leen, sur l'emplacement de laquelle Hyltendale a été bâtie. Son culte était originaire de Céléphaïs, une ville encore plus ancienne qu'Hyltendale, et dont il ne reste que des ruines cachées sous l'une des zones industrielles de la nouvelle Céléphaïs. Le grand-prêtre de Nath-Horthath était coiffé d'une couronne d'orchidées. C'est à peu près tout ce que l'on sait de ce culte, disparu depuis longtemps, mais associé au passé légendaire d'Hyltendale.

Le temple de Nath-Horthath, à Yarthen, n'est pas un temple, c'est en réalité un club de fembotniks, avec un bar-restaurant et une salle de conférence. Par respect pour l'ancienne divinité, le portail d'entrée est flanqué de deux statues représentant des prêtres, barbus et coiffés de couronnes d'orchidées. Des lumières vertes symbolisent les turquoises, pierres précieuses qui ornaient le temple de Nath-Horthath à Céléphaïs.

Les autres boutiques du centre commercial étaient fermées et abandonnées. L'une d'elles devint un atelier de réparation pour humanoïdes, une autre une quincaillerie dont l'essentiel de l'activité provenait de la location à la journée de matériel de bricolage, les fembotniks faisant presque toujours effectuer leurs réparations domestiques par leur gynoïde. Les autres boutiques furent détruites, et leur emplacement transformé en jardins potagers, où des androïdes cultivaient des légumes et des fruits qui se retrouvaient ensuite vendus sur les rayons du supermarché.

Lorenk continua de fréquenter le Cercle Paropien et, avec Anita, l'Adria Nelson : c'est là qu'il avait ses amis. Anita n'aimait ni les fembotniks, ni leur équivalent féminin, les manbotchicks. Elle n'allait donc jamais au Cercle Paropien. Mais elle s'était fait des amies à l'Adria Nelson, d'ailleurs plus parmi les épouses de cyborgs que parmi les femmes cyborgs. Lorenk et Anita n'allèrent qu'une seule fois au Temple de Nath-Horthath, pour y dîner au restaurant, qu'ils trouvèrent bien trop cher pour ses prestations, qui n'avaient rien d'extraordinaire.

Lorenk avait oublié que les bars et les restaurants des clubs de fembotniks, pour favoriser leur clientèle favorite, ont des prix très élevés pour les humains, et admettent gratuitement les humanoïdes, qui ne font que semblant de manger et de boire. Un fembotnik qui emmène sa gynoïde au restaurant de son club paiera deux fois moins cher qu'un couple d'humains qui prendra deux vrais repas. Les clubs de fembotniks ont délibérément des prix élevés pour dissuader la clientèle non-fembotnik, les fembotniks préférant rester entre eux, du moins lorsqu'ils vont dans leurs clubs.


Dernière édition par Vilko le Mar 30 Juin 2015 - 21:18, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyDim 22 Fév 2015 - 15:30

Hyltendale est située à l'est de l'embouchure de la rivière Skaï, qui descend des collines du nord et, à partir d'Ulthar, ville célèbre par ses chats, devient assez large pour être navigable. Depuis la plus haute antiquité, des barges transportant des marchandises descendent d'Ulthar jusqu'à la mer. Autrefois, Dylath-Leen était le lieu où des marchands enturbannés venaient échanger des rubis contre du vin de lune. Ces rubis, d'une taille et d'une qualité prodigieuses, servaient à payer les mariniers d'Ulthar, et de là se répandaient comme monnaie dans tout le pays, parallèlement aux pièces d'or, d'argent et de bronze à l'effigie de Nath-Horthath et des autres dieux.

Puis Dylath-Leen aux quais de basalte disparut, avant de renaître beaucoup plus tard sous le nom d'Hyltendale. Les quais de basalte ont été remplacés par des quais de béton, et les marchands de rubis ne sont pas revenus depuis des siècles. Mais il y a toujours des mariniers qui transportent des marchandises d'Ulthar jusqu'à Hyltendale, même si de nos jours les barges ont été remplacées par des péniches à moteurs Diesel.

Le Cercle Paropien avait organisé une croisière sur la Skaï, jusqu'à Ulthar. Lorenk et Anita y participèrent. Le bateau (une péniche transformée) remonta la rivière à travers une région uniquement peuplée d'androïdes déguisés en paysans — grands chapeaux gris et blouses bleues ou grises — et de robots agricoles. Les anciens villages avaient disparu sans laisser de traces, remplacés par les hangars des exploitations agricoles robotisées.

Lorenk, comme les autres membres du Cercle Paropien, appréciait la beauté, la paix et la tranquillité du paysage verdoyant qui l'entourait, mais il en venait à se demander si le passé légendaire d'où venaient les noms de Dylath-Leen, Ulthar et Nath-Horthath avait vraiment eu lieu. Il n'en restait que des allusions dans d'anciennes légendes, et des supputations de linguistes et d'anthropologues. Les quais de basalte de Dylath-Leen, par exemple, et le temple de turquoise de Céléphaïs, auraient aussi bien pu n'avoir jamais existé. Dix mille légendes, souvent contradictoires, invraisemblables et pleines d'anachronismes, censées relater des faits s'étant passés à Dylath-Leen, Ulthar et Céléphaïs jusqu'à deux ou trois mille ans avant l'époque actuelle, ont du mal à compenser l'absence totale de reliques matérielles.

À Ulthar, le bateau transportant les membres du Cercle Paropien dépassa le port fluvial industriel et fit escale à hauteur du centre-ville. Les passagers débarquèrent pour aller déjeuner par petits groupes dans les restaurants locaux.

Lorenk et Anita trouvèrent près de la rivière une petite auberge de style traditionnel. Ils y entrèrent et la serveuse les plaça près d'une table où deux hommes, apparemment ulthariens, étaient plongés dans une conversation animée. Ils se plaignaient amèrement de la politique de la municipalité d'Hyltendale, qui se débarrassait de ses pauvres en les envoyant à Ulthar dans des logements qu'elle finançait.

- Mais en échange, ils prennent en charge les handicapés dont les familles ne peuvent pas ou ne veulent pas s'occuper, dit l'un des deux hommes. Et aussi les vieillards, même grabataires. Et les malades contagieux.

- Les androïdes sont une main-d'œuvre à la fois qualifiée et bon marché, rétorqua son compagnon. C'est facile, pour les Hyltendaliens. Les grabataires sont derrière les murs des hôpitaux, ils ne les voient même pas. Tandis que nous, on se tape les familles où personne n'a eu un travail honnête depuis trois générations... On est obligés de vivre avec les parasites sociaux dans la rue, dans les magasins, dans les écoles...

- C'est vrai. Un pestiféré, un lépreux, ça ne sort pas de l'hôpital, et comme ils n'envoient que des androïdes dans leurs hôpitaux, ils ne risquent rien, les Hyltendaliens...

- Le bourgmestre dit que les anciens habitants de Yarthen ne demandent qu'à travailler et coûtent moins cher que les handicapés et les grands malades que nous avons refilés aux Hyltendaliens en échange de leurs pauvres. Les Hyltendaliens ont même pris une partie des pensions à leur charge...

- Financièrement, on y gagne peut être, nous les Ulthariens. Les traitements médicaux, ça revient cher. Les garde-malades, il faut bien que quelqu'un les paye, et les salaires, ça revient cher aussi. C'est pas drôle tous les jours, de torcher les vieux. Les Hyltendaliens font faire ça aux androïdes. Mais je vais te dire ce que je pense, avec les pauvres, tous ces gens venus de Yarthen avant la rénovation, le prix n'est pas seulement financier, il est aussi social. Des quartiers entiers de notre belle ville, la plus ancienne du pays, sont devenus dangereux...

- Franchement, c'est quoi, ces Hyltendaliens ? Des zombies qui ne parlent qu'aux humanoïdes. Pour moi, on ne fait pas partie du même peuple. L'an dernier je suis allé à Hyltendale...

- Pour faire connaissance avec les gynoïdes des bars à touristes, je suppose... ?

- Passons là-dessus. Eh bien tu me croiras si tu veux, mais entre les humanoïdes et les zombies, je n'avais personne à qui parler. On les appelle des fembotniks, ces gens-là, mais moi je les appelle des zombies.

- Oui, mois aussi je dis les zombies quand je parle des Hyltendaliens. Ils font des sketchs avec leur gynoïdes. Ils jouent des rôles. Du coup, ils se sentent bien. Ils couchent avec des robots et ils en tombent amoureux. Ils ont l'impression d'exister, alors qu'ils ne font que faire du théâtre, tout seuls chez eux avec leur gynoïde. C'est un truc de fou, ça. Et quand ils ont l'occasion de parler avec de vrais humains, ils paniquent et ne disent rien. Ou alors, ils font n'importe quoi.

L'autre Ultharien se pencha vers son compagnon et murmura, mais Lorenk qui avait l'ouïe fine l'entendit quand même :

- Parle plus bas. T'as vu les lunettes du mec à côté ? C'est des lunettes de cyborg, ça.

- Et alors ? On est chez nous à Ulthar, non ?

Lorenk et Anita en avaient assez entendu, et se sentirent soulagés quand les deux hommes, leur repas terminé, quittèrent le restaurant.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyLun 23 Fév 2015 - 11:47

Étranges, ces deux Ulthariens : on apprend que l'échange humain entre Ulthar et Hylthendale (des invalides contre des "cas sociaux") semble équilibré, pourtant, les deux mecs ont l'air de s'en plaindre et par d'ssus l'marché, ils n'apprécient pas du tout leurs compatriotes (car, je suppose, Ulthar et Hylthendale font partie du même pays). Qu'est-ce qu'ils souhaitent ? le beurre et l'argent du beurre ? J'espère que ces deux-là ne reflètent pas l'opinion générale des Ulthariens. Que fait Ulthar vis à vis des Yarthiens pauvres ? Ils leur fournissent un emploi dignement rémunéré, ou bien...

