Il s'agit d'un cours de grec ancien appliquant les méthodes de Français langue étrangère au moyen d'un livre et d'un CD "fait maison". Le tout coûte 44 euros mais "il les vaut bien".
Rien que l'introduction est particulièrement intéressante : le grec ancien comprend de multiples dialectes, et c'est un dialecte minoritaire et plus difficile que les autres qui est actuellement présenté aux étudiants comme étant à apprendre en prioritaire, un tour une fois de plus joué par certaines autorités, au détriment du grec Koine, plus facile, plus régulier et surtout recouvrant un bien plus grand nombres d'ouvrages d'importances premières, dont incidemment la Bible... Il serait en plus très facile de basculer du Koine à l'Attique.
Christophe Rico est également de ceux qui refusent l'argument "le latin / le grec etc. sont des langues mortes, donc il faut les enseigner comme des langues mortes et non vivantes" (c'est à dire de manière confuse, impraticable et rebutante) : il constate - et ce n'est pas nouveau - que dans la réalité, une langue s'enseigne dans l'action, c'est à dire la conversation - pas dans le commentaire.
Il cite une anecdote qui date tout de même de 1880, ce qui prouve que la méthode FLE est tout de même connue depuis plus d'un siècle et pourtant demeure méprisée par nos institutions à ce jour, et non appliquée dans l'éducation nationale, voire pourchassée par les inspecteurs.
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En 1880 le professeur de Latin François Gouin par en Allemagne pour y apprendre l'Allemand : persuadé que ses principes d'enseignement du latin suffiront, il s'enferme pendant dix jours pour apprendre la grammaire allemande, puis met à l'épreuve sa technique en visitant l'université : il ne comprend rien à rien à ce qui lui est dit.
Il retourne donc s'enfermer dans sa chambre pour apprendre les 800 racines allemandes. Retourne à l'université, ne comprend toujours rien à ce qu'on lui raconte.
Goin retourne dans sa chambre, traduit Goethe et Schiller, mémorise 30.000 mots du dictionnaire. 6 mois plus tard il ne comprend toujours pas ce qu'on lui dit en Allemand et repart frustré.
De retour chez lui, il constate que son neveu de trois ans qui ne parlait pas encore à son départ est désormais capable de parler facilement le français. Goin s'intéresse alors à la manière dont les enfants apprennent le langage et travailla en conséquence sur une nouvelle méthode d'apprentissage d'une langue étrangère, basée seulement sur la conversation.