Je n'utilise le saiwosh qu'à l'écrit, et le dibadien pas du tout. Je n'ai pas remarqué de changements dans ma façon de voir les choses depuis que je rédige mon journal en saiwosh.
L'influence des langues sur la vision du monde est un vaste sujet. J'ai lu il y a longtemps que les peuples de langue allemande étaient plus réticents à s'endetter que d'autres peuples, parce que "Schuld" en allemand signifie à la fois "dette" et "faute". Les anglophones et les francophones n'ont pas de problème pour dire "l'argent c'est de la dette". Je suppose que les germanophones d'aujourd'hui doivent s'en tirer en disant "l'argent c'est un ensemble d'obligations de paiement" ou quelque chose d'équivalent.
Une langue, c'est le système d'exploitation du cerveau. Elle nous permet de comprendre l'information, de la traiter et de la transmettre. Une idéolangue mal conçue, c'est l'équivalent d'un système d'exploitation plein de bugs. C'est sans doute pour ça que je base mes idéolangues sur la grammaire universelle des pidgins et des créoles : le risque de faire un monstre boiteux est moins grand. Je fais attention aussi à ce que les fréquences des différents phonèmes soient comparables à ce qui existe dans les langues naturelles.
Je ne peux pas dire que j'ai l'impression de penser différemment quand j'écris en saiwosh. J'ai la sensation très nette, par contre, de mieux comprendre ma propre pensée parce que je suis obligé de la reformuler différemment. L'idéolinguisme est un sport cérébral.