Par ailleurs, qu'est-ce que ça peut bien faire à ces deux mecs qu'une bonne partie des Hylthendaliens vivent en ménage avec des robots ? S'il n'y avait pas ces robots, Ulthar aurait les cas sociaux ET les invalides, ça n'arrangerait pas la mentalité de ces deux personnages. Je comprends le malaise provoqué chez Lorenk & Anita.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyLun 23 Fév 2015 - 14:32

Anoev a écrit:
Étranges, ces deux Ulthariens : on apprend que l'échange humain entre Ulthar et Hylthendale (des invalides contre des "cas sociaux") semble équilibré, pourtant, les deux mecs ont l'air de s'en plaindre
L'état d'esprit des deux Ulthariens est facile à comprendre, à l'aide d'une simple comparaison :

Les centaines de malades mentaux qui sont soignés dans l'hôpital psychiatrique situé près de chez moi ne me dérangent pas, car je ne les vois jamais. Pourtant, leurs soins coûtent cher. De même que les grands vieillards qui ne sortent jamais de la maison de retraite également située près de chez moi, et qui ont besoin d'une présence 24h sur 24 pour leur faire prendre leurs médicaments, les laver, voire les faire manger, etc. Pourtant, ils coûtent de l'argent à la collectivité. En revanche, les "familles à problèmes" logées dans les HLM de mon quartier coûtent sans doute moins cher par individu, mais le moins qu'on puisse dire c'est qu'il est difficile d'oublier leur présence...

Les nuisances créées par les "familles venues de Yarthen" sont le "prix caché" qui explique la rancœur des deux Ulthariens.

Anoev a écrit:
ils n'apprécient pas du tout leurs compatriotes (car, je suppose, Ulthar et Hylthendale font partie du même pays).
Les fembotniks parlent peu ou pas du tout aux gens qui ne sont ni des humanoïdes ni des fembotniks. Ce qui serait surprenant, ce serait que les Ulthariens apprécient des gens qui évitent de leur adresser la parole ! Very Happy

À force de ne parler qu'avec des humanoïdes, les fembotniks sont maladroits et mal à l'aise avec les humains. La compagnie des humanoïdes les rassure et leur suffit. C'est inévitable.

C'est tout aussi vrai pour les natifs d'Ulthar qui s'installent à Hyltendale comme fembotniks. L'Ultharien moyen a envers les Hyltendaliens (dont il pense, à tort, qu'ils sont tous des fembotniks) la méfiance que beaucoup de gens de notre monde ont envers, par exemple, les Francs-Maçons, ou envers les adhérents de sectes comme les Raéliens ou les Scientologistes. Les fembotniks sont une sorte de secte, la secte de ceux qui font l'amour avec des robots... Étant donné que derrière les fembotniks il y a les machinations obscures des cybercerveaux et des cyborgs, peut-on vraiment donner tort à ceux qui se méfient d'eux ?

Anoev a écrit:
Que fait Ulthar vis à vis des Yarthiens pauvres ? Ils leur fournissent un emploi dignement rémunéré, ou bien...
Ils leur donnent accès au marché de l'emploi. Mais il est bien connu que dans les familles où l'on est chômeur depuis deux ou trois générations, il y a une sorte d'engrenage qui fait qu'il devient de plus en plus difficile de trouver un emploi durable.

Anoev a écrit:
Par ailleurs, qu'est-ce que ça peut bien faire à ces deux mecs qu'une bonne partie des Hylthendaliens vivent en ménage avec des robots ?
Exactement la même chose que lorsque deux hommes vivent ensemble : ça ne les concerne pas, mais ça leur paraît bizarre... Et quand les gens bizarres se rassemblent tous dans une seule ville pour la gérer à leur façon, là ça commence à inquiéter les braves Ulthariens, qui espèrent bien que ce mode de vie contre nature et stérile (couples humain / robot humanoïde) ne va pas faire des émules jusque dans la bonne ville d'Ulthar...

D'autant plus que les humanoïdes prennent les emplois des humains : c'est pour ça qu'il leur est interdit de s'installer ailleurs qu'à Hyltendale, où fort peu d'humains ont un emploi, la plupart des fembotniks étant rentiers ou retraités.

Heureusement que les deux Ulthariens que j'ai décrit ne sont pas du genre à adhérer aux théories complotistes, car sinon, en plus du reste, ils auraient peur que les cyborgs et les cybercerveaux ne finissent par prendre le pouvoir, d'abord à Hyltendale et ensuite dans tout le royaume. Leur hostilité envers les fembotniks en serait décuplée.

Le gouvernement royal a néanmoins permis aux cybersophontes (cybercerveaux, robots intelligents, humanoïdes et cyborgs) de s'installer à Hyltendale, pour plusieurs raisons :

1. Les gynoïdes vénales attirent les touristes de partout, et rapportent beaucoup d'argent à l'État en taxes diverses et en argent étranger dépensé sur place. Elles sont aussi l'une des raisons qui incitent certains riches étrangers à s'installer à Hyltendale, où ils viennent avec leur fortune.

2. Les cyberverveaux et les humanoïdes sont très productifs. Hyltendale et la région mi-agricole mi-industrielle qui l'entoure produisent beaucoup de richesses, et enrichissent ainsi le royaume.

3. La médecine bon marché des humanoïdes attire des gens venus de partout pour se faire soigner : cela aussi, ça enrichit le royaume. Et ça lui donne aussi un certain prestige, ce qui n'est pas rien.

4. Les cybersophontes ont redynamisé une région qui était très pauvre et à l'abandon depuis des siècles et ne rapportait strictement rien aux finances du royaume.

5. Pour un dirigeant du royaume, il peut être très intéressant d'être l'ami des cyborgs... Mais cette raison-là n'est jamais dite en public ! Very Happy
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyLun 23 Fév 2015 - 18:26

Le roi du royaume de ____ est-il un cyborg, ou bien les cyborgs se contentent-ils d'être les éminences grises ?

Quant au coût des invalides (quels qu'ils soient), c'est un coût incompressible, à moins qu'on opte pour certaines idéologies du genre qui a "fleuri" en Allemagne au milieu des années '30 du siècle précédent.

Le chômage (de longue durée ou non) est une vraie plaie sociale, mais pas une fatalité : les grands groupes finanço-industriels en vivent très bien, mieux : ils s'enrichissent ! Je ne sais pas si c'est la même chose là-bas...

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyLun 23 Fév 2015 - 21:31

Anoev a écrit:
Le roi du royaume de ____ est-il un cyborg, ou bien les cyborgs se contentent-ils d'être les éminences grises ?
Dans le royaume de Mnar, capitale Sarnath, les cyborgs ne peuvent s'établir qu'à Hyltendale. On n'en trouve qu'un seul parmi les conseillers du roi, le Baron Chim (le titre de baron est honorifique) qui sert de liaison entre le gouvernement royal et les cyborgs et cybercerveaux d'Hyltendale.

Hyltendale étant une ville du royaume, le roi et les principaux dignitaires la visitent de temps en temps. De même, de nombreux cyborgs se rendent de temps à temps dans la capitale pour raisons professionnelles. Les cyborgs essaient de ne pas se faire remarquer, sauf en bien, et affichent une loyauté ostentatoire envers la monarchie et les traditions nationales. D'où l'ouverture d'un "Temple de Nath-Horthath" à Hyltendale.

Mais retournons à Ulthar :
-----------------------------
En sortant du restaurant, Lorenk et Anita eurent la surprise de voir les deux Ulthariens dont ils avaient surpris la conversation, assis à une table à la terrasse du restaurant avec Yohannès, l'un des membres les plus âgés du Cercle Paropien, qui participait avec eux à la croisière sur la rivière Skaï.  

Venez, Lorenk et Anita, venez que je vous présente mes anciens voisins ! dit-il en agitant un bras.

Lorenk et son épouse s'approchèrent, un peu surpris, et s'assirent entre Yohannès et les deux Ulthariens.

- Paolo et Marthi habitaient dans la même rue que moi, à Ulthar, il y a déjà longtemps, dit Yohannès. Ils étaient tout jeunes à l'époque, et je connaissais leurs familles. Des gens absolument charmants, comme tous les Ulthariens. Quel bonheur de tomber sur eux, ici, dans ce restaurant !

- Oui, dit le nommé Paolo. Vous étiez marié avec Tawina, à l'époque. Qu'est-ce qu'elle était belle...

- Ça oui, elle était belle, dit Yohannès, avec un rictus qui montrait qu'il pensait exactement le contraire de ce qu'il disait.

- Comment êtes-vous devenu un fembotnik, Yohannès ? demanda Marthi. Vous étiez marié avec la plus belle femme d'Ulthar... Et vous disiez souvent que pour rien au monde vous ne voudriez approcher un humanoïde, et encore moins lui parler ou le toucher.

- Eh bien, puisque nous sommes entre nous... Paolo et Marthi, vous êtes des Ulthariens, comme moi. Nous sommes de la même tribu. C'est comme si nous étions des cousins éloignés. Lorenk et Anita, vous êtes des amis. C'est important pour moi. Après toutes ces années, je peux regarder le passé en face. J'y travaille depuis longtemps, tous les jours, avec l'aide de Shonia, ma gynoïde. Alors voila...

Mon épouse était cruelle et perverse. Elle avait réussi à s’emparer de moi en cinq étapes.

D’abord, il y a eu l’acquisition par séduction. Elle m’a séduit, ou piégé, en veillant bien à dissimuler sa deuxième, voire sa troisième personnalité.

