Aċċ á tál lġoíḋás
Oḋ nṁel bfásc ḟeg oá ṁfácé
(Je parle le Tál. Bienvenue à l'honorable voyageur !)
[ɑ:qxa tsá Ɂ̃ïλas, ɔλ é: bh'asc vɔgh ä wh'ace]
Lorsque j'ai imaginé cette langue, faisant partie de l'idéomonde de Terra Nuna (un jeu de rôle que j'avais créé), je voulais créer quelque chose dont la transcription ne soit pas évidente, mais reste quand même logique. Je voulais également un système se rapprochant des langues polysynthétiques, ou ce que j'en comprenais du moins. Sur la base du Saever, j'ai donc créer cette descendante de l'époque moderne.
J'attends bien évidemment vos commentaires avisés et avis commentés !
Amitiés à tous
PRESENTATION ET ORIGINES
Autre descendant du Saever commun, le Bas-démoniaque a connu une évolution phonétique assez radicale.
Comme son nom l'indique, elle fait partie de la famille des langues démoniaques, mais s'est détachée du rameau principal à partir de la fin de la dernière des Guerres Divines (fin du IVe millénaire av. JC). Certaines tribus de démons nomades et isolées, essentiellement en Afrique du Nord et en Asie centrale (à la périphérie des principales zones de conflits), restèrent « prisonnières » sur Terre après la création du Sceau des Larmes, qui referma le portail dimensionnel des Enfers. La langue a donc évoluée séparément des autres langues démoniaques et ces « bas » démons (car vivant hors des Enfers) ont continué leur vie à la tête de tribus mêlant humains et démons. Elle a donc reçu un apport linguistique, en plus des apports propres à la famille démoniaque, un apport de vocabulaire humain hérité du proto-indo-européen, de langues caucasiennes et berbères. Toutefois, ces apports sont peu nombreux.
Le bas-démoniaque n'a qu'une langue cousine : le Dyâo, ou angélique caché.
TRANSCRIPTION ET HISTOIRE
L'évolution phonétique a été radicale dans le sens où elle s'est caractérisée par une vocalisation systématique des sons creux. Ainsi, le Saever commun
*bors- (œil) est-il devenu dans un premier temps, en proto-démoniaque commun :
*βordh, puis
*βo:edh en ancien bas-démoniaque, puis
mβogh au Moyen-âge (transcrit
ḃoġ) et enfin
βɔgh à l'époque moderne, transcrit de la même façon.
C'est seulement à partir du Moyen-âge que la langue fut écrite, au moyen de l'alphabet gaélique. L'alphabet n'était pas particulièrement adaptée, puisque le Tál est une langue à tons, mais le système était somme toute logique. L'écriture en est restée là, mais la langue, qui a une phonétique très dynamique, a encore considérablement évolué, rendant la lecture des mots assez peu évidente, ce qui ne gène pas les bas-démons dans la mesure où l'alphabet latin ne revêt pas pour eux de signification particulière dans leur quotidien (je veux dire qu'ils ne subissent pas l'influence d'autres langues utilisant l'alphabet latin, où la lettre « t » est presque à chaque fois prononcée /t/ : ils feront toujours des fautes de lecture dans les langues transcrites avec un alphabet latin, même s'ils ont appris la langue).
ECRITURE ET PRONONCIATION
Les consonnes ont deux prononciations : l'une atone, l'autre tonique (donnée en second). Un /h/ marque toujours une aspiration.
a : /ɑ/
á : /a/
b : /β/, /mβ/
c : /k/, /c/
d : /dʃ/, /ʃ/
e : /ə/
é : /ɛ/
g : /gh/, /H/
i : /y/
í : /i/
m : /m/, /mh/
o : /ɔ/
ó : /o/
p : /p/, /ph/
s : /s/, /sh/
t : /s/, /ʦ/
u : /y/
ú : /u/
ḟ : /hv/, /v/
ċ : /x/, /qx/
ṫ : /ʒ/, /ʤ/
ḃ : /b/, /bh/
ṁ : /w/, /wh/
ḋ : /λ/, /lh/
ġ : /γ/, /ʝ/
f : /'/
ṗ : /φ/, /φ̃/
ṡ : /j/, /ʨj/
Les digrammes ont évoluées depuis les pré-aspirées du Saever, et ont en général plusieurs réalisations en fonction de leur position :
mg : tonique /ƞ/, atone accompagné de -e ou -i /ñʝ/, atone /wg/
ġṫ : tonique : /γʒ/, atone intervocalique : /γd/, en fin de mot : /jd/ en fin de mot pour un verbe : /jn/
Les lettres suivantes sont des indications mélodiques
n : indication mélodique descendante-montante
r : indication mélodique descendante.
