- Troubadour a écrit:
- Avez-vous déjà songé au fait que – certes en nombre restreint, mais non nul – des aires sémantiques sont parfois associées à des sortes d'aires sonores, dans de nombreuses langues?
Oui, j'avais déjà posté à ce sujet à propos d'un arbre des mots que l'on pouvait reconstituer par exemple en prenant la partie latin > français d'un dictionnaire (chez Bordas) et en rangeant les mots en fonction des correspondances entre les racines de type CONSONNE / VOYELLE / CONSONNE et les idées contenues dans les définitions qui y étaient associés.
Je commençais par les mots les plus courts, en enlevant les préfixes et les suffixes (terminaisons) communes à d'autres mots.
En revanche, dans le premier tri, je ne retiens qu'une seule "consonne floue", fusionnant une consonne dure et son équivalent douce, comme D/T par exemple : la racine T.T = D.T = T.D = D.D.
Cette racine "floue" permet de tracer une première branche, qui en général contient l'idée d'une forme ou d'un mouvement suivant cette forme, comme dans BADO / VADO etc., tracer une courbe basse, balayer etc. (si ma mémoire est bonne).
Ensuite la première branche se divise en un nombre limité de branches, en durcissant ou adoucissant les consonnes, et l'on voit que non seulement les définitions restent proches (sens concret) et que toutes les combinaisons ne sont pas représentées, comme si effectivement le fait que les consonnes soient dures ou douces n'est qu'une question de confort de prononciation, pas de sens.
Ensuite les secondes branches se subdivisent en fonction de la voyelle, mais là encore, il n'y a pas toutes les combinaisons et certaines voyelles vont soit donner un mot de même signification, ou bien la combinaison n'existe pas parce qu'elle fait concurrence à une autre combinaison. A ce stade se pose le problème de la prononciation latine de l'époque, qui ne correspond pas à la prononciation des voyelles françaises d'aujourd'hui (c'est aussi vrai en roman et en vieux français : DOLOR se prononce comme DOULEUR en français, donc il y a variation de timbre - deux prononciations par voyelles tracées, et le O latin ou roman ne se prononcera jamais comme les O français selon moi).
Une fois que les possibilités de fabriquer des mots seulement avec des racines suffisamment distinctes à l'oreille sont épuisées, le latin commence à combiner des racines et ajouter des suffixes décrivant l'objet, comme OR/IX, celui/celle qui fait - qui est devenu EUR / ICE (instituteur / institutrice), puis à ajouter des préfixes, qui sont plus ou moins des prépositions permettant de décrire d'une phrase l'objet désigné par le mot, comme dans "DEPART", le fait de partir de quelque part.
Pour constater de vous même le fonctionnement de cet "arbre des mots" en LATIN, essayez par exemple de faire une liste de tous les mots qui sont proches du mot "poisson" en latin.
En adoucissant les consonnes ou en faisant les voyelles - c'est à dire en descendant de l'arbre des branches vers le tronc, vous allez retomber sur tous les mots qui décrivent une forme écailleuse (de mémoire on retombait sur un mot qui représentait la pomme de pin, mais je ne me souviens plus exactement). Puis en remontant, vous allez trouver tous les mots dérivés de cette même rangée d'écailles à l'origine et qui désignent désormais d'autres objets, par exemple le mot PISCINE, le bassin à poissons vivants (pour les vendre ensuite), devenu espace de baignade aujourd'hui.
Je m'étais servi de ces observations pour préciser un Primordial latin, puis reconstituer un champ lexical minimum (un "filet sémantique") pour prévoir à quel moment le rémaï pourrait tout traduire : si le latin arrivait à tout traduire avec un nombre très limité de racines (mailles) inférieur à 12, le rémaï qui formerait ses mots dérivés à partir des mêmes mailles (mêmes idées floues) devait forcément y arriver.