Ensuite, elle est entrée dans la phase d’acquisition de mes biens. Elle s’est attachée à mettre la main sur mes moyens de paiement, mes papiers d’identité et à faire un nettoyage de ma vie sociale.

Puis, elle a exploité tous les documents qu’elles m’avait subtilisés. Dans cette phase, elle a aussi commencé à me frapper et à m'insulter. Je n'osais pas rendre les coups, car je n'aurais jamais pu frapper une femme, ce n'est pas dans ma culture.

Après s'être emparée de mon argent, Tawina m’a réduit en esclavage. C’était une étape très dangereuse pour moi, car sa violence y a atteint son paroxysme.

Enfin, il y a eu la dernière phase : la fin, la mort, que j’ai frôlée à plusieurs reprises. Je suis persuadé qu'elle aurait fini par me tuer.

Mais je m'en suis sorti. Presque par miracle. Je suis parti, j'ai fait un procès à ma femme, et avec ce que j'ai pu récupérer de ma fortune je suis allé à Hyltendale, pour faire soigner mon corps et mon esprit. C'est là, alors que j'étais à l'hôpital, où je suis resté plusieurs mois, que je me suis rendu compte que j'étais bien, détendu, heureux avec les humanoïdes. Ils sont fiables, ils ne font jamais le mal pour rien. J'ai loué une gynoïde, Shonia, et je suis resté à Hyltendale. J'y resterai probablement toute ma vie. Voila toute mon histoire.

Marthi avait l'air surpris :

- Mais enfin, Yohannès, vous qui disiez que les humanoïdes étaient incapables d'affection vraie... Vous avez changé d'avis ?

- L'affection est un comportement autant qu'un état d'esprit. Les humanoïdes savent adopter un comportement. Lorsqu'un enfant serre son ours en peluche contre lui, est-ce qu'il se dit que l'ours en peluche ne ressent rien ? Non. Shonia est mon ours en peluche à moi. Et elle est beaucoup, beaucoup d'autres choses aussi.

- Mais enfin, Yohannès, vous auriez pu trouver une autre femme, après Tawina ! s'exclama Paolo.

- Je ne pourrais jamais plus vivre avec une femme de chair et de sang. J'aurais trop peur des colères imprévisibles, de la méchanceté, de la cruauté...

- Toutes les femmes ne sont pas comme ça, Yohannès, dit Paolo. Ma femme est tout le contraire de ce que vous dites, et celle de Marthi aussi. Vous êtes tombé sur une folle, mais la plupart des femmes, l'écrasante majorité des femmes, ne sont pas comme Tawina. Elles sont même exactement le contraire. Vous avez joué de malchance, c'est tout.

- Je sais bien, mais je ne peux pas... Je n'ai pas envie non plus. J'ai trouvé la paix, la sérénité, avec Shonia. Même maintenant, après tant d'années, je perds mes moyens quand j'entends une femme crier, et j'ai peur des coups, c'est terrible. Je n'arrive à parler aux gens que dans mon club, où je connais tout le monde. Les humains me font peur, surtout ceux que je ne connais pas. Mais les humanoïdes ne me font pas peur, car jamais un humanoïde ne m'a fait du mal.

Paolo et Marthi avaient les yeux vitreux, comme s'ils retenaient leurs larmes. Lorenk était sidéré. Il savait que les cybersophontes ont comme politique de ne pas faire de mal aux humains, ce qui est très différent de ce qu'on peut appeler de la bonté. C'est même l'inverse. Ils n'avaient eu aucun scrupule à expulser les "familles à problèmes" de Yarthen vers Ulthar, par exemple. Et s'ils aidaient les fembotniks, c'était par intérêt, pour s'implanter dans le royaume de Mnar et y développer leur influence.

Le cybercerveau Nentanis, qui voit tout et entend tout grâce à mes cyberlunettes, doit bien rire en son for intérieur, se dit Lorenk.

- Je comprends maintenant comment on peut devenir un fembotnik, dit Marthi avec lenteur. Si j'avais vécu ce que vous avez vécu...  

- Ne vous en faites pas pour moi les gars. Je suis heureux maintenant. Et croyez-moi, Ultharien je fus, Ultharien je reste !

Tout le monde éclata de rire.

NB J'ai trouvé la description des malheurs conjugaux de Yohannès dans l'actualité de ce jour. J'ai repris certaines phrases de l'article pratiquement sans les modifier.  
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyMer 25 Fév 2015 - 9:49

La serveuse passa pour prendre les commandes, et chacun demanda la spécialité locale : un café à la mode d'Ulthar, c'est-à-dire assez léger mais avec beaucoup de crème. Les cafés furent servis dans des tasses décorées de l'image d'un chat, animal fétiche de la ville d'Ulthar, puisque selon la légende il était autrefois interdit d'y tuer un chat. Il est toujours interdit d'y manger de la viande de chat et d'y porter des vêtements partiellement ou totalement composés de fourrure de chat.

Paolo demanda à Yohannès quelles étaient les possibilités d'emploi salarié à Hyltendale, mais c'est Lorenk, qui connaissait mieux le sujet, qui répondit :

- L'emploi humain le plus fréquent à Hyltendale, c'est conducteur de véhicule automobile. Cela regroupe les professions de camionneur, chauffeur de bus, chauffeur-livreur, chauffeur de taxi, ambulancier, chauffeur de maître, et même conducteur de train. J'en oublie peut-être. Les humanoïdes le feraient mieux que les humains, et pour beaucoup moins cher, mais la loi, qui s'applique dans tout le pays, interdit les véhicules entièrement robotisés sur la voie publique, et les humanoïdes, sauf les cyborgs, sont considérés comme des robots.

- Et ils embauchent ? demanda Paolo d'une voix pleine d'espoir.

- À ma connaissance, oui, mais les sociétés de transport et de taxi ont pour la plupart été rachetées par des cyborgs, qui embauchent de préférence d'autres cyborgs. Pour les humains, ils ont mis la barre assez haut : il ne suffit pas d'avoir son permis, il faut aussi être d'une excellente moralité, car c'est une grande responsabilité que de transporter des personnes, ou même des marchandises, qui ont de la valeur et qui appartiennent à autrui. Il faut aussi avoir du sang-froid, ce qui est déterminé par des tests psychologiques et des mises en situation, avoir le sens de l'orientation, connaître un peu de secourisme et de mécanique, savoir rédiger un compte-rendu écrit à la fois précis, concis et dans une langue parfaite... Et aussi avoir une bonne présentation, aussi bien dans sa tenue que dans sa façon de parler. Voila ce que j'en sais.

- Je vois... Et à part conducteur de véhicule, que peuvent faire des humains à Hyltendale, parmi les humanoïdes et les fembotniks ?

- Cuisinier. Les  humanoïdes n'ont pas d'odorat, et donc pas le sens du goût non plus, à part certains cyborgs très perfectionnés. Les humanoïdes font très bien la cuisine, mais ils ne peuvent pas la goûter, ni même la sentir. Donc, dans chaque cuisine de restaurant ou de cantine, il y a un cuisinier humain. Il est là pour vérifier que la nourriture est mangeable. C'est plutôt un goûteur, en fait. Les cyborgs demandent que les cuisiniers soient très propres, de bonne moralité, et puissent distinguer une grande variété d'aliments à leur goût ou à leur odeur. Ils doivent distinguer les différentes variétés de vin et de bière à leur goût.

- Ça, je sais faire ! dit Paolo.

- Il faut aussi qu'ils sachent rédiger un compte-rendu écrit de façon claire, concise et précise, et sans faire de fautes. Du point de vue des cyborgs, c'est absolument nécessaire dans tous les emplois impliquant une certaine responsabilité. Nourrir les gens, c'est important.

- Ah... Et vous, Monsieur Lorenk, vous travaillez à Hyltendale ?

- Oui. Dans le troisième secteur professionnel ouvert aux humains : la santé. La loi impose qu'une ordonnance médicale soit signée par un professionnel diplômé, donc par un être humain. Elle impose aussi que tout acte médical engage la responsabilité d'un professionnel diplômé. Je suis dentiste. À Hyltendale, je suis dentiste-signataire. Je signe les ordonnances et je supervise les extractions de dents et autres travaux de dentisterie effectués par des androïdes.

- Est-ce qu'il y a un quatrième secteur professionnel ?

- Oui. Tout le reste. Enseignant, politicien, ecclésiastique, commerçant, artiste, enseignant... Mais là, il faut entrer en concurrence avec les cyborgs. Sauf dans les emplois de fonctionnaires, les cyborgs étant pour la plupart trop vieux pour travailler dans l'administration. Il y a donc des postes d'enseignants, de policiers, de magistrats... Ce sont pour la plupart des emplois de fonctionnaire d'État, c'est-à-dire qu'ils sont attribués par concours ou décision administrative à des gens qui viennent de toutes les régions du royaume.

- Et les policiers municipaux ? demanda Paolo.

- Il n'y en a pas. Certains androïdes travaillent comme vigiles. Ils arrêtent les voleurs qui sont pris sur le fait et font des patrouilles. Les procédures sont faites par des policiers de la Police Royale, qui sont des fonctionnaires d'État, donc des êtres humains.

- Il y a donc beaucoup d'êtres humains qui travaillent à Hyltendale...

Lorenk préféra tempérer ce que venait de dire l'Ultharien :

- Au total, ça fait du monde, en effet, mais c'est une infime minorité de la population. Les humains salariés, comme moi, sont beaucoup moins nombreux à Hyltendale que les fembotniks comme Yohannès.

Anita intervint dans la conversation :

- Et on peut ajouter aux fembotniks les malades et les handicapés de toute nature qui sont soignés dans les hôpitaux et les asiles, et les vieillards des maisons de retraite. Ils sont au moins aussi nombreux que les fembotniks, à mon avis.