l : indication mélodique montante
Les quatre semi-consonnes suivants ne sont utilisés qu'en début de mot et ne sont prononcés que s'ils sont tendus. Leur présence rend automatiquement la voyelle suivante longue. Ils résultent de l'évolution de voyelles pré-toniques.
nṁ : /ɰ/
lġ : /Ɂ̃/
rg : /Ɂ/
fċ : /h/
Chaque consonne a deux prononciations : l'une tendue, l'autre relâchée. Une consonne est tendue lorsque la voyelle qui la suit est, elle aussi, tendue, ce que l'on marque par un accent. « Tál » se prononce [
ʦá], avec un ton montant.
Les voyelles ont également une prononciation tendue (lorsqu'elles sont accentuées) et une autre relâchée.
Une voyelle peut être brève ou longue. Une longue sera notée soit par le redoublement de la consonne qui la suit (y compris s'il s'agit d'une consonne de ton), soit par la présence d'une semi-consonne avant la voyelle, soit par le rajout d'un -a ou d'un -u.
Toute voyelle placée avant la voyelle accentuée indique une hauteur. Toute voyelle placée après une voyelle accentuée indique soit une diphtongue (o, e, i), soit un allongement de la voyelle (a, u, peu fréquents).
SYSTEME DE TONS
Le Tál lģoíd est une langue tonale. Elle possède trois hauteurs (haut, moyen, bas) et trois mélodies (montant, descendant, fluctuant) qui se combinent, ce qui fait un total de 9 tons. On ne comptera pas un ton « moyen-plat », qui correspondrait à la prononciation atone de la voyelle car celle-ci diffère en général sensiblement de la réalisation de la voyelle tonale. Ces tons sont donc : montant, descendant, fluctuant, haut, haut-descendant, haut-fluctuant, bas, bas-montant, bas-fluctuant. Ces tons n'apparaissent pas avec la même fréquence. Les hauteurs sont des héritages des alternances de degré du Saever et ont donc une valeur morphologique. Les mélodies correspondent à d'anciens sons creux qui ont fusionné dans la voyelle principale.
Les hauteurs sont notées grâce à des voyelles antéposées à la voyelle accentuée : « o » devant a/e/i ou « a » devant o/u (on ne répète pas une voyelle à l'écrit) indiquent un ton haut, tandis que « u » devant a/e/i ou « i » devant o/u indiquent un ton bas. «
lģoíd » implique donc que le « i » est prononcé avec un ton haut.
Les mélodies sont indiquées par des consonnes de l'alphabet gaélique inutilisées en Tál : « l » indique le ton montant, « r » le ton descendant et « n » le ton fluctuant.
« f » indique un coup de glotte. Il a avant tout une valeur morphosyntaxique : il s'agit soit d'un héritage du degré brisé du Saever (qui donne une nuance de parfait), soit d'une marque du pluriel interne.
MORPHOSYNTAXE
1-
La phrase Le Tál établit une distinction fondamentale entre groupe verbal et éléments indépendants : les mots du groupe verbal sont soumis à un ordre très rigide (en fait, si ce n'est pour l'habitude d'écriture, on pourrait considérer que le groupe verbal forme un seul mot, agglutinant différents éléments), tandis que les éléments hors du groupe ont un ordre beaucoup plus libre. Le groupe verbal se met toujours à la fin, ce qui nous donne une typologie SOV ou OSV.
La langue tend à être polysynthétique.
Les éléments indépendants sont considérés comme des compléments du groupe verbal, qui peut se suffire à lui même. Il n'y a pas de phrase sans verbe en Tál.
