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| Surdécliner et surconjuguer | |
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Greenheart
Messages : 4041 Date d'inscription : 03/05/2008
| Sujet: Surdécliner et surconjuguer Dim 29 Mar 2020 - 5:45 | |
| Vos langues permettent-elles de surdécliner un nom ou surconjuguer un verbe, ou décliner un verbe déjà conjugué ou conjuguer un nom déjà décliné ? Comment traduisez-vous alors ces mots surdéclinés ou surconjugués en français et dans d'autres langues naturelles ? * Je précise au cas où :Surdécliner consisterait par exemple à ajouter des terminaisons ou des particules ou des prépositions à un mot qui a déjà un rôle dans la phrase un autre rôle dans la phrase, sans faire de périphrase, ou bien à un verbe déjà décliner. En français ou en anglais, on coordonne des prépositions ("par et pour", "dessus et dessous"), on utilise des pronoms réfléchis. En japonais, on cumule des particules après le nom (on ne peut donner des exemples hors contexte parce que les mêmes particules peuvent servir à marquer le complément ou la phrase ou la bribe de phrase et servir en gros de conjonction ou remplacer des pronoms relatifs / complétifs français) ; Je sais qu'en Basque cela se fait pour avoir lu l'expression dans la grammaire de Lafitte, mais je n'ai pas le temps de revoir ces procédés. Si cela était possible en latin (et cela ne l'est pas), cela consisterait à ajouter par exemple une terminaison d'objet direct à une terminaison de sujet pour obtenir sans doute un nom qui est à la fois sujet et objet, par exemple Dominusum appelat Marco, le maître s'appelle (lui-même) avec le patronyme "Marc". En stellaire 2020, surdécliner consiste à ajouter à un nom qui a déjà une consonne de fonction, une consonne de fonction de plus, et dans ce cas, - Spoiler:
*soit le nom joue les deux rôles en même temps dans la même phrase c'est-à-dire vis à vis du même verbe conjugué,
*soit le nom adverbialisé (= auquel on a ajouté la voyelle U ou I après la consonne de fonction du nom) joue son rôle seulement par rapport au nom précédent dont la fonction est la même que la seconde consonne de fonction.
*soit le mot n'est pas un nom au départ (par exemple c'est une onomatopée, une lettre de l'alphabet, un acronyme, un signe de ponctuation, un nombre cardinal etc.) et il est transformé en nom en lui ajoutant la voyelle de nature (nominalisation) et la consonne de fonction (déclinaison). De cette manière, on peut nominaliser un verbe déjà conjugué et donc le surdécliner.
*** Surconjuguer consisterait à ajouter les terminaisons de verbe à un mot déjà conjugué ou décliné. * Cela se fait en français mais ce n'est pas reconnu par la grammaire : par exemple, on ajoute le verbe avoir donc ses terminaisons à l'infinitif pour obtenir le futur. Je chante Chant erJ' aiJe chant erai. De la même manière on obtient le conditionnel avec les terminaisons de l'imparfait, ce qui revient à surconjuguer l'infinitif à l'imparfait. Si la surconjugaison des verbes était un procédé généralement admis en français, on pourrait par exemple juxtaposer les terminaisons de plusieurs temps : Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai(imparfait, présent, futur) Deviendrait : Je t'aimaiseverai(de même sens) * la surconjugaison des noms existe de manière "barbare" ou familière, lorsque nous conjuguons n'importe quel mot pour construire un néologisme : "mailer". Certaines surconjugaisons de noms sont admises, comme "tutoyer" (conjuguer "tu"), "vouvoyer" (conjuguer "vous"). * Cela se fait en latin dans tous les temps en ajoutant directement au verbe les formes conjuguées de EO (aller) ou de SUM (être), en particulier au plus que parfait et au futur antérieur. J'étais > Eram. J'avais aimé > Amav eram. Je serai > ero. J'aurai aimé > amav ero. * En latin et dans toutes les langues romanes, on retrouve une surconjugaison des noms lorsqu'ils sont transformés en adjectifs (typiquement les participes passés) ou en nom (infinitifs, participes présents), avec parfois un changement d'orthographe (la désinence ANT qui devient ENT). * En stellaire, la surconjugaison consiste à ajouter deux fois la terminaison de nature du sujet et de personne à la racine du verbe. Il y a plusieurs cas de figure selon que ces terminaisons sont identiques ou différentes. - Spoiler:
Il aime et elle aime. Aimot eti aimat.
Qui n'est pas équivalent à :
Il ou elle aime (l'un ou l'autre mais pas les deux à la fois). Aimut.