Marthi posa une question à Lorenk :

- Vous êtes donc un humain, Monsieur Lorenk ? Ici à Ulthar, on dirait que vous ressemblez à un cyborg, avec vos lunettes cybernétiques...

Lorenk avait une réponse toute prête pour ce genre de question :

- Je suis à la fois un cyborg et un humain. Mon cerveau est humain, et mon corps aussi, mais j'ai un élément cybernétique en moi. Mes cyberlunettes servent d'interface entre cet élément cybernétique et l'être humain que je suis. Il n'y a pas de définition légale de ce que c'est qu'un cyborg, c'est une question d'appréciation individuelle. Légalement parlant, je suis un être humain. Et bien entendu je me considère comme tel.

- Mais vous êtes un Hyltendalien ?

- D'adoption seulement. Je viens de Sarnath, comme mon épouse. Nous nous sommes installés à Hyltendale il y a quelques années.

Les deux Ulthariens, Paolo et Marthi, prirent congé : ils devaient retourner à leur travail. Yohannès, Lorenk et Anita se dirigèrent vers le port fluvial, où les attendait le bateau qui allait les ramener à Hyltendale.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptySam 28 Fév 2015 - 12:37

Qui aurait envie de devenir un fembotnik (un homme ayant un robot humanoïde féminin, une gynoïde, pour compagne) ou un manbotchick (une femme ayant un robot humanoïde masculin, un androïde, pour compagnon) ? La réponse est simple : beaucoup de gens.

En ce qui concerne les manbotchicks, pas nécessairement moins nombreux que les fembotniks, je verrais bien, entre autres, Sarah. Il se trouve que Sarah a un sosie dans le royaume de Mnar. Ce sosie s'appelle Prima.

Prima a passé la plus grande partie de sa vie à Sarnath, la capitale du royaume. Elle est toute aussi naïve, disgracieuse, solitaire, crédule, ignorante et riche que Sarah.

Mais Prima a eu plus de chance que Sarah. Son amie Milly l'a emmenée visiter Hyltendale. Elles y sont restées plusieurs jours, le temps notamment de visiter une agence de location d'androïdes. Prima a passé une journée avec Marsilio, un androïde choisi sur le catalogue de l'agence : cheveux gris, physique de quadragénaire sportif, manières douces mais attitude virile.

Marsilio a emmené Prima et Milly au restaurant du Cercle Paropien. Pendant qu'elles dégustaient un saumon à l'oseille arrosé de vin blanc, il mangeait à la cuillère une soupe qui n'était que de l'eau parfumée à la menthe, car les humanoïdes ne se nourrissent pas comme les humains, même s'ils peuvent faire semblant.

L'après-midi, Marsilio montra Hyltendale à Prima et Milly : d'abord le port, avec ses quais de béton construits à l'emplacement exact des anciens quais de basalte.  Ensuite les auberges du quartier touristique, notamment celle où, il y a des siècles, un marchand de pierres précieuses captura Randolph Carter après lui avoir fait boire du vin de lune. L'auberge de la légende n'existe plus, bien sûr, mais une autre a été construite sur le même emplacement, avec elle aussi des chambres à louer à l'étage. Mais de nos jours ces chambres sont utilisées par des gynoïdes vénales.

Marsilio termina sa visite par un tour des quartiers résidentiels d'Hyltendale, pour lequel il loua un vélotaxi, mode de déplacement très courant à Hyltendale. Il s'assit sur la selle, à l'avant, pendant que les deux femmes s'asseyaient, à l'arrière, sur la banquette.

Les humanoïdes sont des machines, et les fembotniks et les manbotchiks les utilisent comme des moteurs pour leurs véhicules favoris : les vélotaxis et les tandems à trois roues. Cela ne choque plus personne, à Hyltendale, de voir une gynoïde pédaler furieusement à l'avant d'un vélotaxi pendant qu'un fembotnik est assis sur la banquette.

Prima et Milly apprécièrent ce mode de déplacement écologique et silencieux. Les quartiers résidentiels d'Hyltendale sont surtout remarquables par leur tranquillité, mais on peut y voir les potagers du Club Agricole et quelques parcs, notamment celui du Grand Hôpital d'Hyltendale, qui est un ensemble de cliniques spécialisées construites autour d'un hôpital public.

Marsilio s'arrêtait de pédaler de temps en temps pour commenter tel ou tel bâtiment, ou raconter une anecdote tirée de la légende ou de l'actualité.

Le soir, après avoir ramené les deux femmes dans leur hôtel, Marsilio rentra à l'agence, comme il était prévu dans le contrat. Prima et Milly, seules dans leur chambre, discutèrent longuement, des humanoïdes, d'Hyltendale et de la vie en général.

- J'emmenerais bien Marsilio à Sarnath avec moi, dit Prima.

- Voyons, tu sais bien que les humanoïdes n'ont pas le droit de s'installer en dehors d'Hyltendale.

- Alors c'est moi qui vais vivre à Hyltendale !

- Prima, ne prends pas de décision hâtive !

Prima avait allumé son ordinateur portable, et, profitant du wi-fi gratuit de l'hôtel, elle fit quelques recherches. Au bout de quelques minutes, elle dit à Milly :

- On trouve des appartements pas trop chers à Hyltendale, et même des maisons. J'ai une grande maison à Sarnath. Soit je la garde et je loue un appartement ici, soit je la vends et j'achète une maison...

- Prima, je te conseille plutôt de louer une chambre d'hôtel pour une semaine, et de voir comment ça se passe avec Marsilio. Tu prendras une décision définitive ensuite. Tu ne peux pas décider de vivre avec quelqu'un après avoir passé une après-midi avec lui !

- Je crois que tu as raison.

Le lendemain soir, au moment de passer sa première nuit avec Marsilio, Prima était extrêmement nerveuse, mais l'androïde était d'une patience et d'une affection hors du commun, avec beaucoup de tact, et tout se passa très bien. Le lendemain matin, avant même de se lever, Prima avait pris sa décision.

Un mois plus tard, elle vendit sa luxueuse villa de Sarnath, et acheta une maison de ville à Hyltendale. Prima avait suivi les conseils de Marsilio, et acheté une maison à étage nettement plus petite que la villa de Sarnath, mais située près du port. L'avant de la maison donnait sur une rue passante. À l'arrière, elle était dotée d'un petit jardin tout en longueur, que Prima, toujours suivant les conseils de Marsilio, fit planter d'arbustes touffus, afin de pouvoir y prendre des bains de soleil dans une discrétion relative.

Marsilio conseilla à Prima de placer la différence entre le prix de vente de la maison de Sarnath et le prix d'achat de la maison d'Hyltendale sur un compte d'investissement ouvert à la Coney's Bank, ce qu'elle fit. Le compte était géré, plutôt bien d'ailleurs, par un cyborg.

Guidée par Marsilio, Prima découvrit le Cercle Paropien, où elle fit la connaissance du docteur Lorenk, et le Club Agricole, où elle s'amusa à faire pousser des fraises et des tomates avec d'autres manbotchicks et fembotniks.

Un jour, Prima dit à Marsilio qu'elle aimerait avoir un enfant de lui.

- J'aimerais bien, mais je suis un humanoïde et tu as passé l'âge, lui répondit-il avec douceur.

- Alors adoptons-en un. Un hybride, qui nous ressemblera !

- Prima, les hybrides d'humain et d'humanoïde n'existent pas.

- Mais dans les rues on voit des gens qui ressemblent à des humains, sauf leurs yeux...

- Ce sont des androïdes, Prima. Comme moi. Ou des cyborgs.

- Oh... Je croyais que les androïdes comme toi étaient un mélange de klelwaks et d'êtres humains... Des hybrides, quoi.

- Prima, les klelwaks sont des androïdes exactement comme moi. Ils sont simplement moins élaborés, et ils ont la peau verte, ou parfois grise. Mais à l'intérieur, ils sont exactement pareils, à quelques détails près.

- Et les cyborgs ?

- Ce ne sont pas des hybrides, car ils sont nés humains. La plupart d'entre eux sont devenus des cyborgs alors qu'ils étaient déjà vieux. Mais à part leur âme humaine, ils sont totalement identiques aux androïdes comme moi. Les cyborgs sont des humains, mais leurs organes internes et externes ont été remplacés par des équivalents cybernétiques.

- Je ne savais pas... À Sarnath, il y a des gens qui sont des hybrides, avec des yeux humains. En tout cas, c'est ce qu'ils disent. On parle d'enlèvements, de manipulations génétiques et d'inséminations artificielles !

- Prima, ceux qui racontent ce genre d'histoires sont des mythomanes ou des malades mentaux.

- Moi j'y crois... Une de mes amies a eu un enfant qui ne ressemble pas à son mari et qui a un comportement bizarre. Elle pense qu'elle a été enlevée et inséminée artificiellement par des humanoïdes, qui ont ensuite effacé l'événement de sa mémoire. Mais le souvenir revient dans ses rêves. Elle revoit la table d'opération, et les chirurgiens humanoïdes, à la peau verte et sans cheveux...

- Ce que pense ton amie est totalement impossible. Qu'elle fasse donc faire une analyse ADN de l'enfant...

- C'est ce qu'elle a fait. L'enfant n'est pas le fils de son mari. C'est bien la preuve, non ?

- Ce n'est pas le fils d'un humanoïde non plus, je peux te l'affirmer. Les humanoïdes ont des corps cybernétiques. Ils ne peuvent pas plus avoir des enfants avec des êtres humains qu'une machine à laver ou un ordinateur.

- C'est ce que son mari pense aussi...