Il s'agit d'une langue ergative, où l'élément mis à l'ergatif est inclus dans le groupe verbal (donné par la particule « a »). Si cet élément est le sujet du verbe, la particule ergative est post-posée, alors qu'elle est antéposée quand il s'agit de l'objet du verbe. La particule ergative est variable, indiquant ainsi le temps verbal.
2-
Les particules sont :a : marque du participe (des temps composés sont possibles)
á : indique l'aoriste (présent, imparfait voire impératif, pour la traduction)
oá : marque l'imperfectif
iá : marque le futur
fá : marque du parfait.
3-
Le schéma type du groupe verbal est donc :Marque modale + Pronom tonique ; sujet ; particule « a » (accord de temps verbal) ; objet direct ; verbe (accord de nombre) + terminaison de voix
4-
Sandhi il est à noter que, dans le groupe verbal, quand la particule « a » est accentuée, la consonne qui la précède (si consonne il y a) est prononcée de façon tonique
On dira :
Agg a rgoṁ fċinás /ɑ:ghɑ̀ o:w y̆:as/ (« il crie de colère », littéralement : il en la colère criant)
Mais :
Agg iá rgoṁ fċinás /ɑ:Hà o:w y̆:as/ (il va crier de colère)
de la même façon, la présence d'un r-, n- ou l- juste après cette voyelle infléchie sa prononciation : elle prend la mélodie qui correspond. C'est pourquoi, dans la phrase précédente, « iá » doit être réalisé avec une intonation descendante.
Ces phénomènes de sandhi ne se produisent pas hors du groupe verbal.
5- Le verbe
Le verbe s'accorde en nombre avec l'objet direct.
Il il prendra un pluriel interne formé par l'ajout d'un « mg » si l'objet fait parti du monde physique ou visible, un « f » si l'objet fait parti du monde mental.
Le caractère interne du pluriel étant assez ancien, il a empêché le phénomène de fusion des voyelles qui marque la séparation entre le Tál et le Dyâo, et est ainsi responsable de pluriels irréguliers. Un verbe a donc trois nombres, et quatre conjugaisons (active, passive, réfléchie et attributive), pour un total de 12 formes conjuguées.
Le verbe « prendre » :
forme active, singulier :
onnásForme active, pluriel physique :
ommgásForme active, pluriel mental :
offásForme réfléchie, singulier :
onnáġṫForme réfléchie pluriel 1 :
ommgáġṫForme réfléchie, pluriel 2 :
offáġṫForme attributive, singulier :
onnoéForme démonstrative, pluriel 1 :
ommgoéForme démonstrative, pluriel 2 :
offoéForme passive, singulier :
onnámForme passive, pluriel 1 :
ommgámForme passive, pluriel 2 :
offám6-
Le pronom toniqueLe pronom tonique commence le groupe verbal, il prend une majuscule et subie une flexion de mode verbal, au moyen d'un préfixe. Les modes sont considérés comme des types de discours : il y a le déclaratif, (préfixe
a- long), le mémoriel (préfixe
ce-) qui marque tout discours ancré dans un souvenir -récent ou lointain- et l'onirique (préfixe
ḟe-) qui marque tout ce qui est imaginé et relatif au rêve.
7-
L'adjectifL'adjectif est obligatoirement placé après le nom, ou le pronom qu'il qualifie. L'adjectif est formé par une mutation de la consonne initiale.
Cette mutation est commune au groupe bas-démoniaque, l'adjectif évoluant à partir d'une forme affaiblie de la consonne, conformément au tableau ci-dessous.
La force :
Ċéṡṡ [qxe:j]
Fort,e,s :
céṡṡSérie forte (pour les noms)
s
ċ
b
ṫ
g
p
t
g
m
ḟ
ġṫ
Série faible (pour les adjectifs)
ṡ
c
ḃ
ḋ
ḟ
ṗ
ġ
ḟ
ṁ
mġ
d
8- L'adverbe
L'adverbe se met toujours en début de groupe verbal. Il dérive des adverbes invariables du Saever qui prenaient un -uw.
L'adverbe s'est donc formé sur cette base. Pour les mots terminés par une consonne, on forme l'adverbe par l'ajout d'un -e. Ex :
ċéṡṡ (la force) donne
ċéṡṡe (fortement, fort)
Les adverbes de manière, formés sur des noms au degré 1 ou 2, sont souvent reconnaissables ainsi.
