On touche effectivement là au coeur de la fixation des normes réelles d'une langue. Je pense que la problématique et les réponses sont très différentes entre langues a posteriori et langues a priori.
Pour les premières, il y a toujours la tentation , assumée consciemment ou imprégnée inconsciemment, de calquer les solutions en cours dans les langues naturelles sources.
Pour une langue a priori, j'ai le sentiment que faire du calque saute davantage aux oreilles ou cerveau et est davantage perçu comme une solution insatisfaisante.
Pour le kotava, en ce qui me concerne, lorsque je ne trouve pas de références de personnes expérimentées, j'essaie de me référer à l'esprit général de la langue tel que je le perçois. Avec certains points très forts. Donc exégèse évidemment. Ensuite, il arrive que certaines questions soient clarifiées après coup. En tout cas, je pense que le kotava a été vraiment bien conçu notamment, avec une cohérence d'ensemble très profonde, laquelle "induit" assez naturellement tel ou tel axe de solution.
Sur le domaine des prépositions locatives (un pan vraiment très développé et très caractéristique du kotava), on sent constamment un cadre très prégnant, un peu comme si tout le champ expressif potentiel avait été systématiquement étudié et borné.
Souvent plusieurs options sont certes possibles, mais avec de la pratique on sent assez vite et assez bien celles qui sont le plus "dans la logique" de la langue, indépendamment de leur charge sémantique propre.
Un bon exemple est celui de l'emploi des suffixes totaux. Ceux-ci sont d'usage assez systématique, bien davantage que les formes analytiques équivalentes.
Va rostela estumú = va rostela abicote estú : je mange peu de légumes. Les deux formulations sont parfaites, tant grammaticalement que sémantiquement, sauf que la première (estú + suffixe diminutif) coule d'évidence, alors que la seconde donne le sentiment de mal exploiter le "génie" de la langue et d'être bêtement une addition de mots, sans parler du fait qu'elle soit moins compacte.