Il aime et il aimera (il aime au présent puis au futur). Aimotifot.
* Il n'y a pas surconjugaison quand on cumule des aspects I+consonne après la racine et avant la voyelle de nature ni dans un verbe conjugué (les aspects portent sur l'action ou l'état en cours dans l'histoire que raconte la phrase), ni dans un nom (les aspects portent sur la définition permanente du nom, la nature de l'objet désigné par le nom).
* il y a surconjugaison quand on ajoute la terminaison de nature du sujet et personne à un nom déjà décliné.
Un amant (objet direct) / au-devant d'un amant Aimon (nom désignant un homme qui aime, objet direct du verbe d'action, ou objet placé au-devant du sujet du verbe d'état).
"Aimon" est un objet direct. Aimonet
J'utilise / j'énonce (moi un homme) le mot "aimon" en position d'objet direct. Aimonom.
Tu utilises / tu énonces (toi une femme) le mot "aimon" en position d'objet direct. Aimonaz.
Tout cela est bien sûr sous réserve de plus amples explorations, et nouvelles découvertes.
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| | | Anoev Modérateur
Messages : 37610 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
| Sujet: Re: Surdécliner et surconjuguer Dim 29 Mar 2020 - 9:04 | |
| La seule chose que j'eusse tenté, avec le verbe ere (être) est une conjugaison, pour les plus-que parfait de type ere era (indicatif) et ere eréa (subjonctif), alors que la particularité de ce verbe est de se conjuguer à ces temps de la même manière que le parfait (pour chacun des modes). Cette redondance de er- n'a subsisté que sous forme dialectale. Une forme qui a été complètement avortée, elle, est la combinaison de la particule kjas (conditionnelle) avec les particule de l'imparfait ou du futur ere ou mir. Je finis par me contenter d'un maximum d'une particule modotemporelle* maximum par conjugaison. Ainsi, on se contente de ce type de phrase, pour des conditions improbables : tet ed franpárkad ere hab ċys, ka cem kjas chœlen "ed franpárdak". = Si ma tante en avait, elle serait appelée "mon oncle".
*Par contre, on peut avoir, pour un même verbe, une particule pronominale (la plus proche du sujet) ET une particule modotemporelle (la plus proche du verbe), comme le montre l'exemple.
_________________ - Pœr æse qua stane:
Pour ceux qui restent.
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| | | Mardikhouran
Messages : 4313 Date d'inscription : 26/02/2013 Localisation : Elsàss
| Sujet: Re: Surdécliner et surconjuguer Dim 29 Mar 2020 - 10:51 | |
| Pour les idéolinguistes, Christophe Grandsire-Koevoets a réalisé un Prezi (poster dynamique en ligne) sur la surdéclinaison en basque (et son idéolangue le moten), lors de la 4e Language Creation Conference. Normalement accompagné d'une présentation orale. Il compare la surdéclinaison à la récursivité en syntaxe : c'est à dire, l'équivalent d'une phrase comme J'ai pensé que le fait de dire que Max ne croit plus que la rédemption soit possible... où les subordonnées s'enchaînent potentiellement de façon infinie. Un des exemples basques est, à partir de emakumearen etxea [femme-[article]-[génitif possessif] maison-[article]) "la maison de la femme", l'ajout de l'article et du suffixe inessif ("dans") sur le possesseur pour obtenir emakumearenan (femme-[article]-[génitif possessif]-[article]-[inessif]) "dans (celle) de la femme" c'est à dire "chez la femme". Et potentiellement ainsi de suite. - Greenheart a écrit:
- * la surconjugaison des noms existe de manière "barbare" ou familière, lorsque nous conjuguons n'importe quel mot pour construire un néologisme : "mailer". Certaines surconjugaisons de noms sont admises, comme "tutoyer" (conjuguer "tu"), "vouvoyer" (conjuguer "vous").