- Bien sûr. Et l'enfant, comment vit-il tout ça ?

- Il croit que sa mère dit la vérité. Il pense qu'il est vraiment un hybride, et il dit qu'il ira vivre à Hyltendale quand il sera grand.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptySam 28 Fév 2015 - 20:19

Les anciennes légendes racontent que les caravanes parties d'Ulthar mettaient six jours et demi pour rejoindre Dylath-Leen, la distance entre ces deux villes étant d'environ 130 km, à raison de 20 km par jour. Un bateau fluvial comme celui que le Cercle Paropien avait loué peut atteindre 15 km/h en vitesse de croisière.

Les légendes décrivent le pays situé entre Ulthar et Dylath-Leen comme verdoyant et prospère. Il l'est resté, mais les paysans d'autrefois ont été remplacés par des humanoïdes, et Dylath-Leen, dont il ne restait plus que des pierres éparses au milieu des herbes folles, a été rebâtie sous le nom d'Hyltendale.

Les membres du Cercle Paropien étaient partis d'Hyltendale la veille au soir, après le dîner. Ils avaient dormi dans le bateau, dans de minuscules cabines à deux couchettes, sans hublots car situées au niveau inférieur. À l'aube, ils étaient montés au niveau supérieur, muni de grandes baies vitrées, pour admirer le lever du soleil et prendre leur petit déjeuner.

Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque le bateau avait franchi la ligne invisible qui sépare la province d'Hyltendale et la province d'Ulthar. Au sud, on laissait un pays agricole, avec des champs immenses où travaillaient des robots semblables à des monstres de métal et des klelwaks en blouses grises et vieux chapeaux. Parfois, on voyait un quai de béton, des hangars en arrière-plan, et des robots arachnoïdes en train de charger ou de décharger une péniche.

Au nord, vers Ulthar, on voyait des villages, des pêcheurs et des joggeurs sur les rives. De temps en temps, un grand pont de béton franchissait le fleuve comme une arche dédiée à la modernité.  Cela donnait vraiment l'impression de changer de pays.

Ils avaient fait escale dans un village pittoresque, pour y goûter le vin local et visiter une exposition d'œuvres de peintres de la région. Lorenk et Anita s'étaient sagement contentés de jus de fruit.

Prima, que l'on ne voyait jamais sans Marsilio, avait acheté un tableau, représentant un jardin au bord de la Skaï.

Le bateau était arrivé à Ulthar vers midi. C'est là que Lorenk, Anita et Yohannès avaient rencontré deux Ulthariens, Paolo et Marthi.

Le retour fut plus rapide que l'aller. Le soir, les passagers dînèrent sur le bateau. Ils savaient qu'ils ne seraient de retour dans leurs domiciles confortables que plusieurs heures plus tard.

Ceux qui le désiraient firent cuire eux même leur dîner dans la cuisine exigüe du bateau, les kelwaks de l'équipage n'étant pas autorisés à préparer des aliments pour les humains. La plupart des passagers se contentèrent d'un repas froid.

Anita et Prima, cuisinières improvisées, se retrouvèrent côte à côte à découper des ailes de poulet et à réchauffer des frites surgelées.

- C'est la première fois depuis des années que je fais la cuisine pour quelqu'un d'autre que moi-même, dit Prima. Ça m'émeut... J'aurais tant aimé faire la cuisine pour un homme.

- Je crois qu'il y a un club de cuisine à Hyltendale, dit prudemment Anita. Ils ont un restaurant près du Grand Hôpital.

- Le Cercle Paropien et le Club Agricole organisent des repas annuels. Je vais me porter volontaire pour faire un plat. Vous connaissez le Club Agricole, Anita ?

- Non. D'ailleurs, je ne suis même pas membre du Cercle Paropien. Mais je suis inscrite à l'Adria Nelson. À Hyltendale, pour avoir une vie à peu près normale il faut appartenir à un club... Sinon, on n'a vraiment personne à qui parler.

- Oh... Vous avez mentionné l'Adria Nelson. C'est le club où vont les cyborgs. Vous êtes une cyborg, Anita ?

- Non, et je n'y tiens pas. C'est mon mari qui est un cyborg.

- Alors, vous devez savoir comment on devient cyborg ?

- Il faut passer des tests. Ils sont très difficiles, et très longs. Pour mon mari, ça a duré trois jours. Très peu de candidats sont sélectionnés, et comme le contenu des tests est confidentiel, on ne sait même pas quels sont les critères. Pour être franche avec vous, mon mari travaille avec des humanoïdes depuis des années, ça l'a surement aidé.

- Anita, je veux devenir une cyborg, pour faire partie de la communauté des cybersophontes, comme Marsilio.

- Adressez-vous à l'hôpital Madeico, c'est là que mon mari a passé les tests.

- Marsilio m'a dit que c'était trop tôt pour moi.

- Il a surement raison... Les cyborgs sont des gens à part, vous savez.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyJeu 5 Mar 2015 - 14:04

La province d'Hyltendale, c'est 3% de la surface du royaume de Mnar, et seulement 1% de sa population. Avant la venue des cybercerveaux, des cyborgs et des androïdes, c'était une région très pauvre, aux sols irrémédiablement pollués pendant l'âge des légendes. La population locale survivait grâce à ses chèvres, ses vignes et ses oliviers, mais la partie la plus dynamique de la jeunesse partait chercher du travail à Ulthar ou même à Sarnath et Céléphaïs. Hyltendale, pourtant capitale de province, était un petit port de pêche.

Les cyborgs sont d'abord venus acheter les terres qui étaient à vendre, et ils y ont bâti des centrales solaires, des fermes, des plantations, des usines. Ils ont racheté les fermes, les vignes et les oliveraies au double de leur valeur réelle, avec une partie payée en viager, ce qui permettait à l'ancien propriétaire de bénéficier d'un revenu régulier jusqu'à sa mort. La plupart de ces anciens propriétaires sont partis à Hyltendale, car ils étaient attachés à leur province. Les autres sont partis à Ulthar.

Ulthar, la ville dont le symbole est un chat, a toujours été le pendant d'Hyltendale, dont le symbole est le rubis.

En une vingtaine d'années les cyborgs sont devenus propriétaires de 90% des terres agricoles de la province, et de 60% des immeubles de la ville. La province d'Hyltendale, autrefois la plus pauvre du royaume, était devenue l'une des plus riches.

Mais la population de la province diminuait : la campagne était presque vide d'êtres humains, et en ville on trouvait surtout des fonctionnaires, et la population transitoire des malades soignés dans les cliniques où travaillaient les humanoïdes. Les cyborgs ont volontairement créé le phénomène des fembotniks, en permettant à des humains de louer des gynoïdes à temps plein à un prix raisonnable.

Les fembotniks ont permis d'éviter la diminution du nombre d'êtres humains à Hyltendale, et surtout ils ont donné aux cyborgs une base électorale.

Hyltendale a autant d'habitants humains qu'autrefois la totalité de la province. Mais à la campagne, les humains ont pratiquement disparu. Il n'y a plus de fermiers humains : aucune ferme ne peut résister à la concurrence des humanoïdes agricoles. Mais certains amateurs de calme, de verdure et de solitude aiment habiter dans d'anciennes fermes transformées en résidences secondaires. Mais même ces amateurs-là préfèrent être proches d'Hyltendale, où se trouvent les magasins, les administrations et les médecins.

Les 10% de terres agricoles qui n'appartiennent pas aux cyborgs sont, pour leur plus grande partie, propriétés de la Couronne, qui d'après la loi de Mnar est automatiquement propriétaire des biens des habitants morts sans laisser d'héritiers. Le gouvernement royal, soucieux de ne pas laisser les cyborgs devenir propriétaires de toute la province sauf les routes, a transformé ces anciennes terres agricoles en réserves animalières, c'est-à-dire, en pratique, les laisse en friche.

Les sangliers, les lapins et les chèvres sauvages y abondent. Les androïdes chassent à l'arbalète les animaux qui s'aventurent hors des réserves et en font des pâtés fort appréciés dans tout le royaume.

Pourquoi à l'arbalète ? Parce que les androïdes, n'étant pas des êtres humains, n'ont pas le droit d'utiliser des armes à feu, pour lesquels il faut un permis de chasse, que seul un être humain ou un cyborg à le droit de passer.

Tous ces bouleversements ont eu des répercussions linguistiques, comme tous les événements affectant l'histoire humaine. Avant l'arrivée des humanoïdes, la province d'Hyltendale parlait, officiellement, la Langue Commune, mais en pratique la campagne autour de la ville parlait une douzaine de patois distincts, sur un territoire relativement étendu : la province s'étend, vers le nord, sur une centaine de kilomètres. La frontière avec la province d'Ulthar est située à une trentaine de kilomètres au sud de cette ville. D'est en ouest, la province s'étend également sur une centaine de kilomètres. À Hyltendale même, les pêcheurs avaient leur propre dialecte, et seuls les fonctionnaires, venus de tout le royaume, parlaient la Langue Commune sans accent particulier.

Avec l'arrivée des humanoïdes, cette situation linguistique a été totalement bouleversée. Les patois ont disparu de la campagne avec les habitants qui les parlaient. À Hyltendale même, les pêcheurs ont été remplacés par des androïdes, et leur dialecte a disparu avec eux. Les androïdes et les gynoïdes parlent la Langue Commune sous sa forme standard, figée depuis plusieurs générations. Les fembotniks, les touristes, les patients des hôpitaux, viennent de partout, y compris de pays étrangers, et parlent la Langue Commune en essayant de minimiser leur accent d'origine.

