- lsd a écrit:
- La question n'est pas tant le codage que l'usage :
je peux ajouter une racine pour préciser le caractère accidentel de la qualité amalgamée, mais l'effort fait que non.
Et décrire tel individus avec les qualités accidentelles que je peux constater à l'instant équivaut à définir un archétype avec ces qualités consubstancielles (que les langues baptistes appellent nom)
L'absence de mot (/de dictionnaire) n'y est pas pour rien, ni le caractère systématique de production d'énoncé par composition de primitifs.
Cela empêche de parler de rose noire sans lever le sourcil
Mais à la base de toutes connaissances, de toutes sciences, il n'y a que l'habitude de voir des ensembles de qualités accidentielles de façon répétée, jusqu'à les poser comme substances.
Et peut-on ne se baser que sur des habitudes pour envisager le monde, autant les remettre à leur vraie place, non ?
Et la vision du monde produite n'en est pas moins interessante.
Permets-moi de reformuler tes propos afin de mieux te répondre :
> La question est l'emploi du mot énoncé : en effet un locuteur peut se servir d'une racine pour désigner un objet d'une certaine qualité.
> Cependant, tout le monde ne le fait pas. Dans le cas d'un individu, si je lui donne un nom commun, j'en fait un archétype et non un objet nommé proprement, c'est à dire doté d'un nom unique
> le plus parfaitement adapté à sa nature et ses qualités du moment où il est nommé.
> Cela s'explique par l'absence de ce nom propre dans les dictionnaires, qui ne proposent qu'un nombre de mots limité, très inférieur à tous les objets qui peuvent exister dans ce monde.
> Cela s'explique aussi par les limites des possibilités de combinaisons des mots existants et de leurs parties.
> Voilà pourquoi évoquer une "rose noire" peut surprendre certains interlocuteurs qui n'en ont jamais encore vues ou qui ne les ont encore jamais imaginées.
> Toutes les connaissances, toutes les sciences sont basés sur des généralisations et ce sont ces généralisations qui permettent d'établir des classes d'objets, désignées par des noms communs (ou substantifs).
> Conclusion : même si l'on n'arrive pas à nommer tous les objets du monde proprement, on peut quand même raisonner efficacement malgré un lexique imparfait et limité.
Le point de départ de cette conversation étant, pour simplifier, que lorsqu'on crée une langue par combinaison d'éléments a priori, les utilisateurs de la langue pourraient ne plus se comprendre car ils ne pourraient pas faire la différence entre une combinaison d'éléments qui désigne un objet en général (nom commun) à n'importe quel moment, et une combinaison d'éléments qui désigne objet unique (nom propre) au moment de la conversation.
Ma réponse :
Il y a trop de confusions dans le raisonnement que tu présentes (si j'ai correctement reformulé tes propos) pour parvenir à une conclusion autre que paradoxale.
Aucune langue naturelle n'est capable de faire la différence entre un mot utilisé pour nommer proprement ou généralement un objet du monde réel. Seul l'observateur au moment t et au lieu L le peut. Par exemple, dans la phrase "Lui, c'est un zombie", "zombie" désignera aussi bien le nom d'un membre du groupe de rock "les Zombies" qu'un mort-vivant en décomposition, ou encore qu'un vivant qui a abusé de substances légales ou illégales, ou encore qui n'a pas assez dormi, ou qui est particulièrement mou, lent, ou vorace, ou tenace ou stupide (il revient toujours à la charge).
Il faut, pour résoudre le problème linguistique que tu poses, comme pour résoudre n'importe quelle problème, délimiter un cadre correspondant à une situation réelle de communication.
Par exemple, si tu prends le cadre d'une langue traditionnellement définie par un lexique (vocabulaire), des règles de grammaires (syntaxe etc.), le problème du contexte des conversations construites avec cette langue ne se pose pas : la langue décrit la conversation, cette conversation. Mais le contexte qui contient la conversation est un objet à l'extérieur du cadre la langue.
Autrement dit, un contexte éclaire la conversation construite par la langue. Ce n'est pas la langue qui éclaire le contexte de la conversation.
Bien sûr, on peut ensuite tenter de décrire un contexte au moyen d'une conversation, mais cette description est une représentation du contexte de la conversation, pas une réalité physique du contexte de la conversation au moment t de la conversation et aux coordonnées géographiques de cette conversation.
Peu importe que dans une phrase d'une langue construite (a priori comme a posteriori) ou naturelle, le mot utilisé soit un nom commun (généralité, archétype, gestalt) ou un nom propre, une description accidentelle ou laborieuse, ou encore une classification la plus précise possible en l'état de notre connaissance, comme celle des espèces vivantes (constituée à coup de latin de cuisine, et en contradiction des données génétiques, cf. les "races humaines" telles qu'on les décrivait encore dans Tout l'univers l'encyclopédie illustrée pour la jeunesse des années 1950).
Quelque soit la langue, on s'embarque dans la rédaction d'un dictionnaire d'autant de mots que l'on veut traduire dans une langue naturelle (1000, 5000, 50.000; 500.000) qu'il va falloir tous réapprendre un par un et en contexte. Un a-postérioriste élabore en conséquence des règles de déduction de son vocabulaire à partir du dictionnaire à traduire d'une ou plusieurs langues cibles, tandis qu'un a-prioriste va générer un vocabulaire par combinaison et devoir relier ces combinaisons avec le vocabulaire à traduire des autres langues.
Pour l'apprenant se pose alors le problème d'acquérir son vocabulaire construit quand il ignore la langue cible et / ou les règles de déduction des a postérioristes ou quand il ignore les règles de combinaisons et ou les règles de relations des aprioristes.