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 Les parlers ont-ils un genre ?

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Anoev
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Anoev


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MessageSujet: Les parlers ont-ils un genre ?   Les parlers ont-ils un genre ? EmptyVen 24 Nov 2017 - 0:27

Mardikhouran a écrit:
... avant que cette partie du fil ne soit rangée dans "Distinctions genrées dans les langues" (à créer)...
À vrai dire, avant l'inter sur les Pirahãs, j'ai jamais trop osé m'poser la question. Même si, de temps à autres, j'avais remarqué que des filles de ma classe, quand j'étais à l'école, avaient tendance à déformer certaines voyelles (des [a] en [æ], des [y] en [ʏ] (j'savais pas que ça s'écrivait comm'ça à l'époque)... J'ai pris ça pour un accent d'une région que j'connaissais pas, et j'y ai plus prêté attention... et pourtant, j'ai appris qu'elles étaient belles (oh ! oui !) et bien franciliennes. Et cet accent de l'Île-de-Freance, je ne le connaissais pas, il le me semblait pas plus venir du Gâtinais que du Vexin, ou du sud du Valois (aux confins de la Picardie méridionale... alors qu'en Picardie, on a plutôt tendance à postérioriser les A). Le plus étonnant, c'est qu'aucun garçon n'avait ce parler, sauf peut-être un ou deux, à l'air précieux.

Après, je ne me suis plus du tout occupé de ce côté de l'accent d'une langue (la mienne), j'avais d'aut'chats à fouetter, comme on dit (les études ! et c'allait pas en s'améliorant !), et p'is c'a été les débuts de l'aneuvien, ou tout du moins, ce qui allait devenir l'aneuvien. Si j'ai créé une langue à grande richesse phonique, c'était pas pour y englober des phonèmes "féminins" et des phonèmes "masculins", c'était simplement parce que je voulais, pour ma future langue, beaucoup de sons (d'ailleurs, j'ignorais jusqu'à l'existence du mot "phonème", alors...). Donc, ma langue s'est développée, puis ensuite, la diégèse, qui a eu pour nom l'Aneuf (j'avais un camarade de classe qui aimait bien le val de Loire, et c'était lui qui avait créé le nom, le A pour un 4, le 9 suivant derrière). Par la suite, je l'ai revu et il m'a dit avoir laissé tomber la géographie fictive : il m'a laissé sa part : le sud, la partie francophone. Il n'était pas versé dans les langues imaginaires (le mot "idéolinguistique" n'existait pas encore à l'époque). Comme le nom "Aneuf" allait bien, je l'ai gardé. Et en a découlé le nom pour la langue, et le gentilé "aneuvien" et, bien des années plus tard (avec Idéopédia), les mots "aneuvisme, aneuviser, aneuvisation". J'ai créé une Histoire, j'ai peaufiné la géographie (grâce à un ordinateur, acheté à la fin du XXe siècle, et l'Aneuf a vraiment pris sa forme définitive (les côtes avaient d'jà cette forme, mais à l'intéreieur, c'é&tait, disons... très... mouvant ! Mais au départ, tous les Aneuviens (et même les Aneuviennes, pour rester dans l'sujet d'ce fil, qu'y faut pas que j'perde de vue !) parlaient de la même manière. Et puis, j'ai créé des ethnies, de là, deslangues régionales : une a vraiment subsisté : le thiub, et ailleurs, ça été l'aneuvien, avec ses variantes, ses accents, ses prononciations dialectales, et le parler très "acidulé" de deux~trois filles de mes premières années  de secondaire est devenu un dialecte, non pas genré, mais régional : celui du Nobenkost Æstmorien. Mais le parler genré, j'ai complètement mis ça d'côté. Même encore main'nant, malgré ce que j'ai appris sur les Japonaises et les femmes pirahãs. Voilà : j'espère ne pas avoir été trop long ou trop confus.

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Greenheart




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MessageSujet: Re: Les parlers ont-ils un genre ?   Les parlers ont-ils un genre ? EmptyVen 24 Nov 2017 - 1:57

Je crois que les divergences de manière de s'exprimer dans une langue ne sont pas le propre d'une langue ou même d'une société, d'une civilisation, parce qu'il se passe exactement la même chose au niveau des animaux et des végétaux quand il s'agit de communiquer ou de se comporter (et attention, je ne parle pas d'un comportement ou d'un langage donné qui serait attribué "naturellement" à l'un ou l'autre des sexes ou même quand l'espèce a les deux sexes ou un seul sexe ou autre).