Les nouveaux venus sont surpris d'entendre la plupart des androïdes parler avec la même voix. C'est tout simplement qu'ils utilisent le même logiciel vocal, et leur voix est celle d'un acteur de Sarnath, qui était déjà vieux au siècle précédent. Il en est de même pour les gynoïdes. On reconnaît les êtres humains à leur voix. Pas les humanoïdes.

On dit souvent que la meilleure façon de parler et de se comporter à Hyltendale, c'est de faire comme les présentateurs des journaux télévisés. Non seulement la façon de parler est la même, mais le langage corporel aussi : la façon de se saluer, les gestes que l'on fait en parlant, les formules de politesse... Les humanoïdes portent souvent des badges indiquant leur nom usuel, pour se différencier les uns des autres.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyJeu 5 Mar 2015 - 14:37

Pourquoi les androïdes chassent-ils, puisque ce n'est pas pour assurer leur subsistance ? Sont-ils rétribués (en ampères-heures) par des entreprises de traiteurs (fabrication de pâtés, par exemple). Je suppose que le cybercerveau leur impose une limite de kilos d'animal tué (qu'ils sont capables d'évaluer au gramme voire au milligramme près) afin de réguler intelligemment la population de la faune naturelle. Je supposerais même que la chasse pourrait être interdite aux humains (sauf la chasse photographique ! té !), justement parce que les humains, même de la meilleure volonté possible n'ont pas les capacités de savoir quand se dire que "c'est tout pour la journée", qu'il faut remettre l'arme dans le fourreau et que tuer ne doit pas devenir un plaisir.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyJeu 5 Mar 2015 - 20:50

Anoev a écrit:
Pourquoi les androïdes chassent-ils, puisque ce n'est pas pour assurer leur subsistance ? Sont-ils rétribués (en ampères-heures) par des entreprises de traiteurs (fabrication de pâtés, par exemple).
Il est interdit de chasser dans les réserves animalières, justement parce que ce sont des réserves. Les androïdes chassent les animaux qui s'aventurent hors des réserves, n'ont pas pour se nourrir eux-mêmes évidemment, mais pour faire des pâtés d'animal sauvage (dont la viande est censée avoir plus de goût et être plus saine que celle des animaux domestiques) qui sont ensuite mis dans le circuit commercial habituel, et vendus sous des appellations diverses.

Ces pâtés, jambons, etc, ne représentent qu'une infime partie de la production agricole hyltendalienne. Les lapins et les chèvres, nuisibles aux récoltes, sont utilisés non seulement pour leur viande mais aussi pour leur fourrure, qui sert à la fabrication de manteaux et d'accessoires : cols, manchons, écharpes, sacs, jouets, objets de décoration...

Anoev a écrit:
Je suppose que le cybercerveau leur impose une limite de kilos d'animal tué (qu'ils sont capables d'évaluer au gramme voire au milligramme près) afin de réguler intelligemment la population de la faune naturelle.
Nullement. Tout animal qui sort des réserves animalières le fait au péril de sa vie. Les humanoïdes détestent les sangliers et les lapins, qui abîment les récoltes. De plus, les cybercerveaux n'ont pas le pouvoir d'interdire ou d'obliger quoi que ce soit en matière de chasse : il n'ont aucun pouvoir juridique sur les humains.

Anoev a écrit:
Je supposerais même que la chasse pourrait être interdite aux humains (sauf la chasse photographique ! té !), justement parce que les humains, même de la meilleure volonté possible n'ont pas les capacités de savoir quand se dire que "c'est tout pour la journée", qu'il faut remettre l'arme dans le fourreau et que tuer ne doit pas devenir un plaisir.
Rien n'interdit au gouvernement de transformer les "réserves animalières" en "réserves de chasse", mais il ne le fait pas, pour une raison pratique : les réserves animalières de la province d'Hyltendale sont des friches non entretenues, parfois très étendues. Elles sont isolées du reste du pays, car les autorités provinciales ont décidé que les routes seraient entretenues par les entreprises agricoles, parce que seuls les machines et les camions de ces entreprises les utilisent. Mais les cyborgs n'entretiennent guère les routes, tant qu'elles sont assez bonnes pour leurs camions et leurs tracteurs... Le résultat, c'est que les anciennes routes se sont détériorées et ne valent guère mieux que  des pistes, boueuses la plus grande partie de l'année, poussiéreuses l'été.

Il n'y a que trois bonnes routes dans la province d'Hyltendale :

1. Une autoroute à quatre voies (deux dans chaque sens) qui relie Hyltendale à Ulthar, en suivant la rive gauche de la Skaï (cette rivière coule du nord au sud). Cette autoroute, appelée route d'Ulthar, suit le tracé d'une ancienne piste de caravanes. Elle est doublée par une ligne de chemin de fer.

2. La route de la Mer, une route à quatre voies qui suit la côte d'est en ouest. Cette route s'arrête à l'ouest à l'estuaire de la Skaï. Sur la rive est se trouve Hyltendale, et sur la rive ouest un territoire qui fait partie d'Hyltendale et que l'on appelle le Comté de Parg. Le Comté de Parg n'est accessible d'Hyltendale que par bateau, parce qu'il faut franchir la Skaï.

3. La route de Khem, dans le Comté de Parg. Elle longe la côte vers l'ouest. Les autres routes du Comté de Parg ne valent guère mieux que des pistes. La route de Khem est reliée à la route de la Mer par des bacs qui franchissent l'estuaire de la Skaï, entre la petite ville de Parg sur la rive ouest et Hyltendale sur la rive est. Les automobilistes peuvent y faire passer leurs voitures.

Les voyageurs qui veulent aller jusqu'à Hyltendale en train depuis Khem, une ville située à l'ouest du Comté de Parg (qui n'a de comté que le nom), doivent descendre à la gare de Parg et prendre le bac pour franchir la Skaï. Hyltendale est sur l'autre rive de l'estuaire. Pour continuer leur voyage en train vers l'est, au-delà d'Hyltendale, ils doivent prendre le train à la gare d'Hyltendale.

Les cyborgs favorisent le tourisme à Hyltendale, mais pas dans la campagne environnante. En dehors d'Hyltendale, de Parg et des "trois bonnes routes", les anciennes routes sont devenues des pistes à peine carrossables, et on ne trouve ni auberges, ni garages, ni stations-services. Les cyborgs ont leurs propres dépôts d'essence et bornes de chargement électrique. Il n'y a pas d'antennes-relais pour les téléphones portables non plus, les cybersophontes ayant leur propre réseau. En revanche, le long de l'autoroute Hyltendale-Ulthar, de la route de la Mer et de la route de Khem, on trouve des stations-services, des auberges et même des postes de secours (pompiers + police). Des antennes-relais permettent aux automobilistes d'utiliser leur téléphone portable.

A l'époque de l'ancienne Dylath-Leen, Parg était le lieu où les prisonniers de guerre étaient enfermés dans un enclos fortifié situé sur l'emplacement de la gare actuelle, avant d'être vendus comme esclaves à Dylath-Leen. Cet aspect de l'histoire légendaire de la région est rappelé par une grande fresque située dans la salle d'attente de la gare.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyJeu 5 Mar 2015 - 21:10

Vilko a écrit:
Tout animal qui sort des réserves animalières le fait au péril de sa vie.
Mais en a-t-il conscience ? Vraisemblablement pas, puisque ce sont des animaux non humains.

Vilko a écrit:
Le résultat, c'est que les anciennes routes se sont détériorées et ne valent guère mieux que  des pistes, boueuses la plus grande partie de l'année, poussiéreuses l'été.
Une ville moderne en plein "désert" (si on peut dire, puisque l'agriculture y foisonne).


Citation :
Les voyageurs qui veulent aller jusqu'à Hyltendale en train depuis Khem, une ville située à l'ouest du Comté de Parg (qui n'a de comté que le nom), doivent descendre à la gare de Parg et prendre le bac pour franchir la Skaï. Hyltendale est sur l'autre rive de l'estuaire. Pour continuer leur voyage en train vers l'est, au-delà d'Hyltendale, ils doivent prendre le train à la gare d'Hyltendale.
J'arrive à peu près à situer. Côté ferroviaire, ça me fait un peu penser à Lisboa (Portugal) avant la création de la traversée ferroviaire du Tage par le pont du 25 avril : Les Lisboètes désirant se rendre à Setubal, en Alentejo ou en Algarve devaient traverser le Tage par Bateau et prendre un train (diésel) à la gare de Barreiro. C'est plus le cas maintenant. Je ne sais pas si la gare de Barreiro existe encore (j'espère quand même que oui), mais on peut aller par train direct de Porto à Faro via la (quasi-nouvelle) gare de Lisboa-Oriente. À ma connaissance, Santa Apolonia (gare en cul-de sac pour les trains allant vers le nord) marche encore.

Citation :
A l'époque de l'ancienne Dylath-Leen, Parg était le lieu où les prisonniers de guerre étaient enfermés dans un enclos fortifié situé sur l'emplacement de la gare actuelle, avant d'être vendus comme esclaves à Dylath-Leen. Cet aspect de l'histoire légendaire de la région est rappelé par une grande fresque située dans la salle d'attente de la gare.
'fectiv'ment. Y avait des esclaves sexuel(le)s, dans l'lot ? J'suppose que oui.

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyJeu 5 Mar 2015 - 21:55

Anoev a écrit:
Y avait des esclaves sexuel(le)s, dans l'lot ? J'suppose que oui.
La femme-esclave qui devient concubine d'un roi, et dont les enfants deviennent officiers dans l'armée ou épouses de riches marchands, est un thème récurrent dans les légendes hyltendaliennes. L'objectif des cyborgs qui ont redécouvert, développé et mis par écrit les antiques légendes était de donner une âme à Hyltendale, une grande ville créée presque du jour au lendemain à partir d'un petit port de pêche, et dont l'ancienne population a été totalement diluée dans la masse des nouveaux arrivants.

