Une grammaire, ça fait combien de pages ?

Un autre débat du soir inutile! Il en faut bien...

A vrai dire, je viens parler de livres de grammaire. C'est une réflexion bête que j'ai eue, puisque actuellement en train d'écrire la grammaire de référence de l'officieux, ma première idéolangue, je me demande si je franchis pas un peu les bornes: je n'ai traité que la phonie, la graphie (le chapitre sur la prosodie n'étant pas encore écrit) et le verbe (sans avoir encore encore parlé de la diathèse), j'en suis déjà à 70 pages et on peut pas dire que j'écris très gros, j'utilise une mise en page des plus communes (Times 12 interligne 1,15, tout en noir, les titres times 12 en gras, enfin la mise en page imposée pour les travaux universitaires ici à Vienne, qui n'est pas spécialement aérée).

Or, mes grammaires de référence (j'essaye d'illustrer mon travail en m'appuyant sur les grammaires dans langues qui ont donné naissance à l'officieux, à savoir l'allemand et le français majoritairement, comme si j'écrivais mon Masterarbeit!) sont elles aussi à deux extrêmes: d'un côté, la grammaire d'usage de l'allemand de BRESSON écrite en très gros caractères et avec une mise en page très aérée (400 pages de corpus) et de l'autre la grammaire méthodique du français de RIEGEL et alii, écrites en très petits caractères avec des paragraphes même pas espacés, et elle excède les 1000 pages...

En terme de quantité, je suis à peu près certain que cette dernière possède au moins 7x plus de texte que l'autre (surement plus!). Alors voilà, je me demande combien une vraie grammaire peut faire de page. Par exemple, je suis tombé l'autre coup sur une grammaire de l'espéranto d'une trentaine de page (bien plus que les 16 règles de base).

Je serais bien tenté de répondre '42' mais ce ne serait pas vraiment sérieux!

Combien de page font vos grammaires? (pour ceux qui en ont plusieurs, les plus condensées vs les plus étendues?)

Pour ma seule tentative ''sérieuse", il y a quelques années, je m'étais arrêté à une cinquantaine de pages (avec beaucoup d'exemples). Malheureusement tout cela est en grande partie obsolète aujourd'hui...

Une des conlangs les plus développées que je connaisse est le siwa, dont la grammaire dépasse maintenant les 400 pages...

Tu parles des règles ou y inclus-tu développement et exemples ?

Djino a écrit:

Tu parles des règles ou y inclus-tu développement et exemples ?

Pas plus d'un exemple par règle en tout cas! Ou rarement...

En effet, tout dépend de ce qu'on met dans la grammaire.
La grammaire courte du Sambahsa fait 11 pages (et encore, les 2 dernières pages sont des listes de mots). Pour "survivre" en sambahsa, on peut se limiter à l'orthographe, aux déclinaisons et à la conjugaison.
La grammaire détaillée en anglais fait 70 pages; et là encore, il y a un chapitre redondant contenant des exemples de verbes conjugués.

Pour l'espéranto, on peut citer la grammaire de J.Joguin qui fait 240 pages (moins l'intro et le lexique).

La grammaire de la langue Neo fait 2 pages, une simple feuille recto-verso et il y a dessus le minimum vital pour avoir une bonne idée de la langue, ainsi qu'un peu de vocabulaire.
Et ce n'est pas écrit trop petit...

La version 14 de la fameuse grammaire de l'espéranto PMEG (la 15 n'existe toujours pas en version papier) fait 696 pages. Les 16 règles du Fundamento sont bien loin…

Je pense que ça dépend de ce que tu veux faire de ta grammaire. Si c’est une grammaire analytique complète, tu peux tranquille aller vers les 600 pages. Si c’est une grammaire descriptive, là il faut peut-être plus se limiter à 200 pages peut-être. Si c’est une grammaire simplifiée, pour permettre aux gens de se faire une idée rapide de ta langue, là, 10 pages semble le grand maximum. Après, les barrières exactes sont subjectives, mais c’est l’idée qu’il faut retenir.

...

od² a écrit:

La grammaire c'est comme le reste, si on aime on peut plus s’arrêter...

Je plussoie à domphes ! Ça fait des années que je peaufine la grammaire aneuvienne, en faisant bien attention de ne pas déboucher sur des contradictions. Et j'ai bien failli en trouver une entre la soupe et les oiseaux (explications bientôt sur le fil aneuvien, le temps que j'retrouve les liens).

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La dernière grammaire de l'elko qui aie été imprimée (2012) faisait 109 pages. Depuis la création d'Elkodico.fr, elle est intégralement disponible sur le net, il m'est difficile aujourd'hui d'estimer le nombre de pages qu'elle pourrait compter.

L'elko est une langue assez intuitive mais pour qui est empêtré dans une seule manière de voir les choses cette idéolangue peut paraître vraiment déroutante. La grammaire a donc cette fonction : servir de tuteur facultatif aux apprenants, ils 'y réfèrent lorsqu'ils en éprouvent le besoin.

Le sammito et le zammito regroupent à eux deux la substantifique moelle de la grammaire de l'elko, tout le reste n'est qu'une extension détaillée et illustrée de ces 40 règles de base. A l'heure actuelle il serait encore possible de les étayer davantage, mais je n'en vois pas l'intérêt.

La grammaire de l'elko est de type générative, et non descriptive, j'imagine que c'est souvent le cas des langues logiques.

Ce qui manque dans la plupart des grammaires, qu'elles fassent 10 ou 500 pages, c'est un exposé clair et directeur des grands principes sous-jacents de la langue, ceux qui fondent l'architecture générale et auxquels on se référera lorsqu'on est confronté à quelque chose d'inédit. Exposer les grands principes évite de délayer sur des dizaines de pages des multitudes de nuances et de sous-cas, mais aussi de laisser croire que "cela coule de source". Car la grammaire, c'est comme le droit, il y a deux philosophies fondamentales qui s'opposent: celle très normative qui vise à tout décrire / celle plus jurisprudentielle qui arbitrera selon les grands principes.