Dans mes cours de morphologie on appelait ça simplement une conversion : la dérivation de noms en verbes avec seulement les marques grammaticales de la classe, sans utiliser de suffixe dérivationnel comme "-iser", "-ifier", "en-ir", "-oter", etc. | |
| | | Mardikhouran
Messages : 4313 Date d'inscription : 26/02/2013 Localisation : Elsàss
| Sujet: Re: Surdécliner et surconjuguer Dim 29 Mar 2020 - 11:16 | |
| - Anoev a écrit:
- On pourrait faire la même chose avec des noms de ville :
Peut-être même avec tous les noms de lieux... ce serait une langue où la frontière entre chaque classe de mot serait assez fluide. Tu me donnes des idées ! | |
| | | Ziecken Modérateur
Messages : 13140 Date d'inscription : 23/03/2008 Localisation : Nointot, Normandie
| Sujet: Re: Surdécliner et surconjuguer Lun 30 Mar 2020 - 11:19 | |
| A priori, en elko cela n'existe pas car la conjugaison est isolante et la déclinaison est suffixale, et le cumul des suffixes casuels n'est pas possible. _________________ Idéolangues : elko, kelep, englo, ... (+27) Idéomondes : Multivers d'Aegis, monde du Losda | |
| | | Hyeronimus Modérateur
Messages : 1546 Date d'inscription : 14/07/2017
| Sujet: Re: Surdécliner et surconjuguer Lun 30 Mar 2020 - 18:29 | |
| pour ce qui est des dérivations, le Diaosxat (c'est même son premier principe) permet de changer un mot de n'importe quel classe en un mot d'une autre classe. Mais je comprends pas très bien ce qu'est la surdéclinaison , pourrait-on avoir d'autres exemples? _________________ Xed-tœ maklecren ya ùpatikaren. Xed-tœ cna ùa'kan'za' ajramia Il y a des problèmes et des solutions. Il y aussi les fleurs des champs.
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| | | Velonzio Noeudefée Référent Actualités
Messages : 8431 Date d'inscription : 14/02/2015 Localisation : Rhône-Alpes
| Sujet: Re: Surdécliner et surconjuguer Lun 30 Mar 2020 - 18:51 | |
| ce serait je suppose par exemple : ce cadeau, je le lui donne qui deviendrait en français ce cadeau, je leui donne. Si on traduisait dans une langue à déclinaison, je vais me baser sur un allemand théorique avec un accusatif en -en (mais dans la réalité c'est uniquement au masculin et cadeau Geschenk est neutre) et un datif en -em (même remarque) on aurait un espèce de, et un pronom en d- (or au masculin datif ça doit être ihm et l'allemand permet aussi de dire zu+acc. comme notre à français): Ich gebe denem. (Je donne leui). _________________ En collaboration : yazik ; en pause : dudyi, ∂atyit En pause : ditaiska köojame, llîua, diònith, frenkvëss, thialim, (monurpilf), yadios, Epçune !, endietc Aboutie : suok et lignée pré-mihia-thialim, thianshi, diarrza, uosmigjar (essai : ortogrévsinte, sinywila, SESI, KISSI) langues parlées: allemand - italien - elko - baragouin de globish
Niluusu kivanu ki-so∂em-korondo-s-uvi gu koyoodnißju. (dudyi) / Midevim iſeet dotſe iJebiriotoẏot éß umowonêyû. (∂atyit) Je rêve que les humains deviennent les jardiniers de la vie dans le système solaire.
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| | | Mardikhouran
Messages : 4313 Date d'inscription : 26/02/2013 Localisation : Elsàss
| Sujet: Re: Surdécliner et surconjuguer Lun 30 Mar 2020 - 19:59 | |
| - Velonzio Noeudefée a écrit:
- ce serait je suppose par exemple : ce cadeau, je le lui donne qui deviendrait en français
ce cadeau, je leui donne. Ce n'est pas vraiment ça. Dans l'exemple "latin hypothétique" de Greenheart, un mot est marqué pour deux rôles distincts qu'il joue en même temps ( Dominusum appelat Marco "le maître s'appelle lui-même Marc" : le maître est à la fois sujet du verbe, et son objet). Dans les exemples basques de Christophe Grandsire-Koevoets que j'ai mis en lien, on crée un nouveau mot qui peut à son tour se décliner (qui peut à son tour se décliner, etc.) grâce à la suffixation de l'article défini, signifiant en gros "celui de/pour/à/dans/(etc.)". (Cela montre que Greenheart et Christophe parlent du même phénomène formel – l'empilage de suffixes de cas sur un nom – mais pas du même but, qui est syntaxique chez G. et dérivationnel chez C.) (Je propose donc de parler du premier comme surdéclinaison conjonctive, car permettant d'éviter la répétition du même mot porteur d'un cas différent, et du second comme surdéclinaison récursive) car permettant d'enchâsser une suite de référents.) Dans tes exemples Velonzio tu agglutines deux référents distincts jouant des rôles différents – le cadeau et son destinataire – en un seul pronom. - Hyeronymus a écrit:
- pour ce qui est des dérivations, le Diaosxat (c'est même son premier principe) permet de changer un mot de n'importe quel classe en un mot d'une autre classe.
