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- Certes, depuis les années 80, la chute du mur de Berlin, l’ouverture des frontières et l’apparition d’internet, l’anglais est devenu prédominant: à partir de cette époque, «les élites chinoises et russes ont envoyé leurs enfants faire leurs études aux USA et au Royaume-Uni». Tandis que les anglophones arrêtaient d’apprendre d’autres langues.
Résultat: désormais, les étrangers connaissent mieux les Anglo-Saxons que ces derniers ne les connaissent.
Conclusion : lorsqu'une langue devient une Langue Auxiliaire Internationale, ceux qui ne parlent que cette LAI parce que c'est leur langue nationale sont désavantagés parce qu'il leur est beaucoup plus difficile de dissimuler leurs secrets.
Et si le monde avait choisi une LAI qui ne soit la langue maternelle de personne, comme l'espéranto, l'uropi ou le kotava ?
À mon humble avis, cette LAI tendrait à devenir une langue maternelle, par exemple dans les villes où, pour diverses raisons, des gens d'origines linguistiques diverses se retrouvent rassemblés et doivent cohabiter. La langue auxiliaire commune devient en une ou deux générations la langue première de la jeunesse, puis, en une ou deux générations supplémentaires, la langue unique de la majorité de la population.
C'est ainsi que les habitants de la Gaule, province romaine, en majorité de langue celtique, avec des minorités latinophones et germanophones, sont devenus des locuteurs unilingues du latin. Ce latin, assez différent de celui de Cicéron, est devenu le français après quelques siècles d'évolution.
D'autre part, dans un monde où l'espéranto serait la LAI mondiale, que feraient les multinationales ? Avant de lancer son nouveau système d'exploitation, Microsoft réunirait les dirigeants de ses filiales française, allemande, japonaise, chinoise, russe, etc, pour préparer la nouvelle offensive commerciale. Quelle langue serait utilisée dans ces réunions ? L'espéranto, bien entendu, ou toute autre langue qui serait la LAI.
La LAI serait, dans l'esprit des gens, beaucoup de choses, aussi bien positives que négatives :
1. La langue dans laquelle on peut lire, en traduction, les fascinantes littératures étrangères, et accéder à des idées et des concepts qu'on ne trouve pas dans sa propre langue. Idem dans le domaine scientifique.
2. La langue dans laquelle on peut discuter et se faire des amis (voire trouver l'amour de sa vie) avec des gens de langue maternelle différente.
3. La langue des multinationales. Ceux pour qui l'anglais est la langue des multinationales capitalistes honnies ne se rendent pas compte que si l'anglais est la langue des multinationales, c'est parce que c'est une LAI. Et non pas l'inverse... Aucune langue n'est "capitaliste" ou "anti-capitaliste"
par nature...
4. La langue des fonctionnaires de l'UE à Bruxelles, et la langue des débats au Parlement Européen. J'en connais pour qui ce serait une bonne raison pour faire semblant de ne pas connaître la LAI...
5. La langue de l'OTAN, de l'OPEP, etc. Voir point n° 4... Une LAI serait adoptée par toutes les structures à la fois transnationales et autoritaires, pour des raisons pratiques.
6. Ce serait aussi la langue de l'Église Catholique, ou plutôt de toute nouvelle religion ou idéologie qui apparaîtrait à notre époque. Jésus et ses disciples parlaient araméen. L'Église a choisi le latin parce que c'était la langue de l'Empire Romain, qui couvrait la plus grande partie du monde connu par les premiers chrétiens. La neutralité de la LAI en prendrait un coup...
Mais le latin n'est pas plus une langue chrétienne qu'il n'était auparavant la langue du paganisme. Une langue ne fait que véhiculer des concepts, elle ne leur appartient pas.
Finalement, de mon point de vue, ce n'est pas plus mal que la LAI de fait de notre monde soit aussi la langue nationale de la première puissance militaire mondiale. Cela permet au reste du monde de savoir ce qui s'y passe... À l'inverse de l'ancienne URSS, où les luttes féroces pour le pouvoir restaient cachées dans les couloirs du Kremlin.
Le fait que les pays anglophones soient directement observables par le reste du monde n'est pas nécessairement un inconvénient, à mon avis. La culture anglophone dominante (celle des États-Unis, en ce moment) est exposée comme dans une vitrine aux yeux du monde, et ça lui permet de mieux se vendre...
Le système des primaires, organisées par les partis pour sélectionner leurs candidats, est une copie d'une innovation américaine. Les uniformes des policiers européens sont copiés sur ceux de leurs homologues américains. Nos supermarchés et centres commerciaux sont des copies de modèles conçus aux États-Unis.
Ceci étant, lorsqu'une culture propose des concepts intéressants, ils sont copiés ailleurs même lorsque la LAI n'est pas la langue première de la culture en question. Je pense au Japon, et à l'influence culturelle bien visible qu'il exerce désormais dans le monde entier.