Evolution

od², dans le fil de comparaison uropi-esperanto, a écrit:

La première phase permet seule de modeler la langue, la seconde n'est plus guère maitrisable sinon par la valorisation des locuteurs qui suivent les usages des plus puissants (et pour ça on attendra la plus-value qu’apporterait son choix comme LAI...).

Certains suivent les usages des puissants, mais je doute que ce soit le moteur principal de l'évolution d'une langue, construite ou pas. Une expression imagée, une tournure inventive considérée "fautive" au départ, peut prendre par la seule force de son évocation, de n'importe où, et enclencher des modifications plus profondes. Je dirais même que les puissants, s'ils peuvent se blottir dans un registre de langue particulier comme tous les groupes sociaux qui veulent se distinguer, ne brillent pas par l'inventivité linguistique: la langue de bois, c'est du bois mort

Pour une langue naturelle, le conformisme suiviste envers les "puissants" est évidemment un vecteur fort, notamment dans toute la sphère médiatique dont les représentants ont depuis longtemps résigné toute forme de créativité réelle ou de lyrisme; par contre, pour une langue artificielle*, dont les locuteurs développent une démarche active d'adhésion, je crois que la créativité, l'inventivité ou le simple usage réitéré (fautif ou non) créent des points de référence et des tendances. Parce que chaque locuteur d'une telle langue a pleinement conscience qu'il participe à la culture d'un hybride improbable, d'une exception culturelle (à la survie anti-darwinienne), de quelque chose qui relève d'une geste autant artistique qu'idéaliste.

*(et y compris les langues qui se veulent des synthèses de langues naturelles)

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