Les langues et langages remplissent des fonctions de communication et de maintien de contact (phatique) entre choses, ils sont donc au service des corps des communicants, et des comportements-types (prédateurs, bâtisseurs, chapardeurs etc.) que l'on retrouve aussi bien chez les humains que chez les animaux ou chez les végétaux.

Chez les humains il y a juste un vernis artificiel - du baratin ou de la propagande : par exemple un voleur qui en colle une à un passant pour lui voler son téléphone portable est censé être "supérieur" et avoir une "âme", alors que dans les faits, il ne fait rien d'autre qu'aller au plus facile parce que sa force et l'occasion (entre autres choses), le lui permettent à ce moment t.

***

Donc par exemple si une japonaise va parler plus aigu parce que sa manière de respirer, son larynx, ses épaules sont plus étroites, la langue ne la forcera pas à parler grave sous prétexte que le parler de cette langue est "masculin", et il y aura au contraire un espace linguistique qui va s'ouvrir tout naturellement pour les loctuteurs / trices qui parlent aigus, soit à cause d'une contrainte physique, soit à cause d'une fonction : le jeune comédien à l'époque de Shakespeare qui gagne sa vie en jouant Juliette va parler aigu en imitant une femme et la langue de l'époque se met alors à son service pour le faire passer pour Juliette ; et un gros comédien ventripotent qui pour une parodie de la Noël traditionnelle anglaise va caricaturer le même rôle pour faire bien rire son public, et de la même manière, la langue anglaise actuelle va lui permettre de faire sa caricature en autorisant la voix contrefaite (impossible à confondre avec la voix naturelle).

Et quand Roméo et Juliette sera ensuite adapté plusieurs fois au cinéma cette fois avec des jeunes filles dans le rôle, Juliette parlera en pseudo-italien de la Renaissance ou dans l'américain d'une pseudo émigrée porto-ricaine dans le New-York des années 1950 - et à chaque fois l'italien ou américain va s'adapter à la fonction - la représentation censée correspondre à l'idée du public que se fait de la personne qui parle.

***

Il y a l'exemple spectaculaire des deux versions du premier Dracula de la MGM, tourné en version anglaise et en version espagnole : le langage (aussi bien parlé que celui des corps) est différent alors que c'est la même histoire, et c'est censé être le même texte. Mais l'espagnol et l'anglais ne sont pas utilisés de la même manière par les acteurs et les scénaristes respectifs des versions, pas parce que ce sont des langues machistes ou victoriennes (entre autres), mais bien parce qu'elles s'adaptent au rôle qu'on veut leur faire tenir.

Je lisais justement tout à l'heure l'introduction et les premiers chapitres d'une grammaire de l'occitan, qui évoquait comment, à partir du moment où les français ont pris le contrôle du Languedoc, les gallicismes ont envahi la langue d'oc, les nombres ont été francisés, tout le vocabulaire scientifique occitan a été échangé avec le vocabulaire scientifique français, et du coup, quand il s'agit d'enseigner une "authentique" grammaire occitane, l'auteur de la grammaire doit rétablir des suffixes ou du vocabulaire courant ou encore scientifique, qui n'a justement plus cours - parce que l'occitan n'a plus vocation à être langue commerciale, juridique, scientifique - mais langue populaire, de la maison, de la famille - ou artistique, de la poésie, des romans - ou universitaire : du prestige, des dogmes, de la nécessité de justifier des frais de scolarité ou de cours particuliers possiblement exorbitants et jouant facilement au jeu de Pénélope (le cours n'en finit jamais, l'occitant n'est jamais vraiment maîtrisé donc parlé etc.).

***

Mon hypothèse à ce jour est donc que les langues n'ont pas de genre - elles ont tous les genres parmi quantité d'autres fonctions adaptées à la réalité autant qu'à la fiction - et ce, contrairement à ce que l'on peut croire en lisant une grammaire : si un locuteur se met à employer le parler féminin ou masculin, rien ne prouve dans son discours qu'il est un homme ou qu'elle est une femme - c'est juste qu'il utilise telle langue pour remplir telle fonction sociale ou exprimer le fond de sa pensée, en sachant que le locuteur peut très bien pratiquer une forme d'anti-phrases (affirmer le contraire de la réalité pour faire passer un message on ne peut plus clair à son public), ou n'importe quel autre "art" que permettent les langues : se moquer, conter, démontrer, enseigner à quelqu'un comment il est censer parler à son poste et ainsi de suite.