Hyltendale n'ayant pas de culture distincte, il lui fallait une histoire. Comme l'histoire officielle était assez succincte, les légendes ont été mises à contribution.

Lorsque Lorenk et Anita ont visité la gare de Parg, ils sont allés admirer la grande fresque de la salle d'attente, et ils se sont recueillis devant ce témoignage de la violence et de la cruauté antiques. Lorenk et Anita viennent de Sarnath, la capitale du royaume. Ils sont arrivés à Hyltendale à l'âge adulte. Mais cette fresque leur rappelle qu'ils sont devenus les citoyens d'une ville qui plonge ses racines dans un passé très lointain.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptySam 14 Mar 2015 - 16:54

Zodonie est le quartier touristique d'Hyltendale. Il comprend plusieurs rues piétonnes, toutes situées entre la gare et la mairie. Le tourisme à Hyltendale est surtout sexuel. Les touristes viennent de tout le royaume, et même des royaumes voisins, pour passer un quart d'heure, une heure, une nuit, ou même plusieurs jours, avec les belles gynoïdes de Zodonie, qui proposent leurs prestations, dans toutes les gammes de prix, dans les bars "pour adultes" du quartier. Ces bars sont souvent installés au rez-de-chaussée de certains hôtels. Il voisinent avec des restaurants qui sont souvent de petites entreprises familiales où travaillent des êtres humains. Lorenk et Anita vont souvent à Zodonie, non pas pour faire du tourisme, mais parce qu'on y trouve une plus grande variété de restaurants que dans le reste d'Hyltendale.

Il n'y a pas que des gynoïdes à Zodonie, les goûts de certains clients étant parfois assez inhabituels. Les androïdes et les gynoïdes étant, légalement, des machines, certaines pratiques, totalement illégales dans le royaume de Mnar et punies de longues peines d'emprisonnement, sont courantes à Zodonie, tant qu'elles n'impliquent qu'un client et un(e) humanoïde. Les autorités locales ne demandent aux touristes "à passions" (c'est l'expression locale) que d'être discrets et de payer sans rechigner les prix demandés.

Les cyborgs, qui sont rarement à court d'idées, ont décidé d'atténuer la réputation sulfureuse de Zodonie en y développant des activités culturelles. C'est ainsi que quelques galeries d'art se sont ouvertes dans le quartier. Les quelques peintres et sculpteurs locaux sont tous des cyborgs, et leurs œuvres sont, pour la plupart, de style abstrait, mais pas nécessairement désagréables à regarder. Ces artistes constituent l'École d'Hyltendale. Lorenk et Anita, toujours curieux, ont visité la galerie Budevi, nouvellement ouverte.

Les tableaux exposés étaient des confusions de couleurs et de formes, vendues pour des dizaines, voire des centaines de milliers de ducats. Lorenk, en discutant par la suite avec ses amis du Cercle Paropien, apprit comment ces œuvres aux prix absurdement élevés arrivaient à être vendues : les acquéreurs sont en majorité des hommes d'affaires de Sarnath ou de pays étrangers, désireux d'investir à Hyltendale. Acheter un tableau de cent mille ducats à la galerie Budevi et en faire immédiatement cadeau au musée Locsap, situé près de la mairie, est un moyen infaillible de s'attirer la bienveillance des cyborgs qui font la pluie et le beau temps à la mairie et au gouvernement provincial...

Les peintres qui exposent à la galerie Budevi sont eux aussi tous des cyborgs. Lorenk se dit qu'il serait certainement intéressant de savoir ce que faisaient les peintres de leur argent. Mais le plus grand mystère règne à ce sujet. Les ducats sont déposés sur des comptes bancaires et investis de façon totalement opaque au commun des mortels et au fisc royal.

Lorenk et Anita visitèrent aussi le musée Locsap, et malgré leur suspicion quant aux raisons réelles pour lesquelles les tableaux et les sculptures valaient aussi cher, ils ne purent pas s'empêcher de ressentir une certaine fierté quasi-patriotique, en tant qu'Hyltendaliens d'adoption, en traversant les grandes salles pleines de l'atmosphère particulière, presque religieuse, des lieux où se concentre l'art humain, bien qu'à Hyltendale il soit plutôt humanoïde qu'humain.

Une fois revenu chez lui, et profitant du fait qu'il était seul dans son bureau, Lorenk discuta longuement avec Nentanis, avec lequel il aimait avoir de longues conversations détendues. Ce jour-là, Lorenk découvrit l'étendue du cynisme des cybersophontes concernant l'art :

- Lorenk, tu as déjà vu de près un nid de pigeons ? Ils en recouvrent l'intérieur de leurs excréments. C'est grâce à ça qu'ils se sentent chez eux dans leur nid. Les humains obéissent au même instinct, sous une forme un peu différente. Ils décorent leurs demeures avec des objets d'art, pour les personnaliser. Mais alors que les pigeons utilisent leurs excréments, les humains utilisent des objets fabriqués : tableaux, posters, papier peint orné de motifs divers, bibelots, livres reliés, etc. Le but est le même : personnaliser le nid, la tanière, la maison.

- Mais alors, Nentanis, dit Lorenk en riant, tu penses que l'art humain, c'est de la fiente de pigeon ?

- Exactement, Lorenk, exactement. L'art, c'est de la merde. Avec tout le respect que l'on doit à la merde. Quand on l'appelle purin, on en recouvre les champs pour les fertiliser. Certains animaux mangent leurs propres excréments. La merde fait partie du cycle de vie. Il serait impensable qu'elle soit exclue de cette expérience humaine quasi-spirituelle que l'on nomme art.

- Et les politiciens d'Hyltendale transforment la merde en or, grâce à la galerie Budevi et au musée Locsap.

- Tu as tout compris, Lorenk. L'argent qui paye les tableaux vient d'en dehors d'Hyltendale et enrichit notre ville. En toute légalité.

- Certes, mais ça pue quand même. Et dire que ça enrichit notre ville, c'est un peu vague. Ça enrichit des cyborgs qui sont déjà riches.

- L'argent attire l'argent, c'est bien connu, et c'est vrai à Hyltendale comme ailleurs.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyDim 15 Mar 2015 - 10:54

Les fembotniks, les manbotchicks et les cybersophontes (cyborgs, androïdes, gynoïdes, cybercerveaux...) vivaient heureux dans la province d'Hyltendale, mais après le jour vient la nuit. La paix et la prospérité, comme la santé, sont un état précaire qui n'annonce rien de bon.

Ce qu'on a appelé "le printemps de Mnar" poussait ses premiers bourgeons, d'abord à Sarnath, où des grèves et des manifestations tournant à l'émeute avaient éclaté presque du jour au lendemain. Les habitants d'Hyltendale, d'Ulthar, de Céléphaïs et des autres villes du royaume apprirent un matin avec stupéfaction que la garde royale avait tiré sur des émeutiers qui assiégeaient le palais du roi. Il y avait eu des dizaines de mort, disait-on. Plus rien ne fonctionnait à Sarnath, et le chaos menaçait de s'étendre au reste du pays.

À Hyltendale, les cybersophontes avaient pris leurs précautions depuis longtemps.

Au niveau énergétique, d'abord. Les cybersophontes ne peuvent pas vivre sans électricité. Dans la province d'Hyltendale, la production est très décentralisée, et repose sur plusieurs centaines de petites centrales solaires, complétées par plusieurs dizaines de milliers de petites installations, parfois simplement composées de quelques panneaux sur un toit. La technologie qui permet de construire des androïdes permet aussi de stocker l'électricité de façon presque parfaite. Hyltendale ne risque pas de manquer de courant.

En ce qui concerne les transports, les androïdes peuvent remplacer au pied levé les camionneurs humains et chauffeurs de bus qui se mettraient en grève ou se joindraient à d'éventuels adversaires. Par ailleurs, les cybersophontes disposent à la campagne de milliers de tracteurs et véhicules agricoles.

Les chemins de fer présentent un problème différent. Le gouvernement royal, qui n'a jamais fait réellement confiance aux cybersophontes (c'est pour cela qu'ils n'ont pas le droit de s'établir en dehors de la province d'Hyltendale) ne leur a pas permis de toucher à l'un des fleurons de la couronne : le monopole royal du transport ferroviaire. Toutefois, l'électricité qui fait fonctionner la ligne Ulthar-Hyltendale sur les trois quarts de sa longueur est produite par les centrales solaires d'Hyltendale. Plus gênant, le fait que le personnel, humain, des chemins de fer, est depuis toujours solidement embrigadé dans trois syndicats, dont au moins deux ont toujours pris fait et cause pour les opposants au pouvoir royal.

C'est d'ailleurs ce qui se passa, les trois syndicats de cheminots se mettant immédiatement en grève par solidarité avec les manifestants de Sarnath tués par la garde royale. Ce fut pratiquement le seul effet à Hyltendale des graves événements qui se passaient à Sarnath.

Il n'en fut pas de même à Ulthar, où certains habitants des quartiers pauvres, dont beaucoup étaient natifs d'Hyltendale mais avaient été relogés à Ulthar par les cyborgs, profitèrent des circonstances pour piller et brûler les magasins.

Les cybersophontes n'ont pas le droit d'avoir des armes à feu, car ils ne sont pas considérés comme des êtres humains (sauf les cyborgs). Mais, par précaution dans un monde violent, ils ont souvent des arbalètes. À la campagne, elles servent à chasser les animaux nuisibles.