On parlerait de surdéclinaison si, par exemple, tu dérivais des adjectifs régulièrement de noms au génitif, et qu'ensuite tu retransformais ces adjectifs en noms (qui peuvent se décliner), c'est-à-dire formellement en rajoutant des suffixes de cas après ton suffixe de génitif. Par exemple, Nord-GEN "nordique", puis en transformant cela en nom de personne "le Nordique", tu peux dire Nord-GEN-DAT "au Nordique" littéralement "au du Nord".
Dernière édition par Mardikhouran le Lun 30 Mar 2020 - 21:31, édité 1 fois | |
| | | Anoev Modérateur
Messages : 37610 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
| Sujet: Re: Surdécliner et surconjuguer Lun 30 Mar 2020 - 20:15 | |
| - Mardikhouran a écrit:
- Dominusum appelat Marco "le maître s'appelle lui-même Marc : le maître est à la fois sujet du verbe, et son objet.
Sauf erreur de ma part, il se serait plus agi d'un attribut que d'un objet (COD). Il s'appelle Marc° ~ Son nom est Marc ; lui est Marc. Par contre, dans "on l'appelle Marc le Teigneux", Marc le Teigneux est bien attribut lui aussi, mais il est attribut du COD "l'". ° À moins bien sûr qu'on "décompose" le verbe pronominal "s'appeler" en "se" (COD) + "appeler". Chose que je ne peux pas faire chez moi avec dem._________________ - Pœr æse qua stane:
Pour ceux qui restent.
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| | | Mardikhouran
Messages : 4313 Date d'inscription : 26/02/2013 Localisation : Elsàss
| Sujet: Re: Surdécliner et surconjuguer Lun 30 Mar 2020 - 20:29 | |
| - Anoev a écrit:
- Mardikhouran a écrit:
- Dominusum appelat Marco "le maître s'appelle lui-même Marc : le maître est à la fois sujet du verbe, et son objet.
Sauf erreur de ma part, il se serait plus agi d'un attribut que d'un objet (COD). L'attribut de l'objet est "Marc". Oui, dans l'exemple considéré il faut voir l'élément pronominal comme un vrai pronom, et non pas une particule comme l'aneuvien dem ou le russe -ся. | |
| | | Anoev Modérateur
Messages : 37610 Date d'inscription : 16/10/2008 Localisation : Île-de-France
| Sujet: Re: Surdécliner et surconjuguer Lun 30 Mar 2020 - 20:45 | |
| - Mardikhouran a écrit:
- il faut voir l'élément pronominal comme un vrai pronom, et non pas une particule comme l'aneuvien dem ou le russe -ся.
Merci de l'info ! Au passage, je ne savais pas que, dans cet aspect de la grammaire verbale, l'aneuvien était un calque (involontaire, du coup) du russe. _________________ - Pœr æse qua stane:
Pour ceux qui restent.
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| | | Hyeronimus Modérateur
Messages : 1546 Date d'inscription : 14/07/2017
| Sujet: Re: Surdécliner et surconjuguer Mar 31 Mar 2020 - 8:36 | |
| - Mardikhouran a écrit:
- Hyeronymus a écrit:
- pour ce qui est des dérivations, le Diaosxat (c'est même son premier principe) permet de changer un mot de n'importe quel classe en un mot d'une autre classe.
On parlerait de surdéclinaison si, par exemple, tu dérivais des adjectifs régulièrement de noms au génitif, et qu'ensuite tu retransformais ces adjectifs en noms (qui peuvent se décliner), c'est-à-dire formellement en rajoutant des suffixes de cas après ton suffixe de génitif. Par exemple, Nord-GEN "nordique", puis en transformant cela en nom de personne "le Nordique", tu peux dire Nord-GEN-DAT "au Nordique" littéralement "au du Nord". J'ai bien des dérivés de dérivés (et grammaticalement ce serait valide d'en faire de troisième, quatrième génération à l'infini) mais je ne procède pas de cette façon, donc je ne surdécline pas. C'est intéressant en tout cas. Ça me donne une autre idée: créer des noms à partir de verbes conjugués par exemple pour dire que quelqu'un ne fait plus ou pas encore une action. Ainsi "l'ancien propriétaire" ça donnerait "possédaiteur" et "la future gouverneuse" serait "gouvernerateuse". Dans le même esprit "croyaiteur" serait quelqu'un qui avait la foi mais l'a perdue. _________________ Xed-tœ maklecren ya ùpatikaren. Xed-tœ cna ùa'kan'za' ajramia Il y a des problèmes et des solutions. Il y aussi les fleurs des champs.
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