Mais un certain nombre d'adverbes ont une formation irrégulière, due à la fusion vocalique.
près de : (*mau)
ṁarvers :
ṁenon :
ennoui :
fċoraujourd'hui :
cen (de *j(a)wu)
9-
La coordinationDes noms ou des verbes juxtaposés sont coordonnés par défaut : « le tissu et le fil » se dira fċuóṡġ inn
c'est en revanche la relation de dépendance d'un mot à un autre qui est marquée :
s'il s'agit d'une relation de complément du nom, le nom complété prendra un -o ou un -fo s'il est terminé par une voyelle.
S'il s'agit d'une interdépendance (les deux mots sont sur un pied d'égalité : l'un est comme l'autre), la particule invariable «
aḃ » s'intercalera entre les mots associés (de *abu, racine HRB : la caractéristique). Cette particule sert notamment à former des néologismes sur la base de noms composés.
« sauf » sera traduit par «
e » et « ni » par «
cen...e »
10-
la subordinationPour construire une subordonnée :
la relative se construit avec la particule
ṁaḋeun certain nombre de subordonnées conjonctives font l'enclise de conjonction de subordination, après l'élément central de la subordonnée. Le pronom tonique y prend la terminaison -ú
Ces conjonctions sont
-ḋo : si
-ó : quand, alors, comme
-aṡṡ : pour, à (bénéficiaire)
-ca : afin de (but)
-oṁ : parce que, car
J'irai dehors s'il fait chaud :
Aggú ḟaéṡaccáģṫḋo Aċċ iá fċidás. [ɑ:Hu vëjɑ:cajnλɔ ɑ:'xā i:dʃas]
11-
Le nombreLe complexe système du Saever s'est réduit à une différenciation entre singulier et pluriel (quelques traces de duel, dans certains mots, qui équivaut plutôt à un pariel : « la roue »
osíl mais « le vélo »
ṁosíl)
Un nom étant par défaut défini et singulier, le pluriel ainsi que le type de détermination s'exprime, en dehors du groupe verbal, grâce à un système d'articles postposés au noms qu'ils déterminent. Lorsqu'il y a un adjectif, l'article s'insère entre le nom et l'adjectif.
Lorsque des éléments sont coordonnés, l'article se met à la fin de l'énumération, à moins que le nombre soit différent. Dans ce cas, on met d'abord les éléments pluriels 1, ensuite les éléments pluriels 2, puis les éléments au singulier.
Les chevaux blancs :
ċel amg ḋuéṁ [xé ɑwc lhɛ̄w]
Des chevaux blancs :
ċel mgeḋg ḋuéṁCes chevaux blancs :
ċel mgeṡ ḋuéṁDéfini singulier : rien
Défini pluriel 1 :
amgDéfini pluriel 2 :
eḟIndéfini singulier :
eḋcIndéfini pluriel 1 :
mgeḋgIndéfini pluriel 2
ḟeḋgDémonstratif singulier :
eṡDémonstratif pluriel 1 :
mgeṡDémonstratif pluriel 2 :
ḟeṡ12- Personne et possession :
Les pronoms personnels toniques, selon le mode.
1ps :
Aċċ, Ceċ, ḟeċ2 ps :
Abb, Ceb, ḟeb3 p :
Agg, Ceg, ḟeg1 pp :
App, Cep, ḟep2 pp :
Arrg, Cerg, ḟergles adjectifs possessifs sont :
1ps :
có2 ps :
ḃó3 p :
ḟó1 pp :
ṗó2 pp :
mgúlLes pronoms possessifs :
1ps:
ċó2ps :
bó3 p :
gó1 pp :
pó2 pp :
rgóLe possessif se place toujours avant le nom qui est possédé. Il n'y a pas d'accord de nombre (il est parfois sous-entendu par le pronom lui-même ou précisé grâce au verbe ou aux articles).
Ex :
Mes anneaux :
có silġ amg /co sígh awc/
Ces livres bleus (qui sont) à moi :
có lġiṡg mgeṡ bfár [/u]