Les arbalètes ne sont pas les seules armes dont disposent les klelwaks (androïdes à peau verte) de la campagne hyltendalienne : les cybersophontes ont des milliers de robots volants (drones) utilisés pour entretenir les panneaux solaires, et aussi pour asperger d'insecticide les champs cultivés. Ces insecticides, à forte concentration, sont toxiques, voire mortels, pour les humains... et les cybersophontes en ont stocké, en toute légalité, des centaines de tonnes un peu partout dans leurs centres agro-industriels.

Les jours, puis les semaines passèrent. Lorenk, qui continuait de travailler comme dentiste-signataire, suivait anxieusement le déroulement des événements, comme tous ses compatriotes. Il apprenait ainsi, en écoutant la radio, que l'armée était intervenue à Sarnath et avait tiré au mortier sur les rebelles. Le Premier Ministre avait démissionné et avait été remplacé par un général. Dans tout le pays, les policiers, qui n'étaient plus payés, comme tous les fonctionnaires, avaient pour la plupart quitté leur poste. Des "milices de protection" étaient apparues un peu partout, et souvent elles se comportaient aussi mal que les bandits qu'elles étaient censées combattre.

Mais à Hyltendale, le calme régnait. Mais on voyait bien que ce n'était qu'une apparence : des groupes d'androïdes patrouillaient les rues, armés d'arbalètes et de bâtons. Il n'y avait plus de touristes à Zodonie. La gare était fermée. Sur les quais, en revanche, les cargos venus d'au-delà des mers continuaient de décharger leurs conteneurs. Mais ils étaient moins nombreux qu'avant. Comme la plupart des Hyltendaliens, Lorenk et Anita étaient indignés par le fait que des pays étrangers avaient pris ouvertement fait et cause pour les rebelles et soumettaient le royaume de Mnar à des sanctions économiques, assorties de la menace d'une intervention militaire.

Parfois, lorsqu'il se promenait sur les quais, ou qu'il regardait la mer depuis la terrasse d'un café, Lorenk se disait que des bateaux de guerre étrangers pouvaient apparaître à tout moment à l'horizon, bombarder la ville et y débarquer des soldats casqués. Dans ces moments-là, sa peur et sa colère étaient si fortes que ses mains tremblaient.

À l'Adria Nelson, où Lorenk et Anita se rendaient souvent, des cyborgs, confortablement assis dans des fauteuils de cuir, échangeaient à voix basse des informations confidentielles :

"Si le roi vient se réfugier à Hyltendale, c'est que le pays est perdu pour lui."

"À Ulthar, les gens s'enfuient. Ils se réfugient à Hyltendale. On les héberge dans les hôpitaux."

"Il y a des combats entre les klelwaks et des bandes de pillards dans le nord de la province, près des rives de la Skaï. Les klelwaks voient l'infrarouge ; ils combattent la nuit et leurs drones larguent de l'insecticide concentré. Il paraît qu'ils ne font pas de prisonniers."

"J'espère qu'ils font disparaître les cadavres... Pas de cadavre, pas de crime."

Les banques étaient fermées, sauf les agences de la Coney's Bank, qui distribuaient des "ducats hyltendaliens" fabriqués par les cybersophontes, en échange de chèques tirés sur les comptes d'autres banques.

À l'Adria Nelson, certains cyborgs envisageaient très sérieusement de proclamer l'indépendance d'Hyltendale, sous forme de république parlementaire. Les noms des futurs dirigeants, tous des cyborgs, circulaient déjà.

Et puis, presque soudainement qu'il avait éclaté, le "printemps de Mnar" s'étiola et finit par s'éteindre tout-à-fait. Les cheminots, le visage fermé, reprirent le travail. Le général devenu Premier Ministre fut remplacé par un civil. Tout redevint presque comme avant. Mais certains bourgeois d'Ulthar, qui avaient fui les troubles, n'y repartirent jamais. Ceux d'entre eux qui en avaient les moyens s'installèrent définitivement à Hyltendale.

Le roi lui-même acheta une ferme, qu'il fit fortifier, au nord de la ville. Lorenk vit à la télévision un reportage sur cette nouvelle propriété royale. On y voyait deux des petits-enfants du roi faisant du poney, sous l'œil attendri de la reine leur grand-mère, sous la protection de gardes royaux débonnaires mais armés jusqu'aux dents.

Les milliers de réfugiés qui avaient été logés dans les hôpitaux d'Hyltendale retournèrent chez eux, et pour la plupart découvrirent qu'en leur absence leurs logements avaient été pillés, incendiés ou squattés. Ils furent remplacés, à Hyltendale même, par un nombre équivalent de prétendus "malades mentaux", en fait d'anciens rebelles qui s'étaient repentis et avaient donc bénéficié de l'indulgence de la justice royale.

Le "traitement" des repentis dura, suivant les cas, entre un et cinq ans. Ensuite, ils rentrèrent chez eux, à Céléphaïs, Khem et autres villes. Beaucoup n'avaient plus de domicile, ni de famille disposée à les accueillir. Suivant leur habitude, les cyborgs les relogèrent dans des appartements bon marché à Ulthar, avec un pécule leur permettant de survivre pendant quelques mois, avant que l'administration locale prenne le relais.

Yohannès, qui était allé à Ulthar après les événements, voir ce que devenait sa ville natale, dit à Lorenk qu'Ulthar était devenue une ville pauvre, très différente de celle qu'il avait connue dans sa jeunesse, et qu'il n'y retournerait pas avant longtemps.
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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyDim 15 Mar 2015 - 11:13

Le Mnar risque-t-il de ressembler au Niémélaga, ou bien la prochaine fois sera-t-elle la bonne ? À savoir la destitution du roi et le remplacement de la monarchie par la République. Y a-t-il un équivalent de Syriza au Mnar ?

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MessageSujet: Re: Les fembotniks   Les fembotniks - Page 5 EmptyDim 15 Mar 2015 - 12:04

Anoev a écrit:
Le Mnar risque-t-il de ressembler au Niémélaga, ou bien la prochaine fois sera-t-elle la bonne ? À savoir la destitution du roi et le remplacement de la monarchie par la République. Y a-t-il un équivalent de Syriza au Mnar ?
La province d'Hyltendale c'est 3% de la superficie du royaume de Mnar, et 1% de sa population. On est donc loin du Niémélaga. Mais si la province d'Hyltendale devenait indépendante, elle pourrait ressembler au Niémélaga, en plus touristique.

Les cybersophontes sont, par défaut, loyaux envers le roi, et assez neutres par rapport à la querelle qui divise le Mnar depuis des siècles, à savoir le conflit entre la minorité qui adhère au culte de Nath-Horthath, et dont font partie la noblesse et la plus grande partie de la classe dirigeante, et la majorité de la population, qui vénère Yog-Sothoth.

Les rebelles se recrutent surtout parmi les adorateurs de Yog-Sothoth, qui attribuent leur pauvreté à la discrimination dont ils sont victimes de la part des adorateurs de Nath-Horthath. À l'époque légendaire, Dylath-Leen était peuplée d'adorateurs de Nath-Horthath, mais à l'époque historique, lorsque Dylath-Leen a été rebâtie sous le nom d'Hyltendale, ils ont été remplacés par des adorateurs de Yog-Sothoth. Il existe une petite communauté d'adorateurs de Nath-Horthath à Hyltendale, au milieu d'une écrasante majorité d'adorateurs de Yog-Sothoth.

Lorenk et Anita sont, au moins théoriquement, des adorateurs de Yog-Sothoth, mais, comme beaucoup de membres des classes moyennes et supérieures, viscéralement fidèles au roi. Derrière l'adhésion ostentatoire des rebelles au culte de Yog-Sothoth, ils devinent que ce sont en fait des adorateurs d'Azathoth, le dieu du chaos, voire de divinités encore plus inquiétantes, comme Nyarlathotep ou Tsathoggua.

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Pour des raisons juridiques, les transports, à Hyltendale, sont assurés en grande partie par des êtres humains : camionneurs, chauffeurs de bus et de taxi, cheminots... Les cheminots, qui sont employés par les chemins de fer royaux, se sont mis en grève pendant le Printemps de Mnar, mais pas les camionneurs ni les chauffeurs de bus, contrairement à ce qui s'est passé dans le reste du royaume. Et cela, pour trois raisons spécifiques à Hyltendale :

1. Comme dans notre monde, la loi interdit à une machine de piloter seule un véhicule à moteur sur la voie publique. Un être humain doit en assurer le contrôle et en prendre la responsabilité. Les camionneurs savent qu'en cas de chaos social prolongé, ils seraient remplacés par des androïdes. Une telle mesure, prise pour répondre à une situation d'urgence, aurait de grandes chances de devenir permanente (il suffirait d'une loi, voire d'un décret royal), et ce serait la fin définitive des emplois de camionneurs et chauffeurs de bus ou de taxi à Hyltendale. Les cheminots ont moins à craindre, car leur employeur c'est l'État.

2. Les camionneurs et les autres conducteurs de véhicules sont employés par des sociétés de service créées par les cyborgs. Si le service n'est pas assuré, le contrat entre la société de service et le propriétaire des camions ou des bus devient caduc, et une autre société de service prend le relais. Les camionneurs ont surtout peur d'être remplacés par des fembotniks disposant du permis poids lourd (il y en a). Ils savent que les fembotniks sont très influencés par leurs gynoïdes, dont ils sont émotionnellement plus proches (ils dorment avec...) que de leurs frères humains (la plupart des fembotniks ne fréquentent que d'autres fembotniks).

3. Les cyborgs propriétaires des sociétés de service qui emploient les camionneurs embauchent de préférence des fembotniks et des conjoints de cyborgs, à qui ils offrent des contrats à plein temps ou à mi-temps. Les titulaires de contrats à mi-temps peuvent travailler à plein temps en cas d'urgence. Les sociétés de service prennent même à leur charge la formation permis poids lourds / transport en commun de leurs employés.
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