***

Enfin, j'ai évoqué les comportements de prédateurs / chapardeurs / constructeurs etc. observables chez les animaux, végétaux et les êtres humains. Les langues étant des représentations à la fois de ces formes de vies et de leurs comportements, il y a forcement dans les langues des fonctions de prédations, constructions etc. exactement la même liste des comportements observables dans la nature ou entre gens prétendument civilisés - ou ouvertement barbare.

La novlang d'Orwell est par exemple un exemple de langue prédatrice car elle vise à soumettre, exploiter et détruire l'humain libre illustré dans Libres enfants de Summerhill, tout comme la langue de bois ou le politiquement correct seraient des langues chapardeuses, car elles volent des significations et par contrecoup des idées.

***
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Vilko

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MessageSujet: Re: Les parlers ont-ils un genre ?   Les parlers ont-ils un genre ? EmptyVen 24 Nov 2017 - 9:24

Même en anglais les femmes et les jeunes filles ont une façon particulière de parler :

"He's like..." pour "He said." Les hommes utilisent cette tournure beaucoup moins souvent que les femmes.

"Katie, your kitchen is so clean! Your dress is so beautiful!" Un homme dirait : "Katie, your kitchen is very clean. Your dress is very beautiful."

Il ne s'agit évidemment pas de ségrégation, personne n'oblige les femmes à parler d'une façon ou d'une autre; ce sont les femmes qui choisissent d'exprimer leur féminité jusque dans leur façon de parler.

J'ai connu des militaires qui disaient "affirmatif" au lieu de "oui". Pour faire plus militaire. Comme le dit Greenheart, ça sert aussi à ça le langage, à montrer qu'on fait partie d'un groupe.

On apprend les bases de la langue avec sa mère, mais ensuite on parle comme les membres du groupe auquel on veut s'intégrer.

J'en ai eu confirmation avec un ami à moi, Français marié à une Vietnamienne. Son épouse parle assez mal le français, avec un accent vietnamien très marqué. Leurs enfants avaient pris l'accent de leur mère... Cet accent vietnamien a disparu dès qu'ils ont été scolarisés, parce qu'ils ont imité d'instinct la façon de parler de leurs camarades de jeux, pour s'intégrer au groupe.
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Anoev
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MessageSujet: Re: Les parlers ont-ils un genre ?   Les parlers ont-ils un genre ? EmptyVen 24 Nov 2017 - 10:03

Vilko a écrit:
J'ai connu des militaires qui disaient "affirmatif" au lieu de "oui".
J'me suis toujours demandé pourquoi, alors que (du moins je l'croyais) les messages doivent être brefs et  concis dans les communications et que les délais soient les plus possibles entre une réponse (oui vs affirmatif) et la suite. Et p'is j'me suis mis à échafauder des hypothèses non vérifiables (qu'on voudra bien me confirmer ou me démentir). Les débuts des transmissions (militaires, surtout : ce furent parmi  les premiers à appeler ce qu'on appelait la téheseffe : TSF) par radio étaient faits de messages pleins d'interférences et de parasites, et un "oui" avait plus de chance d'être noyé dans un bruit électronique qu'un mot de 4 syllabes comme "a*%¤krr@^... atif". Voilà en gros ma supposition. À force d'habitude de dire "affirmatif" dans leur gros engins à TSF se rechargeant par manivelle (pas question, en pleine manœuvre d'aller chez l'épicier du coin pour ach'ter des piles LR6 Razz ), ils ont fini par garder l'tic, comme on dit, et à se dire "affirmatif" alors que d'une part la qualité des transmissions s'était amélioré, jusqu'à se dire "affirmatif" en face à face, sans moyen électronique, face à face, et même jusque dans la vie de famille :
-T'as am'né le p'tit à la crèche ?
-Affirmatif.

Voilà, c'est une version qui vaut c'qu'elle vaut.

Par contre, pour le début de l'intervention de Vilko sur les anglophones ♀, là, j'peux rien en dire, mon anglais est trop imparfait pour faire la différence entre les deux. Quant à Roméo et Juliette et ses multiples adaptations, notamment en "VO", j'ai toujours trouvé étrange que dans West Side Story, les Portoricains se fussent donné un nom anglais (Sharks) pour leur bande, et qu'ils parlassent en anglais ENTRE EUX au lieu d'espagnol.

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MessageSujet: Re: Les parlers ont-ils un genre ?   Les parlers ont-ils un genre ? EmptyVen 24 Nov 2017 - 23:58

Le codes de communication radio se sont effectivement mis progressivement en place pour pallier ces problèmes:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vocabulaire_radio_professionnel

S'y ajoutent les vocabulaires codés internationaux spécialisés: maritime, aéronautique - et peut-être ferroviaire?
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